Sept-heure. Le réveil de la jeune anglaise se met en marche et sa musique répétitive résonne dans toute la chambrée. Voice qui jusqu'à maintenant dormait comme un bébé se relève précipitamment pour éteindre la machine. On est dimanche et je ne pense pas que ses chères colocataires pourraient lui pardonner de les réveiller à cette heure-ci. Elle se lève après avoir fait quelques étirements et se dirige sur la pointe des pieds vers son armoire pour se changer. Le vieux parquet craque sous chaque pas alors il faut savoir faire attention. L’anglaise enfile une robe blanche aux motifs liberty qui lui arrive jusqu’aux genoux, sa préférée puis ses tropéziennes corail. Elle essaie ensuite de s’orienter vers la sortie en enjambant comme elle peut le bazar omniprésent de la pièce. Elle et les autres sont de vraies bordéliques et ne rangent presque jamais rien. La blonde tourne délicatement la poignée de la porte et sort juste après.

Les couloirs sont vides. Victoria aime ces moments là où elle a l’impression que les bâtiments lui appartiennent. Elle a prévu aujourd’hui de passer la matinée dans les bois, à l’étang. Elle adore cette endroit, elle le trouve reposant et y passe une bonne partie de son temps. Elle y réfléchit, chante, observe les nuages et la nature qui l’entoure. Elle longe maintenant le corridor silencieux, puis descend l’escalier désert, passe devant le réfectoire et pour finir sort des bâtiments. Aaah l’air frai. Voice ferme les yeux et respire à pleines bouffées cet oxygène d’une pureté inégalable puis rouvre ses paupières et se remet à marcher d’un pas décidé en direction des bois.

La blonde entre dans l’épaisse forêt. Les arbres immenses cachent une partie de ce joli ciel bleu azur. Elle ne tarde pas à arriver devant l’étendue d’eau tant apprécié. Elle a le réflexe d’enlever ses sandales pour marcher sur l’herbe fraîche. La rosée du matin orne encore le sol de milliers de petites perles brillantes aux rayons du soleil. Voice s’approche doucement, regardant partout autour d’elle. Une abeille butine une fleur sauvage à sa droite, un oiseau dans son nid chante une merveilleuse mélodie à sa gauche. L’anglaise finit par s’asseoir au bord de l’étang, plongeant ses pied dans l’eau tiède, idéal pour une baignade. C’est dans ces moments là qu’elle regrette de ne pas avoir emmené son maillot de bain avec elle. Elle fini par s’allonger en fermant les yeux, écoutant chaque bruit et ressentant chaque sensation que lui offre la nature. Puis elle se met à chanter.



Voice s’est brusquement arrêter de chanter, elle a entendu une branche craquer. On dirait qu’elle n’est pas seule. Elle cherche du regard la cause ou plutôt la chose qui a causé ce bruit. Rien. Elle ne voit personne. Alors elle se lève, les pieds humide et là elle voit quelqu'un, allongé sur le sol à quelques mètres d’elle, inerte.

Il semble qu’elle va devoir changer le programme d’aujourd’hui.

Un garçon. A terre. Inerte. Voice panique. Elle s’approche doucement, tel un animal apeuré et l’observe. Son visage ne lui rappelle rien, serait-il nouveau à l’orphelinat ? Elle pose délicatement sa main sur le cou de l’inconnu, son pouls est stable. Elle soupire, rassurée. Puis réfléchit à ce qu’elle va faire. Il est impossible d’appeler les secours car elle n’en a pas les moyens, il est aussi irréalisable pour la jeune fille de porter l’adolescent jusqu’à l’orphelinat, elle est beaucoup trop faible pour cela et puis la Wammy’s house est bien loin. Le laisser ici pour aller chercher de l’aide ne serait pas une mauvaise idée mais la blonde aurait des remords s’il arrivait quelque chose au jeune homme pendant son absence. Alors elle s’assoit auprès de lui, s’adossant à un arbre, comme si elle s’attendait à ce qu’il rouvre les yeux par un quelconque miracle.

Elle le regarde curieusement, que faisait-il ? Est-ce qu’il l’observait ? Les questions fusent dans la tête de la fillette. Il grimace, transpire, qu’à-t-il donc ? La blonde s’inquiète sans rien pouvoir faire d’autre. Il semble si mal, la jeune fille en ressentirait presque la douleur qui le ronge. Le temps se couvre, le soleil laisse place aux nuages gris, noircissant à vue d’œil. Voice a toujours eu peur des orages, comme les petits enfants, elle surveille alors avec angoisse le ciel. Cette journée ne commence décidément pas très bien.

Le jeune homme marmonne des choses incompréhensibles dans son sommeil, l’orpheline s’approche de lui comme pour essayer de les comprendre, mais n’y arrive pas. Son cas est vraiment préoccupant, l’anglaise touche son front, brulant.

« Mon dieu… qu’est-ce que je vais faire… »

Assise en tailleur, elle dépose avec anxiété la tête de jeune homme sur ses genoux, puis se met à chanter pour se rassurer mais aussi comme pour essayer d’éradiquer ce qui trouble le garçon.


Elle passe la main dans ses cheveux acajou, les ébouriffant au passage. Le temps ne se calme pas, elle non plus. Soudain, coups d’éclair. Voice pousse un cri strident, se bouchant les oreilles avec ses deux mains. Elle a peur, très peur. L’anglaise serre fort le jeune homme contre elle, laissant quelques larmes couler sur son doux visage.

« Oh je t’en prie… réveille-toi… »