L'envie soudaine de l'année, évidemment.
Crazy n'en avait pas souvent des comme ça, ce n'était pas du tout son genre en fait. Mais il y avait des fois où il se sentait obligé de se souvenir de certaines chose et là, c'était le moment d'avoir une pensée positive. Donc, après avoir pris un temps fou pour se lever, avoir mangé, avoir eu la foi de se lever de sa digestion, il était partit vers la serre. Ahah. La serre. Tout ça pour quoi ? Se souvenir de la déclaration qu'il avait faite à Monroe. Chose qu'il voyait et revoyait sans arrêt dans sa tête. Conrad connaissait cette scène par cœur. Mais non, il fallait absolument qu'il retourne ici, où le rouquin s'était coupé, avait tâché son t-shirt préféré et tout le reste. En fait c'était un bon et mauvais souvenir à la fois. Je parle bien entendu de son t-shirt irrécupérable. Parce que sinon, il avait bien aimé ce temps là. Ca faisait combien de temps maintenant ? Ahah, il ne s'en rappelait même plus en fait mais c'était le mieux. Compter combien de temps cela fait qu'on est en couple, c'est le mal (et j'en sais quelque chose, c'est du vécu /PAN). Et ça écrase un peu la relation, comme par hasard. Mais bon, puisqu'il ne comptait pas, tout allait pour le mieux entre lui et le rouquin. Si on oubliait certains passages de sa vie d'avant ahah. Il se souvenait il y a deux ans, lorsqu'il avait failli coucher avec Ember. Quoique ça ne serait tout de même pas arrivé. Il ne l'aurait pas laissé faire. Il en doutait beaucoup en tout cas. Mais bref. Conrad se postait devant... les plants de tomates, sisi. Bah il avait vu Monroe ici dès qu'il était entré dans la serre. Il avait été chargé de s'occuper des plants de tomates. Et soudainement il se disait que la couleur de cheveux du roux allait très bien avec ces tomates. Imaginez, mettez les cheveux de Monroe (ou d'Enma Kozato /PAN) près d'une tomate. Ça va ensemble, hein ? Bah ouais, forcément, gniéhéh. Enfin bref. Pour le moment il ne parvenait pas vraiment à tout se remettre en tête alors en attendant, il pensait à tout autre chose. Un souvenir aussi agréable que dégoutant. La fois où il avait mangé des pois-chiches ? Non pas du tout du tout ahah. Il se souvenait de quelque chose qui n'avait rien à voir pour après essayer de se remettre les idées en place. Et, évidemment, ça tombait sur... EMBER YOUHOU. Bref, alors il pensait à il y a deux ans, où il s'était battu pour amuser ce triple idiot, où il avait été manipulé et où il avait littéralement touché ce satané brun. Allons allons. De toutes façons Crazy avait été bien con de croire à un tel sms. Mais il avait quinze ans, ça se pardonne un minimum non ? Parce que bon, à quinze ans tu crois même en Dieu quoi. Quoique j'ai quinze ans et je crois pas en Dieu mais voilà hein. C'était un HS qui servait à rien et j'ai mal aux yeux. Bref. Conrad avait posé son cul par terre, installé en tailleur, regardant fixement les plants de tomates en mettant la gueule d'Ember dessus puisqu'il pensait à lui, loul. En fait, au lieu de penser à tout et n'importe quoi ça tombait sur un crétin avec qui il « s'amusait » de temps à autre. Et évidemment, pas la peine de dire qu'il avait envie d'éclater la tomate retranscriscant son visage. Enfin, dans leur relation actuelle, ça allait, il ne voulait pas tant le tuer que ça. C'était le souvenir qui... enfin voilà. Puis finalement, enfin, il repensait à sa déclaration maladroite, dite basse et vraiment inaudible ou presque. Crazy avait eu l'air ridicule ce jour là mais c'était quand même bon de se confesser quoi. Il n'avait plus eu la boule au ventre qu'il avait depuis leur rencontre, il se sentait beaucoup plus libre avec lui, il pouvait le toucher et l'embrasser... il était... faucon /PAN. Parce qu'un faucon c'est... c'est libre donc... et ça peux voler... enfin bref. Comme un poisson dans l'eau. Jusqu'à ce qu'on vienne l'emmerder, évidemment.

Emmerder les gens.
Etait-ce vraiment ça la motivation d'Ember pour faire tout ce qu'il faisait ? Si on pouvait bien entendu parler de motivation. C'est pas comme si on pouvait se justifier de briser la vie des gens "simplement par envie". Quoi que le brun pourrait bien le faire. Mais non, au final, ce n'était pas son intention première. La véritable raison semblerait, comment dire, peut-être trop philosophique pour les autres. Preuve ; il avait déjà faillit endormir Shadow avec son monologue. Il en avait conscience, mais ... le temps passé à raconter des vérités encrées que le brun n'écoutait même pas avait été une torture en plus, lui qui, à ce moment-là, n'attendait qu'une chose : obtenir des clopes de la part du Shape. Mais pour le moment, là, maintenant, le dit-Shape n'était pas en sa compagnie et faisait donc ce qu'un orphelin de sa catégorie devait faire convenablement : du sport, loul. Enfin, du sport ... Appelons ça du sport, va, cependant, il n'y avait aucun but réellement scolaire dans ce qu'il faisait. Non en fait c'était plutôt de la survie, là, maintenant. De l'amusement aussi, forcément. Ses jambes fines traversant à toute vitesse les couloirs, il semait une certaine personne qu'il avait précédemment volée. D'habitude, c'était une jeune rousse qu'il tentait de fuir lors de leurs courses et combats effrénés. Mais bon, il arrivait que les gens n'apprécient pas de se faire voler par le sournois qu'il était. Qui apprécierait de toute façon ? Sûrement personne. Sauf que si Ember désirait garder ce qu'il avait "emprunté", alors ... Il était difficile de récupérer l'objet. Difficile ? Pardon, impossible. C'est pas comme si le monsieur avait une réserve de drogue quelque part et que, malgré que les professeurs le soupçonne, ils n'aient jamais rien trouvé. Alors, trouver un objet qu'Ember cache n'est pas une tâche facile, croyez-moi.
Pour le moment, il s'amusait toujours à semer cet imbécile de gros lourd, toujours plus amusé qu'autre chose. Et, finalement, lassé de son comportement d'homme préhistorique sauvage et enragé, il avait prit un virage au niveau d'un couloir, évitant de justesse et sans inquiétude une personne ; ce qui ne fût pas le cas du sauvage évidemment, qui se prit la personne en pleine face, se retrouvant sur le cul quelques secondes après. Le shape s'était arrêté, les mains sur les hanches, histoire de voir la scène, cet air sournois sur le visage. Quelque chose, plus loin derrière, attira cependant l'attention de celui-ci. N'était-ce pas Crazy qui venait de pénétrer dans la serre ? Oh. Bah, il allait lui tenir compagnie. Par contre, euh, la serre ?

