"Ne faut-il pas commencer par se haïr, lorsque l'on doit s'aimer." Nietzsche. [ Panzer ]
Morphee
Sujet: "Ne faut-il pas commencer par se haïr, lorsque l'on doit s'aimer." Nietzsche. [ Panzer ] Ven 28 Oct - 16:08
« Cinq. Il me faut un mot. Cinq. Cinq parce que c'est l'absolu. Pas quatre. Quatre c'est le mal. Des multiples. Voilà, faire des phrases constituées de multiples de cinq. Quatre c'est la mort. »
Il y avait un drôle de parfum dans l'air. Peut être vanille. Mais quelque chose d'assez fort pour que Rimbaud sorte de sa psychose du moment. Les Cinq. Il avait relevé sa tête d'un coin de la bibliothèque. Personne. Les heures creuses du dîner appellent souvent les enfants. Lui préfère rester avec Freud. D'ailleurs il venait de fermer son livre à l'instant, prit de vertige. Cinq. Encore et toujours. Cet ultime chiffre qu'il n'arrive pas à sortir de sa tête. Des mots à cinq lettres, des phrases constituées pareil. La paranoïa de Rimbaud ne se résumait qu'à l'imposante place du chiffre cinq depuis son arrivée dans l'orphelinat. Trop bercé par Eoin Colfer, le blond avait attrapé le syndrome du héros portant le même prénom sans vraiment s'en apercevoir. Dans un geste répétitif, il prit cinq respirations avant de se lever. Cinq. Pas une de plus. Reprenant Freud entre ses doigts fins, il entreprit, par cinq seconde passées à regarder l’horloge de la bibliothèque, que midi cinq était une bonne heure pour partir. Ou du moins, même si le douze n'était pas un multiple de cinq, le cinq lui permettait de se rassurer un peu.
Les psychoses d’Artémis apparaissaient de moins en moins. Depuis son arrivée ici, il semblait que l'adolescent avait réussi à mener une vie relativement normale. Même si le mot « normale » n'avait pas la même définition pour lui. Encadré du jour au soir, fermé dans un lieu clos où les barreaux empêchent sa liberté habituel, le garçon semblait plus étouffé qu'autre chose. Ses journées ne se résumaient qu'à sortir avec les éventuelles amitiés qu'il s'était fait et à terroriser les enfants de l'orphelinat. Paradoxalement, sa violence s'était développée. Même si son attraction pour toutes les têtes pensantes de l'histoire de l'humanité hantait encore plus sa conscience. Cause de l’énorme bibliothèque que possédait l'orphelinat. Alors il pouvait dire que sa « normalité » dans l’étymologique même du mot ne ressemblait à rien à « normal ». Mais plus à un jonglage habile entre ses presque deux alter ego : Rimbaud le violent et Rimbaud l'instruit. Presque parce que jusqu'à là, il arrivait parfaitement à faire la différence entre toute chose. Et il espérait que ça soit ainsi tout le temps. « Il n'y pas de noir ni de blanc. Mais un énorme mélange d'un gris abstrait » s'amusait t'il à conclure lors des rares interrogations qu'il avait la foi d'assister. Rimbaud n'était en rien un adolescent qui resplendissait par son savoir. Cela n'était pas marqué sur son front et il fallait, en tendant l'oreille lors d'une première conversation avec lui découvrir que derrière l'air presque crétin du mi-russe se cachait un savoir. Si toute fois l'on tapait dans le bon Rimbaud.
Le blond était alors sortit de l'énorme salle, ayant pris soin de ranger presque méticuleusement son livre à la dorure blanche dans le coin des grands philosophes. Il savait déjà tout de ce livre, mais il se disait que bien qu'il avait acquit le savoir de ce dernier, il pourrait toujours en avoir l'utilité dans une de ses réflexions qu'il adorait faire. Justement quand il n'y avait personne. Alors il reposait le livre, prenant soit de fuir la bibliothèque avant que l'horloge ne sonne midi six. Se répétant que si le six sonnait avant qu'il ne franchisse la porte, il prendrait bien sûr le soin d'attendre qu'un multiple de cinq arrive pour pouvoir fuir de la pièce. Rimbaud était bizarre de part ses tocs et obsessions, même s'il les cachait tant bien que mal aux personnes qu'il côtoyait. La personnalité de Rimbaud était tellement modulable qu'il pouvait de toute façon passer d'un extrême à l'autre avec une habilité déconcertante pour un enfant de son age. Sa vie de bohème et de décadence ayant favorisée cette faculté.
Alors quand il avait franchit le parquet du couloir du bâtiment, il avait lentement soupiré. Petite joie intérieur de n'être pas sorti quand l'aiguille avait bougé. Habitude qu'il avait totalement oublié quand une de ses « dites » connaissances l'avait aperçu dans le couloir et qui était venu à sa rencontre. Il avait alors jouer le Rimbaud fort et puissant. Fier de son ego qui éclairait la pièce, de son point de vue. « Regardez moi, je serrai le nouveau dieu » que disait son aura. Les connaissances de Rimbaud avaient toujours cet impact sur lui. Même avant l'orphelinat, le garçon ne trouvait à son épaule que des personnes dite « peu recommandables ». Peut être était-ce une manière à lui de montrer sa suprématie au niveau de son intellect. Il l'ignorait encore, mais la compagnie de la plus bassesse des personnes lui apportait cette décadence et désinvolture qu'il adorait arborer. Surtout pendant ses « chasses ».
Chasse était le mot qu'il avait un jour prononcé lors de ces interventions violentes sur un enfant dans sa ville natale. Chasse représentait par définition- et je conçois que c'est ici que sa propre définition du terme- « le fait de rechercher une personne pour lui faire subir violence. ». Terme que l'on pouvait traduire par « harcèlement », « agression » ou même «Acte puérile» -selon les psychanalystes.
Et le garçon qui s'était placé devant lui parlait de sa future chasse. Un enfant qui portait en ses paroles des raisonnements sortis tout droit de « Mein Kampf ». Rimbaud eu un sourire aux lèvres. Toutes cultures étaient une culture, il avait bien sûr lu « Mein Kampf ». Mais il n'y voyait pas plus loin, ne faisant pas preuve de fanatisme pour le régime « National Socialiste » qu’instaura Adolf Hitler. Non. Il n'avait pas de point de vue sur la matière. Il se l'était juré, dans un coin de sa tête, qu'il devait rester objectif sur toutes lectures. Étant persuadé que tout savoir est un savoir. Et c'était le cas. Même si le garçon en face de lui ne comprenait guère la chose et ne voyait en la future victime qu'un punching-ball ne vivant que pour recevoir des coups. Cela, Artémis en était si honteux. Ses fréquentations étaient si inférieures, même pour un orphelinat de surdoué. Du moins, il se doutait que les gens avec qui il traînait devaient sans doute appartenir aux célèbres « Hidden ». Lents d'esprits et ici...pour des raisons assez obscures. Ou alors était-ce du à sa paranoïa qui reprenait le dessus ? Non. Rimbaud l'instruit est bien loin dans son cerveau, savourant quelques vers de Baudelaire.
Des informations qu'il reçu du garçon, il apprit le prénom de « Panzer ». Le garçon aurait les cheveux noirs assez étranges avec des mèches blanches et un visage assez froid. Il aurait déjà porté des accusations envers d'autres élèves, bafouant leur honneur par des propos antisémites. Le mi-russe s'était presque frotté les mains de cette nouvelle. Il allait passer peut être pour un héros envers les victimes de ce « Panzer ». D'ailleurs, il lui sembla que le nom « Panzer » ne lui était pas inconnu. Il laissa cette idée vagabonder dans sa tête. Non, pour lui, il y avait une petite lumière qui s'était allumée dans sa tête. « Ce garçon adopte un comportement tout à fait étonnant. Il se poste à la manière d'un dictateur qui ne m'est pas inconnu. Même si ses dires ont pu arriver à mes oreilles. » Il marmonna pour lui même.
« Cheveux noirs. Soit un fanatique soit sa réincarnation. »
Une part de lui-même espérait sa réincarnation. Même si c'était totalement puéril comme comportement. Personne ne veut être confronter à un des dictateurs les plus marquants de l'histoire – de l'histoire connue, parce que les dictateurs existent depuis bien des années. Mais paradoxalement, être devant l'homme qui dompta à lui seul une Allemagne déchue, ruinée et souffrante d'une première guerre mondiale affligeante...il avait de quoi afficher un sourire de prédateur aux lèvres.
Il renvoya le garçon, le gratifiant par une tape sur l'épaule et peut être des paroles brèves. Rimbaud sait se fondre dans la masse des sous-intellectuels. Il regarda son compagnon disparaître dans l'autre couloir, attendant qu'il ne puisse plus le voir pour enfin de décider à bouger. Si l'orphelinat avait été surveillé par des caméras, ces dernières auraient pu voir un Rimbaud tout à fait paradoxale. Dans le genre à se fondre derrière les gens, raser les murs ou siffler d'un air assez suspect pour rechercher sa chasse. « Des cheveux noirs, un regard froid. Des cheveux noirs, un regard froid » se répétait-il. « Noirs, froid, les deux sont des mots ayant cinq lettres. Ceci promet d'être une intéressante rencontre. » s'était-il surpris à penser.
