Sujet: Désillusionnées avant l'âge • Virgin Mar 15 Mar - 21:59
La vérité c’est qu’on s’emmerde profondément parce qu’on a plus rien à désirer.
« ▬ Allez viens. ▬ Non. ▬ Ça va c’est juste histoire d’aller boire un coup. ▬ Non. ▬ Et puis pour danser un peu quoi. ▬ Non. ▬ Écoute Virgin, faut que tu sortes un peu là. Lâche ton balais deux minutes merde. ▬ Non. ▬ ET ARRÊTE D’ASTIQUER LE SOL QUAND JE TE PARLE PUTAIN. »
Je soupire, exaspérée. Cela fait maintenant une bonne dizaine de minutes que j’essaye, en vain, de convaincre la petite sainte-nitouche de merde de m’accompagner en boîte, histoire de se faire payer à boire par un vieux en manque de cul blanc de mineures et de se frotter comme des putes contre de parfaits inconnus sur la piste de danse. Allez Virgin bordel, lâche ton rôle de Wendy deux minutes et viens fumer l’opium chez les indiens, ils sont cools tu verras, y a même des beaux mecs et qui sait, tu trouveras peut-être l’homme de ta vie dans le tas impropres et puants des vieux adolescents pré pubères avec trois poils sur la queue qui transpirent et suent comme des porcs en essayant de pécho une pauvre petite conne qui a perdu ses copines parmi la foule. D’accord, certes, dis comme ça, ça n’a pas l’air très prometteur, mais bon, un peu d’alcool dans l’estomac et tout vous paraît trop hype n’est-ce pas ? Les petites salopes de quinze ans venues ici pour faire leur première fois dans des chiottes dégueulasses où d’autres petites salopes de quinze ans se sont faites déjà prendre avant elles seront heureuses de se faire aborder par ces jeunes hommes au fond de la salle qui les dévore du regard, ils ont déjà la gaule rien que de penser à la bonne partouze qu’ils vont se payer – évidemment ce verbe n’est pas à prendre au sens propre, comme si ces petites salopes allaient réclamer de la thune il manquerait plus que ça –, ils s’en lèchent les babines les pervers, et elles, ces petites minettes en chaleur qui sont allées voler un string dans le tiroir à sous-vêtements de maman en cachette, ne se sentent plus, trop émoustillées à l’idée de plaire à l’un de ces garçons parce que « oh mon dieu ils doivent au moins avoir vingt ans ! », salopes. Vingt ans mais crades, suffisants, vicieux, sans pitié pour votre petit vagin propre de toute intrusion qui va se faire gentiment défoncé sa race dans les heures à venir quand cette bande de joyeux connards vont vous proposer un tour en voiture avant de vous amener chez eux où plus aucune sortie ne sera autorisée. Donc tu vois, Virgin, on trouve le bonheur où on peut. Qu’est-ce qui te retient franchement ? T’es vraiment certaine de ne pas vouloir venir ? Là j’en ai marre d’attendre et de taper férocement du pied sur le sol alors dis moi oui maintenant Virgin, sinon moi je me casse, avec ou sans toi, j’ai pas que ça à foutre de tenter de te convaincre pendant trois-cent ans à se rendre à une malheureuse boite de nuit accompagnées de quelques bouteilles pour tenir le coup devant cette multitude de connards. Allez Virgin, dis moi oui.
* * *
▬ Dainty, c’est déjà ta troisième vodka.
Oui mesdames et messieurs, vous ne rêvez pas, je suis belle et bien accoudée au comptoir du bar d’un nightclub avec Virgin, la vraie, la rousse, la parfaite Virgin. Le verre de vodka me sourit, je lui souris en retour. J’ai réussi à convaincre la fille spirituelle de Bree Van de Kamp en personne à sortir de ce vieux trous de merde à souris qu’est l’orphelinat pour aller respirer l’air pur des rues de Londres avant d’atterrir dans un club au videur baraqué et au DJ’ le nez tellement repoudré de coke qu’il pourrait tenir deux nuits d’affilées sans dormir une seule minute, les doigts collés à ses cd pour de vieux remix amateurs. Je jette un regard lubrique à Virgin, putain qu’est-ce que je suis trop forte sérieux qui à part moi aurait réussi cet exploit franchement ? Je suis la seule, jusqu’à ce jour, à avoir été capable de trainer une maniaque du balais, perfectionniste à en mourir, propre et encore propre et même plus propre que propre sous toutes les coutures, irréprochable, merveilleusement parfaite, tout ces points cumulés en une seule et même personne, oui, j’avais réussi à trainer cette chose-là dans une boite de nuit infestée d’hommes déjà morts de faim à peine un pied entré, la queue quasiment dégainée sous leur jean délavé, le regard affamé et les doigts qui claquent totalement pas en rythme avec la musique pour se donner un air de beau gosse. Raté. Dégage connard. Non ton fric nous intéresse pas, tu captes pas que j’suis en train d’essayer de dévergonder une désabusée de mes couilles qui refuse de goutter à une seule goute d’alcool bordel ?! Non j’ai dit non, putain c’est pas possible les pots de colle comme ça bon d’accord j’accepte oui, un autre verre connard avec deux glaçons oui, merci, non je ne suis pas intéressée pour une nuit torride sperme à gogo tu vois pas que je suis avec quelqu’un ? Mais va te faire foutre avec ton plan à trois enculé, c’est moi qui vais te sodomiser avec mon verre tu vas comprendre quel effet ça fait. Oui voilà c’est mieux quand t’es loin donc, où en étais-je ?
