Le concept dans ma vie, c'est que je fais des truc débiles, pour qu'on vienne me sauver.
C'est dans un ridicule « plouf » que je me retrouve dans l'eau de la piscine. Habillé.

Un soir habituel. Terriblement lassant, ou je me promène dans les locaux du pensionnat. Je suis, bien évidemment, sous hallucinogènes, pas sous champignons, mais sous acide. Donc je vois la vie en rose, ou plutôt, en bisounours. Je suis les papillons à trois ailes qui m'affirment qu'ils ont trouvé un lieu idéal, parfait, magique. Un lieu idyllique, paradisiaque. Ils me disent que je devrais venir avec eux, parce que je suis un humain très gentil. Je mets mes bras comme des ailes derrière moi et d'un air d'autiste, je suis ces papillons, parce que je suis content qu'on me dise que je suis un gentil garçon. Tant de bonheur pour rien. Les papillons, ils sont multicolores, aussi gros que mon armoire, mais ça ne me choque pas. Et ça ne semble choquer personne autour de moi. Je cours presque, en faisant des bruits tels que « vouuusssh » ou encore « gniiiih-ouuuuh ». C'est pour me donner l'impression que je vole vraiment. C'est magique, de pouvoir s'imaginer ce que l'on veut par seule la force de la volonté. Bref. Je plane. Les murs dansent et le sol fait des vagues. Les lumières laissent des traces sur mon œil, genre je vois des couleurs partout et ça me fait mal, mais peu importe. Les papillons sont là. Jolies créatures, je voudrais aussi en être un. Les écouteurs vissés dans mes oreilles, j'écoute du son qui donne la pêche. Un truc dans ce genre là. En avançant, je danse, je chante. Je me crois sur une scène de concert. Et c'est ça, la classe.

Je ne pensais pas que le lieu idyllique dont me parlait les papillons à trois ailes serait une surface avec une grande étendue d'eau. Ce qui signifie, en langage normal, une piscine. Mais ça, shooté, je ne l'ai pas conçu. Émerveillé par ce que je voyais, je n'ai pas réalisé qu'il n'y avait étrangement personne. Trop choquée par ce que je vois, j'ai instinctivement enlevé mes écouteurs et j'ai mis ma musique, ma vie sur le côté, sur le rebord. En fait, il y avait plein de panneaux préventifs qui disait le sol glissant, que c'était dangereux. En gros, on pouvait s'exploser la gueule par terre à cause des gens qui nettoyait le sol. L'heure des femmes de ménages. En pensant que ce lieu était un oasis, je m'en suis bêtement approche. J'ai soif, et j'ai voulu boire de cette eau. Qui scintillait! Alors je m'approche, je m'approche. Je glisse. Évidemment, sinon, l'histoire aurait été simplement ennuyeuse à en mourir. Mais je ne réalise pas, je suis tombé dans l'eau comme un gros caillou, je coule vers le fond. Je suis un papillon, alors forcément, nager n'est pas mon point fort. C'est bien dommage pour moi, étant donné que je suis en train de mourir. Mes bras toujours placé en forme d'ailes derrière mon dos, je bats des ailes. En vain. J'ai les bras qui fatigue, ma vue est brouillé. J'ai envie de pleurer, parce que le chlore, ça me pique les yeux. J'ai l'impression d'avoir des oignons devant les yeux. Je n'arrive plus à respirer, et concrètement, ça me fait paniquer. J'ai l'impression de voir des petits poissons, puis des plus gros, puis des géants. Ils s'approchent dangereusement, et je suis en train de crever. Je panique, le géant poisson ouvre la bouche pour me gober comme un vulgaire bout de pain. Je résiste, je ferme les yeux. Je suis vraiment en train de mourir.

Le souffle me manque vraiment, j'ai beau vouloir remonter, je ne flotte pas, je ne suis pas du pain. Je bats des ailes désespérément. À l'aide. Je veux pas mourir maintenant, j'ai encore plein de choses à accomplir dans ma pauvre vie. Dans le genre, baiser avec 5 nanas avant de mourir. Je pleurs vraiment. Mes larmes se mélangent à l'eau de la piscine. Je retrouve mes idées, qui sont claires et précises. Je suis sobre sous la panique et l'explosion de stress. Je crie, je hurle, mais il n'y a que des bulles qui sortent de ma bouche. C'est terrible. Mes poumons vont éclater, je hurle de douleur. C'est pire qu'un bad trip en champignon. Parce que cette fois, je vais vraiment mourir. Peut être que je pourrais devenir un fantôme et continuer à regarder des adolescents attirants nus dans leur douche. Sur cette pensée, je sens mes yeux se fermer doucement. Et je suis mort intérieurement.

i know you want me, you know i want cha


A deux heures du matin, il n'y a pas beaucoup de gens réveillés après une journée d'études normale. Mais Aurore fait partie de ce peu de gens.
Impossible de dormir, ce soir. Quelque chose l'en empêche. Alors non, elle ne regarde pas ses séries sur l'ordi pour une fois, ne joue pas à la DS, mais fait tout simplement un peu de lecture. Enfin, lecture … pour une fois, la brune ne lit pas un truc sérieux sentimental et cliché genre Roméo et Juliette de Shakespeare. Parce que oui, Aurore aime lire des livres à conneries du genre de ce qu'elle en train de lire, ou celui intitulé : « WHY MEN MARRY BITCHES ? ». Si si, j'vous assure. Et le pire, c'est qu'elle était à fond dedans, et commentait sa lecture de haussements de sourcils et de soupirs, ou d'hochement de tête furtifs pour confirmer ce que disait l'auteur. En fait, elle ne le savait pas encore, mais dans sa situation, elle aurait plutôt lire quelque chose du genre … « WHY DO I FUCKING LOVE GAY MEN ? ». Mais elle ne pouvait pas le savoir, pas encore non, héhé. Elle l'achètera peut-être plus tard, quand elle s'en rendra compte.

