Your tragic fate is looking so clear

IT'S YOUR FUCKING NIGHTMARE.

Pffff, qu'est-ce que tu te fais chier.

Tu dors mieux en ce moment, ton dos a fini par récupérer de ce que lui a infligé Shiney, alors il t'embête plus la nuit en t'empêchant de trouver le sommeil. Ça doit être plus agréable pour Green aussi, vu que tu es désagréable quand tu n'as pas assez dormi et qu'en plus on te réveille. Déjà que tu es désagréable quand on te réveille... Bon d'un autre côté t'es tout simplement rarement agréable. Alors forcement.

Bon mais en tout cas, aujourd'hui t'as eu presque ton compte de sommeil. Presque. Parce qu'il reste encore tout le sommeil que tu as perdu qui te court sur le haricot et te rend de mauvaise humeur. Tellement que tu n'as pas la tête à jouer à Pokemon, que tu fais n'importe quoi et que ça t'énerves encore plus. T'as même essayé de te passer de l'eau sur le visage, de prendre une douche froide, mais ça n'a rien changé ; t'as définitivement pas la tête à jouer aujourd'hui. Alors t'éteint ta ds, la balançant au milieu de tes peluches, et te laisse tomber sur le dos sur ton lit pour fixer le plafond. Tu devrais tenter de faire une sieste. C'est ta dernière solution. En espérant qu'elle fonctionne. Tu te redresses, enlève ton haut ─ parce que tu as toujours trouvé ça désagréable, de dormir avec un t-shirt ─ et te fout sous tes draps et tes peluches en fermant les yeux.

Mais y'a pas que ton dos qui t'empêche de dormir, ces derniers temps. Tu te demandes comment va Shiney, depuis sa dernière agression. Non parce que, toi tu vas mieux, alors t'aimerais bien qu'il aille mieux aussi, comme ça vous pourrez vous taper dessus en toute équité et vos égos seront contents. Y'a aussi le fait que tu penses à Shiney qui te dérange. C'est vrai, tu devrais t'en foutre totalement du roux. Tu devrais te contenter de te dire, tant mieux si il va bien comme ça tu peux le taper, tant pis si il va pas bien et tu remettras ta vengeance à plus tard. Mais non, non, c'est pas le cas. Tout ça, ça te donne mal à la tête.

Faut que tu t'enlèves ces pensées de la tête si tu tiens absolument à dormir.

En tout cas, tu sens que t'es fatigué, t'arrives pas à te convaincre d'ouvrir les yeux. T'as toujours trouvé cette sensation bizarre, celle qui précède le sommeil, tu te sens lourd et.

… C'était quoi ce bruit ?

Tu grognes ; il semblerait que quelqu'un vienne de toquer à ta porte. Qui, t'en sais rien et tu t'en fous. T'as envie de le laisser à la porte, sans lui dire d'entrer ni même d'ouvrir. Tu veux juste dormir quoi, bordel, c'est trop demandé dans cet orphelinat ?

Mais le coup donné sur la porte était tellement faible que ça t'as intrigué. Qui pourrait taper aussi doucement à ta porte, hein ? Peut-être que c'était quelqu'un venu voir Green. Bof, tu t'en fous. Tu vas te lever, voir qui c'est, lui dire de revenir plus tard parce que Green est pas là actuellement, ou envoyer la personne chier si elle était venue pour toi parce que putain, tu veux dormir là, ensuite tu vas fermer la porte sans attendre de réaction et retourner te coucher. Oui, voilà, ça va se passer comme ça. Tu te lèves en grognant, vu le scénario il est inutile de remettre ton haut.

Tu ouvres la porte.

Ces cheveux roux, là, ils te disent quelque chose.

« Shiney... ? »

Shiney. Shiney qui sourit. Shiney qui tombe, et que tu rattrapes de justesse.

Shiney qui est dans un très, très mauvais état.

Tu ne t'es même pas rendu compte du « SHINEY ! » qui est sorti de tes lèvres quand tu l'as rattrapé. Il est sorti tout seul, il n'a pas été commandé par ton cerveau. En fait ton cerveau est trop sonné et trop occupé à tenter de comprendre ce qu'il se passe pour penser à commander quoi que ce soit à ton corps.

Tout ce que tu comprends, c'est que Shiney est actuellement dans un état lamentable, et qu'il devrait se reposer, là.

Alors tu le soulèves, le porte jusqu'à ton lit et le pose au milieu des peluches pokemon. Tu prends un peu de recul, t'éloignant d'un pas et demi de ton lit, et t'observes l'étendue des dégâts.

C'est pas beau à voir.

Tu sais pas comment réagir. C'est la fanfare des réactions, émotions et sentiments actuellement, dans ta tête, alors tu restes figé. T'es partagé entre l'envie de lâcher un « Oh putain... » celle de secouer Shiney, à moitié paniqué, pour le réveiller et lui demander ce qui lui est arrivé, celle de courir chercher quelque chose pour le soigner, celle de partir à la recherche des mecs qui lui ont fait ça pour les tabasser et les enterrer vivant, celle de. Tu sais pas quoi faire, alors tu te contentes de le regarder, choqué, sans comprendre.

Qu'est-ce qu'il lui est arrivé ?

Si Green était là, à deux vous auriez peut-être su au moins quoi faire. Là tu sais pas. T'es pas infirmier toi, mais tu te doutes au moins que le laisser comme ça c'est pas une bonne idée. Parce que ses saignements vont pas s'arrêter tout seuls, hein. Bon, peut-être que si. Mais peut-être qu'ils s'arrêteraient trop tard. A ce rythme il va tuer ton lit et tes peluches pokemon au passage.

… Tu devrais te pendre pour oser penser à tes affaires dans un moment pareil. Non, mieux, te flinguer.

Ça aura au moins eu le mérite de te remettre à peu près les idées en place, et maintenant tu sais quoi faire. Tu cherches dans ta chambre, mais tu trouves rien de ce qu'il te faudrait. Alors tu grimaces, regardes une dernière fois Shiney en espérant qu'il ne va pas crever entre temps, ni se réveiller et tenter de se casser, et tu sors en courant de ta chambre après avoir attrapé un haut que tu enfiles au passage. Tout droit vers l'infirmerie.

T'as dû bousculer un nombre improbable de personnes, au passage. A la limite si tu criais pas « Poussez vous je suis Shape » en courant dans les couloirs. T'as faillit tabasser un mec d'à peu près ton âge en lui demandant c'était par où l'infirmerie, même. Il a pas osé te faire chier et t'a répondu direct, l'air paniqué. Tu peux pas savoir comme tu faisais peur, avec ton propre air paniqué. On croirait que tu serais prêt à tuer pour avoir ce que tu veux. … Ça doit pas être très faux.

T'étais à la limite de dévaliser l'infirmerie, mais tu t'es retenu, t'aurais jamais pu emporter tout. T'as complètement ignoré l'infirmière et tu l'as envoyée chier quand elle a tenté de te retenir de partir en te demandant ce qu'il se passait. T'as pas besoin d'elle, putain ! Bon, si, t'as besoin d'elle. Mais là t'es trop focalisé pour songer au fait que t'as besoin d'aide, que tu t'es encore jamais improvisé infirmier et que tu vas avoir du mal à t'en sortir si tu te calmes pas très vite. Tant pis. Tu verras plus tard, quand tu te seras assuré que Shiney n'a pas encore rendu l'âme.

A ce rythme il va vraiment finir par crever des mains de quelqu'un d'autre que toi.

Tu refuses ce fait. Tu vas tuer tout ceux qui en veulent à Shiney, comme ça tu seras tranquille.

Faut croire que ta panique s'est transformée en rage.

Une fois revenu dans ta chambre, t'as contrôlé que l'état de Shiney ne s'était pas trop aggravé ; apparemment non, ça allait comme juste avant ton départ. Alors t'as regardé tout ce que t'avais ramené qu'il te fallait. Peut-être que tu n'avais pas tout, peut-être que t'avais pris des trucs inutiles, tu t'en fiches, au pire tu improviseras. Enfin, t'as pas trop le choix.

Tu lui enlèves son sweat déchiré, parce que sinon t'arriveras à rien, et tu te tuerais bien d'avoir eu des pensées pour le moins étranges en faisant ça. Heureusement que t'as remis un haut sinon ça aurait été pire.

Tu désinfectes les blessures sur son torse, un peu maladroitement, t'es pas très à l'aise, en fait. Et puis tu te demandes, comment il a pu avoir des blessures pareilles ? On a tenté de le découper au couteau ou quoi ? Et puis t'as remarqué les marques sur son poignet aussi. A croire qu'on l'avait attaché.

T'oses pas trop le bouger, t'as entendu dire que c'est pas une très bonne idée de bouger les gens évanouis, ou un truc du genre, c'est pas le moment de réfléchir à des conneries pareilles. Tu sais pas ce qu'il lui est arrivé, si ça se trouve il a un truc cassé, et t'as pas trop envie d'empirer le tout parce que sinon tu saurais vraiment plus quoi faire. Faudrait que tu l'emmènes à l'infirmerie. Après. Quand il sera réveillé.

Mais les gens qui lui ont fait ça pourraient aller le chercher à l'infirmerie pour l'achever. Ici ils viendront jamais le chercher, t'es censé être un de ses ennemis aussi ─ même si c'est la deuxième fois que tu lui sauves la vie, ou tente, au moins. Tu devrais peut-être ramener l'infirmière à la place. Mais plus tard, quand il sera réveillé.

Tu panses ses blessures, t'as un peu de mal parce que t'as rarement fait ça et puis t'essayes d'éviter de le bouger, aussi, éventuellement. Ce qui t'embête parce que t'aimerais bien vérifier qu'il est pas blessé dans le dos non plus. Tu le feras quand il se réveillera.

Si il se réveille.

Tu grognes et chasses cette dernière pensée de ton esprit en secouant la tête. Bien sûr qu'il se réveillera. Sinon. Sinon il mérite pas que t'aie envie de lui casser la gueule. Même si à force c'est plus lui que t'as envie de frapper, mais tout les bouffons qui s'en prennent à lui.

Tu t'assieds sur ton lit, à côté de lui, et soupires. T'as fait ce que tu pouvais, enfin tu penses, peut-être que t'as oublié de faire quelque chose, tu sais pas. T'en as marre de t’inquiéter, de réfléchir, tout ça. Alors t'attrapes ton briquet et ton paquet de cigarette, t'en sors une et tu l'allumes. Ça va te détendre en attendant que le roux rouvre les yeux.

Mais putain, tu voulais juste pioncer toi, à la base.

But our life's made up of choises

SOME WITHOUT APPEAL.

Ça fait combien de temps qu'il est là, évanoui sur ton lit ? Tu sais pas. T'as arrêté de compter les minutes quand t'as vu ta ds, perdue au milieu de tes peluches, pendant que tu remplaçais sur ton lit celles qui en étaient tombées quand tu t'es levé. Alors t'as attrapé ta ds, et tu t'es mis à jouer. Mais t'avais pas la tête à jouer. Tout ce que tu voulais, c'était que Shiney se réveille. Mais t'as joué quand même.