Le garçon ne fut pas difficile à trouver. Il était dans le coin d'un couloir, peut être à fixer le temps dehors vu qu'il était à côté d'une énorme fenêtre qui donnait sur la pelouse. « Tel un chef fixant ses hommes. » Il n'y avait personne dans ce couloir, les orphelins étant sortis profité d'une des seules journées de soleil de ce mois de novembre. Cela lui était d'autant plus bénéfique, il n'aurait pas à supporter les gamines qui piaillaient sans cesse à chaque fois qu'il abîmait les visages des beaux représentants masculins de l'institut.
Alors était-ce par blague ou simple fantaisie qu'il avait levé sa main, tel un partisan, en le regardant premièrement, faisant jouer sa ressemblance à la race qu'il devait tant adoré s'il fut vraiment accroc à ce que l'on appelait tout bas le « Nazisme ». Il aurait pu faire une courbette, mais il n'avait pas le temps. Il voulait savoir. D'ailleurs, c' était avec cette même main tendue qu'il avait saisi la gorge du petit Hitler, approchant son visage du sien. Son autre main restait dans sa poche, montrant par moquerie qu'il lui faisait face avec la force d'une seule main. Rimbaud s'accorda un sourire à cette petite bataille. « Ce garçon est plus petit que moi. Je le dépasse de plusieurs centimètres. » Il pu fixer ses yeux et en fut presque terrifié. Mais la peur n'apparaissait qu'en cas extrême sur son visage, là il ne pu qu'attendre une minute dans le silence. Ses cheveux noirs cachait une partie de son visage, trois lignes blanches sur devant droit de son crâne. Il ne prit pas en compte cette étrange présence. Non, il fixait ses yeux, et l'espace d'un instant. Juste un instant, il aurait voulu qu'il parle le premier.
Si Rimbaud avait eu la faculté de parler allemand aussi bien que russe, il aurait pu lui sortir une des phrases de « Mein Kampf » qu'il connaissait par cœur. Quelque part, il se maudit de n'avoir pas eu le temps d'apprendre plus l'allemand. La surprise aurait pu être orgasmique dans cette situation. Non, pour tout début de dialogue, il ne pu sortir qu'une phrase qu'il traduisit en moins de cinq seconde en anglais.
« « Les dures réalités de l’existence m’obligèrent à prendre de rapides résolutions. Les maigres ressources de la famille avaient été à peu près épuisées par la grave maladie de ma mère ; la pension d’orphelin qui m’était allouée ne me suffisait pas pour vivre et il me fallait, de quelque manière que ce fût, gagner moi-même mon pain » Chapitre 1, la maison familiale. »
Il serra un peu plus fort la pression sur la gorge de l'enfant. Enfant qui devait avoir son age tout au plus. Il espérait une réaction de sa part. Sinon il se dirait que cela n'était que des paillettes et que son informateur fera bientôt office de punching-ball officiel. Il espérait que le gamin serait au moins un fidèle.
« Tu es né trop tard. Et même si ce régime résiste encore, il n'est plus d'actualité. »
Il se pencha à son oreille, frôlant son visage au sien.
« Même si bon nombre d'entre nous ont eu son œuvre entre les mains et connaissons sa vie plus que la notre. »
Un sourire apparut sur ses lèvres à cette vérité. Sa main serrait toujours le fin cou entre ses doigts, obligeant le garçon a garder la tête levée vers le ciel. Il espérait lui avoir faire comprendre qu'il connaissait aussi bien le sujet que lui pour l'avoir étudier. Pour avoir surtout étudier son mode de penser.
« Ces propos n'ont pas leur place dans ce monde. »
Et pour conclure il claqua violemment sa tête contre le mur blanc et froid du couloir, lui donnant un coup dans le ventre. Il entendit un bref craquement et ne pu en déduire d'où il parvenait, il restait juste devant lui, savourant la faiblesse d'un homme qui se prenait pour le Furher en personne. Sa carrure frêle paraissait idiote ainsi mise en valeur par sa hauteur. Rimbaud n' était pas spécialement musclé, mais en cas de soumission de sa chasse, il pouvait adopter une pause qui fait de lui quelqu'un qu'il fallait craindre.
Il resta ici pour entendre sa réponse. Poussé par la curiosité sans doute.
Invité
Sujet: Re: "Ne faut-il pas commencer par se haïr, lorsque l'on doit s'aimer." Nietzsche. [ Panzer ] Sam 29 Oct - 1:57
Whatever happens ...
-« … et là, il a dégainé un pistolet en plastique fluorescent, et il a appuyé sur la détente comme un malade, afin d’asperger la passante d’eau bouillante ! » -« Nan, mais c’est un malade, ce type. Il n’a rien à faire dans un orphelinat ; c’est dans un asile qu’il trouverait sa place. »
A croire qu’ils faisaient tous exprès. Au lieu de discuter discrètement de lui dans son dos, ils jugeaient bon de le faire quand son aura macabre rôdait dans les parages. Pourtant, il était arrivé dans cette pièce totalement par hasard. Il voulait juste dessiner sur la table, celle tout au fond de la salle d’études. Il aimait bien dessiner sur ce pupitre. Sa surface était, avec le temps, devenue toute lisse, à force de gommages intensifs d’élèves souhaitant effacer leurs méfaits. Panzer n’effaçait jamais les plans de guerre qu’il gravait du bout de son crayon à papier. C’était risqué puisqu’on pouvait venir lire quand et où il souhaitait conquérir le monde. Toutefois, il se doutait bien que les autres orphelins consciencieux ne se prêtaient guère à l’examen des hiéroglyphes qui noyaient la table. Il pouvait donc dessiner sans danger de se faire piquer la place au sommet du monde. Néanmoins, même tapi au fond de la salle d’études, sans émettre le moindre son, on s’amusait encore à le craindre. Le petit monstre d’Halloween qui ébouillantait les passants. Car l’histoire du début de cette histoire est véridique. Panzer avait ce jour-là, juste omis le détail de veiller à ne pas se faire suivre. Du coup, comme il était de mauvaise humeur, il s’était contenté de brûler la femme d’affaire qui était passée un peu trop près à son goût des grilles de l’orphelinat. Sa victime, aveuglée par le liquide bouillant qui coulait nerveusement sur sa coiffure proprette, avait réellement cru avoir à faire à un jeune diable sorti d’une boîte. La boîte avait alors été le portail de l’établissement, sur lequel le garçon aux cheveux rayés avait savamment grimpé. Bon, en fait, il était quasiment coincé, et avait dû attendre qu’un surveillant vienne le décrocher de son nid avec un manche à balai. Pas encore l’une de ses heures les plus glorieuses. D’autant plus qu’apparemment, on l’avait vu. Toutefois, lesdits orphelins n’avaient pas l’air de s’être attardés sur sa dangereuse posture, en équilibre en haut de la barrière. Non, ils n’avaient vu que son index pressé la détente, déversant ainsi de l’eau bouillante sur une pauvre femme innocente. Panzer le savait, cette dame devait certainement être quelqu’un de méchant, au fond d’elle. Elle passait chaque jour devant l’orphelinat pour se rendre sur son lieu de travail, sans accorder un seul regard à ce refuge d’enfants de malheur. Bon, bien sûr, le garçon n’avait pas fait ça par bonne conscience : il devait juste être agacé. Oui, Panzer est un méchant.
Mais ça n’était pas une raison pour le provoquer lorsqu’il était en phase de veille ! Oui, vous avez bien lu « phase de veille » ; Panzer pouvait manquer tellement d’humanité qu’il était parfois d’usage d’employer de vulgaires termes techniques pour parler de lui. Ses doigts se resserrèrent violemment autour de son crayon en bois, tant et si bien qu’il manqua de casser la mine. Il n’avait pas relevé la tête ; il savait pertinemment que, s’il la relevait, il allait tomber sur les regards en coin de ses petits camarades d’étude. Et il ne voulait pas. Il ne voulait ni de leur mépris, ni de leur pitié. Il ne voulait rien d’eux, si ce n’était qu’ils se taisent une bonne fois pour toutes. Toutefois, il devait apprendre à se contrôler. Il devait apprendre à se savoir haï par les autres. Il devait laisser passer ça, laisser glisser ces préjugés sur sa silhouette imperméable pour les sentiments. Il ne devait pas broncher, toujours se relever, la tête haute, le maintien droit, les poings serrés et le regard tourné vers le haut. Il ne devait pas se préoccuper de savoir ce que ces parasites pensaient de lui. Seul comptait ses propres décisions, son ambition et ses rêves. De beaux rêves, bien glauques comme il les aimait, qui lui brouillaient les esprits, et manquaient à chaque fois de le perdre dans sa propre folie abyssale. Car Panzer était une véritable bombe à retardement. Outre le fait de savoir quand est-ce qu’elle allait exploser, la question que les adultes autour de lui se posaient –car, on rappellera que les adultes aiment se poser multiples questions-, était de savoir combien de gens allait-il entraîner dans sa désintégration. Et les adultes veillaient à ce qu’il en emmène le moins possible avec lui. Ce serait trop de têtes blondes de perdues. Panzer était de ces projets prometteurs, mais dont on doutait de la survie. Hitler s’était bien suicidé. Qui sait si l’adolescent pourrait en arriver là. A la grande satisfaction des autres enfants, certainement.