Son regard se pose une dernière fois sur le gamin à terre en train de lâcher un tas d'insultes barbares et vulgaires à la personne dans laquelle il est rentré, tellement haineux et furieux qu'il ne remarque pas Ember repasser près de lui pour rejoindre le bout du couloir et, en conséquences, le blond. Alors il pénètre dans la serre, sans pourtant s'y avancer de trop. Il reste à l'entrée un moment, appuyé contre l'encadrement de l'ouverture, les mains dans les poches arrières. Ce petit sourire persistant au coin des lèvres renvoyait vraiment une image de 'j'ai quelque chose de sournois derrière la tête'. Pourtant ce n'était pas toujours le cas. Mais ce putain de sourire arrogant donnait vraiment envie à certaines personnes de lui mettre des claques. Tout à fait normal en soit. Mais alors il restait là, perché à l'entrée, regardant le dos de Crazy qui semblait, comment dire ... pensif ? Ah. Ah, oui, d'accord, Ember voyait où il était. Et Ember comprenait. Nostalgique, hein ? Bah, c'est pas comme si on pouvait être assez proche d'Ember en lui cachant des trucs. Ember savait. Monroe, hein ? Après, même si le brun connaissait beaucoup de Crazy, il ne faisait pas non plus de la télépathie. Il ne pouvait pas savoir qu'il pensait à lui tout en fixant un plant de tomates - chose charmante, d'ailleurs. Il percevait la pensée à Monroe due à l'endroit, et la mine presque triste du blond, mais pas celles qui lui étaient destinées. Au bout d'un moment' d'observation donc, il décida de casser le silence et d'ainsi lui signifier sa présence. « T'es jamais là quand il faut hein, j'aurais pu avoir besoin de toi il y a quelques minutes, parce qu'un furieux me poursuivait. » Bien-sûr, tous les deux savaient qu'Ember n'avait pas besoin de quelqu'un pour l'aider à semer ou régler le compte de certaines personnes. Il demandait l'aide de Crazy par flemme et parce qu'il n'aimait pas la violence. Après, il s'en sortait très bien tout seul, même en cas d'urgence. M'enfin, le shape aimait bien faire semblait d'avoir besoin de lui comme un élément vital.

Alors, d'une légèreté presque gracieuse si on pouvait dire ça, il s'écarta de l'encadrement pour venir approcher l'Alter. Ses mains toujours dans le tissu, il s'était arrêté juste derrière, se mettant sur la pointe des pieds, posant son menton sur son épaule afin de faire mine de découvrir ce qu'il regardait. Silence. Et, finalement. « ... je n'aurais jamais cru que tu puisses trouver un simple plant de tomates intéressant jusqu'à te poser durant des minutes entières devant. » Haha. Comme s'il ne savait pas pourquoi il était là. Mais bon, Ember adorait faire l'innocent et faire mine de rien. C'était l'un de ses passe-temps préférés ça aussi. « A moins ... » Alors il se reposait sur ses pieds, tout en finesse encore une fois, rompant le contact qui les liait. Haussement de son sourcil droit. Tête de sournois : ON. Le sourire en coin like always. « ... que tu ne sois simplement nostalgique ? » Mais omg, COMME S'IL venait de deviner. Il le savait depuis le départ, pourquoi il était là. A quoi il pensait (sauf pour les pensées qui lui étaient destinées). Mais encore une fois ... il adorait jouer l'innocent naïf.

Le blond ne se doutait pas du tout de l'agitation à l'intérieur de l'orphelinat et de toutes façons, il s'en fichait pas mal. Ce qui lui importait (et c'était assez difficile à croire et franchement, c'était comique) c'était ce putain de plant de tomates en face de lui. Il l'analysait en même temps qu'il pensait à Ember ce qui n'avait rien à voir avec ce qu'il voulait. Oui parce qu'entre deux fragments de mémoire sur Monroe, la gueule d'Ember faisait son apparition genre « koukou sa va ? », gueh. Mais bon il arrivait à se focaliser sur le rouquin, même si ça cassait un peu tout qu'il débarque dans sa tête. En même temps qu'il pensait, comme un tic, il caressait ses jambes ou crispait ses mains sur le tissu de son pantalon. Il les crispait en se revoyant, en s'imaginant et ayant un peu honte de ses paroles. Bah oui, Crazy à la base n'était pas quelqu'un qui disait je t'aime facilement. À la base il n'a pas de sentiments. Il suffisait qu'un rouquin débarque, bien sûr. Et pour lui ce n'était pas n'importe lequel. C'était comme s'il l'avait attendu quoi. C'était assez bizarre dans le genre, lolilol. Puis, soudainement et sérieusement il ne s'y attendait pas du tout, il sentait une présence. Conrad ne cherchait pas à savoir qui c'était et il pensait tout au fond de lui qu'il s'en irait rapidement puisque... puisqu'il n'y a rien à faire dans une serre à part s'occuper de plants de tomates, de fleurs et de tout ce qu'on peux trouver dans une serre, quoi. Mais bon, ça n'avait pas l'air de vouloir s'en aller alors le blond se relevait sans pour autant faire face à la personne. Il n'en avait pas franchement envie pour le moment même si son regard se faisait pesant. En fait, il reconnaissait presque ce regard mais préférait éviter de tirer des conclusions hâtives.

« T'es jamais là quand il faut hein, j'aurais pu avoir besoin de toi il y a quelques minutes, parce qu'un furieux me poursuivait. »

Oui, bon, au final il aurait dû. Évidemment que c'était Ember. Ça ne pouvait être que lui. C'était le seul à l'emmerder et à presque le pister. Quoique pister et un mot un peu fort... le brun était là, au même endroit que Crazy et ceci assez souvent. Ahah. Pour l'alter c'était souvent. Il voyait trop Ember c'était presque comme s'il vivait avec lui. Oh, pardon. Techniquement, il vit avec lui puisqu'ils sont sous le même toit. Mais bon, il avait bien pris l'habitude de le croiser sans arrêt donc bon. Il n'allait pas vraiment s'en plaindre. Ses pensées s'étaient arrêtées de toutes façons alors son attention était bel et bien sur le brun. Malgré qu'il lui fasse dos.

« ça t'aura fais faire du sport. » disait-il assez bas, croisant ses bras avant de pouffer très légèrement.

En effet, il s'en fichait. Aujourd'hui du moins. Parce qu'il était toujours là pour Ember dès qu'il ne voulait pas se battre. Quoique.. il n'avait jamais vu Ember se battre. Ça existe Ember qui donne un coup de poing ? Non parce que, il est comme saint Thomas, Conrad. Il ne croit que ce qu'il voit. Pour lui, le brun était une tapette qui ne savait que courir :'D. Enfin, Crazy savait qu'il savait se débrouiller tout seul. C'était un homme, quoi. Il... pouvait se démerder D8 ! Mais l'aider le distrayait un peu en fait donc voilà, il refuserait jamais d'aider Emby. Le blond entendait ses pas, essayait de calculer la distance les séparant mais... mais les calculs, c'était pas du tout son fort. Genre, il est en froid avec les chiffres, you see ? De toutes façons il ne se retournerait pas. Son amant de plant de tomates était là. Mais bon il était facilement oublié lorsqu'un menton se déposait sur son épaule pour regarder devant lui. Conrad soupirait légèrement en attendant le courroux du brun. Il allait bien commenter le fait qu'il était là quand même.

« ... je n'aurais jamais cru que tu puisses trouver un simple plant de tomates intéressant jusqu'à te poser durant des minutes entières devant.
- Faut croire que les tomates sont captivantes. Tu devrais essayer, j'te jure. Ça détend mais ça donne faim. »

En fait, non ça donne pas tant faim que ça mais... mais il voulait pas lui dire qu'il pensait à Monroe quoi. Ça ne le regardait pas vraiment et il... il lui fallait un minimum d'intimité même si Ember aurait deviné qu'il était là par... par besoin de se remémorer des moments forts de sa vie. Des moments merveilleux, magnifiques et incroyablement beaux quoi D8 ! Oui, je parle aussi d'il y a deux ans mais ça c'était un peu à coté quoi. C'était pas dans le contexte roux.

« A moins ... »

Sa tête se tournait un peu vers lui, le blond relevant les sourcils et prenant un air assez interrogateur genre « quoi encore ? qu'est-ce que tu vas dire ? ». Dès qu'il se reposait sur ses pieds il fit volte face pour le regarder, monsieur décroisant les bras et enfouissant ses mains dans les poches avant de son jean. Naturellement, il n'aimait pas son air sournois, même s'il y était habitué depuis le temps qu'il le connaissait.