C'était le seul moyen de faire partir le roux de ton esprit.

T'as joué quand même, gagnant tes combats avec plus de difficultés qu'à ton habitude, mais les gagnant quand même. T'as changé plusieurs fois de versions, à la recherche d'un truc intéressant à faire sur l'une d'elle. C'est ça l'avantage d'avoir toutes les versions Pokemon de sorties. C'est ça l'inconvénient de les avoir presque toutes finies.

T'as fini par trouver quoi faire, finalement, et c'est à ce moment-là que t'as entendu du bruit derrière toi. Ou plutôt, un cri, des gémissements aussi. T'avais presque oublié la présence de Shiney en sale état sur ton lit, du coup tu t'es demandé ce que c'était ; mais tu t'es vite souvenu de ce qu'il s'était passé avant. Avant. Avant que tu ne te fasses profondément chier en attendant, bêtement assis sur ton lit alors que putain, toi aussi t'as envie de dormir un peu. T'aurais dû le faire dormir par terre tiens. Normalement tu devrais pas avoir de compassion pour ton ennemi.

Mais je me demande si on peut toujours dire que, dans ta tête, Shiney est ton ennemi.

Des rivaux, ça s'entraide parfois, non ? Oui, ou en tout cas il n'y a pas tout les rivaux qui ne veulent que la mort de leur rival, et puis les rivaux veulent être le seul à battre leur rival, et puis du coup ils s'entraident et se défendent. Oui, Shiney est ton rival, pas ton ennemi. Alors ce que tu fais est tout à fait normal.

Bonjour, Blake, j'essaye de me persuader que ce que je fais n'est pas étrange en y trouvant à tout prix une raison, enchanté.

Malgré les sons que tu entends provenant de derrière toi, tu ne te retournes pas, t'es en plein combat et tu refuses d'arrêter pour t'intéresser à un Shiney qui, s'y ça se trouve, est tout simplement en train de rêver ─ ou cauchemarder. Si c'est le cas tu pourras toujours réagir et le réveiller quand ça empirera. Qui sait, ça pourrait très bien se calmer tout seul, hein. Tant qu'il n'essaye pas de te tuer, il ne te dérange pas, actuellement. C'est ton rival, t'es pas censé être à son chevet h24 non plus, t'es pas son infirmière attitrée. A cette idée tu t'imagines habillé comme l'infirmière de l'orphelinat et. Non. Moi ça me fait pouffer de rire, mais pas toi. Toi ça te désespère et te dégoûtes. A la limite, Shiney en infirmière, ok. … Non, n'y pensons pas non plus.

Tu songes à fumer une autre cigarette, pour te changer à nouveau les idées. Tu poses ta ds sur tes jambes le temps de récupérer, à nouveau, ton paquet de clopes et ton briquet, et t'allumes un nouvelle cigarette en terminant ton combat.

Voilà, là tu te sens bien.

Puis t'entends un cri.

Tu sursautes, un peu, et fixes droit devant toi un instant en te demandant qu'est-ce qu'il se passe, là. Puis tu souffles enfin ta fumée et te retournes vers le roux, posant ta main libre sur le lit pour avoir un meilleur équilibre.

Ben tiens, il est réveillé en fait. C'était pour ça qu'il faisait du bruit depuis tout à l'heure ou il vient juste de se réveiller après son cri ? Pour le coup tu te sens un peu con là, à le regarder bêtement. A force de fumer, ton cerveau est tellement embrumé qu'il est à côté de la plaque, on dirait.

Tu prends ta ds et la pose sur ta table de nuit pour te relever et te tourner vers lui. T'en as presque oublié ta cigarette qui se consume lentement dans ta main, mais c'est pas le moment de penser à elle. Tu te penches légèrement vers Shiney. Il est pas dans la même position que celle dans laquelle il était quand tu l'as posé sur le lit. T'en conclut qu'il a bougé, et que c'est pour ça qu'il a crié.

« J'crois que pour l'instant tu devrais éviter de bouger. J'sais pas ce qu'on t'as fait mais ça a pas été fait à moitié. »

Tu grognes et tires à nouveau sur ta clope avant de pointer du doigt les divers bandages dont il est recouvert, plus ou moins correctement.

« J'ai fait d'mon mieux pour te soigner mais putain, pourquoi t'es venu me voir moi ? Quoi que c'est vrai qu'ils auraient pu aller te chercher à l'infirmerie pour te finir. »

Tu fronces les sourcils avant de soupirer et sauvegarde ta partie avant de finalement éteindre ta console.

« D'ailleurs tu sais qui sont les bouffons qui t'ont fait ça ? »

Que t’aille leur casser la gueule. On ne touche pas à ton rival.

Where all that's wrong is right

WHERE HATE DON'T NEED A REASON.

Au début, il avait pas l'air de comprendre le pourquoi de ta question. C'est vrai que tu t'es contenté de laisser sous-entendre que tu voulais casser la gueule à des types qui ne t'ont rien fait.

C'est vrai, à toi, ils ne t'ont rien fait. Mais à Shiney, si. Et à ton égo, il lui ont infligé la même chose.

Après, il a sourit. Et son sourire t'as déstabilisé. T'en as oublié ton envie de refaire le portrait aux types qui l'ont mis dans cet état, t'en as oublié ton égo mutilé suite à ces évènements, t'en a oublié ton inquiétude restée tapie au fond de toi. T'as tout oublié, y'avait plus que son sourire. Et quand tu t'es rendu compte de ça, t'as grimacé et détourné les yeux.

T'as même rougit, mais ça tu t'en est pas rendu compte.

« Je sais pas. »

Il sait pas. Tu grognes. Comment tu fais pour assouvir ta vengeance, maintenant ? Tu tires à nouveau sur ta cigarette, et recrache la fumée dans un soupir. Va falloir que tu oublies ton envie de vengeance. Ou que tu épies les gens pour savoir si y'a pas des bouffons qui se marrent de ce qu'ils ont fait subir à Shiney, comme ça tu saurais que c'est eux. T'as juste à espérer qu'ils sont pas trop nombreux. Ni baraqués. Parce que t'as pas trop envie de finir dans le même état que Shiney, quand même. Tu tiens à ta santé toi, c'est pour ça que t'as cherché des noises à personne ─ ou en tout cas très peu de monde ─ pendant que ton dos récupèrait.

Tu regardes à nouveau Shiney, qui s'est presque totalement caché sous ta couette. Il est vraiment dans un état pitoyable, t'aime pas le voir comme ça.

« Ils m’ont foutu un bandeau sur les yeux…Et…l’autre avait un rire d’outre-tombe. »

Ouais, ils voulaient pas que Shiney sache qui étaient ses agresseurs quoi. C'est plus jouissif, de tabasser quelqu'un qui ne sait pas qui tu es et donc pourquoi tu le tabasses. Enfin, ça tu le supposes, tu l'as jamais fait. Tu pourrais expérimenter ça tiens. Faudrait juste que tu fasses un peu voir beaucoup de musculation avant quand même. Cette idée te fait grimacer.

T'étais sur le point de tirer à nouveau, regardant, ou pas vraiment, le sol, mais tu sens que Shiney te fixe. Alors tu t'interrompt dans ton geste, et tu le regardes aussi.

« Toi. Tu t’en mêles pas. J’étais la cible et il est pas question que tu te fasses taper par ma faute. »

Tu hausses un sourcil, tirant finalement sur ta cigarette que tu écrases ensuite dans ton cendrier, soufflant ta fumée un peu après. Ne pas t'en mêler, hein ? C'est à la fois dur et simple. Tu ne sais pas qui a fait ça, alors tu peux pas faire grand chose, mais t'as besoin de venger ton égo.

Tu regardes à nouveau le roux, même si tu supportes relativement difficilement de le voir dans un tel état, et hausse un sourcil en voyant qu'il s'est assis. Tu comprends qu'il ai envie voire besoin de bouger, mais quand même. A sa place tu. … Ok, à sa place tu serais assis à la limite de te lever du lit et te casser, mais quand même. Tu soupires en mettant tes mains dans tes poches, et te penches sur le côté pour regarder l'état de son dos, qui t'intrigue depuis tout à l'heure. On dirait qu'il a été brûlé. Tu fronces les sourcils. Putain, t'as vraiment envie de savoir ce que ces bâtards ont pu lui faire. Mais tu te doutes que Shiney, lui, il a pas envie d'y parler. Rien qu'y penser ça doit être dur. Alors tu manges ta curiosité qui t’incite à la rage destructrice en voulant connaître des détails, et tu te tait. T'arrêtes de regarder son dos aussi, parce que bon. A la place, tu parcoures des yeux les bandages sur son torse.

Et finalement, dans un autre soupir, tu sors tes mains de tes poches et t'assieds à nouveau sur ton lit. T'en a marre de ce putain de silence, à force.

« N'empêche que moi à la base je voulais juste pioncer. T'as eu de la chance d'être toi sinon je t'aurais achevé. »

… Sauf que tu te rends compte de ce que tu viens de dire et que tu trouves ça étrange, en fait. Pourquoi t'aurais achevé n'importe qui mais pas lui ? Certes, tu veux le tuer quand il est en forme sinon c'est trop simple. Mais. Merde quoi. Attend, ça pourrait être mal interprété.

Tu soupires.

« Pfff, tu vois, je suis fatigué et je raconte de la merde. »

Tu te laisses tomber sur le dos sur ton lit et tu fixes le plafond. Tu t'interdis de fermer les yeux par contre, sinon tu vas vraiment t'endormir et ça va pas le faire. Tu te demandes quelle heure il peut bien être, d'ailleurs. Bof, non, en fait tu t'en fous. Tu lèves un main en l'air et la regardes, bêtement.

« Tu devrais dormir aussi. Enfin tu viens de le faire, en quelque sorte mais. »

Tu tournes la tête vers lui, avant de lâcher un énième soupir et de laisser tomber ta main pour te redresser, sans les mains donc un peu difficilement.

« Ouais non bon non. Tu fais ce que tu veux. »

Tu passes ta main dans ses cheveux pour les lui ébouriffer et te grattes l'arrière du crâne, retenant un bâillement.

« Par contre tu devrais éviter de sortir pour le moment. J'dis ça pour toi hein. »

Et c'est bien une première fois tiens, que tu dis quelque chose pour quelqu'un d'autre que toi-même.

« … Je suis vraiment crevé. »

And I know they may seem real

THESE SIGNALS OF LOVE.

Il a l'air d'avoir décidé de suivre ton conseil. … Ton conseil, hein. Tu fronces les sourcils, tentant de te remémorer les face à face avec les rivaux, dans pokemon. Parfois ils se donnent des conseils, non ? Si, il te semble. A moins que ça ne soit que ta mémoire qui modifie la vérité à ta guise pour t'aider à te convaincre que ce que tu fais est normal.

