Qui suis-je ? Je prends tellement de masques que je ne saurais pas vraiment me décrire. Je mens si facilement, je manipule sans remords que je serais incapable de dire si je suis honnête avec quelqu'un ou si je vais le trahir aussitôt après...quand le jeux m'aura lassé. Pourtant si je dois me comparer à un personnage historique ou littéraire je serais capable dans citer pleins !
Je suis sans doute Caligula parce que j'ai ma propre quête d'absolu et que je suis prête à tout pour y arriver. Parce que empoisonné de mépris et d'horreur par ce monde, il cherche alors à être fidèle à lui même et non à l'être humain. Il ne repousse aucune limite pour atteindre son idéal. Et moi je ne repousse aucune limite pour atteindre ce que je veux. Pour atteindre mon idéal.

« Non, Caligula n'est pas mort. Il est là, et là. Il est en chacun de vous.
Si le pouvoir vous était donné, si vous aviez du cœur, si vous aimiez la vie, vous le verriez se déchaîner, ce monstre ou cet ange que vous portez en vous. Notre époque meurt d'avoir cru aux valeurs et que les choses pouvaient être belles et cesser d'être absurdes. Adieu, je rentre dans l'histoire où me tiennent enfermé depuis si longtemps ceux qui craignent de trop aimer. »
Caligula Camus

Je suis aussi la marquise de Merteuil, pas pour le côté libertin. Non ça je le laisse à mon frère, bien que je ne m'en prive pas des fois. Je me compare au personnage de Laclos, parce qu'elle joue avec les sentiments de chacun, s'amuse à déshonorer ses amants, méprise les autres femmes etc. Cette libertine n'est jamais sincère, sauf avec un seul personnage, son ami et ancien amant, le vicomte de Valmont. Et moi je suis pareille, je ne suis jamais sincère, je mens, j'attend patiemment dans le rôle que je me suis donnée, le moment idéal où je pourrais vous détruire. Et je ne suis sincère qu'avec deux personnes, que l'on pourrait considérer comme deux facettes de ce cher Valmont. Mais pour l'une j'ai du désir et pour l'autre je ressens un amour fraternel. J'aime sa cruauté parce qu'au fond nous avons la même morale et la même vision de l'amour...car nous ne pouvons aimer.

«L'amour, la haine, vous n'avez qu'à choisir, tout couche sous le même toit,
et vous pouvez doublant votre existence, caresser d'une main et frapper d'une autre.»
Les liaisons dangereuses Laclos

Je suis cruelle, manipulatrice et menteuse comme la marquise de Merteuil, je ne recule devant rien pour obtenir ce que je juge bien pour moi et pour mon idéal, comme Caligula. Pourtant si tu veux savoir qui je suis vraiment, au lieu de me comparer à Caligula, à Merteuil ou pourquoi au cruel Octave de la série Rome...regarde moi avec mon frère. Regarde comment je suis avec lui.
Et alors tu sauras qui je suis vraiment.

***
*
Elisa, 11 ans

-Je suis sûr que la prof va m'interroger...et j'ai pas du tout fait les exos.
-Et alors ? Où est le problème ?
-Elisa...tu sais très bien que je vais me faire tuer, humilier devant la classe. S'il te plaît un peu de compassion ! En plus ça va être la troisième fois que je passe alors que la prof a plein d'autres victimes dans la classe à interroger.
-Je m'en fou...Y a pas mort d'homme...à part la tienne mais ça c'est un détail.
-Sois sympa.
-Mais tu veux que je fasse quoi !! Que je fasse la rumba devant la prof pour détourner son attention ?! Que je balance quelqu'un d'autre pour épargner ta petite vie ?
-Exactement ! Balance Giovanna...elle a pas été interrogée depuis le début de l'année. Et elle a rien réviser en plus. S'il te plaît...fais le pour moi.

Je soupire et médite. On commence à entrer dans la classe. Je regarde Giovanna, une idiote sans cervelle qui a surtout passé son temps à parler avec ses amis du beau Manuel plutôt que de faire ses exercices de maths. Le beau pigeon. Je plante Doriano et me dépêche de m'installer à côté de Giovanna. Un petit sourire et l'idiote se laisse prendre, croyant mes intentions saines et amicales. Pauvre cruche.
Notre professeur se dirige vers le tableau. Juste en face de nous...je jubile.

-Bien qui veut faire les exercices ?
-Eh Giovanna ! Tu veux pas passer ? Je crois en plus que t'as la réponse !
-Mais qu'est-ce que tu racontes ?! (chuchotements affolés) J'ai marqué n'importe quoi !

Je regarde discrètement son cahier...cette courge à recopier la consignes des problèmes. Mais je continue malgré tout.

-Oh Giovanna fait pas ta modeste. Tu sais moi la plupart du temps je trouve la réponse au tableau. Et puis ça va t'aider à progresser si jamais tu as fait des erreurs ou que tu n'as pas compris l'exo.
-Mais...mais non...et pourquoi tu parles si fort ?!!
-Giovanna !! Lance toi, tu peux le faire. C'est les équations à une inconnue...si t'as compris la leçon tu vas voir : c'est facile. Lance toi.
-Mais...
-Allez un peu de courage. Lève la main. Lève toi et éclaire nous par ta grande connaissance. (gros mensonge) En plus si tu n'as toujours pas eu ta note d'oral...alors autant en profiter.
-Q-quoi ?!
-Que se passe-t-il Mademoiselle Salviati. (Bingo)
-Oh rien Madame. J'encourageais juste Giovanna à passer. La pauvre, elle est terrifiée, elle pense qu'elle n'a pas réussi. Mais pourtant elle devrait essayer.Hein Giovanna ? Ca te permettrait de passer A-U M-O-I-N-S U-N-E F-O-I-S A L'O-R-A-L !!
-Eh bien allez-y Mademoiselle Lombardi.

Je suis une boss ! Je regarde avec un grand sourire Doriano qui n'en croit pas ses oreilles et ses yeux. Prend en de la graine mon mignon. Ca c'est quelqu'un qui obtient ce qu'il veut ! Giovanna va au tableau et commence son calvaire...surtout que la prof ne va pas la laisser retourner à sa place de si tôt : elle a horreur des élèves qui n'ont pas fait leurs exos. Pour ma part je rédige rapidement un mot et le lance sur la table, voisine, de mon meilleur ami. Il le lit et me regarde catastrophé.

