AND IF YOU CAN'T GET WHAT YOU WANT, WELL IT'S ALL BECAUSE OF ME.
« Oui. Un peu. Enfin, du moment que j'y vais pas attention et qu'on ne m'appuie pas dessus, ça peut aller. Je pense. »
Tu hoches légèrement la tête et retires ta main, histoire de ne pas le toucher. Tu sais que tu ne dois pas le toucher, tu le savais avant même qu'il ne te dise que ça fait mal si on le touche, que tu ne devais pas le toucher. Alors vas savoir pourquoi est-ce que tu le voulais quand même, sachant que ton but n'est absolument pas de le faire souffrir, mais l'inverse, si possible.
Après un instant, tu soupires légèrement. Il faut faire quelque chose, tu vas pas le laisser comme ça, non plus, quand même. Surtout que voir ces « Mine » sur ses bras t'énerve, quand même. T'en sers même les poings. Qui ? Qui peut vouloir oser dire que Shiney est à lui, hein, que tu ailles oublier une fois de plus que tu ne frappes jamais le premier pour aller lui casser la gueule ? C'est vrai d'ailleurs, c'est étrange, il n'y a que pour Shiney que tu oublies que tu ne déclenche jamais une bagarre autrement qu'en énervant un peu trop un gars, uniquement pour lui que tu mets de côté l'évidence que tu vas perdre si tu te bats. Pourquoi ? Pourquoi tu pers ton égocentrisme et ton instinct de survie quand il s'agit du roux, hein ?
Tu dois bien admettre que t'as vraiment envie de le protéger, au moins un peu.
« Hm. Tu penses que ça partira ? »
Tu hausses un sourcil et regardes Shiney. Est-ce que ça partira ? Est-ce que ces putains de « Mine » partiront un jour ? Tu l'espères. Ils ont intérêt à partir. Sinon, tu vas réellement finir par péter un câble si tu les vois trop longtemps. Si Shiney n'est pas à toi, il n'est à personne. Absolument personne.
Tu hausses les épaules et récupères des bandages propres. T'hésites un instant, tu sais pas si il faut systématiquement désinfecter avant de panser des blessures, mais au cas où, tu vas le faire. Voilà, tu vires à nouveau attentionné. Tout ça parce que t'espères que si tu désinfectes bien ça va partir plus vite. Alors tu t'y mets, aussi doucement que possible ; d'ailleurs, niveau douceur, on ne peut pas nier que tu commences à t'améliorer.
« Je pense, y'a pas de raisons que ça parte pas. »
Ça te ferais surtout péter un câble, si ça finissait pas par partir.
« En attendant j'te remet les bandages, comme ça en plus ça les cachera. »
Parce que tu es pertinemment conscient que cette inscription n'est bénéfique ni pour toi, ni pour Shiney.
Alors tu t'occupes de désinfecter et bander son bras, consciencieusement, en t’efforçant à ne pas faire attention à l'inscription dessus. Voilà. Maintenant que ces foutues lettres ont toutes disparues, dissimulées sous les bandes blanches, tu te sens presque mieux. Presque. Tu ne te sentiras vraiment mieux que quand elles auront disparu même sans avoir à être cachée. Ou quand tu auras imposé ta marque par dessus, peut-être.
Une chose est sûre, si Shiney n'avait pas été en si mauvais état, tu aurais déjà marqué ton territoire.
Maintenant que t'as fini, tu te redresses, lâchant à nouveau un énième soupir, et t'approches de ton lit pour récupérer le sac que t'avais posé dessus. Tu observes son contenu d'un air blasé ; ton estomac t'as refait le coup de décréter que maintenant que t'as ta bouffe devant toi et que tu peux manger, il n'a plus faim. Alors qu'il était presque en plein concert de « j'ai faim ! » et de « je suis vide ! », dans sa propre langue évidement, il y a quelque temps.
Ou peut-être que t'as juste l'estomac noué par la jalousie.
Tu sers les poings mais te calme finalement légèrement et tend le sac à Shiney, le lâchant avant même qu'il n'ait pu l'attraper.
« Tiens, tu peux tout bouffer si tu veux, j'ai pas faim. »
Le pire c'est qu'à force ça te fait même plus bizarre de dire que t'as pas faim alors que juste avant, aucun estomac ne pouvait être plus bruyant que le tien.
T'as juste un gros coup de barre, en fait. Ouais, t'es complètement claqué. T'as pas l'habitude de te sentir aussi énervé, possessif et jaloux, ça doit être pour ça que t'es juste crevé comme si tu venais encore de passer une nuit à jouer à Pokemon. Alors tu te laisses tomber sur le ventre sur ton lit ; tu pourrais presque t'endormir dans les secondes qui viennent, là. Tu ramènes tes bras, jusque là étalés devant toi, sous ta tête, et tu fermes les yeux. Ouais, pourquoi pas.
Ou peut-être que tu devrais surveiller Shiney. Ou lui dire de dormir aussi, parce qu'il a besoin de repos vu son état. Ouais, mais t'as la flemme d'ouvrir la bouche, tout comme t'as la flemme de rouvrir les yeux ou même de bouger d'un millimètre. Il fait ce qu'il veut. C'est pas parce qu'il va certainement passer plusieurs jours avec toi, dans ta chambre, que tu dois faire la nounou.
Il va rester avec toi pendant un moment... Le pire c'est que cette idée ne te dérange même pas, finalement. Le fait qu'il reste ici, avec toi, sans que personne à part Green ─ d'ailleurs, il est où Green, il devrait bientôt rentrer, sûrement ─ ne le sache, c'est un peu comme une marque de propriété. Il dort dans ta chambre, donc il est à toi. A toi, à personne d'autre qu'à toi et à toi seul. Ouais, c'est exactement ça. Shiney est tien.
Et tu boufferas quiconque osera prétendre le contraire. Et surtout ce bouffon qui a gravé ces putains de « Mine » sur ses bras. Tu vas lui faire regretter.
C'est beau, de rêver. Mais ça reste sûrement moins beau que tout ce que tu serais capable de faire, quand ça concerne Shiney.