« Ouais. J’vais faire ça. Toi…toi tu fais ce que tu veux mais putain, fais pas rentrer des gens. Cette situation serait vraiment vraiment trop étrange…A expliquer. »

Tu hausses un sourcil et le regardes à nouveau. Il s'est allongé dos à toi, d'un côté t'aurais trouvé ça étrange si il s'était allongé face à toi. Étrange et un peu gênant, quand même. Enfin, ne faire rentrer personne, ça tu veux bien. De toute façon en général t'as tendance à vouloir préserver ton espace vital et t'aimes pas les squatteurs de chambre. Et puis t'as pas encore assez de potes pour l'instant pour qu'on veuille venir squatter ta chambre. Enfin, tu penses. Et puis de toute façon t'as toi-même pas envie de laisser quelqu'un entrer. Même si t'auras pas le choix avec Green, c'est un peu sa chambre, et autant ça serait louche que quelqu'un entre et vous voit tout les deux comme ça, autant ça serait louche de ne pas laisser entrer Green sans raisons apparentes.

Tu bailles et lâches finalement un son approbateur. T'as eu envie de lui dire que t'auras pas d'autre choix que laisser entrer Green si il veut entrer, mais finalement t'as la flemme. Tu te contentes de regarder le sol, d'un air vide et fatigué. T'as la flemme de tout. T'as juste envie de dormir, là, actuellement. Mais tu vas dormir où, hein ? Tu vas quand même pas dormir par terre, pas question de dormir par terre dans ta propre chambre. C'est Shiney qui devrait dormir par terre, vu qu'il s'est invité ici. T'as une drôle de façon de vouloir traiter tes invités toi Blake.

Tu tournes la tête vers Shiney et le regardes, à nouveau. Semblerait qu'il se soit endormi. Tu trouves qu'il a de la chance, de pouvoir dormir, lui. Bon par contre il a pas eu beaucoup de chance aujourd'hui. Disons qu'il équilibre la balance : tu as été chanceux aujourd'hui, lui non, alors il est très chanceux maintenant et toi tu l'es pas. T'as, pendant un dixième de secondes, songé à le pousser du lit pour prendre sa place et dormir. Mais vu son état tu l'aurait sûrement tué en le faisant tomber, et ça aurait été très con que tu sois accusé de meurtre alors que t'es sûrement la personne qui lui a fait le moins de dégâts.

Sûrement aussi la personne qui, actuellement, tiens le plus à ce qu'il reste en vie.

Évidement, tu y tiens parce que tu veux être celui qui le tuera. Mais faut qu'il soit en forme avant sinon c'est trop facile.

Évidement, c'est la seule raison pour laquelle tu veux qu'il vive. Et tu taperais quiconque oserait songer à une potentielle autre raison. Histoire de leur donner raison de la supposer, hein.

Tu secoues la tête en grognant. T'es fatigué, t'en a marre de penser. En plus Shiney dort alors t'as plus rien pour te tenir efficacement réveillé. T'as pas envie de jouer à Pokemon, t'as envie de dormir. Mais tu peux pas dormir, t'as nul part où dormir. Tu pourrais squatter le lit de Green mais bon, si il arrive il va devoir te réveiller pour te faire bouger et t'as pas envie, tu détestes être réveillé et il va s'en prendre plein la tronche alors qu'il aura rien demandé. Et puis t'as la flemme de bouger jusqu'à son lit. T'as la flemme aussi de bouger tes peluches pokemon de ton lit libérer de la place dessus, sachant qu'il y aurait très certainement assez de place pour que tu t'allonges à côté de Shiney sans le toucher. Bon, à condition d'être au bord du lit, quoi.

Non mais non. Tu vas pas dormir. Tu vas. Rester réveillé. Et attendre. Bêtement. Mais attendre quoi, hein ? Attendre de voir que Shiney meurt pas dans son sommeil ? Attendre que Green arrive histoire qu'il te voie pas endormi à côté de Shiney parce que putain ça serait louche ? Tu regardes Shiney et. Et tu te dis que là il fait très fille qui vient de passer la nuit dans le lit où elle dort actuellement. Qui est ton lit. Donc le lit d'un mec, quoi. Et. Voilà. C'est beaucoup trop louche, quoi.

Tu attrapes une mèche de ses cheveux et tu joues avec, en faisant attention à pas le réveiller en tirant trop fort dessus. Comme tu dors à moitié, tu ne te rends pas compte que ton geste est particulièrement étrange, surtout venant de toi. Tu te souviens juste que quand tu lui as ébouriffé les cheveux, tu sais toujours pas pourquoi t'as fait ça d'ailleurs, il était devenu aussi rouge que ses cheveux. Enfin, tu as vaguement aperçu qu'il était devenu aussi rouge que ses cheveux, parce que tu le regardais pas tout à fait et tu baillais en même temps.

En tout cas cette pensée te fait sourire, doucement.

« Gaëtan… »

… Hein ? Tu te figes et regarde Shiney. Bêtement. Sans comprendre.

Attend, c'est ton nom qu'il vient de dire, là, non ? Si. A moins qu'il ne connaisse un autre Gaëtan. Mais vu sa tendance à t'appeler plus souvent par ton prénom que par ton pseudonyme, t'en déduit que c'est de toi qu'il parle, là. Il rêve de toi en fait c'est ça ? Tch.

Tu rougis vaguement et détournes le regard pour regarder le mur. Manquait plus que ça. Tu lui sauves la vie deux fois et il rêve de toi.

D'un côté tu peux pas dire que ça te déplait. Tu te sens bizarre. T'as envie de sourire, mais t'arrives à réprimer cette envie. Tu trouves ça étrange, mais pas désagréable. Non, on pourrait même dire que t'es content.

Tu secoues la tête et fermes les yeux pour tenter de faire un gros tri dans tes pensées et de t'en débarrasser. T'aurais pas dû fermer les yeux, t'as plus envie de les rouvrir maintenant. T'as envie de t'allonger et dormir. Alors tu dégages tes peluches pokemon qui tombent sur le sol dans un cri de douleur imaginaire que tu n'entends que vaguement. Tu prends leur place et t'allonges à côté de Shiney, en lui tournant le dos toi aussi. Tu t'es pas mis sous la couverture, t'as pas enlevé ton haut non plus, ça aurait vraiment été trop louche après sinon. Et puis t'avais la flemme. Tu veux juste dormir. Ce que tu fais assez vite.

Et tout ce dont tu te souviendras de tes rêves, c'est une tâche rouge/rousse étrangement familière.
Et dans ton sommeil jamais immobile, tu t'es retourné vers Shiney.

On sait bien que tout ça ça sert à rien

QUE C'EST COMME LES BOUTEILLES QU'ON BALANCE A LA MER.

Dormir, dormir, dormir.
Putain qu'est-ce que ça fait du bien de dormir.

Tellement que t'as pas envie de rouvrir les yeux, que t'as pas envie de sortir de ton lit, que t'as juste envie de te rendormir. Tu sais pas combien de temps tu as dormi mais tu t'en fous, tu veux te rendormir.

Mais bon, ton cerveau n'est pas totalement d'accord, et comme t'es réveillé, il se remet en route. Et progressivement, sans bouger, alors que tu voulait juste pioncer, tu te rappelles de touuut ce qu'il s'est passé aujourd'hui. Pas jusqu'au nombre de combats que tu as pu gagner ni au nombre de tes pokemons qui ont été mis KO vu que t'étais pas concentré, mais presque.

Tu te rappelles, en tout cas, du plus important. T'as joué les apprenti infirmier avec un Shiney en très mauvais état qui s'est endormi dans ton lit avant que tu ne t'y endorme aussi. Donc là en fait, t'es en train de dormir à côté de Shiney.

… Oué ok. Tout va bien. Tout va trèèès très bien, cette situation n'est absolument pas louche.

Et puis tu te demandes si il dort encore, Shiney ? Oui parce que, il est inutile de préciser aux lecteurs que tu dormais tellement profondément quand Shiney t'as touché tout à l'heure que tu n'as RIEN senti. Bonjour, Blake, je dors comme une masse, et le mot est faible. T'as pas trop envie d'ouvrir les yeux parce que t'as peur de tomber sur. Je sais pas moi. Un Shiney qui te regarde ça te ferait flipper. Un Shiney qui dort tu. Ne veux même pas savoir comment tu réagirais. Une chose est sûre : tu peux pas continuer à tenter de te rendormir alors que tu dors à côté de Shiney. Ca se trouve il s'est passé des trucs bizarre pendant que vous dormiez et tu veux absolument pas en avoir connaissance. Et puis t'as plus envie de dormir maintenant.

Tu commences à bouger, mollement. Tu grognes, parce que ton corps à la flemme et te laisse pas te déplacer à ta guise, mais tu finis par réussir à te mettre sur le dos. Comme ça, pas de mauvaises surprises, à moins que Shiney ne soit debout en train de te regarder depuis le haut mais vu son état tu doutes quand même de cette possibilité. Tu poses ton bras sur tes yeux et te les frotte vaguement avant de les ouvrir.

Plafond en plein dans la ligne de vue. Aucun roux dans le champs de vision. Parfait.

Tu te redresses, un peu difficilement, et t'assieds sur ton lit avant de bailler. En fait, quand tu te lèves, on dirait pas que t'étais déjà réveillé depuis quelques minutes voire plus encore ; tu donnes l'impression parfaite de te réveiller dans la seconde à laquelle tu commences à bouger.

Tu poses tes mains à côté de toi sur le lit et regarde Shiney. Il semblerait qu'il dorme toujours, mais plus pour longtemps : t'es pas particulièrement délicat quand tu bouges sur un lit. Voire t'es pas particulièrement délicat tout court, t'as toujours tendance à ne pas penser aux potentiels autres. T'es un égoïste, Blake, mais ça c'est pas nouveau et tout le monde doit le savoir.

T'es un égoïste, mais. Tu regardes Shiney et tu fronces les sourcils. Trouves donc l'explication à pourquoi tu l'as laissé dormir dans ton lit, hein. Ça pourrait être un truc en rapport alors le fait qu'il est en mauvais état, qu'il est donc déconseillé qu'il fasse trop d'effort, et qu'il a besoin de se reposer pour pouvoir être en bon état un jour, histoire que tu lui tapes dessus. Toujours cette même excuse. Tu veux juste pouvoir lui taper dessus. Mais oui. Combien de temps tu réussiras à berner les gens, et surtout à te berner toi-même, avec cette excuse, hein ?

En attendant tu le regardes. Tu peux pas t'empêcher de te dire qu'il a l'air d'une fille ─ d'un côté, trouves une seule fois où tu l'as regardé sans finir par te dire qu'il ressemblait à une meuf ─ et que c'est pas désagréable à regarder. … Ok, Blake, mettons cette pensée sur le compte de ton réveil encore assez récent. Une rousse, ce n'est pas agréable à regarder. D'accord ? … Faut que t'arrêtes de regarder Shiney parce que t'arriveras jamais à te convaincre, sinon.