-Non.(chuchotements)
-C'est à prendre ou à laisser. Sinon je fais un sorte que tu passes en anglais !

J'oserais jamais...en fait si mais je ferais un sorte que la prof d'anglais se centre finalement sur moi et non sur le pauvre Doriano, nul en anglais. Y a des limites quand on joue aux garces qu'en même !

-Pas le magazine Vogue...c'est trop cher ! J'aurais plus assez pour mon Picsou.

Nan mais j'hallucine ! Cet idiot refuse de m'acheter mon magazine de mode favori en récompense de ma gracieuse aide. De ma gentillesse pour l'avoir épargné du supplice des maths. La moindre des choses se serait une récompense...non monsieur préfère dépenser son fric pour Mickey et compagnie !! Bordel à ton âge mon frère lisait des magazines pornos !!

-Le magazine Elle...à prendre ou à laisser.
-D'accord...mais tu me devras une glace.

Après tout une glace c'est pas cher et Doriano le vaut bien...vu l'immense honneur qu'il me fait en m'accordant son amitié.

-...Ok.

On check et on s'intéresse enfin à la correction des exercices. Au passage on a droit à l'humiliation public de Giovanna. Excellent. J'adore être une garce.

***
*

-Maman ! Je suis rentrée !!
-Ah bonjour Elisa...c'était bien le collège ?

Je regarde ma mère. J'ai bien envie de lui répondre ça : " Oui Maman c'était génial. J'ai fait passer à l'oral une fille qui n'avait pas du tout appris sa leçon au tableau. Elle s'est tapée la honte devant tout le monde, ainsi que trois heures de colle. J'ai fait un croc en jambe à un petit garçon et je lui ai dit que je l'avais pris pour un insecte nuisible que l'on devait éradiquer au plus vite. J'ai réussi à prendre une bonne partie du fric aux garçons en échange de la clé du vestiaire des filles. Que j'avais étonnement en ma possession alors que les filles se changeaient. Et avec l'argent, Doriano et moi on a acheté nos magazines préférés et des glaces. Et toi Maman ta journée ?" Mais bon à la place je lui répond ça :

-Les cours habituels, les copains habituels...comme d'habitude quoi. On a travaillé puis après les cours, Doriano et moi on a acheté nos magazines préférés et des glaces. Et toi Maman ta journée ?

Je lui fait mon plus beau sourire. Vous savez le sourire innocent, tout en finesse. Le sourire pleins de candeur et de joie de vivre. Maman croit totalement à mon bobard. Oui je suis hypocrite et une excellente actrice. C'est quand qu'on me remet mon oscar ?

-Bonjour les filles.
-Bonjour Papa !!(va mourir crétin)
-Comment c'est passé ta journée Elisa ?

On se dirige vers le salon, papa enlève sa veste et s'affale sur le canapé. Il affiche la tête du père qui se veut décontracter et cool. L'adulte immature quoi, qui pense encore à faire la fête avec ses potes, à se mettre minable à la bière et à baiser avec sa femme non stop en croyant que ses gosses ne les entendent pas. L'adulte qui pense qu'à aller en boite, qui pense qu'on est un bon père en laissant ses enfants faire ce qu'ils veulent...l'adulte irresponsable qui croit être un bon père.

-Oh tu sais papa...je repense à Serena.
-Pourquoi ?
-Ben j'ai été vachement crade avec elle, faut dire qu'elle avait été vraiment une salope avec moi. (gros bobard) En fait y a deux jours je lui ai fait croire que j'allais la maquiller avec Azzurra mais en fait on lui a mis de la graisse pour les selles, qu'Azzurra avait rapporté de son cours d'équitation. Donc elle s'est baladée dans toute la cours durant cinq bonnes minutes à montrer son maquillage immonde.(j'ai débité ça d'un trait comme si ça me gênait)
-Ce n'est vraiment pas gentil.
-Je sais, mais tu vois mon petit papa, c'était une blague, une petite vengeance parce qu'elle avait raconté certains de mes secrets aux autres. (attention ceci est un gros mensonge pour prouver à mon paternel que je ne suis qu'une pauvre innocente donc ne pas y croire...sauf papa-pigeon) Et maintenant je regrettes beaucoup et je sais pas comment me faire pardonner ?(je rougis, me tord les doigts d'une façon nerveuse et regarde mon papa/dupe avec des yeux tristes et plein de culpabilité)
-Si tu es sincère et que tu regrettes vraiment, va lui parler. Et même si elle ne te pardonne pas tu auras au moins reconnu tes erreurs et fait ton mea culpa.
-Oui c'est une bonne idée, je vais faire ça.(voix hésitante)
-Elisa, tu me promets de ne plus faire ce genre de méchanceté à tes amies ?
-Oui promis papa, j'ai déjà assez de remords comme ça.

Oui j'ai vraiment fait cette crasse, sauf que j'ai aucun remords mais si je raconte ce coup bas à mon cher paternel...c'est uniquement pour me prouver encore une fois, que mes parents sont de gros aveugles qui n'arrivent même pas à se rendre compte que leur fille invente de gros bobards, est une manipulatrice/comédienne et qu'elle les mène par le bout du nez avec une facilité...déconcertante et presque navrante. Dieu soit loué heureusement j'ai mon frère.

***
*

Je rentre dans la chambre de mon frère, il est tranquillement affalé devant son écran TV, absorbé dans un film que je pense être sur tout, sauf les petits poneys ou les bisounours.

-Coucou Marco. Tu regardes quoi ?
-Salut Elisa, bonne journée ? Je regarde American pie figure toi. Tu veux le voir avec moi, les parents sont pas là de toute façon.
-Ouais c'est trop marrant en plus. Mais dit moi t'as quatorze ans et tu laisses ta petite soeur de onze ans voir des films de cul ?! (grand sourire)
-Ben t'es d'accord déjà et puis ce film n'est pas un film porno...c'est une comédie avec du sexe.
-Un film de cul quoi.

