Ils avaient survécu à 2012, comme tout le monde. 2012 n'avait été qu'une farce, sur l'échelle des catastrophes. De simples tremblements de terre, des immeubles écroulés... Oh, ils avaient cru que le pire était passé lorsque le sol avait arrêté de frémir sous leurs pieds. Au moins quelques siècles de répit, avant la prochaine fake fin du monde, un bon nombre de décennies qu'ils passeraient à savourer la chance qu'ils avaient d'être encore en vie, alors, que finalement, il ne s'était presque rien passé, à côté de la catastrophe de 2020. Attends, mec, si t'as survécu à 2012, c'est que t'as encore rien vu. On leur avait promis qu'en 2020, la modernité aurait écrasé toutes les pauvretés, les technologies précaires et obsolètes. Plus d'iphone à la batterie défaillante, de pc stupide, de grille pain hystérique. En 2020, ils n'auraient peut-être plus de cheveux et beaucoup de cancers, mais il leur resterait, au moins, des QI au delà de toute mesure. Ils auraient été des surhommes, au moins pour les gamins nés de la couvée suivante. Ça les avait stupidement rassurés ; logiquement, dans leurs petits cerveaux étriqués par une vie au rabais, il ne pouvait pas y'avoir pire qu'un tremblement de terre (escatologiquement parlant – et pour les dégueulasses qui auraient un doute sur ce mot-là, ça signifie l'étude des réflexions sur la fin du monde) ou une bonne guerre atomique entre pays développés et surpuissants. Ce qui ne risquait pas d'arriver, avec la bride serrée que l'ONU avait jetée sur les mufles terreux des nations les plus avancés. Ou, égoïstement, ça pouvait bien se produire – éventuellement, un jour – mais tous ceux qui étaient là en 2012 seraient alors six pieds sous terre. A part ça, rien de pire ne pouvait arriver.
FAUX.
La nature leur avait concocté quelque chose d'infiniment plus terrible/cruel/désastreuxmaissalutairepourl'ecosystème. Le cannibalisme, la décomposition, l'errance, l'angoisse perpétuelle. L'Enfer grisâtre, en deux mot, ce purgatoire placé juste devant sa porte, lieu rempli de ténèbres proches de l'obscurantisme moyen ageux, oú l'on ne sait jamais vraiment quoi faire pour changer le cours de son existence. Toute structure, toute vie, semblait destinée à repartir se dissoudre dans le néant de la préhistoire, pour que la terre fasse peau neuve et se remette de ses vingt et quelques siècles de colonisation humaine. En attendant, l'ambiance qui régnait sur terre ne poussait pas à la fête. Didi avait été le premier à déclarer que « omg, ces putains de zombies ONT COUPE L'ELECTRICITE. » Hors, sans électricité, force était de remarquer qu'ils n'allaient pas loin. A part dans ces campements sordides plantés à l'extrême bordure des villes, et la peur, là, la peur devient souveraine. Maîtresse grise et sournoise dans leurs âmes angoissées par la proximité des... choses.
Elles étaient apparues comme ça. Sûrement issus d'une bactérie vicieuse qui avait fini par tout contaminer, les zombies avaient commencé à errer du jour au lendemain, à la recherche de la proie la plus tendre, la moins agile. Leurs regards vitreux, parfois décomposé, semblaient fouiller le néant ; plus rien ne paraissait les rattacher à leurs victimes, qui, à défaut d'avoir une vie digne de ce nom, acquéraient de plus en plus souvent le titre de martyr – le Vatican devrait faire un lot de « à canoniser », lorsque la situation sera rétablie -. On avait déjà vu une femme se mettre en travers du passage des créatures pour permettre à ses bambins de fuir – pas très loin, souvent. C'était mieux que rien, ce dernier souvenir maternel, avant la mort puante -, mais aussi des mères jeter leurs enfants entre leurs mâchoires décomposées pour mieux s'évader. Ca faisait peur, ca puait, ca ne s'arrêtait jamais. Et ce n'était pas seulement l'intégrité humaine qui était menacée, c'était tout ce qui marchait sur terre.
Fuck, marmonna Didi, en agitant son briquet vide devant le feu. Il plissa les yeux, pour essayer de voir par transparence combien il lui restait d'essence. L'existence allait rapidement devenir invivable s'il n'avait même plus de quoi s'allumer un joint. Il pourrait au moins faire la collection de ces briquets vides, s'il avait encore de la place dans ses poches qui se rapprochaient de plus en plus de capotes trouées, tant son sweat était usé et humide. Il remonta le briquet jaune devant ses yeux et contempla avec une moue désabusée la courbe opaline de la gorge féminine qui s'y étalait. Si son seul passe temps se résumait à collectionner des briquets, il allait passer pour le barge du camp. MAIS BON, il voulait de la femelle fraîche. Pamela Anderson, à force de s’exhiber nue sur la place, avait du se faire mordre la premier jour, et pour Angelina Jolie ou Sue Lyon, le virus avait dû rapidement poser ses bagages à Hollywood. Peut-être que ses idoles étaient toutes réduites à des loques grisâtres, occupées à mâchouiller des bouts d'intestins frelatés. Unsexy. Les nanas du manoir Playboy avaient du y passer aussi. Il les imagina, vaguement écœuré par les mèches clairsemées qui pendaient sur leurs crânes pourris et leurs yeux vitreux. Hm, les zombies aussi devaient avoir leurs envies : peut-être que ces nanas zombies étaient devenues des sex symbols parmi leurs pairs décomposés ?