Mais à la place tu attrapes une mèche de ses cheveux qui s'étalait pas bien loinde ta main. En fait, t'avais pas vraiment remarqué, mais il est tourné vers toi, Shiney. Et si tu te rappelles bien, t'étais tourné vers lui aussi, quand tu dormais. … T'as bien fait de pas rouvrir les yeux tout de suite, tiens. Et t'es bien content qu'il dorme encore. Enfin, tu crois qu'il dort encore.

Tu laisses échapper un soupir en jouant avec la mèche, la tirant un peu mais pas très fort vers toi.

« Hé réveille toi. Debout ou j'te tire les cheveux. »

Bonjour la menace. Pour le coup tu te demandes même si t'as toujours des menaces aussi enfantines et naïves quand tu viens de te réveiller par toi-même ─ je précise parce que ce que tu dis aux gens qui ont eu la mauvaise idée de te réveiller, c'est très loin d'être enfantin et naïf. Enfin, c'est tout ce que t'as trouvé, sur le coup, pour essayer de le réveiller. Tu pourrais le secouer, aussi, mais tu préfères éviter de prendre le risque de le toucher à un endroit où il a mal. Et puis bon, tu préfères éviter de le toucher tout court aussi, d'ailleurs.

Et puis merde, il veut pas se dépêcher à se réveiller un peu ? T'en a marre de le regarder dormir, ça te. Déstabilise. Faut que tu te changes les idées, un peu. Tu soupires, à nouveau. Tu soupires souvent, aujourd'hui. D'ailleurs tu te demandes vaguement qu'elle heure il est, mais t'as la flemme de regarder. T'as envie de fumer. C'est une bonne idée, ça, fumer. Pas bonne pour ta santé, mais bonne pour ton cerveau en tout cas, d'après toi.

Alors t'attrapes ton paquet, ton briquet, et tu t'allumes une cigarette.

Ça te vide pas le cerveau, mais au moins ça te l'embrume assez pour que t'en oublie son contenu.

Il ne faut pas faire de faux pas

SI TU VEUX PAS TOMBER PLUS BAS FAUT PAS FAIRE ÇA.

Tiens ça bouge à côté de toi. Ça bouge même très vite à partir du moment où t'as allumé ta clope. Ça bouge même tellement vite que ça tombe du lit. Tout bêtement. Et toi, tu hausses un sourcil, la clope au bec, sur le point de tirer.

Y'a moyen qu'on t'explique ce qu'il vient de se passer ?

Mais plus tard, là pour l'instant vu le cri qui vient de retentir, la chose rousse qui vient de tomber de ton lit s'est fait mal. Et vu son état, c'est pas étonnant. Tu t'approches du bord du lit du côté où il est tombé, sans faire attention aux taches de sang qui pourrissent à vie tes draps et compagnie, et tu te penches pour le regarder.

« Putain, moi qui voulait me foutre à fumer. vdm »

Ça t'arracherait presque un sourire, si t'avais pas remarqué, en observant ses blessures, que l'une d'elle s'était rouverte. Tu grimaces légèrement et descend du lit, posant ta clope sur ton cendrier au passage, et récupères de quoi désinfecter à nouveau sa plaie. Ça sert, d'avoir pris trop de trucs.

Tu t'approches de lui et t’accroupis en face de lui, avant de poser les genoux à terre parce que c'est quand même plus confortable. Tu mets du produit désinfectant ─ t'as oublié comment ça s'appelle, c'est pas un truc genre antiseptique ? bah, on s'en fiche ─ sur un coton et attrapes son poignet, pas trop fort mais sans douceur, comme cette première fois où tu l'as sauvé. A croire que tu ne sais pas être doux. En tout cas, ce que tu sais, c'est que c'était plus simple quand il était évanoui. Là, il est hors de question que tu croises son regard. Tu préfères te concentrer sur son bras et sa plaie.

« Je sais pas si ça va pas piquer par contre. T'évites de crier comme une fillette si c'est le cas ok ? »

C'est ça, moque toi, moque toi de lui pour te changer les idées, pour oublier que là, t'es tout sauf à l'aise. Les multiples marques de brûlures de cigarette attirent ton attention alors que tu t’apprêtais à nettoyer sa plaie.

« Phobique des cigarettes hein ? Au moins, tu innoves. »

Mais arrête de te foutre de lui, t'as rien trouvé de mieux pour détendre l’atmosphère, Blake ? T'es obligé d'être près de lui, trop près de lui. Quand il était évanoui ou endormi c'était. Moins gênant, disons. Il ne te regardait pas, ne te voyait pas, ne savait même pas que t'étais là. Là, si. Là, il sait que t'es là, il peut te voir, il peut t'observer, il peut remarquer que la situation te gêne. Et ça, ça te gêne encore plus. Cercle vicieux de merde.

Tu poses ton coton sur la cicatrice et la nettoies, en essayant de ne pas y aller trop fort. La douceur et toi, vous êtes pas très bons copains.

« Mais tu pourrais faire attention quoi merde, je suis pas infirmière je vais pas passer mon temps à te soigner. »

Tu râles, tu râles, mais tu sais très bien qu'il ne t'a rien demandé. Tu fais ça de ton plein gré. Pourquoi, ça, tu sais pas. C'est ton rival, t'es pas censé être aux petits soins avec lui, on dirait que tu le prends pour ton ami.

Pfff, n'importe quoi, si c'était ton ami t'aurais pas envie de lui taper dessus.

Mais, t'es sûr d'en avoir toujours envie ?

Non, t'en as marre de réfléchir, tu vas avoir mal à la tête à ce rythme, t'y comprends rien. Tu veux pas comprendre. Tu veux pas comprendre, tout en faisant semblant de chercher des réponses à ces putains de questions. Des réponses que tu as peur de connaître. Alors tu tentes de te convaincre de quelque chose que tu sais faux, mais que tu ne veux pas avouer. Mais ça créé des contradictions, et au final tu t'embrouilles tout seul. Tout ça parce que tu ne comprends pas. Parce que tu ne veux pas comprendre.

Tu vas finir par t'habituer à agir bizarrement quand il est question de Shiney. Peut-être.

On voit du jour au lendemain

QUE CA NE S'INVENTE PAS INSTANTANÉMENT COMME CA.

Une fois la plaie nettoyée, tu retires le coton et oses enfin regarder Shiney, juste pour voir la tête qu'il fait. Non parce que, il a pas crié, mais il a rien dit non plus alors peut-être que ça lui a fait mal. … Pourquoi tu t'inquiètes pour lui n'importe quoi. Non, tu ne t'inquiètes pas pour lui. Tu veux juste. Juste. … Tu es incapable de te trouver d'excuse, là. Tu sais que t'es pas sadique au point de vouloir voir si il a mal, de vouloir voir sur sa tête qu'il souffre. Tu l'aurais voulu si il t'avait fait quelque chose. Hors la dernière fois, qui était aussi la première d'ailleurs, qu'il t'a frappé, tu l'as frappé aussi si bien que vous avez à peu près autant souffert tout les deux. Donc non, non, tu n'as pas d'excuse. Surtout que tu n'aimerais même pas voir qu'il a mal, en fait. Tu voudrais voir qu'il va bien et qu'il ira vite mieux. Ouais. T'as l'impression de devenir niais là ça va vraiment, vraiment pas.

Y'a du sang. T'as vu Blake, y'a du sang. Pas sur sa plaie non. On dirait qu'il coule de. Sa lèvre ? Tu vois pas très bien il a baissé la tête alors tu vois. Ses cheveux. Certes. Il sont beaux- euh je veux dire roux, ses cheveux, c'est bien, mais tu t'en fous.

« J’ai rien demandé. Je ne t’ai rien demandé. »

Tu hausses un sourcil. Oui, ça tu le sais. Tu le sais, qu'il t'a rien demandé, tu te le répètes déjà assez, tu te demandes déjà suffisamment pourquoi tu fais tout ça alors qu'il ne t'a rien demandé. Peut-être que t'as pris son arrivée dans ta chambre comme un « Pitié aide-moi », mais une fois qu'il est réveillé il fait ce qu'il veut. C'est ce qu'il aurait dû se passer. Pourquoi tu t'occupes quand même de lui, alors ?

Cette putain de question commence sérieusement à te faire chier, à revenir tout le temps chaque fois que tu la chasses de ton cerveau.

Mais plus que ce qu'il a dit, c'est la façon dont il l'a dit qui t'as surpris. Il avait une voix bizarre, un peu comme. Comme si il pleurait. Et ça te fait froncer les sourcils. Il passe son bras sur ses yeux ─ enfin, tu vois pas si c'est ses yeux, y'a ses cheveux devant, mais tu le devines quand même ─ et ça renforce ton idée. Il pleure. Allons bon, pourquoi il pleure lui maintenant ?

« Laisse-moi crever, ça ira mieux pour toi après. Hein. »

Et il te regarde.

Tu sais pas si c'est sa phrase ou ses larmes qui t'as fait le plus d'effet, mais actuellement, y'a un gros blanc dans ton esprit. Un gros blanc, et un petit « Hein ? » noir en plein milieu. Donc en gros, là, si t'essayes de comprendre ce qu'il se passe. Shiney pleure mais tu sais pas trop pourquoi. Et il te dit de le laisser crever parce que ce serait. Mieux pour toi. Ah, ouais, rien que ça.

La douleur doit lui monter à la tête.

Tu fronces les sourcils et baisses le regard. Mieux pour toi. Mieux pour toi. Vraiment ? Certes, t'aurais plus à t'occuper de lui. T'aurais plus à t'énerver mentalement ─ pour l'instant ─ sur ses gens qui veulent le taper voire plus encore. T'aurais plus quelqu'un prédestiné à recevoir les sales coups que tu imagines rien que pour lui. T'aurais plus de rival, et puis t'auras pas à te demander si il va bien, si tu peux aller le taper ou si quelqu'un s'en est déjà chargé avant. Ça ferais un peu vide en fait sans Shiney. Tu t'ennuierais, un peu, quand même. T'aurais plus de rival. Gold sans Silver, c'est moins intéressant quand même, déjà. Admet-le.

Tu soupires. Tu sais pas ce qui lui est passé par la tête ; tu supposes que quand on est à moitié défiguré et tellement recouvert de plaies que c'est à l'hosto qu'on devrait être, on a une légère envie de crever plutôt que de tenter de survivre. Et tu le regardes à nouveau.

… Il veut pas arrêter de pleurer ça serait plus simple quand même. Tu grimaces et détournes la tête avant de te relever. Tu jettes le coton dans la poubelle, en la ratant au passage mais ça tu t'en fous, tu poses la bouteille sur ta table de nuit et récupères ta cigarette qui se consume toute seule depuis tout à l'heure, la pauvre. T'es vaguement énervé ; vaguement seulement parce qu'il semblerait que les larmes de Shiney, en plus de t'avoir foutu une sorte de boule dans la gorge, elles t'ont calmé approximativement aussi vite que tu a commencé à t'énerver. Maintenant c'est limite si elles te hantent pas.

