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 Et le blanc devint noir. Espoir. [PV Mikan]

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Sujet: Et le blanc devint noir. Espoir. [PV Mikan] Et le blanc devint noir. Espoir. [PV Mikan] EmptyJeu 8 Déc - 17:40




    Ce jour-là, il faisait beau. Lorsque j’ouvris les volets de la chambre que j’occupais depuis un peu plus d’un mois, je me souviens avoir fermé les yeux, un long frisson parcourant ma colonne vertébrale. Le vent était plutôt frais, mais l’odeur qui embaumait l’air de cette matinée de début d’automne ne laissait présager nulle averse et un ciel peu couvert. Mes yeux se noyaient dans la voûte céleste, ravis de constater ce bleu si grisant qui maintiendrait mon humeur au beau fixe. Je ne dis pas que si le ciel avait été gris je serais retournée me coucher d’un air maussade, loin de là ! Cependant le temps a toujours eu sa petite influence sur l’état d’esprit de l’Homme, et il est bien plus facile de garder le sourire lorsque le ciel séduit notre âme de ses couleurs enchanteresses...

    Je laissai la fenêtre ouverte pendant que je me préparais, pour que la chambre s’emplisse de cet air neuf et épuré. Comme tous les matins, je mis plusieurs minutes avant de choisir ma tenue de la journée, une robe bleue pâle qui m’arrivait juste au dessus des genoux, découverte au niveau des épaules mais avec des manches fines un peu plus claires qui recouvraient presque entièrement mes mains. Une paire de bas blancs avec des motifs en dentelle protégeaient mes jambes du froid qui commençait à s’installer. J’hésitai un instant entre deux paires de chaussures, des talons blancs tout simples et de petites chaussures bleues ciel à talons compensés, avant de choisir ces dernières. Après avoir piqué quelques strass dans mes cheveux comme toujours tressés, je m’attaquai au maquillage, fardant mes paupières d’un bleu similaire à celui de ma robe et éclaircissant mes lèvres avec un rose plutôt discret.

    Il arrive que j’entende des murmures dans mon dos, lorsque je passe dans un couloir. Je sais bien qu’il ne s’agit pas forcément de propos blessants, mais je ne peux m’empêcher de penser avec tristesse à ces personnes qui n’ont pas confiance en elles et se recroquevillent sur elles-même dès qu’un souffle moqueur leur parvient aux oreilles... Dans ce monde, l’apparence est tellement importante. Certaines personnes refusent d’adresser la parole à quelqu’un sous prétexte que sa façon de s’habiller n’est pas conforme, trop "bizarre". Ces préjugés les empêchent de voir plus loin, derrière ces carapaces de tissus et de métal. Je trouve cela dommage. J’aime m’habiller selon mon humeur et mes envies.

    J’attrapai mon sac en toile que je passai sur mon épaule, passant en revu son contenu avant de quitter ma chambre. Une petite trousse de maquillage, au cas où une retouche s’imposerait, du baume à lèvres, un paquet de mouchoirs en papier, des pansements, un vieux livre que j’avais dévoré la veille, un stylo, un petit carnet marron, le notebook de la wammy’s house, ma clef de chambre et une carte de la bibliothèque. Plus par précaution que par crainte, je fermai ma porte à clef avant de partir vers la bibliothèque d’un pas tranquille. Les couloirs étaient presque vides à cette heure, ce qui me permit de regarder par les fenêtres sans avoir à redouter de bousculer quelqu’un. Quelques nuages parsemaient l’éther, prouvant sans le vouloir que ce qui faisait la beauté des choses, c’était leur fugacité. Ce ciel si bleu ne serait peut-être plus là demain, mais il finirait par revenir tôt ou tard.

    Sans m’en rendre compte, j’arrivai face à la grande porte de la bibliothèque. J’avais encore un peu de mal avec les distances ! Une fois entrée le plus silencieusement possible pour ne pas gêner les élèves en pleine réflexion, je m’approchai des étagères bondées à la recherche d’un ouvrage qui pourrait m’être utile pour ma prochaine étude. L’influence des couleurs sur le comportement humain. Je souris en pensant au bleu du ciel qui avait empli mon cœur d’espoir dès le début de la journée. Je me baladais dans ce labyrinthe géant, effleurant les reliures des êtres à la voix silencieuse, reconnaissant ceux que j’avais lu auparavant, marquant un temps d’arrêt devant ceux qui intriguaient, m’attendrissant à la vue d’un ouvrage qui m’avait fait rêver un jour... Puis je me rendis compte que je n’étais pas seule. Le léger froissement d’une page qu’on tourne pour passer à la suite de l’histoire.

