Duke s’était montrée très patiente. Elle avait compté jusqu’à trois avant de se diriger vers la porte, c’était un exploit ! D’un pas vif, elle traversa le couloir, levant les yeux au ciel en voyant sa cousine faire demi-tour pour fermer la porte. De toute façon, Orchid finirait bien par y aller, pourquoi vouloir à tous prix fermer cette foutu porte ?! C’était vraiment stupide d’être maniaque à ce point.
« Hé... On va où comme ça, dis ? J'aimerais bien aller voir la serre, ça fait longtemps... Sinon, les jardins ? »
La demoiselle aux cheveux roses se contenta d’un mouvement de cheveux en guise de réponse. Elles n’avaient pas le temps de discuter, elles n’auraient qu’à y réfléchir plus tard ! Elle ne savait pas pourquoi, mais Color l’énervait. Pourtant elles avaient passé un bon moment dans la chambre, elles s’étaient vraiment amusées. Mais ses petites fées chantaient dans ses oreilles, avec leurs voix criardes qui sifflaient qu’elle n’avait besoin de personne, qu’elle était la perfection incarnée et que cette fillette ne faisait que la ralentir dans son ascension vers la gloire. Les escaliers qu’elle dévalait sans se soucier de tomber, sa jambe droite qui claquait lorsque son rythme de marche était trop soutenu, elle n’en avait rien à faire. Elle voulait aller aussi vite que le vent, oublier qu’elle était faible et qu’elle serait à jamais clouée au sol.
D’un mouvement brusque et empli de violence, elle ouvrit la porte qui menait à l’extérieur. Le soleil la calma légèrement, peut-être était-elle seulement en manque de vitamine D. Elle ralentit un peu, commençant enfin à se demander par où elle devait aller, et entendit un bruit sourd derrière elle. Elle se tourna et dévisagea sa cousine qui se trouvait à présent les quatre fers en l’air. Elle resta un moment sans savoir quoi faire. Bizarrement, dans cette situation, ses petites fées n’étaient plus là. Et la voilà qui pleurait à présent. Merde. Qu’est-ce qu’elle devait faire bon sang ?
Elle soupira longuement et s’approcha d’elle avant de lui tendre la main. Sa colère s’était fait la malle, même si elle la trouvait très bête (mais elle était suffisamment généreuse pour ne pas lui dire). Après l’avoir aidée à se relever, elle sécha vigoureusement ses larmes et ôta la poussière et la terre de ses vêtements, priant pour qu’ils ne soient pas troués. Heureusement, ils n’avaient rien, sinon Color aurait enduré un sermon dont elle se serait souvenu jusqu’à sa mort.
« Allons allons... Pleure pas comme ça, tu vas faire couler tout ton maquillage ! T’es vraiment impossible Claire ! »
Tiens. Ça faisait longtemps qu’elle n’avait pas appelé sa cousine par son vrai nom. Elle regarda discrètement derrière son épaule pour vérifier qu’il n’y avait personne, c’aurait été embêtant que quelqu’un apprenne la vérité à cause d’une bête distraction... Puis elle se pencha pour examiner son genou.
« Oulalaaaa tu t’es pas ratée dis donc ! Ça pisse le sang ! Comment tu vas faire, c’est impossible à cacher avec du fond de teint ce truc ! Encore, un bleu, ça passe, mais là c’est grave mort ! »
Duke ou l’art d’encourager les gens. Elle sortit mouchoir de la poche de son short et le pressa contre la blessure, sans même se soucier d’être délicate. Au moins, ce n’était pas trop profond, elle pourrait certainement continuer à marcher pour aller dans les jardins, mais elle préférait ne pas tacher ses vêtements... C’était SES vêtements, vous comprenez ? Elle prit la main de la petite brune pour la poser sur le bandage improvisé, elle en avait marre d’être penchée. Elle se redressa difficilement, sa jambe artificielle grinçant un peu après avoir été pliée à 90 degrés.
« Je résume : on attend que ça arrête de saigner et on y retourne, on a pas de temps à perdre ! Par contre, pour la séduction ça va être un peu raté avec ton genou déchiqueté... »
Elle posa son index sur ses lèvres rosées, se demandant comment régler cette histoire et... Elle eût l’illumination.