▬ T’es tellement rigide Virgin bordel … En fait c’est pas que tu veux pas boire, c’est juste que t’en es incapable. Parce que je sais pas, tu dois pas tenir l’alcool je suppose. Une gentille fille à papa comme toi c’est sûr que ça doit pas beaucoup boire. Un verre et t’es cuite c’est ça ? Ridicule. Allez Virgin, arrête de me regarder comme ça et vide moi ça cul sec. Envoie-moi du rêve.
Je la dévore du regard, allez bois putain, distrais-moi, allez, bois, amuse-moi, je sais que tu t’ennuies aussi, t’as pas envie de t’éclater un peu, parfaite Virgin ? Si, n’est-ce pas ? Allez, bois. Je m’emmerde moi, tout m’emmerde, cet endroit m’emmerde, ce verre rempli m’emmerde, les gens m’emmerde, la musique m’emmerde, le monde m’emmerde. L’humanité entière m’emmerde, j’ai beau tenter tout et n’importe quoi pour m’occuper, la lassitude me rattrape, cette salope inbaisable, elle me rattrape et me blase jours après jours. Je m’ennuie de tout putain, du fric, des fringues, du cul, de ma sœur, de l’orphelinat, des gosses dedans, de ma vie, de ma putain de vie à la con qui ne me mènera nulle part sauf peut-être dans l’immense villa d’un vieux type qui aura l’âge d’être mon grand-père, rempli aux as, qui m’entretiendra quand le compte en banque de papa sera vidé par mes dépenses horribles et inutiles dont le monde entier sera horrifié car je n’aurai débourser aucun centimes pour des aides humanitaires de merde ou des actions caritatives à la con qui sont là juste pour donner aux riches bonne conscience. Mais moi, je m’en fous d’avoir bonne conscience ou pas. Moi j’veux du rêve, j’veux du plaisir, de l’excitation, de l’action, de l’adrénaline, j’veux que ça bouge, que ça m’émerveille, que ça me réveille de cet ennui profond.
Je m’emmerde de cette putain de vie à la con. Virgin, ce soir, je compte sur toi.
Dernière édition par Dainty le Jeu 17 Nov - 23:31, édité 3 fois
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Sujet: Re: Désillusionnées avant l'âge • Virgin Lun 21 Mar - 19:15
When we drink we do it right.
« POPPIN BOTTLES IN THE ICE, LIKE A BLIZZARD. WHEN WE DRINK WE DO IT RIGHT, GETTIN SLIZZARD SIPPIN SIZZURP IN MY RIDE, LIKE THREE 6.»
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La musique lui vrillait les tympans dans un affreux relent de déjà-vu. Les flashs des lumières l'aveuglaient en imprimant sur ses rétines des scènes maintes et maintes fois jouées. Les regards de loups affamés en fond de salle l'empêchaient de fixer autre chose que son verre de mojito qu'elle n'avait pas commandé, et qu'elle jurait de ne pas toucher. Son sang battait en rythme avec le bombardement assourdissant sur lequel certains osaient danser. Tout lui laissait un affreux goût sur le bout de la langue qui lui donnait envie de vomir. Bon Dieu qu'elle haïssait Dainty. Entrer dans un nightclub, c'était comme mettre sa vie sur pause et passer en mode flash-back. Et Virgin se demandait encore comment cette ridicule blonde sans principes avait réussi le tour de force de l'avoir fait mettre un pied dans cet immondice sans nom. Elle aurait vraiment dû la laisser se torcher toute seule et se faire choper dans un coin sombre des toilettes par un type qu'elle ne reverra probablement jamais, ou peut être dans une nouvelle soirée ou ses fesses lui rappelleront surement quelque chose. Et encore. Puis elle aurait pu admirer sa démarche chancelante et ses cernes soulignant ses yeux d'un trait certain, témoignant de la si courte durée de sa nuit, le lendemain matin en l'attendant de pied ferme sur le pas de la porte de la Wammy's House. Oui, elle se voyait même fermer Jane Eyre lorsque sa chevelure blonde entrerait dans son champs de vision, et se serait fait un plaisir de gâcher sa salive à rappeler toute la stupidité des actes de Dainty. Voilà, voilà comment tout aurait dû se passer. Comme d'habitude et comme toujours. Alors pourquoi avait-elle eu le foutue idée d'accompagner cette stupide chose pour tenter de la raisonner et limiter les dégâts, sérieusement. Elle aurait du la regarder partir de loin et se concentrer un peu plus sur son carrelage. Quelle petite sotte elle faisait là.