Mais pour le moment, elle persistait sa lecture des hommes mariés avec la mauvaise personne selon elle, pour ne pas dire pute, les genoux remontés contre elle et le dos appuyé contre le lit de sa chambre. Et finalement, sans quitter la page des yeux, la brune se pencha vers son bureau, non loin, attrapant sa bouteille d'eau qui chuta au passage. Là, elle se figea, levant les yeux vers Juice, sa camarade de chambre. La petite lumière ne la réveillait pas mais le bruit par contre … Bon, ça va, elle ne semblait pas s'être réveillée. Alors Aurore se baissa afin d'attraper la bouteille qui avait presque glissé sous son lit, se redressant pour boire un coup tout en reprenant sa lecture. Et ce n'est que quelques minutes après l'avoir reposée qu'elle se rendit compte d'un petit détail. Soupir. Elle avait envie de pisser, maintenant. Bah bravo. C'était bon pour une escapade nocturne ça. Excitant, d'un côté, pour le fait de ne pas se faire attraper. L'excuse d'aller aux toilettes (même si elle était pour une fois vraie) ne passerait pas six fois. Mais les missions en mode « infiltrée » étaient vraiment amusantes et stressantes, et ça, elle adorait. Alors, finalement avec un petit sourire aux lèvres, la demoiselle s'extirpa de sa couette doucement, sans faire de bruit, avant de s'aventurer de façon discrète dans les couloirs, à pas de chat. Elle se penchait d'ailleurs aux tournants de ceux-ci, histoire de vérifier si la voie était libre, et se mettait ensuite à courir sur la pointe des pieds pour les traverser, ses cheveux ondulés et ébouriffés s'envolant légèrement lorsqu'elle se mettait à filer. Elle prit donc le chemin des salles d'eau, évidemment seule dans l'obscurité. Sauf que, lorsqu'elle voulu s'aventurer dans les toilettes des filles, un mouvement attira son attention. Elle prit d'abord peur, mais se calma rapidement lorsqu'elle découvrit un brun de petite taille se diriger vers … la piscine. WTF ? Alors Aurore resta immobile un bon moment, même si la silhouette avait disparu au détour du couloir. Là, un dilemme s'imposait à elle : aller pisser ou découvrir ce qu'allait faire ce mec à une heure pareille à la piscine ? A part un gars somnambule à qui il manquait une case … elle voyait pas, mais dans tous les cas c'était intriguant et ça avait l'air plutôt comique. C'est donc en levant les yeux au ciel qu'elle pensa un gros « j'irais pisser après, tant pis » tout en s'élançant vers la piscine. D'abord, lorsqu'elle rentra, son réflexe fût de balayer la salle du regard. Elle était étonnement vide. Pourtant … elle avait bel et bien vu quelqu'un y entrer.

Alors, toujours menée par une curiosité démesurée, elle s'approcha lentement du bassin se penchant doucement et sans s'attendre à voir quelque chose. Sauf que ben, si, elle vit quelque chose. Et ses yeux s'écarquillent sous la scène, où un brun se débat à peine, commençant néanmoins à paniquer de plus en plus … Et ça, ça met du temps à arriver à l'esprit d'Aurore … Oui, un gars était bel et bien en train de se noyer devant elle. « Oh putain ... » Euh … elle était censée faire quoi là, le sauver ? Mais … merde … Elle … Elle était paralysée par la panique là, elle ne savait pas si elle devait … Pourtant, son boxer à l'effigie de Batman lui seyait plus maintenant que jamais. Aurore en mode super-héros. Oui, il fallait qu'elle plonge. Qu'elle soit habillée ou pas (bien qu'elle n'était pas si vêtue que ça là maintenant, si ce n'est de son boxer et de tee-shirt). Parce qu'elle allait pas regarder un gars crever sous ses yeux. Et que s'il y avait un élément où elle était plus à l'aise que dans tout autre, c'était bien l'eau.

Inspiration. Une main nerveuse passe dans ses longs cheveux châtains, et elle finit par se jeter dans la piscine. BATMAN MODE, SISI. Ses yeux s'ouvrent, brûlés par le chlore, et elle les plisse en tentant d'apercevoir le brun, balayant l'eau du regard, pour se mettre à nager vers lui dès qu'elle le repère, lui qui touchait presque le fond du bassin. Pourtant, le brun ne la laisse pas l'atteindre avec tous ses gestes paniqués. Alors elle tourne la tête pour ne pas recevoir un coup, ne sachant comment lui mentionner sa réponse et lui dire d'arrêter de bouger comme un animal sauvage en cage. Les vibrations dans l'eau semblent s'apaiser, alors elle repose son regard sur lui. Oh oh, pas bon pas bon. Le garçon avait laissé ses yeux se fermer, et sa bouche s'entre-ouvrir, laissant l'eau s'introduire dans ses poumons. Ok, il était au stade de l'inconscience et de la non-respiration. C'était VRAIMENT pas bon.