Marco me décoiffe en riant, je réponds à cette chamaillerie par un tape amical sur le bras avant de me concentrer sur le film. J'aime Marco, c'est un frère génial avec qui on peut parler de tout, sur lequel on peut toujours compté, avec qui on rigole tout le temps. Et c'est bien la seule personne avec qui je suis gentille. Certes je m'entends bien avec Azzurra et Doriano...mais ce n'est pas pareil, je veux dire je n'entretient pas la même complicité avec eux.

-Il paraît que t'as raconté hier aux parents ce que t'avait fait à Serena ?
-Ouais et ça m'a montré que c'était des cons qui se croient encore jeunes parce qu'ils se la jouent cool. En plus ils sont incapables de voir les "conneries" qu'on fait !
-Ben ils nous laissent faire ce qu'on veut.
-Comme te laisser aller à la fête de Marina ? Tu l'as pelotée ?
-Ouais mais je t'en dirais pas plus.
-Pourquoiiii ?!
-Parce que t'es trop jeune.
-Méchant, je boude.
-Rooah je te raconterai mais pas maintenant. Là je me remets de émotions du collège en regardant un bon film ok ?
-De toute façon je m'en fiche de ce que t'as fait avec Marina, j'ai juste envie de t'embêter. (sourire malicieux de ma part)

Je ris puis lui tire la joue. Cette taquinerie de ma part à pour résultat une bataille de chatouille durant cinq minutes. Puis Marco et moi on s'intéresse de nouveau au film tout en discutant et mangeant du melon. Ouais mon frère est génial.

***
*
Elisa, 12 ans

Je regarde avec attention mon couteau, qui attend avec impatience de découper ma viande. Mais moi j'hésite, je me demande si je ferais pas mieux de me l'enfoncer dans la gorge pour ne plus être obligée de supporter cette discussion débile entre Marco et nos parents !!! Sérieux pas quand on mange ! Je comprends pas pourquoi mes parents se sentent obligés d'étaler leur débilité même à table. J'ai envie de vomir. J'espère qu'ils vont laisser tomber, je prie pour ça...hélas Dieu n'entend pas ma prière. Ce fumier doit avoir sa ligne occupée par les appels des pauvres croyants, trop occupé pour ne pas exaucer ma prière à trois ronds ! Voilà que mes parents reparlent de nos futurs relations sexuelles. Comme si on n'avait pas déjà assez de connaissances ?! On regarde American Pie quand même !

-Oui si jamais vous avez des rapports ils faut vous protégez, lance Papa.
-D'ailleurs je me demande si je ne vais pas prendre un rendez-vous avec la génycologue pour toi Elisa, renchérit maman.
-Pourquoi ? (voix blasée)
-Voyons si jamais tu es amenée à coucher avec un garçon, pour reprendre une de vos expressions, il faut que tu prennes la pilule.
-Mais je n'en ai pas besoin pour l'instant.
-Qu'importe ma chérie, je pense que ça te sera bénéfique malgré tout.

Ma mère se lève et enlève nos assiettes, j'espère qu'elle va en rester là. Hélas, encore une fois, non. Voilà qu'elle se penche vers moi et me chuchote :

-Puis tu sais ma chérie je peux aussi t'expliquer certaines choses, si jamais tu as des questions. Après tout on est des filles, on peut se comprendre.

Ma mère me sourit comme si j'étais une pote et non sa propre fille. Mais merde Maman : tu crains ! Tu crois que je vais te raconter mes histoires de sexe quand elles arriveront ?! J'ai envie de lui balancer une réplique acide...mais je préfère inspirer un bon coup et la jouer gentille petite fille. Je souris gentiment à ma mère adoptant une attitude qui se veut gêner et reconnaissante. Puis je chuchote :

-Merci maman mais ne tant fais pas. Quand j'aurais besoin de toi je viendrais te voir.

Ma mère se laisse embobiner par ma fausse gentillesse, idem pour papa, sauf Marco qui me lance un coup de pieds sous la table. Je me tourne vers lui, il affiche un regard blasé et ennuyé, mais son petit sourire en coin me montre que mon mensonge l'amuse. Je me lève, pensant que c'est fini, que nos parents ne vont plus se la jouer "potes" et enfin avoir un comportement d'adulte. Hélas, triple hélas.

-Au fait Marco, tu as quinze ans maintenant. Tu vas commencer à être sexuellement actif, donc je crois...
-J'ai déjà couché papa. Je suis déjà sexuellement actif.

Je le savais déjà. Après tout Marco me raconte beaucoup de choses...bon à vrai dire je l'ai surtout deviné. A partir du moment où il a commencé à sortir avec Graziella je me suis douté qu'il ne tarderait pas à jouer au docteur avec elle. Maintenant que les parents avaient découvert que l'un d'entre nous n'était plus sexuellement inactif, j'espérais qu'ils nous laisseraient tranquille et qu'on pourrait se continuer notre partie de Mario dans la chambre de Marco...mais encore hélas mes parents étalèrent leurs débilités et la lourdesse qui les caractérisaient.

-Ah bon ? Mais c'est super fiston ! Tu es enfin un homme ! (papa qui tape l'épaule de son fils comme si ils étaient super potes)
-Merveilleux mon chéri. J'espère que tu te protèges bien. (maman qui craint)
-A son âge j'étais pareil. Je reconnais bien mon fils, tu peut être fier Marco.
-Je vais lire un peu. Merci pour le repas.

Cette fois je pars carrément, sans laisser le temps aux parents de parler. Je rentre dans ma chambre et commence à lire Les Misérables. Pff si seulement j'avais été adoptée avec Marco. Savoir que j'ai des gènes avec ces idiots me tuent à petit feu. Pourquoi mes parents sont si débiles mon Dieu ? Pas de réponse bien sur. Enfoiré de Seigneur. Heureusement que dans ce monde pourri il existe la mode, les livres, Marco et Doriano...sinon ça fait longtemps que je me serrais terrée dans une île paumée à jouer les Robinson. J'aurais eu la paix et la tranquillité malheureusement je me serais retrouver sans personne à embêter. Enfin on peut pas tout à voir dans la vie, n'est-ce pas Cosette ?