« J’ai trouvé ! Bouge pas, je pense que l’hémorragie doit être terminée, tu vois ça valait vraiment pas la peine de chialer pour si peu ! »
Elle retira le foulard qu’elle avait utilisé en guise de ceinture et l’enroula autour du genou de la demoiselle aux yeux rougis par les larmes. Elle laissa bien entendu le mouchoir en place, pas question de mettre du sang sur cette pièce maitresse de sa collection ! En plus le sang ne partait pas bien au lavage !
« Bon. Ça devrait aller comme ça, on bouge ! »
Nouvelle opération : trouver un banc exposé aux regards, de préférence ceux de beaux garçons.
[hrp : Bonjour, ça fait plus de six mois que je dois répondre. Duke va essayer de se réveiller.]
Color
Sujet: Re: All we need is COLOR (suite) Sam 25 Fév - 22:39
J'ai mal. Voilà ce que pensait Color, les mains posées au sol, tout en pleurant toutes les larmes de son corps. Mais où avait-elle réellement mal ? Était-ce son genou qui la tiraillait furieusement à cause de sa chute stupide, ou bien son orgueil qui protestait, piqué à vif par une situation aussi ridicule ? La fillette ne savait plus vraiment. Tout ce qu'elle sentait, c'était son cœur qui se serrait un peu plus à chaque battement, et la pliure de sa jambe qui la brûlait toujours davantage. Enfin, alors qu'elle pensait avoir atteint les tréfonds du trou de la honte, une main vint s'agiter devant son nez. Une main fine, pâle, lisse. Parfaite. Ou plutôt, rendue parfaite par une série de crèmes pour la peau. Une main qui sentait les-dites crèmes. Comme les produits pour bébé. Duke. Toujours en pleurnichant bruyamment, la brunette attrapa la main que lui tendait très très généreusement sa cousine et entreprit tant bien que mal de se relever. Son regard océanique se posa sur ses vêtements, que Dalia entreprenait à présent de dépoussiérer, observant par la même occasion s'ils n'étaient pas abîmés. Heureusement ils n'avaient rien. Dans le cas contraire, Color aurait passé un sale quart d'heure... Enfin, en l'occurrence, elle se fichait relativement des reproches de sa cousine. Elle était bien trop occupée à faire rouler les larmes, de plus en plus nombreuses sur ses joues.
« Allons allons... Pleure pas comme ça, tu vas faire couler tout ton maquillage ! T’es vraiment impossible Claire ! »
Ah. Voilà qui la fit stopper net. Quoique, elle laissa tout de même échapper un hoquet de surprise avant de s'arrêter. Avec un regard légèrement paniqué, l'enfant observa avec soin les moindres recoins les entourant, vérifiant qu'il n'y avait personne près d'elles. Si quelqu'un découvrait son vrai nom... Ouh, elle n'osait même pas l'imaginer ! Elle se voyait déjà dans le bureau de Moriarty, celui-ci pointant son doigt accusateur devant ses yeux, la priant de quitter sur-le-champ la Wammy's House. Horreur et damnatiooooon ! Tout à ses sombres pensées, Color ne remarqua même pas le mouvement de Duke, se penchant sur son genou. Sa voix claire la fit sursauter. Manquant la faire tomber à nouveau. Diantre.
« Oulalaaaa tu t’es pas ratée dis donc ! Ça pisse le sang ! Comment tu vas faire, c’est impossible à cacher avec du fond de teint ce truc ! Encore, un bleu, ça passe, mais là c’est grave mort ! »
A nouveau, la fillette sentit les larmes lui monter aux yeux. Encore davantage lorsque Dalia pressa un de ses mouchoirs contre sa blessure tout juste ouverte. Aïe. La délicatesse n'était pas la qualité principale de sa cousine. Serrant les dents pour ne pas laisser échapper de nouvelles gouttes salées, Color laissa Duke lui empoigner la main pour la coller sur le pansement improvisé. Elle devait en avoir marre de rester accroupie. C'était tout à fait le genre de Duke. D'ailleurs, elle ne tarda pas à se relever, confirmant l'hypothèse de la petite brunette. Avec un grincement. Le grincement de sa jambe de fer. Jambe artificielle. Jambe en toc. Fausse jambe. Méchante jambe. Color ne l'aimait pas bien. Elle lui rappelait beaucoup de chose. Peur. Colère. Incompréhension.