Réflexe paniqué, la brunette s'élance vers lui pour le saisir sous l'épaule, entourant sa taille de son bras droit. Dès lors elle tenta de le remonter mais bon … Ok, c'était Batman, mais c'était toujours une fille. Elle avait pas des muscles super-développés. Alors, elle décida d'utiliser ses deux mains pour le saisir sous les épaules, et d'user de ses dernières forces afin de le pousser vers la surface. Ça réussirait à l'aider un minimum. Immédiatement donc, elle remonta, attrapant le bras de l'orphelin à la volée afin de le tirer vers la surface. Piouf, Aurore n'avait jamais fait autant de sport en si peu de temps :'D. Haletante, elle repassa sa main autour de lui afin de le tirer non sans difficulté vers le bord. Ce dernier fût d'ailleurs un énorme soulagement lorsqu'elle pu s'y accrocher, tenant toujours le brun contre elle. « Oh putain j'en peux plus. » Oui Aurore disait souvent putain. Là en l’occurrence, il y avait de quoi le dire.

Son corps glissa comme il put vers l'échelle, s'y accrochant afin de remonter, complètement trempée, tout comme celui qu'elle avait sauvé. Enfin, pour l'instant, son égo n'était pas encore vraiment flatté par ça. Elle était trop paniquée et stressée pour y penser. Remontant donc sur le carrelage, elle tira le garçon par le tee-shirt afin de l'éloigner de l'eau, à genoux à côté maintenant, respirant de façon agitée sous l'effort. Ariane le regardait de façon complètement paniquée, essayant de se remémorer les premiers secours qu'on lui avait appris, étapes par étapes. « Qu'est-ce qu'il faut faire, qu'est-ce qu'il faut faire … merde … En premier, le … LE POULS putain ! » Oui, si si j'ai cherché sur internet, quand la personne est inconsciente et ne respire plus il faut faire ça et vérifier. Alors elle appuya des doigts tremblants sur la carotide. « Il … IL RESPIRE PLUS D8 » Alors déjà qu'Ariane avait les nerfs fragiles. TRES fragiles. Mais si quelqu'un était en train de crever devant elle et qu'elle était la seule à pouvoir la sauver, alors elle perdait totalement contrôle de la situation. Des larmes d'affolement coulaient sans qu'elle ne s'en rende compte, se mélangeant aux gouttes d'eau qui coulaient sur le brun inconscient et qui glissaient en fait de ses cheveux. Deuxièmement … qu'est-ce qu'il fallait faire déjà ?! Ah oui, le bouche à bouche. Chose qui la fit hésiter, son regard posé sur le visage inanimé du brun, avant qu'elle ne se décide finalement à le faire. Hésitante, ne sachant pas trop comment faire, elle déposa sa main sur son front afin de faire basculer son visage vers l'arrière, elle pince son nez, l'autre main sur son menton. Elle prend son souffle, et vient presser sa bouche largement ouverte sur la sienne afin de réaliser une première insufflation. Puis elle se redresse, jette un œil à sa poitrine qui se soulève un instant, et revient à la charge une deuxième fois. « Allez, allez ... » grogne-t-elle en venant exercer quelques compressions thoraciques. La mini Batman vient lui prêter son souffle une troisième fois, se redressant lorsqu'elle ressent une réaction … « ALLO ! On respire et on se réveille, allez ! » l'encourage-t-elle, la main toujours appuyée sur son front. Mon dieu. Il réagissait. Soupir de soulagement. Elle sentait son cœur exploser dans sa poitrine, c'était horrible. Elle n'avait jamais autant paniqué en aussi peu de temps. OUF.

Explosion. Toussotements. Douleur. Inspiration.

Action.

Qui suis-je? Où suis-je? Pourquoi ai-je mal? Pourquoi suis-je trempé?

Ah oui. Morphée, ou plutôt Mushroom, et je suis actuellement dans ma chambre, comme une larve, après la grosse cuite de la veille.
Ou pas.

Je lève les yeux. Une fille. Tiens, qu'est ce qu'elle branle ici? Ah ok, elle voulait me violer dans mon sommeil. Petite coquine. J'essaye d'entamer la conversation par un « Enchanté, Mushroom. », persuadé qu'elle en sera surprise. Et je remarque qu'elle aussi est trempée. J'ai un mal de crâne qui ne me lâche plus mais les questions bourdonnent dans ma tête. C'est insupportable. J'essaye de parler, à peine le « Enchanté » prononcé, je panique. Aucun son. Aucun son n'est sorti de ma bouche. Pourquoi suis-je devenu muet? Je ne comprends pas. Et puis je réalise, que je suis dans un rêve. Un rêve éveillé. Je me gifle violemment, toujours allongé. Mais je ne fais que tousser comme jamais, j'ai juste l'impression de m'arracher les cordes vocales. Je hurle de douleur, mais toujours aucun son. Je pleurs, parce que j'ai peur. Je suis éveillé, à moins que je ne sois dans inception. J'ai peur d'être coincé dans un rêve, j'ai peur que ce soit la réalité. J'ai peur d'être devenu muet sans m'en rendre compte. J'ai peur de savoir la vérité, je n'ai pas envie de me souvenir de ce qui m'est arrivé. Je suis persuadé qu'il m'est arrivé quelque chose d'horrible.

