« Mais il est sérieux là ? »

Si, pour une fois, ce n'était pas la fraîche petite brise digne d'Angleterre lors d'un magnifique soleil qui venait tout gâcher qui lui tapait sur les nerfs, c'était bien son portable. Non, ou plutôt …La personne qui la harcelait par le biais de messages. Elle avait, quoi, une quinzaine de messages depuis une ou deux minutes ? Mais ça, ce n'était rien, comparé aux quatre-vingt autres de la semaine. Elle s'était demandé, à chaque sms reçu, si Shiney payait réellement chacun des messages ou s'il avait un forfait illimité, quelque chose comme ça. Dans le deuxième cas, alors, elle maudissait son opérateur et toute personne pouvant l'aider à avoir ce forfait illimité. Non mais, qu'est-ce qu'il lui prenait ? Au début, elle pensait qu'il voulait seulement la faire chier. Ce n'était donc pas quelque chose de foncièrement nouveau, en soi. Mais après une vingtaine de « mais il est sérieux ? » prononcés dans la semaine, elle avait finit par comprendre que … oui, il était vraiment sérieux. Néanmoins, elle ne pouvait s'empêcher de se le demander encore, et encore. Peut-être parce qu'elle ne voulait pas y répondre, qu'elle ne voulait pas donner son avis dessus – comme si quelqu'un l'écoutait. Alors Aurore ignorait, parce que ce harcèlement pour la voir, elle le sentait mal. Elle avait à vrai dire passé en revue toutes les possibilités de pièges que pouvait lui dresser Shiney, tout ça tout ça. Donc oui, elle ignorait, ne disait rien, mais ne mentons pas ; ça la tracassait et il avait pensé toute la semaine. C'était quand même pas mal étrange. Mais si c'était pour se prendre la honte de sa vie devant tout le monde comme Shiney aurait bien aimé faire, alors ce n'était pas la peine.

Et, appuyée contre la surface rude, piquante et désagréable qu'était le tronc d'arbre derrière elle, les genoux remontés et ses cours devant elle, la brunette ne put se retenir de sursauter lorsque son Blackberry (susu rpz) vibra à nouveau. Sa main se porta automatiquement à son cœur, et, tout de suite après, un juron lui échappa. De façon absolument furieuse et hystérique, elle attrapa l'appareil, allant jeter un coup d'oeil au nouveau message d'un air nerveux. Toute fois, à la lecture du message, son expression s'adoucit un peu, laissant place à la confusion. « La chapelle ? … murmure-t-elle pour elle-même. » Attention réflexion. Il était évident qu'il n'allait pas l'afficher en public dans quelque chose comme un établissement religieux. Et puis, il insistait, tout comme elle pouvait insister lorsqu'elle désirait réellement quelque chose. Il voulait donc vraiment, vraiment lui parler. Sérieusement ? …

« Fuck. » La curiosité l'avait décidément emporté. Enfin, elle mettait ça sur le compte de la curiosité. Ce n'était peut-être pas que ça, mais quoi d'autre sinon ?
C'est pour ça qu'elle s'était mise à, d'un coup, ranger ses affaires ; assez nerveusement, encore une fois. Et, au moment où elle se lève, son portable vibre encore une fois dans sa main. D'instinct, le sac au bras, elle le saisit de ses deux mains et commence à taper furieusement dessus en lâchant un : « OUI C'EST BON J'ARRIVE ! » tout en l'écrivant à Shiney.

