Sujet: seuls les fous nous ont fait avancer — Playmobil Dim 8 Jan - 1:24
Le jeune homme avait remonté sa manche de quelques centimètres, jetant un œil à sa montre. C'était bien ce qu'il pensait ; son estomac, plaintif depuis quelques instants, avait eu raison de se manifester. L'heure de pause avait démarré il y a plusieurs minutes déjà – à peine dix pour être précise – et il était toujours dans la bibliothèque. Hors de question de prendre sur ses temps de pause ! Surtout celle du midi, la plus longue, où il pouvait se faire jusqu'à trois cigarettes, et où il pouvait remplir son estomac de tout ce qu'il voulait. Alors, Gabriel avait soupiré, sa tête s'étant finalement cognée contre le bureau devant lequel il était assis, le téléphone de la bibliothèque collé à son oreille. Si sa pause avait débuté il y a une dizaine de minutes, cette conversation téléphonique à propos de prêts entre bibliothèques reconnues (donc celle de WH, et une autre visiblement) durait depuis bien plus longtemps. Pourquoi était-ce bien plus compliqué qu'avec une bibliothèque normale ? 'Monsieur ? Monsieur, vous suivez?' La voix étouffée, il bougonne quelque chose qui ressemble à une information, tandis que l'interlocuteur continue. Mon dieu, était-ce si important l'échange de ces livres destinés à des personnes spéciales ? En l'occurrence ici, des orphelins surdoués, et puis, au bout du fil, une université très reconnue. Franchement, de quoi avait-il peur, il allait les retrouver, ses livres, le coco !
« ...excusez-moi ? le coupa-t-il, relevant la tête, la main écrasée sur la joue d'un air las, étalé sur le bureau. Je sais que ces livres sont exceptionnels et que nous sommes les seuls à les avoir obtenus dans ce pays, du moins à ma connaissance, qu'il en est de même pour votre collection, et qu'il est donc normal qu'il y ait tant de mesures d'échange mais... Je ne crois pas que ça vaut vingt minutes de discussion. Quand vous vous serez décidés, vous me rappellerez ; et si vous ne les voulez pas, c'est que vous êtes vraiment un imbécile. Sur ce, je vais bouffer. Merci de votre compréhension, Monsieur, au revoir. »
Et, sur le coup, il avait raccroché sans prendre compte de la réponse de son interlocuteur, se levant automatiquement de sa chaise pour s'étirer, les poings dirigés vers le plafond. Enfin, il allait pouvoir s'occuper de son ventre qui réclamait. Un peu moins mollusque que précédemment, puisqu'il y avait un but maintenant à atteindre – se remplir le bide entre autre – il fait le tour du petit comptoir d'accueil de la bibliothèque, interpellé par Cherry, la bibliothécaire réputée maladroite qui venait en effet de faire tomber une pile de livres quelques secondes à peine après que Gabriel s'était élancé dans l'allée dans l'intention d'atteindre au plus vite la sortie. Un arrêt, une hésitation, un soupir. C'était son travail, après tout. Alors, finalement, le roux tourne à sa droite, un peu plus pressé que d'habitude, se penche et l'aide à ramasser les livres. Il lui sourit à la suite d'un 'Merci, Gabriel' et se détourne pour ENFIN s'extirper de son lieu de travail. Ahh, les couloirs, le frais, l'odeur encourageante de la cantine qui s'en extirpait... Et... Oh.. hé... Ha merde, non, les orphelins. Bon, ça va, il n'y en avait pas encore beaucoup, vu que Gabriel était sorti avec une quinzaine de minutes de retard sur l'heure de sortie des cours. Par contre, il s'attendait déjà au bétail du réfectoire auquel il allait avoir le droit. Et puis, où ils étaient, ces imbéciles comme Slave, Circé, Greed, tout ça ?
Le roux slalome entre les différents orphelins, pas bien plus grands que lui heureusement, prenant un couloir différent et vide, couloir par lequel le personnel passe plus souvent que les élèves – peut-être qu'il croiserait un de ces imbéciles avec qui il aimait tant passer le temps. Parce qu'il fallait avouer que, le personnel de WH, par rapport à d'autres établissements, s'il était choisi avec soin – si on pouvait dire ça comme ça – en tout cas, il était plutôt cool. Donc, le garçon s'avance dans ce couloir silencieux, un peu étonné qu'il n'y ait personne – oh, oh, c'était quoi aujourd'hui, la galette des rois, tout le monde s'était pressé pour avoir sa part ou quoi ? Quoi que ça devait pas être pire que le jour du repas de Noël... Mais bref, le fait était qu'il n'y avait personne. Quoi que... Des pas qui s'approchent ? Plutôt rapidement même. Mais, plusieurs pas, en fait. Il n'y a pas qu'une seule personne. Du coup, les mains dans les poches, Guillaume se stoppe, se retourne de trois quarts afin de diriger son regard vers le virage au bout du couloir, pour voir débouler un orphelin – ah oui, c'était cette grande perche ! – et, jusque là, rien d'anormal, c'est vrai... Jusqu'à ce qu'il voit Playmobil surgir à son tour mais de façon un peu moins... Amusée peut-être ? Oui, complètement, et, c'était sûr, il allait rattraper l'orphelin – à l'allure qu'il allait celui-là aussi... seules ses grandes jambes le sauvaient – et en faire de la bouillie s'il mettait la main dessus.
Ses lèvres se courbent pour dessiner un sourire, amusé de l'action alors qu'il suit des yeux l'adolescent lui passer à côté sans réagir. Mais, en voyant arriver Playmobil encore plus vite, il se rend compte que le garçon va vraiment finir en pâtée s'il le laisse faire ; alors, lorsque celui-ci passe en coup de vent près de lui à son tour, sa main s'extirpe de sa poche tandis qu'il attrape le dos de son col afin de le stopper net.
« Hopopop ! »
Tout de suite, son bras gauche vient l'entourer pour ne pas le laisser de nouveau avancer, mais plutôt le reculer vers lui. Son sourire ne s'est pas retiré – Playmobil, dans tout ce qu'il faisait sans vraiment en avoir conscience, était réellement désopilant. Ses réactions exagérées, au quart de tour, et les états dans lesquels il se mettait... Non, vraiment, ça faisait beaucoup sourire Gabriel. Il l'aimait bien, ce type. Sa compagnie était distrayante, comique, et sympathique.