***
*

Il y a deux sortes d'amour :
l'amour insatisfait, qui vous rend odieux,
et l'amour satisfait, qui vous rend idiot.
Colette

Je n'ai jamais regretter le mal que je pouvais faire autours de moi en mentant, en trichant, en manipulant. Tout ça pour moi n'était que jeux. Tout ça pour moi n'était qu'amusement. Je voyais pourtant le mal que je faisais, je voyais les larmes que je répandais en détruisant la vie des autres. En saccageant leur monde par mes tromperies. En piétinant leur fierté. Je n'ai jamais regretté ce que je faisais. Comment peut-on regretter ce qu'on aime ? Comment peut-on regretter ce qui nous amuse ? Non j'ai toujours aimé m'amuser à détruire les vies des autres. A pourrir leur univers en semant les graines de la discorde. J'aimais pourrir tout ce que je touchais. Je jouais avec tout le monde, je dupais tout le monde. Sans regret. Sans remords. Seul Marco était épargné par ma discorde, par ma sournoiserie. Mais il y en avait un autre que je refusais de blesser. Il y avait quelqu'un que j'adorais encore plus que mon frère. Dont la présence m'était indispensable. J'aimais cette personne, je l'aimais à en crever. Je m'en suis rendue compte quand j'avais treize ans, quand j'ai enfin découvert que cet ami, que mon meilleur ami devenait un homme.
Un homme que les autres filles regardaient et aimaient.
Un homme qui ne m'appartiendrait peut-être pas.
Un homme qui ne partageait peut être jamais mes sentiments.
Un ami qui connaissait mon vrai visage.
Un ami avec qui je ne pourrais pas user de mensonges, de talents de comédienne pour espérer lui faire croire que je suis la gentille fille que je veux montrer aux autre...avant de les duper.
Un ami qui me connaît trop, qui connaît mes faiblesses.
Un ami potentiellement apte à devenir un ennemi si jamais je le trahis comme les autres, parce qu'il connaît tout de moi.
Un ami que j'aime.
Et l'amour non partagé me rend d'autant plus odieuse envers les autres et d'autant plus acerbe envers lui, envers Doriano.

***
*
Elisa, 14 ans

Je regarde nos parents préparer leurs affaires, vérifier si ils n'oublient rien pour leur trois semaines qu'ils vont passer tous les deux en amoureux. Je crois que je vais vomir devant l'étalage de tant d'immaturité. Je lance un regard écoeuré vers Marco, il me sourit amusé, alors que je fais signe de vomir quand papa et maman se murmurent des mots d'amour guimauves comme si ils étaient un jeune couple.

-Allez Marco vient m'aider à mettre les valises dans la voiture. Tu me promets d'être un gentil garçon.
-Ouais papa.
-En fait fiston si tu fais une fête évite juste de faire rappliquer la police ou te retrouver avec un pote dans un coma éthylique. Après ne t'en fait pas c'est free !

J'ai envie de te poser une question papa : on a le droit de se mettre minable à la vodka, de fumer des joins, de sniffer de la coke et de grimper aux rideaux avec un mec ou une nana pendant votre absence ?

-Je vais vérifier si on n'a rien oublier pour notre petit voyage mon coeur, glapit maman en allant dans la salle de bain. Elisa vient avec moi, j'ai des petits conseils à te donner moi aussi.
-D'accord

Je lance un regard à Marco qui signifie : je vais me pendre dans les deux secondes qui suivent si ça continue. Marco pouffa et se dirigea avec papa vers la voiture. Je sais pas, mais j'ai l'impression que mon calvaire est loin d'être terminé, en fait je crois que je vais encore avoir droit au merveilleux sujet : parlons de tes expériences sexuelles ma chérie !! Et je crois que j'ai des dons de voyance. Ma mère ouvre un placard et prend une petite boite qu'elle me met dans la main. Oh. Mon. Dieu. Je crois que je vais me taper la tête contre les murs ! Ma mère vient de me remettre un paquet de préservatif !!! J'ai peur de la suite.

-Euuuuh...maman pourquoi tu me donnes ça ? (dans ces moments là, il faut jouer la fille gênée)
-Si jamais vous vous amusez durant la fête ma chérie. C'est pour prévenir. Tu fais ce que tu veux du moment que tu ne tombes pas enceinte. D'accord ma chérie ?
-Compris maman. (grand sourire)

Ma mère me sourit croyant que je ressens de la gratitude alors que je suis saturée de mépris. Enfin les voilà qui partent. Marco et moi on est seul devant la fenêtre, à regarder la voiture disparaître dans les rues de Naples. Marco se tourne finalement vers moi, un sourire amusé.

-Alors, maman t'as parlé de quoi ?

Sans répondre je lui sors le paquet de préservatif. Il rit et me tend un paquet identique de sa poche.

-Ils ont eu la même idée ?!
-Sauf que moi j'ai fraise et toi t'as chocolat.
-Non ?! Je m'en étais pas rendue compte !
-Bon on fait quoi petite soeur maintenant ?
-A ton avis, ils nous ont donné l'autorisation en plus. (sourire sournois)
-Une fête...
-...la plus déjantée de tout les temps.

***
*

-Ouaah t'es super mignonne Elisa !

Doriano me regarde médusé, je ne peux m'empêcher de rougir intérieurement de plaisir devant le compliment de mon meilleur ami. Mais extérieurement j'affiche un air blasé comme si porter une robe Sonia Rykiel bustier à volant rose pale avec des chaussures à talons Louboutin était...normal.

-Toi aussi t'es mignon Dodo. T'as pris de l'alcool ?
-Ouais de la desperados et de la tequila.
-Ouaah tu gères Dodo !!

Je traîne Doriano dans la maison alors que la musique résonne à fond et que tout le monde danse et gueule. Azzurra danse sur la table vodka à la main, Dante drague une nana en lui parlant geekage et Doriano pose l'alcool sur la table puis ouvre deux bouteilles de despé.