« ... que tu ne sois simplement nostalgique ? »

Loul. Bingo, Ember. Conrad haussait les épaules en souriant en coin furtivement. Ahah, oui, bon, d'accord. Il était peut-être un peu nostalgique mais hors de question de l'avouer au shape. Pas question. Alors, comme s'il cherchait à se distraire, il pokait un peu son torse.

« Tu me trouves nostalgique ? »

Conrad haussait de nouveau les épaules. C'était devenu une habitude depuis un moment maintenant.

« Je ne le suis pas pourtant~ »

L'art de nier tout en voyant qu'il mentait. Parce que bon, mentir à Emmanuel était assez compliqué dans le sens où il savait tout. D'ailleurs, il se demandait bien comment il faisait pour tout savoir. Certes, il racontait parfois quelques trucs à Ember (même si c'était rare), mais ça... il n'avait pas le souvenir de lui avoir parlé de sa rencontre et de sa déclaration d'amour à Monroe. Quoique bon, c'était pas bien grave qu'il le sache. C'était pas un secret, frr (← il te poursuivra). Puis rien ne lui disait qu'il le savait D8 !

« Ca t'aura fais faire du sport. » Oui bon, en tant que Shape, il en faisait quand même. Sûrement plus que Crazy. Mais c'est pas comme s'il avait la nécessité de relever cette remarque peu utile à son goût. Alors pour, encore et toujours, l'emmerder, il vint poser son menton sur son épaule comme son copain aurait pu le faire de façon attentionnée. Sauf qu'avec Ember, il n'y avait jamais rien d'attentionné. « Faut croire que les tomates sont captivantes. Tu devrais essayer, j'te jure. Ça détend mais ça donne faim. » Crazy et ses remarques d'imbécile. Enfin maintenant il avait l'habitude. C'est pour ça qu'il n'avait pas non plus commenté celle-ci et lui avait directement imposé une autre possibilité – possibilité qui s'avérait cent fois plus probable évidemment. Ember n'était pas mathématicien mais était très bon niveau déduction, ce n'était pas nouveau. Et le brun se reposa sur ses pieds avant de lui imposer cette nostalgie qui émanait de lui, et qu'il semblait tout à fait renier au vu de ses prochaines paroles.

Il ne suivit même pas des yeux son doigt venant appuyer son torse, continuant de le regarder avec un petit sourire en coin. « Tu me trouves nostalgique ? » Et Ember ne répondait pas, s'attendant à une suite. Quelle question. Il sentait la nostalgie à des kilomètres à la ronde. Pour se perdre dans un plant de tomates sans aucune raison – mis à part le fait qu'il avait déballé ses sentiments ici il y a un moment – euuuh oui, il y avait de quoi le trouver nostalgique. Alors ses mains s'enfouissaient sans surprise dans les poches de son pantalon, ses yeux bruns aux tons carmins ne lâchant pas les siens. « Je ne le suis pas pourtant~ – Hum ... » C'est pas comme si il le croyait, lol. Alors il haussa les épaules à son tour, sans changer d'expression. Soupir. Il le contourne, faisant mine de jeter un œil à l'espace autour de lui, comme s'il venait visiter. A vrai dire il ne venait pas beaucoup ici. Il s'approche donc d'un établi, vérifie qu'il est propre avant de se soulever pour poser ses fesses dessus, balançant légèrement ses jambes. « Pourquoi ne pas plutôt faire un tour à la cantine pour te rappeler d'encore meilleurs souvenirs? » Son sourire s'accentue un peu à cette remarque, conscient de ce à quoi il fait appel. Maintenant qu'il était en couple, c'était un sujet un peu plus amusant à traiter.

Ses mains viennent se joindre à l'arrière de son crâne, alors qu'il passe sa langue sur ses lèvres, regardant Crazy du coin de l'oeil. « Tu as vraiment été nul ce soir là. Décevant. Je pensais avoir trouvé un bon adversaire, mais bon ... » Il regarde quelques secondes le plant de tomates si observé et revient vers le blond. Ou comment titiller sur un sujet sensible ? Mais cette fois, il ne voulait pas simplement l'évoquer. Il voulait en parler avec lui. Oui, il avait vraiment envie de le faire chier, là maintenant. Et son regard se plisse un peu. Provocateur. « ...même sur ton propre terrain tu échoues. N'est-ce pas malheureux ? »

Il lève sa main droite de façon à voir ses ongles, vérifiant leur longueur et leur netteté. Bah oui c'était pas rare de voir Ember avec une lime à ongles, haha. En plus, comme il faisait du sport en bon Shape qu'il était … Bon bah, il aimait pas avoir des cassures ou des irrégularités. Et c'est pas comme si ça le dérangeait de s'afficher avec cet outil principalement féminin. Est-ce qu'Ember avait ne serait-ce qu'une fois été embêté par le jugement des autres ? Bien-sûr que non. De toute façon, c'était lui qui jugeait les autres. Pas le contraire. Il n'avait donc pas à penser à ce genre de choses.

Puis il remontait ses jambes sur l'établi afin de se positionner en tailleur, les mains posées sur les chevilles à présent. Qu'est-ce que leur relation pouvait être bizarre. Tout comme celle qu'il avait avec Shadow. Mais c'était tout de même différent. Avec ce dernier, il semblerait qu'il ait du mal à agir comme il le veut, étrangement. Alors, pour gagner sur Ember, il en faudrait pas être un bon joueur ? … Il faudrait être tout simplement … Encore plus faible ? Non, pourtant, ces gens-là n'intéressaient pas le brun. Shade, c'était vraiment autre chose … Et il n'arrivait pas à mettre la main dessus. Certes, cette personnalité plutôt spéciale l'intéressait énormément, et il avait utilisé presque le même stratagème que pour gagner sur Crazy sauf que bizarrement sur Sho ça ne marchait pas de la même façon. Il avait d'ailleurs un peu perdu son sourire à se perdre dans ses réflexions, le regard dans le vide, avant de le relever sur le blond. Certes, il le savait bien, il n'avait rien à craindre du Shape au jour d'aujourd'hui. Mais Emmanuel était quelqu'un dont il fallait se méfier, c'était un fait. Le retournement de veste sans remord était quelque chose qu'il pouvait tout aussi bien pratiquer. S'il se décidait à remettre Conrad dans des histoires … Ca irait sûrement mal pour celui-ci. Il ne valait mieux pas pour lui. Bon pour l'instant, aucun plan machiavélique ne trainait dans son esprit concernant l'Alter … Mais encore une fois, précisons que ce n'est que « pour l'instant ».

Quand il repensait, certes, il s'était bien amusé, quand il avait joué avec le blond. Mais au jour d'aujourd'hui il avait trouvé tellement plus intéressant que ce qu'il avait vécu lui paraissait ennuyant. Et il commençait à se demander ce qu'il avait trouvé de si captivant et divertissant chez Crazy. Enfin peut-être qu'il pensait comme ça parce qu'il entretenait une relation trop calme à son goût avec. Donc oui, aucun plan machiavélique ne traînait mais … en fait, après réflexion, il ferait mieux d'en élaborer un, ou il risquerait de se lasser de l'Alter. Enfin de toute façon, qu'il s'en lasse, il ne tenait pas à lui. Ca enlèverait juste une personne pour qui il avait eu une once d'intérêt. Mais voilà, cet intérêt s'était dissipé il y a longtemps ; là était le problème.