« Tu veux nous en tuer un, de gosse, ou quoi ? »
Une main sur le dos, qui l'accompagne vers le réfectoire avec douceur.
« Allez allez, on se calme, tu le frapperas une autre fois. »
Gabriel, ou le sens des solutions.
« Qu'est-ce qu'il t'a fait pour que tu te mettes dans cet état-là, le gamin ? »
Oui, qu'est-ce qu'il t'a fait le Romeo, hein Playmobil ?
Spoiler:
Euh, j'ai eu la flemme de préciser comment il était habillé et jé souis fatiguée, so pull marron avec une chemise en-dessous dont le col blanc se voit en haut et pareil pour le bout des manches la chemise se voit, pis pantalon et chaussures normales. : D
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Sujet: Re: seuls les fous nous ont fait avancer — Playmobil Dim 8 Jan - 19:14
-« REVIENS ICI, TOI ! »
Un ordre qui ressemblait plus à un cri de guerre qu’autre chose. Un accent qui sentait le sable et la terre du Pakistan. Mais surtout, une violente exhortation royalement ignorée par son auditoire. Romeo détalait toujours, ses longues jambes d’échassier lui conférant une certaine longueur d’avance. Toutefois, Playmobil n’a pas dit son dernier mot. Il est grand, lui aussi. Pas plus grand, malheureusement. Et tout aussi déterminé à lui passer un savon. Un peu comme il voulait le faire pour chaque orphelin traînant ses souliers sales ici. Il n’était pas encore parvenu à obtenir l’autorisation de garder des pensionnaires en retenue pour faire le ménage avec lui. Un jour, il y parviendrait, sûrement avec le soutien d’Abbey d’ailleurs, bien qu’elle mette davantage de cœur à passer le balai, elle. Un jour, donc, il chopperait quelques malotrus et les enfermerait dans le laboratoire, histoire qu’ils se rendent compte de l’horreur dont il s’agissait, que de passer la serpillère sous les paillasse de carrelage blanc, après une intervention des Experts. Ces petites frappes semblaient trouver un malin plaisir à salir tout ce qu’ils touchaient, en déversant leurs tubes à essai louches dans les casiers. Non, vraiment, Playmobil ne les supportait pas. C’était certainement la section qu’il supportait le moins. Peut-être aussi pour la simple raison qu’il n’avait quasiment jamais fait de sciences de sa vie. C’est à peine s’il connaissait la composition de l’air, au profit de celui des cocktails Molotov et autres joyeuses bombes artisanales.
Romeo ne faisait pas partie des Experts, mais des Riddles. Et Romeo était surtout un beau-parleur qui salissait les oreilles du Pakistanais avec tout son babillage à l’eau de rose. S’il y avait bien une chose qui paraissait plaire aux adolescents, à propos de l’Islam, c’était la polygamie. Même Playmobil avait été indirectement au courant des jolis discours que tenait le jeune littéraire à l’intention de toutes les demoiselles de l’établissement, au grand damne de l’homme d’entretien qui l’envoyait souvent balader à coups de balai, histoire qu’il se préoccupe d’autre chose que de la bonne santé des filles. Et puis c’était quoi cette façon de s’habiller ! On aurait dit un clown, si Playmobil savait seulement ce que c’était. Bref, tout ça pour dire que l’étranger ne portait pas plus Romeo (ou Roger pour les intimes) dans son cœur que les autres, d’ailleurs. Il avait donc toutes ses raisons de lui courir après. C’était bien l’un des seuls qui se permettait ce genre de choses. D’habitude, les orphelins qu’il prenait la main dans le sac se contentaient de rester figés, plus ou moins apeurés, et de s’excuser mollement. Romeo, lui, avait laissé échapper d’entre ses lèvres un long rire extatique devant la fureur de l’arabe, avant de détaler comme un lapin dans le labyrinthe de couloirs.
Comme un chien de chasse, il l’avait traqué sans relâche, abandonnant sans aucun remords ce qu’il était en train de faire, à savoir, astiquer les vitres de la salle commune. S’était découlée alors une interminable course poursuite, tout au long de cette fin de matinée. Un peu d’exercice pour bien le mettre en rogne. Une habitude, presque. Il lui arrivait souvent de devoir poursuivre un adolescent, pour x raisons peu religieuses. Romeo s’était donc engouffrer sans gêne dans le couloir réservé au personnel qui menait au réfectoire. Le suivant toujours, et bousculant deux garçons dans sa précipitation, Playmobil avait emprunté le même passage. Aussitôt arrivé, une étoile rouge vint se graver sur sa cornée. N’y faisant pas plus attention que ça, il ne s’arrêtait pas. Il remarqua que c’était Gabriel, l’assistant de la bibliothécaire. Il passa à sa hauteur, manquant de peu de lui arracher l’épaule quand soudain, ledit assistant le saisit par le col de son tee-shirt noir de jais. Dans son élan, Playmobil laisse échapper un grognement guttural, manquant de tomber en arrière.
Passant son bras autour de sa gorge, Gabriel le ramène à lui. Le maure arque les sourcils, énervé d’avoir laissé sa proie s’échapper. Il fusille le roux du regard, lui reprochant silencieusement de lui avoir fait perdre sa trace. Mais, avant qu’il ne puisse l’envoyer balader pour quoique ce soit, le jeune homme est déjà en train de le conduire dans le réfectoire, détendu. Un peu comme toujours, en fait. Jusqu’à présent, il ne lui avait pas beaucoup parlé, se contentant de lui tenir compagnie sans aucun mot. En effet, quand il n’avait rien à faire, il prenait son courage à deux mains et allait à la bibliothèque, l’endroit le plus silencieux de l’orphelinat. Là, il restait figé dans un coin, pas loin de l’assistant, qui des fois, lui lisait le journal, sans qu’il n’ait rien demandé directement. Ainsi, Playmobil ne se débattit pas plus que ça, se contentant d’arborer ce faciès blasé et dépassé par les événements qui faisait sa réputation.
-« Allez allez, on se calme, tu le frapperas une autre fois. Qu'est-ce qu'il t'a fait pour que tu te mettes dans cet état-là, le gamin ? »
Les deux hommes avaient pénétré la cantine. Aussitôt, Gabriel leur prit deux cafés noirs et brûlants, avant de l’emmener s’installer à une table un peu en retrait, de laquelle on pouvait embrasser d’un seul regard toute la salle. Une table pour surveillants, quoi. Le Pakistanais s’effondra littéralement sur sa chaise, la faisant affreusement grincer au passage, avant de se recourber au-dessus de la table, le regard baissé.