Au moins, la fumée soit-disant nocive de ta cigarette les masque.

« Raconte pas n'importe quoi mec. »

Tu t'es accoudé au rebord de la fenêtre ouverte de ta chambre et tu lui parles en regardant dehors. Totalement poli. Mais au moins, si t'es assez loin il aura pas peur de ta cigarette. … Tu vires attentionné là Blake tu sais.

Tu te retournes pour le regarder. Ça sera mieux quand il aura crevé hein ? Il a craqué.

Tu poses tes coudes sur le rebord de la fenêtre et ton pied contre le mur en dessous. Mieux quand il sera mort, hein. Vraiment n'importe quoi.

Tu souffles ta fumée vers le plafond. Mieux. Ah, ah. Tu lui demanderais presque si il a fumé, tiens.

« En quoi ça sera mieux quand mon rival sera mort, hein ? »

Tu t'acharnes à te dire que ce n'est que ton rival. T'es vraiment têtu, Blake.

« Gold sans Silver, c'est impensable. »

Tu regardes ta cigarette, et, dans un soupir, la jette par la fenêtre. Elle aura pas tenu très longtemps la pauvre ─ faut dire tu l'as faite poireauter un moment alors hein ─ mais bon, au moins elle t'aura juste assez changé les idées. Et maintenant tu retournes t'asseoir sur ton lit. Dos à Shiney. Et tu regardes le plafond. Il est beau, ton plafond.

« Et puis, j'vais t'avouer un truc. »

Très beau, même. Quoi qu'il est peut-être un peu trop blanc. Ouais, il manque de rouge. … Rouge. Comme les cheveux de Shiney. … Mais non. Rouge comme. Comme. Comme la veste de Gold, oui, voilà. Pas rouge comme Shiney, pff, n'importe quoi.

Tu tournes légèrement la tête, juste assez pour apercevoir le roux.

« Jusqu'à maintenant j'avais pas trouvé d'aussi bon rival que toi. »

Et ceci est un compliment. Bonjour, Blake fait des compliments aujourd'hui. Aujourd'hui est un jour. Étrange. Spécial. Peu commun voir même rare. Très.

Tu reposes ton regard sur le plafond et sort par réflexe ton briquet pour jouer avec. Avant de te souvenir que actuellement, Shiney a peur de ce qui brûle. … Bah, il faut bien qu'il se débarrasse de sa peur avant que des gens ne la découvrent et se foutent de sa gueule. Voire pire, s'en servent contre lui. Alors tu lâches pas ton briquet, tu continues. C'est pour son bien. Pour son bien, et parce que tu vas pas non plus tout faire en fonction de lui, hein.

« Et puis t'as pas intérêt à crever avant que j'aie pris ma revanche. »

Ah, depuis quand tu considères que tu as perdu, l'autre fois ? Tu disais que vous aviez fait match nul pourtant. Tu te cherches encore des excuses, c'est ça ?

Ton entêtement va finir par devenir ridicule, Gaëtan.

Il n'y a pas de place pour le doute

EN CAS D'ECHEC OU DE DÉROUTE ON POURRA TOUJOURS S'ADRESSER AUSSI AU CIEL.

Il a posé sa tête contre ton épaule. C'est bizarre. Mais pas désagréable. Ça te ferait même presque sourire. Presque, oui, t'es trop concentré sur ton briquet, sur la flamme qui apparaît et disparaît aussi vite, que tu laisses parfois danser joyeusement quelques secondes avant de la faire disparaître à nouveau, pour mieux l’appeler ensuite. Ou peut-être que tu te forces juste à être concentré sur elle, histoire d'oublier que Shiney est quasiment affalé sur toi. Tu fais ton possible pour ignorer son poids contre ton dos et ses cheveux qui sont passés de ton côté. Ce ne sont que des petits trucs, des petits détails sans importance.

Des détails qui s'effacent sous le silence.
Silence qui s'efface sous le craquement irrégulier de ton briquet.

Et cette flamme est si belle.

« Petit con. »

Tu hausses un sourcil, arraché à ta contemplation par son insulte. Elle te fait sourire d'ailleurs, son insulte. Petit con. Tu trouves ça gentil, comme insulte, surtout comparé à celles que tu te prends dans la face, en général. Ou peut-être N'est-ce que part la façon qu'il l'a lancée, le contexte dans lequel il l'a dite. Dans ce silence considérable comme agréable et cette atmosphère, comment dire. Sereine ? Ouais. Ça fait très Yaoi comme scène en fait. … Oui je retire ce que j'ai dit, pardon Blake.

« Je crèverai pas avant toi. D'ailleurs prépares-toi mentalement. J'ai un plan pour ma nouvelle attaque. »

Tu souris un peu plus. Ah ouais, un plan, vraiment ? T'as hâte de voir ça, tiens. D'ailleurs, faudrait que toi-même tu réfléchisses à un plan. Bon t'as eu pas mal d'occasion d'y réfléchir et d'avoir des idées, certes. Mais elles ont été balayées par l'état de Shiney et ton rôle d'infirmière. Bah, elles vont bien revenir. C'est pas un problème. Ça n'a jamais été un problème. T'as pas une très bonne mémoire, mais t'as une imagination relativement fertile. Et quand t'oublies quelque chose, tu finis toujours par t'en souvenir. Ou par penser à un truc encore mieux. Enfin, là c'est plus une question de persuasion qu'autre chose ; tu peux pas savoir si ta nouvelle idée est mieux que l'ancienne, vu que tu ne te rappelles pas de l'ancienne.

« Silver va défoncer Gold de toute façon. »

Tu pouffes de rire. C'est qu'il s'y croit, le roux. T'aimes ça. Ouais, ça serait pas intéressant, si ton rival baissait les bras pour un oui ou pour un non. D'ailleurs, t'es content et assez fier de toi, parce qu'on dirait bien que tu viens de le faire sortir de sa phase « non laisse moi je veux crever. ». Ça t'arrange. Et puis de toute façon, si il croyait qu'il allait pouvoir se débarrasser de toi aussi facilement qu'en te demandant de le laisser crever, il se mettait le doigt dans l'oeil. Jusqu'au coude même, si ce n'est pas plus loin encore.

« Tu crois franchement que ça va être aussi facile ? Rêves pas trop mec. »

T'attrapes une des mèches rousses qui s'était aventurée sur ton torse et tu joues avec. T'aimes bien jouer avec les cheveux de Shiney en fait, c'est. Étrange. Depuis quand t'aimes jouer avec quelque chose de roux, toi, franchement. Toi, le plus grand raciste des roux. … Bon, le plus grand fake raciste des roux, quand tu repenses à tout les roux qui font ou on fait partie de tes fréquentations. Tu soupires légèrement ; c'est désespérant, y'a trop de roux dans le coin.

Ton briquet tombe sur tes jambes après que tu l'aie lâché, et tu poses ta main en appui sur le lit, sans que l'autre ne lâche ses cheveux. Et tu fermes les yeux, toi aussi ─ même si tu ne sais pas que Shiney a fermé les yeux ─, un vague sourire aux lèvres. Il a un plan pour la prochaine fois, hein ? T'as hâte de voir ça.

« T'as intérêt à vite récupérer tiens. Ça serait bête que t'oublies ton plan entre temps. »

Tu rouvres les yeux et regardes le plafond. Il manque vraiment de rouge pour pouvoir être très beau, ce plafond. Mais t'as la flemme de le repeindre, de toute manière. Et t'es pas très sûr que Green soit d'accord pour que le plafond soit complètement rouge. Vous vous battriez sûrement pour peindre de manière équitable le plafond en rouge et vert. Une peinture en damier tiens ça serait marrant, ça sauterait bien aux yeux. Mais ça serait putain de chiant. Et puis t'as pas que ça à faire.

… Non en fait t'as rien à faire, là. C'en est presque désespérant. T'as plus à t'occuper de Shiney ─ pour l'instant en tout cas ─, t'as. Tu pourrais jouer à Pokemon. Hm, bof, non, t'as pas trop envie là, t'as surtout. Faim. Très, même. Ça creuse, de jouer les infirmières.

« Shiney. »

Tu sais même pas pourquoi tu t'es mis à parler. Enfin, pourquoi t'as dit son nom. Tu l'as dit d'un air tellement neutre que tu pourrais dire n'importe quoi après que ça ne sonnerait pas bizarre. Tu pourrais parler du temps qu'il fait dehors vu que tu vois le ciel à travers la fenêtre, tu pourrais lui demander l'heure, tu pourrais dire des trucs sonnant bizarre, sortis de ta bouche. Tu pourrais parler de tellement de choses en fait, rien que pour rompre le silence. Mais t'es pas sûr d'avoir tant envie que ça de le rompre, ce silence. Il est agréable, ce silence. Du coup, t'hésites un instant à continuer ta phrase.

« … Non, r- »

T'es interrompu par une bruit étrange que tu identifies assez rapidement comme étant. Une manifestation de ton estomac. Il te semblait bien que t'avais faim, tiens.

« … J'ai la dalle, en fait. »

Non, sans blague ?

Par contre, sans moi, je vous l'assure

VOUS MOURREZ DE FAIM POUR LA VIE.

Et il a rit.

Sur le coup, t'as failli rire aussi. Comme ça, sans raisons ; parce que l'entendre rire t'avais donné envie de t'esclaffer à ton tour. On peut considérer que t'es de bonne humeur aujourd'hui, alors ça peut être compréhensible que, pour une fois, tu veuilles laisser paraître ta joie. Même si tu ne ris pour rien. Ce n'est pas un crime, de rire parce qu'on a envie de rire.

Bon d'accord, rire juste par envie de rire, normalement ça t'arrive que quand t'es défoncé. Ce qui n'est actuellement pas le cas. … Normalement.

« Gaëtan. »

Tu hausses les sourcils. Quel copieur, pourquoi il reprend ton idée de dire le prénom, comme ça, d'un coup, sans continuer directement la phrase, hein ? Bon certes toi t'as dit son pseudonyme, alors il innove un peu. Mais il s'appelle comment, lui, Harrison ? Il te semble avoir compris ça, que le Harrison que tu connaissais ne s'appelait en fait pas Harrison, mais Paolo, et que donc le vrai Harrison, c'est Shiney. Tordu, tout ça.

Il a frôlé ton cou en reprenant sa mèche de cheveux. Ça t'as fait une sensation étrange, assez peu habituelle mais au fond pas désagréable. Pourtant d'habitude tu n'aimes pas particulièrement qu'on te touche. Il faut dire, d'habitude, tu vires quiconque ose vouloir pioncer dans ton lit. Faut croire que Shiney a l'air et la manière de les bouleverser, tes habitudes.

Et à force, il n'y a pas que ça qu'il va bouleverser.

Tu tournes la tête vers lui, pour le regarder.