Il oscilla sur ses talons, le regard perdu dans le feu. Il avait l'impression que ca remontait à loin, l'époque « insouciante » de la modernité, oú, s'il avait soif, il pouvait descendre au KFC se prendre un verre pour se servir en illimité au distributeur. Il habitait à Manhattan, dans un immeuble pas trop mal, et ça ne lui semblait, alors, pas si compliqué que ça de survivre dans un monde que les paresseux aimait à prétendre « injuste, pour ceux qui ne sont pas riches ». Autant dire que l'entraînement spécial de la Wammy's House ne lui avait pas servi à grand chose : il avait continué à vivre aussi inutilement que lorsqu'il était encore à l'orphelinat, de magouilles, de petits boulots, d'entrevues ratées. Ça lui suffisait. Lorsque le virus avait commencé à transformer les gens, ça s'était légèrement compliqué. Il était resté quelques semaines caché dans son appartement, avec ses provisions de pâtes – qu'il avait dévorées sans les faire cuir. Autant dire que les geeks, avec leurs manies de faire des courses pour deux mois, sont ceux qui survivront le mieux à la Fin du Monde – avant de parvenir à se faire une raison. Les rues lui faisaient peur, surtout depuis que les lampadaires ne s'allumaient plus. L’Amérique était morte, déchirée par les crocs pourris de ses habitants les plus vindicatifs : quelqu'un avait dû prévoir, depuis l'indépendance des USA, que sa chute se passerait comme ça. Au début, crever dans son appartement lui avait semblé un bon plan. Tout ce qu'il chérissait était là, son ordinateur, ses magasines, sa petite vie médiocre. Il n'avait pas envie de l'abandonner, pour sortir, là oú il n'y avait aucune garantie de sécurité. Alors, il avait mis dans ses poches tout ce qu'il avait de shit, il avait regardé dans les rues, les lents mouvements de ses prédateurs, et les quelques fuyards qui peinaient à semer leurs poursuivants. Il avait respiré profondément, serré ses mains dans ses poches jusqu'à ce que ses articulations craquent, et ouvert la porte. Il avait assez entendu parler des zombies pour savoir ce qu'il faudrait faire, si l'une de ces bestioles lui tombait dessus. Mais la peur, la peur l'étourdissait. Et puis, il manquait quelqu'un, à tout ça, pour que l'aventure ait tout d'un film tragique. Une nana sensuelle, et vulgaire, un genre de James Bond girl au rabais.
Disaster sourit.
Et maintenant, fuck, voilà qu'il était paumé en pleine nature, à à peine une vingtaine de kms de la ville ; SA James Bond Girl n'avait pas pu empêcher le naufrage de son monde personnel. Un pied de biche reposait à ses pieds et il avait gardé ses mitaines pour que le fer cesse d'irriter ses paumes lorsqu'il fallait, et bien, se défendre. Il y en aurait toujours trop, de ces bestioles. Le regard éteint, Disaster – enfin, David, maintenant qu'il était retourné à la vie civile – se balançait doucement sur ses talons. Il leva la tête, boudeur, vers les arbres qui lui cachaient ce qui restait de la ville. Forcément, la vie sans tv et sans hot dog n'était plus la même. Les autres « survivants » - euh, tous citadins retournés à l'errance des gitans - étaient allés dormir, ou tout du moins s'allonger, et lui, il devait supporter l'angoisse de son quart de veille alors qu'il était plus de minuit – les batteries de sa montre avaient lâché depuis suffisamment longtemps pour laisser sa question sans réponse - ; David tripota machinalement le canon de son revolver et rangea l'arme dans la poche défoncée de son jean.
End - OUI, il continuait à l'appeler End. Ca sonnait plus dans le contexte "fin du monde et autres" qu'Erwan - le lui avait donné, avant de lui lancer d'un air jovial "Bon, bah, tu sais comment ca marche un flingue, et y'a pas de raison que tu pionces pendant que j'me fais chier à surveiller le camp. Alors j'vais me pieuter. Si t'as de la chance, je prendrais le prochain quart. En attendant, amuse toi bien." Connard. Il avait quand même eu de la chance de le retrouver. Tsk.
Au fait, mec, ça te fait 25 ans, maintenant. Tu le vivras comment, de fêter ton anniversaire au milieu d'une nature infestée de zombies qui n'en auront qu'après ton cerveau ? Ces gens-là n'ont pas du tout de conversation ; quant aux survivants, ils, euh, ils vont bien. Lorsqu'ils ils n'ont pas trop peur de leur prochain, qui pourrait leur voler leur dernière conserve de haricots.
Ne compte pas sur eux pour t'offrir un gâteau.