    Me désintéressant de ces ouvrages, j’avisai la personne sur ma droite, reconnaissant aussitôt Mikan. Pas difficile en même temps, il ne passait pas vraiment inaperçu avec ses piercings et ses coiffures extravagantes. Agréablement surprise, je m’approchai pour le saluer. Je lui fis un petit signe de la main pour attirer son attention, l’autre étant occupée à retenir quelques livres contre ma poitrine, et articulai un « Salut ! » silencieux, le visage souriant.

    Mikan... Une des premières personnes que j’ai rencontré en arrivant ici ! Je m’en souviens comme si c’était hier, j’étais un peu perdue dans cette immense bâtisse et ne trouvais pas la salle dans laquelle je devais aller. Puis il est arrivé, un livre à la main. Peut-être pensait-il que j’aurais peur de lui, avec son allure excentrique, mais je me suis dirigée droit vers lui, et nous avons sympathisé. C’est pour cela que je ne comprends pas les personnes qui se fondent des opinions sur des a priori. J’aurai pu passer à côté de quelque chose, et ça je ne peux pas le supporter. Je ne veux rater aucune des opportunités que la vie me donne.
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Sujet: Re: Et le blanc devint noir. Espoir. [PV Mikan] Et le blanc devint noir. Espoir. [PV Mikan] EmptyDim 25 Déc - 22:21

La journée avait commencé tôt, pour Mikhaïl. Le jeune adolescent s'était effectivement levé à 6h du matin, afin d'avoir le temps de travailler avant les cours de la journée. Son emploi du temps était chargé, ces jours-ci, à l'approche des vacances de Noël. D'autant plus qu'il allait, aujourd'hui, passer à l'oral en théâtre. Un peu stressé, le garçon se mit à réviser aussitôt éveillé. Après quoi, il jugea bon de sortir de son lit pour s'habiller, et surtout se coiffer. Suite à quelques secondes de réflexion, il opta pour une coupe qu'il faisait rarement. Cheveux gominés, en arrière. Ce n'était pas sa favorite, mais il s'amusait de l'air classe, et surtout vieillit, que cela lui donnait, et qui perturbait souvent les personnes qui le voyaient ainsi. À vrai dire, cette coupe tranchait littéralement avec son corps d'adolescent.

Une fois sa coiffure faite, il sortit de la chambre sa sacoche de cours à la main, et se dirigea vers la bibliothèque. L'endroit qu'il fréquentait le plus, dans les locaux de la Wammy's House. Et aujourd'hui, il comptait s'y installer jusqu'au début des cours, afin de travailler. Le matin, surtout tôt, il s'agissait d'un espace de l'orphelinat encore plus calme que le reste de la journée, car peu fréquenté. Et pour cela, la bibliothèque était alors un lieu d'étude idéal. Après avoir salué Gabriel et rendu quelques livres, il se dirigea vers les tables de travail situé au fond de la bibliothèque, les moins fréquentées, cachées parmi les nombreuses étagères. En passant, il s'arrêta dans les rayonnages d'histoire afin de sélectionner les ouvrages dont il avait besoin. Une fois cela fait, il s'installa à une table, sortit ses affaires et s'attela à son devoir d'histoire sur la guerre froide.

Mikan lisait depuis une bonne heure déjà, en prenant des notes, quand un mouvement sur sa gauche attira son attention. Interrompant sa lecture, il tourna la tête, intrigué, pour découvrir Thumbelina, vêtue de bleu ciel de la tête aux pieds. La jeune adolescente avait agité une de ses mains en signe de salut pour le détourner de sa lecture, et, maintenant que ses yeux étaient fixés sur elle, articula un mot en souriant, que Mikan interpréta comme "salut". L'adolescent esquissa un sourire en apercevant la jeune fille.