Les remarques de Crazy, celles qui semblaient crétines, blasaient même un enfant de neuf ans. Sans rire. S'il pouvait seulement fermer sa gueule dans des moments importants, c'était bien. Mais ces remarques, il ne les faisaient que s'il ne trouvait rien à dire. Rien d'important, rien de concret, rien qui ferait avancer la conversation. Donc, selon lui, dire des conneries allait mener à une conversation tout à fait normale et intelligente. Mais avec Ember, ce n'était pas vraiment ça. Malgré tout, cette habitude il ne la perdait pas. Même si ça énervait Ember, lui donnait quelque chose de négatif, il ne la perdrait jamais. Il pouvait lui dire que ce n'était qu'un gosse, il le savait. Mais pour un soi-disant gosse, il savait se montrer sérieux. Les conneries sortaient certes seules, mais c'est seulement lorsque son cerveau ne cherche pas à réfléchir. La flemme a toujours été quelque chose de très présent chez lui, d'handicapant. Depuis qu'il avait changé, il n'avait plus fait autant attention à ce qu'il disait. Parce qu'un simple « caca » le faisait rire. Parce qu'il avait la joie. Parce que c'était devenu, mentalement lorsqu'il ne voulait pas faire d'effort, quelqu'un de faible. Pourtant, en apparence, on voyait bien qu'il était fort. Crazy sans musculature, ce n'est pas envisageable. Comme un Crazy sans bêtise ou un Crazy sans un semblant d'intelligence ou de sérieux. Crazy pouvait être tout et n'importe quoi, si ça pouvait l'arranger. Et il était là, au milieux de la serre, se souvenant de sa confession totalement niaise avec un Ember qui cassait tout, qui brouillait son fil de pensée tout simplement parce qu'il avait failli coucher avec lui avant que son copain n'arrive. Mais vu que c'était quelqu'un de totalement réfléchi et qui contrôlait ses pulsions, évidemment, il n'avait pas amusé longtemps le shape, ce qui était sacrément dommage. Parce que lui aussi, aurait aimé s'amuser encore un peu avec ce mec tout à fait détestable. Parce que ce mec était bandant, aux premiers abords. Même si son caractère laissait à désirer. Mais allez savoir pourquoi, ce mec, même sans le connaître, il ne l'aurait jamais vu hétérosexuel. Alors allez savoir avec qui il allait se caser, il priait pour que ce soit un mec et qu'il s'avoue vaincu. Il rêvait aussi du jour où il lui dirait en face : hey, Ember, ta gueule, de toutes façons t'as une tête de gay. Rien que pour voir la gueule qu'il ferait. Il ne s'attendrait pas à quelque chose de positif, mais il voulait quand même savoir ce que ça lui ferait, en bon curieux qu'il était. Et tant qu'à parler d'Ember, ce qui lui plaisait chez lui c'était surtout ses yeux. Mais là, il le fixait tellement qu'il aurait aimé les crever pour ne plus les voir. Ses yeux étaient si intenses à ce moment qu'il se sentait assez déstabilisé. Seulement, il ne montrait pas le fait qu'il était troublé. Parce que ce serait montrer sa faiblesse. Et vu qu'Ember attaquait facilement les faiblesses, ce n'était pas le moment. Alors, après qu'il ait dit qu'il n'était pas nostalgique – ce qui était totalement faux – Ember avait fait un léger bruit pour acquiescer. Mais il savait bien qu'il ne le croyait pas parce que lui même ne sentait pas l'intensité de son mensonge. Tant pis, qu'il pense ce qu'il veule, il ne s'en souciait pas. Conrad levait les yeux au ciel un instant lorsqu'il observait les alentours, se sentant un peu blasé. Franchement, il n'avait pas besoin de l'avoir au même endroit que lui, là. De plus, ses attitudes enfantines (comme balancer ses jambes dans le vide) le rendait irritable. Qu'est-ce qu'il cherchait ? Pourquoi il était là ? Il ne pouvait pas lui foutre la paix un peu ? Un réflexe : le soupir. Ses yeux se posent sur Ember et il ne dit rien jusqu'à ce qu'il prenne de lui-même la parole.

« Pourquoi ne pas plutôt faire un tour à la cantine pour te rappeler d'encore meilleurs souvenirs? »

évidemment. Il aurait dû se douter qu'il allait parler de ça rien que pour le faire chier. Et en effet, ça le faisait chier, il se tendait soudainement et le regardait de travers. Certes, c'était d'assez bons souvenirs mais y penser pendant un temps, ça allait. Il y avait pensé tout à l'heure, la coïncidence qu'il en parle était carrément horrifiante. Il aurait bien aimé refermer ses doigts autour de son cou. Mais sa langue sensuelle qui passait sur ses lèvres le faisait vite fait oublier cette idée.

« Tu as vraiment été nul ce soir là. Décevant. Je pensais avoir trouvé un bon adversaire, mais bon ... »

Ah si tu pouvais fermer ta gueeeeule~ Oui, il avait été nul. Mais il était si jeune. Il n'aurait jamais pu violer un mec comme Ember. Enfin... il s'était juste dégonflé. S'il avait eu un peu plus de cran, il l'aurait volontiers défoncé jusqu'à ce qu'il en meurt. Mais c'est dommage que ça ne soit pas arrivé. Crazy avait juste été faible.

« ...même sur ton propre terrain tu échoues. N'est-ce pas malheureux ? »

Là, Conrad se sentait obligé de se mettre devant lui, ou presque, juste à quelques mètres, deux ou trois. C'était des mètres précieux. Des mètres qui le séparait de ce qu'il n'aurait jamais. Des mètres importants, chiants. Une distance qui l'emmerdait mais qu'il ne se décidait pas à raccourcir jusqu'à ce qu'il se mette en tailleur. Les mètres se transformaient en centimètres, puis millimètres. Ses mains se posaient sur l'établi de part et d'autre du corps du brun. Honnêtement, pour une fois, cette proximité ne le gênait pas. C'était bien lui qui la fixait, là, tout de suite alors il n'avait pas à s'en plaindre. Souvent, lorsque c'était Emmanuel qui s'occupait de ça, ça l'emmerdait. Ça le gênait. Ça le rendait faible. Et il se braquait, se reculait, presque. En fait, c'était depuis qu'il avait Monroe que ça le gênait et qu'il se sentait mal près d'Ember dès que c'était lui qui gérait. Mais bref, c'était lui qui s'en occupait, dans l'instant. Alors ne cherchons pas plus loin. Ses yeux se plantaient dans ceux du brun. Ces yeux qu'il aimait tant. Ces yeux si profond et d'une couleur si belle qu'il aurait aimé lui voler.

« Tu aimerais que « l'incident » de la cantine d'il y a deux ans et quelques se reproduise ? »

Allons bon, pourquoi pas s'amuser un peu ? Pourquoi pas le titiller avec des questions tout aussi indiscrètes ? Il cherchait à l'atteindre. Il cherchait, comptait y arriver mais il avait quand même peu d'espoir. Peu de gens arrivent à marcher sur le terrain d'Ember et souvent, on se demandais d'où est-ce qu'il sortait toutes ses répliques.

« Tu aimerais que j'aille jusqu'au bout ? »

Il laissait une pause théâtrale, prenait un sourire en coin made in Ember, lolz.

« Tu aimerais que je te baise, Ember ? »

La réponse était prévisible. Un non qui allait claquer dans l'air. Et s'il avait été sérieux, il aurait été blessé. Mais vu qu'il ne faisait que l'imiter... Huh.

Au final, Crazy était quelqu'un de très réactif à la provocation. Il devait le savoir, mais devait aussi se rendre compte qu'il n'y pouvait rien, de toute façon. Il était très impulsif, la plupart du temps. Pas du tout imprévisible – du moins pour Ember – mais sacrément impulsif. Ca se ressemble, mais c'est pas la même chose. C'est à dire que même s'il agissait d'un coup sans prévenir, Ember pouvait le sentir à des kilomètres. Donc il était certes impulsif mais prévisible à la fois. Et comment ne pas deviner qu'il allait donc réagir à cette merveilleuse provocation ?