« Je résume : on attend que ça arrête de saigner et on y retourne, on a pas de temps à perdre ! Par contre, pour la séduction ça va être un peu raté avec ton genou déchiqueté... »
L'enfant souleva un de ses fins sourcils. Elle comptait vraiment aller draguer quelqu'un ? Dans la Wammy's House ? Mais... Elles connaissaient déjà presque tout le monde ! C'était un peu idiot, non ? Enfin. De toute façon, elle savait pertinemment que quoi qu'elle dise, Duke ferait ce qu'il lui plairait... Donc Claire se tut. Et attendit la suite. Comme elle savait si bien le faire.
« J’ai trouvé ! Bouge pas, je pense que l’hémorragie doit être terminée, tu vois ça valait vraiment pas la peine de chialer pour si peu ! »
Color tiqua. Elle n'aimait pas le terme « chialer ». Ça lui donnait l'impression d'être une pure idiote, une cruche de service qui pleurait à la moindre occasion. Alors qu'elle faisait si souvent attention à ne pas laisser déborder sa tristesse... Justement pour ne pas embêter les autres ! C'était un peu rageant. Mais encore une fois, elle laissa couler. Alors qu'en tout autre situation, elle se serait tout au moins un peu énervée, là elle resta silencieuse, se contentant d'afficher une mine vaguement boudeuse tandis que Duke tentait tant bien que mal de faire tenir son mouchoir avec un foulard. Oui, Color garda les lèvres closes. Pourquoi... Pourquoi ?
« Bon. Ça devrait aller comme ça, on bouge ! »
La fillette laissa échapper un soupir. Et puis, tout en suivant sa cousine qui avait repris sa marche effrénée à travers le parc, elle se posa des questions. Elle se demanda pourquoi elle était aussi flexible avec Duke. Elle se demanda pourquoi elle ne cherchait jamais à lui dire « non ». Silencieuse comme jamais, elle chercha comme elle le pouvait des réponses à ses interrogations. Peut-être qu'elle agissait de la sorte parce que... Parce que Duke était différente ? Elle avait un sale caractère, se prenait pour la reine du monde, ne pensait qu'à ses ongles et aux dernières tendances. Elle était la membre numéro un de la radio langue de vipère. Et elle était souvent rêche avec Color. Et pourtant. Pourtant ! Elle était spéciale. Elle était sa cousine, celle avec qui elle avait passé des heures à jouer. Celle sur qui, malgré tout, elle pourrait toujours compter. Celle qui la rendait folle, triste et heureuse tout à la fois. L'unique membre de sa famille encore en vie. Un membre avec une jambe cassée, mais un membre quand même. Inestimable. Et même si elle n'oserait jamais le dire tout haut, Claire l'aimait vraiment. Terriblement fort. Avec ses bons et ses mauvais côtés – de toute façon elle n'avait pas le choix. Reniflant légèrement, la fillette essuya ses cils encore trempés et laissa un petit sourire éclaircir son visage. Dans un geste machinal elle glissa ses mains dans ses poches, continuant son chemin jusqu'à arriver près du banc où sa cousine avait établie son camp. Lentement elle alla se poster face au siège en bois délavé ; Duke occupant toute la place en étendant largement ses jambes sur toute la longueur du banc. Quelques rayons de soleil vinrent l'éblouir, l'obligeant à plisser ses yeux et à poser sa main en visière sur son front. Enfin. Oui, enfin. Elle prit la parole. Ses intonations encore enfantines allèrent se glisser sur le chemin d'une brise à peine perceptible.
« Merci. Pour ton foulard. C'est gentil. »
Avec une infinie précaution, elle décala légèrement les jambes de Duke pour pouvoir se laisser une petite place. Une fois ceci fait, elle se laissa tomber sur le banc à côté de sa cousine, profitant du soleil. Elle se sentait plutôt bien, à présent. Son genou la picotait encore un peu, il lui faudrait désinfecter en rentrant. Mais la présence de Dalia à ses côtés la rendait légère. Elle se sentait moins triste. Moins effrayée par le monde. Elle avait beau savoir que sa cousine était la pire prétentieuse au monde, elle ne pouvait pas s'en passer. Terrible.