-« Cet ahuri fait des avances à toutes les filles d’ici. Il ne respecte pas … » Il se retint de compléter par « les principes de Mahomet », mais se reprit, conscient que ça allait être définitivement ridicule. -« … il étale ses hormones un peu trop à mon goût. »
Ses dents trop blanches se serrèrent, créant comme une lame sur son visage de charbonnier. Ses grandes mains s’étalèrent sur la table, la lissant pensivement. Il ôta son hideuse casquette à carreaux, découvrant d’épais cheveux d’ébène, coupés courts, qui avaient tendances à boucler. Après avoir resserrer le noeud que formaient ses manches de sa combinaison trop large et rabattue autour de sa taille, il tira sur un ourlé brun, et loucha dessus, le menton effleurant presque la surface de la table.
-« Je n’me souviens pas d’avoir été aussi volage à cet âge-là. »
On ne fera pas de commentaire, si ce n’est qu’il faisait très attention à la manière de s’exprimer, quand il était avec Gabriel. C’était la moindre des choses, la moindre des attentions quand on acceptait de dépenser un peu de temps avec lui. Bon, certes, ça ne donnait pas grand-chose de grandiloquent, on le remarquait à peine, des fois. Il doutait même que l’assistant n’y fasse attention. Non, en fait, il ne se posait même pas la question. Trop compliqué. L’avis des autres lui importait si peu, c’en était presque effrayant. Comment pouvait-on ne pas s’attrister à être le mal-aimé de service ?
Dernière édition par Playmobil le Dim 15 Jan - 19:31, édité 1 fois
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Sujet: Re: seuls les fous nous ont fait avancer — Playmobil Sam 14 Jan - 21:43
L'assistant l'avait vivement accompagné vers le réfectoire, sans poser un seul regard sur les orphelins qui grouillaient tels des fourmis dans leur fourmilière ; néanmoins, s'ils ne ramenaient rien à manger, ils venaient, par contre, dépouiller tout ce qu'on avait pu leur apporter au petit matin. Il était des orphelins ici capables d'ingurgiter une quantité impensable de nourriture — du moins, du point de vue de Gabriel. Une fois, alors qu'il portait un intérêt peu grand aux actions de ces petits monstres, il avait vu une fille revenir trois fois à sa table, avec, trois fois, l'assiette remplie. Elle avait mangé trois fichues assiettes de pâtes à la carbonara. Et ce n'était pas comme si une seule assiette remplie était trop peu, non, parce qu'ici, on mettait les bouchées doubles pour ces génies en herbe, pour leur confort, mais surtout, leur plaisir. Bref, pour le gringalet d'assistant qu'il était, c'était assez impressionnant et surtout, impensable. Lui qui s'était toujours contenté du minimum (dans tous les domaines — sauf un précis que certains sauront reconnaître — mais surtout l'alimentation), cet état de « goinfrerie » était inconcevable.
Alors, prêtant peu d'attention aux regards toujours habituellement curieux des enfants et adolescents, ses fines jambes avaient filé à travers les fourmis afin de rejoindre, directement, le petit espace exclusivement réservé aux enseignants, prenant deux cafés avant d'accompagner le pauvre calimero à la table reculée que le personnel aimait occuper. Il fit, avant de s'asseoir, glisser le café destiné à Playmobil vers ce dernier, déposant le sien avec douceur — les mouvements souvent non calculés de Gabriel arrivaient parfois à un échec cuisant, résultat d'une maladresse que l'on reprochait parfois au roux malgré les « doigts de fée » qu'on lui attribuait, et ce pour tout ce qu'il faisait, mis à part déposer des choses du genre avec délicatesse. Là, il s'installe, fortement tenté par la position en tailleur qu'il a l'habitude d'adopter ; mais, malgré toute l'aise avec laquelle il pouvait se comporter, ces centaines d'enfants le ramenaient à la réalité : c'était un adulte, membre du personnel, et, même s'il pouvait paraître « cool » car peu exigeant au niveau des règles, il fallait qu'il garde un minimum de crédibilité. Alors, un peu embêté de devoir s'asseoir comme tout le monde, il finit par croiser les jambes, perturbé par ces genoux droits, positionnés à un angle de 90° par rapport au sol sali de la cantine — Playmobil allait avoir du boulot ! En effet, avec le sale temps qui s'enchaînait ces jours-ci, les chaussures des orphelins étaient difficilement propres, et ce n'est pas comme s'ils se souciaient de la propreté des sols de l'établissement.
Le jeune homme, lui, a déjà déposé les mains autour de son café, dans l'envie pressante de devoir les réchauffer, ses doigts ayant attrapé la petite cuillère afin de la faire machinalement tourner dans le liquide. Là, enfin, il relève le regard vers son collègue, divaguant presque immédiatement à sa gauche, un peu derrière lui, pas trop loin, histoire de revenir de temps en temps sur le visage du garçon pour ne rien faire paraître tandis qu'il entame sa réponse ;
« Cet ahuri fait des avances à toutes les filles d’ici. »
La créature féminine sur laquelle il louchait par moments, tout en tentant de mimer une écoute totale face au musulman, accaparait toute son attention, en réalité. Il ne se souvenait plus de son prénom. C'était, lui semblait-il, le même genre que la jolie brune... Mais en blonde. La brune, une adolescente un peu trop ouverte à toutes propositions conduisant dans son propre lit, disons, et qui était déjà passée à la bibliothèque plusieurs fois... Il ne se souvenait pas non plus de son nom, en fait. En fait, il ne retenait aucun nom d'orphelin — avances ou non. C'était tous les mêmes, pour lui. Il y était indifférent. Seuls les adultes étaient en droit d'obtenir un peu d'attention de la part du bibliothécaire : ainsi, ils méritaient aussi, par conséquences, que celui-ci retienne leurs prénoms. De plus, pour lui, ils étaient différents et bien distincts, « pas comme ces orphelins ». Mais ça, Gabriel ne le pensait que parce qu'il ne s'intéressait pas à ces mômes — dont la diversité dépassait toutes celles d'écoles banales, c'était évident. Il ne demandait pas à vérifier : il l'avait décidé, il avait jugé, c'était ainsi. Ainsi, alors que Playmobil sermonnait indirectement le garnement à fanfreluches face à Gabriel, ce dernier, lui, jonglait entre le visage aux traits arabes et les formes délicieuses qu'étaient celles de, en vérité, Dainty. Mais son prénom importait peu. Seule sa délectable chair réussissait à monopoliser l'esprit du roux, et à lui décrocher un mince sourire aux coins des lèvres par la même occasion. Néanmoins, il continuait de mimer un intérêt pour l'autre en reposant fréquemment ses yeux dessus.