Le cœur de Panzer était malheureusement trop bien immunisé contre ces pics qui auraient pu s’y enfoncer profondément, histoire de le blesser un bon coup, pour le ramener à la réalité. Il se contrôla donc, rangeant le crayon dont il s’était uniquement muni dans la poche intérieure de sa veste. Il se leva, faisant à peine grincer les pieds de sa chaise, jetant un dernier regard au plan inachevé de ce qu’il avait appelé, la bataille de la grande théière. Et il quitta la salle d’étude, lourdement suivi par les regards craintifs et chargés de reproches de ses petits camarades. Une fois de plus, il déambulait dans les couloirs, tandis que ce soleil qu’il abhorrait tant montait dans le ciel, attirant au dehors la plupart des orphelins. Il avait cette impression de déjà-vu, au fond de sa gorge, tapie comme un goût saumâtre collé à son palais. Il ne devait pas … s’en préoccuper. Il s’hasarda un peu n’importe où, jusqu’à se figer en face d’une vitre donnant sur la cour. Il ne se mêlait jamais à eux, mais les voir s’agiter à ses pieds lui conférait ce sentiment de domination qu’il recherchait tant, en vain. Mais, une fois de plus, c’était sans compter sa lamentable réputation. Son regard était perdu dans les jambes de ses compagnons de fortune qui couraient dans tous les sens, comme si le Diable était à leurs trousses. Il avait beau se tenir à carreaux, droit et fier comme une tour de cathédrale, on allait encore amocher sa silhouette de mort-vivant. A vrai dire, avec l’habitude –et la résignation sans doute-, Panzer avait pris l’habitude de surveiller un périmètre bien précis autour de lui. Au cas où. Et cela semblait porter ses fruits. En effet, il discerna une silhouette qui s’approchait dangereusement de lui, car d’habitude, les orphelins qui savaient pour qui il se prenait préféraient garder leurs distances.
Et alors Panzer tourna la tête. Juste un peu, histoire de voir à qui il avait à faire. Un aryen. Un véritable aryen. Le genre à vouloir faire cracher du sang à Panzer. Le genre à le faire mourir de jalousie. Et apparemment, l’inconnu savait à qui il allait s’adresser, au vu de ce geste qu’il fit avec son bras. C’était la première fois. La première fois que le garçon aux cheveux rayés pouvait admirer un blond aux yeux bleus le saluer de la sorte, sans qu’il le menace avec une lame sous la gorge ou un pistolet à eau sur la tempe. Il en fut littéralement stupéfait. Mais cela ne dura que d’infimes secondes. D’une part, à cause de ce contrôle permanent sur son corps et ses sentiments, d’autre part, parce que l’inconnu de la race supérieure se jetait sur lui, venant écraser ses longs doigts autour de sa gorge. Panzer ne put rien faire pour contrer cet assaut et se retrouva presque encastrer dans le mur. Le dictateur en herbes ouvrit de grands yeux, tandis que son visage se tordait élégamment sous le coup de la douleur.
Non mais, c’était qui, ce dégénéré ? Pas si dégénéré que ça, à entendre ses paroles et son ton sarcastique. Non, même quelqu’un de très intelligent et de très cultivé … et de très violent. Panzer ne savait pas qui il était ; s’il l’avait croisé, il avait certainement dû le répertorier parmi ces superbes aryens qu’il n’exterminerait pas. Alors pourquoi ? Pourquoi venait-il lui chercher des noises de la sorte ? Apparemment, il avait eu vent de ses énigmatiques tendances fascistes. Le regard de l’allemand se raffermit aussitôt, tandis qu’il empoignait la main qui l’étranglait, tentant en vain de se dégager de son emprise. Son visage terne était à moitié dissimulé sous d’épaisses mèches brunes. Couleur qu’il se mit à haïr bien plus qu’autre chose, tandis qu’il ne pouvait détacher son regard des cheveux gorgés de blé de son agresseur. Ce dernier lui adressa plusieurs remarques fourbes quant à l’illogisme de son fanatisme pour le régime totalitaire. Panzer fronça davantage ses sourcils quasi-inexistant mais, avant même qu’il ne puisse répondre, le garçon aux yeux céruléens lui explosait l’arrière du crâne contre le mur, et les boyaux. Pendant d’infimes secondes, Panzer eut le souffle coupé. Sous le choc, des larmes s’étaient, contre son gré, formées au coin de ses yeux. Il se pencha brutalement en avant, une main massant frénétiquement sa tête endolorie. Il rétablit le rythme de sa respiration et grimaça de nouveau.
-« Mes propos n’ont peut-être pas la place dans ce monde, mais dans mon monde, c’est différent … On peut savoir pourquoi tu te donnes toute cette peine ? T’ai-je personnellement agressé ? Je ne crois pas, tu es trop blond pour ça. »
Nouveau regard envieux à l’intention de ses mèches dorées, un secouement de la tête pour chasser ces images. Un raclement de gorge, avec un goût de fer au fond du palais.
-« A moins que tu n’aies dans l’intention de jouer les héros ? Aurais-je réglé son compte à l’un de tes copains ? Ou à ta petite amie ? Et puis t’es qui à la fin ? »
Il sentait son visage bien trop près du sien à son goût. Il recula la tête, prisonnier de tout mouvement. Pourquoi une telle manœuvre d’approche ? Avait-il des comptes à rendre ? Ou bien s’ennuyait-il simplement ? Il ne manquerait plus Panzer joue le rôle de bouc émissaire. Toujours il endossait le rôle de la victime, lors des bagarres, mais jamais, ô grand jamais, il n’assumerait. De nouveau, l’une de ses mains parvint à la hauteur du faciès de son jeune bourreau, et s’engouffra dans ses magnifiques cheveux blonds, afin de garder une distance convenable, qui ne ferait pas douter les passants de leurs agissements … En effet, la proximité de leurs deux silhouettes pouvait faire courir des bruits. Néanmoins, il n’y avait personne hormis eux dans ce couloir. Et puis, le rythme saccadé de la respiration de Panzer et ses gémissements de douleur ne faisaient aucun doute que l’un des deux était dans une mauvaise passe …
Morphee
Sujet: Re: "Ne faut-il pas commencer par se haïr, lorsque l'on doit s'aimer." Nietzsche. [ Panzer ] Jeu 3 Nov - 22:36
La curiosité a toujours été quelque chose que Rimbaud prônait fortement. Ça avait été l’élément déclencheur d’énormément de choses dans sa vie, et comme une mauvais habitude qu'on ne pouvait se débarrasser, il s'était secrètement mis à espérer que le garçon en face de lui allait lui donner ce qu'il voulait. Comme un mélange de mystère et d'espoir. De toutes ses chasses jusqu'à aujourd'hui, il n'avait trouvé pareil candidat à son tableau. Un spécimen rare par sa prestance et l'aura qu'il dégageait. Et même si ce n'était qu'un regard ou que quelques minutes que le blond avait posé ses griffes sur sa proie, il en était. Fasciné.
Prestement, l'enfant à l'après-coups s'était penché. Action plus que normale après ce qu'il venait de lui envoyer dans l'estomac. Rimbaud était sûr de sa force et des fois, vraiment effrayé. Jamais il ne voudrait se rencontrer, il aurait trop peur de se faire vraiment mal. D'ailleurs, il avait énormément pitié de ses chasses. Enfin, il n'y avait plus de jeu, une fois qu'il les avait maîtrisé, elles le regardaient comme un tirant. Il n'y avait alors plus l'envie de violence au fond de sa gorge. Les faibles l’intéressent si peu. Si bien que c'était ses propres sbires qui s'occupaient des derniers cas. Ceux qui ont encore la foi de lutter contre l'adversité. Comme animés par la volonté farouche qu'il puisse avoir un retournement de situation. Rimbaud s'en était ri des milliers de fois. « La roue ne tourne pas. Jamais pour les personnes basses. » Il ne se considérait pas comme meilleur que les autres néanmoins. Non, il avait la même force que tous ici, mais contre les gamins de Moscou, il y avait un grand niveau d’écart. Et il ne parlait ici que du psychologique. Les faibles sont faibles parce qu'ils n'ont pas subit de pression enfant. Ainsi ils le restent tout le temps. C'était comme ça qu’Artémis s'était mis à posséder une maturité étrange pour son âge. Les psychologiques le disaient eux même « Les événements traumatisants augmentent la croissance de la maturité chez un enfant. » Alors il pouvait dire que tout ça n'était qu'une affaire de destin. Aussi peu y croyait-il, au destin.
Il entendit l'enfant reprendre un souffle régulier. Étrange force vu que la plupart de ses chasses tombaient des les premiers coups. Un sourire apparut sur son propre visage. Ce garçon l’intéressait de plus en plus. Maintenant, il crevait d'envie de l'entendre, et comme une prière au ciel, il fut récompenser.
