Sujet: Red flags and long nights > Tears. Ven 8 Juin - 20:05
Sale petit con. C'est ce que Die avait hurlé à Take quand il avait fini par craquer et donner tout ce que méritait le professeur de théâtre, c'est à dire de bons coups de poings bien placés. Daniel ne se souvenait pas qu'il s'était un jour battu, non, c'était typiquement le genre de gars bien propre sur lui qui allait faire de la gonflette dans une salle de sport upée et qui n'avait jamais utilisé ses poings pour faire comprendre à un ennemi qu'il le détestait. Alors forcément il avait douillé cette nuit là, sans piger ce qu'il lui arrivait. Ah, il s'était bien défendu le bougre mais la surprise et son manque d'expérience avaient eu raison de lui. Quelle soirée pourrie agrémentée d'un combat de coqs pathétique. Décidément, dés que Daniel organisait une soirée, ce qui n'arrivait pas si souvent que ça, ça foirait, ça tournait à la catastrophe. Il n'était franchement pas doué pour s'amuser, et pour que les autres s'amusent décidément.
Et à peine deux jours plus tard le danois était réapparu à Wammy's House comme si rien ne s'était passé, si on omettait son affreuse humeur, ses pansements sur le visage, ses quelques bleus plus rouges que bleus et son air énervé et irrité en permanence. Déjà qu'il n'était pas franchement facile à vivre mais là il était insupportable, et dés qu'il croisait Take dans les couloirs il lui jetait des éclairs des yeux. Il aimerait beaucoup se venger... Die était ce genre de type qui, dés qu'il pouvait profiter de sa position, le faisait et écrasait ceux qui selon lui, méritaient de passer à la trappe. Alors pour un professeur principal, et un petit surveillant il aurait pu facilement lui faire des coups bas... mais curieusement le brun n'en fit rien. Enfin. Il s'arrangeait pour lui refiler les classes les plus chiantes à surveiller mais ce n'était rien...
Il y avait une sortie de prévue au théâtre ce soir là, quelques jours après l'incident, et Daniel n'avait voulu reparler ni Take, ni à Tears d'ailleurs. Le blond qui avait vomit ses tripes après la soirée, et que le professeur avait soigneusement évité le lendemain et les autres jours, le saluant quand il le croisait, et repartant plus vite qu'il n'était venu. Ce qui était très odieux car c'était à cause de lui que Tears s'était senti mal, qu'il avait assisté à ça, qu'il s'était engueulé avec Take. On aurait dit que Die était juste passé pour semer la zizanie. Mais bref, ce soir il allait penser à autre chose. Il avait décidé d'emmener les Word à une représentation de Don Carlos, de Friedrich von Schiller qui allait bien dans le cours sur le théâtre Allemand sur lequel ils étaient en train de travailler ces dernières semaines. Ensuite il passerait à Rainer Werner Fassbinder et tout le monde serait content, car on sentait que les élèves n'étaient pas franchement motivés à l'idée d'aller assister à une pièce avec un professeur énervé au possible.
Évidemment il avait fallu que Tears soit de la partie. Il fallait que parmi tous les surveillants ce soit lui. Bah, Take ça aurait été pire cela dit. Alors les filles avaient des robes, les garçons des chemises, et Die collerait quiconque se serait éloigné de cette règle. Lui même s'était mis sur son 31, comme à chaque fois qu'il allait au théâtre, parce que ce n'était pas comme aller au cinéma. Le bus qui était spécialisé dans le transport d'orphelins surdoués dégénérés les déposa tous devant l'opéra de Boston, et ils entrèrent dans le bâtiment magnifique, doré et rouge. Daniel n'adressa pas la parole à Tears quand il le vit débarquer, s'efforçant de ne pas perdre un orphelin sur la route. Une fois à l'intérieur les surdoués s'installèrent tous un peu là où ils voulaient. Zadig et Voltaire se mirent immédiatement à part évidemment, Vice voulu se fumer une clope mais Virgin lui hurla dessus pour l'en empêcher, tandis que Cancel charriait Muse et Dance... Duke semblait avoir peur des araignées qu'avait ramené Justice, et Rimbaud très très très intéressé par la pièce fixait le rideau d'un air impatient. Arpège et Level semblaient décidés à se rejoindre dans les toilettes pendant la représentation.... Die se dirigea vers le fond de l'opéra pour avoir une vue d'ensemble, il grima les escaliers, et trouva le surveillant blond assit, alors il se dirigea d'un pas nonchalant vers lui et s'affala sur le siège à côté de lui. Et il ne le regarda pas et observa le rideau immobile.