« Alors ? C'est quoi la suite du plan ? On attend que des garçons daignent nous passer devant et nous adresser la parole ? Ou alors on se laisse bronzer ? Je ne suis pas contre la deuxième solution, mais le soleil n'est pas toujours bon pour la peau. A toi de voir. »
Oui, voilà. C'était à Duke de décider de la suite. Parce que quoi qu'il puisse arriver, Color la suivrait. Ne serait-ce que pour la rattraper au cas où il lui arriverait quelque chose.
Invité
Sujet: Re: All we need is COLOR (suite) Mer 21 Mar - 22:00
Ses yeux s’illuminèrent. Un banc. Un banc même pas tagué, sans gravures, sans "xxx loves xxx" au feutre noir, légèrement à l’ombre. Parfait. Certes, il était un peu vieux, et la couche de vernis sur le bois s’écaillait par endroits. Mais elle n’allait pas faire la fine bouche. En quelques pas elle se trouva sous le saule pleureur qui l’abritait du soleil et elle s’assit sur cette apparition divine. Enfin, "s’allongea" serait plus juste vu la place qu’elle prenait avec sa pose de pin-up, laissant à peine une petite place pour sa cousine aux yeux rougis.
« Merci. Pour ton foulard. C'est gentil. »
Elle passa sa main dans ses cheveux d’un air très faussement modeste, mimant un « Mais de rien voyons, c’est tout naturel ! ». Elle rouspéta un peu lorsque la petite brune décala sa jambe dans l’espoir d’obtenir une place sur le banc mais s’arrêta rapidement dans son injonction, à l’affût du moindre beau gosse à draguer.
« Alors ? C'est quoi la suite du plan ? On attend que des garçons daignent nous passer devant et nous adresser la parole ? Ou alors on se laisse bronzer ? Je ne suis pas contre la deuxième solution, mais le soleil n'est pas toujours bon pour la peau. A toi de voir. »
Claquement de langue agacé et roulement d’yeux dans les orbites. Ce que Color pouvait être stupide parfois ! Elle se redressa de sa position spéciale attrape-garçon et dit sur un ton qu’elle voulait mature et professionnel :
« Color Color Color... Ma paûûûvre enfant, ce que tu peux être naïve ! »
Elle s’approcha rapidement, son index s’enfonça sur le buste de la brunette tandis que ses yeux plantés dans les siens lançaient des éclairs.
« On attrape pas les mouches avec du vinaigre, le bleu ! Tu penses VRAIMENT qu’un garçon va s’approcher de nous comme ça, en claquant des doigts ? Bon, j’avoue qu’avec ma beauté ce ne serait pas vraiment étonnant, et puis je dégage une aura tellement merveilleuse que les garçons ne peuvent pas détacher leur regard de moi, hahaha ! MAIS ! Les garçons sont de grands timides ! Je parais si inaccessible, tu vois ? Ils osent pas ! Alors il faut leur donner un bon coup de pie- coup de main je voulais dire, coup de main. Capito ? »
Elle reprit sa respiration après ce sermon incompréhensible et retourna à la chasse. Elle resta dans cette position inconfortable pendant presque un quart d’heure puis abandonna et s’assit normalement, commençant à avoir des crampes. Elle allait se mettre à gueuler « PUTAIN MAIS POURQUOI YA PERSONNE MERDE !! » pour se défouler quand elle entendit des pas faisant crisser les graviers de l’allée, à quelques mètres. Elle cessa littéralement de respirer. Une chevelure rousse apparut devant elle, pour le plus grand bonheur de notre adolescente qui passa de l’énervement à l’excitation en quelques secondes d’intervalle.
« Go Color ! »
Elle attrapa le bras de sa cousine et la tira brutalement à sa suite. Elle se dirigea droit vers le garçon au bandeau sur l’œil et l’aborda avec un sourire charmeur.
« Alors beau gosse, on se promène ? Ca te dirait de passer un moment en charmante compagnie ? »
Sourire Colgate et clin d’œil ravageur. Color aurait beau se débattre pour aller se cacher dans le trou de la honte, Duke ne lâcherait pas son bras.