Et en effet, le blond s'était vite retrouvé en face de lui. Là, patient – car Ember savait qu'il n'allait pas garder la distance trop longtemps – ce dernier s'était positionné en tailleur. Il en aurait presque baillé. Qu'il était lent aujourd'hui à la réaction. M'enfin elle ne manquerait pas d'être explosive non plus, alors bon. C'était déjà mieux qu'une réaction toute molle pourrie. Le jour où Crazy serait comme ça, c'est que quelque chose n'allait pas.

Mais bref, Conrad s'était au final rapproché, à quelques centimètres de lui. Le fait qu'il ait calculé à l'avance son approche le faisait légèrement sourire en coin, d'ailleurs. Pas étonannt. Sauf que bah, le fait qu'il vienne s'appuyer sur ses cuisses et qu'il se penche à ce point de lui ne lui plaisait pas vraiment, et son sourire s'effaça vite. Ce n'était pas sous la pression ou quelque chose de ce genre, c'était simplement parce que, certes, Ember aimait toucher les gens, mais il n'aimait vraiment pas qu'on le touche lui. C'était peut-être d'un sens prétentieux, mais il n'aimait pas tout simplement. Puis de toute façon, Ember était un petit égocentrique sur les bords alors, que ce soit prétentieux ou pas … ce n'était pas nouveau. Donc il ne bougeait pas, le dos vers l'arrière puisqu'il s'appuyait sur ses mains derrière, mais le visage immobile, faisant face au blond. Malgré la proximité imposante, son sourire disparu, un air légèrement blasé et dégoûté sur le visage, il avait lentement baissé les yeux sur ses mains, puis les avaient relevés vers lui de nouveau.

« Tu aimerais que « l'incident » de la cantine d'il y a deux ans et quelques se reproduise ? » Et lui, lui clignait des yeux, toujours cet air sérieux sur le visage. Ne me demandez pas comment Ember avait développé ce dégoût pour le toucher des autres, ça avait toujours existé. Pour l'incident d'il y a deux ans comme disait Crazy, Ember avait bien préparé son coup, et comme c'est lui qui avait provoqué et qu'il était « préparé », son dégoût profond pour le contact physique inopiné des autres avait été mit de côté. Mais là, le reste du temps, non, il aimait pas, et c'était plutôt genre « dégage tes sales mains de moi ». Pauvre chaton qui aime pas être souillé va. « Tu aimerais que j'aille jusqu'au bout ? » Pourtant, il garde la même expression depuis tout à l'heure, ne bronchant pas. Bien-sûr. Crazy devait bien retourner la provocation.

« Tu aimerais que je te baise, Ember ? » Là, réaction. Minime, certes, mais réaction tout de même. Son sourcil droit se hausse, l'air blasé sérieux se perpétuant du moins. Il laisse néanmoins quelques secondes s'écouler avant de venir écraser, dans un soupir exaspéré, son index sur le front du blond pour le faire reculer et ainsi se redresser. Ses deux mains reviennent donc se poser sur ses chevilles après avoir rapidement passé la droite dans ses cheveux ébènes. Il repose ses yeux marrons aux tons carmins sur ceux de Crazy. « T'es vraiment un sale ado chiant et instable. » Bon, ado chiant bah … un adolescent avec des remarques ou des actions irréfléchies et puériles, comme on a pu le voir précédemment, mais aussi instable ; émotionnellement et donc, ici, inévitablement sexuellement. Puis un ado c'est instable tout court dans tous les sens du terme donc ça lui allait bien. « Non, pas vraiment non. Si tu es en manque, tu as toujours ton petit copain roux pour t'amuser. Comme tu le sais j'ai déjà tâté ce terrain et, personnellement ... » Oh. Petit sourire en coin qui revient. « ... c'était amusant une fois, mais pas deux. Et surtout pas jusqu'au bout. » Encore une fois, un soupir, alors qu'il vient enfoncer son coude dans sa cuisse et appuyer son menton dans sa main du genre je m'emmerde. « Franchement, je ne vois pas ce que vous trouvez de si addictif dans le sexe, vous les humains. Ce n'est même pas amusant. » Ce n'était pas une blague, il ne comprenait vraiment pas. Est-ce qu'il était de ceux que l'on pouvait appeler « frigide » ? Non, ça avait un autre nom, mais après … ne tirons pas de conclusions trop tôt. Ember était quelqu'un de compliqué, alors bon. Faut se demander pourquoi aussi ça le dérange pas que certaines filles le rembourse en nature alors que le sexe et lui c'est pas la grande histoire d'amour. Non mais Ember faut faire toute une thèse sur lui pour le comprendre et ce serait trop long et inutile d'étaler ça ici. De toute Crazy devait bien se douter de l'intensité à laquelle il était quelqu'un de compliqué, même si ça n'avait peut-être pas l'air aux premiers abords. « Et puis sois un peu moins vulgaire, tu veux ? Tu m'offense à me parler comme à une prostituée là. » Haha Emby 8D.

Crazy était réactif seulement quand quelque chose ou quelqu'un l'intéressait. Ember l'intéressait et il l'avait certainement toujours intéressé. Il l'avait souvent vu, il avait pensé à lui parfois mais sinon... ce n'était pas grand chose. Jusqu'à l'incident d'il y a deux ans. Car s'il y avait quelque chose qui l'avait réellement touché c'était ça. Cet incident resterait à jamais dans sa mémoire. Comment pouvait-il l'oublier ? Il avait quand même failli coucher avec lui. Quoiqu'il n'avait pas du tout la motivation pour. Autant Ember que lui. Ember, de toutes façons, ne savait pas ce qu'était l'excitation sexuelle alors à quoi bon ? Il allait bénir mentalement la personne qui allait le faire réagir. Mais si ce n'était pas lui, il allait rageusement se sentir blessé et sa fierté de mâle allait en prendre un coup. Selon lui, c'était la personne avec qui coucher. Selon Crazy, lui-même était un apollon qu'il ne fallait pas rater et s'il n'avait pas Monroe, il se serait tapé réellement TOUT LE MONDE. Sauf qu'il avait un copain maintenant. Et tout ceux qu'il croisait et qu'il savait qu'il n'avait pas touché, il regrettait. Tout comme Ember. Il regrettait et ça venait comme de l'acide dans ses pensées, dans son cerveau. Avait-il réellement la motivation pour stimuler Ember, au fond ? Parce qu'à part un petit pincement au cœur dès qu'il le voyait et des maux de tête insoutenable lorsqu'il pensait trop à ce cas, il n'y avait rien. Un début d'amour, probablement. Un amour qu'il essaierait de refouler comme si c'était la peste.
Le blond reculait de force, poussé par un doigt qu'il n'avait pas vraiment vu venir tellement ses yeux bruns étaient plantés dans ceux du shape. En tout cas, il avait réussi à obtenir une réaction. Certes, insignifiante mais c'était déjà ça. Venant d'Ember, ce n'était pas étonnant. Il réagissait si peu aux choses que c'était blasant. Comment vouloir l'emmerder s'il ne réagissait pas ? Tout ce qu'aimait Crazy, c'était les réactions impulsives, dures, l'énervement direct de son adversaire. Mais il n'y avait rien avec lui. C'est pour cela que, souvent, il ne le considérait pas comme humain. Le blond s'était redressé, ses bras le long de son corps. Bien entendu, ses yeux ne s'était pas détachés. Les yeux qui s'étaient aussitôt fermés fixaient de nouveau le même point de départ. Les yeux énervants du brun. Et il soufflait pour calmer son irritation.