Tears pouvait juste apercevoir le profil orné de pansements du brun, les cheveux gominés et l'air profondément et faussement désintéressé de Die. Il sortit son smart phone, le parcouru, semblant très intéressé alors qu'il n'y avait rien à voir dessus puis le rangea, croisa les bras, enfoncé dans le siège, les jambes écartées devant lui, comme un gros gamin. Puis il ouvrit la bouche.
▬ Depuis l'autre jour là... t'as fait quoi .. ?
Qu'il disait en fixant toujours le rideau, sans aucune émotion affective dans la voix, en langage Dienien ça voulait sûrement dire « comment tu vas Tears, donne moi de tes nouvelles. J'ai foutu la merde la dernière fois, je m'excuse. » mais bon. Il ne pouvait pas dire ça.
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Sujet: Re: Red flags and long nights > Tears. Ven 8 Juin - 20:14
- Ouais et .... depuis l'autre jour là... t'as fait quoi .. ?
Il déglutit calmement, surveillant la masse orpheline des yeux. Rideau fermé, brouhaha enthousiaste. Un soupire, du fond de son fauteuil. Il se relaxa sur le siège rembourré rouge. Jeta un coup d’œil sur le côté. Die bien habillé, adulte, responsable. Installé comme un enfant, pansements sur le visage, bagarre de recréation. Take avait les mêmes blessures de guerre. Ça avait été sujet de dispute. Et comme toute dispute, on s'écartait du sujet qui l'avait déclenché. Personne ne se disputait parce que la vaisselle était mal faite. Ça allait plus loin, ce n'était que la surface visible de d'iceberg. On partait d'une question toute bête, et le ton montait, et il montait. Et on arrivait aux éclats de voix et aux éclats d'assiettes. Brisées sur le sol. Take et Die s'était battu. Il en avait voulu à Take, parce qu'il s'était emporté pour rien, parce que ses peurs étaient insensées. Il en voulait à Die d'avoir rendu des coups, il lui en voulait d'en avoir reçu. Ses yeux contemplaient méticuleusement les pansements. Froissement de sa veste en lin, et il se réinstalla de façon nerveuse et mécanique dans le fauteuil. Long corps nerveux enfermé dans un jean, un t-shirt, et une veste en lin. Le regard sur le rideau, à nouveau. T'as fait quoi. Première fois qu'il lui posait la question.
- La routine.
Il tripotait le programme des bouts de doigts.
- Le genre de choses que font les gens qui ne sont pas occupés à se défigurer entre eux.
L'aigreur liée ses mots pour lui, sans pause, sans bégaiements. Il était aigri, il avait vieilli. Il n'était pas rentré à l'orphelinat cette nuit. Il était trop occupé à vider ses entrailles dans les poubelles pour retrouver le chemin ou courir après un taxi. Ça avait été ça, le vrai sujet de la dispute. Le chef d'accusation de Take. Celui de Tears portait sur la stupidité et l’inutilité de la bagarre qu'ils avaient eu. Bagarre dont chacune des personnes impliquées en portaient les traces sur le visage. Et s'il avait blâmé Take pour cette bagarre, c'était normal de partager ce même ressentiment envers Die. Parce qu'il avait appris à propos de ce qu'il s'était passé et qu'il n'avait jamais entendu une chose aussi ridicule. Sauf qu'il venait de perdre un amant. Il n'avait pas envie de perdre un ami.
- Pardon... c'était pas... hm.
Un temps. Il se tourna vers lui, un peu embarrassé, cherchant comment rattraper le coup.
- Les pansements te vont bien.
Qu'il lança, de manière nonchalante. Il avait appris à être nonchalant. Il avait appris à dire les choses comme si elles étaient sans valeurs.
- Simple avis d'un vieux... gay célibataire.
Un sourire, mou. Avec une goutte d'acide dans la voix.