Et elle était là. Devant cette fichue porte de chapelle. Derrière il y avait sûrement cet imbécile. Pourquoi avait-elle cédé ? Pourquoi était-elle finalement venue ? … ha, oui, la curiosité. Mais là, elle se sentait complètement conne. Elle se trouvait même un peu folle d'ailleurs. Tant pis, elle était là, elle allait pas reculer. Donc, un peu tendue quand même – avec Shiney il fallait s'attendre à tout – elle poussa la grosse porte de bois, lentement, passant avec hésitation sa tête dans l'ouverture, pour finalement y entrer complètement, la refermant le plus silencieusement possible derrière elle. Son regard balaya d'abord brièvement l'endroit froid et plutôt lugubre. Il n'y avait personne, si ce n'est une vieille dame vêtu d'un foulard aux couleurs grisées, agenouillée devant l'hotel. Ce n'était pas un lieu qu'Aurore appréciait. Elle avait toujours trouvé les bâtiments religieux vraiment flippants. Mais elle n'allait pas non plus s'enfuir en courant. D'autant plus qu'elle n'était pas venue pour visiter.

Et celui pour qui elle s'était déplacée se dévoila bien vite, attirant tout d'abord son attention par le biais d'un un peu trop sérieux « Bonsoir Aurore ». Bien à son aise, comme d'habitude. Par réflexe, elle ne put s'empêcher de jeter un œil à ses vêtements, vérifier s'il ne lui avait rien piqué. Son visage s'était un peu refroidit à son approche, car méfiante. Et elle ne se détendrait pas tant qu'elle ne saurait pas ce qu'il voulait. Et il était là, maintenant, tout près d'elle. « Bref pour faire court, j'ai besoin de toi. » Son sourcil droit se hausse, peu convaincue. Cependant elle ne dit rien, le laissant achever sa demande, toujours un peu méfiante – il le fallait, avec lui. « Sors avec moi. »

. . . bonjour je m'appelle Aurore je suis en décomposition en live.
Son visage a perdu toute trace de méfiance ou de froideur si on peut dire ça comme ça ; il s'est décomposé, ses lèvres se sont entre-ouvertes, et elle a baissé le menton, appuyant son regard dans celui de Shiney, l'air grave. En gros, on peut le traduire par un « t'es sérieux là ? ». Et elle reste ainsi quelques secondes, avant de porter sa main à sa bouche pour éviter de trop faire de bruit lorsqu'elle se met à rire. Au final elle se tord un peu mais se calme bien vite ; elle allait pas partir en fou-rire pour ça quand même. Les mains sur les hanches, le visage tout excité et étonné à la fois, amusée, elle a toujours ce sourcil levé, n'arrivant pas à le croire. « Shiney. Tu te fous de moi, c'est ça ? :'D » Elle vient s'appuyer contre un des dossiers de banc, les mains dessus, le regard toujours posé sur le roux. Il l'avait fait venir pour lui demander une connerie pareille ? Obligé, il avait quelque chose derrière la tête. Il ne ferait pas ça « comme ça ».

« Tu m'expliques ? T'as fumé quelque chose ou …? » Quoi d'autre ? Des demandes comme ça, d'ennemi à ennemi, c'était pas tous les jours. Oui, Shiney avait définitivement fumé. Qu'est-ce qu'il attendait d'elle, au juste ? Qu'est-ce que ça lui apporterait de simuler un couple avec cet imbécile ? Rien. Et puis, imaginez. Aurore et Shiney. Déjà, vu comme ils s'entendent, c'est hyper improbable. Et enfin … ben, non, c'est même pas imaginable, ce serait tellement pas crédible :'DDDD. « Mais azy putain embrasse moi j'te dis sinon ça sera jamais plausible ! - Mais t'es MALADE je fais pas ça moi » un sorte de bordel comme ça.

« Non parce que … quelque soit la raison pour laquelle tu veux qu'on sorte ensemble, c'est absolument ridicule et je n'accepterais ja-mais. » Aurore, Aurore ... on en reparle dans pas longtemps ? :'DD /pan.