« T'es vraiment un sale ado chiant et instable. »

Sans blagues. Ce n'était pas nouveau. S'il venait de le remarquer seulement maintenant, c'est qu'il n'était pas très observateur. Mais il y avait peu de chances pour qu'il ne le remarquât qu'aujourd'hui. Ça faisait deux ans qu'ils se côtoyaient. Louper ce trait de caractère était louper l'entière personnalité du blond. Mais au lieu de dire chiant et instable, on aurait pu tout simplement raccourcir en le qualifiant de lunatique. Ses yeux avaient quittés les siens un instant pour les lever au ciel. Ember tout entier, sa position, son visage et sa façon de parler voulait le faire fuir. À quoi bon insister, après tout ? Là, il ne le trouvait pas intéressant. Parce que les détails sur lui-même ne l'intéressait pas. Selon lui, il était parfait.

« Non, pas vraiment non. Si tu es en manque, tu as toujours ton petit copain roux pour t'amuser. Comme tu le sais j'ai déjà tâté ce terrain et, personnellement... c'était amusant une fois, mais pas deux. Et surtout pas jusqu'au bout.
- T'as juste peur que je touche a ton cul, sale puceau. »

Avait-il lâché avant qu'il ne se remettre à soupirer et à s'installer comme un enfant qui en a marre de rester trop longtemps dans la salle d'attente du médecin. Autant lui dire en face qu'il ne voulait plus de sa compagnie, il s'en irait. Ou plutôt, il ferait dégager Ember puisqu'il était là avant lui. Crazy croisait les bras en attendant la suite, sur les nefs de s'être fait repousser précédemment et surtout que sa provocation n'ait marché qu'à moitié.

« Franchement, je ne vois pas ce que vous trouvez de si addictif dans le sexe, vous les humains. Ce n'est même pas amusant. »

Cette remarque lui fit étirer un sourire. Évidemment qu'il ne comprenait pas. Comme dit précédemment, il ne trouvait rien d'excitant là dedans. Comment lui expliquer quelque chose qui, de toute façon, ne lui servirait pas ? Il ne savait pas bander, pour être un peu vulgaire. De plus, Crazy ne le trouvait pas assez intelligent pour comprendre ça.

« J'avais oublié que pour toi, il fallait que ce soit amusant. Je ne saurais pas comment t'expliquer ce que ça nous donne. Et puis, tu ne pourrais pas comprendre. Tu n'es ni un véritable humain, ni un nymphomane. »

Au moins, ça avait le mérite d'être clair. Il avait étalé en deux phrases ce qu'il pensait. Ember n'était pas humain. Ember n'était pas quelqu'un qui pouvait comprendre le bonheur simple des relations sexuelles pour les humains. Ember n'était pas quelqu'un d'intéressant pour discuter cul. Parce que Ember couchait peut-être mais ce n'était pas comme pour tout le monde. Et le blond se demandait bien pourquoi il faisait l'amour si ça ne lui apportait rien, à part un minimum de distraction. Et encore ! Il ne savait même pas s'il le faisait pour la distraction. Un instant, Crazy baillait. Jusqu'à ce que sa bouche se ferme automatiquement et qu'un de ses yeux larmoyant s'ouvre pour observer Ember.

« Et puis sois un peu moins vulgaire, tu veux ? Tu m'offense à me parler comme à une prostituée là.
- Mais Ember, je te parle comme ca parce que tu as une tête de prostitué. »

Il marquait une légère pause. Comme s'il cherchait quelque chose pour combler sa phrase. Quelque chose d'accrocheur, qu'il avait voulu lâcher depuis longtemps et qu'une seule phrase lui venait en tête. Alors il eut un sourire en coin, complice, vicieux. Et c'était prévisible qu'il allait dire quelque chose qui n'allait pas forcément plaire.

« Tout comme tu as une tête de gay. »

Et ça ne pouvait être que ça, en effet. Rien que pour faire chier autant que pour se faire plaisir. Après tout, Ember l'avait dit qu'il était chiant. Il n'avait fait que constater ce qu'il était. Crazy gardait son sourire et ses bras croisé, il se penchait même un peu en avant en ricanant. Un rire un peu forcé, mais un rire qui se fichait clairement du brun. Un rire qui disait qu'il était bête. Un rire qui disait qu'il pensait sérieusement sa phrase. Même si tout le monde ne pensait pas la même chose. Pour certains, Ember était sûrement hétérosexuel. Ou rien du tout, en fait. C'était quelqu'un de tellement mystérieux alors tirer des conclusions était assez difficile. S'il ne le connaissait pas, il n'aurait pas cherché à savoir son orientation sexuelle et encore moins à tirer des conclusions.

« Selon toi, pourquoi je m'intéresse à toi et je te provoque comme ça ? »

Légère déclaration. Elle en disait long mais pas assez. Elle n'était pas assez détaillée pour qu'on comprenne son double sens. Son sens principal était bien pour lui montrer qu'il ne cherchait qu'à lui prouver qu'il était gay. Son second était un peu plus personnel. Et il espérait qu'il n'analysait pas la phrase et trouve le second sens. Ce serait extrêmement humiliant.

« Tu as tout d'un gay. Physiquement parlant, évidemment. Parce que sinon c'est pas génial. »

En gros, niveau caractère, c'était de la merde. ♥
Il s'approchait de son oreille, chuchotant presque sensuellement... je dis bien presque, ce n'était pas son genre de faire ça à un autre homme que Monroe. Ember n'était pas au même niveau que lui. Pas encore. Peut-être qu'il n'y parviendrait jamais.

« A part un homme, tu n'attirera personne. »

Et il passait sa langue sur son oreille, se redressant ensuite en faisant volte face pour retourner s'agenouiller devant son plant de tomates.... avant de lui jeter un regard discret, rien que pour voir une dernière fois son visage.

« T'as juste peur que je touche a ton cul, sale puceau. » avait-il dit. Sauf que non. Ember n'était pas quelqu'un peureux de nature ; comme si on savait pas. A la limite, on ne dirait pas qu'il avait peur qu'il le touche, mais … disons qu'il n'avait pas envie d'être écœuré. Parce que oui, s'il n'avait pas peur qu'on le touche, en revanche, même s'il le faisait aux autres sans leur avis et inopinément, il détestait ça. Alors, de cette façon, non, vraiment, il trouvait ça écœurant. Pourtant, il n'avait pas relevé la remarque puisque, encore une fois, on aurait pu la classer dans la catégorie de « l'ado chiant et instable ». En parlant de ça, il avait effectivement pensé à l'adjectif lunatique ; mais c'était trop neutre et presque pas dérangeant par rapport à l'instabilité dont Crazy faisait preuve, qui était, elle, plutôt fatigante. Et il avait fait la remarque intriguée au sujet de l'importance du sexe pour les humains ; remarque qui ne consistait pas à l'embêter ou autre, car il la pensait réellement. « J'avais oublié que pour toi, il fallait que ce soit amusant. Je ne saurais pas comment t'expliquer ce que ça nous donne. Et puis, tu ne pourrais pas comprendre. Tu n'es ni un véritable humain, ni un nymphomane. » Oh, oh. Maintenant il le traitait d'inhumain. C'était un certain point de vue. Selon les gens. En tout cas, ce qui était sûr, et qui ne variait pas selon l'opinion des gens sur lui, c'est qu'il n'était pas nymphomane. Cependant, Crazy, malgré qu'il soit ici grâce à un certain QI, avait encore un long, trèèès long chemin à faire avant de comprendre réellement Ember. En fait … Il n'y avait aucune chance qu'il y parvienne. Alors Ember ignorait, car pour lui, ses remarques ne valaient, encore une fois, pas la peine d'être retenues. Pas encore. Un long chemin à faire, vous dis-je.

