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 les oiseaux — pv

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Sujet: les oiseaux — pv les oiseaux — pv EmptyVen 27 Avr - 0:57

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ET LES VITRES REDEVIENNENT SABLE
L'ENCRE REDEVIENT EAU
LES PUPITRES REDEVIENNENT ARBRES
LA CRAIE REDEVIENT FALAISE
LE PORTE-PLUMES REDEVIENT OISEAU. 


Une chaise tombe. Elle fait un fracas épouvantable. Sa structure de métal contre le sol dallé, et rien pour stoppper l'écho du chaos. Le vacarme rebondit contre les murs et revient l'assommer en pleine face, et puis se répète et se répète, cette chaise lui crie son humiliation et le pire, ça doit être cette réaction qu'on a tous. Voltaire regarde la chaise avec désolation avec la main sur la bouche et pense très fort « FAIS MOINS DE BRUIT PITIÉ PITIÉ. »
Quand le silence revient, il y a la phase de panique où elle croit apercevoir, comme dans les films, un adulte avec une lampe torche à la main pour l'aveugler à la façon des séries policières et la prendre la main dans le sac en prononçant une phrase terriblement type. 

Alors elle se cache sous la table.

Elle s'était sentie brusquement fière, en sortant de sa chambre la couverture sur le dos, sans faire de bruit en fermant sa porte, avec l'écran de son portable pour lui éclairer le chemin. Sa chemise de nuit aurait pu flotter dans le vent et donner une dimension dramatique à l'escapade, mais le lourd duvet sur ses épaules lui donnait plus l'allure d'une baleine échouée qu'autre chose.
Ses pieds ont froid. Elle voit le genre, le lendemain elle aura mal à la gorge et elle regrettera ne pas avoir pris ses chaussettes, même celles qui sont ridicules, avec des lapins dessus. Elle se contente de ramener ses pieds contre elle et de presser ses orteils glacés pour les réchauffer. 
Il en fallait vraiment peu, pour enthousiasmer cette fille. Quand Zadig, un peu gris, avait proposé, au milieu d'un débat politique, de dormir à la cantine, elle s'était exclamée que c'était une excellente idée, et qu'il fallait convier Candide à cette gaie sauterie. Le temps d'aller chercher de quoi s'envelopper et le projet avait abouti. Ils dormiraient au milieu des chaises et des tables, en parlant de chats et d'étoiles, bien qu'on voyait que dalle dans le ciel.
Voltaire agissait toujours de la sorte, toujours dans les basques de Zadig, toujours là pour approuver ses idées éphemères, et toujours la première à dire que les plaisanteries les plus longues sont les meilleures. Elle agissait peut-être par soif d'adrénaline, elle qui peignait ses fleurs depuis cinq ans à la Wammy's, et qui a vu les deux garçons arriver, avec leurs films d'action romantique, une vie pleine de fêtes et de joie. Ils avaient fait tant de trucs qu'elle ne soupçonnerait même pas, et parfois seulement elle se rendait compte du fossé qu'il y avait entre eux. Bien que la plupart du temps, elle n'y songeait pas une seule seconde. Elle préférait les couver à sa manière, à essayer de rafistoler les liens entre ses deux énergumènes, à gêner dans leur pattes - sans faire exprès, du reste, Voltaire ne se rendait jamais compte de la conséquence de ses actes. 
Elle essayait de protéger Candide et Zadig contre le malheur du monde. C'est terrible, c'était l'inverse, plus elle essayait de les épauler, plus on l'épaulait, elle. Ils lui étaient devenus petit à petit indispensables. Candide par son sourire bienveillant et ses yeux naïfs, Zadig par son rire franc et ses manières bourrues. Les regarder parler et de chamailler était très drôle à regarder, du moins, pour elle, qui éclatait de rire en face de leurs altercations, et comme elle ne se rendait pas compte que c'était plus sérieux qu'elle ne croyait ! Non, jamais Candy gentil et Zaza mimosa avaient été méchants l'un envers l'autre ou quoi. C'était tout bonnement interdit. Elle fronçait des sourcils si elle sentait le roussi, et aussitôt on arrêtait, parce que Voltaire était un peu comme ces mômes de huit ans qui, dès qu'ils commencent à chouiner, deviennent épouvantables.
Elle caresse le bout de ses lèvres avec son collier. Dans cette expression aux yeux dans le vide qu'ont les personnes qui cherchent délibérément quelque chose sans savoir pourquoi. Elle se demandait toujours, avec une certaine gaie niaiserie, pourquoi les garçons ne s'entendaient pas. Pourtant, ils se ressemblaient assez, leurs goûts, leurs caractères et leurs intérêts avaient un nombre incommensurable de points communs. Peut-être que Zadig ne le sentait pas, d'accord. Mais ce joyeux luron de Candide ne devait-il pas faire des efforts ? Amical et sympathique qu'il était, il n'aurait pas eu de peine à tisser une amitié. Elle se sentait un peu responsable : non qu'elle soit intervenue à un endroit de l'histoire, non, c'était juste parce qu'ils étaient Candide et Zadig et qu'elle était Voltaire, et cette coïncidence de pseudonymes lui donnait un vertige malsain. Si elle s'était appelé Verlaine ? Alors Verlaine se serait contentée de les regarder de loin avec un vague sourire sur les lèvres, avec peut-être un léger désir de les connaitre, mais jamais la tâche gigantesque de les réunir ne lui serait venue à l'esprit. 
Malgré ses rires et ses sourires, Voltaire se tracassait beaucoup pour des riens, surtout lorsqu'il s'agissait de ses poussins qui voulaient combattre en coqs. Se répandre en hilarité au nez des disputes n'était pas toujours la décision la plus judicieuse qu'elle aurait pu faire.