Thumbelina n'était à l'orphelinat que depuis quelques mois, mais déjà les deux adolescents avaient sympathisé. Leur rencontre relevait, à son sens, plutôt du hasard. Thumb', alors nouvelle, cherchait son chemin dans le labyrinthe qu'est l'orphelinat, pour se rendre en salle de cours. Il passait dans le couloir où elle se tenait, allant lui-même en cours, et elle l'avait abordé pour lui demander de l'aide. Ils s'étaient alors aperçus qu'ils étaient dans la même classe, bien que dans des groupes différents, lui en Words, elle en Alters. Ils avaient rapidement fait connaissance en se rendant dans la salle. L'ayant trouvé sympathique, et puisqu'elle était nouvelle, Mikan, faisant obstacle à sa timidité naturelle, était allé la voir après le cours pour lui proposer de l'aider, si jamais elle désirait d'autres renseignements. À partir de là, les deux orphelins s'étaient souvent revus et discutaient longuement ensemble. De nombreux points communs les rassemblaient, notamment les livres, mais aussi leur ouverture d'esprit. Parler avec Thumbelina était un plaisir, et Mikan admirait son caractère volontaire, dynamique, et son altruisme. Toujours prête à aider les autres. Toujours gentille. Toujours "forte", du moins le semblait-elle. De plus, ils se ressemblaient également dans leur côté "esthétique". La jeune Alter, avait-il remarqué, choisissait scrupuleusement les accessoires et les vêtements qu'elle portait, et semblait aimer les tenues originales. Quant à lui, il s'amusait d'une façon similaire avec ses cheveux, passant son temps à les coiffer et les colorer de différentes façons.

En réalité, Mikhaïl se sentait bien, en présence de Thumb'. La jeune fille dégageait en permanence une sensation de confiance et de gentillesse. Jamais quelque chose n'était venu rompre cette impression depuis leur rencontre. Aussi décida-t-il de faire une courte pause dans son travail. Il se leva silencieusement de sa chaise, et la salua d'un geste de la main.

"Bonjour, Thumb'. Tu vas bien ?"

Regardant les livres que la jeune fille tenait contre elle, il ajouta :

"De nouvelles lectures, ou des ouvrages pour les cours ?"

Mikan avait prononcé ces mots en chuchotant. Bien que les tables autours étaient désertes, qu'ils se trouvaient loin de l'entrée, et que peu d'orphelins se promenaient dans les rayons au fond de la bibliothèque le matin, il préférait éviter de s'exprimer trop fortement, pour ne pas gêner d'éventuelles personnes présentes. Et puis, la bibliothèque était un lieu où il avait du mal à parler normalement. Tout était silencieux, ici. Tout se passait plus calmement qu'ailleurs. Même les discussions avec le bibliothécaire ou son assistant. Briser ce silence équivalait à rompre un équilibre.
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Sujet: Re: Et le blanc devint noir. Espoir. [PV Mikan] Et le blanc devint noir. Espoir. [PV Mikan] EmptySam 18 Fév - 22:28

    Le voyant sourire et se lever pour me saluer, je m’avançai encore vers la table où il était installé. Lentement, en tentant de ne pas faire tomber mon fardeau sur le sol dallé de la bibliothèque, je posai ma pile de livre dessus puis lâchai un soupir de soulagement. Je ne m’en étais pas rendu compte, mais ce bloc de feuilles pesait son poids ! Je massai vigoureusement mes bras engourdis tout en regardant mon camarade.

    « Bonjour, Thumb'. Tu vas bien ? »

    « Parfaitement bien, merci ! Il fait un temps magnifique aujourd’hui ! »

    Bien que tentant de faire le moins de bruit possible, mes murmures ne pouvaient cacher mon enthousiasme lorsque je m’assis en face de lui. J’étais heureuse. Heureuse d’être de bonne humeur, est-ce si étrange que cela ?

    « De nouvelles lectures, ou des ouvrages pour les cours ? »

    Curieuse question. Je devais bien m’avouer que jamais je ne me l’étais posée, aussi hésitai-je un instant avant d’y répondre. Pour moi, chaque livre était un plaisir à découvrir, peu importait que ce soit pour les cours ou non. Je passai ma main sur la reliure de l’ouvrage qui surplombait la pile, faisant doucement tinter le bracelet qui ornait mon poignet.

    « Eh bien... Les deux, je crois ! Ce sujet est tellement passionnant que j’aurai fini par les lire de moi-même ! »

    Je ponctuai ma phrase d’un sourire radieux. C’était vraiment agréable de pouvoir dire ce qu’on pensait sans crainte d’être jugée. Car Mikan n’était pas de ceux qui jugent sur une parole trop optimiste ou un sourire trop lumineux.

    « Et toi alors ? Pourquoi es-tu venu te réfugier dans ce temple du silence ? »

    Je ne pût m’empêcher de rire doucement, ma main venant s’appuyer contre mes lèvres pour couvrir ce son irrépressible. Je murmurai un « pardon » presque inaudible, je n’avais pas dû gêner grand monde mais c’était un réflexe. Un peu comme si je demandais pardon au lieu en lui-même d’avoir troublé sa tranquillité. J’attrapai le premier livre et l’ouvrit sur la table devant moi, mon oreille reconnaissant le son du froissement des pages. Je sortis mon carnet de mon sac ainsi qu’un crayon de papier grossièrement taillé. J’aime utiliser des ciseaux pour les tailler, ça me rappelle ma grand-mère qui utilisait toujours cette méthode. Elle est morte quand j’avais seize ans, je me souviens encore de l’odeur de parfum sur ses vêtements, des motifs fleuris sur la housse de ses coussins, des plats qu’elle préparait toujours en quantités faramineuses... Et je souris encore maintenant en pensant à ses réprimandes lorsque je ne parvenais pas à tout manger. Elle était forte, c’est en pensant à elle que je parviens à avancer, jour après jour. Ce jour-là aussi, je pensais à elle en regardant mon crayon de papier.