Arpège
Feuille de personnage Wammys: H / A Double Compte: Screen, Jesse Âge: 17 ans / 25 ans
Sujet: Re: Worst than 2012 - Arpy Dim 13 Nov - 17:49
Il fallait être honnête, la vie n’avait pas été particulièrement radine pour Ariel. Disons même assez généreuse. Tentons d’énumérer les évènements passés, je vous prie ~
Arpège n’étais pas devenue L, mais ça, vous vous en doutiez tous. Les plus vieux commençaient à partir de l’orphelinat, de nouveaux enfants arrivaient au fur et à mesure. La jeune mélomane s’était barrée de la Wammy’s House en s’assurant que la relève était bien assurée pour mettre la misère à Moriarty. Elle s’était envolée comme un oiseau, des rêves en tête, le cœur gonflé d’espoirs d’avoir une vie merveilleuse et facile. Attendez, avoir « Wammy’s House » sur son C.V ouvrait absolument toutes les portes, même pour travailler chez Macdo. Elle allait rouler sur l’or sans lever le moindre petit doigt. Enfin, c’était ce qu’elle pensait. Se croyant dans Sex and the City, Arpège avait postulé pour écrire des articles sur ses expériences sexuelles dans un journal à Londres publié dans la langue française. C’était parfait pour elle, comme job. Sa formation chez les Words correpondait tout à fait à ce job. Elle n’avait qu’à baiser et à raconter tout dans sa langue natale. Rien de bien ennuyeux. Et pourtant, il se trouva que ce ne fut pas bien concluant, comme boulot. Parait-il que ses écrits ne correspondaient pas aux attentes des lectrices. En gros, qu’ils étaient trop crus pour être publiés. Ariel fut donc contrainte de quitter le journal, et se retrouva sans taffe. Elle s’était installée en colocation avec un ou deux amis de la Wammy’s House, eux aussi dans la galère. Fallait croire que finalement, être élevé dans un orphelinat de génies, ça n’était pas forcément la clé d’un avenir prometteur.
Après avoir passée quelques années à enchaîner des petits boulots de strip-teaseuse pour les anniversaires ou pour des boîtes londoniennes, elle reçut un coup de fil d’un manager américain lui signalant qu’il avait vu des vidéos qu’elle postait d’elle sur youtube en jouant de la guitare des compositions. Il lui avoua avoir été impressionné. Il voulait la rencontrer. Arpège n’avait pas hésité une seconde. Elle avait sauté dans le premier avion pour les states, et elle s’était envolée, direction l’american dream ~ Alors, la vie avait été directement beaucoup plus simple pour elle. Elle avait fait connaissance de ce fameux manager, et il était tombé amoureux de son talent. Elle avait toujours su qu’un jour elle percerait dans la musique, de toute façon. Et là, elle avait tiré le jackpot : un américain ! Sa carrière était déjà toute prête. La jeune femme sortit un album sous le nom d’Arpège, pas très étonnant. Ce dernier fit un tabac monstrueux. Elle avait fait le buzz. Ariel s’était installée dans un loft à New-York, qu’un décorateur intérieur avait retouché de la tête aux pieds. A la base, son lieu de vie reflétait parfaitement la somme d’argent qu’elle avait versé pour l’acheter. Mais rapidement, le bordel s’accumulant, l’appartement ressemblait nettement plus à ce qu’elle était : une rock star. Les cadavres de bouteilles et de clopes envahirent bien vite chacune des pièces. Un squat, quoi, pour faire bien simple.
Et voilà donc trois ans qu’elle vivait à New-York. Rien ne l’enchantait plus que cette ville. Elle y était déjà allée une fois, lors d’un voyage organisé par la Wammy’s House. Mais Arpège ne se souvenait pas à quel point c’était merveilleux ici, et combien The big Apple était la ville qui lui correspondait le mieux. Ce qu’elle préférait, c’était se balader la nuit. New-York vivait autant après qu’avant le lever du soleil. Et c’était magique que de lever la tête et d’apercevoir des gens prenant un cours de yoga à deux heures du matin. Ariel avait enregistré son deuxième album, et était partie en tournée mondiale. Elle avait retrouvé son cher pays natal, la France, où elle avait donné deux concerts, puis s’était rendue un peu partout en Europe, avant de retourner aux Etats-Unis. Même dans ses pires cauchemars, elle n’aurait pu deviner le scénario qui s’était déroulé durant son absence. A vrai dire, cela lui semblait invraisemblable. Qui aurait pu croire une connerie pareille ? Malheureusement, il n’y avait rien de faux dans ce qu’on lui raconta lorsque son avion se posa. Mère Nature s’était rebellée contre ses quelques milliards d’enfants, et avait pondu un merveilleux cocktail d’atrocité et de peur. Un simple virus qui avait muté et avait contaminé une partie incroyable de la population en très peu de temps. Il aurait été simple et beau de croire que cette contagion ne faisait qu’apporter la mort à ceux touchés. Il en était bien évidemment autrement. Le germe s’attaquait tout d’abord au cerveau, et lobotomisait absolument tous les contaminés. Le regard vide, ils erraient en bavant – une image assez flippante, faut bien l’avouer. Mais encore une fois, ç’aurait été magnifique si ça s’arrêtait là. Ces personnes perdaient leur cheveux, voyaient la couleur de leur peau virer au gris et leurs dents pourrir, leur corps se courbait, et ils commençaient à pousser des grognements. Ah, n’ai-je pas précisé qu’ils faisaient de la chair humaine leur plat préféré et qu’ils étaient incroyablement agressifs ? Evidemment, sans ces informations, cela n’a aucun sens. Je ne vais pas vous faire un dessin. La population américaine était maintenant constituée de trois quart de zombies cannibales et incurables.
