Sujet: Before I fall in your Sky } Angel Jeu 4 Mar - 0:38
End avait toujours cru en ce qu'il faisait. Sans être égocentrique au possible il avait été ainsi éduqué pour posséder une certaine confiance en lui. D'aussi loin qu'il se souvenait il agissait sans aucune peur, sans aucun scrupule et sans aucune hésitation. Mais...sans savoir vraiment pourquoi. Sans savoir où la vie le mènerait. En gros il avait la mauvaise habitude de laisser tomber la prévoyance de ce qui servirait de conséquences de ses actes. Et il se retrouvait souvent comme une merde un beau jour, avec plein de problèmes sur le dos. Par exemple aller coucher avec cette jolie demoiselle là bas, et qui après ça croyait dur comme fer qu'une fois qu'on a couché avec un garçon on doit absolument se marier avec lui. Ou bien la fois où il insultait tout bêtement un prof, sans même penser à ce qu'il se passerait ensuite. Ou même la fois où il avait décidé de ne PAS acheter de lubrifiant. C'était moins marrant tout d'un coup... Ou encore la fois où il avait oublié tous ses jeans dans la lavanderie, juste par flemme de se lever et descendre au rez-de-chaussé pour aller quémander ses vêtements, du coup inutile de dire que le lendemain il avait l'air fin à aller en cours en caleçon... Inutile de parler du jour où il avait fait tomber du piment dans sa chicha sans prendre la peine de l'enlever ... Bref, toutes ces petites choses qui faisaient que End passait pour un adolescent irresponsable et complètement osef life. Ce qui n'était peut-être pas faux d'une certaine manière.
Il était du genre à se prendre la tête, mais après. Après que la tempête soit passée. Ce qui n'était pas forcément très pratique ... Que voulez vous, End n'avait pas choisit son pseudonyme à la légère. Finalement pour lui, il n'y avait pas de futur, il n'y avait rien d'autre que le passé et le présent. Il ne trouvait même pas ça triste, il trouvait ça juste blasant, c'était comme ça. Et il y croyait dur comme fer, en tout cas depuis plusieurs années. Et rien ne pouvait l'écarter de cette conviction, et de cette façon de vivre. Parlons en de sa manière de vivre, si on pouvait appeler ça vivre d'ailleurs ... Nous connaissons tous cette censure, ce tabou de la société, tous ces sujets épineux et sensibles que l'on s'interdit de parler, alors qu'on y pense tous. Cette attitude propre aux communautés humaines était quelque chose qui n'existait pas à Wammy's House. Ou presque. Parce que les membres de cette communauté étaient des surdoués dont la vie avait été détruite, dont les moeurs étaient sans scrupules, dont les problèmes pathologiques étaient l'air qu'ils respiraient, et dont le sens moral avait complètement disparu. Tout ça mélangé à une intelligence et une immaturité sans limite, c'était effrayant. Le brun faisait partie de ces adolescents. Il faisait partie de ce gang malsain depuis longtemps maintenant. Et n'en avait même aucune honte ! End ne croyait pas à l'amour, même s'il était du genre à romantiser sa vie, à rêver à d'autres choses il n'y croyait pas. Il ne croyait pas à toute cette mièvrerie, il les pensait hypocrites, aveugles et égoïstes. Et il savait bien qu'il avait raison. L'époque des gentlemen était finie, et laissait place à l'époque des sans-coeurs. Il n'y avait plus rien à espérer, plus rien à attendre.
Mais bon, ce n'est pas pour ça que la vie n'était pas drôle ! Non... même si End ne semblait jamais s'éclater complètement ...
Qu'est ce qu'il attendait alors ?
Et pourquoi les descriptions plus haut ne tenaient plus la route depuis quelques temps ?
Oui... depuis qu'il l'avait rencontré. End soupira en y repensant. Il y avait ce mec qui était apparu dans sa vie d'un coup, et qui d'un : lui faisait lui prendre la tête alors qu'il n'avait jamais fait ça avant, de deux lui rendait la vie encore plus désagréable qu'elle ne l'était auparavant, juste parce que quand il n'était pas là le brun avait l'impression d'être nulle part, de trois : le rendait lui même de mauvaise humeur parce qu'il réfléchissait comme un dingue la nuit, de quatre : le faisait sourire à chaque fois qu'il passait, de cinq : le rendait complètement psychopathe et dépressif quand il rougissait alors que Lazy passait par là, de six : lui faisait faire des choses bizarres, comme par exemple regarder le ciel et chercher des anges, ou bien confondre la confiture et la vinaigrette, ou même se mettre à parler de pigeons d'un coup, ou encore mettre ses fringues à l'envers, se coiffer le matin, trouver un film porno pas si intéressant que ça, se lever d'un coup et tomber de sa chaise lorsqu'il entendait des cris, et pour finir sept, lui faisait se poser des questions vraiment, vraiment inquiétantes. Comme par exemple, était-il tombé amoureux, malgré tout ses idéaux. Malgré tout ce qu'il pensait à propos de l'amour, cette plaie ? Il devenait vraiment con... pire, il devenait niais ! C'était un affreux virus, une maladie ! Et c'était insuportable comme sentiment ... End avait qui il voulait ici, il pouvait se taper n'importe qui - ou presque - tout du moins il y avait suffisamment de personnes dans son cas, dont le but dans la vie était de collectionner les conquêtes... pourquoi l'ambiance de Wammy's House était à la fois si chaude et si glaciale ?