    « Dis Mikan... Toi aussi, il y a des personnes qui te font avancer ? Des souvenirs qui te poussent en avant ? »

    Mes yeux étaient plantés dans les siens, mon sourire était toujours sur mes lèvres, mais j’étais très sérieuse. Je ne pouvais définitivement pas étendre mon savoir sur la psychologie humaine en me basant uniquement sur mes ressentis !
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Sujet: Re: Et le blanc devint noir. Espoir. [PV Mikan] Et le blanc devint noir. Espoir. [PV Mikan] EmptyVen 30 Mar - 22:47

« Parfaitement bien, merci ! Il fait un temps magnifique aujourd’hui ! »
« Eh bien... Les deux, je crois ! Ce sujet est tellement passionnant que j’aurai fini par les lire de moi-même ! »


La gentillesse et l'optimisme de la jeune fille débordaient de ses paroles. Thumb était admirable en cela qu'elle ressemblait à un rayon de soleil. Toujours de bonne humeur, du moins en apparence. C'était, pour Mikan, la plus grande force de son amie, car peu de gens avaient la capacité de toujours prendre la vie du bon côté.

« Et toi alors ? Pourquoi es-tu venu te réfugier dans ce temple du silence ? »

Mikhaïl sourit en voyant Thumb' rire de façon presque inaudible, puis s'excuser à un volume tout aussi bas. Il jeta un regard circulaire sur la salle. Peu de monde était présent à cette heure matinale, mais il comprenait l'adolescente. Troubler le silence d'une bibliothèque, peu importe laquelle, semblait presque un crime en soi. Comme si briser le calme de ces lieux, même pour un court laps de temps, relevait de l'hérésie. Ce règne du silence en effrayait plus d'un, qui rechignaient à mettre les pieds dans une bibliothèque, jugeant l'endroit repoussant, sévère, austère. Pourtant, lorsque l'on prenait la peine de se promener dans ces lieux, de les connaître, on apprenait qu'il n'en était rien. Une bibliothèque constitue un lieu de culture, un lieu où chacun peut venir se reposer, lire, travailler, sans gêner les autres, où l'austérité est loin d'être dominante. Un lieu en dehors de toute temporalité, toujours à la disposition du public. Le silence devenait obligatoire afin que personne ne dérange autrui, et pour permettre, justement, cette harmonie et la paix d'un lieu public. Le silence de la bibliothèque n'était pas, dans l'esprit de l'adolescent, une contrainte, mais plutôt une nécessité, un besoin, pour que chacun puisse utiliser le lieu à sa façon, sans imposer aux autres sa présence.

Ses yeux bleus se fixèrent à nouveau sur Thumbelina, qui sortait ses affaires, pour travailler. Lui-même reprit machinalement un stylo en main et se mit à jouer avec, tout en répondant, avec tranquillité et légèreté :

"Travailler un peu avant les cours. En ce moment, on a pas mal de travail. Je dois rendre un devoir sur la guerre froide pour la fin de semaine, je compte le faire aujourd’hui. Et quel meilleur endroit pour travailler dans le calme que la bibliothèque ?"

En ce moment, les contrôles se multipliaient. Mais dans quelques semaines, tout irait mieux. Il fallait, comme chaque année, s'accrocher pour cette époque fastidieuse où tous les professeurs plaçaient leurs contrôles, dossiers à rendre et autres devoirs plus ou moins passionnant en même temps. Sentant que Thumb' venait de lever la tête de son cahier, Mik' lâcha des yeux son crayon pour lui sourire à nouveau.

