Une exploration nocturne. Oh oui. Voilà ce qui avait été convenue dans la journée entre Peekaboo et Muse. L’idée était venue on ne sait comment, et l’excitation la suivait de près. C’était quelque chose de stupide, vaguement inutile, mais qui les mettait dans un état de frénésie pure. Les bois avaient été décidés, sans même qu’on leur demande leur avis, pour cette incroyable aventure. Incroyable surement seulement pour les deux adolescentes qui allaient enfreindre la règle de ne pas sortir des dortoirs la nuit. Pour Peeka, et peut être même pour Muse, ce n’était pas la première fois qu’elle enfreignait cette règle. A vrai dire elle déteste les règles et les enfreints autant que possible. Ce qui lui donne régulièrement un bon nombre d’heures de colles. Il lui était déjà arrivé d’avoir des semaines à l’emploi du temps plus chargé d’heures de colles que d’heures de cours. Et elle en était fière en plus.


Elle était restée dans son lit à écouter de la musique jusqu’à ce que ses trois colocataires de chambres finissent par s’endormir. Alors elle put se lever et se préparer pour cette grande soirée. Elle avait déjà préparée les affaires qu’elle allait porter quelques heures auparavant. Elle retira un t-shirt à bretelle simple, seul constituant son pyjama avec sa culote pour en mettre un autre, noir, affichant une photographie d’un groupe punk dont elle avait les Cds, et qui était assez court pour laisser voir son nombril. Surement avez-vous remarquez, dans cette phrase, il n’y a eu aucune allusion au fait qu’elle a mit un soutien-gorge avant le T-shirt. C’est parce qu’elle n’en a pas mis, chose qu‘elle adore faire. Elle prit ensuite un vieux pantalon large, et déchiré de sorte à en faire un long short, à motif camouflage, le fixant par une ceinture noire à pique et dont le système de fermeture était camouflé par un crâne de la taille d’un poing. Elle fit glisser son MP3 dans l’une de ses poche, relié à un casque qu’elle glissa cette fois dans la lanière du pantalon qui soutenait la ceinture. Le casque lui retombait ainsi à l’envers sur la jambe. Et dans l’autre poche une lampe, de poche, justement. Ce fut ensuite le tour de chaussettes résilles lui arrivant sous les genoux, avant de mettre ses éternelles baskets motifs têtes de mort, à lacets arc-en-ciel, les bout pendant rangés à l’intérieur de la chaussure. Le dernier accessoire, une veste de motard en cuir noir que lui avait donné un de ses potes, pas mal délinquant, au collège-lycée, où elle « étudiait » avant d’entrer à la Wammy’s House. Et comme avec Muse il s’était convenu qu’elles se feraient un maquillage guerrier, elle se fit deux traits sous chaque œil. Plus qu’à s’attacher les cheveux en queue de cheval, comme toujours, et elle était fin prête. Elle s’admira dans le miroir, fière de son ensemble, jusqu’à entendre la chanson de ralliement. Une de Disney évidemment. Elle sortit et retrouva Muse.


Elles rirent en se regardant. Elles sortirent le plus discrètement possible, comme leur rires le leur permettait. Elles discutaient comme si ce qu’elles faisaient était tout à fait normal, mais en chuchotant, bien sur. Elles sortirent par une fenêtre. Et oh bordel ce que Peeka adore sortir par les fenêtres! C’était tellement plus amusant que de sortir par une porte. Comme s’assoir sur une table était bien plus agréable que la même mais avec une chaise.


Même si leur vêtements à elles deux n’étaient, en gros, pas si colorés, les cheveux de Bouh gâchaient un peu l’effet. On a pas idée d’avoir autant de couleurs sur la tête. Surtout que très récemment elle se les étaient justement refaits. Alors qu’avant il y avait environ 60% de cheveux faussement noir corbeau et 40% de petites mèches rouge, violet, vert et bleu, il y avait maintenant près de 75% de mèches colorés, et de nombreuses couleurs rajoutés à l’ancienne panoplie. En plus de ça, elle s’était rasée un petit bout du coté gauche, derrière l’oreille. Partie rasée, une fois les cheveux ayant reprit un centimètre, teint en vert. On ne peut simplement pas être discret de cette façon.


Elles étaient rentrées dans la foret, et l’excitation s’était accrue en flèche. Peeka espérait qu’il se passe quelque chose. N’importe quoi. Elle voulait du danger. Que ce qu’il se passe dans les livres et dans les films arrivent ne serait-ce qu’un peu dans la vie aussi. Ce serait si bien. Le silence légèrement effrayant lui faisait du bien. Dés qu’il y avait un craquement de branche, un claquement de langue de sa coéquipière, un hululement, ou n’importe quoi, elle espérait si fort que son cœur en était près à exploser.


