Le « il était une fois » de cette étrange histoire se place un jour d’été, il y a plusieurs centaines d’années de cela. Dans un pays qui donnera plus tard, en 1905, le Royaume de Norvège (lorsqu’il perdra tous ses liens avec la Suède), un être d’un autre monde décida de poser son regard. C’était un envoyé des Dieux, une personne immatérielle et intemporelle qui avait pour force d’apaiser les âmes, mais aussi de punir les hommes.
Après de longues années de surveillance, l’être décida de venir fouler de ses pieds nus la terre battue de cette contrée nordique. Il se présenta aux hommes sous la force d’un homme d’une vingtaine d’années, dont les cheveux noirs contrastaient incroyablement avec ces êtres blonds ou roux. Il possédait de grands yeux indescriptibles, car d’une couleur que l’on ne pouvait déterminer. À peine pouvait-on dire qu’il possédait des iris bleu outremer que ceux-ci avaient changés pour devenir vert jade, et ainsi de suite.

Malheureusement, toutes les histoires ne choisissent pas des tours et des détours simples et droits. Ce fut le cas pour celle-ci.
Le jeune homme fut accueilli dans les villages d’abord avec réticence, puis avec joie et même révérence. On le nommait « Seer » dans la langue des habitants de ce pays, ce qui plus tard fut traduit en anglais par « Oracle ». Pourquoi le nommait-on ainsi ? Simplement parce que chaque homme qui recevait ses paroles se voyait changer, devenir meilleur et être éclairé sur le chemin de sa vie. On en avait donc conclu, à juste titre, que cet être infiniment bon était un envoyé des Dieux pour aider les hommes.
Alors que le Seer se présentait dans un énième village, une jeune femme passa près de lui, attirant les crachats et quolibets de la foule qui s’était amassée dans les rues. L’homme demanda en quoi se croyaient-ils supérieurs pour ainsi s’en prendre à une innocente et on lui répondit qu’elle était une fille sans terres ni famille, qui vivait dans cette ville comme une mendiante. Parce qu’ils avaient décidé qu’elle aurait un statut inférieur au leur, les villageois la traitaient avec férocité et dégoût.
Le Seer n’en demanda pas plus et s’approcha de la malheureuse qui tentait de se cacher du mieux qu’elle pouvait. Sur son chemin, l’envoyé des Dieux provoqua surprise et compréhension. Les badauds prenaient brusquement conscience du mal qu’ils avaient causé et, humblement, s’agenouillaient pour demander son pardon, mais l’homme continua son lent cheminement. Il ne s’arrêta que devant la jeune femme, une blonde au visage sali par la terre et pour seuls habits des haillons, et s’agenouilla. Ses mots furent les suivants :
« Enfant oubliée de l’amour des Dieux, acceptes-tu leur pardon en ma personne ? Laisse-moi prendre soin de toi et te rendre tout ce que tu n’as pas reçu parce que ces personnes ne savent pas ouvrir leur cœur et mener à bien la mission que leurs Pères leurs ont confiés. »
La jeune femme ne sembla pas comprendre, mais tout l’amour qu’elle put lire dans les yeux de cet homme qui, soudainement, lui tendait la main lui fit hocher la tête positivement. Elle regarda le Seer se relever et lui faire face, et accepte sa main tendue. Leurs doigts s’entrelacèrent et ce fut cet acte qui scella l’avenir du monde.

Suite à cet événement, on ne vit plus jamais le Seer seul. À ses côtés, une incroyable jeune femme s’épanouissait et le soutenait dans sa quête, se montrant plus bonne que le plus bon des hommes. Cette proximité et la complicité qui rayonnait entre les deux êtres attisèrent la colère et la jalousie de certains. On se demandait comment l’envoyé des Dieux pouvait s’occuper des autres si son regard ne cessait de se tourner vers sa compagne. Le temps profita de ce doute pour s’introduire dans les esprits et les envenimer comme il infecte une blessure.
Quelques mois plus tard, un premier village refusa d’accueillir le Seer s’il se présentait avec sa compagne. L’homme divin ne s’en offusqua pas et passa son chemin. Un village plus loin choisit d’adopter la même tactique. Puis un autre. Et encore un autre. Bientôt, partout où il passait, le Seer ne fut admis que sous une condition qu’il refusait de remplir.
Quand arriva un énième village, sa compagne le supplia de la laisser en dehors des enceintes pour entrer et donner son message de bonheur. Tout d’abord l’homme refusa, expliquant que c’était aux hommes d’ouvrir les yeux et non à lui de céder à leurs caprices. Mais, devant les supplices et l’amour de sa compagne pour les siens, il céda et promit de revenir au plus vite. Sur ces mots, il se dirigea vers les portes du village où on le laissa entrer, seul.