« Il ne respecte pas … »
Et toujours ses yeux de jade qui font distraitement l'aller-retour.
-« … il étale ses hormones un peu trop à mon goût. »
Là, l'attention de Gabriel est définitivement retenue par Playmobil, alors qu'il se redresse en toussotant, gigotant un peu pour se faire et se repositionner correctement, l'avant-bras gauche sur la table, la main droite toujours occupée à faire tourbillonner le liquide encore chaud. Forcément, il valait mieux éviter « d'étaler ses hormones » comme pouvait le dire le jeune homme alors qu'il pestait contre ce comportement au moment-même. Surtout que, bon, c'était une orpheline, et lui, un membre du personnel — outrage sûrement plus important pour le musulman que celui dont pouvait faire preuve Romeo et qui rendait Playmobil cinglé.
Ses yeux ne faisant d'aller-retours qu'entre son café maintenant sûrement bien mélangé et son interlocuteur, il le regarda retirer sa casquette, ne pouvant s'empêcher de détailler un instant ses petites boucles rebelles — parce que Gabriel avait la fâcheuse habitude de s'attarder sur les détails des personnes dont on se fiche sûrement éperdument d'habitude. Les détails, hein. Pas les gens. Pas qu'on se fichait généralement de Playmobil — comment pouvait-on ? Il était terriblement divertissant, comme gars, pensait l'assistant bibliothécaire.
« Je n’me souviens pas d’avoir été aussi volage à cet âge-là. »
Un irrépressible sourire s'empare du visage du roux, tandis qu'il amène la petite tasse à ses lèvres. Il aspire délicatement une gorgée, histoire de ne pas se brûler, sans cesser de sourire. Le commentaire, général, que venait de faire Playmobil, était à l'origine de cette réaction, évidemment, mais aussi, et surtout, le mot qu'il avait employé pour définir ce gamin aux jambes interminables. Déjà, la vision d'un adolescent arabe au milieu de femmes en burqa, avec un regard discret mais incontrôlable sur leurs tissus, lui était apparue. Que pouvait-il mater, à son âge ? Rien, sûrement. N'avait-il ne serait-ce que vu un arrière-train digne de ce nom ? Ou même, une poitrine ? Et puis... Quel âge avait-il déjà, la trentaine ? Alors... Plus important encore... L'avait-il déjà fait ? Que faisait-il, avec les femmes, à ses quinze ans, alors que Gabriel avait entamé ses premières expériences sexuelles depuis un an déjà avec les filles ? Ah, ahh. Vraiment, l'image qu'il avait eu d'un pauvre adolescent en rut — comme Playmobil avait du l'être à cette époque au moins une fois, comme tous les garçons normalement constitués — au milieu de jeunes filles en burqa intouchables... Et toute la frustration qui devait émaner des garçons de ce pays et cette religion ! Toute cette rapide réflexion, et imagination, avait réussit à faire sourire l'assistant. Néanmoins, je le répète, ce qui l'avait le plus amusé était la façon dont Playmobil avait présenté les choses. Donc, toujours avec cet air mutin, il repose la tasse, décidant toutefois d'attendre de nouveau avant d'en reprendre une gorgée pour cause de température toujours un peu trop désagréable pour les lèvres du roux, venant croiser les bras et enfoncer la tête dans ses épaules, son regard planté dans celui du brun maintenant.
« Volage ? répète-t-il. Je trouve ce mot bien beau. »
Il en était presque sûr ; si Playmobil avait croisé un Gabriel plus jeune, il en aurait été autant outré par son comportement qu'il l'était actuellement pour celui du gamin-dont-il-ne-retenait-pas-le-nom. Est-ce qu'il s'était simplement rendu compte de ses agissements actuels ? Bien qu'il était considéré comme adulte, à vingt-et-un ans, il était encore jeune, et, qu'importe son âge, son activité sexuelle était plutôt excessive et irréfléchie... Ce que Playmobil, évidemment, au vu de ses opinions et ses croyances, n'accepterait absolument pas. Il serait d'ailleurs assez amusant de l'amener sur ce sujet, et, mieux encore, sur sa propre activité sexuelle — les questions embarrassantes du genre étant la spécialité de Guillaume, il ne tarderait pas à faire face à cette discussion déroutante et gênante.
« Je suppose que... — non, tu ne supposes pas, Guillaume, tu en es sûr — ...que c'est l'âge où ils ont beaucoup de mal à contrôler leurs hormones ? l'interrogea-t-il, de façon à demander confirmation à Playmobil sur ça. Seize ans, dix-sept ans, lâche-t-il dans un soupir en baissant une seconde les yeux sur son café pour se remettre à y faire tournoyer la cuillère, l'éveil à l'autre sexe, au sexe tout court... énumère-t-il, alors qu'il relève les yeux vers le brun avec un air taquin avant de conclure. L'éveil au désir de l'autre. »
Oh, bien-sûr, bien-sûr qu'il était conscient de tout ce qu'il disait, le Gabriel, et de la personne à laquelle il le disait... N'était-ce pas cent fois plus désopilant, justement ? De mettre ainsi mal à l'aise quelqu'un que l'on sait avec une certaine réticence et distance vis à vis du sexe ? Et puis... C'était Playmobil ! Il aimait déjà tant l'enquiquiner ! Et, dernière chose, c'était plutôt bon signe. Un Guillaume qui vient vous embêter, c'est un Guillaume qui n'est pas indifférent à votre personne et qui ne vous ignore pas. Et c'est déjà exclusif ! Surtout si vous n'êtes pas une jolie dame aux merveilleux et divins attributs.
« Et toi, Playmobil ? Tu n'étais pas « volage », à son âge ? »
Toujours ce petit air de malice, tandis qu'il a conscience du terrain sur lequel il s'aventure.