C'est ainsi qu'elle pensait, emmaillottée dans sa couverture, les cheveux déversés sur le sol sombre. Jamais quelqu'un ne s'était caché aussi mal. Aussi ne fallait-il pas s'étonner qu'une paire de jambes s'arrêtent en face d'elle. Elle sort de sa tanière et tend l'écran de son portable au bout de son bras levé, dans une posture qui lui donne un air très intelligent. Voltaire sourit.
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Invité
Sujet: Re: les oiseaux — pv les oiseaux — pv EmptyJeu 28 Juin - 11:10

les oiseaux — pv K9TaI

C'était juste parti d'un délire, d'un délire un peu con. D'un délire d'adolescents qui n'ont peur de pas grand chose, d'adolescents qui vont au bout de ce qu'ils disent, enfin bon, pas comme si aller dormir à la cantine serait puni de mort, n'empêche que ça l'amusait Candide. Il avait souri joyeusement à cette idée, quand Zadig et Voltaire étaient venus le voir, il avait souri comme un enfant. Comme un enfant qui trouve que tout est incroyable, comme un enfant qui est d'accord pour tout faire, comme un enfant qui est content de déjouer la surveillance des adultes pour s'amuser un peu. Comme un enfant qui serait content de voir quelle tronche tireraient les autres élèves quand ils trouveraient endormis à cet endroit au petit matin, emmitouflés dans leurs couvertures, comme s'il y avait eu une alerte à la troisième guerre mondiale et qu'ils avaient décidés de se réfugier à un endroit caché pour ne plus jamais être trouvés et vivre une vie gaiement recluse.

Candide n'avait même pas cherché à s'endormir, il avait passé le reste de la soirée à chercher quel pyjama était le plus sexy et nonchalant pour paraître assez cool et en même temps assez masculin pour Voltaire. Il avait opté pour une sorte de pull noir plein de couleurs, et en bas un pantalon rouge et noir parce que le rouge était la couleur qui lui allait le mieux et qu'il avait l'air d'un gamin comme ça. De toute façon il avait toujours des délires improbables concernant sa propre personne et son physique, comme quand Candide s'admirait des heures dans le miroir en faisant une duck face et d'autres poses plus saugrenues les unes que les autres. Bref.