« Comment ça j’peux pas rentrer dans New-York ? ‘Savez qui j’suis, bordel ? J’m’en fous de votre histoire de dangereux pour ma survie ! J’veux voir David, putain ! Dîtes-moi qu’il est vivant ! »
Arpège secouait le militaire en hurlant, totalement hystérique. Elle avait envie de crever. Elle se laissa tomber sur le sol et pleura en criant. Son manager tenta de la calmer, mais elle refusait qu’on l’approche. En arrivant à New-York, Ariel avait contacté un vieil ami de la Wammy’s House qu’elle n’avait pas revu depuis qu’il s’était barré aux States. Disaster, un de ses anciens meilleurs potes, et surtout un de ses anciens meilleurs coups. Ils s’étaient revus dans un KFC, et il l’avait emmené chez elle, pour lui « montrer sa nouvelle life ». Je pense que vous raconter la suite des évènements serait inutile, pas vrai ? Ils se virent pendant six mois, assez régulièrement, puis trop régulièrement. Disons qu’Arpège avait retrouvé son ami de toujours, son amant plus compétant que jamais. Mais il y avait quelque chose en plus. Ils avaient grandi tous les deux, et même si cela n’était pas forcément évident, ils avaient muri. Ils durent reconnaître avec difficulté qu’il s’opérait quelque chose entre eux qu’ils n’arrivaient pas vraiment à définir. David prit ses affaires et vint s’installer chez Ariel, parce que la seule chose qu’elle voulait voir le soir en rentrant du taffe, c’était lui. Ce qui faisait la différence entre Didi et les autres, c’est que chaque jour était différent, ils ne tombaient pas dans une routine chiante et propre aux vieux couples. Et surtout, surtout, Arpy pouvait coucher avec lui jusqu’à la fin de ses jours sans jamais se lasser. Le sexe, avec Disaster, c’était merveilleux, intense. Et plein de sentiments nouveaux. Alors la rock star n’avait pas mis beaucoup de temps à se rendre compte qu’elle était, malgré elle, tombée amoureuse du jeune homme. Et manifestement, c’était bien réciproque. Oui, je parle bien d’Arpège et Disaster, les handicapés sentimentaux.
Ariel ne pouvait se résoudre à imaginer l’homme qu’elle aimait mort, ou pire, en état de décomposition animale et cannibale. Elle avait mis trop de temps à trouver la personne qui lui convenait, et imaginer sa vie sans lui était insoutenable. Elle ne voulait pas retourner à l’abri en Europe. Elle voulait retrouver David, peu importe le prix à payer. Armée d’un pied de micro assez lourd, d’une cartouche de clopes, d’eau, de beuh et de bouffe, la musicienne s’était enfoncée dans la jungle terriblement effrayante qu’était devenue New-York. Après avoir aperçu son premier zombie, la situation avait été encore plus cauchemardesque. Disons qu’elle s’était ENFIN rendue compte de ce qu’il se passait. Oui. Les zombies existaient pour de vrai. Elle se réfugia dans un premier camp de survivants, dans la banlieue de New York. Elle put enfin se reposer, mais le lendemain, se rendant compte que Didi n’y était pas, elle était partie pour un second campement. Ainsi, depuis une semaine elle cherchait partout son amant. Au dernier campement où elle se rendit, on lui dit de laisser tomber, qu’il était très certainement mort ou contaminé. Alors la vie n’avait plus de sens. Il y avait tellement de choses qu’elle n’avait pas eu le temps de lui dire. Mais c’était trop tard maintenant, il était parti. Et jamais plus elle n’aurait l’occasion de lui susurrer avant de dormir un inaudible « je t’aime »
« ENFOIRE ! »
La main d’Ariel dans la tête de David était partie toute seule. Tout comme l’insulte d’ailleurs. Et la seconde d’après, elle se jeta sur lui pour l’embrasser à pleine bouche. Disaster arriva au campement pendant la nuit. Et sa compagne l’avait aperçu, lui et son pull orange, bien plus maigre que quand elle ne l’avait laissé avant de partir en France. Le voir, cela l’avait fait revivre. Si elle le frappa, c’est parce qu’elle avait eu tellement peur de le perdre, tellement peur de ne jamais plus le revoir, tellement peur qu’il ne lui revienne pas, tellement peur qu’ils ne se crament plus de joints ensemble, tellement peur qu’ils ne puissent plus baiser, tellement peur qu’il ne lui demande plus en la tenant par les hanches ce qu’elle avait fait de sa journée, tellement peur qu’ils ne s’engueulent plus pour savoir ce qu’on allait bouffer le soir, tellement peur qu’il ne s’endorme plus lorsqu’elle voulait lui montrer ses nouvelles chansons, tellement peur de ne jamais plus voir son pull orange, tellement peur d’oublier son odeur. Les autres gars du campement avaient limite applaudit, ou du moins sifflé, lorsqu’Arpège avait fait tomber Disaster au sol pour se mettre à califourchon sur lui et l’embrasser. Parce que le retour du héros de son cœur était vraiment inespéré pour elle, la joie avait été trop grande pour un simple bisou timide.