Aurore, quant à elle, avait à peine regardé la vieille qui avait interrompu son interlocuteur. Un bref regard, avant de revenir sur ce dernier. Une brève pensée, comme quoi la politesse dont il venait de faire preuve ne lui réussissait pas, puis, elle se concentrait de nouveau sur ce qu'il avait à dire. Il y avait de quoi avoir envie d'écouter. Le roux qu'il l'exaspérait plus que six Blake réunis – quoi que... - et qui lui demandait de sortir avec ? C'était quoi, son plan ? Plus important encore... Malgré tous les arguments qu'il pouvait lui donner concernant la brune, qu'est-ce que ça pouvait lui apporter, à lui ? Parce qu'elle n'oubliait pas qui était Shiney. Comment il était. Jamais il ne ferait une telle chose, un tel sacrifice si ça ne lui rapportait rien en retour. Elle en était parfaitement consciente ; et c'était la raison principale pour laquelle elle avait hâte d'entendre son petit monologue qu'il s'apprêtait à faire.

« En fait. Il faut que je t'explique le truc. »

Aurore croise ses bras, arquant un sourcil comme pour dire « vas-y, j'attends ».

« Je sais que tu m'aimes pas, tout ça, mais en fait, cette relation...est basée sur un truc un peu plus complexe que ça. »

Dit-il comme si elle était déjà faite.

« J'ai cru voir que.. ; Blake te faisait relativement chier à te coller, et tout et tout. »

Certes.

« Je dois t'avouer que ce batar- hm, je voulais « ce gars », me fait tout autant chier qu'il peut te faire chier. »

Oui, et ?

« C'est LA, que tu rentres en jeu. Ce debile semble te coller à mort, ce qui prouverait qu'il aurait PEUT ETRE... des sentiments pour toi. Et entre nous, je sais que ça te fais chier. Donc. Moi … faire chier le plus possible. Tu sais,c 'est un peu mon but et ma raison dans la vie ? Donc. Si nous sortons ensemble, il se retrouverai comme un con. N'ayant personne a faire chier et on pourrait dire que, de fil en aiguille, on aurait fait chier le cher Blake tous les deux. »

...what ?
La jeune fille avait appuyé son regard et haussé des sourcils surpris à l'annonce de cette hypothèse ; peut-être des « sentiments pour elle » ? Haha, qu'est-ce que Shiney avait fumé avant de venir ? Blake avait tout sauf des sentiments pour Aurore. C'était évident pour tout le monde. Même pour Shiney ! Et puis quoi encore, Shiney qui sortirait avec celle qu'il déteste dans le simple but de faire chier Blake ? C'était pas très équitable... Et, à vrai dire, la justification paraissait mensonge aux yeux de la Riddle. A vrai dire, pour elle, si elle y réfléchissait, la véritable raison pour laquelle Shiney désire sortir avec Aurore est une raison qui ne doit pas se savoir – raison pour laquelle Shiney la cache. Tout ce plan imaginé juste pour faire chier le brun ? Mais bien-sûr. Est-ce qu'il se pourrait que... d'une excuse, le roux veuille en fait réellement sortir avec Aurore ?... Ouch. En premier, elle pensa à cette possibilité. Il aurait donc un faible pour celle qu'il déteste. Improbable. Mais il était si imprévisible ! – la preuve, ce rendez-vous dans une EGLISE en COSTARD pour demander à AURORE de sortir avec. Se pourrait-il qu'il... Qu'il veuille simplement... Oh mon dieu, pensa la brune, fuyant même le regard de son interlocuteur sur le coup. Se pourrait-il qu'il veuille en fait vérifier sa... sexualité ? Une merde du genre ? Tout d'un coup, cette hypothèse lui paraissait la meilleure qui soit. C'était sûr. Elle en était sûre ! C'était donc pour ça ! Elle ne voyait absolument rien d'autre, qu'est-ce qu'il pourrait y avoir d'autre ? Shiney attiré par son ennemi juré dans un lovehate et qui voudrait sortir avec elle dans le simple but de faire jalouser Blake ?... LAISSEZ-MOI RIRE !...

...Ne pense pas à cette série où ceux que tu as identifié comme Blake et Shiney finissent ensemble, n'y pense pas Aurore, n'y pense pas. Ca ne peut être que l'identité sexuelle. Ca ne peut être que ça. Quelque connerie absurde dans le genre qui convenait bien au roux. Après tout, il était normal qu'il ait des doutes sur tout ça, enfin, regardez-le ! Ce petit travesti ! Bon, sauf aujourd'hui. Mais... Si jamais... Blake... Shiney ?...