En bref End ne savait plus où il en était, car il voulait ce mec, et ce mec s'appelait Angel. Il voulait Angel, jour et nuit, il ne pouvait pas sortir cette idée de sa pauvre tête torturée, il n'avait jamais voulu quelqu'un de spécial, c'était presque inquiétant. Généralement quand on lui foutait des vents ou quand on le rejetait il s'en foutait totalement, ça ne le frustrait même pas. Mais là.... là c'était pire que frustrant, c'était maladif. End avait l'impression d'être une sorte de prisonnier de guerre, affamé et attaché par tous les membres. Il se sentait si mal... si mal. Ce n'était pas normal. Et ça avait le don de l'énerver. Il en avait marre de ne pas pouvoir s'empêcher de guetter le blond, et tout faire pour essayer de le croiser... il devenait vraiment débile, oui c'était ça ! Il devenait un vieux stalker. Et le pire dans tout ça c'était que même s'il continuait à croiser des corps nus dans son lit ça ne le rendait que plus malheureux. Oui, il se sentait déprimé, il se sentait perdu et abandonné, et seul. Totalement seul. C'était insupportable et il n'aimait pas ça. Il avait essayé de parler à Angel, de lui faire du rentre dedans, de lui proposer, d'essayer de voir s'il allait se détourner de Lazy... sans aucun succès. End avait agit comme ça quelques temps... et puis ils étaient devenus plutôt potes... même si End avait l'habitude de s'énerver devant lui, de craquer et de faire tourner tout ça dans une engueulade bizarre.
Et tout ça le faisait affreusement souffrir. Il détestait ne pas avoir le contrôle de lui même, de ne pas réussir à gérer une situation, pour lui c'était quelque chose d'abominable, et il lui en voulait vraiment à Angel de l'avoir mit dans un état pareil. A mort. Alors depuis plusieurs semaines il avait changé de tactique : Il s'éloignait. Il ne parlait plus à Angel, n'essayait même plus de l'approcher et l'ignorait royalement lorsqu'il voyait celui ci, ou quand le petit blond tentait de lui parler. Bref, il le fuyait. Il fallait qu'il l'oublie, il ne fallait pas qu'il croise de nouveau son regard, il ne fallait pas qu'il se mette à l'aimer, il devait abandonner l'idée de posséder ce type. Oui... ou peut être pas. D'une autre façon c'était pour voir si... si Angel ne ferait rien pour les rapprocher... alors il ne le voulait pas... Et End n'aurait plus qu'à mourir !!... enfin quand même pas... il aurait juste à l'accepter et... stagner dans le noir, jusqu'à oublier Angel, jusqu'à le sortir de sa tête. Ca faisait un bout de temps maintenant depuis leur dernière conversation... en fait End ne s'en souvenait même plus. Et il en avait marre de continuer d'espérer après ces innombrables jours de quarantaines. A désespérer...
____
Il était sur les nerfs... End sortit de cours, évitant toujours soigneusement Angel pour filer directement dans sa chambre. Il balança son sac par terre et s'affala sur son lit, le visage enfouit dans l'oreiller. Cette histoire lui demandait une attention constante... aussi il n'arrivait même plus à dormir. Il n'arrivait plus à dormir, n'avait plus d'appétit, n'avait goût à rien, passait sa vie à fumer...bref... il se rendait complètement malade. Et ça le saoûlait de se rendre malade pour quelqu'un, il n'avait pas envie de se rendre malade et d'ailleurs il n'avait pas envie qu'on s'inquiète pour lui. Du coup chaque remarque l'échauffait et l'irritait considérablement. Il en avait assez de tout ça. Même les conseils de sa meilleure amie ne le réconfortaient plus. Bref, la loose intense, il se trouvait pathétique.