« Moi aussi. »

Et il rit à nouveau. Toi, ça te fait sourire. Il se lève, et tu le suis des yeux, grimaçant à la vision des brûlures sur son dos. Il ouvre ton armoire. Sur le coup, tu réagis pas vraiment, tu comprends pas avec exactitude la scène. Tu comprends pas que Shiney est en train de fouiller dans tes affaires là, les balançant les unes après les autres hors du meuble à la recherche de quelque chose à se mettre. Quelque chose qui se révéla être un de tes sweets. Ton cerveau fait la connexion, là. Y'a quelque chose qui ne va vraiment pas, là. Tu ouvres la bouche et t’apprête à te lever. Effort vain vu que là, actuellement, tu es vraiment trop lent.

« Voilà. Comme ça, j'ai plus froid et on voit pas mes plaies. Susu »

Tu en restes sans voix et te retrouves bêtement assis au bord de ton lit à le regarder, immobile. Qu'est-ce. Qu'il fout. Avec. Tes fringues. Lui ? Tu clignes des yeux. Bon, d'un autre côté, il a pas trop le choix, tu vas pas non plus aller dans ta chambre lui chercher un sweet quand même, et le laisser se balader torse-nu et blessé n'est pas la meilleure des idées pour l'aider à survivre. Le faire aller se chercher des fringues aussi serait une mauvaise idée, des mecs pourraient l'attendre devant sa chambre, une connerie du genre. Non, il a pas d'autre choix que prendre tes fringues. Bon y'a ceux de Green mais. On va éviter de le mêler lui aussi à tout ça quand même. Et puis vu la taille de ce mec, t'oses même pas imaginer à quel point Shiney risque de flotter dans un de ses vêtements. Ça serait marrant, quand même. Mais bon, vous n'avez pas le choix. T'es obligé de faire une exception, toi qui n'aime pas prêter tes fringues, en général. Alors pour cette fois, il peut garder ton sweet. A condition qu'il te le rende après. Il lui va bien mais faut pas abuser non plus. T'es peut-être devenu gentil aujourd'hui, mais sûrement pas généreux.

Blake généreux haha. Ça serait l'apocalypse avant l'heure.

Tu soupires et te relèves, passant une main sur ta nuque pendant que l'autre se glisse dans la poche avant de ton jean.

« Je sais pas quelle heure il est mais ça doit être l'heure de bouffer, ou pas loin. C'est pas une bonne idée que tu sortes, surtout si il faut deux pas pour croiser un mec qui veut te démonter. Pffff. Je sais pas. »

Tu fronces les sourcils et regardes le plafond. Faut vraiment que tu fasses quelque chose pour le rendre moins blanc, ce putain de plafond. Ça commence à te stresser.

« J'peux toujours aller bouffer et te laisser crever de faim ici. »

Tu hoches la tête d'un air quasi-déterminé, avant d'arrêter et de soupirer en esquissant un vague sourire, les yeux fixés au sol. Faudrait que t'y places un tapis rouge, sur le sol, tiens.

« Non après si on trouve ton cadavre ici on va croire que c'est moi qui t'ai butté. C'est pas que ça me dérangerait mais faut que ça soit vrai quoi. »

Tu soupires à nouveau, plus bruyamment, d'un air plus exaspéré cette fois, et recules un peu pour te laisser retomber sur ton lit, assis, avant de t'allonger sur le dos. Cette situation commences à t’enquiquiner quand même. Tu sais même pas combien de temps encore tu vas devoir t'occuper de Shiney. T'espères que ça ne durera pas trop longtemps quand même. Que ça finira avant que tu n'aies le temps de t'habituer, de t'attacher. Tu détestes ça, t'attacher.

Mais peut-être que c'est déjà trop tard.

Tu te redresses et balayes la pièce du regard. Si seulement Green pouvait choisir maintenant pour rentrer, tu l'enverrais vous chercher à bouffer. T'as toujours préféré que le sale boulot soit rempli par des larbins. Oui, il t'arrive de réduire Green, N, ton dieu, au rang de larbin. Parce que t'es trop un rebellz, quoi. N'empêche qu'il fait chier à ne jamais être là quand il faut. Faudrait qu'il lâche l'autre June ─ tu crois qu'il s'appelle June ─ un peu, quand même. A moins que ça ne soit le fameux June qui le colle tout le temps. T'en sais rien et tu t'en fous en fait. Tu voudrais juste que Green soit là quand tu veux qu'il soit là quoi, merde.

Pourquoi les gens ne sont-ils pas à ton service. T'aurais une clochette pour les appeler, ils te donneraient à bouffer des trucs supers et te feraient même de l'air avec d'immenses éventails. La faim te fait délirer, mec.

Tu poses ton regard sur le brun devant toi.

« Sinon j'peux toujours aller nous chercher à bouffer. Tant que tu fais pas le con dans ma piaule ça me va. D'ailleurs tu veux pas ranger les fringues que t'as foutu par terre là t'es pas chez toi hein. »

Si y'a bien une chose que t'aimes pas c'est voir tes fringues en dehors de ton armoire quand elles ne sont pas sur toi. Non mais franchement, c'est ton fric qui t'as permis de les acheter quoi, on touche pas à ton fric. En parlant de ça faudrait que tu retournes t'endetter auprès de quelqu'un toi.

T'as les pensées qui passent leur temps à divaguer aujourd'hui.

« Sauf que... Je sais pas ce que tu voudrais bouffer. Au pire je te prend des trucs dégueulasses, non ? »

Et tu lui fait un grand sourire forcé. Le genre de sourire que font les gosses chiants qui veulent paraître angéliques pour emmerder encore plus leur interlocuteur.

Au moins tu te reconnais plus dans cette attitude que dans celle que tu avais avant de t'endormir.

Mais combien de temps encore avant que ça ne revienne, hein ? Tu commences à te dire que Shiney a peut-être un drôle d'effet sur toi, en fait.

Just stay were you are

IF THERE'S NOTHING TO HIDE.

« Mec, je mange de tout. »

Oh, merde. Tu vas faire comment toi pour le faire chier en lui faisant manger un truc dégueulasse, hein ? … Au pire tu pourrais toujours cuisiner toi-même. Tu es sûr que ça sera tellement immangeable que personne même pas un stupide chien pourrait manger ça. Ben quoi, tu sais pas cuisiner, tu sais pas cuisiner hein. Tu peux pas être le meilleur dresseur du monde et savoir cuisiner, c'est incompatible. T'as trop de qualités, te faut bien quelques défauts quand même, histoire d'équilibrer le tout.

Plongé dans tes pensées de narcissique égocentrique et vantard, t'as pas remarqué que Shiney s'était rapproché de toi. Tu ne l'as remarqué, et n'as remarqué sa main aussi, que lorsqu'il t'as poké la joue. Là y'a eu un gros blanc dans ton esprit, accompagné d'un gros « wtf ? » pendant que tu clignais bêtement des yeux. T'as même pas entendu sa phrase. Enfin, si, mais à peine. Tu l'as pas enregistrée. T'étais trop occupé à te demander, mais wtf, il lui arrive quoi à Shiney pour qu'il vienne te poker la joue ? Ça doit être la faim. Ouais, ça doit être ça.

Après un instant de figé-attitude, t'as tourné les yeux puis la tête vers lui, le regardant, lui qui venait de prendre ta place sur ton lit. T'as une sorte de pressentiment pas forcement très bon, enfin ça dépend du point de vue je suppose. Tu sens, pour une obscure raison, que le roux, là, ben il va souvent squatter ton lit maintenant. Que tu le veuilles ou non. A vrai dire tu le sens même capable de te virer de ton propre lit pour pouvoir s'y installer à ta place, quoi. Et c'est approximativement la seule chose qui te dérange vraiment dans le fait que Shiney squatte ton lit. Le reste, tu t'en fiches un peu, tu râlerais pour la forme mais au fond c'est pas si chiant que ça.

Vous êtes juste passés du statut d'ennemis jurés à celui de rivaux quasiment potes quoi.

« Gaétan, va me chercher un truc. Je m'en fous, je mangerai tout tellement que j'ai la dalle. »

Toi aussi t'as la dalle d'ailleurs. T'avais presque oublié ça, à force, mais ton ventre, non, pas vraiment. Tu sais pas pourquoi, mais tu sens que quand tu vas sortir, il va en profiter pour imiter l'ours affamé en public t'sais. Genre, pour bien te foutre la honte et te donner envie de disparaître pendant 10 minutes, d'être invisible, de ne plus exister, et de vouloir retourner dans ta chambre au plus vite. Même si tu sais pas trop ce qui est mieux entre subir les moqueries des gens que tu connais pas, et de subir celles de Shiney.

« Et plus vite que ça. »

Tu hausses un sourcil. Non mais pour qui il se prend lui, franchement. Il est pas officiellement invité dans ta chambre, et puis même si c'était le cas il aurait pas à te parler comme ça quoi merde. T'es pas son chien ! Mais bon pour le coup tu te contentes d'hausser les épaules. T'as la flemme de répliquer. T'as trop faim. Tu sais même pas qu'est-ce que vous allez pouvoir bouffer. Ni comment tu vas te démerder pour ramener de la bouffe dans ta chambre. Mais c'est pas en restant planté là que tu pourras savoir. Donc tu fais quelques pas à reculons approximativement dans la direction de la porte, avant de finalement te retourner. Et ton regard croise au passage tes vêtements par terre.

« ... »

Tu les fixes un instant, avant de foutre tes mains dans tes poches en soupirant. Et tu te retournes un peu vers Shiney.

« Non sérieux mec tu veux vraiment pas faire quelque chose là genre les foutre en boule au fond de l'armoire je m'en fout mais les laisse pas là quoi. »

Pourcentage de chances qu'il accepte de le faire : très faible. Bah, t'aura tenté au moins. Et puis on dit que l'espoir fait vivre, non ? Bon c'est relativement ridicule, certes. Tu cesses de regarder le roux et te diriges à nouveau vers la porte, que tu ouvres.

« Ah et puis aussi. »

Tu t'es arrêté en plein dans l'encadrement de la porte, mais t'as pas tourné la tête vers Shiney, cette fois.

« T'évites de profiter que je suis pas là pour foutre ma chambre en bordel ok ? »

Tu lui jettes un dernier regard avant de fermer la porte derrière toi.

Et si on pariait sur l'état de ta chambre à ton retour ?

What if what I want makes you sad ?

AND IS IT ALL MY FAULT OR CAN I FIX IT, PLEASE ?

Bouffer. Putain. T'as la dalle. Tu savais que t'aurais pas dû sortir parce que son estomac s'éclaterait à imiter un concert, une fois que tu serais dans les couloirs. T'aurais dû rester dans ta chambre et toi et Shiney, vous auriez crevé de faim ensemble dans la joie et la bonne humeur ─ enfin, dans la limite du possible. Là, t'es juste en train de te taper la Honte Intergalactique. Tu préfèrerais tellement être devant un ordi en train de mater des vidéos plutôt que te balader dans les couloirs en quête de bouffe, sérieux. Et puis tu veux même pas imaginer l'état de ta chambre quoi. Bon après vu l'état de Shiney avec un peu de chance il aura pas la force de foutre le bordel jusqu'au bout. Et vu ton état à toi tu n'auras pas assez de dignité pour avoir le temps de récupérer à manger et retourner dans ta chambre. A la limite tu. … Hé, ouais.