« Mais Ember, je te parle comme ca parce que tu as une tête de prostituée. » Bon, d'accord, certes, il existait des hommes qui se prostituaient mais c'était rare et je crois bien que la plupart – si ce n'est tous – étaient travestis. Alors, dans un haussement de sourcil interrogateur, le brun se demanda un instant si Crazy connaissait la définition d'une prostituée. Allons bon ; Ember n'avait pas des couches énormes de maquillage, ne se vêtait pas d'une mini jupe provocante lançant des doutes sur sa sexualité, ou autre chose du genre. Mais bref ; le fait était que, là encore, il ne releva pas. Il n'avait pas lieu de relever, de toute façon. « Tout comme tu as une tête de gay. » Immobile, il hausse les deux sourcils, un léger sourire au visage. « Evidemment ... murmura-t-il pour lui-même. » Oui, évidemment, il fallait qu'avec Crazy, Ember soit gay. Il ne savait pas pourquoi il s'obstinait à le caser dans des catégories telles que celles-ci ; mais de toute façon, qui pouvait ne serait-ce que comprendre un peu Ember ? Il ne fallait pas en vouloir à Crazy. Il y avait une chance sur cent pour que quelqu'un réussisse, dans cet orphelinat. Et il le regardait rire, sans rien ajouter, toujours peu bavard ; il sentait, étrangement, que Crazy avait beaucoup plus de choses à lui dire que ça. Il était sur sa lancée, là. Mais en effet, tirer des conclusions sur la sexualité d'Ember s'avérait difficile ; encore une fois, il n'y avait aucune chance pour que Crazy réussisse à complètement le cerner.

« Selon toi, pourquoi je m'intéresse à toi et je te provoque comme ça ? » Là, son sourire se courbe un peu ; il lui demandait son avis, ça devenait intéressant. Il avait sûrement plus de choses à dire, aussi. Peut-être allait-il répondre à sa propre question, ou donner des indices. C'est pour ça qu'Ember ne répondit pas, encore une fois, car il désirait le laisser finir, et voir ce qu'il allait en venir ; il ne voulait pas l'arrêter dans ses déclarations – ou ce qui y ressemblait. Parce qu'Ember pouvait bien tirer de multiples conclusions sur cette phrase. Il l'avait fait, rapidement, brièvement, dans son esprit. Mais il attendrait. Il ne voulait pas l'influencer dans ses paroles. « Tu as tout d'un gay. Physiquement parlant, évidemment. Parce que sinon c'est pas génial. » Oh. Pourtant, Ember n'était pas de ces « clichés gays » hystériques comme on peut souvent le voir ; pareil au niveau de ses habits. Rien de cela. Mais bon, si c'était ce que Crazy pensait … Il n'allait pas l'arrêter pour si peu ; et puis, laisser croire des choses aux gens, c'était la passion d'Ember, alors, il serait plus amusant d'en jouer. « A part un homme, tu n'attirera personne. » lui avait-il susurré à l'oreille. Quelle douce attention il faisait là. L'espace d'un instant, on aurait presque pu croire qu'ils étaient en couple. Et Ember voyait dans ses mots beaucoup plus de choses que le blond ne voulait en laisser croire. Il avait juste étiré un sourire suite à sa remarque, sans bouger. Un sourire, non pas moqueur, mais cette fois amusé lorsqu'il passa sa langue sur sa peau. Toujours aussi silencieux, il le suivit du regard lorsqu'il vint se reposer en face de son plant de tomates, restant, un petit instant, à le regarder, passant en même tant sa main sur son oreille afin d'essuyer. Là tout de suite, il était encore indécis dans la façon de se comporter avec lui ; car il voyait là un net changement dans leur relation. Du moins, d'un côté. Qui dit changement de comportement d'un côté dit changement de la relation entière.

« Je ne suis pas vraiment sûr que tu veuilles savoir pourquoi, selon moi, tu t'intéresses à moi. » Et ce sourire en coin qui était revenu, toujours amusé, mais légèrement mesquin, comme à son habitude. « Ce qui fait le saint, c'est d'abord le sourire, mais c'est le sourire aussi qui fait le diable. » a dit Robert Mallet. Et quelle grande phrase si on en cherche la profondeur et qu'on l'appliquait à Ember …

Finalement, le brun s'était redressé, se courbant afin de faire craquer son dos, avant de se jeter hors de l'établi. Il avait vu le petit regard du coin de l'oeil de Crazy, mais n'en fit rien, enfonçant les mains dans les poches arrières de son jean, faisant mine de se balader et visiter la serre, ne faisant que quelques pas cependant. Il laissait le blond divaguer un peu sur ce qu'il venait de lui, commençant à lui-même y réfléchir ; d'accord, il avait toujours pensé que, physiquement, il plaisait au gay qu'était l'Alter. Mais rien de plus profond. D'autant plus qu'il était « en couple ». Là, il commençait à légèrement douter sur les sentiments possibles que Crazy pourraient éprouver à son égard. Ce serait plutôt comique au vu de la situation. Mais ne dit-on pas que l'Homme est irrésistiblement attiré par les tentations du Diable et y succombe presque toujours ? Tout comme l'inaccessible. Ici, les deux se rejoignaient, d'une certaine façon.

Et le jeune homme pivotait, toujours de cette façon agile qui faisait qu'on l'associait souvent à quelque chose comme un félin, se posant, debout, vers Crazy. Il fixa son dos, avant de s'en approcher et devenir, soudainement, déposer ses mains sur ses épaules pour approcher ses lèvres de son visage, chuchotant à son tour comme il l'avait fait. « Allons, Crazy, ne prend pas ton cas pour une généralité. » Oui, il mentionnait bel et bien là le fait qu'il avait une attirance profondément physique pour le Shape, se moquant un peu de ses déductions ; après tout, les femmes n'étaient pas épargnées par cette horrible tentation qu'état l'interdit et qui menait toujours à la souffrance, et ce n'était pas comme si Ember ne représentait pas cet interdit. Il fallait être vraiment maso pour s'enticher de lui ; et tous les humains l'étaient, au fond. « Et puis, entre nous, le puceau n'est sûrement pas celui qui ressemble le plus à une prostituée. » avait-il doucement glissé. Redressé, mais les mains toujours sur ses épaules, il vient lui faire une petite pichenette à l'arrière du crâne. « En tout cas, évite de refaire des choses aussi dégoûtantes que celle que tu viens de me faire. Non, vraiment, je me sens sale, là. » Soupir. Il retire ses mains et se redresse complètement cette fois, le contournant et se dirigeant d'un pas joyeux vers la porte de la serre sur laquelle il s'appuie pour le regarder, s'apprêtant à partir. « Je suis un très grand romantique, tu sais ? lance-t-il en levant la main, paume vers le plafond, pour appuyer ses propos, un sourire toujours amusé sur le visage des conneries qu'il pouvait bien sortir - oui bien sûr Ember, un très grand romantique. Ce n'est pas comme ça que tu arriveras à me faire avouer mon homosexualité. Non parce que, c'est pas du tout attirant les trucs du genre. » Beh oui, il le pensait définitivement homosexuel ; alors autant jouer sur ça. Néanmoins il ne comptait pas rentrer dans un débat ou autre ; il désirait juste le taquiner un peu avant de le laisser et de partir.