End resta quelques heures sans rien faire, à rester sur son lit et réfléchir, il n'avait pas envie d'aller prendre le repas, il entendit tout le monde se ruer dans le réfectoire, bousculer les autres, crier... il n'avait pas envie d'aller les voir.
Il se leva lentement, puis sortit de la pièce, constatant qu'il n'y avait presque plus personne dans les parrages. Bien. Il se mit à voguer dans l'orphelinat, comme une âme en peine, et ses pas le menèrent jusqu'au toit. Toit qui lui rappelait des putains de souvenirs tiens.
End monta donc au grenier, puis sur le toit. Il n'y avait personne, et c'était très bien. Il se posa dans un coin, là où il pouvait bien voir le ciel et l'horizon et sortit une cigarette qu'il alluma.
Quelques minutes passèrent, et le brun regardait la fumée nocive s'échapper de ses lèvres, pour disparaître dans l'atmosphère fraiche d'un soir de Mars.
Il pensait...quand inévitablement ses réfléxions se portèrent sur Angel. Angel à qui il avait parlé ici, la première fois.
End se mordit les lèvres, énervé puis se mit à pousser un grognement de rage en constatant qu'il n'avait toujours pas oublier le chérubin. Tsss !
C'est à ce moment qu'il entendit un bruit. Une présence s'approchait. Bon, la dite personne l'avait entendu pousser des râlements tout seul...tant pis, on survit comme on peut. End se retourna, s'apprêtant à renvoyer chier l'inconnu, n'importe qui, il voulait être tout seul et là c'était son territoire.
« C'est occupé, déga.... »
End tourna la tête et s'arrêta net dans son élan quand il vit Angel. Angel qui était derrière lui, et qui était sur le toit avec lui. L'adolescents aux vêtements noirs bloqua pendant quelques secondes, trop surprit pour dire quoi que ça soit. Il ne cligna pas des yeux, fixant la chose qui était là, en face de lui, comme s'il venait de voir une apparition. Puis il fronça les sourcils et lança un oeil suspicieux au blondinet.
« Tiens tiens... regardez qui vient là » - il jette son mégot sur le toit - «.... qu'est ce que tu fous là Angel ? »
Il ne parlait pas d'une voix agressive, juste d'un ton un peu froid. On est rebelle ou on l'est pas.
Dernière édition par End le Jeu 4 Mar - 12:28, édité 1 fois
Angel
Sujet: Re: Before I fall in your Sky } Angel Jeu 4 Mar - 9:46
Dans la vie, on n’a pas toujours ce que l’on veut. Ce matin, Angel avait envie de manger une horde de pancakes enragés recouverts d’une couche de sirop d’érable, accompagnés d’une tisane verveine-menthe et si possible quelques mandarines. Evidemment, il suffisait qu’il ouvre les yeux pour sortir du merveilleux rêve qu’il était en train de faire dans lequel des étoiles et des licornes et des jolies demoiselles lui servaient tout ce qu’il voulait à manger pour se rendre compte que non, il n’aurait pas ce matin un petit déjeuner de prince. Il se redressa dans son lit, tout décoiffé, et bailla mollement. Au pire, il aurait du café, et des céréales. Et c’était même pas bon le café. Ca l’endormait. Et ça sentait pas bon. L’idée tentatrice de se recoucher lui parcourut l’esprit, au fur et à mesure que les minutes passaient, parce que la chaleur molle et tendre du lit l’appelait… Mais il réussit tout de même à décliner l’invitation tentante, et se leva à deux à l’heure pour aller prendre l’air à la fenêtre, contre laquelle il se posa, en attendant d’être totalement réveillé. Dans la vie, on n’a pas toujours ce que l’on veut. Ces derniers mois, l’adolescence et l’âge adulte commençant dangereusement à se frotter l’une à l’autre, lui faisaient tranquillement comprendre que la petite vie tranquille et plus ou moins parfaite qu’il menait depuis qu’il était arrivé à la Wammy’s House n’était pas un bien acquis et que les problèmes, qu’il le veuille ou non, qu’il tente d’être optimiste ou non, allaient forcément finir par arriver. Oui, le soleil qui brillait dehors était le même que celui qui avait inondé de bonheur son enfance, le même qui brillait lorsqu’il était tombé dans l’étang un jour et qu’il avait par la même occasion appris à nager, et que la frayeur s’était transformée en éclat de rire quand il avait compris comment ça fonctionnait ; le même soleil qui avait bercé ses jours d’été après les examens quand il pouvait tranquillement s’étaler dans l’herbe à côté de Burned, parler de tout et de rien avec elle, tout en se cachant