Invité
Sujet: Re: seuls les fous nous ont fait avancer — Playmobil Mer 18 Jan - 16:50
Parfois, quand ça nous arrange, on prétend que les opposés s’attirent. Ne voyez là aucun message subliminal venant de Playmobil pour justifier une quelconque attirance pour Gabriel, loin de lui cette idée. Ils se supportaient largement, et c’était déjà amplement suffisant, pour l’un comme pour l’autre. Et puis, Playmobil n’était pas féru des maximes toutes prêtes de ce genre. Des fois, il lui arrivait de ne pas les comprendre, ce qui avait le don de l’énerver davantage. Celle-ci se révélait plus ou moins vrai, sans qu’il le sache réellement. Il n’avait pas eu spécialement vent des nombreuses conquêtes de Gabriel, et encore moins du véritable culte qu’il pouvait vouer à certaines femmes. Pour en revenir une dernière fois à cet adage, le Pakistanais avait eu tôt fait de le modifier en « les opposés satyres », piètre et maussade référence aux vicelards qu’étaient les orphelins, quelque soit leur allure. Même les plus chastes d’entre eux en apparence, il les avait un jour aperçu dans les bras de quelqu’un, ou dans leur chambre, à lire ou regarder des choses pas très religieuses. Il avait depuis longtemps fini d’être déçu ; à présent, il était constamment blasé. Ça lui allait mieux d’ailleurs. Il ne manquerait plus que l’on soit pris de pitié pour lui. A moins que ce ne soit déjà fait. Il ne voyait pas tout un tas de choses, en fait. Il baissait peut-être un peu trop souvent la tête, détournait le regard trop fréquemment.
D’ailleurs, il n’avait pas remarqué l’insistance qu’avait eue Gabriel à faire valser son regard tour à tour sur lui et sur une entité qui semblait se trouver derrière lui. Il avait eu les pupilles vissées sur son café, aussi noir que la burqa de sa mère, l’un des seuls modèles féminins qu’il avait connu. Chez lui, dans son pays natal, les critères pour choisir sa future épouse n’était pas du tout comme ici, si ce n’était l’exact opposé. On dit qu’il fallait que la femme ait de l’embonpoint, preuve de bonne santé et signe de fécondité. Autant dire que ce seul détail auquel elles se résumaient n’avait rien de très enchanteur. En particulier pour le garçon qu’il était à l’époque. Rien ne l’avait sans doute plus dégoûté, pour le peu qu’il avait appris sur la gente féminine. Bon, n’exagérons rien, il n’avait pas viré de bord pour autant. Les rumeurs circulaient même et disaient qu’il n’avait pas conscience qu’un homme puisse en aimer un autre. Même chose pour les femmes. Après, si ces dires se révélaient vrais ou pas, seulement lui pouvait nous le dire. Et, quand on devait affronter sa face fourbue, on évitait d’évoquer ce sujet. Il était déjà suffisamment violent pour ne pas qu’on le provoque si facilement. Bien entendu, il y avait les suicidaires, comme Mushroom, ou à présent Romeo, mais en général, ils étaient plutôt rares. Playmobil, c’était le type auquel on s’efforçait parfois de ne pas faire attention, par sécurité. Autant Slave était plus qu’impressionnant avec ses traits d’extrême Orient et sa taille de géant, autant Almighty éclatait les pupilles avec ses tatouages, ses cheveux et ses origines impossibles, autant Playmobil était un rebeu parmi tant d’autres en Angleterre, qui avait décroché un poste ici, on ne sait comment. L’arabe de service, en somme. Et, afin d’éviter un second 11 septembre dans l’orphelinat, on ne se frottait pas à lui. En plus, il paraît qu’il puait les ordures. Ça, par contre, il s’évertuait à s’expliquer que c’était faux, qu’il avait, au contraire, des relents de produits de nettoyage.
Le parfum du café faisait palpiter légèrement ses narines. Il en avait tant bu. Il avait prêté une première oreille distraite à la remarque du bibliothécaire à propos du mot « volage ». Il espérait sûrement, au fond de lui, que Gabriel avait remarqué cet effort considérable pour placer un tel mot dans sa phrase. Il avait dû le piocher par hasard dans un bouquin mal rangé. Peu importe, sa bonne action était faite. Il pouvait ne plus parler de la journée. Mais, apparemment, le jeune roux était décidé à engager la conversation avec cet étrange personnage. On ne savait jamais rien sur Playmobil. On craignait ne pas comprendre ce qu’il racontait. Et puis, pour lui, son histoire n’avait rien d’extraordinaire, si ce n’est pas son taux plus que faible de recommandation. Terroriste en herbe. Mais chut, c’est un piètre secret.
-« Je suppose que c'est l'âge où ils ont beaucoup de mal à contrôler leurs hormones ? Seize ans, dix-sept ans, l'éveil à l'autre sexe, au sexe tout court... »
Playmobil tiqua au terme « sexe ». Son sourcil droit se haussa très rapidement, avant de retrouver le repos. Il se racla la gorge, gesticula sur sa chaise et se décida à boire son café, peu importe la température. Nerveux ? Malheureusement pour lui, oui, certainement. Il avait encore du mal à en parler, il pensait y échapper avec les autres adultes. Mais apparemment, les orphelins n’étaient pas les plus curieux dans ce domaine. Il aurait bien voulu mettre ça sur le compte du jeune âge de Gabriel. Après tout, sept longues années les séparaient.
-« … L'éveil au désir de l'autre. »
Le regard avait été de trop. Playmobil, le nez dans sa tasse, eut à la fois la langue brûlée et manqua de recracher son café à la figure de son camarade. Il reposa un peu trop brusquement le récipient qui manqua de se fendre en deux, et porta sa grande main à sa bouche, pour éviter quelque accident. Dans le feu de l’action, il avait lâché :
-« Vas da … »
Ou « What’s the … » - on ne complèterait pas l’expression, vous l’aurez reconnu. Dans ce genre de moment, quand il était pris au dépourvu, son affreux accent revenait à la puissance mille, si bien que ces « w » tournaient en « v », à la manière de Zayn Malik en moins sexy. Tout ça pour témoigner de son état de choc. Ses yeux écarquillés faisaient comme des taches de neige dans le charbon. Aussitôt, Gabriel enchaînait avec une seconde question, encore plus troublante que tout le reste. L’homme d’Orient se recula dans sa chaise, avalant sa salive avec difficulté, les mains à présent cramponnées au bord de la table. Il ne regardait même plus son interlocuteur, par crainte de recroiser la malice de ses prunelles. Bon, on était entre adultes, il n’y avait ab-so-lu-ment rien de sordide. Après tout, peut-être que les majeurs d’Europe parlaient de ça, des fois. Peut-être. Sûrement. Sans aucun doute. Ok, Playmo’ ? Ça va, on peut contenir le massacre ?