Ils étaient réunis, oui. Mais ils moisissaient dans ce trou à rats, vivant dans la peur que des zombies viennent attaquer le campement, ou que le virus vienne jusqu’où ils étaient.
« N’empêche, les mecs, ç a serait cool qu’un p’tit génie trouve un antidote. Ou n’importe qui. C’est un peu la merde là, quand même. »
Arpège tira nerveusement sur sa cigarette, s’adressant à trois ou quatre gars qui tentaient de la draguer depuis son arrivée au campement, et qui profitaient de l’absence de Didi pour tenter quelque chose. Oui, il surveillait le camp avec End. Seulement il arriva, les mains dans les poches, et Ariel se leva en se dirigeant vers lui, laissant les quatre types. Elle l’embrassa en lui demandant ce qu’il foutait là, s’il devait pas être en train de surveiller si des zombies ne tentaient pas de les grignoter pendant la nuit.
Invité
Sujet: Re: Worst than 2012 - Arpy Mer 30 Nov - 22:01
La situation lui rappelait tous ces jeux vidéos à la con, sur lesquels il lui était arrivé de passer des nuits entières, lorsqu'Arpy, End, Chives&Jewish – ben quoi, ces deux là étaient toujours ensemble -, ou, encore, Dainty, ne s'en mêlaient pas. Il avait joué à Resident Evil Zero, avec la légèreté souriante de quelqu'un qui n'y croit pas ; au contraire, il se concentrait plus sur la relation entre Billy et Rebecca, que sur les éventuels zombies qui venaient agresser ses deux protégés (« PUTAIN, MONTE LA CONTRE UN ARBRE ». RE zero a été une grande frustration pour David). Trop rationnel surtout, pour imaginer qu'un beau jour, des morts-vivants déferleraient sur tout ce qu'il connaissait, engloutissant les villes, les gens, comme des termites affamées. Et trois options, comme dans les jeux, s'étaient offertes à lui :
1) Prendre un extincteur, comme le blaireau d'Alone in the Dark et aller le fracasser sur la gueule des morts-vivants. 2) Se terrer dans un appart' bien fermé, en espérant que les zombies passeraient gentiment devant sans avoir l'envie d'aller y chercher un casse-croûte (Comme dans 28 jours plus tard. Cowards) 3) Fuir les villes et rejoindre les.... potentiels survivants. COMME DANS THE WALKING DEAD.
Exemples de survie purement américains, vous l'aurez remarqué. Hors, David n'avait pas d'extincteur sous la main, et l'appartement commençait à puer le linge sale et la chasse pas tirée. La troisième solution, au bout de deux mois semaines de chaste claustration dans la joie et la bonne humeur, lui parut, tout à coup, la meilleure. Inutile de risquer sa vie avec un extincteur, il lui suffirait de se faufiler jusqu'aux banlieues. Quand on voyait ce que l'armée avait foiré dans sa chasse aux zombies, l'adolescent américain moyen – qui avait été élevé aux chips et aux comics – restait le meilleur guide en terrain à risques. Sauf que ledit adolescent américain, malgré toutes ses très humbles prétentions, n'avait rien d'un héros.
Son but lorsqu'il avait fini par sortir de l'immeuble ? Partir n'importe oú, et chialer toutes les larmes de son putain de corps. Parce que ça faisait deux semaines qu'il n'avait pas baisé. C'était la bonne excuse, ça, de se dire qu'il était en manque pour se cacher la pitoyable vérité, qu'un bout de son cerveau manquait depuis qu'Ariel était partie. Et que son cœur partait doucement en lambeaux.
Il n'avait rien prévu de tout ça, naturellement, lorsqu'il lui avait souhaité bonne chance à l'aéroport. Il n'avait même pas prévu que la dernière image qu'il aurait d'elle se marquerait sur sa rétine comme gravée au fond de ses orbites. Sibylline, elle s'était collée à lui pour l'embrasser, et il n'avait pas senti que c'était la dernière fois. Comment peut-on imaginer ça, de toute façon, que ces caresses langoureuses ne reviendraient pas aussi fidèlement qu'un chien au milieu de la tempête ?