Après plusieurs heures de paroles et de conseils, le Seer repartit en direction des grandes portes d’enceinte du village. Étrangement, alors qu’il demandait à sortir, on essaya de le retenir par de douces paroles et des questions farfelues. Inquiet, l’envoyé des Dieux força le passage et s’échappa du village. La vision que lui offrit l’horizon lui arracha un cri.
Sa compagne gisait sur le sol, entourée d’une flaque écarlate. Son flanc gauche avait été déchiré, mais on comprenait qu’elle n’avait pas été violentée. Son visage, serein, était tourné vers le ciel et aucune trace de peur n’y avait trouvé refuge. Comme un ange, elle avait regardé la mort dans les yeux sans chercher à y échapper. Le Seer devint fou de rage. Courant auprès du corps de sa douce, il la prit dans ses bras puis tourna son regard vers le village. Sa voix s’éleva, forte. Très forte. Suffisamment pour que chaque village qu’il avait visité –qu’il ait été refusé ou accueilli- l’entende.
« Aujourd’hui, vos esprits envenimés par le mal de vos existences ont causé la mort de la personne la plus emplie de bonté que vous pouviez rencontrer. Vous lui avez retiré le souffle, parce que votre cupidité va de pair avec votre violence. Vous êtes des monstres. Et, puisque vous vous comportez ainsi, vous continuerez d’être des monstres dans les générations à venir. Je vous maudis, humains, pour que vous compreniez toute l’horreur de votre geste ! »
Suite à ces paroles empreintes de souffrance et de dégoût pour la race humaine, l’oracle tourna son regard vers le ciel et implora les Dieux de les rappeler, sa compagne et lui, vers les cieux. Ce vœu fut exhaussé et le Seer abandonna ainsi les humains à leur triste sort.

Les années passèrent, puis les siècles. Finalement, cette histoire devint une légende, puis un conte que l’on utilisait pour éduquer les jeunes enfants. Pourtant, chaque personne qui avait entendu cette malédiction vit naître dans sa famille des enfants étranges. Certains portaient sur eux des excroissances anormales. D’autres possédaient des pouvoirs surnaturels. De nombreuses familles choisirent l’exil pour tenter d’enrayer ce mauvais sort, mais rien n’y fit.


Aujourd’hui, en 2012, ces familles ont éparpillé leur sang partout dans le monde en cherchant à fuir. Des enfants continuent à naître en étant anormaux, même si le phénomène s’est légèrement ralenti. Devant ces événements inexpliqués, les jeunes populations dérivent de plus en plus, se perdant dans la violence ou la dépression. La médecine, ne pouvant rien pour eux, les considère comme des cas médicaux qu’il faut étudier et les pousse peu à peu à se sentir traqués et animalisés. Face à tous ces obstacles, le taux de suicide chez les jeunes a augmenté en flèche.

La seule solution pour eux ? Se rendre dans un établissement spécialisé pour les cas de ce genre : la Pension Infernia.

En 1847, une terrible tempête a totalement ravagé Paradise, une petite île au Sud de l’archipel japonaise. Les habitants survivants l’ont alors abandonné, laissant derrière eux leur village autrefois paradisiaque.
Néanmoins, en 2005, un noble nommé Fuu Ogai acheta l’île, et décida d’y construire un pensionnat pour jeunes garçons. Mais avant cela, il a fallut rendre l’île habitable. De nombreux artisans furent donc mobilisés pour déblayer l’île. Seul le village fut laissé tel qu’il était, Fuu hésitant encore s’il pouvait servir ou non.
Six ans plus tard, son pensionnat était construit, et pouvait accueillir ses élèves. Uniquement des garçons. Que ce soit des jeunes voulant fuir le noyau familial, préférant vivre parmi la gente masculine ou cherchant une école à la hauteur de leurs compétences, tous avaient leur place au pensionnat. D’ailleurs, ce dernier fut nommé Paradise, le nom d’origine de l’île.
Fuu Ogai, le directeur du pensionnat, fut jouer sa célébrité pour faire courir de la publicité sur son pensionnat. Les élèves et professeurs ne tardèrent pas à se présenter au petit port de l’île, où ils furent chaleureusement accueillit. Beaucoup de familles étaient charmés par la situation géographique du pensionnat, et de sa qualité. L’ouverture du pensionnat fut tellement médiatisée que ce fut un véritable événement mondial.
La limite d’âge minimum dans le pensionnat est de seize ans, sauf rares exceptions. Les élèves pourront y suivre leur scolarité jusqu’à leur vingt deux ans. Néanmoins, plutôt que former un immense groupe uni, les élèves sont séparés en trois classes bien distinctes : la classe un, regroupant les élèves ni bons ni mauvais, qui prône le pacifisme ; la classe deux, regroupant les élèves qui ne parlent qu’avec leurs poings et qui aiment soumettre les autres ; la classe trois, regroupant les élèves les plus intelligents qui pourtant ne veulent pas s’abaisser devant la classe deux.
Quelle classe rejoindrez-vous ? Les pacifiques de la classe un ? Les terribles de la classe deux ? Les intelligents de la classe trois ? Ou alors préférez-vous faire parti du corps enseignant et du personnel du pensionnat ? C’est à vous d’en décider, en rejoignant le pensionnat Paradise !