-Cool la musique, crie-t-il alors qu'il me donne une bouteille.
- Black Eyes Peas ça gère hein ?
-Pas d'embrouilles Elisa ok ? Ce soir on s'éclate sans faire des mauvais coups.
- Parce que toi tu m'aides à faire des mauvais coups ?! C'est moi qui est les idées et toi, tu regardes en bon spectateur.
-Quoi ? Qui a t'as aidé à prendre les photos du prof de maths ? Qui t'as aidé à faire tomber le boulanger dans les escaliers ? Qui a volé les contrôles pour que tu les brûles ? Qui ? Bibi !
-Dans la vie y a deux catégories :ceux qui ont un pistolet chargé et ceux qui creusent. Toi tu creuses.
-Quoi ?!
-Clint Eastwood mon cher. J'ai le pistolet et toi tu creuses. En gros t'exécutes les tâches ingrates et moi je suis le cerveau.
-Techniquement c'est moi qui est un pistolet et je le dégaine quand je veux. On appelle ça le sexe fort.

La blague à deux ronds de Dodo à le don de me faire lever les yeux au ciel. Je bois une partie de ma bière et décide de lui montrer une bonne fois pour toute que c'est moi qui commande ok ?! Je pose ma bouteille et décide de prendre les choses en main. Vous savez j'ai toujours trouvé que la mode de laisser dépasser son caleçon pour les mecs...était génial. Démonstration : j'agrippe les bords du caleçon qui dépasse et les tire avec force vers le haut, comme si je voulais lui enlever par la tête. Résultat immédiat. Doriano a mal aux bijoux de famille. Pauvre enfant.

-Dodo c'est pas parce que t'as un machin qui pends que t'es intelligent. En outre c'est pas le tout de savoir dégainer, il faut être rapide. Hors toi t'es long à la détente...la preuve en image. Pis il va plus être d'usage pendant un ptit bout de temps.
-Arrête...s'il te plaît. S-sa mère ça fait mal...o-ok t'as gagné.
-Merci de le reconnaître. (je lâche le caleçon et rebois tranquillement)
-Pourquoi t'es si dégueulasse avec moi.
-Je suis pas dégueulasse Dodo, je te taquine et je suis honnête. Ce que je ne fais pas avec les autres, sauf avec Marco.
-Je suis privilégié ? me demande t-il avec un sourire espiègle.
-Sois en fière t'es bien le seul. Allez on trinque !

on boit un bon coup puis on se dirige vers la piste pour danser. Les musiques électroniques s'enchaînent alors que Dante, Azzurra, Doriano et moi on danse, on crie, on rit. Ca sent la transpiration à plein nez, l'alcool et la chicha. Ptin quelle fête !!! Malgré le fait que je m'amuse avec ma bande de potes, j'ai quand même mon radar enclenché et qui prend un point d'honneur à remarquer tous les dossiers que je pourrais ressortir à certaines personnes. Doriano et Dante vont se prendre des shots, je m'apprête à les rejoindre quand Azzurra m'accoste.

-Elisa, elle est trop cool votre fête ! J'ai vu Antonio peloter Lola. Ptin il est complètement défoncé, il roule une pelle à une fille qui l'aime pas !! Le dossier de malade !
-Merci pour cet info Azzurra. Je vais rejoindre les mecs.
-Au fait tu trouves pas que Doriano est trop mignon.
-T'as dit quoi ?!
-Nan mais c'est vrai il est trop beau, vachement sexy en plus depuis qu'il a enlevé sa chemise, ça confirme ce que je pensais de lui.

Je regarde Doriano, c'est vrai qu'il a enlevé sa chemise, en même temps il fait vachement chaud. Moi j'ai renoncé à mes chaussures à talons. Il a de beaux abdos, bien musclé comme il faut sans être dans l'excès. Comment je n'ai pas pu le remarquer alors que je suis amoureuse de cet idiot. Je me fait violence pour ne pas rougir et paraître totalement indifférente. Je regarde Azzurra avec un oeil différent. Et voilà que la jalousie s'empare de moi. Stop zen, ne t'emballe pas. N'oublie pas attendre rend le jeu encore plus amusant.

-Ah oui ? Et tu pensais quoi de lui ? (grand sourire)
-Ben je crois que je suis amoureuse. (salope)
-C'est vrai ?! Et tu lui as dit ?
-Non pas encore...tu crois que je devrais...
-Oh non ne précipite pas les choses. Faut d'abord être sur qu'il t'aime d'accord. Il faut tâter le terrain pour être sur que tu ne te prendras pas de râteau.
-T'as raison. Tu essayeras de voir pour moi ?
-Bien sur. Mais pas aujourd'hui, là on put l'alcool et la chicha. On a pas les idées clairs, tiens va te prendre du smirnoff. Marco en a acheté.
-C'est vrai t'as raison. En tout cas merci t'es vraiment trop sympa de m'arranger un coup.
-Nan mais c'est normal. T'es mignonne et Dodo est super sympa. C'est le genre de mec à prendre soin des gens qu'il apprécie. Et puis t'aider me fait plaisir.
-Merci. T'es trop gentille.
-Pff mais c'est normal Zuzu : on est amies.
-Je vais boire et encore merci.
-De rien et amuse toi bien. Je vais bientôt te rejoindre, faut que je trouve mon frère.
-Ok à plus tard.

Azzurra part à la conquête de l'alcool, pendant que je respire et que je commence à réfléchir à un plan pour buter cette garce qui me pique Dodo. Soudain Marco arrive, des étoiles pleins les yeux, il m'agrippe et me tire dans un coin.

-Elisa regarde. Tu penses que ça plaira à Juliette ?

Marco me montre un bijou de Swarovski, un collier absolument magnifique. Il a dû tuer sa tirelire avec ce bijou !!! Tout ça pour Juliette ?! Juliette est la petite copine de mon frère depuis, quelques mois...et voilà que le coureur de jupons qui couchait et délaissait aussitôt après avoir copulé et devenu (attention la suite de la phrase est à prendre au sens le plus littéral) complètement dingue de cette nana ! Cette nana que je sens mais alors pas du tout ! Pour moi la chère Juju respire la fausseté à plein nez, pire que lorsque Pumba à lâcher une caisse ! Sauf que mon frère est totalement amoureux !! Et quand on dit que l'amour rend aveugle mais alors pour lui il concurrencerait un taupe tellement il nage dans les profondeurs noires de la cécité amoureuse !