les yeux pour ne pas que l’astre brûlant lui carbonise la rétine et ne réduise à deux globes inutiles ses yeux azur ; pourtant ce même soleil, aujourd’hui, lui paraissait moins agréable, moins rassurant, moins paternel. Il semblait lui faire comprendre que oui, dans la vie, on n’a pas toujours ce que l’on veut. Pendant longtemps, Angel avait cru vouloir Lazy. Il en était même persuadé. Son cœur le lui disait, et son cerveau qui aurait du réfléchir posément et logiquement comme un surdoué avait soudainement décidé qu’il était l’heure de la sieste (ou peut-être plutôt de l’hibernation, vu le temps que ça avait duré) et il n’avait plus eu l’occasion de réfléchir si oui ou non ce désir innocent et incontrôlé d’une personne en particulier était une chose rationnelle ou qui pourrait participer à son bien-être. Les premiers battements de cœur trop rapides en présence de telle personne, ces sensations à la fois agréables et désagréables au ventre quand il passait, cette soudaine timidité qu’il ne se connaissait pas, et tous ces détails qui lui indiquaient que parfois, les choses n’étaient pas si simples. Il ne suffisait pas de s’approcher de cette personne, lui faire un grand sourire niais, lui dire « je t’aime » et hop, mariage, bébés, ils vécurent heureux jusqu’à la fin des temps. Il le savait pertinemment que ça ne marchait pas comme ça, et puis finalement, heureusement ! La vie n’aurait pas le même intérêt si tout était aussi simple. Même lui s’en rendait compte, lui qui n’aimait pas se compliquer la vie pour rien. Le blondinet dont les cheveux se décoiffaient de plus belle sous la brise matinale savait que souvent, on ne pouvait pas échapper aux complications de la vie, et que c’était comme ça. Cela le fit soupirer. Aie. Il venait de se cogner contre le bord de la fenêtre. Il soupira de plus belle, un sourire un peu fatigué aux lèvres, et sortit de sa chambre pour prendre d’assaut la salle de bain, qui n’attendait que sa visite.
Pourquoi avait-il de si sombres pensées (oui, pour lui, c’était sombre, là) dès le matin ? Pour la simple et bonne raison que depuis quelques temps, la créature non-identifiée qui se promenait dans l’orphelinat et qui répondait au nom à la fois triste et poétique de « End » avait fait irruption dans son petit quotidien tranquille. Cela faisait des années qu’ils se fréquentaient sans vraiment faire attention l’un à l’autre, mais depuis l’autre jour sur le toit, il y avait quelques temps déjà, ce jeune homme avait eu droit à une grosse part de son attention. En toute amitié et en toute sincérité, évidemment. Quand le blond croisait Lazy dans les couloirs, l’adolescent dégageait une aura de puissance, comme s’il était invincible, comme s’il était persuadé d’être le meilleur et d’être immortel, et que rien ne pouvait l’atteindre. Cela faisait partie des choses qui le rendaient terriblement attirant, et qui obligeaient l’irlandais à rougir de façon incontrôlée quand il avait réussi à soutenir son regard sans ciller. End, pour sa part, dégageait un peu la même aura. Mais différente. Comme s’il savait que rien ne pouvait l’atteindre, mais qu’en même temps, cette puissance lui venait du fait qu’il savait très bien qu’il pouvait mourir à tout instant et que cette idée le laissait de marbre. Blasé, désintéressé, hautain à sa façon. Et pourtant dans ses yeux, ce petit quelque chose qui faisait qu’Angel ne pouvait pas le laisser tranquille comme il laissait tranquille tous les autres dépressifs blasés de l’institution. Cette petite étincelle que le brun ne voyait sans doute pas lui-même, cette lumière au fond de ses yeux sombres et ternes, qui prouvait qu’il avait juste besoin d’affection. Oh, Angel savait qu’End avait des amis. Il s’était renseigné un peu (fort discrètement) sur lui, et il avait bien compris que le jeune fumeur faisait partie des gens populaires un peu malgré eux, et qu’il avait des amis sincères, et des bouillottes humaines plus sexy les unes que les autres. Mais il lui manquait quelque chose quand même. Il manquait toujours quelque chose aux personnes qui avaient besoin de compenser par trop d’alcool, trop de drogue, trop de sexe. Le blondinet avait maudit sa curiosité maladive et son inquiétude qui grandissait toujours trop vite quand il commençait à s’attacher à quelqu’un, mais il n’y pouvait rien.
