Ah, ça les orphelins aimeraient bien ! Mais la réalité est tout autre, hélas. La Wammy’s House n’a rien de ces lycées de jeunesses dorées, où l’alcool règne, essayant de détrôner l’empire de la coke et de démanteler l’emprise du sexe. Enfin, en cherchant bien, peut-être qu’effectivement, il y a parfois ces charmantes choses à la Wammy’s House. Mais ce n’est pas le plus important. Tout comme l’argent, d’ailleurs.

La Wammy’s House est un lieu de débâcle intellectuelle, de phrases emplies de sagesse, de chasteté et de compétition acharnée et malsaine. La Wammy’s House n’est pas une université, ni un lycée ni même une école. Si vous y entrez, ce n’est pas par plaisir, ce n’est pas parce que vous avez bossé d’arrache-pied et que vous le désirez. Non, vous y entrez car vous n’avez plus rien, plus de famille, plus de toit, plus rien, seulement vos yeux pour pleurer. La Wammy’s House est un orphelinat, un lieu de malheur et de désolation, de tristesse, de rage contre le monde enfoui au plus profond des corps adolescents qui arpentent les couloirs, affichant un sourire tantôt sadique, tantôt réconfortant.

Il ne s’agit cependant pas que de cela, ce serait encore trop simple. Les orphelins ici sont surdoués. L’élite intellectuelle du monde entier. Partout, on les traque, on les recherche, et avouons-le, on essaie souvent de s’arranger un petit peu, de donner un coup de pouce au destin pour que ces jeunes cerveaux en ébullition rentrent dans les rangs de l’orphelinat. Ici, on vous forme à succéder à L, le plus grand Détective de tous les temps. C’est l’unique but qui prime, tout est mis en œuvre pour que la compétition soit impitoyable et sans merci. Il faut être premier sinon rien. Écraser les autres, constamment, aux examens, et si ça ne marche pas, en venir à les manipuler, ou alors à des menaces plus physiques. Tout est bon, pour être le numéro un, tous les coups sont permis, et les adultes ne font rien, bien au contraire, ils alimentent tout ça.

Le bien-être de leurs petites têtes blondes, bien qu’il passe quand même en priorité, ne doit pas prendre le dessus sur la compétition. Ici, c’est à l’amour comme à la guerre, tous les coups sont permis. Certains en viendront aux mains, quand d’autres passeront au-dessus de tout ça, le visage indifférent. Chacun se construit sa carapace, se prépare d’une manière ou d’une autre à essuyer coups et blessures, que ce soit bleus à l’âme ou écorchure dans la chair. Nonobstant, il fallut bien calmer le jeu ou plutôt, s’arranger pour le pimenter un peu.

Alors parmi ces surdoués, ces génies de première catégorie, se glissent des élèves normaux. Ils n’ont pas un QI affolant, et n’ont pas grand-chose, si ce n’est une famille qu’ils ont décidé de quitter presque définitivement, ambitieux comme jamais. Ces intrus à l’orphelinat rodent, et font partie d’un examen continu en quelque sorte. Les voilà traqués, on doit les démasquer, et ils se doivent de ruser pour ne pas se faire prendre. En échange, ces enfants de rien auront une éducation de qualité, le prestige qu’aucun étudiant de l’Ivy League ne pourra jamais avoir, et sans doute un train de vie plus encourageant que tout ce qu’ils vivaient auparavant.

Aux génies d’être le plus doués, pour réussir haut la main l’examen et battre tous les autres. Aux intrus d’être subtil et discret, de se fondre dans la masse et de surtout, surtout, ne pas se faire prendre.