Tic. Tac. Tic. Tac. Tic. Merde ! Silver lança avec force sa montre contre le mur. Marre d'attendre le sommeil, marre de ne pas réussir à s'endormir. Il tournait, se retournait, se contorsionnait dans son lit sans jamais parvenir à fermer les yeux pour de bon. Il avait pourtant tout essayé ; les berceuses sur le Ipod, les phases de réflexion, même le comptage de moutons n'avait pas marché. Donc il était là, à attendre. Seul dans son lit, Shadow n'étant pas présent, il disposait de la chambre pour lui tout seul. Mais à quoi bon, à cause des jumeaux, ni les garçons, ni les filles ne pouvaient le rejoindre. " Quelle vie de merde ", pensa t'il. Il faisait nuit noir, en plus, lui qui ne supportait pas l'obscurité, il était gâté.

Il faisait froid, en plus. Un froid glaçant, comme une morsure qui pénètre dans le corps, qui descend doucement le long des os, qui dévore la moindre particule de chaleur. On pouvait dire qu'il se les gelait dans son mini short de pyjama, son débardeur bouffant, son micro gilet en coton. Certes, ce n'était pas la meilleure tenue à aborder durant les nuits du mois de mars, mais il était tellement bien dedans, que la température l'importait peu. Non, il avait plus envie d'autre chose, de sucré, de gâteaux, d'éclairs au chocolat et de tartes, des fruits confis et de crème patissière. Cette seule pensée eu don de le réanimer, il recouvrit sa bonne humeur quotidienne et l'exitation qui allait avec et se dirigea vers la porte de la pièce. Il fallait être discret, les chiens des grumeaux devaient être en train de rôder. Quoique... à deux heures et demi du matin...

Ta ta ta taaaaaaaaaam

phase 1 : On sort, on ne se fait pas voir.
phase 2 : on s'infiltre dans la réserve, on ne se ait toujours pas voir.
phase 3 : on bouffe tout ce qu'on trouve, et le plus vite possible. Et en silence.


Simon aimait bien ce genre de mission GI Joe, lui et son imagination débordante, c'était toute une histoire d'amour. C'était limite s'il ne se baladait pas dans les couloirs avec les mains jointes et les doigts collés genre pistolet. Il poursuivait donc sa course, en silence, et il avançait petit à petit vers la réserve. Aucun signe de vie autour de lui, l'orphelinat était désert, Lazy & Co' devaient bien dormir. Il aperçut la petite porte en bois ancien de la caverne des merveilles, ahhhh, quelles saveurs exquises devaient se cacher là dedans, des biscuits, des céréales, des sucreries. Mmmm, quel bonheur, quel délice...Il fit tourner doucement la poignée, il ne fallait pas se faire repérer, surtout pas maintenant, pas si pret du but... L'ouverture produit un léger grincement qui le crispa durant quelques secondes. Pas de mouvements aux alentours, ahah, à lui le festin des ROIS. Il entra rapidement dans la minuscule pièce qu'était la réserve, se préparant à satisfaire ses papilles gustatives. Il alluma d'un geste vif l'interrupteur et attendit qu'une faible lumière daigne l'éclairer. Il passa en revue toute l'étagère qui lui faisait face, choisissant un énorme paquet de cookies aux pépites de chocolat. Il tenta d'arracher le papier avec ses ongles, c'était le Silver affamé, le rouquin sauvage.


" Tu vas t'ouvrir saleté de machin ! Aller quoi ! J'ai la dalle moi ! Gnnnnnn, ouvre toi, ouvre toi ! Tant pis, tu l'auras voulu, je vais sortir les canines, grrr."