Stop. Elle inspire une grosse bouffée, relève ses yeux noisette vers « l'imbécile », qu'elle l'appelle. Aurore, dépêche-toi. Tu as déjà assez perdu de temps à penser. Décide-toi. Défense ou attaque ? Décide-toi, vite.

« ...D'accord. C'est d'accord. »

Mon dieu, tu ne sais pas dans quoi tu t'aventures ma petite.

« Je veux bien si... »

Elle s'écarte de ce sur quoi elle s'était appuyée précédemment, avançant lentement vers le roux, les bras de nouveau croisés. Puis, arrivée en face, elle approche soudainement son visage du sien, celui d'une... fausse fille, lui semble-t-il. Un visage féminin, qu'il avait là, le garçon.

« ...si tu me dis la véritable raison de tout ce bordel ? Tu vas pas me dire que tu te sacrifies entier pour simplement faire chier Blake ? Tu te préoccupes tant que ça de lui ? Et puis, à la limite, je serais trois fois plus emmerdée en sortant avec toi qu'en continuant comme ça. »

Les mains sur les hanches maintenant, elle ne brise pas la proximité qu'elle a d'un coup instauré avec lui. Il fallait qu'il lui donne une autre raison, un autre profit, quelque chose, ou qu'il lui dise simplement la vraie raison, ou une qui y ressemble du moins... Parce qu'Aurore était une chieuse têtue, et il allait devoir creuser un peu plus pour qu'elle accepte vraiment.

Et, toujours sur la pointe des pieds et le visage à quelques centimètres du sien seulement, elle avait un instant baissé les yeux, attrapant sa cravate, le regardant de nouveau avec un léger sourire.

« En tout cas, je dois dire que tu as fait des efforts, et que tu parais bien plus attirant comme ça. Je rajoute une autre condition : je le fais si tu t'habilles de façon assez masculine pour prouver que tu es bien un homme, du moins le temps de la supercherie. »

Ca c'était du défi. Bah quoi, Shiney était pas si mal habillé en mec ! Ca changeait tout de suite tout, hein. Il était vrai que, venant se rendre compte de la chose, elle l'aurait bien fait juste pour profiter un peu de ce Shiney masculin qu'elle... ne détestait pas tant que ça, là comme ça.

Aurore n'allait pas mentir ; les cheveux longs, ce n'était pas son type. Et encore moins les tapettes à jupe. Shiney, le vrai Shiney, c'était quelque chose qui la faisait grincer des dents, plisser les yeux, jeter des bouteilles sur les gens... Bref, c'était quelque chose (parce que l'appellation « quelqu'un » était trop prestigieuse pour lui) qu'elle n'arrivait pas à supporter – et dire qu'il venait lui voler ses vêtements, qu'il se mettait dans SES soutifs... Un GARCON... – bien que ce mot semblait être inconnu aux yeux du jeune homme, du moins, en ce qui le concernait. Bref, une tête à claques. Mais là, aujourd'hui, c'était le Shiney « je veux atteindre mon but » (quel était-il vraiment ? Elle n'arrivait pas vraiment à le déterminer, mais tout ça semblait tellement amusant au fond... – parce qu'elle ne pensait pas encore à la proximité dont ils allaient devoir faire preuve, aussi.), le Shiney en costard, le Shiney masculin, presque... Badass ? Haha ; en tout cas, il n'était pas si mal que ça, elle devait l'avouer, c'était un fait. Surtout lorsqu'il rougissait – ce qu'il n'avait jamais fait en face d'Aurore jusque là.