« Mes propos n’ont peut-être pas la place dans ce monde, mais dans mon monde, c’est différent … On peut savoir pourquoi tu te donnes toute cette peine ? T’ai-je personnellement agressé ? Je ne crois pas, tu es trop blond pour ça. »
Bon point. Rimbaud sourit encore plus. Il n'en attendait pas moins du garçon. S'étant partiellement reculé, il pu juger du regard haineux du garçon pour sa propre chevelure. Et en ce moment même, il était carrément ultra fier. Parce qu'il avait une chose que lui n'avait pas. Et le sourire qu'il arborait à ce moment aurait pu être le plus terrifiant. Mais il lui fallait analyser sa phrase et ça en moins de cinq secondes. « Cinq secondes... » Premièrement, Panzer ne se trouvait pas dans ce monde. Un marginal ? Solitaire endurcit qui s'est crée sa propre carapace ? Peut être. L'avait-il agressé ? Non, pas vraiment. C'était vraiment sa curiosité qui l'avait poussé à vouloir rencontrer le jeune homme. Aucune agression, mais au pire il pourrait lui dire qu'il avait blessé un de ses sbires, un jour. Même si le garçon ne s'en souviendrait pas, il fabulerait. C'était facile en somme. Et puis il y avait eu le « blond » qu'il avait de suite comprit. Il avait préfère laisser un silence comme réponse. Il avait appris que les blancs accentuaient les situations critiques certaines fois. Et là, il voulait que Panzer se sente frustrer. C'était toujours plus plaisant de voir sa victime tourmentée, comme une genre de jouissance. Il a vu le garçon s'agiter, raclant sa voix contre sa gorge et bouger de la tête. Signe d'agitation du à de mauvais souvenirs ? Il ne savait pas. A vrai dire, il s'en fichait pour le moment. Pour le moment, il voulait juste savoir ce qu'il allait faire, lui, devant Panzer. Peut-être que. Non ça serait trop cruel.
« A moins que tu n’aies dans l’intention de jouer les héros ? Aurais-je réglé son compte à l’un de tes copains ? Ou à ta petite amie ? Et puis t’es qui à la fin ? »
C'était beaucoup trop de question ça. Peu d'initiative. Il sentit qu'on le poussait hors de l'espace de l'allemand, ce qui fait qui se retrouva les mains plaquées contre le mur des deux côté de sa tête. Hm, situation encore plus délicate, il devait le dire. Donc, jouer les héros ? Peut être. Réglé son compte à un de ses co..de ses sbires plutôt, l'amitié est un mot qui ne fait pas parti de son vocabulaire. Ça, il n'en savait rien et s'en fichait éperdument. Petite amie ? Si encore il en avait une. De toute façon, c'était pas comme s'il cherchait dans l'absolue quelqu'un qui partagerait ses draps hein. L'épicurisme, ce n'est pas du tout sa spécialité. Et enfin l'ultime question. Il avait reprit possession de sa gorge, prévenant d'un regard que si le garçon fait preuve d’hostilité, ses douces phalanges auraient la joie de casser son cou. Et ça, il en était capable. Rimbaud avait ce don un peu hautain de vouloir se mettre en valeur à chaque intervention et chaque parole. Comme si le monde ne devait écouter que lui seul. En un sens, Panzer en était son ennemi avec ses idéaux de conquête du monde. Soit. Et puis, il en avait assez de cette pression constante entre leur regard. Comme deux chiens qu'on aurait lâché l'un sur l'autre.
Il sourit, faisant courir ses doigts le long du cou de l'allemand sans gène aucune de la situation carrément suspect, ni de sa gestuelle.
« Rimbaud. »
Avança t'il, tout souriant avant de reprendre prestement, visage froid.
« Je dois t'avouer que tu es le premier. Qui me tient la tête du moins. Ne me regardes pas avec ce regard, j'arrive presque à lire en toi alors c'est inutile. »
Il touche prestement ses cheveux, faisant tourner une de ses mèches les plus clairs entre ses doigts. Il voulait voir le dégoût et l'envie sur son visage. Le destin a fait qu'il ai les apparences de la race que le garçon adore tant, pourquoi ne pourrait-il pas jouer de ces quelques atouts ?
« N'est-ce pas frustrant ? D'adorer un idéal et un mode de vie alors que l'on est soit même une erreur de la nature ? Je parle en toute franchise, j'ai lu Mein Kampf, je sais de quoi cela parle. Je ne suis pas de ce mouvement malheureusement mais... »
Il s’interrompe, jetant un œil en arrière. Il a entendu du bruit dans le couloir. Il tourne le regard vers Panzer, dents sortis. Il va devoir changer de tactique, c'est d'un ennuis. Prenant le col du garçon, il le traîne dans la première porte qu'il trouve dans le couloir. Là, il le jette dans la pièce sans prendre le temps d'allumer la lumière. Il ne se rappelle plus de cette pièce mais s'en fiche totalement. Il déteste qu'on l'interrompe alors qu'il est en train de régler un compte à quelqu'un. Alors sans aucune attache sur lui, il se remet à la porte et observe dans l’entre-bâillement le bruit qui courut à ses oreilles quelques secondes plutôt. Hm, Un groupe de deuxièmes années sans doute alerté par son imbécile de sbire. Franchement, il lui rendrait son compte plus tard, pas possible pour lui de se déplacer en ce moment-même. Non, maintenant, il n'avait plus de plan censé en tête. Et surtout il avait baissé sa garde. Mais ça, il ne s'en était aperçu qu'en fermant la porte, plongeant la pièce dans une obscurité apocalyptique.
« Panzer ? »
Artemis, tu es bien stupide à penser qu'un orphelin avec une telle intelligence va te revenir entre les doigts aussi facilement.
Invité
Sujet: Re: "Ne faut-il pas commencer par se haïr, lorsque l'on doit s'aimer." Nietzsche. [ Panzer ] Ven 11 Nov - 17:33
You don't know what they do to guys like us in prison.
Il fallait croire que Panzer n’était pas le seul à pouvoir passer ses après-midi à traquer d’autres pensionnaires. Lui qui croyait que le reste des orphelins s’efforçaient de l’isoler à cause de sa hargne constante, voilà qu’il se retrouvait dans le rôle contraire de ce en quoi il s’était transformé au fil du temps. Et ça l’embêtait bien, en fait. Surtout lorsque celui qui lui prenait sa place était, d’après la base même de ses principes, un être supérieur à lui. Un peu comme si, plus de soixante ans plus tôt, l’un des sbires aryens d’Hitler, du genre Hess ou Heydrich, avait décidé de monter un complot contre le Führer. Oh, il y en avait eu. Même Panzer n’avait pas été à l’abri des attentats et des agressions, au contraire. Il était devenu un habitué de l’infirmerie, et il n’était pas rare, aussi peu sportif qu’il était, de le voir couvert de pansement. Ce jour-là, d’ailleurs, hormis les éternels sparadraps collés à ses genoux écaillés, il arborait, non sans cette fierté propre aux effectifs masculins de tous les genres qui dénombrent leurs coups et leurs bleus comme de véritables blessures de guerre, une épaisse compresse autour de son poignet droit. Cela remontait à quelques jours auparavant, dans les vestiaires, après un cours de sport. Il s’était fait coincé dans un coin de la salle pour se changer, par une bande de Shapes, certainement, qui avait tôt fait de le faire tomber au sol, afin de lui écraser plus facilement la main. En se débattant, Panzer avait entendu un horrible craquement, qui révéla aussitôt l’état pitoyable de ses doigts. Depuis, il allait mieux. Toutefois, la première nuit suivant son accident, il n’était pas parvenu à cesser de fixer sa main, maudissant ses agresseurs, non pas parce qu’ils avaient rempli leur rôle d’agresseur, mais parce qu’ils n’avaient même pas été capable de lui briser la main gauche ! Pourquoi se frustrer pour une telle idiotie ? Parce qu’à la fin de son règne, Hitler tremblait de la main gauche, et pas de la main droite ! Oui, c’est ce qu’il aurait répondu mot pour mot, si on le lui avait demandé.
Mais personne ne lui avait demandé. Personne ne lui demandait jamais rien. Sauf pour s’inquiéter mollement de son état de santé. Panzer se savait intelligent, certes, mais malade aussi. En plus d’être un blessé de guerre, il faisait comme partie des rescapés de la Première Guerre mondiale ; les soldats traumatisés par l’horreur des tranchées. Certains n’en voulaient plus jamais de leur vie. Et d’autres … ne voulaient plus vivre que de ça. Ultra violence. Si l’on devenait fort par l’oppression que l’on subissait dans les premières années de sa vie, alors Panzer était l’un des êtres les plus puissants de la Terre. Son triste sort n’avait d’égal que le mal qu’il pouvait faire autour de lui. La violence par la violence. Un remède implacable. L’amour était une guerre aussi, mais, étrangement, il ne s’était pas engagé dans ce genre de combat. Il n’en avait tout simplement pas envie. Il avait assisté à trop d’histoires tristes, du fond de la salle d’études. Enfin, tristes … en théorie. Du haut de son impétuosité, il les savait tristes. Toutefois, sa gorge n’arrivait jamais à se serrer. Peut-être parce que ça ne le concernait pas. Cependant, même les fois où il était plus que concerné, jamais il n’avait réussi à être triste. Il remercierait charitablement celui ou celle qui parviendrait à le rendre malheureux. Vous ne l’aviez pas encore entendue, celle-là, n’est-ce pas ? Panzer avait toujours des tas de choses à dire. Malheureusement, on ne lui en laissait pas le temps. Dans les histoires, le méchant annonce toujours qu’il est le méchant ; mais jamais, on ne le laisse aller plus loin. Tout ça parce qu’il était le méchant. Ça fait mal, de ne pas écouter les autres. Même quand les autres étaient certains que l’idéologie nazie devait se prôner de nouveau. Cela aurait dû rendre le garçon aux cheveux rayés triste ; néanmoins, il ne ressortait de cette défaite qu’un sentiment de haine, agressif comme un sirop pour la toux.
