Choisir une seule et unique réponse à chacune des questions ci-dessous en supprimant les réponses inutiles. Cette zone sera par la suite éditée par un membre du staff qui vous communiquera ainsi votre classe.


Définissez vous en une phrase.

1. Non.
   

Vous offrirez quoi à Noël à votre meilleur ennemi ?

1. Le DVD d'Ed Wood par Tim Burton.
   

Parmi ces livres ci-dessous, lequel serait le plus susceptible d'être votre livre de chevet ?

1. Harry Potter de J.K Rowling.
   

Ce que vous devez impérativement arrêter de dire. Sérieusement.

1. « Je comprends ce que tu ressens... »

La petite manie dont vous vous passerez bien ?

1. Faire des private jokes.

Il y a forcément quelque chose que vous auriez dû faire depuis longtemps et n'avez toujours pas fait.

1. Faire mes devoirs. Mais je les ai jamais fait, commencer maintenant serait pas judicieux pour ma réputation.
   

"-Nous l'appellerons Judith.
-Bien, madame Blade. Peut-être voudriez-vous qu'on vous laisse vous reposer, à présent ? Votre mari a été prévenu.
-Oui, merci bien."

Après un dernier regard pour le bébé qui gesticulait faiblement, tout juste lavé du sang qui souillait sa peau neuve, Andromède Blade ferma les yeux. Le poids de sa fille cessa de peser sur son corps rendu moite par l'effort que l'accouchement avait nécessité, et elle put enfin respirer presque librement.
Presque parce qu'elle savait que son soi-disant cher et tendre époux ne prendrait pas la peine de quitter son précieux travail pour venir ne serait-ce qu'apercevoir son enfant. Elle s'était juré de ne jamais se plaindre de l'absence presque continuelle de celui qu'elle avait tellement aimé.
A présent, elle reporterait cet amour sur Judith.



"-Judith chérie, vient souffler tes bougies !
-J'arriiiiiiiive !"

Confortablement installée sur un canapé en compagnie de ses quatre chats, une petite fille gardait de grands yeux rivés à l'écran de télévision gigantesque qui recouvrait presque la moitié du mur qui lui faisait face. Des personnages s'y mouvaient, colorés, en criant des mots passionnés. C'était presque la fin du film qu'elle suivait avec la même attention depuis bientôt deux heures.

"Il faut qu'j'vous tue ! Ou il me tu...
- JUDITH, viens maintenant !"

Avec une grimace, l'adorable rouquine essaya de ne pas se laisser troubler par les interventions. Pourtant, il était déjà trop tard ; le film avait déjà perdu de son intensité et le charme des acteurs ne l'atteignaient plus. Dépitée, elle repoussa les coussins qui la soutenaient et s'avança en traînant les pieds vers la gigantesque salle de séjour d'où sa mère l'appelait.

"-Tu en as mis du temps.
-Je regardais Harry Potter et le prince de sang-mêlé. Tu as coupé une réplique de Drago.."

Andromède Blade eut un soupir. Elle savait qu'aux yeux de sa petite fille, elle venait de commettre un crime qu'elle ne lui pardonnerait pas tout à fait facilement. Judith accordait un rang presque sacré à la plupart des choses qui lui plaisait, et ne tolérait aucun désagrément quand elle s'y adonnait. Depuis six ans de vie commune, Andromède ne comprenait pas sa progéniture et ne disposait d'aucun moyen pour mieux appréhender la situation.

"-Je suis sincèrement désolée, chérie, tu le regarderas de nouveau un peu plus tard. Tu ne veux pas fêter ton anniversaire ?
-Papa ne vient pas ?"

Devant le regard soutenu de l'enfant, elle eut honte. Non, son père ne viendrait pas, ne viendrait jamais, ne se souviendrait seulement jamais de son anniversaire. Il était totalement inutile d'espérer. Son époux avait mieux à faire que de s'occuper de sa famille. Savait-il seulement qu'il en avait une ? Il faisait parvenir au domicile de sa femme, tous les mois, un colis contenant un ours en peluche (Il avait dû lire qu'il suffisait d'offrir des peluches pour faire figure de bon père dans l'un de ses manuels de bon directeur de société), un chèque onéreux, et c'était tout ce qu'on savait de lui.

"-I..Il a eu un empêchement.
-Oh.."

Une déception déchirante se peignit sur le visage de la petite fille qui baissa les yeux avant de s'avancer, souffler rapidement ses bougies et s'en aller sans demander son reste, laissant sa mère seule et désemparée.

Judith revenait, en fredonnant doucement, de sa leçon de tir à l'arc hebdomadaire. Elle en faisant depuis trois ans, à présent, et on lui répétait sans cesse qu'elle était extraordinairement douée. Ses flèches se fichaient, après une courbe gracieuse, dans le cœur de la cible, quelle qu'en fût la distance. D'un côté, l'adolescente en était flattée (bien qu'elle ait choisi ce sport uniquement pour imiter le héros du jeu vidéo The legend Of Zelda qu'elle avait terminé une bonne centaine de fois depuis que sa pauvre mère avait eu le malheur de lui offrir), de l'autre, elle ne voyait pas ce qu'il y avait de difficile à viser.