Simon ayant toujours été un inconditionnel fan de Kiba dans naruto, il adorait employer le vocabulaire canin de son idole. J'ai un flair de génie, je cromprends les chiens moi... Bref, trois coups de dents et un peu de volonté avait suffit a extraire les savoureux gâteaux de leur emballage, ça n'était pas trop tôt, il mourrait littéralement de faim.Trente minutes et quelques miettes plus tard, une dizaine de paquets vides et un adolescent.. carrément repu. Il y avait aussi une ou... deux bouteilles vides à ses pieds. Limonade ? Il fallait réflechir, de la limonade sans bulles... Il allait peut être réussir à dormir après cela ? Hmm, un demi litre de vodka, surement planqué par un élève, c'était lui qui était tombé dessus, en même temps avec sa poisse habituelle... Une vision de Silver à ce moment précis ? Imaginez un roux à demi vautré dans une pièce de 10 mètres carré, ses longs cheveux répendus sur le carrelage glacé, son corps maigre et faible cassé par la fatigue...


" Non, je ne dois pas m'endormir, sur-tout-pas.. "


Il se gifflait, se pinçait. Il ne fallait pas sombrer, non, surtout pas. Si demain on le retrouvait ici, seul, dans une position pareille, il était bon pour un interrogatoire de première, une torture par l'autre aliène... Il imaginait déjà les scalpels, les gouttes de sang, ou bien, les mains avides des jumeaux sur sa peau déjà abimée, les mains violentes et dures, comme celles de son père, jadis. Il secoua la tête, pour chasser ses idées noires. Il n'était pas question d'avoir une crise maintenant, pas question de se remémorer le passé... D'un geste vif, il bondit et se remit sur ses deux jambes, il attrapa un paquet au hasard, histoire de prévenir au cas ou son ventre lui rejouerait des tours et dans son élan, tomba comme une crèpe. C'était le genre d'instant ou, après une période de réflexion, on décide d'agir, on commence très très vite, puis rattrapé par la fatigue, on se casse la figure. Voilà, Simon et sa poisse, une histoire passionnée.

Un mouton, deux moutons, trois moutons, quatres mou...

Damm', il s'était endormi, il était fini.

Dans le néant, le temps n'avait plus sa place. Les minutes passaient sans que l'on puisse s'en apercevoir, les heures, les jours, les années n'avaient plus d'importance. Le néant. C'était là que se trouvait Silver. Quelque part entre le blanc et le noir, l'ombre ou la lumière. Autour de lui, des vibrations opressantes, des ondes qui lui ravageaient le cerveau, qui écrasaient le peu de conscience qu'il lui restait. Il naviguait donc là, seul. Nu comme un vers, il avançait, sans savoir son chemin. Depuis quand était-il là ? Mais plus important, pourquoi était il là ?

Take a breath, take it deep
Calm yourself, he says to me
If you play, you play for keeps
Take a gun, and count to three

Il y avait devant lui, un enfant sur le sol. Petit, fragile. Un enfant roux, la silhouette brisée, des larmes sur les joues. Cette figure familière, mais qui était-ce ? Et cet homme, en retrait, pourquoi ne faisait il rien ? Laisser pleurer un enfant, sans bouger, c'était bien ? Trop de questions qui obstruaient ses pensées, trop de complications inutiles. Il recula de quelques pas, il n'était pas dupe. La scène qui se déroulait sous ses yeux n'était autre qu'une scène qui lui avait été habituelle, à une époque. Lui, frappé, maltraité. Son père, reculé, un sourire sadique qui glace le sang sur les lèvres. Sourire. C'est beau papa, ne trouves-tu pas ? Simon fonça sans réfléchir, il était grand maintenant, il avait la force pour se défendre, pour enfin résister contre le tyran qui était son père. Connard ! Hypocrite ! Vicieux ! Il serait si aisé de lui brisé la machoire, de le massacrer jusqu'a ce qu'il ne reste plus que du sang. Qu'il implore sa pitié, qu'il demande pardon ! Son poing, replié parti avec force, dans le visage de son géniteur. Du vide. Il n'y avait plus qu'un trou maintenant, à la place du nez qu'il aurait du casser. Du vide, mais toujours cet horripilant rictus pervers qui défigurait la figure de l'homme dur. D'une seconde à l'autre, il était de nouveau seul, dans du blanc. Juste du blanc, et de l'eau. Eau qui, par il ne savait quel moyen, montait de plus en plus. Comme un barrage qui cède, elle remplissait le néant à une incroyable vitesse. Et Silver ne montait pas avec l'eau, non, ses pieds ne bougeaient pas du sol, il était presque submergé, plus que quelques secondes... Coulé. Tout d'abord le peu de respiration qu'il avait réussi à conserver le fit tenir, mais par la suite, ne pouvant plus se contenir, il fût obligé de lâcher prise. Silver noyé, fini. Le liquide s'infiltrait dans ses poumons, le remplissait entièrement. Toujours conscient, il attendait le moyen final, l'instant ou il salurait la mort, ou ou la douleur serait devenue pire qu'insupportable.