-Euh oui ça va lui plaire. En tout cas moi j'adore.
-Génial Lisa. Elle est où ?

Je hausse les épaules, prête à répondre non. Sauf que mes yeux se pose sur la Juliette en question et ce que je vois me donne envie de vomir mes tripes tellement c'est immonde ! Je donnerais n'importe quoi pour que ça soit une hallucination de mon esprit embrumé par les vapeurs de la vodka, des despés, de la téquila et du smirnoff...hélas j'ai une bonne descente. Donc ce que je vois est bien réel car les potes de Marco ainsi que Doriano et Dante se retournent pour regarder l'horrible tableau. Seul mon frère ignore encore tout du drame qui se joue derrière lui. Dos à la vérité. Juliette et Manuel, pote de mon frère, se pelotent et s'embrassent comme des chiens !!
Marco finit par se retourner, se demandant quel point je peux fixer avec un air aussi horrifié. Son sourire s'efface.
En moins d'une seconde il est devant eux.
PAF.
Manuel est par terre, le nez pété.
Et voilà Marco lui demande pourquoi. D'une voix brisée. Voilà que la vérité pleut et assomme mon frère.
Moi j'essaye de sauver les meubles et l'humiliation qui pointe en augmentant le volume de la musique. Si certains se reconcentrent sur l'alcool, la drogue et le sexe, d'autres suivent quand même ce spectacle cruel.
Pour Marco, le calvaire continue. Juliette lui rit au nez, relève Manuel et l'embrasse devant Marco. Il s'en va dans sa chambre abattu. Et moi je sais que je vais le retrouver dans sa chambre en larmes. Parce que mon frère le Don Juan est en réalité un gros nounours qui donne tout ce qu'il a quand il aime. Et il va pleurer parce qu'une connasse à piétiner son coeur sans remords.
Je vais lui faire payer. Personne ne touche à mon frangin ! Mais pour l'instant la fête continue. Mais tant fait pas Juliette. Ne tant fait pas. Souris moi avec ton air de peau de vache. Je te réponds avec ce même regard plein de méchanceté et crois moi le bouquet final viendra. Et tu vas en baver.

***
*

-Tu peux m'expliquer pourquoi on est là ! Non vraiment tu dis que tu veux te venger de Manuel et tu va à sa fête ! Faut m'expliquer la logique là ?!
-Bof je vois pas où est le problème.
-Non vraiment tu ne le vois pas ! En plus tu t'enfiles ta vodka tranquille et tu te lis Platon sur ton iphone !! J'aurais tout vu, là c'est le pompom !!
-Du calme Joe. Et la philosophie est importante si tu veux comprendre les autres. J'espère que t'as pris ton portable, j'ai besoin de tes talents de photographes et de ton forfait avec internet.
-Comme par hasard. Tu prépares un mauvais coup toi.
-J'attend les autres.
-Quels autres ?
-Chut les explications plus tard, les voilà.

Je regarde Azzurra, Dante et Antonio venir vers nous. Azzurra me sourit, je lui réponds...la pauvre si elle savait ce qui l'attend. Elle serait moins contente.

-Coucou Elisa. Qu'est ce que je dois faire ?
-Tu vois Juliette parle avec Lola. Toi et Antonio allez taper la causette à Manuel. Antonio tu t'occupes des boissons si tu veux.
-Pas de problème, je prends des bières Azzurra ?
-Parfait Antonio. Bon ben j'y vais.
-Je compte sur toi.
-Fais moi confiance.

Azzurra s'éloigne et va parler avec Manuel. Très bien cet idiot a mordu. Lancement de la phase 2. Je me retourne vers Dante avec un petit sourire.

-Manuel t'as autorisé à aller sur son ordi ?
-Oui je lui ai dit que j'allais lui installer un nouveau logiciel.
-Bon je fais confiance à tes talents de geek. Tu fais ton boulot dès que tu reçois les images. T'as pas oublié le message que tu dois envoyer ?
-Non t'inquiètes pas. Je vais remplir ma mission.

Le voilà qui part en regardant dans la direction d'Azzurra. Le pauvre. Quel choc d'apprendre que la fille qu'il aimait, s'intéressait à un autre. Enfin pas d'attendrissement pour ce soir. Ce soir on s'amuse. Ce soir le bouquet final va être lancé. Je sors les desperados et fait un signe à Antonio, le meilleur pote de Marco, de s'approcher. Doriano nous regarde intrigué. Parfait à nous trois nous cachons les bouteilles.

-Alors Antonio, t'as ce que je t'avais demandé ?
-Un aphrodisiaque, des cachets d'extasy et un petit sachet pour bien sniffer.
-Excellent.

Je mets deux bouteilles de côté et ouvre la petite contenant l'aphrodisiaque. J'essaye de verser équitablement son contenu dans les deux bières. Puis je mets deux cachets d'extasy dedans. Je secoue et prends le sachet de drogue.
-Euh Elisa si j'étais toi je ne le verserais pas. C'est fait pour être sniffer.
-C'est vrai ? Oups. Trop tard. Allez je mets le reste dans l'autre bouteille, sinon elle va se sentir seule la pauvre. Bon secoue Antonio, pour qu'il n'y est pas trop de dépot et va leur emmener.
-Tu y va fort.
-Meuh non. J'applique juste la loi du talion mon cher.
-Je cautionne ce que tu fais de toute façon. Je prends des photos aussi ?
-Des vidéos même.

Antonio pars avec les bouteilles. Je le vois donner les fameuses bouteilles à Manuel et Azzurra, ils boivent, discutent. Le compte à rebours peut commencer. Juliette discute toujours avec Lola. Parfait.

-Viens Dodo approchons nous.
-Tu as fait quoi là ?
-De quoi ?
-Ne me prends par pour un con ! Les déspés c'étaient pour Azzurra et Manuel ?
-Oui mais on a pas le temps de papoter. Ca va bientôt commencer.
-C'est quoi ton but ?
-Mais on parle de ça plus tard. Tu vas pas commencer à me faire chier...
-Qu'est ce que tu veux faire ?