Avec les... événements, sa nature random et souriante s'était étrangement muée en quelque chose de négativement geek. Il avait eu peur, et cette rage de vivre s'était vite transformée en cynisme, lorsqu'il avait fini par ne plus pouvoir penser à Ariel qu'avec douleur. Et, planqué dans l'appartement, il avait revu ces putains de moments dont il n'avait jamais su profiter, parce qu'il s'était dit que jamais, oh grand jamais, il ne s'attacherait vraiment à Ariel. Comme quoi... Il aurait dû se gaver de bonheur et de sa chair tant qu'il en était temps. David avait limite trouvé ça normal de s'installer chez elle, de la sentir si tendre sous la paume tiède de sa main. Depuis Caroline Sepulcre – naïve nymphette qui n'avait rien à voir avec Arpège -, il avait oublié quels avantages il y avait à ne pas être totalement étranger, non seulement au corps mais aussi à l'esprit, d'une fille. Et alors qu'il était encore plongé dans la nouvelle nuit lugubre de New York, il avait regardé avec une mélancolie qui ne lui était pas habituelle ces souvenirs sacrés, empreints de féminité, qu'elle avait éparpillé dans l'appartement, en sortant du bain, en se couchant, en riant sur le canapé défoncé, en se coulant contre lui avec des sourires de chatte sublime. Et dire que tout ça... n'existerait probablement plus. La vie, avec cette fin de Tout, devenait vaine, amère, même pour ceux qui avant, étaient des plus positifs, des plus amoureux de l'existence. David, peu à peu, cloîtré dans ce sanctuaire de la femme, avait senti sa vie s'appauvrir, jusqu'à ne plus voir le temps passer qu'à travers les grognements affamés des créatures qui se perdaient parfois dans la cage d'escalier. Et puis, il était sorti.
Son instinct de survie, gravé dans sa chair par les trop nombreuses heures passées devant Resident Evil, l'avait poussé vers les suburbs de New York. Mal à l'aise dans ses converses trouées, tâchées du sang dans lequel il avait foutu le pied, il avait – miraculeusement – réussi à sortir de la ville. Sans savoir vraiment oú aller, btw. Ca faisait déjà quelques semaines que son I-pod était hs, et il s'amusait à repasser dans sa mémoire de surdoué les chansons tellement répétitives qu'il ne lui fallait pas trop d'efforts pour les régurgiter. Mais en arrivant au camp, il changea brutalement de registre mental. Sa playist automatique qui avait, par pur automatisme, tourné Eyes of the Tiger pendant des heures, glissa irrésistiblement vers « I'll stop the world and melt with you », des Cure. Une paire de nichons familiers bondissait vers lui, avant que le pas de la silhouette qui les portait ne s'emballe et qu'elle ne se plante devant lui, le regard rageur. Pendant un instant, David resta la bouche grande ouverte, assommé.
Une claque dans sa gueule pour sa si longue claustration. Et pis, paf, le plus beau baiser du cinema en live. Et c'était meilleur que le shit, qu'un gang bang avec des tops models, que l'alcool, que la baise, même, puisque c'était Ariel. Ariel qui l'embrassait furieusement, maigrie, allongée, salie par toutes ces détresses.
Il aurait pu en chialer.
Mais il ne chiala pas. Il la serra de toutes ses forces contre son torse amaigri, après qu'elle l'eut laissé se relever, plongeant son visage dans ses longs cheveux noirs.
Après ça, il avait fallu s'habituer à la vie de camp – genre, il avait survécu à tout ca, pour se foutre dans une communauté d'apeurés. Mais il était mal placé pour faire son sarcastique - ; il avait fini, philosophe, par définir que ce qui lui manquait le plus, maintenant qu'il avait retrouvé Arpège, était les chaînes X. Dans ces bois-là, la seule distraction un tant soit peu sale consistait à regarder les insectes copuler, lorsqu'il en avait l'occasion. Passionnant, je vous l'accorde. La nature était plus favorable à sa culture que la BBC.
You've seen the difference and It's getting better all the time There's nothing you and I won't do I'll stop the world and melt with you
« liiiisten. Il s'passe rien c'soir, et j'ai fini mon tour de garde. T'veux qu'on aille dans la tente ? »
Après être retourné auprès de sa copine, David avait jeté un regard goguenard aux survivants en emprisonnant sa taille fluide.
Vue sous cet angle-là, la situation redevenait vivable.