Puis Muse se retourna vers elle, tout sourire.

_ Wooouh t'as vu comme ça fait trop bizarre la nuit carajo ! Je te parie qu'Aragog vit peut être dans les fonds des bois. La vilaine araignée de la forêt de Poudlard ou bien c'est une des forêt du Seigneur des Anneaux...là où les ténèbres sont reines ! Après si on veut continuer sur une note plus joyeuse on a qu'à dire qu'on est des membres du cercle des poètes disparus et qu'on cherche un mierda d'endroit pour pouvoir déclamer des poèmes et notre soif de liberté à la face des chênes et des glands !! Et je vis le congo serpentin de moire, traversant la forêt dans un éclair noir...et je vis le congo...


Muse chantonna un peu. Peeka lui répondit en mixant tout ce qu’elle venait de dire.

_ Moi je te propose: On est des poétesses en herbe, à la recherche d'un endroit calme dans une foret polluée de monstres comme il doit bien en avoir dans le seigneur des anneaux justement, et on tombe sur Aragog et ses gosses ou je sais pas quoi et on s’en fait un pote et on lui lit nos poèmes. C’pas cool ça comme plan?

Sachant qu'elles n'écrivent pas de poèmes. Des chansons, à la limite, peut être.



_ T'es prête à partir à l'aventure ma Bouh d'amour ? Tu veux qu'on se chante du Disney ou autre chose pour se donner du courage ?


Que demander de mieux? A croire que les deux ados hystériques ne faisaient que chanter du Disney et faire des conneries quand elles étaient ensemble. Oui, en fait, ça résume parfaitement. Elles s’étaient rencontrées comme ça, en chantant du Disney, et en ayant leur première heure de colle ensemble. Ah, que de bons souvenirs.

_ J’te propose les aristochats! Qui veut devenir un cat, elle est bien celle là!


Elles entamères la chanson, joyeuses. En dansant, en plus de ça, avec ce qu'elles se souvenaient de la chorégraphie du film. La magie Disney les faisaient oublier la peur, même minime, qu'elles devaient ressentir, seules dans ces bois.


Elles s'enfonçaient de plus en plus profondéments. Se croyant à l'abris juste en éclairant leur chemin. Mais il était minuit, l'heure du crime.


S'il s'approche, elles ne l'entenderaient pas. Il pourrait venir à elles, dans leur dos. Les suivre un long moment, elles ne s'en rendraient pas compte. Il pourrait se jeter sur elles, quand il en aurait envie. Quand il s'ennuyerait de leur faiblesse, ainsi exposées. Il pourrait les attaquer, les déchiqueter, les manger agonisantes. Le monstre. Ou le loup. Le loup qu'elles cherchent à trouver. Peut être par espoir de le voir s'adoucir à leur contact. Ou peut être par espoir qu'il ne fasse d'elles qu'une bouchée.


Il y a même dans les âmes les plus innocentes une envie de malsain. Même dans les sourires pétillants, même dans les yeux francs des enfants les plus purs. L'innocence n'est qu'ne couverture que l'on porte pour se cacher au reste du monde. Pour se cacher des prédateurs. Pour les choisir. Et enlever la cape rouge au monstre choisi. Pour être dévoré. L'innocence n'est qu'une couverture.



Elles se mettaient en danger, si vraiment un loup guettait, d'être seules toutes les deux. Car un peu de lumière et quelques chants bon enfant ne les sauverait pas. Il n'y a que dans les dessins-animés que l'on tourne les méchants en getils simplement en chantant.


Elles avaient le sourire aux lèvres, le coeur palpitant. Espérant quelque chose de phénoménal, de différent. Quelque chose qui les change. Une vrai aventure à vivre. Un territoire inexploré s'offrant à elles. Un sol encore vierge de pas, un paysage encore vierge de regards. Un endroit qui ne serait fait que pour elles. Un endroit qui les auraient attendu depuis toujours. Un endroit qu'elles seules pourraient trouver. Où elles pourraient se cacher. Découvrir des choses jamais vu encore. Et oui, elles cherchaient cet endroit dans la simple, du moins d'apparence, foret de leur institut.


Quand elles levaient la tête elles pouvaient voir le ciel étoilé, entre les branches des arbres gondolés. Ça les rassuraient d'avoir un ciel sur la tête. Comme si elles étaient chez elles, qu'elles avaient un toit. Comme si elles étaient les bienvenues.


