L'air est frais, la légère brise caresse le visage angélique de Hugh, les yeux fermés, il est ailleurs, peut-être dans un monde plus clément, peut-être flottant dans l'espace, seul. Juste un peu de répit, après cette longue journée de cours, il lui faut un peu de temps. Du temps pour quoi? Lui même l'ignore mais il est bien, là, sous la voûte céleste, passif, apaisé. Son écharpe bleu s'élève mollement par moments, ses cheveux bouclés s'agitent timidement? Il fait le bilan. Il ne s'est rien passé de spécial aujourd'hui, pas de mauvaise blague, pas d'agitation plus qu'à l’accoutumée sauf peut être cette fille qu'il a eu l'occasion d'apercevoir à maintes reprises au cours de la journée mais c'est nécessaire pour Hugh, ce moment de récapitulatif, c'est un rituel rassurant.
Inspirant, expirant profondément, le temps file et cette solitude de quelques minutes lui fait du bien. Il ouvre enfin les yeux, perçant le ciel de ses yeux teintés d'un bleu d'une intensité rare. Il doit être tard, il est temps de rentrer. Il se lève, prenant son temps pour retourner à l'intérieur, profitant des derniers instants de fraîcheur du soir avant un confinement prolongé jusqu'au lendemain. A l'intérieur, ça sent l'agitation, les corps, les gens, la sueur aussi, un certain dégoût envahit le jeune homme, non pas qu'il soit associable mais certaines choses comme la foule lui sont inconfortables. Esquiver les corps, ne pas marcher sur les pieds des autres, rester droit, ouvrir la porte aux femmes, même si elles le toisent d'un regard parfois mauvais ou méprisant, Harmless est ainsi, poli jusqu'au bout. Il parcourt donc les couloirs jusqu'à sa chambre mais sur son chemin, il croise la porte de l'observatoire et la tentation est grande, le ciel est particulièrement dégagé ce soir, c'est l'occasion de contempler l'espace dans toute sa splendeur, de permettre à ses yeux d'absorber toute cette lumière si loin de lui, accessible que par le regard et jamais par le toucher. L'espace, les étoiles, cet univers si loin et si près à la fois, il n'y a rien de plus fascinant, plus on observe loin, plus on remonte le temps, voyant les corps célestes tels qu'ils étaient bien avant sa naissance, un livre ouvert sur l'histoire.
Timidement, il ouvre la porte. Un grincement faiblard se fait entendre, la pièce est vide, il entre. L plancher craque péniblement sous ses pas, Hugh scrute la pièce sous tous ses angles, même s'il s'y était déjà rendu par le passé. Chaque porte s'ouvre sur une découverte ou une redécouverte, c'est ainsi que va sa pensée. L'année, la saison, l'heure influence sur la perception d'un même lui et le rend infiniment différent à chaque nouvelle appréhension pour peu qu'on veuille vraiment le voir. Une fois de plus, son regard est aspiré par le plafond transparent qui inonde la pièce de lumière malgré la nuit.
Il fait bien plus chaud à l'orphelinat que dehors, ainsi, Harmless se déleste de son écharpe et de son long manteau, dévoilant ses vêtements toujours aussi élégants qu'à son habitude, et les pose religieusement sur un chaise non loin de lui. Il fixe ce fantastique appareil qu'est le télescope, malgré lui, son esprit lui rappelle les composants de l'objet, son fonctionnement et diverses informations liées au mot "télescope". D'un souffle mental, il balaie toute cette pollution intellectuelle et se lance dans l'admiration du toit du monde.

"Nous sommes si petits, si insignifiants dans cet univers infini."