Tout excité à l'idée de cette entreprise dans ce qu'il croyait être une savane profonde et dangereuse, Candide sauta de son lit quand l'heure fut venue, il attrapa son smartphone dernière génération et sa guitare, fourra divers objets et une couverture dans un sac, comme un aventurier qui s'apprête à partir, ou plutôt un musicien déchu s'apprêtant à errer sur les routes américaines pour trouver fortune. Il ferma la porte de sa chambre discrètement, essayant de ne pas réveiller ses colocataires, et partit dans l'obscurité en s'aidant de son briquet pour voir où il allait, la guitare accrochée à son épaule, un sac sur l'épaule.

Il se disait qu'un jour ils partiraient ainsi avec Neville, si Neville et lui se réconciliaient un jour, ou bien s'ils n'avaient pas l'occasion de rentrer tout de suite dans le show-bizz, ou alors juste pour le principe. Ils partiraient, n'est ce pas, ils feraient des expéditions comme celle-ci.... Candide s’efforçait de rester avec Zadig, parce que bien que celui ci lui fasse parfois la gueule, pour Candide c'était toujours pareil. Alors même s'il était le seul avec qui le blond pouvait être totalement lui même, il s’efforçait de regagner sa confiance, ou plutôt son intérêt. Voltaire ne devait pas savoir.

Il descendit les marches, une par une, pieds nus, ébouriffé, petit dans ce grand château qu'était Wammy's House. Enfin il se dirigea vers le réfectoire et se demanda si les autres étaient déjà là. La grande porte grinça un peu, Candide ne s'était jamais aperçu que la porte du réfectoire grinçait, d'habitude cette pièce était trop animée pour s'en rendre compte, voilà un mystère découvert. Il la ferma derrière lui et s'engouffra parmi les tables et les chaises, cherchant un signe de vie.

Enfin il aperçut une masse blanche, comme un ange dans un nuage étouffant, allongé sur le sol, et il s'approche de cet étrange animal qu'il ne voulait pas effrayer, qu'il voulait surprendre alors qu'il avait déjà fait un boucan pas possible rien qu'en entrant dans le réfectoire. Le sol jonché des cheveux cendrés de la jeune fille était froid, mais rien que la voir réchauffait son corps de quelques degrés. Carl sourit, il sourit parce qu'il est heureux de la voir, sa petite Voltaire.

« Volty, tu vas attraper froid. »

Candide se posa à genoux devant Voltaire, la surplombant pour poster son front sur la couverture et la regarder à l'envers en lui offrant un beau sourire. Elle était belle comme ça, elle ressemblait à un pokémon et c'était adorable. Son cœur d'enfant se sentait bêtement chaud à ses côtés, et il se disait qu'elle avait de jolies lèvres. Il la regarda un instant comme ça puis se redressa et s'assit à ses côtés.
« Il fait froid, j'aurai du prendre des chaussettes, regarde, j'ai tout pris sauf des chaussettes ça craint. C'est dans ces moments là que tu te dis que les chaussettes ça a beau être pas très sexy parfois c'est quand même bien d'en avoir. »

Qu'est ce qu'il racontait, il était pitoyable. Il posa ses pieds dans les couvertures de Voltaire, en poussant des petits cris, comme s'il imitait des petits animaux qui veulent se réfugier dans un endroit chaleureux. Et les petits animaux se nichèrent innocemment contre la peau douce des cuisses de la jeune fille, s'attendait à recevoir un cri de terreur parce qu'elle avait la peau chaude par rapport à ses pieds froids.

« Tu es là depuis longtemps Volty ? Zadig est pas dans un coin pour me surprendre d'un coup ? Je vous connais tous les deux. »

Il sourit, joyeusement, tellement content de la voir, ce n'était peut-être rien après tout. Il la regarda un instant avec ses grands yeux bleus plein d'étoiles, détaillant les traits de son visage, et attrapa son téléphone pour pianoter dessus.

« "Prends trois paires de chaussettes." »

« Voilà, j'espère que Zadig sera notre sauveur ce soir. »


Le blond sourit à la blonde, encore une fois, et détourne le visage, ils ressemblaient à des autruches comme ça
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