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 Te regarder souffler sur les vitres — Hannibal.

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Invité
Sujet: Te regarder souffler sur les vitres — Hannibal. Te regarder souffler sur les vitres — Hannibal. EmptyLun 13 Juin - 4:59



J'AIME BIEN LE CINÉMA QUAND C'EST TOI QUI RACONTES LA FIN.
Te regarder souffler sur les vitres — Hannibal. Tumblr_liut9sIC3S1qgzof2o1_1280_large
QUAND TU DIS DU BOUT DES LÈVRES,
QUAND TU CHASSES LA PEUR DANS MES MAINS.
Elle tremble, Lachesis. Le dos collé aux carreaux glacés, elle tremble. Le regard rivé aux éviers, elle tremble.
Et l'immense miroir qui les surplombe ne lui renvoie que les contours frileux d'une silhouette froissée, à l'aplomb défait et à l'air mauvais. Elle tremble, et elle n'est même pas sûre de savoir pourquoi. Trop de facteurs en jeu, trop de causes plausibles. Elle tremble, point.

Soudain le corps ploie à nouveau, pas le temps de remonter la main, juste de se précipiter face à la glace, la tête dans une vallée blanche — elle a encore trop de dignité qui n'en a que le nom pour s'abaisser à finir le nez dans une cuvette d'eau stagnante, et puis il n'y a personne à cette heure. La main froide qui vient racler les lèvres plus si alléchantes, et les relents sales qui lui montent à la tête, l'acide et l'amer mélangé, le rance, passé. Et ton ventre qui se contracte encore, ta gorge en feu, la bile vicieuse qui se glisse dans tes veines et ton sang de sirène qui te démange à n'en plus finir. Ça t'amuse de jouer les filles trop fragiles ? Ça te plait de te diminuer sans cesse ? Tu sais, tu vas t'y brûler plus que les doigts, à force. Tu sais, tu vas finir par n'être plus qu'une enveloppe transparente, un vague spectre, à force. Mais n'aie pas peur, Lachesis, tu as encore le temps, encore le temps pour quelques battements d'ailes, encore le temps pour quelques sortilèges. Encore quelques grains de poussière dans le sablier, encore un peu de répit ; mais pas beaucoup. Ce ne sont pas tes misérables regards plus étincelles faiblardes qu'éclairs olympiens qui pourront figer les aiguilles, tu ferais bien de surveiller ton heure, Lachesis.

Et, pauvre nymphe plus effrayée qu'effarouchée, elle s'est refusée à retourner dans sa chambre, retrouver ses draps solitaires et l'étreinte étouffante de Morphée, a préféré s'en aller errer comme elle sait si bien le faire. Et se fondre dans l'obscurité comme une ombre ondulant au fond de l'abîme, le bruit de ses pieds éternellement nus étouffé par le silence tyrannique, la main filant les murs comme la traîne étincelante de cette esquisse d'étoile fluorescente qui étreint son poignet. Puis osciller entre quelques insomniaques de passage, une étreinte ici et un baiser pas si chaste là-bas, chaparder à un fêtard égaré quelques lampées brûlantes dont la rassurante chaleur illusoire la ravive un instant. Et poursuivre sa route comme si elle avait le monde à ses pieds, comme si elle avait l'horizon au bout des doigts, et l'infini dans le reflet de ses yeux trop sombres. Continuer à avancer dans le noir en chantonnant à mi-voix une mélodie attrapée au vol en passant devant une porte, esquissant un, deux, trois pas, une volte et puis marcher à nouveau droit, ou presque. Parce que t'aimes pas marcher droit, t'aimes pas devoir jouer les lignes parallèles, t'aimes pas te plier sagement aux désirs de prestance et rédemption. Non toi t'aimes prendre des détours, les labyrinthes et leurs dédales tortueux, toi t'aimes les méandres, et pas qu'aux creux des reins, les sentiers de forêt qui disparaissent sous tes yeux, tes pas. Toi tu préfères tourner en rond qu'avancer tout droit, droit devant. Ça fait longtemps que la boussole dans ta tête n'indique plus le Nord, tu sais, ça fait longtemps que t'as tout démagnétisé. Elle sert plus à rien ta jolie boussole, Lachesis.

Elle croise de moins en moins de rais de lumière sous les portes, songe distraitement qu'une heure ou deux ont dû filé depuis, ne daigne même pas hausser les épaules. Trop occupée à réprimer le retour sournois de tes tremblements acides. Ta main libre vient vainement agripper ton flan opposé, s'enfonçant entre tes côtes, comme si ça pouvait chasser l'invisible. Il y a quelque chose comme du désespoir dans ton geste, quelque chose comme une habitude aussi. Tu devrais grandir un peu, Lachesis. Il n'y a que toi pour s'exiler ainsi, pensant sottement échapper à ces monstres qui ne te lâcheront. On échappe pas à ses ombres, Lachesis. Pas comme ça.

Et puis, presque brusquement, elle relève la tête, redresse sa silhouette de poupée désarticulée, sensation agréable d'une odeur familière au creux des poumons. Huit lettres égrainées sans bruit. C'est une odeur de tabac froid rehaussée de fumée fraîche, mais pas n'importe laquelle. C'est le parfum gris d'une peau saveur volutes, c'est du noir criblant le pâle, c'est du blanc en pagaille et une voix qu'elle n'aime jamais plus que lorsqu'elle déraille. C'est, loin de la perfection sur papier glacé d'Yves, la déliquescence impudente d'Hannibal. Elle a presque un sourire lorsqu'elle devine ses contours, affaissé contre la porte qu'on a claqué derrière lui, a une brève pensée pour la terreur vicieuse qu'elle sait s'être emparée pour la nuit de son éternel complice au nom de défaite. Ou de victoire, tout dépend de quelle nation on arbore le drapeau. Et elle est là, à moitié dévêtue, à s'affaisser devant lui alors qu'elle devrait être endormie à cette heure. Mais elle ne veut pas céder au sommeil, pas après ça.

    Je suis morte.

Le son de sa voix la surprend un instant, comme si elle avait oublié à quoi il ressemblait, et elle reprend plus bas.

    J'ai mal rêvé, c'était tout blanc, ou tout noir, je sais plus. C'était comme si je me noyais et qu'on me brûlait vivante en même temps, qu'on m'étranglait, me poignardait, ça venait de partout à la fois, et je pouvais pas hurler, je pouvais pas ouvrir les yeux. Et quand je me suis réveillée je suis morte.

Frissons sur l'échine, elle tremblerait presque à nouveau. Une lèvre serrée entre les dents, elle se glisse entre les jambes masculines, laisse tomber son front sur l'épaule, froissant d'une main la chemise du russe.

    Je ne veux pas mourir, Hanni. Je ne veux pas mourir encore une fois.

Elle a la voix blanche, comme on dit, et elle aurait presque l'air d'en faire trop. A t-elle vraiment l'air sincère, la fillette aux allures de menteuse ? Elle est si bonne comédienne parfois, l'ensorceleuse. Alors on ne sait pas trop, on hésite. Et puis on s'en fout.

Cesse donc de faire l'enfant, Lachesis. Ce n'était qu'un mauvais rêve.
J'AIME BIEN LES QUARTIERS DE LUNE, ET TA CONSOLATION.
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