Doriano me regarde avec un regard en colère et dégoûté. Je me prépare à répondre mais je me retourne vers les trois autres. Merde ! Pas le temps de m'expliquer, j'arrache le portable des mains de Doriano avec un juron et me dirige vers Manuel et Azzurra. Les effets de l'aphrodisiaque et des drogues commençaient à faire leurs effets. Manuel et Azzurra s'embrassent devant tout le monde et commencent à se déshabiller. Antonio avait déjà mis son portable en mode vidéo, tandis que moi je criblais de photos les deux pigeons qui roulaient par terre et commençaient à copuler. Génial. Encore mieux que ce que j'avais imaginé. Au bout de vingt photos je décide d'envoyer à Dante les clichés compromettants par internet, Antonio fait de même. Maintenant attendons.
Pendant ce temps Juliette s'approche de cette attraction, les yeux écarquillés. Une bonne partie des invités les regardent en lançant des quolibets. Soudain voilà que certains regardent leur portable et que d'autres rappliquent vers le spectacle, leur portable à la main montrant les jolis photos que j'ai prises.
Je reçois un texto. Je regarde et je dois faire un immense effort pour empêcher un sourire victorieux de naître sur mon visage.

C'est Dante. J'ai envoyé les photos et la vidéo à ceux de la fête et à d'autres via email et sms. J'espère que ça te convient. Juliette a eu droit à un message de plus of course.

Je lance un regard vers Juliette. Elle l'intercepte et comprend tout. Pas si bête finalement. Je lui souris, lui fais un petit signe amical et me dirige vers la sortie alors que Manuel et Azzurra baisent comme des chiens. Quel beau bouquet final.
Il fait nuit et l'air est doux. Je marche tranquillement vers chez moi, exhibant à la nuit mon grand sourire de la victoire quand quelqu'un m'agrippe et me secoue. Doriano.

-Putain mais qu'est-ce que t'as fait !!
-Mais lâche moi tu me fais mal.
-T'as fait ça à Azzurra ?! Tu l'as droguée et t'as envoyé ça à tout le monde !!!! Et même par internet !
-Ben oui comme ça Manuel et Juliette sont bien humiliés pour avoir osé pourrir mon frère.
-ET AZZURRA ?! POURQUOI TU LUI AS FAIT CA ?? HEIN ??

Doriano me secoue en me hurlant sa colère à la figure. Pourquoi j'ai fait ça ? Mais parce qu'elle t'aimait ducon !! Et que je ne voulais pas qu'elle me prenne ce que j'aimais !!
Je repousse Doriano finalement, m'arrachant à sa poigne.

-Non mais tu crois quoi ? Qu'elle était mon amie ? Mais tu m'a prises pour Soeur Emmanuelle ou quoi ? J'ai fait amie-amie avec elle uniquement par intérêt. J'ai voulu l'utiliser une dernière fois en beauté.
-Non mais tu es malade ! TU N'ES QU'UNE GROSSE SALOPE !! T'AS ABSOLUMENT PAS DE COEUR ! TU NE PENSES MEME PAS AUX AUTRES ??
-NOON JE ME FOUS DES AUTRES ! ILS NE SONT LA QUE POUR ME DISTRAIRE ! ILS NE SERVENT A RIEN !! MOI JE VEUX PAS RESPECTER CETTE PUTAIN DE SOCIÉTÉ ! JE VEUX ÊTRE FIDÈLE A MOI ET A PERSONNE D'AUTRE !!
-T'ES QU'UNE PAUVRE FILLE CAPRICIEUSE QUI BOUSILLE TOUT CE QU'ELLE TOUCHE !! JE VEUX MÊME PLUS TE VOIR TELLEMENT TU ME DÉGOÛTES !
-EH BIEN CASSE TOI !!! J'AI JAMAIS EU BESOIN DE TOI DE TOUTE FACON !!! T'ÉTAIS QU'UN SOT QUE JE POUVAIS MANIPULER À MA GUISE !
-FERMEEEEEEZ LA LES JEUNES !!!

On lève la tête, surpris. Trois personnes sont à la fenêtres d'un immeuble et nous engueulent pour tapage nocturne. On les insulte, puis on part chacun de notre côté après s'être lancé un regard noir.
J'ai la haine.
Je rentre en courant chez moi, refoulant les larmes qui essayent de rouler sur mes joues. De montrer aux autres ma tristesse. Je ne pleurerais pas. Je ne pleurerais pas. Je rentre brusquement, une fois la porte fermée je me laisse glisser sur le sol. Je tente de réprimer les sanglots qui secoue mon corps.
Je ne pleurerais pas. Je ne pleurerais pas parce que je ne l'aime pas.

-T'étais où ?

Je relève la tête. Marco et devant moi, debout, une lueur d'inquiétude brille dans ses yeux. Marco si tu savais comme j'ai de la peine pour toi. Voilà une semaine que tu pleures un amour perdu qui ne valait rien. Quelque part je prenais un malin plaisir à te taquiner sur tes sentiments. Parce que je ne comprenais pas le vrai sens du mot "aimer", parce que je ne savais pas vraiment ce qu'aimer signifiait. Et maintenant ? Maintenant je crois que je te comprends mieux. Je me lève et bouscule mon frère, refusant de lui répondre. Parce que si jamais je lui réponds...je vais pleurer.

-Il est 23 heures. Si t'allais à une fête tu m'as pas prévenu ! Tu sais que je me suis fait du soucis. Tu n'as même pas répondu à mes sms ou mes appels !!
-Laisse moi tranquille !
-Qu'est ce que t'as ? Tu pleures ?
-Non je ne pleures pas...

Je voudrais lancer une répartie cinglante mais trop tard. Les larmes coulent à flot sur mon visage et des hoquets de tristesse secouent mon corps. Je cours dans les bras de mon frère et pleure. Je ne veux pas parler. Je veux juste pleurer sur l'épaule de celui qui m'a toujours comprise et qui ne m'a jamais jugée. Je veux juste pleurer sur une épaule qui saura atténuer ma douleur.
Marco je sais ce que c'est l'amour maintenant.
Et l'amour ça fait mal.