Quand la chanson fut fini, elles discutèrent un peu, rigolèrent, en entamèrent une deuxième. Puis une troisième. Et une quatrième. Leur joie se dilua légérement après chaque chansons. Elles attendaient que quelque chose se produise et il ne se produisait rien. Une frustration légère. Mais aucune d'elles deux ne baissa les bras. Elles s'enfonçaient de plus en plus loin. Sans savoir le chemin déjà parcouru. Ni l'heure qu'il était maintenant.


L'impatience se faisait resentir. Les chants cessèrent. Et elles se mirent à courir. Il fallait qu'elles trouvent. Elles courraient comme si elles étaient poursuivies. Poursuivies par quelque chose d'effrayant, qu'elles voulaient fuir, à tout prix. Peut être un quotidien lassant, qui se répète chaque jours comme étant inlassablement le même jour. Il fallait qu'elles se sortent de cette vie de bouquin de science-fiction agaçant et barbant. Il fallait qu'elles trouvent quelque hose, n'importe quoi. Une cachette, ou un loup. Une échappatoir ou une fin. Véritablement aucune des deux n'était suicidaire, ce n'était pas ça. Juste fuyardes. Parce qu'il arrive un moment où l'on fuit, ou se résigne. Et ces deux personnalités hurlantes ne pouvaient pas se résigner.


Elles s'arrètaient pour reprendre leur souffle, regardaient derrière elles, et reprenaient leur course folle. Il arrivait, malgrè cette étrange affolement, que l'une éclate de rire, et l'autre la suivait. La panique était ainsi rendue plus comique. Vu un peu moins comme une fatalité. Et l'espoir d'en réchapper, leur forces réunies, leur semblait plus grande. Pour être deux, ainsi qu'une seule, faibles petites filles, ainsi que fortes adolescentes depuis longtemps sans innocence, juste puériles; elles se prirent la main, dans le même temps, sans se consulter, leur âme comme soeurs de pensées. L'une des deux tomba, et amena la deuxième dans sa chute. Toutes deux allongées, de façon où leur corps était vaguement inquiétant, se regardèrent les yeux écarquillées, haletant. Puis explosèrent de rires. Elles prirent ainsi une pause, où elles regardèrent les étoiles. Le moment semblait parfait pour parler de tout et de rien. Surtout de choses futile.

_ Alooooooooors j'ai appris que tu t'étais trouvée un mec, hu hu! Ça va bien entre vous deux?

Après les rires, les chansons, et la course, ses poumons avaient besoin de repos. Elle pose ses mains sur son ventre, le sens se lever et se baisser. Son cœur bat si vite et si fort qu’il lui fait un peu mal. Sa respiration est forte, franchement pas discrète. On dirait qu’elle meurt. Et ça la fait rire.

Les deux adolescentes, allongées par terre, entre l’herbe, la terre, les feuilles, les bouts de branches, et certainement les insectes, ont leurs cheveux emmêlés. Les mèches se mélangent. On ne pourrait pas distinguer à qui ils appartiennent si Peekaboo n’avait pas eu l’idée stupide de se faire couler un arc-en-ciel sur le crâne. Mais elle aime ça aussi. Quand les gens la regarde passer, affolés par toutes ces couleurs qui passent là, dans leur vie en noir et blanc. Le noir et blanc c’est barbant. Et Peekaboo n’aime pas s’ennuyer alors elle a abandonné cette histoire de porter un regard gris sur la vie. Elle sourit, danse, chante, et cri. Tellement dynamique, on se dit qu’elle finira bien, un jour, par s’épuiser. Mais ça ne risque pas d’arriver avant longtemps; elle est abonnée aux piles Duracell. Vous savez, ces lapins roses avec des piles dans le dos qui escalades des montagnes et tout, et tout.

Elle tourne son visage vers sa voisine qui est bien silencieuse d’un coup. Elle ne voit plus très bien; il fait nuit et leurs lampes de poches les ont lâchés, et ne remarque pas ainsi la grimace contrarié sur la figure de Muse.

_ Qu'est-ce que tu racontes je ne suis avec personne pour l'instant. Je suis toujours libre comme l'air, libre d'aller voir ou non un garçon si le coeur m'en dit. Je n'ai pas de mec...sauf si tu fais référence à Dance mais il n'est rien d'autre que mon meilleur ami pour moi.

Ah. Une bourde. Bah, Peekaboo a l’habitude de se tromper. Elle avait juste vu deux trois trucs, entendu deux trois choses, et c’était faite des idées un peu trop vite apparemment. Ce n’était pas bien grave, surement. Mais peut être que si. La voix de son amie n’était plus si enjouée qu’il y a quelques minutes. Ah, Peekaboo, la reine des bourdes.