Comme s’il s’entêtait à rester dans le contexte de ses pensées, tel un parasite, l’inconnu lâcha quelques instants l’emprise qu’il avait sur son cou, mais pas sur le reste de sa personne. Ce Rimbaud, comme il avait été apparemment coutume de l’appeler, était totalement. Totalement tout. Si Panzer n’était rien pour ce monde, Rimbaud était désormais tout pour le sien. Et ça n’était pas sans conséquences. C’était même dangereux. Car dans les abysses de ses yeux marins, Panzer lisait clairement que, s’il osait le moindre mouvement de résistance, ses ongles viendraient se planter fatalement dans la peau d’albâtre de son cou. L’allemand avait lui aussi des tactiques bien à lui. Toutefois, il n’était pas en posture convenable pour attaquer. Quelque chose différait des traquenards habituels. Son assaillant avait l’air de … Non, ça n’était pas croyable. Jamais ça n’était encore arrivé. Qu’on prenne attention à ce qu’il était, et pas seulement à ce qu’il laissait voir. Etait-il tombé sur l’ennemi parfait ? Pourquoi pas. Bah, ça promettait d’être aussi intéressant que douloureux. Ce garçon aryen appréciait à première vue prendre le dessus sur son interlocuteur, à en juger par l’indolence des mouvements de ses doigts dans son cou. Si Panzer s’était senti davantage concerné par la chose, il aurait certainement été plus gêné que ça. Là, il était plus frustré par l’agressivité de ses remarques et de ses lèvres. En fait, il se sentait mal, car il était à court de subterfuges pour essayer de s’enfuir. Cette emprise était trop. Encore une fois, il ne savait la qualifier. Ça n’était pas normal. Et ça l’irrita d’autant plus que Rimbaud prétendait pouvoir lire en lui. Et puis quoi encore ?
Qui pouvait prétendre pouvoir lire dans un livre aux pages toutes blanches. C’était bien connu, à présent, si Panzer écrivait, c’était simplement par convenances. Hitler n’écrivit plus rien, après avoir rédigé son monstrueux livre de monstre. On ne pouvait pas lire en Panzer, quelque fut son regard, tout simplement parce qu’il n’avait pas un ouvrage en lui, mais un bunker. Un bunker tout blanc, avec des taches de sang et des traces de brûlures. Puis, une nouvelle fois, un long et pesant frisson escalada la colonne vertébrale de l’allemand aux cheveux du démon. Mein Kampf. Il l’avait lu, lui aussi. Aussitôt, il se maudit lui-même d’avoir eu cet instant infime d’étonnement, transfusé dans une poche de fascination. Pourquoi ? Pourquoi semblait-il si proche de la perfection ? Pourquoi avait-il tout fait ? Mais surtout, pourquoi ce garçon n’était-il pas Panzer ? Ce dernier ignorait s’il devait plus le haïr que de se détester lui-même. Cependant, il était incapable de se faire du mal. Tous ces adolescents qu’il avait cru voir se mutiler le dégoûtaient plus qu’autre chose. Non, il n’aimait pas ce à quoi il ressemblait, mais il respectait son corps. Un minimum. Au contraire, il n’hésitait pas à faire souffrir autrui. D’une manière puérile. Cette manière violente de faire mal. Il n’était pas sociopathe, comme certaines de ces ordures que l’on pouvait dénicher au détour d’un couloir dans lequel le courant n’a pas été rétabli depuis un millénaire. Il n’était pas psychopathe. Certains rajoutaient : « pas encore », avec un sourire nerveux aux lèvres. Il ne frappait jamais directement avec ses poings. Il armait toujours son bras d’un objet anodin. Ces pieds étaient toujours chaussés de grosses chaussures noires aux semelles épaisses. Son cœur était toujours recouvert d’un blindage digne des plus solides chars d’assaut. En vilain de l’histoire qu’il était, il se devait d’être toujours paré à ce combat qu’il menait contre la sociabilité. Mais là, il s’était senti on ne peut plus désarmé. Ça ne pouvait pas durer éternellement.
Comme si son bourreau avait saisi cette pensée, il entreprit de le déplacer jusque dans un sombre établi. Apparemment, des orphelins s’aventuraient non loin de là, et Rimbaud ne voulait pas être dérangé. Il jeta donc littéralement Panzer dans la pièce voisine, plongée dans la pénombre. Et il le lâcha. Ses doigts s’étaient desserrés, autour de sa gorge et de son col. Quel manque d’attention ! Comme un automatisme, le garçon aux cheveux bicolores sembla retrouver sa capacité à raisonner à la vitesse de l’éclair. En s’écrasant contre le mur, il avait senti l’odeur de produit toxique de nettoyage. De plus, sa main s’était refermée sur ce qui pouvait être un manche à balai. Ils étaient donc dans une sorte de placard, en bien plus grand. En fait, l’orphelinat resplendissait toujours, supposant un nettoyage régulier et intensif, pour le bon air des têtes blondes qui en étaient les résidants. Il n’était donc pas étonnant que ce genre de pièce exiguë se trouve fréquemment dans les couloirs. Rimbaud observait ce qui se passait dehors. C’était maintenant ou jamais. On aurait facilement pu se croire dans un genre de film à suspens. Un combat entre le héros et le méchant. Le héros est sur le point de régler son compte au méchant. Mais il y a un retournement de situation. Et le méchant a ses chances de reprendre le dessus. Générique. Panzer se saisit une bonne fois pour toutes du balai. Dans le noir, il est très difficile de le remarquer, grâce à ses vêtements et ses cheveux. Son passage piéton crânien ne risque même pas de le trahir, étant donné qu’il a tourné la tête, de sorte à le maintenir contre le mur du fond. Rimbaud, lui, est facilement discernable dans la nuit à cause de la lumière de ses cheveux. L’Expert se glisse sur le côté, recroquevillé, tandis que le blond referme la porte, l’appelant à revenir à lui. Trop drôle. C’était comme demander à un fugitif communiste de retourner sagement dans les camps de la mort. Oui, au moins ça. Un sourire malsain se dessina sur les lèvres invisibles de Panzer, de nouveau confiant.
Et, il se jeta sur lui, du haut de sa violence juvénile. Tandis que son genou venait se loger brutalement entre ses jambes, il braqua son manche à balai de sorte à le coincer contre le mur adjacent à la porte. Les rôles pouvaient alors s’inverser, encore une fois. On aurait pu croire que les deux garçons n’allaient plus savoir s’ils devaient se haïr ou s’aimer, à force de trop retourner les situations. Toutefois, ça n’était pas la préoccupation première de Panzer. Il était conscient qu’il n’allait pas pouvoir le retenir bien longtemps. Ses sourcils s’arquèrent davantage.
-« J’idéalise qui je veux, l’aryen. Ce n’est pas parce que tu resplendis comme un soleil que tu dois te sentir obliger de me cogner. Je ne suis peut-être pas bien grand, mais mes dents rivalisent avec celles de Lecter. Alors si tu ne veux pas te retrouver avec une lèvre en moins, tu as intérêt à me respecter un peu plus que ça ! »
Morphee
Sujet: Re: "Ne faut-il pas commencer par se haïr, lorsque l'on doit s'aimer." Nietzsche. [ Panzer ] Dim 13 Nov - 18:54
Artémis détestait l’imprévu. Comme il détestait qu'une de ses situations ne tournait en sa faveur, devenant la proie, devenant totalement faible. Il avait senti qu'il n'aurait du le lâcher quand ils s'étaient dirigés dans la pièce sombre. Il avait grogné, montrant ses dents blanches félines dans l'obscurité face à au silence que l'allemand avait fait. Tel un chat devant sa proie. Si le garçon était rapide, il lui serait facile de contrer Rimbaud. De plus ,il voyait très mal dans l'obscurité et qu'il ne savait où il était. Terrain inconnu. Situation préoccupante. Rimbaud grognait contre sa proie absente. Penser qu'il aurait pu régler le compte du gamin il n'y avait pas trente seconde et se retrouver dans son propre piège rendait furieux le blond. Mais il fallait ajouter qu'avec cette sauvagerie de son adversaire, il en était presque ravi. Ce garçon l’intéressait de plus en plus de part sa nature qu'il ne pouvait décrire. On ne rencontrait pas tous les jours des orphelins coriace face à sa carrure de félin dominateur. Et comme un enfant face à un nouveau jouet, il avait sourit dans l'obscurité, presque béa de son nouvel compagnon. « Ce garçon...est étrangement fascinant » c'était-il surprit à penser. Et peu avaient été les personnes qu'il avait considéré comme intéressantes de sa petite existante de gamin je-men-foutiseme. En fait, il n'y en avait eu qu'un seul. Vraiment intéressant.