Arpège
Feuille de personnage Wammys: H / A Double Compte: Screen, Jesse Âge: 17 ans / 25 ans
Sujet: Re: Worst than 2012 - Arpy Dim 18 Déc - 16:04
Lorsque de David et sa compagne avaient annoncé à certaines personnes de la Wammy’s House avec qui ils étaient restés en contact qu’ils étaient ensemble, il n’y avait pas eu de surprise générale. Tout le monde avait dit qu’ils s’en doutaient tous plus ou moins, qu’il fallait bien que ça arrive un jour ou l’autre. On leur avait même dit « Ah parce que vous n’étiez pas déjà ensemble ? », pour vous dire. C’était con de dire ça, mais leur histoire avait semblé être toute tracée d’avance. David et Ariel avaient une vie relativement simple. Ils étaient de ces couples qui ne se prenaient pas la tête à vouloir être parfaits, à faire une thérapie pour le moindre conflit, à fondre en larmes pour une dispute, à péter des câbles pour le moindre accrochage. Ils savaient très bien que jamais ils n’oseraient se quitter. Ils se connaissaient trop bien, ils avaient appris à s’accepter, avec leurs qualités et surtout leurs défauts. Arpège, par exemple, ne supportait pas savoir son Jules passer toute la journée les pieds sur le canapé, à ne rien foutre de sa vie en se gavant de KFC. Combien de fois des assiettes avaient-elle volées dans leur loft, avec pour thème d’engueulade « tufaischieràpastrouverdeboulotjesuislaseuleàmecasserleculàramenerdufricdanscettebarraqueputain » ? Combien de fois Arpy l’avait viré du lit conjugal, avant de venir le retrouver pendant la nuit sur le canapé en lui susurrant des millions de « désolée » à l’oreille ? Sûrement David s’était-il habitué au fait que sa dulcinée s’énervât rapidement et qu’elle fût têtue comme une mule. En même temps, il valait mieux pour lui. Non, elle n’était pas une chieuse du genre à lui faire un millier de reproches à la seconde. Au contraire, elle était plutôt cool comme petite amie. Mais lorsqu’elle s’énervait, Ariel ne rigolait pas vraiment. Ces disputes inutiles ne composaient qu’une minime partie de leur temps. Si Arpège était capable de passer sa vie avec Didi, c’était aussi parce qu’il la faisait rire. Elle était incapable de s’imaginer faire sa vie avec quelqu’un ne pouvant l’entraîner avec lui dans son hilarité. Ils pouvaient passer des heures sur leur canapé fétiche à rire pour tout et n’importe quoi. C’était niais mais beau.
Bref. Entre autre, ils ne s’ennuyaient guère, et la routine, c’était quelque chose qu’ils ne connaissaient pas. Mais s’ils avaient pu imaginer ne serait-ce qu’une seconde que la planète entière se transformerait en une horde de zombies, ils auraient effectivement pu dire que leur vie d’autrefois était pire que banale et monotone. La situation était difficile à accepter pour tout le monde. Des femmes pleuraient toute la journée dans le camp, parce que des zombies avaient dévoré leurs gosses, ou encore parce leurs enfants avaient tenté de les bouffer elles. Il n’y avait plus une seule famille unie. Et Ariel pouvait se trouver chanceuse, d’avoir retrouvé David. Ils étaient un des rares couples du camp de survie. Beaucoup de veufs et veuves les regardaient dans un coin avec envie et haine lorsqu’ils avaient des élans d’affection l’un pour l’autre. C’est pourquoi beaucoup d’hommes du camp, ces espèces de salauds, tentaient de séduire Arpège lorsque Daniel n’était pas dans le coin. En même temps, il fallait les comprendre, les cocos. Séparés de leurs fiancés, ils n’avaient pas grand-chose à se mettre sous la dent, et débarquait cette grande brune à la taille de guêpe. Donc forcément, ils la voulaient tous dans leur lit. S’ils avaient connu Arpège quelques années plus tôt, ils auraient été exaucés, les pauvres. Malheureusement, elle n’était ni intéressée ni libre.
Son compagnon passa ses mains autour de sa taille en fusillant du regard les quatre types qui formaient jusqu’alors un cercle autour de la jeune femme. Elle pressa à nouveau ses lèvres contre les siennes.
« Ouais, j’préfère. J’suis pas à l’aise dehors avec ces zombies. J’ai toujours la trouille qu’il y en ai un qui vienne me bouffer par derrière, le bad. »
L’entraînant par la main dans leur tente, elle fit un signe à ses prétendants d’un signe de la main, accompagné d’un clin d’œil et d’un gloussement. Elle restait Arpège, elle voulait les dégoûter à mort ces pauvres animaux en manque de sexe. Ariel se posa sur son sac de couchage et s’alluma une nouvelle cigarette en soupirant, enfouissant son visage bordé de longues mèches brunes dans ses mains plus ou moins propres. L’hygiène de vie ici était insoutenable, mais il fallait bien faire avec de toute manière. Elle resta ainsi, laissant sa cigarette se consumer toute seule entre ses doigts maigres. Cette position signifiait « viens me prendre dans tes bras, j’en peux plus des zombies ».