Je ferme les yeux quelques secondes, et merde. Je me souviens. Je suis mort. En larmes, comme un gosse, je regarde la fille, la jolie fille. Et elle, c'est l'ange qui vient prier pour la rédemption de mon âme, c'est ça. Je prends encore plus peur, j'essaye de me relever, ce qui a pour effet de me faire tousser encore plus. Elle va m'envoyer en enfer, avec tout ce que j'ai fait. C'est donc ça la mort. En fin de compte, c'est pas si douloureux. Sur le coup, j'ai oublié la douleur ressentie et subie en me noyant. Je préfère oublier cette douleur. Je pleurs comme un gamin qui a perdu sa mère, je pleurs comme si j'étais effrayé par quelque chose. Je suis un putain de trouillard de merde.

Puis je tourne la tête. Je suis encore dans la piscine? Pour quelle raison? Mon cerveau est en ébullition. Je réfléchis à propos de la situation malgré moi. Je me relève un peu et me recroqueville sur moi même, pour réfléchir. Pour fuir ce maux de tête et ces vibrations qui me niquent les tympans. Mes larmes se stoppent progressivement. La fille. Je tilte enfin. Je suppose que je suis en vie, et que cette fille m'a sauvé. Sinon, elle ne serait pas trempé, et je n'aurais pas eu à vivre cette douleur si j'étais mort. Je ne crois pas en Dieu, ni au paradis, ni aux enfers. Ce que je peux être con. Je sèche rapidement mes larmes et croise le regard de ma sauveuse. J'ai envie de lui dire merci, mais je n'ai toujours pas de voix. Je me contente de fixer sa poitrine. Parce qu'on voit tout. Elle a pris l'eau, alors c'est transparent. Je la regarde à nouveau et rebaisse les yeux. Pour lui montrer en fait. Pas forcément parce que je suis un putain de voyeur. Je continue mon manège jusqu'à qu'elle comprenne. Je toussote encore, et je fais mon show pour lui montrer que je souffre énormément. Je me tortille comme une larve et lance des regards de supplie à la belle inconnue. Heureusement d'ailleurs que c'est une jolie fille, sinon je crois que j'aurais déguerpi en moins de cinq minutes, même dans mon état. Muet, je suis frustré. Frustré comme pas possible. Je déteste ne pas pouvoir communiquer, c'est une sensation des plus étrange que je n'ai jamais eu. C'est pire qu'après une journée droguage. Je me sens vide, fatigué et j'ai vraiment l'impression d'être mort une fois. Pire qu'une journée de décuve, pire qu'un lendemain d'héroïne. Je tousse encore. Sauve moi encore une fois, inconnue.

baby i don't care, i don't care what they say


Peu à peu, le brun semble comprendre, et reprendre lentement vie. Il n'émet cependant pas un mot et Aurore se demande s'il n'est pas devenu muet sous le choc. Bah, c'était possible, après tout. Traumatisme. Mais ça devait être sur le coup, sûrement. En tout cas, il gardait assez de conscience pour remarquer la poitrine de la demoiselle, ce qui la fit froncer les sourcils. Ou comment passer pour un vicieux en l'espace de quelques secondes ? « Imbécile de pervers, c'est pas le moment de penser à ça ! s'écria-t-elle en pinçant brièvement son tee-shirt néanmoins, afin de décoller le tissu de sa peau. » Puis il se mettait à se tortiller, semblant souffrant, sauf que … Sauf qu'Aurore était pas médecin en plus d'être Batman. Alors elle ne savait pas vraiment quoi faire, là. Puis finalement, un peu déboussolée, elle choisit de passer un bras autour de ses épaules afin de le redresser ; il toussoterait moins de cette façon, et pourrait expulser le reste d'eau qui demeurait dans ses poumons si tel était le cas. Et elle le tenait là, contre son buste redressé, attendant que sa crise de toux passe, et qu'il aille mieux. Là, maintenant, le brun avait vraiment l'air d'un enfant. Enfin, en même temps, il avait faillit crever, c'était pas rien. Instinct maternel oblige, peut-être.

Lorsqu'il fût un peu plus apaisé, elle décida de le relâcher de façon délicate, voir si il tenait redressé tout seul. Il valait mieux éviter qu'il retombe violemment sur la carrelage et qu'il se pète le crâne ou quelque chose de gore comme ça. Bon oké exagération mais bon. ON SAIT JAMAIS. « Attends. » Elle se relève, le contournant pour se diriger à l'entrée des douches, passage obligatoire avant d'entrer dans la piscine, égouttant la totalité du sol à son passage, et venant attraper l'une des épaisses et douces serviettes blanches bien pliées sur un étalage. Puis elle revient avec, s'asseyant à côté du brun une nouvelle fois et venant l'entourer de cette serviette. « Voilà. » Son regard le détaille un moment, voir si elle le connaissait, mais … Non, elle ne voyait pas. Son visage lui était totalement inconnu. Elle ne reconnaissait ni ses mèches ébènes et trempées, ni ses yeux plissés et rouges du chlore, ni son petit corps mince et précédemment tremblant – peut-être encore maintenant. Elle passe une main nerveuse et encore tremblotante dans ses cheveux mouillés, y mettant un peu de volume en même temps, avant de pincer les lèvres, attendant, en silence, qu'il aille mieux. Sa fragile et délicate main droite vient se poser sur le front du garçon, soulevant ses mèches humides dans un geste affectueux et rassurant. Elle ne dit rien pour le moment, tentant de l'apaiser ainsi, avant de venir frotter son dos, par-dessus la serviette qui l'entourait. A vrai dire, la petite brune se les caillait et tremblotait – et elle avait parié intérieurement que le lendemain elle aurait la crève – mais elle était plus préoccupée par l'inconnu qu'elle-même à cet instant. Comme quoi la colérique qu'elle était pouvait être attentionnée et adorable quand les gens en avaient vraiment besoin. Mais ça, ça restait rare et exceptionnel. En l'occurrence là, c'était plutôt exceptionnel oui, vu qu'il avait faillit mourir. Elle qui ressentait la peur immense de mourir sans pouvoir rien faire … Elle se mettait à sa place, et ne pouvait que compatir. Et puis, revenir d'une inconscience brève qui l'aurait sûrement mené à la mort, comme ça, d'un coup, c'était... choquant.