C'est à ce moment là qu'il ouvrit les yeux en sursaut. Fringues trempées.

Il recouvrit ses esprits en quelques secondes, puis, après une rapide observation, se rendit compte de la situation. Petit placard à bouffe : mais que fichait il là ? Homme bizarre avec une bouteille dans les mains : Mon dieu, un kidnapping ! Non, il n'était pas ligoté, la porte était grande ouverte. Il se trouvait, en plus dans une position douteuse, alors que c'était il passé, bon sang ?! Le roux se redresssa, dévisageant l'intrus qu'il avait en face de lui. Des flashs lui revenaient petit à petit... Orphelinat... Choco Trucs... Amis...


- Soon ?


Silence. Il claquait des dents. Toute cette concentration lui avait fait oublier le fait qu'il soit congelé jusqu'a l'os, dans une putain de réserve, en shorty pyjama et autre froufrou qui lui sciaient si bien. En plus, se rajoutait un affreux, insupportable mal de crâne. Du genre réveil difficile et gueule de bois. Ah oui, ça devait être cela. Il tenta de se remettre debout, titubant plus qu'autre chose, il shoota dans les bouteilles qu'il avait descendu quelques temps auparavant.


- Et merde.


Il regarda son voisin, les yeux ronds. Défoncés.


- Aem. Soon, c'est ça hein. J'espère que j'me gourre pas, j'y vois pas grand chose. Trop de soleil, quoi. On a fait une piscine-party et ça c'est mal fini parce que là, je suis congelé. Genre frigorifié grave là. Et pis qu'est tu fiches là, avec ta bouteille, tu te saou...


Il venait de remettre chaque évenement à sa place. Dortoir. Ennui. Faim. Réserve. Crise de gros. Pseudo-limonade. Gros dodo. Damn' c'était lui le boulet, il s'était endormi dans la réserve, il risquait de se faire prendre, il n'avait pas pu se remettre debout. Tout lui revenais présent. Le rouquin se remit sur pieds. Un peu trop vite apparement, car il faillit tomber sur le jeune garçon devant lui. Il fallait fui, vite. Ne pas se faire prendre, ne pas se faire torturer...


- Putain de merde ! J'me souviens ! Soon 'fau qu'on s'barre là. Si on se fait prendre, on est mort. Allez viens vite !


Il attrapa la main du looners au vol, l'entraîant dans une pseudo course. Juste histoire de déguerpir. De sauver sa peau. Les effets de l'alcool subsistaient toujours, il voyait flou et ses jambes minces flageollaient.


- C'est décidé, je ne boirais plus de limonade de toute ma vie !

- Attend je te dis ! Ça ne sert à rien de se précipiter, calme-toi !


Il était drôle, lui. Se calmer, dans un moment pareil, c'était plus facile à dire qu'à faire, sachant qu'il y avait une possibilité pour que : 1) Aphrodite débarque et leur coupe la tête, 2) Les grumeaux débarquent, abusent sexuellement d'eux, puis ensuite les amènent se faire couper la tête et troisième et dernière possibilité, un des chiens débarque, les dénonce et donc, au final, leur assure une mort certaine. Quel charmant tableau, mort, mort, archi mort.


- Mais diable, comment veux tu que je me calme. On va crever, si on s'arrête.