« Dis Mikan... Toi aussi, il y a des personnes qui te font avancer ? Des souvenirs qui te poussent en avant ? »

Le stylo dans sa main s'immobilisa, tandis qu'une unique image s'imposa à son esprit. Matt. Ensanglanté, le jour de l'accident, allongé dans un champ au Japon. Avec en fond les cris de panique, les appels au secours, les ordres de ceux qui aidaient, les gémissements. Et l'odeur de la fumée s'échappant du car. Une vague de douleur transperça le garçon, et ses yeux se voilèrent un instant, infime, tout en se focalisant à nouveau sur le crayon. Son sourire s'effaça pour laisser place à une expression neutre, mais sérieuse. Il s'efforça de se concentrer pour ne rien laisser paraître de ce qu'il ressentait. De ne pas afficher sur son visage sa tristesse et ses souvenirs.
Matt me pousse en avant. Mais je ne sais pas vraiment si ça me fait réellement avancer. Ou bien, peut-être y'a-t-il autant de souvenirs qui me détruisent en même temps. Disons que je vis, tout simplement, mais sans vraiment penser à l'avenir, sans vraiment chercher à profiter pleinement, parce que je ne peux plus. La moitié de ma vie a disparu ce jour-là.

Un flot de pensées jaillissaient de sa tête, se transformaient en phrases qui venaient se heurter au mur de ses lèvres, qu'il ne desserrait pas. Pour la bonne et simple raison qu'il ne savait pas quoi répondre. Il ne pouvait pas lui dire tout ça. Lui expliquer à quel point il doutait, à quel point ses souvenirs ne le faisaient avancer qu'à moitié, car tout un tas d'autres lui rappelait le passé en permanence, et l'absence des personnes qu'il aimait avec. Certes, il avançait. Mais de façon bien médiocre, et en prenant toujours soin de ne pas trop s'attacher aux gens, afin que leur perte, si jamais elle se produisait, ne le détruise pas plus. Certes, il vivait, s'amusait, mais il n'envisageait pas vraiment l'avenir, sa vie professionnelle future, et l'après Wammy's House. Le passé l'entravait, l'empêchant de profiter pleinement. Et se lisait jusque sur son visage, à travers ses piercings, mais aussi ses traits. À chaque fois qu'il se regardait dans une glace, il apercevait son jumeau également. Jamais il ne l'oubliait, cette personne avec qui il n'était qu'un, son âme sœur, avec qui les mots n'avaient plus d'importance. Et il pensait alors à ses parents, à l'accident, à Dijon, au Japon. Parfois, il en rêvait. Avec le temps, la douleur s'était estompée et les rêves se faisaient rare. Mais il lui arrivait encore, quelques nuits dans l'année, de se réveiller, tremblant. Pourquoi vivait-il, alors ? Pour eux, en mémoire de ceux qu'il avait perdu, probablement.

Mais tout cela était bien trop personnel pour être raconté, même à Thumb'. Beaucoup trop douloureux, et, n'en ayant jamais parlé à quiconque, il ne souhaitait pas commencer. Par peur de pleurer, ou de ne pas réussir à en parler correctement. Et il n'aimait pas parler de lui. Cela le mettait mal à l'aise. Mais l'adolescente attendait une réponse. Mikhaïl aurait pu lui dire qu'il n'avait pas envie de parler de souvenirs, et du passé de façon générale. Elle l'aurait compris. Peut-être même avait-elle déjà perçue son malaise, car elle était aussi observatrice que lui, et interprétait bien les réactions des gens qu'elle côtoyait. Cependant, Mikan décida de parler. Un peu. Parce qu'il fallait bien, un jour, qu'il essaie de parler de lui. Et que si une personne sur Terre était digne de confiance, c'était bien elle. Alors, malgré son envie de fuir en courant s'enterrer sous dix tonnes de bétons, il fit le choix de s'exprimer.

Refusant de croiser son regard, il continuait à le braquer sur son stylo, et se rendit compte que, machinalement, sa main droite l'avait lâché pour aller jouer avec la chaîne qui reliait ses piercings. Il repris doucement le stylo, esquissa un pâle sourire en direction de l'objet, avant de se jeter à l'eau, prenant la parole d'une voix douce, mais assurée.

"Je ne sais pas si on peut dire qu'ils me font avancer, que ce soit les souvenirs ou les gens qui leur sont rattachés."

Matt. Son sourire, éternel, ineffaçable.

"Mais il est clair que certains souvenirs, qu'ils soient agréables ou non, m'ont construit, et m'ont forcés à me relever, alors qu'ils auraient pu m'abattre. Après, je pense que ces souvenirs me...poussent autant qu'ils me retiennent, si tu vois ce que je veux dire."

Matt, qui aurait tant aimé vivre, et pour qui il vivait désormais. Parce que je sais bien que si je te rejoignais, ni toi, ni père, ni mère, ne seriez content. Alors je vis pour vous. Je ne le fais pas très bien, mais un jour, peut-être, je me libérerais de mes chaînes et les transformeraient en quelque chose de plus positif, qui sait.
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