_ Ouais je parlais de Dance. J’aime son pseudo à ce mec, ha ha. Hum… Bah, je me suis trompée alors.

Elle se mit sur son ventre, dans un mouvement rapide, soutenant le haut de son corps avec ses avant-bras. Ainsi, elle pouvait lui parler en face à face. Plus ou moins vu qu’elles étaient décalées, mais passons.
Peekaboo prit un air grave, et hurla presque, d’une voix affolée.

_ Tu me pardonne, dis?! Je suis désoléééééée je suis nuuuuuuuuuuuuulle! Faut pas m’en vouloir, c’est pas ma faute, c’est dans mes gènes! Y a que de la connerie qui coule dans mes veines, je te jure c’est affreux! Du coup je dis des bêtises sans réfléchir…

Bien sur, c’était de la comédie. Elle ne s’en voulait pas autant qu’elle essayait de le faire paraitre. Se mit à sourire, pour le faire comprendre à Muse. Peekaboo fait des bourdes, oui. Mais quand elle s’excuse, ce n’est jamais sérieusement. Faut pas lui en vouloir pour ça; comme elle dit, c’est dans ses gènes.

Muse laissa passer. Elles étaient amies après tout. Ce connaissant l’une l’autre. Des surdouées, oui, peut être. Mais les génies ont eux aussi le droit d’être un peu bêtes de temps en temps, quand même! Bien que dans le cas de Peeka ça atteigne des records de bétises.

_ Dis Bouh...Tu peux m'expliquer pourquoi tout le monde voit de l'amour dans une relation d'amitié quasi...fraternelle ?

Et une colle. Bien sur, Peekaboo n’est pas réellement stupide, c’est juste dans le paraitre. C’est son comportement, et ses mots trop franches et libérés qui font croire ça. Ça ne change pas non plus qu’elle soit aussi incroyable que d’autre orphelins: Elle, elle ne se prend pas la tête à observer des trucs et en faire des déductions, c’est bien trop prise de tête. Sinon, l’amour c’est un sujet qui l’intéresse bien. Enfin, pas comme une gamine qui parle du prince charmant. Peeka est déjà tombée amoureuse, est déjà sortie avec quelqu’un. Et il lui en reste de bons souvenirs, ça ne la dérangerais pas du tout de recommencer.

_ Heu, bah… J’imagine… Parce qu’il y a un âge où…Euh, attend, je cherche le mot. Où, enfin, tu sais, on voit les choses différemment. C’est plus comme quand on était petit. Il y a des conséquences pour tout et… Se tenir la main ça n’existe plus en amitié.

Peekaboo resta le nez en l’air, à réfléchir à ses propres mots. Elle, ça ne la dérangerait pas de prendre la main d’un ami. De l’enlacer voir même de l’embrasser. Tout ça en restant de l’amitié. Et quand elle sort avec quelqu’un, elle ne s’empêche pas d’embrasser d’autres personnes. Elle n’y voit aucun mal. C’est dans sa façon d’être. Mais c’est vrai que les gens verraient ça différemment. Elle y pense, et, d’un coup ça devient vraiment agaçant.

_ Rho! Mais après tout t’as bien le droit de faire ce que tu veux! On est libre non? Et bien aimons nous les uns les autres sans avoir à s’en cacher! Les amis aussi ont le droit de se faire des câlins, merde!

Et puis elle rit de s’être emportée un peu. Ce sujet lui plait bien même si elle ne saurait pas dire exactement pourquoi. Elle s’y reconnait peut être. En même temps, elle a aimée la majeure partie de sa vie. Son premier amour lui a duré de ses six à douze ans, quand même! Elle l’aime encore d’ailleurs. Elle ne voit pas pourquoi on ne pourrait pas passer à autre chose en continuant d’aimer.

Elle rit un peu plus. Replonge ses yeux dans ceux de Muse, se remémorant ce qu’elle avait dit plus tôt.

_ Libre comme l’air, hein! J’ai toujours trouvée ça un peu bizarre comme expression. Mais dis moi t’as l’air de passer pas mal de temps avec des gens différent… Enfin, je dis rien!

Ce n’est pas un sujet qui la dérange elle-même, mais après tout elle ne sait pas ce qu’il en est pour Muse. Elle laisse son corps retomber complètement au sol, le visage toujours tourné vers son amie.

Qu’est-ce qu’elles étaient? Des adolescentes ou des gamines? Des enfants ayant perdu leur pureté. Pourtant leurs regards étaient toujours aussi beau et pleins de rêves. Des adolescentes ou des gamines, c’est à se demander.