Ses mains avaient refermés la porte mais ses doigts étaient toujours restés accrochés à la poignée si bien qu'il se sentit misérable d'avoir eu cet comportement tellement faible. On ne fuyait pas devant l’ennemi ! Surtout pas quand celui-ci avait l'atout sur le terrain. Rimbaud avait comprit qu'il était repérable. Ses cheveux le trahissaient dans la pénombre de la petite pièce. S'il n'avait pas d'avantage ni en ses yeux qui ne lui permettaient pas de bien voir dans la nuit – les yeux bleus sont tellement sensibles à la lumière et la pénombre – ni en sa capacité à se faire discret, il fallait qu'il trouve un moyen. D'autant plus que son adversaire était du genre téméraire. Dans le genre courageux même si tout est joué et que plus rien ne permet de gagner la partie. Rimbaud trouvait fascinant les gamins qui se relevaient de ses coups, même s'ils les pensaient totalement débiles, peut être aussi un peu masochiste. On n'aimait normalement pas se faire frapper. Il fallait être totalement attardé pour penser qu'un gamin martyrisé pouvait avoir une chance de contrer sa nature. Débile. Même les plus in-intelligent comprenaient qu'il fallait fuir au lieu de vouloir franchir une montagne. Et Rimbaud se considérait comme un cas spéciale. Parce qu'il n'avait jamais été battu. Vous vouiez, c'était plutôt le garçon qui a toujours donné des coups, le petit dur de la récréation qui se changeait en intellectuel de temps à autre. On ne donnait pas de nom à un bourreau. Perfection ? Nous dirons malade. Et la petite créature qui se cachait dans le noir avait attisée sa curiosité. Et attiser la curiosité d'un monstre avait des conséquences.
Même si c'était lui qui était plutôt en mauvaise posture à cet instant même. L'adolescent s'était jeté sur lui sans qu'il puisse le prédire, l’éjectant contre le mur avec force. Ses dents s'étaient serrés, sa tête ainsi plaquée contre le mur froid. Il sentit un rondin en dessous de sa gorge et en déduit qu'il devait s'agir d'un balai. Sa tête se retrouvait donc levée vers le ciel, le corps bloqué par l'adolescent. D'ailleurs il était étonnamment proche. C'était à ce moment là qu'il avait compris que sa distance durant son intercalation de toute à l'heure avait du jouer un jour à l'enfant. Il notait cette technique quand un coin de sa tête. L'intimidation pouvait être une bonne parade le jour où il aurait la flemmardise de vouloir frapper. Impossible situation tout de même. Il fallait qu'il se retrouva désarmé pour comprendre le point de vue de ses victimes. Quand on a passé 17 ans de sa vie à martyriser tous les enfants de son quartier sans jamais n'avoir reçu coups ou blessure en retour, cela vous faisait un choc. Ajoutez à cela qu’Artémis n'était pas de un modèle de petite brute mais plutôt son exacte opposé. « Tch. » Il fallait croire que le gamin avait de la force dans ses bras pour retenir avec son pitoyable balai le corps du blond.
Il eu un sourire sur l'instant. Peut être que la pénombre le cachait de la mini réplique du Führer. Mais Rimbaud souriait. L'allemand venait de faire un pas de plus dans l’échelle des fascinations de Rimbaud. Même s'il ne l'avouera pas en cet instant, le magnétisme qu'il y avait dans la pièce était le premier pour Rimbaud. Premier de toute sa vie.
« J’idéalise qui je veux, l’aryen. Ce n’est pas parce que tu resplendis comme un soleil que tu dois te sentir obliger de me cogner. Je ne suis peut-être pas bien grand, mais mes dents rivalisent avec celles de Lecter. Alors si tu ne veux pas te retrouver avec une lèvre en moins, tu as intérêt à me respecter un peu plus que ça ! »
« Vraiment ? »
Cela était sortit tout seul. Aryen. La largeur de son sourire s'était allongée. Être vue comme un être exceptionnel malgré les défauts et seulement par le physique rendait presque béa Rimbaud. Comme si pour ce garçon, son existence même sur terre avait été une bénédiction. Rimbaud jugea ses paroles et les inscrivit dans un coin de sa tête. Le garçon semblait relativement dangereux et il n'était pas spécialement en bonne posture. Non. En fait, de son corps, il ne pouvait dégager que ses mains/bras, le balai ne bloquant la partie supérieur de son corps. Donc il fallait qu'il agisse en conséquence de ses «capacités » en cette situation. Soit. « Resplendir comme un soleil. » Alors pourquoi diable s'était-il mi à penser aux paroles de l'enfant au lien d'agir ?! Comme si elles avaient pu être précieuses pour lui. « Artémis, ressaisis-toi ! » Il fallait trouver technique et stratégie contre cet ennemi. « Et rentrer aussi un peu dans son jeu. »
Et comme atout encore dans sa manche – et dont le jeune allemand n'avait pas encore remarqué – il y avait la parole et ses connaissances. Se battre pour des principes tels que gagner n'avait rien de passionnant mais à partir du moment où les deux camps rentraient en guerre en usant de subterfuge, cela en changeait l'histoire. Rimbaud pensa alors très vite. Un plan. Un plan. « Si le garçon détestait la violence, pourquoi la prônait-il ? S'il déteste tant être frappé pourquoi veut-il lui ressembler ? C'est illogique. Et puis n'était-ce pas lui qui détestait cette approche ? Ce rapprochement de corps et qui jouait maintenant à Hannibal Lecter ? » Il avait incliner sa tête sur le côté, contrarier par ses propres pensées. Un orphelin cannibale, il n'en avait jamais vu. Et ce n'était pas spécialement dans ses projets d'en battre. Non, tout ce qui est cannibale reste dans sa cage bien sagement. Là. Il fallait qu'il trouve une parade contre l'enfant.
Il avait réussi à dégager ses mains lentement et silencieusement.
« Aryen ? C'est vraiment trop d'honneur. C'est bien la première fois qu'on m’appelle ainsi mais ne va pas croire que je resplendis la belle Allemagne. »
Petit sourire. Ses mains qui s’avançaient toujours vers l'adolescent. Il l'aurai par paroles.
« De l'Allemagne, je n'ai que des origines. Et encore c'est un grand mot qu « origine » pour moi. Non... »
Et presque subitement ses doigts s'étaient refermés sur la taille du garçon. S'il voulait jouer à qui serait le plus imposant ici, il allait être servit. Il ponctua ce geste d'un énorme sourire, pouvant maintenant bouger la tête sous la surprise de l'enfant. Rimbaud n'avait pas de limite comme il n'avait pas de morale. On était le meilleur en bravant l'interdis. Alors ses mains avaient rapproché le buste de l'enfant, le rapprochant encore près qu'il pouvait être de lui.
« Non...pour tout te dire. Ce n'est pas le nazisme qui coule dans mes veines. » Il ponctua sa phrase d'un silence d'une demi-seconde tout au plus. « Mais plus du communisme vois-tu ? »
Folie. Il ne fallait jamais parler de ça. Et ses origines russes n'avaient jusqu'à ce jour jamais été découverte. Mais . Il pensait que la personne en face n'était justement pas quelqu'un de normale. Il l'avait lu dans son regard. Même si l'enfant se forgeait clairement une carapace contre ses propres pensées. Après-tout, qui avait envie d'être épier de l’intérieur ? Personne. Il venait de lui donner une information et voulait savoir ce qu'il en ferai après. S'il était assez futé pour contrer. Fuirait-il ? Dans leur sang coulait une guerre qui dans leur tête n'était pas encore terminée, et surtout pour un nationaliste tel que Rimbaud.
« Je n'ai pas peur de Lecter »
Et il avait planté ses ongles dans la chair.
Invité
Sujet: Re: "Ne faut-il pas commencer par se haïr, lorsque l'on doit s'aimer." Nietzsche. [ Panzer ] Mar 29 Nov - 22:59
Même un char ne pourrait les détruire.
Si l’on commençait à assimiler Rimbaud à un élégant chat sauvage, Panzer s’avérait être naturellement un chien. En effet, cet animal lui convenait plutôt bien. Après tout, le Führer ne tenait-il pas plus que tout à son magnifique berger allemand femelle, Blondie ? Le garçon aurait certainement été honoré d’être à la place de l’effectif canin. Et puis, dans ses manières, il devait aussi faire penser à un canidé. D’une part, contrairement aux félins réputés pour être capable de vivre seuls, dans la nature, en mode chasseur, lui était tout bonnement incapable de vivre autre part que sous un toit. Bon, il n’avait pas la prestance d’un superbe berger allemand, mais son regard pouvait être aussi rageur que celui d’un jeune chiot ou alors aussi abscond que la pupille de l’un des ses chiens au faciès tombant. Stoïque comme un chien de garde. Hargneux comme un loup nain. Et il savait aboyer, ça, c’était certain. Bien que l’opinion s’entête à répéter que les plus faibles grognaient le plus bruyamment, Panzer parlait toujours. Comme s’il craignait perdre l’usage de sa voix s’il avait à se taire. Ses voisins de chambre s’étaient quelques fois plaints de l’entendre murmurer dans son sommeil, en plus de son habituelle agitation. Il détestait dormir ; il avait l’impression de perdre son temps. De ce fait, il ne s’assoupissait que très peu, faisait parfois une sieste dans la journée, seul moment où l’on pouvait le considérer en tant qu’enfant. Un peu comme ce chien de garde assoupit devant la niche à laquelle il était enchaîné. Ils étaient tous enchaînés à l’orphelinat. Elles étaient rares les occasions de sortir. Le procédé était tellement ambigu que Panzer, dans son flegme relevant du divin, avait cessé d’espérer sortir une seule fois. Il se contentait d’assouvir son besoin de voir le monde en grimpant sur le grillage qui encerclait l’établissement, comme un océan rempli de requins isolerait un îlot perdu. On pouvait trouver ce comportement bien naïf et presque lâche. Néanmoins, ce n’était pas la peur de l’inconnu qui empêchait le garçon aux cheveux rayés d’entamer la rédaction d’une demande d’autorisation de sortie. En fait, plus il patientait, plus sa vengeance sur le reste du monde serait grandiose. Faute de pouvoir l’effrayer, la société le dégoûtait, et il préférait presque se faire taper par Fatal plutôt que d’allumer une radio. Les orphelins recevaient une éducation qui faisait enfler leur culture générale de manière infinie. De ce fait, même sans le voir, ils pouvaient s’imaginer le monde qui les entourait. Et, en ce qui concernait l’allemand, le monde ne tournait plus dans le bon sens.