***
*

Je pars vers le collège. Perdue dans mes pensées en attendant le bus. Le week end est passé et je ne me suis toujours pas réconciliée avec Doriano. Il ne m'a pas appelée et j'ai fait de même. J'attends le bus et je cache aux autres ma tristesse. J'adopte un visage neutre alors que au fond de moi j'ai la sensation d'être détruite. Et une Elisa détruite c'est pas beau à voir. Le bus arrive. Je monte soudain j'entend une voix qui ne m'est pas inconnue.

-Elisa !
-Antonio.
-Tu sais la fête de vendredi...tout le monde en parle et les photos ont circulé partout. Presque tout le monde les a vues. Tu as assuré.
-Merci Antonio. Est-ce qu'on sait que c'est moi ?
-Non comme les photos on été envoyé sur l'ordi de Manuel, c'est plutôt à lui que ça pose problème.
-Evidemment.
-Comment va ton frère ?
-T'es son ami, tu devrais le savoir non ?
-On ne se parle plus trop en fait.
-Pourquoi ça ?
-Il m'évite en fait.
-Ah bon ?!
-Ouais...Ah tu sais pour la drogue si jamais tu en as encore besoin pour faire un truc de ce genre..je t'en trouve sans problème, d'accord ?
-C'est vrai que t'es un dealeur à mis temps.
-Euh oui, à ce propos j'ai quelque chose à te dire, à propos de ce que tu as utilisé à la fête...
-Ah.
-Ah quoi ?
-Ben on va enfin parler buisiness et ne plus tourner autours du pot. Donc : ah le prix.
-Euh quoi ?
-Tu as accepté de me donner la drogue et l'aphrodisiaque par amitié pour Marco...mais en fait c'était pour d'autres raisons.
-...
-Tu ne parles plus à Marco parce que tu avais des vus sur Juliette. Et comme elle est finalement sortie avec Manuel, tu t'es dit que tu pouvais m'aider dans ma vengeance parce que ça nuirait surtout à Manuel. Après tout c'est lui qui est sur les images et pas Juliette. Elle c'est surtout grâce aux ragots qu'elle va souffrir.
-Euh.
-Mais tu avais sans doute un autre but outre le fait de faire capoter le couple de Juju...comme obtenir quelque chose de moi ?
-Euh...Comment tu as deviné ?
-Il suffit de voir comment tu regardais Juliette et puis tu n'as jamais fait trop attention à moi. J'ai toujours été "la soeur de ton pote", sauf qu'il y a une semaine tu t'es rendu compte que tu pouvais t'associer à moi par intérêt...c'était même assez stupide ta démarche pour que je ne m'en rende pas compte. Enfin ça m'a bien servi.

Je me lève et me prépare à sortir du bus lorsqu'Antonio m'agrippe, me retourne et m'embrasse. Un baiser rapide. Je le regarde et un sourire amusé fend mon visage.

-Je croyais que tu aurais voulu plus ?
-Je pensais pas que tu serais si peu dupe.
-On se trompe souvent sur moi, tu sais.

Je ricane puis sort du transport en commun. Je me moque de ce qu'Antonio a fait, en fait aujourd'hui je me moque de tout. Je trouve tout ennuyeux. Le jeu a perdu de son intérêt finalement. Justa avant d'entrer dans le collège, je pianote sur mon portable pour envoyer un message à Dante. Oui je crois que cette partie m'ennuie finalement et je vais peut être en commencer une nouvelle...bien plus distrayante.

***
*

La cloche sonne, je range mes affaires tranquillement, notant les devoirs avec une posture et une attitude de bonne élève. Je me lève, livres dans les bras, soudain je me fais bousculer, je me retourne bouillonnant intérieurement mais affichant un air surpris et innocent sur mon visage. Doriano. Il me regarde avec mépris, du haut de ses 175 centimètres, cette enflure pense donc que je suis incapable de lui faire un coup de pute ? Oh tu risques d'être surpris Doriano. Je me contente simplement de lui sourire, un petit sourire carnassier. Plein de malice et de perfidie. J'ai pourri la vie de Serena, de Giovanna, de Juliette, d'Azzurra, de Manuel...je peux bien te pourrir la vie aussi Doriano. Et ce sera même plus cruel. Parce que je te pourrirai la vie par amour Dodo.
Je quitte enfin la salle de classe, ignorant les regrets, ignorant la déception de voir qu'il me hait toujours. Je me dirige rapidement vers le casier de Doriano, je connais son code. Je fais tourner les chiffres du cadenas, j'ouvre et glisse le reste des cachets d'extasy et une pile des images de la fête de la dernière fois.
Azzurra n'est pas venue au collège aujourd'hui, j'imagine que voir sur facebook les souvenirs de cette soirée...bref je m'en moque après tout. Je ferme le casier et je pars tranquillement. Je pense que d'ici quinze minutes je vais glisser à une commère que j'ai vu Doriano glisser des clichés et de la drogue dans son casier. Je laisserai l'information se transmettre et elle retombera à un moment dans les oreilles d'un professeur. Puéril certes mais c'est en attendant que ma vengeance soit totalement prête.

Awake

With every appearance by you, blinding my eyes,
I can hardly remember the last time I felt like I do.
You're an angel disguised.

And you're lying real still,
But your heart beat is fast just like mine.
And the movie's long over,
That's three that have passed, one more's fine.

Will you stay awake for me?
I don't wanna miss anything
I don't wanna miss anything
I will share the air I breathe,
I'll give you my heart on a string,
I just don't wanna miss anything.

I'm trying real hard not to shake. I'm biting my tongue,
But I'm feeling alive and with every breathe that I take,
I feel like I've won. You're my key to survival.

And if it's a hero you want,
I can save you. Just stay here.
Your whispers are priceless.
Your breathe, it is dear. So please stay near.

Will you stay awake for me?
I don't wanna miss anything
I don't wanna miss anything
I will share the air I breathe,
I'll give you my heart on a string,
I just don't wanna miss anything.

Say my name. I just want to hear you.
Say my name. So I know it's true.
You're changing me. You're changing me.
You showed me how to live.
So just say. So just say,

That you'll stay awake for me.
I don't wanna miss anything.
I don't wanna miss anything.
I will share the air I breathe,
I'll give you my heart on a string,
I just don't wanna miss anything

U.C