Puis, peut-être parce qu'elle en avait besoin aussi sous le choc et qu'elle avait froid, elle vient délicatement passer ses bras autour de lui, ressentant la douceur du coton de la serviette sur sa peau avec plaisir, le pressant contre elle. Sa tête se pose contre la sienne, et elle frotte machinalement son bras. « Allez allez … C'est fini maintenant. » Elle avait, là tout de suite, plusieurs questions à lui poser, mais s'il était devenu muet, ça allait être difficile … Quoi qu'elle espérait que non. De toute façon, elle supposait qu'il avait simplement été somnambule. Quoi d'autre, sinon ? Elle, elle ne pensait pas directement à la drogue. En tout cas, si c'était à cause de ça … Espérons que ça lui donne une bonne leçon et qu'il n'ait plus envie de recommencer. Sauf que, lol, elle ne connaissait pas Mushroom.

« Tu ... » Hésitation. « Tu arriverais à me dire ton nom ? » Ca se trouve, il ne s'en souvenait plus. Ca se trouve, il avait une perte temporaire de la mémoire en plus de l'usage de la parole. Enfin, ça serait bien malheureux, mais justifié. Petit traumatisme passager à cause de ce qui venait de lui arriver. Mais, encore une fois, elle espérait que non, car elle voulait quand même que son acte héroïque soit réussi jusqu'au bout haha.

(un peu court, désolée)

Elle part, elle revient.
On dirait un boomerang.
Quelque chose en main. Un truc blanc, rectangulaire, mais je ne distingue pas l'objet. Ça a l'air doux, mais je vois flou, terriblement flou, même si elle n'est pas si loin. Elle est près de moi, maintenant. Elle m'enveloppe de l'objet, une serviette. Évidemment, je ne perds pas non seulement la voix, mais aussi la vue, pour ne pas dire que je perds mon cerveau. Mes capacités de réflexion semblent s'être divisées par quatre. Elle me borde un peu, on dirait une daronne. Une maman. Douce et attentionnée. Je suis en manque d'affection maternel, je crois. Parce que je me sens vachement bien, dans ses bras. Même si ça me gêne un peu qu'elle me tripote de partout – enfin j'entends par là les cheveux et le front mais bon. Je ne me suis pas rendu compte que je pleurais encore, je dois faire terriblement gamin. Non, je ne pleure pas. Mes larmes coulent toute seule. Ou l'excuse de merde à ne jamais, jamais, jamais sortir dans ces cas là. De toute façon, je n'aurais pas pu le faire, je suis. Muet. Ce qui est vraiment, absolument, terriblement gênant pour moi, de nature à sortir instinctivement trois conneries à la seconde. La fille là, qui me prend dans ses bras comme si on se connaissait depuis des lustres, comme si j'étais son enfant, tout naturellement, elle semble vouloir me réconforter, avec amour. C'est plutôt mignon de sa part. Je ne pensais pas les gens de ce pensionnat si compatissant. Quoiqu'il y a vraiment des cas. Elle me réchauffe, et essaye de me calmer. Mais je suis calme, je le suis. Mais je ne le parais pas, c'est bien dommage. Je cligne des yeux et je la regarde. Enfin, je la regarde d'en bas, alors ce n'est pas un super angle pour contempler un visage. Je ne l'ai jamais vu. Je ne crois pas, ou alors, je ne m'en souviens pas. Je ne sais pas d'où elle sort, qu'est ce qu'elle fou la en plein milieu de la nuit. Mais je lui en dois une, elle m'a sauvé. Inquiète. C'est l'impression qu'elle donne. Pas qu'un peu, ce qui m'inquiète encore plus. Ai-je vraiment l'air d'être mort? Heureusement que je n'ai pas perdu l'ouïe. D'ailleurs, elle me parle. Enfin, je perçois surtout des sons assez chelou. Genre, comme si j'étais encore plongé dans l'eau et que j'entendais quelqu'un de l'extérieur. Un son camouflé, brouillé. Je me relève un peu, signe de vie. Je crois qu'elle me demande mon nom. Quel dommage, moi aussi je voudrais bien connaître le sien. Pour au moins la remercier. Je secoue violemment ma tête, j'ai l'impression d'avoir de l'eau dans les oreilles, et mine de rien, c'est désagréable. Mon mal de crâne reprend. Que suis-je con. Pourquoi m'être secoué ainsi? Bref. L'eau semble vouloir s'évader de mon oreille droite. Un mince filet d'eau glisse jusque l'extérieur, ce qui a pour effet de me entendre tout avec clarté, d'un coup. Tous les sons, même très insignifiants parviennent jusqu'à moi de façon décuplé. Ça me surprend quelque peu, je ne m'attendais pas à ce que je sois complètement bouché d'une oreille. L'autre oreille ne tarde pas à éjecter l'eau – façon de parler. Ça coule, et j'entends très bien. J'essaye de me racler la gorge, je veux parler. Je. J'ai besoin de parler. Je veux, et je le peux. Je regarde la fille, soupire un bon coup. Et j'articule. « Mushroom. » -Je suis content comme une mère qui entend parler son fils pour la première fois. C'est sorti. Même si c'était pas ma voix, c'est sorti. Je ricane. Je me suis inquiété pour rien. Je ne peux absolument pas m'imaginer sans voix. Bon, va falloir que je m'explique, sûrement. Mushroom, que j'avais dit. On m'a volé mon identité, pour me transformer en champignon. Je m'appelle. M. Mu. Non. Morphée. Voilà. Concombres de parents qui donnent un prénom pareil à leur fils. J'attends une réponse de la part de ma sauveuse. Ou pas. « Ton prénom, mon héro? Montre moi ton vrai visage. »