-« A mon âge … »
Il se mordit la langue, encore un peu douloureuse, se rassit correctement, et planta ses coudes sur la table, pour se masser le front du bout des doigts.
-« … j’avais autre chose à faire que de regarder les filles passer. Je pensais jusqu’ici ne pas être le seul dans ce cas-là. Mais apparemment. Vous êtes tous branchés sur la même fréquence … Je n’ose même pas te retourner la question. »
On pouvait comprendre cela comme de la crainte, un appel du genre, « Par Allah, je suis tombé sur une bande de pédophiles ». Oui, ça sonnait un peu comme ça, et c’en était d’autant plus comique que ce n’était pas un jeune enfant qui se plaignait de ça, mais bien un homme, un vrai. Un terroriste plongé dans le monde merveilleux de la libido nerveuse des adolescents. Courage mec, tu pourras faire sauter tout ça, un jour.
Invité
Sujet: Re: seuls les fous nous ont fait avancer — Playmobil Jeu 26 Jan - 1:45
Le thème avait été lancé. Il avait, dans l'intention de tester Playmobil sur ses réactions au sexe, et donc, indirectement, d'en conclure sur ce qui concernait l'homme de ménage personnellement, engagé la discussion, d'un ton qui vous rend forcément, lorsque vous êtes quelqu'un comme l'était le croyant, embarrassé. D'une graduation, le roux avait renforcé les ambiguïtés, ce qui n'avait décroché au départ qu'un mouvement au sourcil du brun, avant de le faire presque s'étouffer avec son café. Sa réaction, qu'il aurait pu juger d'excellente s'il avait du le faire, réussit à décrocher un léger rire chez le jeune homme, qui vint plaquer, dans un automatisme lorsque la situation est considérée comme vraiment drôle pour sa personne, ses mains sur son abdomen. Abdomen qui s'était en effet soudainement contracté, chose que l'on peut considérer comme normale sauf si l'on est Gabriel ; le rire, chez cet être de nature plutôt impassible et indifférente, était une chose rare. Réellement. Alors, la seule chose qui faisait régulièrement et de façon hebdomadaire contracter les soi-disant « abdos » du roux, c'était le sport de chambre. Donc, en ce fait, oui, ceci était parfait inhabituel dans plusieurs de ces aspects.
Mais, l'amusante situation le poussa à continuer l'entretien, de façon à aller encore plus loin. Là, néanmoins, il ne s'attendait pas à provoquer une réaction chez Playmobil, mais plutôt une simple réponse. Il voulait savoir, vraiment, car le sexe, chez les autres, c'est intéressant. C'est intéressant de voir les conceptions différentes de cette chose dont Gabriel fait constamment l'éloge de diverses façons, mais surtout, de découvrir cette partie intime chez les personnes intéressantes. Playmobil était, de ce fait, une personne intéressante, pour le bibliothécaire. Évidemment.
« A mon âge … j’avais autre chose à faire que de regarder les filles passer. Je pensais jusqu’ici ne pas être le seul dans ce cas-là. Mais apparemment. Vous êtes tous branchés sur la même fréquence … Je n’ose même pas te retourner la question. »
Cette fois, c'est le sourcil droit de Gabriel qui vient se arquer. Sa moue amusée s'est estompée au fil de ses mots, devenant un plus sérieuse. Alors, le silence dure quelques secondes, tandis qu'il finit par baisser les yeux sur sa tasse de café qu'il lève, venant, au lieu de la porter à ses lèvres, l'utiliser de façon à appuyer le geste de ses mains lors de sa réponse.
« Non, non, non. Rectification ; tous les hommes normalement constitués sont branchés sur cette fréquence. (à l'exception des gays, mais leur cas ne lui vient pas à l'esprit tant c'est évident qu'on ne peut point s'empêcher d'aimer les femmes) Si tu ne l'es pas, c'est qu'il y a un problème. C'est naturel, non ? Et puis... Les adultes, ici, sont plutôt calmes. »
Oui, bien-sûr... Bon il n'y avait pas non plus une masse de nympho mais les adultes n'étaient pas plus sages que les élèves... Bien que les élèves étaient pires. Mais ! Il n'y avait pas à juger. C'était normal. Des adolescents regroupés en masse dans un établissement tous les jours de l'année, avec des personnalités diverses et variées plutôt intéressantes d'un point de vue objectif (et non celui de Gabriel car, là, ils n'auraient pas été beaucoup valorisés)... Ca ne pouvait pas être autrement.
« Les adolescents, c'est normal. C'est l'âge, te dis-je. Confinés, à vivre tous les jours, à dormir tous les soirs dans le même endroit... N'est-ce pas évident qu'il est impossible qu'une atmosphère chaste perdure ? »
Du coup, finalement, après avoir jeté ce regard interrogateur à Playmobil, comme pour lui demander qu'il confirme, Gabriel vient enfin approcher cette tasse qu'il a levé depuis un petit moment déjà – ou du moins depuis qu'il a commencé sa réponse pour le garçon – pour en boire une ou deux gorgées. Le sujet était sérieux, puisque ça parlait du sexe en lui-même (et des femmes entre autre), et non du sexe chez Playmobil comme la conversation avait commencé, ou encore chez Gabriel ; ce simple virement de position, du général au personnel, modifiait tout le sérieux nécessaire afin de répondre à la question. Cependant... Puisque l'homme de ménage avait indirectement abordé la question du roux, là encore, on changeait de bord ; ce n'était pas non plus comique comme ça l'avait été pour le musulman, mais... C'était plutôt... En fait, c'était un accro du sexe qui parlait d'un sujet comme s'il parlait de son dieu avec le plus grand des sérieux qui soient, tout en te faisant une thèse pour te justifier l'ampleur de sa « croyance ». Ce qui rendait tout ça, entre autre, et objectivement, un peu comique – mais il fallait être en recul de la scène et surtout, ne pas être comme Playmo pour saisir le côté un peu burlesque de la chose.