Le garçon aux cheveux d’or avait refermé la porte sur eux. Ça avait été le signal pour Panzer pour lui sauter littéralement dessus. Il le tenait maintenant en joue, comme on menacerait un ennemi d’une arme à feu. Ou d’un manche à balai. Il se voulait coriace, car il n’appréciait pas cette lueur arrogante d’enfant intelligent dans ses yeux. Les histoires voulaient que, la plupart du temps, les personnages ne puissent être à la fois forts et intelligents. Comme si la première qualité devait annuler la seconde. Alors pourquoi, pourquoi ce type dégageait une telle hargne dans ses mouvements ? Pourquoi son quotient intellectuel devait-il être plus élevé que celui de Panzer ? Cela lui donnait l’impression de n’être ni fort, ni intelligent. Pire qu’un insecte. Ça peut faire très mal, les insectes. Surtout les insectes de la reine des insectes. Mais ça, c’était l’histoire d’avant. A présent, c’était celle de deux démons : le monstre et l’insecte. Et ce dernier resserra encore un peu plus ses doigts autour de son arme de fortune, manquant de couper la circulation du sang dans ses phalanges. Lui qui haïssait le corps-à-corps, voilà qu’il le provoquait. A croire qu’il était pris d’un élan de hardiesse. Non mais là, c’était carrément un aryen qui l’avait agressé ! Il ne pouvait pas laisser passer ça ! C’était trop injuste, on ne pouvait pas lui faire ça. Le modèle même de la perfection et de la pureté de la race. Ils étaient dans le noir, de ce fait, Panzer ne discernait pas grand-chose ; néanmoins, il en avait assez vu auparavant pour conclure que ce garçon juste là était aussi beau que lui était fasciste. Et il n’éprouvait aucune gêne pour l’instant à le considérer ainsi. Il ne le voyait quasiment pas mais il le sentait. Oui, il n’avait pas cerné la proximité entre leurs deux silhouettes, si bien qu’on aurait pu les confondre en une unique entité. Cela devait faire deux millénaires que l’allemand n’était pas entré en contact physique de manière volontaire et téméraire avec quelqu’un. Il avait oublié à quel point la surface de la peau pouvait frémir. Il avait oublié à quel point un corps pouvait refléter la vie. Il ne devait pas se laisser abattre par le genre humain.
Toutefois, à mesure que les secondes défilaient à la vitesse de l’éclair, Panzer avait le sentiment de percevoir bien plus qu’un simple corps. L’atmosphère s’était alourdie, comme si un orage allait éclater à tout instant, dans l’exigüité de ce résidu. C’était absurde à penser, mais le dictateur en herbes se le permettait ; après tout, il se croyait en permanence dans un monde bien plus haut que la réalité des choses. Il y avait donc bien quelque chose en plus dans l’air. Et, contre toutes attentes, cette chose était incompréhensible, mais pas pour autant désagréable. Une formidable oppression. Bon, ça pouvait sonner louche. De son côté, Panzer avait assimilé ça, sur le coup, à sa fascination habituel pour la race supérieure. Toutefois, jusqu’à présent, il n’y avait pas fait plus attention que ça. Comme si, cette fois-ci, c’était … Ne pas se laisser détourner par le genre humain. Friedrich fronça sévèrement les sourcils, en discernant l’énigmatique et tellement séduisant sourire de Rimbaud. A croire qu’il ne possédait pas ce pseudonyme pour rien. Celui de Panzer ne révélait pas grand-chose. A tel point que le Word s’était pris à imaginer qu’il soit cannibale. Oh non, il ne l’était pas. Ce genre de folie ne l’intéressait guère, il était trop bien absorbé dans la sienne.
Rimbaud lui répondit finalement. Il prononçait de belles phrases, dont le sens échappait par instant à Panzer. Il était question de ses origines, comme s’il savait d’avance à quel point ce détail était important aux yeux du garçon totalitaire. Puis, au fur et à mesure, cela s’éclairait, comme son diabolique sourire. Les yeux de Panzer s’écarquillaient un peu plus. Il avait à présent dégagé ses bras et tendait ses mains vers lui. Il ne devait pas manifester un seul mouvement de recul, par risque de le libérer totalement. Comme si cela ne suffisait pas, il vint les poser autour de la taille du brun qui se figea, manquant sérieusement de lâcher son manche à balai. Un affreux frisson lui parcourut l’échine, tandis que ses pupilles ne pouvaient se détacher de celles de son adversaire. Dans sa tête, un terrible terme résonnait : « communisme ». Ce type était russe. Ce type aurait pu être le descendant de Staline. Ce type semblait être né pour représenter son ennemi juré. Mais tout ça était trop évident. Tous les deux ne se contenteraient pas d’une simple rivalité. Il y avait beaucoup plus à … Le garçon se braqua de nouveau, lâchant désespérément son emprise sur sa gorge. Il venait de lui planter le bout de ses doigts au-delà du tissu de son vêtement, à-même sa peau qui n’avait pas dû voir le jour depuis des centaines d’années. Il crut bien qu’un siècle s’était écoulé, quand il eut la rapide initiative de se reculer, manquant de tomber en arrière, le balai toujours à la main. Sur son visage teinté de rouge de la gêne, on lisait une haine nouvelle et presque neuve. Une exécration juvénile qui ne laissait pas indifférent. Manquant de se dérober au sol, il avait violemment frappé le dos de la main de Rimbaud.
-« Ne me touche PAS, sale communiste ! Je … »
Comme cela avait été dur de le nommer ainsi ! Lui qui était censé représenter l’être supérieur ! Il était à présent légèrement recourbé sur lui-même, et, toujours guidé par cette rage d’enfant, il s’élança de nouveau contre lui, comme s’il voulait ressentir de nouveau l’atmosphère si agréablement pesante. Le poing levé, il lui asséna un coup d’une force bien molle à la mâchoire et, ayant lâché son balai, il l’avait à son tour saisi à la gorge. Il avait la peau bien douce.
-« Comment oses-tu me parler de ça, A MOI ?! Ne crois-tu pas que je t’abhorre déjà assez, à te savoir au-dessus de moi ?! Va-t-en, sale traître ! Tu ne devrais même plus être là ! … tu … »
Ses mots se perdaient dans sa gorge. Il aurait tellement voulu le blâmer. Il aurait tellement voulu le frapper, le faire saigner, le toucher, le tuer, l’adorer. Il ne savait plus quel rôle il devait jouer. Et ça, ça n’était pas normal. Honteux et confus, il fit glisser soudainement sa main jusqu’à l’emplacement logique de la poignée de porte, souhaitant à tout prix sortir au plus vite. Il ne le regardait plus, à présent. Mais rien ne prouvait que le charme était rompu, au contraire.
Morphee
Sujet: Re: "Ne faut-il pas commencer par se haïr, lorsque l'on doit s'aimer." Nietzsche. [ Panzer ] Mer 14 Déc - 21:16
Artémis n'était pas du genre a adorer la violence si cette dernière ne lui procurait pas un minimum d'excitation. Excitation dû à la presque claustration de sa proie du moment. C'était nettement plus passionnant de savourer le visage décomposer d'un enfant se sentant perdu que celui qu'un ruste adolescent qui n'en avait rien à faire. Artémis relevait d'un sadisme geantisime quand il enviait les visages déformés de tous ces adolescents. Il ne se connaissait pas beaucoup de bourreau – ne pensez pas par là qu'il était d'une force écrasante, mais il faut croire que la combinaison armée de sbire + Sadisme post-apocalyptique, ça faisait bon ménage dans les hauts rangs des caïds de l'orphelinat. Du coup, on pouvait pas vraiment savoir s'il avait un jour arboré un visage boursouflé ou un œil crevé. Non, ça, il n'y avait que moi pour le savoir. Artemis pensait souvent que s'il avait été faible, il aurait été un être froid. Un enfant qui cacherait sa faiblesse dans un renferment digne d'un mutisme presque insolent tant le silence claquerait fort dans le vent. Tant les questions ne seraient résolues par sa bouche, sinon par ses regards toujours inexpressif. Un genre d'enfant comme pouvait être Panzer.