Tel l'enfant pressé, Silver trépignait. Il avait peur et se maudissait d'être sorti de sa chambre confortable et rassurante, haïssait son estomac d'avoir réclamé de la nourriture si tard, là tout de suite, il était vraiment dans un sale pétrain et ne savait absolument pas par quel moyen s'en sortir. Sa tête cognait, toujours, comme le marteau que l'on frappe pour écraser le clou, celui qui martelait dans sa caboche ne voulait écraser qu'une chose, le peu de conscience et de bon sens qu'il lui restait.
Il porta ses longues mains nues à ses oreilles, les compressant comme pour enfermer quelque chose. Il avait vraiment très mal, cette douleur lancinante l'attirait vers le fond, vers la crise de nerf. Comme avait dit Soon, il fallait qu'il se calme, maintenant.


- … Je pense pas que ton cerveau soit en forme pour ce genre d’exercice, là tout de suite, mais si tu pouvais j’aimerais bien que tu m’aides.


Silver se lamentait, gémissant à qui mieux mieux dans sa barbe des phrases sinistres et dénuées de sens. Après tout, l'effet de l'alcool était toujours présent dans ses veines, anéstésiant le moindre de ses neurones, le privant d'une concentration et d'un sérieux précieux. Il fallait juste trouver une solution, c'était tout. Ca paraîssait si simple, et pourtant, dieu sait à quel point la situation était compliquée. Il se posa, enfin se reposa au sol, et se mis en position de réflexion. Il envisagea toutes sortes de possibilité, après tout, si ils faisaient ça peut être que... VLAM ! Un bruit sourd résonna dans la petite pièce, c'était Soon qui, en s'étirant, avait fait tombé je-ne-sais-quel-truc, et qui, par la suite, avait entraîné cette apparition sonore.


- Merde


- Fais gaffe, si on se fait repérer, on est foutu. T'as fait tombé quoi ?


Il passa sa tête par derrière le corps de son ami allongé, une position quelque peu étrange, plus les circonstances. Il aperçu un carton, rien de plus bête, et entreprit de se remettre à sa place. Baisant chacun de ses mouvement, son déplacement était donc très lent, et il ne tarda pas à se retrouver dans une position vraiment... gênante, Son visage à seulement quelques centimètres de celui du garçon. S'empourprant telle une jeune vierge effarouchée, Simon continua de reculer un peu plus rapidement.


- Héhé, jsuis désolé j’ai pas fais gaffe ^^"


- Oh, pas 'rave.


Il s'assit en tailleur, et une idée lui vînt à l'esprit. Une bétise, auquel aucun des deux mâles présents dans la réserve n'avaient pensé. C'était une idée bête hein, mais tellement bête qu'elle pourrait marcher. Ravi de cette révélation qu'il avait eu, il se tourna vers son camarade et s'aperçut que se dernier était en train de se moucher. Peut importe, il attendrait quelques secondes, après tout, cela constituait un peu son plan, attendre.


- J'ai une idée, une bonne idée je crois


Sa boîte cranienne lui faisait souffrir le martyr, plus jamais, non plus jamais, il n'irait fouiller dans la réserve une nuit. On ne l'y reprendrait plus, c'était promis.
Attendant quelques secondes de plus pour que Soon range son mouchoir, se tourne vers lui, et se mette en place pour l'écouter, il essayait de formuler sa phrase de manière à ce qu'elle est un sens concret orsqu'il la prononcerait, allons bon, l'alcool, ça n'est vraiment, mais vraiment pas pratique.


- Ne t'offusque pas hein, mais je pense qu'il faudrait qu'on dorme là. En se dissimulant un peu bien sur, mais, comme ça, demain, on sortirait. Je sais ce que tu penses, tu dois te dire ; "et si lorsqu'on sortira, un chien de garde passe devant la porte ?" et bien, s'il n'y en a pas, c'est bon, et si, effectivement, il y en a un, on aura qu'a dire qu'on a été bizuté par un élève qui ne nous aime pas. De toute façon, ils ont tous trop la frousse de l'autre alien vert pour entrer dans son entre et nous dénoncer.


Il fit une pause théâtrale et reprit.


-Alors, t'en penses ?