Il n'avait pas vraiment l'air de s'en rendre compte, en effet. Parce que là, par ses actes et sa bouille, il ressemblait vraiment à un gosse. Et c'était son choc qui inquiétait Aurore. Elle qui n'aimait pas réellement les personnes faibles qui jouaient les pleurnichards, elle devait bien avouer que là, il avait une bonne raison de pleurer. Bah il avait juste frôlé la mort quoi. A part ça tout va bien. C'est pour ça qu'elle l'avait entouré de ses bras, et puis, un peu pour elle aussi. Ca avait un été une grosse montée de pression pour sa part. Mais elle qui avait du mal à contrôler ses émotions, elle s'en sortait plutôt bien, pour une fois. Du moins elle trouvait.

Elle s'écarta un peu de lui lorsqu'il secoua brutalement la tête, histoire de pas se prendre un coup – manquerait plus que ça tiens. Puis la demoiselle attends patiemment qu'il euh … recouvre la parole ? Quoi que s'il était définitivement muet, ça risquait de poser problème. Mais son soupir lui indiqua qu'il allait se lancer, alors elle l'écouta, attentive, comme si elle risquait de louper le prénom si elle n'était pas concentrée. « Mushroom. » Et puis, elle aussi lâche un léger soupir, comme un soulagement. Ses bras, doucement, finissent pas le relâcher, et elle vient s'installer devant lui en tailleur en faisant attention à pas se péter la gueule avec l'eau traînante par terre – bah ouais ça pouvait arriver qu'à elle ce genre de connerie. Et puis il ricane légèrement, un rire peut-être un peu nerveux sur les bords. Du moins c'est comme ça que la brune le ressentait. Alors, petit sourire éphémère qui vient se fixer sur son visage, amusée sans trop savoir pourquoi par son comportement, tandis que sa main vient passer dans ses cheveux histoire de les démêler vite fait à cause de l'eau. Et puis, discrètement – ou pas – elle tire vite fait sur son tee-shirt, histoire de pas avoir la remarque du tissu collé à elle à voix haute cette fois.

« Ton prénom, mon héros ? Montre moi ton vrai visage. » Haussement de sourcils. Toujours un petit sourire. Vaut mieux rire qu'en pleurer, dit-on. M'enfin c'était peut-être parce que la pression était redescendue. Sûrement. « Aurore. » Ca aurait pu être son vrai prénom. Mais non. Enfin de toute façon elle l'aimait beaucoup, ce surnom. Alors elle ne s'en plaignait pas.

Ses mains vinrent attraper ses cheveux trempés pour les mettre tous d'un seul côté, les lissant à l'aide de ses doigts au passage, alors qu'elle regardait toujours le soi-disant somnambule. De son tic habituel, elle vient humidifier ses lèvres avec sa langue d'un geste furtif, l'ayant balayé du regard pour reprendre la parole encore une fois. Son air de gamin terrifié s'était un peu dissipé depuis qu'il avait réussi à ouvrir la bouche. Un peu seulement. « Même si j'aimerais plutôt savoir pourquoi t'as fini dans une piscine à deux heures du mat', je devrais peut-être euh ... » Elle jette un œil à la porte qui conduit à la sortie de la piscine, sans trop savoir pourquoi, avant de revenir vers Mushroom. « ... t'accompagner jusqu'à ton dortoir ? » Bah pour elle c'était la meilleure chose à faire. Il allait pas rester ici au bord de la piscine. Il fallait qu'il rentre et qu'il aille ben … dormir. De toute façon, après être passé si près de la mort il en avait bien besoin :'D. Néanmoins ce qu'il répondit la fit hausser un sourcil ; alors il ne pouvait pas. Question de réveiller son colocataire en pleine nuit, n'est-ce pas ? Concernant la brune elle, ça ne dérangeait pas la sienne qui n'était … oh bah dis donc miraculeusement pas là ce soir 8DD /out.