En fait, tous les compliments que Judith recevait, elle les trouvait immérités. Que ce soit concernant sa soi-disant beauté (Bien qu'elle se trouvât très jolie), ses résultats scolaires largement au-dessus de la moyenne ou ses facultés en tir, elle répétait inlassablement que ce n'était pas de sa faute et qu'elle n'avait absolument pas choisi d'être aussi extraordinaire. Elle aurait préféré être quelqu'un comme les autres ; Une fille banale, peut-être, mais avec des parents unis.
Cela devait faire quelques mois tout juste qu'elle avait compris ce qui clochait dans sa vie. Deux déceptions d'un coup : l'adolescente n'avait pas reçu la lettre de Poudlard qu'elle attendait avec ferveur, et brusquement réalisé que son père n'avait qu'à peine conscience de son existence.
Si l'on exceptait ce que sa chère maman acceptait de lui raconter si elle insistait beaucoup, Judith ne connaissait rien de son géniteur. Elle l'avait aperçu deux fois : lorsque sa mère avait été hospitalisée et quand un terrible incendie avait ravagé leur maison, il y avait à présent un an de cela.

Il avait le physique qu'on attend du prince charmant. Blond, sourire faux et étincelant, yeux brillants, l'apparence d'un homme qui aurait pu poser en couverture d'un magasine. En premier lieu, sa propre fille l'avait pris pour un colporteur et lui avait refermé la porte au nez, avant de voir sans comprendre qu'il possédait un double des clés. Il était entré, l'avait dévisagée avec l'expression amicale et polie de quelqu'un qui ne comprend pas ce qu'il se passe et avait continué son chemin.
Ensuite, sa mère avait été hospitalisée de plus en plus souvent par la suite. Pourtant, l'homme qui ressemblait à un mannequin n'était jamais revenu.

Judith rit doucement, son arc posé sur son épaule, et avança d'un pas mal assuré sur le chemin.

A intervalles réguliers, Judith ouvrait la bouche et ne trouvait rien à dire ; les mots lui manquaient comme la vie avait manqué à sa mère avant de la quitter définitivement trois jours plus tôt, alors que sa fille lui tenait la main dans la chambre d'hôpital impersonnelle à en vomir.
Ses derniers mots avaient été "Je t'aime, Judith."

A l'enterrement, par ce doux après-midi d'été, l'adolescente n'avait pas pu se résoudre à prononcer "Je t'aime, maman." debout devant la tombe encore descellée. Judith détestait les cérémonies.
Son père était arrivé en retard. Sans même s'excuser ni saluer personne, il s'était approché du cercueil, avait déposé une rose sur le couvercle et s'était lancé dans une tirade qui ressemblait plus à un discours de réunion politique qu'à quoi que ce soit d'autre. Judith ne put en percevoir que la fin "...Nous avons commis des erreurs ensemble. Je n'ai pas pu toutes les effacer, Andromède. Compte sur moi pour arranger ce que tu as laissé."

Il l'avait regardée, cette "erreur" dont il semblait parler comme d'une tâche sur la chemise qu'il s'apprêtait justement à porter, et puis il était parti.
Judith fondit en larmes.
Seule dans son salon, son corps gracile étendu sur de nombreux coussins, Judith suivait les informations avec amertume.

"Scandale de société : le grand directeur politique Stephan Blake disparaît dans la nature avec sa secrétaire, âgée de dix ans de moins que lui.. Son appartement utilitaire a été fouillé, sans aucun résultat..."

D'un mouvement lassé, l'adolescente appuya sur la télécommande et l'écran redevint noir. Elle se posait des questions ; théoriquement, la police aurait dû venir l'interroger. A ce qu'elle savait, c'était son père qui payait les charges ainsi que les impôts de la maison qu'elle occupait. Pourtant, rien n'était venu.
Cela faisait bientôt sept mois qu'elle avait appris à se débrouiller sans l'aide de personne. Son géniteur continuait à lui faire parvenir des chèques afin de subsister, et elle se rendait d'elle-même au collège.
C'est d'ailleurs dans ledit collège que l'assistante sociale finit par la rattraper.

"-Judith, tu ne peux pas continuer comme ça. Ta mère n'est plus là et il est parfaitement inutile d'attendre quoi que ce soit de ce sa...De ton père. Nous allons te placer quelque part."

Installée, bien droite sur sa chaise, un sourire quelque peu forcé aux lèvres, l'adolescente ne prononça pas un mot. Elle savait pertinemment que ça allait arriver, et s'était peu à peu détachée de tout ce qui pourrait la retenir. Elle avait éloigné ses amis proches, s'était querellée avec un garçon qui lui plaisait pour un motif stupide et avait caché tout ce qu'elle aimait dans une boîte qu'elle conservait toujours sur elle. Des dés, un jeu de cartes, une peluche, des boucles d'oreilles, quelques DVDs, un jeu vidéo, un pendentif. Et elle emportait son carquois et son arc partout où elle allait.

"-Nous t'avons trouvé un endroit très bien. Vu tes facultés mentales, tu pourras rejoindre l'élite. Ils t'appelleront par un nom différent du tien. Tu as une idée ? Ca doit commencer par la première lettre de ton prénom.
-Juice, souffla Judith (que plus personne n'appellerait plus ainsi) en posant son regard au hasard sur une brique de jus de pomme déposée sur le bureau où s'appuyait la dame qui parlait avec une douceur feinte.
-Très bien, Juice. Tu y seras intégrée dans quelques semaines."

Baissant les yeux, l'interpellée s'abstint de répondre, en songeant à ce que sa vie allait devenir.