Mais cette reconnaissance n'allait peut-être pas jusqu'à le laisser la toucher, et encore moins de la façon dont il était sur le point de le faire. Un sourire, sourire qui, venant de Shiney, n'était vraiment pas bon signe. Aurore a vite perdu le sien, sa main relâchant légèrement prise sur la cravate, perdant soudain presque toute son assurance lorsqu'elle le voit s'approcher ; aucun recul brutal, cependant, juste un choc, une grosse hésitation, et un manque d'assurance soudain et extrême. Ce qui n'aurait pas du tout été la même chose avec quelqu'un dont elle rêve souvent comme Blake, for example. Les mains qui se posent sur ses hanches, et des lèvres inhabituelles et inattendues qui viennent se presser contre les siennes ; le choc l'empêche de fermer ne serait-ce qu'une seconde les yeux, alors qu'elle reste figée, s'accrochant en fait sans s'en rendre compte un peu plus fort à la cravate du roux.

Et elle soupire lorsqu'il se détache, comme « soufflée », c'est le cas de le dire, par le coup de maître du jeune homme, si inattendu de sa part. Merde, presqueviril!Shiney, où étais-tu caché tout ce temps-là ?...

« La vraie raison, c'est que je connais ce connard depuis un peu plus longtemps que toi et que je veux réellement le faire chier, quitte à le détruire. C'est un peu une affaire de famille tu vois ? »

Le détruire. Tant que ça. Alors il était prêt à se sacrifier lui-même simplement pour mettre Gaëtan plus bas que terre ? Dis-donc. Ca devenait intéressant. Tant d'efforts pour un simple gars... Soit il était vraiment rancunier, soit c'était louche. Un complexe d'infériorité énorme peut-être ?...

« Pour le niveau vestimentaire...Je. Veux bien FAIRE UN EFFORT. Mais franchement, c'est carrément sadique. T'as interet de resplendir de milles feux pour être à ma hauteur, k'ay ? Qu'on soit le..couple, le plus high de l'orphelinat, tch. »

Oh god. Un sourire s'était peu à peu dessiné sur le visage de la brune, qui avait finit par lâcher un léger éclat de rire, la main sur la bouche, le regard posé sur Shiney. Au final... Non, vraiment, ce Shiney était plutôt appréciable. Marrant, et pas féminin. N'empêche que, comme ça, de loin, ça fait un peu lesbiennes tout ça, avec la tronche et les cheveux de Shiney. A toi de vérifier ce qu'il y a sous le caleçon, Aurore.

« Hé, ho, je resplendis déjà moi ! Tu veux quoi de plus qu'une meuf toujours en short ? Et puis... toi, t'es obligé, de toute façon. Si tu continues à t'habiller comme d'habitude, je pourrais jamais le faire ; j'aurais l'impression d'être avec une fille. »

Quand même, il y tenait, à son complot là.
Les mains sur les hanches, après avoir lâché la cravate, elle soupire, lève les yeux vers lui. BIEN-SÛR QUE SES CHEVEUX SONT BEAUX, REGARDE CES BOUCLES MERDE QUOI /pan.

« Et... c'est quoi le deal ? J'veux dire, on se comporte comment, on fait quoi, qu'est-ce qu'on fait pas, combien de temps, et puis... Je gagne quoi moi ? Faire chier Blake, c'est pas une entière récompense. »

Petit sourire. Elle sentait qu'elle pouvait obtenir beaucoup de choses de Shiney, tout d'un coup – sans aller trop loin non plus. C'était la dernière condition, courage, Harrison. Tu devais t'habiller en mec, et puis lui offrir une récompense en même temps. Aurore n'aimait pas faire les choses pour rien. Certes en un premier temps ce serait plutôt amusant, tout ça. Mais au bout d'un moment, si ça venait à la lasser... Elle n'aurait aucune motivation pour continuer. Par contre ! S'il y avait un butin au bout... Pourquoi pas ? Enfin, ça dépendait quoi, après. Sachant que ce qui l'intéressait le plus était les mecs, on se demandait comment Shiney allait régler ça – et il avait bien manœuvré les choses jusque là, il fallait le dire. Il avait eu réponse à tous les questionnements d'Aurore, avait eu une raison à tout et pour tout, et se la jouait plutôt bon beau gosse hétéro. Un enchaînement de bons points; qu'est-ce que la volonté pouvait changer un Homme ! La volonté ou, l'amour...