Invité
Sujet: Re: Worst than 2012 - Arpy Ven 3 Fév - 17:33
Il resta un moment sur le pas de la tente – à défaut d'avoir une porte potable, qui ne possède pas de fermeture éclaire -, enivré par ce parfum de bonheur apparent qui lui laissait un goût sucré sur la langue, comme s'il était diabétique. Ariel et son corps de sirène – basse métaphore, je sais, mais si proche de la réalité. Ses jambes étaient maigres et pâles, son corps torturé comme celui d'une Petite Sirène échouée sur une plage dévastée. Rien à voir avec Perrault, je vous rassure. Jamais avant, Ariel n'avait eu affaire avec la fin du Monde – l'attendaient, allongés sur le mince tapis qu'ils avaient réussi à arracher aux autres survivants. Un tapis deux places, qui pouvait avoir la chance de l'avoir, à part un couple, en apparence si uni, si je m'en foutiste ? Et le langage de ce corps était bien clair, malgré le peu de connaissances de Didi en psychologie féminine. Par les temps qui courraient, tout le monde avait besoin d'un peu de chaleur, surtout lui, qui avait dû survivre si longtemps sans le poids frêle dudit corps enchanté entre ses bras. Ariel était mer et ténèbres. Goût salé sur sa langue, à présent, réminiscence de caresses poussées sur ce même tapis élimé, crasseux. Il tomba à genoux, carrément, et tendit sa main pâle vers le visage caché par les longues mèches brunes :
« Eh, Ariel, ça ira. Ça s'arrangera. »
Genre, mec, tu y crois. Le temps que tous le zombies se fassent défoncer, congeler, décomposer, tu as le temps de mourir quinze fois. Ou même cent fois, selon les statistiques de certains survivants, qui grinçaient des dents, spécialement pessimistes dans cette atmosphère de décomposition ambiante. Les choses ne s'arrangent jamais. Enfin, pas aussi rapidement qu'elles devaient le faire. Il fallait se dire que l'ordre établi par la Sainte Mère Nature – à savoir DA MAN IZ DA KING – semblait définitivement brisé par tous ces gigolos frémissants et tordus par une faim infinie, dévastatrice. Gigolos, parce qu'il y avait une certaine sensualité – morbide, certes – dans ces corps corrompus par la mort. Lorsqu'ils se tordaient vaguement à la limite de son champ de vision, Disaster ne pouvait s'empêcher de penser au clip de LMFAO, sorti 10 ans plus tôt. Dans son esprit, zombie était immanquablement associé à shuffle. Mais ce n'était pas pour autant qu'il passait son temps à se bidonner. Il aurait voulu savoir se défendre, rien que pour se protéger, et protéger Ariel, qui malgré ses sourires hystériques, était aussi fragiles qu'un roseau balancé de droite à gauche par le vent. Jolie métaphore. Elle était gracieuse, sa meuf, versatile, et magnifique. Une vraie lionne, au lit, à défaut d'être la femme-poisson auquel son nom faisait référence. Il préférait de loin cette idée de cannibale acharnée, à celle du thon vagissant qu'elle n'aurait pas manqué d'être, si elle avait été un personnage de conte. Quoi ? Didi connaissait ses classiques.
Arpy était mer, ténèbres. ET savane.
Il s'allongea contre elle, referma ses bras sur son torse frêle, calant ses lèvres contre son cou brûlant. Il avait bien envie d'être compréhensif, pour cette fois, ne pas demander un câlin plus poussé, et accepter cette chaste chaleur qui grelottait contre son torse. David avait peur de dormir, ces derniers temps. Il lui semblait que partout résonnaient les sordides grognements des zombies, qui vaquaient à leurs occupations autour du campement. Son esprit s'éloigna vers ces derniers, songeant à quel point leurs conditions de vie s'étaient dégradées depuis la fin du monde. Un mois avant, ils avaient tout. Appartement, lit confortable, douche, i-phones, télévision, MTV, Mc do, Internet... Réapprendre à vivre comme des hommes des cavernes allait être plus dur que prévu. En plus, il n'y avait pas assez de bêtes à tuer pour recycler leur fourrure en vêtements convenables. Il se voyait déjà condamné jusqu'à sa mort à porter son sweat qui partait en lambeaux, lui qui était si coquet. Peut-être devraient ils faire comme dans the Walking Dead et chercher une prison à proximité pour s'y installer le plus longtemps possible. Il se demandait aussi combien de temps allaient mettre les gens avant de devenir de sauvages cannibales, violeurs et tueurs du reste de leurs camarades survivants. Manifestement, s'il n'y avait plus de télévision pour contrôler la population, ça allait arriver plus vite que prévu. Quel goût pouvait bien avoir la chair humaine, pour que les zombies l'adorent autant, et délaissent toute autre forme de nourriture ? Y'avait-il un signe vengeur qui leur était tombé sur la gueule, pour indiquer sur leurs succulentes cervicales « EAT THEM. THEY'RE GUILTY » ? Et les zombies voyaient-ils cette inscription fluorescente, ou se dirigeaient ils au hasard, seulement conscients qu'il fallait remplir leurs entrailles putrides de cette chair qu'ils ne digéreraient jamais ?
Vie de merde, pensa-t-il si fort, qu'il crût l'avoir dit tout haut
Il enfouit son menton dans la crinière noire d'Ariel, comme on serre le plus fort possible une quelconque peluche pour se rassurer. Cette pensée, de zombies bavants et avides, l'avait fait débander. David plongea ses doigts dans les cheveux de sa petite amie, allant bêtement caresser sa mâchoire :
« Y'a pas de risques qu'ils arrivent jusk'ici. J'ai pas fait mon quart de veille pour qu'ils se ramènent tout de suite après. »
Il tuerait un innocent lapin pour avoir de nouveau accès à MTV. Comme quoi, lui aussi devenait sanguinaire.