Et puis l'idée d'aider ce genre de June ne la dérangeait pas. Mais Aurore ne le connaissait pas et elle apprendrait bien vite que ce n'est pas du tout un petit June peureux et naïf. Non non mademoiselle, il n'était absolument pas somnambule mais sous coke. « Bah. » Haussement d'épaules. Elle se lève. « Tu vas pas dormir dans le couloir. » Soupir. Il devait pas bien être dangeureux ; c'était un orphelin avec un, normalement, QI respectif qui siégeait à la Wammy's House. Pas un prédateur pédophile (difficile d'être pédo quand on a le même âge en fait). Donc bon certes c'était un mec et valait mieux pas qu'on les grille mais de toute façon, dans la tête d'Ariane elle ne faisait rien de mal et si on les grillait, elle expliquerait. Puis c'est pas comme si elle pouvait être proche des garçons sans s'en foutre, excepté June, alors … « ... tu peux venir dans le mien, si tu veux. Mais je te préviens, tu dors par terre. » Oui oui on verra Aurore lolol.

Ses mains se déposent sur ses hanches, et elle soupire, ne se rendant pas encore vraiment compte de ce qui venait de se passer. En tout cas, elle vient appuyer son regard sur le sien, lui laissant le choix. « Alors ? Qu'est-ce que tu fais ? » Faudrait juste qu'ils fassent en mode warrior discret pour rejoindre le dortoir et passer dans les couloirs quoi. Parce que c'est pas qu'il était genre 2h du mat mais un peu quoi.

Trois petits tours et puis s'en vont.
C'est qu'elle est mignonne la brunette, à me prendre pour un enfant.
Mon regard retrouve son aspect mesquin et las. Un petit sourire en coin s'étend sur mon visage moins enfantin qu'il ne l'a parut. Effaçant toute trace de peur, de crainte, de panique. Je ne sais pas si c'est mon imagination mais je crois que je lui fais l'effet d'un gosse qui aurait perdu sa mère dans un parc d'attraction. Je crois que je vais utiliser cette impression pour essayer d'en tirer autre chose. Cet autre chose, que je ne permettrai pas de se laisser ébruiter par ma franchise. Aurore, Aurore ! Ça sonne bien dans ma bouche, j'aime bien comment se déforme sa bouche quand elle prononce le son [o].J'aime bien comment elle roule très légèrement le son [r], ça donne un côté coquin au pseudo. Et j'aime bien la finalisation, les sons [o] et [r] qui s'accouplent. Ça fait « or », c'est joli. Ça me fait penser à la musique, c'est harmonieux, c'est fluide et le rythme m'emporte. Je ne sais pas non plus pourquoi je pense ça mais il me semble mon cerveau en a bien pris un coup, pour pouvoir dégainer autant de pensées bizarres, farfelues et improbables. Tout ça pour dire que son pseudo me plaît, et que je l'adopte donc. Ça va de soi. Je la regarde faire ses gestes de femelles, problème de cheveux, j'évite d'exploser de rire quand même, au risque de la vexer. Je capte son tic, l'humidification de ses lèvres me paraît osé, sans pouvoir expliquer pourquoi. Ça fait tic de chaudasse quoi, genre je veux bouffer autre chose que de la nourrituuure. Bref. Et puis elle parle.
Parle. Parle. « Ta voix me berce. Parle. »
C'est que j'ai envie de lui chuchoter à l'oreille, mais je ne le fais pas. Pour une raison évidente, ça casserait mon image de petit garçon à sa maman.
On dirait maman, d'ailleurs. Sa voix, surtout.
Je capte toute de même ce qu'elle me dit. Mon dortoir ?! Non! Non! Y'a Open dedans ! J'ai besoin de douceur en ce moment même, je veux pas me faire frapper alors que je viens de revivre. Je viens de sortir de la mort, je viens de marcher dans l'enfer. « Je. Je peux pas. » Mensonge. J'aurais très bien pu retourner dans ma chambre, me faire frapper quelques coups parce que je l'aurais réveillé, et faire ce que j'avais à faire. Comme d'habitude. Sauf que non. C'est pourquoi je lui dis que. « Pas ma chambre, y'a Open. » Elle ne doit pas comprendre ce que je radote. Mais l'idée général est là : termine ton boulot de sauveteuse, en tant que bon héro. Il y a un gêneur dans ma chambre. Et puis, elle semble être désespérée, mais finalement, elle me propose de dormir dans sa chambre. Je me retiens de rire, n'était-ce pas évident ? C'est ce que j'attendais depuis, en fait. D'ailleurs, avant même qu'elle ait pu finir sa phrase de proposition de plan cul, je l'ai coupé pour m'écrier « OUI » résonnant dans toute la piscine. On aurait été dans la merde si on nous avait vu. Elle a enfin compris mon intention, enfin, elle n'a pas dû le comprendre, elle a pensé bien agir, sûrement. Rire intérieur. On verra bien d'ailleurs si je dors par terre. Je me lève comme si de ne rien était, comme si j'allais très bien, que je n'avais pas mal partout – je n'ai jamais failli mourir, non non. Je cherche mes écouteurs et mon Ipod. Ça n'a pas été mouillé. Je bénie du Dieu de la vie ma chambre et mon karma de fou.
Bon. On y va ou elle attend encore que je me noie ?
Ou alors. Elle veut peut être que je prenne les devants.
Sauf que. Je connais pas le chemin de sa chambre.
C'est bien dommage.
Mais j'aimerais bien connaître ce chemin.
Donc bouge toi le cul.
J'ai pas que ça à foutre putain.
« On y va, Aurore ? »
Je suis décidément un méchant. Un vieux méchant pas beau qui pue la salade. Qui se noie comme une poule. Pf. C'est pathétique. Bref, j'ai froid.