Sa main dépose la petite tasse dans laquelle il ne reste déjà presque plus rien, si ce n'est un petit fond, alors que, d'une langue furtivement passée sur ses lèvres, il croise les bras de nouveau sur la table en enfonçant la tête dans ses épaules, comme préparé à faire, fixé sur lui, une explication digne d'une thèse d'un fervent catholique. Brève, mais suffisante. Plus concrètement, plus globalement et superficiellement, un éclaircissement sur le rapport du sexe à la personne qu'est Gabriel, accompagné d'une justification et de preuves. Peut-être un peu trop pour Playmobil mais, le roux faisait toujours un peu attention, en retour, à ne pas sortir des choses très compliquées. De toute façon, il ne le faisait pas non plus constamment. Comparez à cet imbécile de Romeo, par exemple, qui serait capable de vous sortir une thèse sur la façon dont vous portez vos chaussons aujourd'hui, avec les mots les plus soutenus et littéraires qui soient. Gabriel, lui, avait, depuis bien longtemps – soit, pour être précise, ses seize ans – abandonné ces perpétuelles formes polies et soutenues qui faisaient de lui un parfait littéraire. Alors, oui, le plus souvent, il parlait bien, disons ça comme ça, mais, à côté, il pouvait être tout aussi bien vulgaire. Surtout lorsque ses nerfs étaient mis à rude épreuve.
« En ce qui me concerne... Eh bien, disons que j'ai profité autant que j'ai pu et que je continue de tenter de profiter au maximum... glisse-t-il avec un mince sourire. »
Ce qui n'avait rien de foncièrement mal en soi, que l'on soit d'accord. D'accord Playmo ? Après tout, à quoi sert-il de vivre si l'on ne jouit d'aucun plaisir de la vie ? Surtout de l'un des principaux qui est le sujet ici abordé.
« ...mais ! s'exclama-t-il alors, levant le doigt. Mais – et je te l'assure, c'est vrai – je me souviens de chaque femme s'étant déshabillée devant moi. »
Ce qui était vrai, ou, du moins, et au moins, quatre-vingt pour cents disons – et ça, c'était comme prouver à Playmobil qu'il n'y avait aucune négligence dans tout cela, qu'il respectait chaque femme avec laquelle il pouvait se donner tout entier.
« Et sache, Playmo, que le corps d'un homme contre celui d'une femme, c'est la plus belle chose qui soit, autant pour un adolescent qu'un adulte. »
Le sourire incontrôlable est de retour, léger, petit, pincé, mais présent ; il parle avec vérité, avec croyance dans ses mots – persuadé de ce qu'il disait. Essayez de démontrer à Gabriel qu'une autre chose – comme, de façon clichée, l'amour par exemple – est bien plus belle en soi que le corps d'une femme contre le sien... C'est peine perdue. Bien plus que les sentiments, ce corps à corps, pour le roux, ça relève du divin.
« Le plaisir à son paroxysme. »
Encore faut-il que Playmobil connaisse la définition de paroxysme. A croire qu'avec Gabriel, son vocabulaire allait s'enrichir.
« N'as-tu donc jamais ressenti ça ? glisse-t-il de façon parfaitement innocente, venant faire joujou avec sa petite cuillère contre les parois de la petite tasse de porcelaine, ramenant ainsi la discussion au brun. »
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Sujet: Re: seuls les fous nous ont fait avancer — Playmobil Mar 21 Fév - 19:16
S’il ne l’avait pas considéré en tant que tel, Playmobil lui aurait volontiers rit au nez. Quand Playmobil rit, c’est d’une part, rare –comme chez Gabriel- et très, très, très, mauvais signe. Car le pakistanais ne riait jamais de bon cœur. Il ne riait pas par amusement. Il avait un rire jaune, un rire sous cape ; le rire du crocodile prêt à refermer ses mâchoires sur le flamant rose. Playmobil ne s’amuse jamais ; ou alors, c’est au détriment des autres. Il se moque des plus jeunes, souvent. Il aime appliquer ce raisonnement presque animal qu’est la loi du plus fort. Là où il avait été élevé –davantage qu’éduqué d’ailleurs-, seuls les plus puissants survivaient, et se forgeaient une place de fer dans cette société difficile.
A plusieurs reprises, il avait été exposé sans le vouloir aux complaintes des adolescents de tous les âges que renfermait cet orphelinat. Au détour d’un couloir, alors qu’il passait inlassablement le balai, il lui arrivait d’attraper comme on capturerait des mouches, des bribes de conversations baignées de larmes. On ne faisait pas attention à lui, quand il était dans les parages, concentré à rendre les lieux impeccables. On devait sans doute penser qu’il était trop stupide pour ne pas comprendre. Son dictionnaire ne devait pas contenir tant de mots anglais que ça. Malheureusement pour les puérils orphelins, il avait appris, au fil d’écoutes désintéressées, à repérer les sujets d’attristement. D’un autre côté, c’était sans cesse les mêmes qui revenaient sur le plateau. Sentiments confus par-ci, coup d’un soir par-là, autant dire que le mot « sexe » faisait en permanence son apparition entre les douces lèvres des enfants prématurées. Au final, leurs préoccupations ne différaient pas tant que ça des autres, ceux au QI plus bas que terre.
Et ils se plaignaient. En permanence. Ils ne se rendaient pas compte. Leurs problèmes n’étaient rien, absolument rien, plus basses que terre, par rapport aux peines que pouvaient endurer les enfants hors de l’Europe. Playmobil ne se prenait pas pour exemple ; il considérait déjà avoir été gâté, là où tout bon petit Européen aurait du mal à survivre. Il pensait aux autres progénitures qui naissaient dans la boue, et restaient toute leur vie, nez contre terre. La leçon était souvent abordée, tout au fond des consciences. Mais, quand on était concernés, on avait tôt fait de la reléguer au second plan. C’est bien trop loin, l’Afrique, après tout ! Dans ses rares moments de machination, l’homme d’entretien s’imaginait qu’il avait la possibilité d’envoyer tous ces sales gosses dans les pays les plus pauvres de la planète. On verrait s’ils allaient continuer de se lamenter pour une simple peine de cœur.