Tu enlèves ta casquette, t'ébouriffe les cheveux ─ c'est systématique ça quand tu enlève ta casquette ─ et tu remets ta casquette... A l'endroit. Bien vissée sur ton crâne, limite façon dresseur de pokémon qui vient de perdre un combat et qui veut pas qu'on voie son visage. Et c'est vrai, tu ne veux pas qu'on voit ton visage, mais ce n'est pas parce que tu as perdu un combat, le grand Blake ne perd jamais ses combats. Non c'est juste que là, comme ça, t'es incognito, méconnaissable. Qui oserait songer que Blake, nous ne parlons pas de n'importe qui hein, mais de Blake, le seul et unique Blake, le mec qui se prend pour Gold de la racine des cheveux aux doigts de pieds approximativement, mettrait sa casquette à l'endroit alors que son modèle la porte toujours à l'envers. Alors non, non, personne ne te reconnaitra.

Même si les mecs qui se baladent en t-shirt avec un carapuce dessus, y'en a pas 15 dans l'orphelinat. A vrai dire tu dois euh. Être approximativement le seul ?

Mais bon l'avantage du pseudo-incognito, c'est que tu penses que personne ne sait que c'est toi, qu'à le ventre en plein concert de. de. gargouillement ventral. Donc t'as pas à ramasser ta dignité à chaque manifestation. C'est plutôt pratique.

Et donc, ne nous attardons pas sur des détails useless, tu as récupéré de quoi bouffer ─ des sandwichs, c'est très bien des sandwichs ─ et t'as même taxé quelques trucs aux orphelins plus jeunes que toi histoire que ça soit facile et que tu rentres pas à moitié tabassé dans ta chambre. C'est pas franchement le moment de te retrouver dans un état proche de celui de Shiney, hein. Même que du coup, en faisant le chemin pour retourner dans ta chambre, tu bouffes une pomme. T'as remis ta casquette correctement parce que, l'anonymat c'est bien, mais la casquette dans le bon sens ça te gène vachement, en fait. C'est parce que t'es pas habitué, sûrement. Mais t'as l'impression de ressembler à rien. En plus ta mèche est à moitié aplatie du coup et ça te fait râler. Non mais franchement. Ta mèche quoi. C'est sacré, ta mèche ! Si ça n'avait pas été pour le bien d'un truc aussi sacré que ta dignité chérie, tu aurais jamais fait ça.

Bref et donc, te voilà de retour dans ta chambre après avoir jeté le trognon de ta pomme dans un endroit random ─ Blake, le respect, ne pas jeter ses déchets n'importe où, tout ça, il connait pas ─, t'as ouvert la porte en te retenant de lancer un banal et cliché « me revoilàààààààà » parce que de toute manière t'avais franchement la flemme de parler ─ partisan du moindre effort Blake au rapport. c'est tellement plus simple de tcheker les gens plutôt que leur dire bonjour ─ et t'es. ben t'es rentré dans ta chambre quoi.

Mais c'est bizarre, t'avais pas le souvenir d'avoir laissé ta chambre comme ça, en partant. T'avais pas non plus le souvenir d'avoir laissé Shiney dans cet état, en partant. Tu savais bien que t'aurais pas du partir, tiens. T'aurais dû appeler quelqu'un pour qu'il vous ramène à bouffer et t'aurais surveillé Shiney, comme ce que tu devrais faire H24 ou presque. Enfin ce n'est pas franchement le moment de s'attarder sur des « j'aurais dû », hein. Tu devrais plutôt t'attarder sur Shiney. Pas sur ta chambre non, qu'est-ce qu'on s'en fout de ta chambre au fond, sur Shiney oui, focalisation.

Tu fermes la porte derrière toi et t'approches du roux, en déposant au passage le sac contenant votre repas du soir sur ton lit. T'es pas très sûr qu'il t'ai remarqué, mais c'est pas grave. Tu regardes les bandages étalés par terre, en plus ou moins bon état selon leur provenance ─ t'arrives pas trop à regarder les bandages que tu devines êtres ceux qui étaient sur les bras de Shiney jusqu'à il y a peu de temps bizarrement ─, puis tu regardes Shiney. Tu vois pas vraiment ses bras, t'y fais pas trop attention non plus en fait, t'essaye de voir son visage, mais il est caché. Alors tu t'accroupis devant lui ; peut-être que comme t'as rien dit en entrant dans la pièce il sait pas que c'est toi et il a peut-être peur de voir que c'est pas toi qui est entré si il lève la tête ? Bah, c'est pas le moment de réfléchir à des conneries pareilles, on s'en fout de pourquoi il t'a pas remarqué et de est-ce qu'il t'a vraiment pas remarqué.

Tu veux juste savoir comment il va, toi.

Bonjour, Blake s'inquiète pour quelqu'un qui n'est ni lui-même, ni sa casquette, ni sa mèche, ni une de ses consoles, ni un de ses jeux pokemon, ni ses clopes ni même son éventuel argent.

T'approches une de tes mains de lui. T'hésites un peu parce que t'as pas trop envie de le surprendre en supposant qu'il ne se doute pas que quelqu'un est relativement près de lui et que cette personne va le toucher, et puis t'as pas trop envie non plus de le toucher sur une de ses blessures ─ parce que déjà rien que niveau hygiène c'est pas génial et si t'essayes de le sauver c'est pas vraiment pour en rajouter une couche aussi bêtement. Alors tu poses ta main... A moitié sur la sienne. Là où il a pas de blessures. A moitié sur ses cheveux aussi, du coup.

« Shiney...? »

Inutile de préciser que cette situation ne te met pas particulièrement à l'aise ?

And what if it makes you laugh now but you cry as you fall asleep?

Tu n'as pas senti sa présence dans la pièce lorsqu'il est entré, disons que t'avais mieux à faire. Les bras toujours devant toi , t'as commencé à paniquer. Même si deux minutes avant, t'aurai vendu ton âme pour que Blake soit devant toi. Avec toi, là. Là, tu flippes juste atrocement, si bien que t'as même du mal à penser concrètement sans vouloir te retourner toutes les cinqs secondes. T'oses pas non plus ouvrit les yeux, relâcher ta respiration saccadée par la paranoïa qu'a pris ton corps.

Mine.
Mine. Comme une putain de possession. Comme un vulgaire objet, comme une chose qui lui appartient.

Il y a les barrières de ta personnalité qui viennent de tomber, là. Au diable ta fierté, ton assurance et ton énorme ego. Au diable ta personnalité de merde, là dans l'instant du veux juste Gaétan. Tu le veux pour sa connerie, pour son ego sans pareil, tu le veux tu sais pas pourquoi mais putain qu'il ramène son cul dans cette putain de chambre. Tu sais pas pourquoi tu le veux. Pour de la protection ? Pour pas faire ou a avoir subir une autre connerie ?

Tu veux de la protection. Là, tout de suite, tu veux que ce putain de rival soit là. Qu'il serve à un truc dans sa vie, merde.

Mais à force de penser à lui, t'as senti sa présence que longtemps après. Quand il a murmuré ton pseudonyme, une main se nichant dans tes cheveux. L'autre sur la tienne. D'ailleurs tu as senti que sa main était étrangement chaude. Tu touches pas souvent des mains alors tu peux pas trop avoir un avis d'expert. C'est pas comme si tu faisais des tcheaks tous les jours à tes potes hein. De un parce que t'aimes pas faire des tcheaks, de deux parce que t'as pas de pote. Bref. Le geste en soit n'avait rien de suspect pour toi. Enfin, tu commences à avoir l'habitude avec Blake des gestes suspects, si bien que tu n'arrives même pas à savoir quels sont ceux à éviter. De toute façon, tu te dis que si t'as une attitude bizarre, Blake sera là pour te le dire.
Je trouve que tu comptes beaucoup sur Blake pour un rival.
Paradoxalement, la présence même de ce debil de rival te rassure. Enfin, tu penses qu'il y a un truc en lui qui fait que tu n'as pas besoin de te cacher pour, tu sais pas toi, péter un cable ou pleurer. Même si la deuxieme option n'est pas quelque chose que tu adores faire. Bref, sa présence te rassure...même si c'est le mec que tu hais le plus au monde...même si c'est cet enfoiré qui t'a piqué Paolo.
Tu ne pourrais pas lui expliquer, tu ne peux même pas te l'expliquer à toi même.

Tu te dis qu'il est spécial. A la limite, « important » mais c'est tout. Point.

T'as relevé la tête, le regard fuyant entre ta frange. Tu fuyais son regard, t'avais besoin de réfléchir. Et en ce moment, le regarder dans les yeux c'est juste pas du tout la bonne chose à faire pour toi quand tu veux réfléchir. Sinon tu te mets à rougir ou sortir des trucs totalement impossible et carrément louche. Parce que tu peux le dire clairement : Tu es ultra bizarre quand Blake est là. Et puis, t'as trop de question dans ta tête, trop de chose et une grande place pour tes réactions. Tes réactions parce que tu accordes une importance majeur à ton image...sauf que là, t'es juste vraiment perdu. Tu ne sais même pas quelle tête lui sortir. Alors fuyant toujours son regard, tu replaces une de tes mèches derrière ton oreille.

« Mes bras...Gaétan, regardes mes bras »

Tu ne t'attends pas à une expression étonnée de sa part. Peut être qu'il lâchera qu'un «  bien fait pour ta gueule Harrison » en rigolant comme un bouffon. Et dans un sens, il n'aurai pas tord. Enfin...t’espère quand même un peu d'attention. Même si t'es son rival. Même si tu le hais à mort. T’espère qu'il comprenne. Ton état, tes yeux dans le flou comme tes mains qui tremblent. Et ta détresse évidente. Ta détresse qui te fait détourner le regard.

T'avales difficilement ta salive, n'osant le regarder dans les yeux deux secondes. Tu n'oses pas non plus penser à ce que tu ressembles à l'instant. Peur. Peut être remplit de peur, et de détresse. La souffrance dans tout ça, ce n'est pas si terrible en fait. T'en oublierai presque les picotements sur tes bras.

« Dis...Tu. »

Tu n'arrives pas à finir ta phrase, le regard tremblant sur le sol. Tes yeux bougent vite, tes poignets se serrent un peu. Toi qui avait l'habitude d'être si confiant, elle est où ton assurance tellement parfaite Harrison ?

Tu soupires enfin profondément, relevant enfin le regard vers lui.
Ce que tu vas lui dire dépasse tes principes.
Ce que tu vas lui dire dépasse même le fondement de ta personnalité.

« Tu me protéges, m'kay ? »

Disons, entrecoupés d'silences

QU'ON EST BIEN SEULS POUR UNE FOIS.