Ariane n'est, à la base, pas quelqu'un de naïf. Elle déteste les pleurnichards, les accuse, les blâme. Elle n'aime pas, mais alors pas du tout qu'on se foute d'elle. Et il suffisait d'un petit brun qui est sûr le point de se noyer et crever pour changer tout ça. Un soupçon de naïveté, n'est-ce pas ? Parce que, oui, le petit Mushroom s'en était remit. Et Mushroom pensait déjà à autre chose. Et obtenir ça d'Aurore, c'était, d'une façon, mission impossible. Et il comptait l'avoir. En la trompant. En utilisant sa pitié. Et que ça jouait des tours d'être gentil, elle le savait. C'est pour ça qu'elle ne l'était jamais vraiment avec les autres. Il suffisait d'un soir où elle faisait sa bonne action de l'année pour qu'on en abuse. Ou comment convaincre Aurore que la terre était remplie de connards ? Bon, pour l'instant, rien n'était encore fait néanmoins. Rien ne s'était passé. Mais Aurore ne voyait pas la chose venir. Aurore, wake up, avant que ça n'arrive.

Et alors, le brun trempé ne la laisse même pas finir, s'écriant d'un « OUI » un peu trop joyeux et pressé à son goût. Attention à ne pas casser ton image de petit garçon comme tu le penses si bien, Mush. Aurore n'est, à la base, pas quelqu'un de naïf. Il ne faut jamais juger aux premiers abords, dit-on. Tu as juste eu de la chance d'avoir faillit crever en la rencontrant. C'est tout. Si tu ne t'étais pas retrouvé dans cette situation, elle ne se serrait jamais intéressée à toi. Un petit con parmi les autres, non ? C'est ce qu'elle aurait pensé. Et, au fond … elle n'aurait pas eu tord. Pas du tout même. C'était peut-être l'adjectif qui caractérisait le mieux Mushroom à cet instant en fait. A tous les instants de sa vie même. H24, Mushroom était un vrai con de service.

« On y va, Aurore ? » Oui, ils y allaient. Elle avait relevé les yeux vers lui, sans rien dire, avant de s'approcher de nouveau et de lui tendre la main pour l'aider à se relever. Tout d'un coup, elle se sentait un peu mal d'emmener un mec dans son dortoir. Ca avait des airs de pute, tout ça. Mais elle se répétait sans cesse qu'il n'était pas bien et que de toute façon, il n'arriverait rien. Elle n'était pas comme ça, pas d'humeur à penser à ça et avait de toute façon fait vœu de chasteté – n'en plaise à Blake. Alors ce n'était certainement pas ce soir-là que ça allait arriver. « Go. »

Elle avait ensuite un peu tiré sur son tee-shirt pour le descendre. Ben, c'est comme si elle était à la plage ou à la piscine – ce qui était le cas en fait là – sauf que c'était encore pire, vu que des inconnus pouvaient la matter. Quoi que, vous m'direz, Mushroom était pas non plus le gars qu'elle connaissait le plus ici, pas du tout même. Mais il vivait dans le même orphelinat, avait certainement le même âge ou environ … encore une fois, il n'avait rien d'un pédo psychopathe ou autre connerie du genre. Heureusement. Elle l'aurait peut-être même pas sauvé si ça avait le cas :'D Bon, juste, si un surveillant passait ou les grillait … ils auraient sûrement des problèmes. Ce n'était pas pour rien que les vestiaires étaient séparés par sexe. Mais franchement, il fallait une malchance de fou pour que ça arrive ce genre de truc.

… tiens c'est bizarre j'en connais une qui a une chance de malade ici.

En tout cas, elle avait finit par sortir de la piscine, jetant un œil dans les couloirs avant de s'y élancer. Quelques gouttes d'eau tombaient au sol à son passage, mais tant pis ; on allait pas suivre leur trace quand même. Au final, elle était vite arrivée devant sa chambre. Elle n'avait même pas regardé si Mush avait suivit, d'ailleurs. « Voilà, c'est là. » Sa main se posa sur la poignée désagréablement froide, et elle poussa la porte de façon très lente et calculée afin de ne pas faire de bruit ; il y avait, en effet, toujours sa camarade qui dormait. Juice, entre autre. Ou l'un des coups d'un soir de Mushroom. C'était-y pas beau tout ça ? La magnifique coïncidence qu'il y avait là ? Mais ça, Aurore ne le savait pas. Rappelons que c'est un inconnu. Enfin un genre d'inconnu.
Elle pénètre dans la pièce, sur la pointe des pieds, veillant à ce que le garçon referme doucement à son tour la porte ; et si tel est pas le cas, et pas vdm pour Aurore. Puis elle se dirige vers son lit, prenant un de ses deux énormes oreillers qu'elle lâche par terre, se tournant vers le garçon, appuyant son regard du genre « je te l'avais dit que tu dormirais par terre ». Puis elle vient s'enfiler sous sa couette, restant redressée, en tailleur, le regardant. « Et si ça te convient pas, ben, tu peux toujours squatter le lit de celle-là, dit-elle en mentionnant Juice du menton, mais bon elle risquerait d'hurler ou quelque chose du genre alors … Vaut mieux que tu dormes par terre. »

[ FIN DU TOPIC - SUITE DANS UN NOUVEAU ]