« Et ne me dis pas « tu me gagnes moi » s'il-te-plaît Shiney ! :'D. »

Il était une chose qu'Aurore avait toujours du mal à comprendre. Ou du moins, réaliser. Parce que, oui, à cet instant, Shiney avait déposé ses mains sur ses hanches, l'avait approchée de lui, la tenait contre lui. Et ça, c'était inimaginable. Qui aurait cru qu'un jour, celui sur qui elle crachait toutes les insultes du monde, celui qu'elle ne pouvait pas voir même en photo, celui qui était différent d'elle en tout point, celui dont elle ne pouvait accepter la condition d’efféminé, se présenterait un jour dans de cette façon, masculin, élégant, l'embrasserait, la tiendrait contre lui comme le garçon dans un couple le ferait ? Absolument fou. D'autant plus, qu'au final... Elle se laissait faire. Après tout, ce n'était pas le même Shiney, c'était un garçon plutôt agréable qui jouait de manières sensuelles à la Blake – ce qu'elle adorait, entre autre – pour obtenir ce qu'il voulait. Mais, du coup, elle se sentait un peu honteuse, mais surtout gênée. La proximité du roux était telle qu'elle avait un peu de mal, au fond ; elle était si inhabituelle... Et puis, trouver ça agréable d'être dans les bras d'Harrison... Non, vraiment, comment ne pouvait-elle pas avoir honte à cet instant ? Pourtant, la pression des mains de Shiney sur sa peau suffisait à la refaire tomber dans le sorte de charme qu'il avait réussit à installer et auquel elle avait, pour quelques secondes, craqué. Et puis. Ce serait mentir que ses lèvres venant souffler la phrase suivante ne la fait pas frissonner. La proximité d'un mâle, un PRESQUE-VRAI cette fois, mais aussi... Ce qu'il vient avancer. Chose qu'Aurore aurait préféré garder pour elle. Malheureusement, cette situation gênante, et la pauvre distance qui les séparait (c'est à dire pas grand chose, voire preque rien) suffisait pour l'empêcher de se défendre sérieusement de choses sur lesquelles elle aurait pu mentir en temps normal.

« J'ai cru comprendre que tu avais jeté ton dévolu...sur Green, non ? »

Ces trois simples mots côte à côte, « ton dévolu » & « Green », c'était assez pour la rendre d'autant plus mal à l'aise. Il était vraiment doué, lorsqu'il désirait quelque chose, le roux. Aurore aussi, mais vu qu'elle était plutôt sympathique avec les autres orphelins pour le moment et qu'elle ne désirait rien de spécial... Elle n'avait pas à passer par toutes sortes de stratagèmes afin d'obtenir ce qu'elle voulait. Bon, certes, elle voulait beaucoup de mecs, surtout. Mais pas à un point élevé duquel elle serait obligée de manigancer des trucs comme celui qu'avait manigancé Harrison.

Les lèvres de la demoiselle se referment alors que le regard de Shiney vient se poser sur son visage, tandis qu'elle reste muette malgré tout. Trop mal à l'aise pour nier, trop réservée – et elle-même douteuse – sur ses propres sentiments pour confirmer. Son visage, un peu reculé du coup, affiche une moue vraiment pas rougissante mais pourtant gênée, mais aussi et surtout contrariée. La mettre en face de ça, venir le lui chuchoter de cette façon, et aller jusqu'à lui faire face pour noter sa réaction... Tch. Il faisait tout ça vraiment bien, le con.