C'était quoi son problème, sérieusement. Rester à l'orphelinat devant la cheminée, à siroter un chocolat chaud et lire un bon polar, n'était-ce pas ce qu'on pouvait trouver de mieux ? Non ? Ah bon. Cela lui paraissait pourtant tout à fait préférable à l'enfer où elle se trouvait actuellement. Non, tout était préférable à l'enfer où elle se trouvait actuellement en réalité. Virgin n'était plus à sa place ici. Virgin se demandait même comment avait pu y être à un moment certes très égaré de sa vie, mais tout de même. Les flashs colorés lui laissaient la vague impression de pouvoir faire une crise d'épilepsie dans la seconde et les odeurs de fumée et transpiration lui auraient donné envie de passer toute la salle à la javel pure, histoire de faire disparaître toute impureté pourrissant dans un coin reculé. Même son verre plein à ras bord semblait la narguer d'un sourire cynique. Virgin avait juste une seule envie. Tout envoyer bouler et sortir respirer de l'air frais, et ne plus jamais recroiser les regards lubriques de cette bande de crétins encore pré-pubères dans leurs petites cervelles terriblement creuses et dénuées de toutes intentions décentes.
Et Dainty qui parlait, parlait. Ou persiflait, plutôt. Encore et toujours sur son comportement, son propre comportement qu'elle lui reprochait. Plait-il ? Y avait-il une erreur quelque part, un paradoxe ahurissant à souligner ? Tout à fait. Alors comme cela, c'était Virgin qui était en tord. Bien sur, pourquoi est-ce que cela n'était pas flagrant. Qu'est-ce qu'il y a Dainty, pourquoi est-ce que tu ne comprenais pas ce que la rouquine s'acharnait à te faire entendre ? Pourquoi est-ce que tu n'écoutais jamais la voix de la raison qu'elle te soufflait en permanence à l'oreille ? Est-ce qu'il fallait obligatoirement faire partie de ton petit univers fait de paillettes, lumières et de sperme ? Alors c'était ca, juste ca qu'il te fallait pour ensuite écouter religieusement ce qu'on s'acharne à vouloir t'enfoncer dans le crane ? Et bien elle allait réussir, ca elle te le promettait. Même si cela devait être fait à coup de vodka ou de talons aiguilles de vingt bons centimètres.
Le verre de mojito cul sec passa tout seul. Tout comme la vodka de Dainty, suivie de très près par le verre au liquide encore inconnu du voisin le plus proche. Oh, tequila sunrise. Sa gorge la brula quelque peu. (Le quelque peu étant le mot clé dans cette phrase.) Ses yeux se plissèrent alors qu'elle rejetait la tête en arrière. Et elle sentait déjà l'énorme erreur qu'elle venait de faire. Tant pis, elle la remercierait plus tard pour ca.
▬ Psychorigide. En fait. Peut-on y aller maintenant ?
Comme si cela aller suffire. Une nouvelle commande au type qui s'était vu dépouillé de son verre sans pouvoir répliquer plus tard, le concerné commençait apparemment à trouver un certain intérêt à l'impressionnante descente de sa voisine. Même habillée comme une sainte Nitouche qui ne sait pas du tout comment elle a pu atterrir ici.
La course contre la montre avait commencé. Tout était une question de temps maintenant. Il fallait pousser la blonde hors de son territoire favori, la déloger de ce trou à rats pourris jusqu'à l'os, la faire plier à ses exigences, aux exigences de la vraie vie. Comme si elle avait une chance d'y arriver.
▬ Oh oui, c'est tellement plus plaisant de boire jusqu'à ne plus même se souvenir de son nom, laisser l'alcool et un sale chien en chaleur s'occupait de soi-même pour mieux se retrouver à se faire culbuter dans des toilettes fangeux qui en ont vu défiler plus d'une. C'est d'une classe immanquable, je l'avoue avec grand plaisir.
Ah, elle était belle la donneuse de leçon. Ironie, quand tu nous tiens.
▬ Partons Dainty. On rentre, on prend une douche -oh oui, une renaissance- et on n'en reparle plus. Être ici est pire qu'une perte de temps, c'est s'embourber dans la décadence putride et immorale.
Mais Virgin avait encore la chance de l'ignorance de Dainty sur ses superbes frasques dignes de la blonde, dignes même de tous les fantasmes et idées saugrenues ayant pu traverser le cerveau de la belle.
En fait, il y avait juste à espérer qu'elles rentreraient assez tôt pour éviter que quelqu'un n'assiste à l'effet de l'alcool sur sa petite personne. Comme si Dainty allait passer à coté de ca.
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Now I’m feelin so fly, like a G6.
Désillusionnées avant l'âge • Virgin
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