Ah, ce plant de tomates. Ah, le ridicule qu'il avait ce jour là. Ah, cette niaiserie.
Il avait vraiment été con. Ça ne lui avait pas du tout ressemblé. Tout comme le fait de s'enticher ensuite d'un mec totalement... comment dire... totalement salaud et incompréhensible. Mais c'était bien le genre de personnes qui l'attirait. Même s'il aimait Monroe, même s'il l'avait avec lui, qu'il se tirait un coup avec lui tous les soirs et à tous moments, même s'il voyait sa vie avec lui et avec personne d'autres. Ember était une exception, une amourette de gosse, un fruit défendu. Il ne pouvait pas ne pas succomber. Crazy faisait peut-être parti des humains les plus maso de la planète. Mais il assumait bien ça, le fait d'être masochiste. Ce n'est pas ça qui le dérange le plus dans sa vie, alors il n'allait pas chercher à l'effacer. De plus, c'était quelque chose d'intéressant en soit. Ça pimentait gravement sa vie sexuelle ! Et Monroe était tout le temps d'accord pour du changement, si vous voyez ce que je veux dire. Donc il était content, même si ce n'était du tout catholique ce qu'ils faisaient. Même si à la base, un couple homosexuel, c'est pas catholique me direz-vous /PAN

« Je ne suis pas vraiment sûr que tu veuilles savoir pourquoi, selon moi, tu t'intéresses à moi. »

Sa tête s'était très légèrement tournée vers l'arrière de son corps, ou presque, essayant d'apercevoir Ember. Allons, allons... il n'avait pas envie de le voir... surtout s'il lui adressait la parole... même si c'était plus poli. Mais cette phrase était suspecte. Il avait fait des déductions sur le fait qu'il s'intéressait à lui ? Il avait analysé pourquoi ? C'était du délire. Mais en même temps, venant d'Emmanuel, c'est assez prévisible. Sans qu'il le sache, il fait des choses, il analyse, il recherche. Ça lui foutait la pression, parfois, dès qu'il faisait un faux pas avec quelqu'un ou avec lui. Ça venait toujours à ses oreilles. Toujours.
Conrad entendait Ember qui allait et venait. Il entendait ses pas et il l'avait entendu se redresser. Évidemment, le bruit de son dos qui craquait, il ne l'avait pas entendu. Il était trop loin pour l'entendre. Et ça l'aurait dégouté d'entendre ça. Il n'y avait que ses propres craquements d'os qui ne le faisait pas frissonner. Bref, le silence était pesant. Le blond n'avait jamais aimé le silence. Les blancs de la part du Shape ne se faisaient pas rares, mais c'était un fait, il haïssait ses silences. Ça voulait dire qu'il réfléchissait.
Un sursaut. Emmanuel avait posé ses mains sur les épaules de Conrad. Soudainement. Il ne l'avait pas senti ni entendu arriver. La surprise était parfaite. Il se disait que, peut-être, dans une vie antérieure Ember fut un chat. Ça faisait froid dans le dos. Encore plus le fait qu'il l'imite. Il détestait les imitations. Mais alors celles où il jouait le sensuel, le mec qui cherche à faire craquer la personne, c'était crispant. Alors ses muscles se tendait, ses yeux se tournaient vers l'oreille, par automatisme. Il ne voyait pas vraiment le visage du brun. Et c'était tant mieux. Il lui murmurait de ne pas prendre son cas pour une généralité. Et lui qui n'avait pas les mêmes idéologies qu'Ember, qui ne voyait rien comme lui, ne comprenait presque pas. Crazy était comme les autres. Pourquoi devait-il ne pas prendre son cas pour une généralité ? Son physique ne faisait pas tout. Même si son caractère était totalement merdique, il avait un quelque chose. Et ça n'avait rien à voir avec son physique. C'était peut-être ce qu'on appelle le charme. Sinon, Ember était aimanté et attirait tout le monde. Ma foi, c'était un peu les deux.

« Et puis, entre nous, le puceau n'est sûrement pas celui qui ressemble le plus à une prostituée. »

Oui, bon, d'accord, c'était une pute auparavant mais ET ALORS ? /PAN
Quand Ember avait raison, ça lui foutait les nerfs. Et quand il n'avouait pas ses fautes, encore plus. Ember tournait toujours ses phrases pour avoir raison. Crazy ripostait peu lorsqu'il commençait à parler de manière trop compliquée. Il avait beau être intelligent, avoir un QI supérieur, ça ne voulait pas dire qu'il voulait s'en servir. Et Crazy ne voulait jamais s'en servir. Il était en guerre contre son QI.
Une tape derrière son crâne, il se mettait à grogner en tournant la tête vers lui qui avait toujours ses mains sur ses épaules. Il aurait voulu les bouffer, ces mains. Les bouffer... pour qu'il ne touche plus personne d'autre.

« En tout cas, évite de refaire des choses aussi dégoûtantes que celle que tu viens de me faire. Non, vraiment, je me sens sale, là. »

Le shape s'éloignait, Crazy l'observant jusqu'à ce qu'il fut jusqu'à la porte. Il se relevait parce qu'il recommençait à avoir mal aux genoux. Et Dieu savait qu'il détestait avoir mal aux genoux. Et puis, debout, il voyait mieux le brun. C'était plus simple et Conrad cherchait rarement le compliqué.

« Je suis un très grand romantique, tu sais ? » Il aurait voulu rire mais rien ne venait. Lui, un romantique ? Mes fesses. Il n'y croyait pas. Autant essayer de le convaincre qu'un jour, Ember tomberait amoureux. C'était improbable. « Ce n'est pas comme ça que tu arriveras à me faire avouer mon homosexualité. Non parce que, c'est pas du tout attirant les trucs du genre. »

Sourcils relevés, l'alter se rapprochait du brun au cas où il voudrait le chasser. Et c'était prévisible que plus tard, il voudrait le chasser. Il lui tapait un peu sur le système, malgré qu'il était certainement amoureux. Voir sa tête trop longtemps le rendait colérique et un peu faible.

« Si, j'aimerais bien savoir, connaître ce que tu penses. Et je saurais aussi si tu as raison. »

Savoir si le pincement au cœur était réel ou pas.
Parce qu'il n'y avait que lui qui, pour l'instant, ne se rendait compte de rien. S'il pouvait se persuader que c'était juste son cul qui le rendait ainsi, ça l'aurait soulagé. Alors si Ember pouvait le soulager et le rendre de ce fait moins gêné lorsqu'il était avec Monroe, ça l'arrangerait. Parce que le rouquin se rendrait bien de quelque chose au fil du temps.

« Je ne cherche pas à te faire avouer ton homosexualité, Ember. Loin de moi cette idée. Si tu dois te rendre compte de quelque chose, fait le tout seul. »

Il était devenu sérieux le petit blond. Observait Ember un instant puis stoppait son regard dans ses pupilles. Il cherchait à lui prouver qu'il ne déconnait pas et qu'il savait se montrer sérieux. Pas une bête de sexe qui lèche les oreilles à tout va pour exciter les hommes. Après tout, Crazy pense souvent avec sa queue mais son cerveau marche aussi quelques fois. Il peut très bien penser autrement qu'avec son manche.

« Après tout, tu es assez grand et tu as assez de cervelle pour te rendre compte de ton orientation sexuelle. »

Crazy touchait son col en V des deux doigts, comme si il était pourri. Comme si il était sale, avait reçu de la bouffe dessus. Il grimaçait et pouffait au final, laissant retomber le t-shirt contre la peau pâle du brun. Conrad aimait bien les cols en V. Mais il n'en portait pas, comme si c'était une abomination. Chacun ses goûts. Mais bizarrement, ça allait bien à Ember. Il avait la gueule pour les cols en V le monsieur.

« Déjà, ça, c'est so gay chéri. »

Il pouffait encore, s'éloignait d'un pas puis faisait volte-face pour retourner vers le plant de tomate... à première vue. En fait, il comptait s'assoir sur l'établi pour réfléchir. Comme il le faisait avant qu'Ember n'arrive, réfléchir et penser. C'était désolant qu'il fut stoppé dans son élan.

« Et le fait que tu reste collé à cette porte aussi. Alors vas-t-en, s'il te plait. »