Mais Rimbaud ne se sentait pas faible, comme il ne se sentait pas fort non plus. Il était une norme. Une norme que les autres enfants devaient subir pour se fixer dans la société, à l'instar d'un élève intelligent qui représente ce mur qu'il faut franchir pour la reconnaissance. Rimbaud était Autrui. Le personnage qui vous fait avancer dans la vie, celui qui vous reconnais en tant qu'être humain -ou déchet. En un sens, il n'est pas spécial. Il est juste un peu plus instruit que les autres, trop baigné dans la littérature et la philosophie, et l'ancien langage merveilleux qu'est le grec. C'est l'enfant aux yeux bleus qui fait semblant de ne pas suivre, griffonnant un dessin sur ses feuilles de cours alors que son oreille écoute le professeur. C'est tellement plus jouissant de ressortir à de bons instants les bonnes réponses. Comme c'est plus intéressant de montrer que de plus de savoir frapper, il y a quelque chose dans le cogito. Dans la cervelle. Ça fait de suite tellement plus puissant.
Mais là, dans la chair qu'il serrait de ses ongles, la seule chose qui l'importait, c'était le visage de la créature devant lui. Et il hurlait presque dans son cerveau des « Hurles ! Tu as mal. », enfonçant ses doigts dans la peau de Panzer avec le désir qu'un cri sorte de ses lèvres. Qu'il s'exprime derrière ce masque de fierté qu'il semblait tant aimer arborer. « Si tu es si grand, montres le » Mais la réaction semble lente, l'enfant met du temps à comprendre. Rimbaud sourit. « Est-ce la douleur ou sa fierté qui vient d'en prendre un coup ? » Et ce corps qui semble se tendre, tension dans la colonne vertébrale, instinct animal de fuite, le corps a mal, le cerveau le sait. Mais c'est presque mignon ces joues qui se tintent de rouge alors qu'il se dégage prestement, il en grincerait presque des dents, Artemis le voit dans son regard. Le balai encore dans sa main, sa gorge est maintenant libérée et il passe une main dans cette dernière. Il déteste être touché, on ne le touche pas parce qu'il n'appartient à personne. Et surtout pas à ce personnage qui semble le fuir comme la peste, le visage ombré dans l'obscurité de la pièce. Il faut croire que les mots ont réussi à le toucher de la même façon que ses ongles dans la chair. Mais ça, ça c'est ce qu'il pensera après. Là, il ne pense juste que l'enfant vient de craquer un peu plus, fissurant cette carapace qu'il admirait. Et c'était la première fois qui le voyait rougir. La toute première fois, et pareil à un enfant de plus. Rimbaud aurait pu sourire, mais il ne le fit pas. Comme il ne lança pas de pique sur l'instant. Il n'arriva pas à penser non plus. Son cerveau s’arrêta l'espace de deux seconde, contemplant la faiblesse d'un être qu'il redoutait.
Tous les hommes sont mortels. Socrate est un homme, donc Socrate est mortel.
Il y pensa en fixant Panzer. Cette fascination étrange qui naissait dans son estomac lui pourrissait la vie du fait même qu'elle l’empêchait de penser convenablement. Et là, c'était comme si le temps s'était arrêtée, que la micro-seconde avait duré un siècle. Et ancre cette image dans son esprit Arty. Tu viens de découvrir la faiblesse d'un étrange personnage.
Mais pas de temps de t’attarder, c'est la guerre et vous êtes deux blocs diamétralement opposés.
Son geste le touche peu. Il attend la sentence, la réplique, le coup de maître qu'il devra renvoyer, encore et toujours parce qu'une bataille ne dure pas cinq minutes.
« Ne me touche PAS, sale communiste ! Je … »
Et baf, un homme de son armé vient de mourir alors qu'un énorme rictus se logue sur ses lèvres. Il fallait s'y attendre, il ne s'en est pas prit au plus imbécile des jeunes hommes. Communisme, Russie et Staline lui viennent directement en tête et c'est un baffe monumentale qu'il a envie de lui balancer. Comme ça. On insulte pas la Russie, pas devant un nationaliste comme Rimbaud. Non, insulter la Russie, ça revenait à signer son arrêt de mort. Et un soupire bruyant le trahit, lui qui se retient de ne pas exploser les murs, lui qui se retient de ne pas repeindre les murs de cette pièce avec le sang du garçon. Son regard n'exprime tellement rien en cet instant, mais sa tête se relève, lui qui dévisage Panzer avec toute la haine que peut lui porter le garçon sur l'instant. S'il y avait une barrière à ne pas franchir, c'était bien celle là. Mais tu es si aveuglé par ta haine que tu ne t’aperçois même pas qu'il est revenu à l'attache, reprenant possession de ton cou comme s'il en était le propriétaire. Son coup est bien mou quand il frappe ton visage, mais cela n'est qu'une autre agression que tu dois compter sur ton tableau de la mort.
Il vient de passer de l'autre côté, dans le point de non retour et jamais, ô grand jamais Artemis n'avait voulu la mort d'un autre homme qu'en cet instant. Là. Mais il le laisse parler. Dans un élan de générosité avant le jugement divin. L’éternel soupire et le repos éternel que représentait la mort de Panzer. Ses mains étaient froides sur son cou, et incroyablement pales, mais la tension était là. Dans la poigne qu'avait l'allemand sur lui. Même s'il pouvait se dégager, toute la rancœur du monde l’empêchait de bouger, comme tétanisé devant la plus magnifique de victime qui aurait pu avoir.
« Comment oses-tu me parler de ça, A MOI ?! Ne crois-tu pas que je t’abhorre déjà assez, à te savoir au-dessus de moi ?! Va-t-en, sale traître ! Tu ne devrais même plus être là ! … tu … »
Un grognement animal franchit ses lèvres alors que son visage, toujours coincé vers le ciel fusille l'enfant. Mais qu'elle est belle cette douce fascination alors qu'il fulmine sur place, les poings serrés collés à ses jambes. Il va éclater dans la minute, il le sait parfaitement. Sa vison devient rouge, son sourire se fait de plus en plus grand. Il le voit détourner le visage dans un geste de dégoût. Dégoût. Tu lui inspires le dégoût Artemis. Il te pense déchet. Montre lui la vérité.
Il a l'avantage parce qu'il est grand, plus grand que l'allemand. Et dans la faible lueur de la petite pièce, son bras à saisit son cou, un sourire démoniaque en signe de réponse à toutes questions. La lumière était assez forte pour lui permettre de voir les formes, ses yeux s'étaient parfaitement adaptés à l'obscurité depuis le temps. Et dans un geste digne du dernier bourreau qu'il puisse exister, il a ancré ses doigts dans le cou immaculé. Sa force actuelle lui permit de se dégager de l'emprise de Panzer totalement. Et comme une punition divine, il le fit basculer sur le sol avec une violence redoutable. Il ne pouvait encore parler, lui expliquer. S'il parlait, il n'y avait que du russe qui viendrait. Il ne pourrait pas, et pourtant , il crevait. Crevait de l'insulter comme le dernier chien. Crevait de tous ces mots qu'il n'arriverait pas à lui traduire dans la minute, son cerveau aveuglé par la haine la plus laiteuse qui soit.
Et ses mains qui enserrent toujours sa gorge alors qu'il se baisse à sa hauteur, accroupis, se mordant les lèvres à sang a essayer de trouver une parade en anglais pour lui expliquer. Mais que peux-tu lui expliquer Artemis ? Que ça te tues ? Que tu ne comprends pas pourquoi tu agis ? Tu agis pour le bien de ta patrie ! Il n'avait qu'à pas insulter ton peuple. Peu sont de la Grande Russie dans l'orphelinat, tu te dois de la représenter. Te battre pour elle, pour ses philosophies et son histoire même si elle fut terne de nombreuses fois.
Alors il le regarde, marque une pression comme pour l'étrangler, lui couper le souffle. Il veut le voir suffoquer. Il veut le voir souffrir. Cela deviendra sa nouvelle passion, sa nouvelle lubie. Panzer devient en son tableau sa cible suprême. Celle avec les lettres en or, la place d’élite. L'ennemi le plus parfait de l'univers et de l'histoire. Ils fallaient qu'ils se rencontrent. Parce que l'histoire se réinvente de diverse façon. Et sa tête qui se rapproche de son visage, ses cheveux qui s'entremêlent aux siens quand ses lèvres frôlent son oreille.
« Le pire dans tout ça, c'est que je pourrais t’écarteler jusqu'à ma jouissance personnelle. Mais que je n'y arriverai pas. Je préfère te voir vivant. Tu viens de monter dans le podium des personnes que je veux le plus tuer sur cette terre. Mais retiens bien quelque chose cher allemand. »
Un sourire se forme.
« Si je représente la perfection incarnée, protèges mieux ton bunker. Ta carapace se fissure et lire en toi est si facile. Je promets sur la Grande Russie que si tu jures encore sur ma sainte patrie, ton existence toute entière, c'est au goulag que je l'enterrerai. »
Et il s'est relevé, laissant le corps sur le sol avant de prendre la porte.
« Есть только слабости которые остаются обширными на основании . »
Contenu sponsorisé
Sujet: Re: "Ne faut-il pas commencer par se haïr, lorsque l'on doit s'aimer." Nietzsche. [ Panzer ]
"Ne faut-il pas commencer par se haïr, lorsque l'on doit s'aimer." Nietzsche. [ Panzer ]