Autant dire que les deux hommes étaient opposés en ce qui concernait leur point de vue sur l’importance des relations physiques. Toutefois, c’était Gabriel ; Playmobil se devait donc d’écouter jusqu’au bout, même s’il avait envie de se tirer. Il se devait de rester avec lui, parce que Gabriel restait avec lui. On ne reste pas avec Playmobil ; on passe dans le couloir, on s’installe en bas des marches et on chouine, ne se préoccupant de sa longue silhouette dans le coin. Sur ce coup-là, le bibliothécaire avait raison, les adolescents ne semblaient vivre que pour ça. Et les adultes, aussi, apparemment. L’arabe s’était de nouveau calé au fond de sa chaise, ses jambes d’échassier éperdument étalées sous la table, faisant attention à ne pas effleurer une seule fois son collègue. Il avait croisé les bras, et fixait pensivement sa casquette d’un regard sombre, écoutant ce que l’irlandais soutenait.
-« … N'est-ce pas évident qu'il est impossible qu'une atmosphère chaste perdure ? »
La question remua plusieurs fois dans le crâne de l’oriental. Il analysa chaque mot, un peu lentement. De toute façon, même après avoir saisi le sens de sa question, il n’approuverait pas. Il discutait beaucoup avec Gabriel –c’était d’ailleurs l’un des principaux facteurs qui lui permettait de rester ici- mais approuvait très rarement. Les deux hommes semblaient reliés par une certaine affection, mais condamnés à ne jamais être sur la même longueur d’onde. Ayant terminé de disséquer visuellement son couvre-chef posé sur la table, Playmobil fixa de nouveau un Gabriel convaincu par vocation par tout ce qu’il disait. Chacun sa religion. Tandis que le roux nourrissait ce regard presque innocent et rempli de questions et de recherche de réponses de son camarade, le musulman préservait son faciès sombre et renfermé, afin qu’il comprenne encore et encore, que ce sujet ne lui plaisait guère.
Puis, quittant le chemin du général, la conversation s’attarda sur le cas de Gabriel, qui ne faisait pas défaut à sa réputation. En effet, même Playmobil n’était pas sans savoir que bon nombre de jeunes femmes s’étaient jetées aux pieds du littéraire, le verbe « vouloir » conjugué à tous les temps entre leurs lèvres pulpeuses. Et lui, comme il l’affirmait, en profitait. Bah, au moins, il ne faisait pas preuve d’hypocrisie. Un bien faible vertu parmi tout ce vice. Ne pouvant s’en empêcher, Playmobil laissa apparaître les deux rangées parfaites de ces dents blanches, dans un rictus de dégoût et d’appréhension. Le terme « profiter » tournait tellement les êtres en simple objets de convoitise, c’en était presque insupportable de savoir les créations d’Allah considérer avec aussi peu de respect. A son humble avis. Et Gabriel avait beau affirmé, avec tous les doigts en l’air qu’il voulait, qu’il se souvenait de chacune de ses concubines, le pakistanais ne sourcillait pas. La polygamie était l’un des principes qu’il acceptait le moins dans sa religion. Heureusement pour lui, son père s’était seulement contenté de deux femmes.
L’irlandais était lancé. Fervent adorateur de la femme, on ne pouvait plus l’arrêter dans sa défense des relations physiques. Et Playmobil ne pouvait pas le faire taire. Il se serait volontiers jeté sur lui, pour étouffer ses lèvres pernicieuses, mais il sentait encore la présence des orphelins. On disait que l’une d’entre eux voyait des couples homosexuels partout. Déjà qu’il passait pas mal de temps avec le jeune homme aux cheveux de feu, il ne voulait pas qu’on se trompe encore plus sur son compte. Et puis, bien que ses arguments n’enchantent l’arabe, Gabriel avait le mérite d’en avoir, des arguments. On ne débat pas avec Playmobil, et encore moins avec Slave. Ils sont trop bêtes pour comprendre. Un peu trop bêtes, comme des animaux. Le sourire de son camarade s’était agrandi, au fur et à mesure de son discours qu’il conclut avec un mot qu’il ne connaissait pas. Il se trahit en redressant légèrement la tête, son regard devenant alors moins sévère. Il eut tôt fait de regretter cette réaction, lorsqu’on ramena la discussion sur lui. Sur le coup, il ne s’y était pas attendu. Il ne s’attendait jamais à grand-chose. D’un autre côté, on ne disait pas de mots compliqués à Playmobil. Qu’il reste dans son ignorance, l’animal !
-« Non. »
Réponse franche, catégorique. Réponse claire, nette et précise, aux premiers abords, comme lorsqu’on passe du détergeant. Toutefois, elle ne l’est qu’à la première impression. En passant son doigt dessus, on avait tôt fait de se rendre compte qu’elle ne voulait rien dire. Ainsi, l’homme de ménage se ravisa, se mordant subtilement la lèvre inférieure. Les arabes ont des lèvres très charnues. Pour les hommes en tout cas ; les femmes, en théorie, on ne les voyait pas, leurs lèvres. Il se gratta nerveusement le menton. Ses mâchoires commençaient à bleuir, à cause de la barbe naissante. Il fit glisser ses longs doigts sur la table, agrippant sa tasse dans laquelle il jeta un coup d’œil, furtif. Son regard était alors fuyant. Il ne devait pas se défiler. Pas après avoir manifesté tant d’hésitations. C’était trop louche. Il était avec Gabriel ; il n’y avait aucun problème … enfin, normalement …
-« … enfin, j’ai eu l’occasion, mais j’ai rien ressenti … »
Bon, avec ça, au moins, on ne le prendrait pas pour un jeune puceau. Enfin, il était tout comme. Les mêmes réactions, et la même ignorance, en tout cas. Et pourtant, il y avait eu cette « occasion ».
-« C’était une punk de Camden, à Londres. Elle s’est jetée sur moi. Ils sont forts, les punks, quand ils veulent … Ils m’ont donné des choses bizarres à manger. Je sais même pas comment elle était. »
A vrai dire, il s’en souvenait à peine. A l’entendre –et c’est ce qui s’était réellement passé- la demoiselle l’avait presque violé sur place. Bon, il n’a pas la carrure de quelqu’un qu’on abuse facilement ou régulièrement. Mais, sous l’emprise de certains amphétamines faits maison, le jeune homme qu’il était à l’époque s’était vu maintes fois démuni. Au final, il n’avait fait l’amour qu’une fois jusqu’à présent, et ça avait été avec une droguée. Belle expérience.
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seuls les fous nous ont fait avancer — Playmobil
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