« Disons que j'ai la possibilité de...tuer le couple Green Snow si je le veux...Enfin bon...je dis ça, je dis rien hein. Après tout, ce n'est que Green....un peu un peu banal et tout à fait accessible hein. »

...Il déconnait là, hein ? Non mais. Il en avait combien des tours comme ça ? Un peu surprise, ses lèvres de nouveau entre-ouvertes, elle n'arrive, au départ, à sortir aucun mot, simplement à continuer de fixer le visage du roux, attendant peut-être une réplique complémentaire, un élargissement de la proposition, ou tout simplement une déclaration comme quoi c'était une blague et qu'il ne ferait pas ça – qu'il ne saurait pas le faire, de toute façon. Mais non, la seule suite fût qu'il la rapprocha davantage d'elle si c'était possible, alors que les mains de la brunes se sont automatiquement appuyées contre le torse du garçon, le menton relevé vers lui et ses yeux gris. De là, elle hausse un sourcil et pouffe un peu, ses yeux dérivant un instant, comme si elle ne pouvait pas croire ce qu'elle venait d'entendre. Sa main droite vient frôler son front, son regard se plante de nouveau dans celui de son camarade de plan-tordu.

« Shiney, c'est... Disons, heu, adorable – elle fait à cet instant le geste de guillemets avec ses doigts avant de venir confiner de nouveau ses petits poings entre son ventre et le torse du garçon – de ta part mais... un peu beaucoup dégueulasse ce que tu me proposes là. »

Elle déglutit, pinçant les lèvres avant de lentement hocher la tête d'une mine « ehhhhh oui, je t'assure, je t'assure ». Alors, au fond, bien sûr que la demoiselle aimerait voir son Green revenir, son Green à lui, même sans être plus que meilleur ami : c'était le sien, c'était la seule fille qui avait toujours été proche de lui, et là, voilà qu'une pimbèche s'immisçait et l'éloignait. Aurore, c'était la fille qui avait déjà coiffé Green, qui l'avait rhabillé des dizaines de fois – pas plus que June certes – qui avait déjà passé sa main dans ses cheveux avant n'importe quelle fille, qui le connaissait bien plus que chaque prostituée présente dans cet orphelinat. Et voilà qu'aujourd'hui, ça avait presque changé. L'exclusivité, on lui avait dérobé, et ça, elle ne pouvait pas supporter. Surtout quand des doutes sur ses sentiments vis-à-vis de Green persistaient... Donc, oui, pour la deuxième fois, elle voulait son buisson de retour, rien qu'à elle, même sans relation plus évoluée et ambiguë. Mais, non, elle ne voulait pas briser le fragile garçon qu'il était de la façon la plus dégueulasse qui soit comme Shiney proposait de le faire : faire mal à son meilleur ami n'était pas dans ses plans. Pas qu'il la déteste et s'éloigne pour toujours non plus. Non.
Soupir, elle relève, de nouveau, ses yeux bleus vers l'orphelin, avec un petit sourire plissé un peu forcé.

« T'abaisser à un tel niveau pour avoir ce que tu veux, j'en reviens pas. J'admire, alors... Tant pis, je ne le ferais sans rien demander en retour. Mais je me méfie toujours de tes vraies intentions, sache-le. Et je le ferais si tu ne montres pas le Shiney que je déteste. »

Mais tu peux toujours briser le couple si tu le désires, ça me dérange pas, vraiment pas.
Là, un vrai petit sourire au coin de ses fines lèvres roses s'installe.

« Maintenant – sauf si tu peux facilement m'apporter une bonne note au contrôle d'espagnol – tu le veux bien, je vais te laisser à tes petites prières, hein. »

De là, sa main vient claquer d'un coup sec mais léger sur le postérieur du roux, de façon donc presque... Affective ? alors que ce petit sourire espiègle qu'elle appuie en le fixant ne s'estompe pas. Puis, elle finit par se détacher de l'étreinte de son... Copain ? faisant volte face, attrapant son sac à la volée pour enfin quitter la chapelle, toujours plus que surprise de ce qui venait de se passer. En fait... elle n'est pas même sûre d'y croire vraiment, au final, tellement ça semble improbable. Mais si, Ariane. Tu sors avec Harrison.