« Mes bras... Gaëtan, regardes mes bras. »

Ses bras. Pourquoi ses bras ? Tu t'en fiches, de ses bras. Tu veux juste savoir comment il va. Essayer de voir la tête qu'il fait. Peut-être voir dans ses yeux qu'il va pas si mal que ça, c'est c'est juste passager, juste la douleur qui le tue presque sur place, mais que ça va finir par passer. Que tu peux peut-être faire quelque chose pour l'aider, pour le réconforter.

Y'a quelque chose qui va pas, quand même, si tu t'inquiètes autant pour lui. Quelque chose de bizarre, de louche, de vraiment étrange et assez improbable. Un truc assez rare dont t'aimerais bien te débarrasser. Tu voudrais juste te comporter avec Shiney comme tu te comportes avec n'importe qui. Avec, comme seule petite différence, le fait que Shiney c'est ton rival. Mais ton comportement va plus loin que la rivalité, t'en es conscient et t'efforces de le nier, comme si en ignorant ça tout redeviendra comme il devrait être.

Ce mec a un drôle d'effet sur toi. Et t'aime pas forcement ça.

Ses bras, ses bras, pourquoi ses bras ? Qu'est-ce qu'ils ont, ses bras ? Intrigué, tu finis par regarder, comme il te l'a demandé. Peut-être que tu n'aurais pas dû.

« Mine ». Rien que ça. « Mine ». Une putain de marque de possession. Et c'est pas ta main qui a écrit ça.

Et maintenant ? C'est quoi, ça ? Cet espèce de bouilli immonde qui s'installe sans aucune gène au fond de ton estomac, qui te tord et te noue le ventre, à la limite de l'envie de gerber. Cette purée pâteuse et amère de. Sentiments ? Cette jalousie qui te noue la gorge et te fait serrer les poings. « Mine ». T'en grognerais presque, tu te mords la langue pour t'en empêcher.

Shiney est à toi, putain.

Mais au fond, c'est quoi tout ça ? Vous vous connaissez pas depuis si longtemps que ça. Vous vous êtes vraiment retrouvés face à face ou presque 3 fois. Trois pauvres fois, et le reste du temps, au mieux vous vous croisez, au pire... Rien. Comment veux-tu oser prétendre qu'un mec que tu connais finalement à peine t'appartient, juste sous prétexte qu'il est ton rival ? La jalousie te fait perdre confiance en toi. Elle est passée où, ta détermination aveugle et bornée, Blake ? De toute façon, tu es sûr que tu connais déjà mieux Shiney que la personne qui a marqué ça. Ouais. Ça reste à voir, mais ouais.

« Dis... Tu. »

Tu relèves la tête et le regard vers lui, vaguement surpris par sa soudaine intervention, légèrement sorti de tes pensées, de ta jalousie, de l'infecte mélange de sentiments qui te noue toujours le ventre et la gorge, pour le moment. Tu le regardes, un peu boudeur, un peu de mauvaise humeur. Et tu croises son regard.

« Tu me protèges, m'kay ? »

… Pardon ?
« Tu me protéges, m'kay ? » « Tu me protéges, m'kay ? » Sa question résonne dans ta tête. Le protéger. Protéger Shiney. En temps normal, une fois le léger choc de la question, aussi inattendue que surprenante, passé, tu aurais rit et lui aurait demandé ce qu'il avait fumé.

Mais non. Non, ce n'est pas drôle, non, tu n'as pas envie de rire. Le protéger. Toi, protéger quelqu'un. C'est tellement peu probable que tu as du mal à l'imaginer. Toi, Blake, foutre ta vie en danger pour que celle de quelqu'un ne soit pas menacée. Ça fait plus d'un an que tu ne penses qu'à ta gueule. Toi, toi, toi, tes affaires à la limite, mais toi, ta poire et ton égo. Les autres, non, les autres ils peuvent mourir que tu t'en fiches. Enfin, tant que ce ne sont pas ceux qui te passent du fric, mais à la limite tu pourrais en trouver d'autres. Il n'y a que toi qui compte.

Alors pourquoi ?

Lentement, tu commences à hocher la tête. Pourquoi lui ? Pourquoi ce mec, alors que vous avez faillit vous entre-tuer dès votre première rencontre, pourquoi tu devrais le protéger ? Pour ton égo, pour ta vengeance, uniquement pour ta poire et ta dignité, ou pour lui ? Tu hoches la tête avec un peu plus de conviction.

Tu sais pas pourquoi. Tu veux pas savoir pourquoi. Mais tu le feras.

« Ouais. Ouais, je le ferais. »

T'es pas totalement convaincu du résultat ; tu sais que finalement, si tu t'en mêles, vous avez surtout des chances de vous retrouver à l'hôpital tout les deux. Mais tant pis. Tu le laisseras pas comme ça. Tu le laisseras pas dans cette merde, tout seul, et tu l'aideras à faire face à l'adversité. Comme deux rivaux qui oublient leur rivalité pour faire face à un ennemi qu'ils ont en commun. Mais finalement, vous n'êtes plus tant que ça des rivaux.

Tu secoues la tête, comme pour la vider de toutes les pensées qui l'envahissent. Tu le regardes, tu regardes ses bras, prenant soin de ne pas faire attention à l'inscription gravée dessus. Elle finira par partir. Tu espères qu'elle finira par partir. Tu montres un de ses bras, le frôlant au passage avec ta main, sans oser l'attraper.

« Ça te fais encore mal ? »

Ton regard dévie sur les bandages étalés par terre, et tu le regardes, à nouveau.

T'es en train de te rendre compte que, finalement, tu serais sûrement capable de beaucoup de choses, pour Shiney.

Il a emprise vraiment étrange sur toi, pour un simple rival.

Well somebody told me
You had a boyfriend
Who looked like a girlfriend

Tu as espéré. Vraiment. Là, il n'y avait plus de combativité entre vous. Enfin, surtout pour toi. Tu le fixais, peut être avec un regard piteux. Mais entre nous, qu'est-ce que ça pouvais te foutre ? Alors t'as espéré son hochement de tête. Qu'il comprenne que là, c'était un cas extrême. Et des cas extrême, t'en as pas eu énormément dans ta vie. Disons que les os cassés, ça peux t'arriver. Mais les marques de possessions écrites sur tes avants-bras....Jamais. Alors t'as soupiré quand tu l'as vu hoché de la tête. Souris tristement aussi.
De la protection. Dire que tu as demandé de la protection au seul mec de la terre qui veut véritablement ta mort. Des fois, t'es assez paradoxale Shiney. T’espère que ça se reproduira pas non plus. Parce qu'entres vous, le délire des rivaux s’émiettent un peu, non ?

Gaëtan Bourgeois, un rival ? Il y a un silence dans ta tête. Tu veux pas répondre. Non. Disons que tu ne sais pas quoi répondre. Tu le fixes, attendant ta réponse que tu connais déjà par ce hochement de tête.

« Ouais. Ouais, je le ferais. »

T'as murmuré un « Merci » à peine audible. T'as pas spécialement de honte en fait, à lui avoir demandé. Enfin, disons que l’atmosphère est beaucoup trop. Bizarre. Enfin, c'est comme si ce n'était pas vous qui parliez ou agissiez. Enfin, t'as toujours eu une figure différente avec Blake qu'avec les autres gens à qui tu parlais. Tu t'es dis que c'est sans doute parce que justement, Gaëtan, c'est Gaëtan et pas un autre. C'est le gars que tu considères comme le pire enculé de la planète. Il est totalement débile, égoïste, faux. Et puis aussi vraiment chiant, trop pokephile à ton goût, même des fois, il te fait flipper quand il gagne la ligue pokemon et qui hurle presque dans sa piaule. Bref, Gaëtan, ça a toujours été le mec..vraiment bizarre que tu regardais tout autant bizarrement. Parce qu'entre nous. On sait tous ça.
On sait que des fois, tu le suivais, les pas légers, longeant les couloirs à en coller ta silhouette contre les murs froids juste pour le regarder. De ce temps, tu disais que c'était parce que tu voulais savoir ce qu'il faisait. En « bon rival que tu étais, tu te devais de savoir ce qu'il faisait ». Mais en y réfléchissant bien, c'était vraiment bizarre non ?

T'as bien une idée, mais comme pour la combattre, t'as hoché négativement de la tête.
Non, tu ne peux pas.

Il a secoué la tête. Tu viens de capter que t'aimes bien quand il secoue la tête. Il y a ses cheveux qui bougent, c'est vachement beau. T'en ai presque à vouloir mettre sa main dedans pour savoir leur douceur mais tu te retiens. Tu as dis que tu ne pouvais pas ! Il baisse son regard sur ton bras droit, le frolant presque des doigts. T'as un vieux frisson qui t'as prit l'échine...Avant de montrer des dents. Il était débile à vouloir te toucher ?! Sauf que t’arrives pas à articuler un mot.
Faut que tu prennes en compte que dés aujourd'hui, il doit te défendre contre l'adversité...donc que tu dois avoir un minimum -un tout petit minimum- de respect pour lui. Mhm.

« Ça te fais encore mal ? »

T'as. Déglutit. Et sans doute rougis. En fait, t'es tellement pas habitué que les gens te portent d'attention que là, c'est presque bizarre. Enfin, bizarre dans le sens plaisant en fait. Mais le pire doit-être que c'est de la bouche de Blake quelle est sortie cette phrase. Donc bizarre². T'as hoché de la tête, positivement comme un débile mental, te mordant la lèvre au passage. Mais arrêtes de hocher cette tête comme un forcené, tu vas finir par avoir mal au crane.

«  Oui. Un peu. Enfin, du moment que j'y vais pas attention et qu'on ne m'appuie pas dessus, ça peut aller. Je pense. »

Même tes phrases prennent une tournures bizarre. Tu regardes les bandages sur le sol. Tu viens de penser que Blake avait du s’emmerder à les faire et toi, tu les as défais à une vitesse assez affriolante. Heureusement qu'il n'y a plus de sang, tout ça. Parce que là, je pense que t'aurais pu crever dans les cinq prochaines minutes en fait. Quelle mort de merde. Saigné à mort. Par un connard dont t'ignores tout.
T'as fermé le poing à cette pensée, plissé les yeux aussi. Ce fumier ne perdrait rien pour attendre. Une fois que tu seras rétablie, tu pourras aller lui casser la gueule vite fait, bien fait. Tch, tu lui en foutrais des «  Mine » sur la gueule.

D'ailleurs t'espère que ça partira. Tu recroises le regard de Blake.

« Hm. Tu penses que ça partira ? »

T'espères vraiment. De un parce que ça te ferait chier qu'un mec que tu connais pas foutre sa marque sur toi comme si t'étais sa propriété. De deux parce que, si cette marque reste, tu sens que Blake va péter un câble pas possible et va vouloir imposer la sienne sur ton corps. Tu le sens venir de lui ça.
Pourquoi ? Parce que tu penses que si t'avais pas les bras totalement vidés de leur force, t'aurai de suite posé ta marque sur Blake.

Histoire d'en faire totalement ta propriété .