Et si ces derniers jours, il se levait avec les yeux collés et l’esprit embrumé, c’était parce qu’il passait trop de temps au fond de son lit à se poser mille et une questions. Souvent, trop souvent, il pensait à Lazy, à sa méchanceté, à sa classe, aux moments qu’ils avaient passés ensemble, aux moments que le brun passait avec ses autres jouets, et il se tournait quinze fois dans son lit. Et le lendemain, il espérait pouvoir papoter un peu avec End, vu qu’ils avaient fraternisé plus ou moins et qu’il savait que comme un petit chat noir sauvage, il faudrait beaucoup de temps, de patience et de calme pour apprivoiser l’adolescent, mais il n’arrivait jamais à tomber sur lui. A chaque fois, un contretemps, ou alors bam, le brun disparaissait comme par enchantement au moment même où le petit blond lui faisait un signe pour lui dire bonjour ; et dans les couloirs, impossible de tomber sur lui. C’était un peu comme si End ne sortait plus ; ou alors… ou alors peut-être qu’il l’évitait. Cette idée avait écrasé Angel d’un coup, comme une fatalité tragique : pourquoi le brun l’éviterait-il ? Qu’avait-il fait pour mériter ça ? Avait-il dit quelque chose de déplacé ou d’incorrect, avait-il blessé la sensibilité à fleur de peau de son nouvel ami ? Il l’avait vexé la fois où il lui avait dit qu’il avait un joli sourire et qu’il devrait sourire plus souvent ? Ou quand il lui avait fait remarquer qu’il avait l’air plus fatigué et perturbé que d’habitude ? Il avait beau se creuser la cervelle et oublier de manger à midi tellement il se demandait ce qu’il avait bien pu faire, rien ne lui venait. Peut-être était-ce parce qu’il lui avait trop déconseillé de se droguer ? End ne voulait sans doute pas d’une énième maman poule, surtout qu’ils ne se connaissaient pas depuis très longtemps… Mais le blond savait qu’il était comme ça et qu’il ne pourrait pas s’empêcher de lui dire ce qui était bon pour End, simplement parce que c’était dans sa nature d’être chiant pour le bien des gens qu’il aimait bien. Enfin bref : il n’avait pas eu le loisir d’avoir droit à la conversation ô combien joyeuse du brun, et ma foi, ça le rendait un peu triste. Alors il allait s’en plaindre un peu chez Giano, puis allait demander à Viper quelle mouche avait piqué End, mais elle ne semblait jamais vraiment disposée à lui répondre clairement, alors il avait laissé tomber.
Une fois douché, recoiffé, requinqué, le séraphin ne se sentait pas encore d’humeur à aller affronter le petit-déjeuner qui ne pouvait que le décevoir, et le soleil dehors avait fini par sembler un peu plus rassurant ; il laissa donc la journée passer, jetant parfois un œil dehors pour voir si aucun nuage anglais n’allait cacher son soleil chéri, et après le repas du soir il se décida enfin à grimper d’un bond léger les escaliers pour monter jusqu’au grenier pour s’installer un peu sur le toit et profiter de la vue sur Winchester qui allait s’offrir à lui.
Sauf que la place était déjà prise. S’arrêtant d’un mouvement un peu brusque, le jeune irlandais cligna des yeux et sourit d’un sourire éclatant, avant de se prendre les sourcils froncés d’End en pleine face ; mais qu’à cela ne tienne ! Il lui en faudrait plus que ça pour le faire fléchir. A quoi bon se prétendre un ami si on ne pouvait pas résister à un peu de mauvaise humeur ?
End « Tiens tiens... regardez qui vient là … Qu'est ce que tu fous là Angel ? »
Ah, toujours cette voix heureuse de vivre et ce regard qui lui prouvait à quel point il l’appréciait… Le blond soupira et s’approcha un peu, une main glissée à l’arrière de sa nuque, juste pour s’occuper les doigts.
Angel : « Je pourrais te poser la même question… - sourire - Mais si tu veux vraiment savoir, je voulais juste prendre un petit bain de soleil, rien de plus ! »
Rien de tel pour répondre à un ton sec que d’adopter un ton sucré, n’est-ce pas ? Il se demanda ensuite si c’était une bonne idée de parler tout de suite du fait que le brun semblait l’éviter, au risque de le faire fuir, ou s’il fallait s’y prendre un peu plus subtilement. Tant qu’à faire… allons-y subtilement. Il ne voulait pas que le brun s’enfuie déjà. Ca faisait trop longtemps qu’ils n’avaient pas discuté, et le blondinet devait avouer que ça lui manquait un peu. Il s’approcha encore un peu pour s’asseoir sur le rebord du toit, cheveux au vent, et plissa un peu les yeux, sans perdre son sourire.
Angel : « Ca faisait longtemps que je n’avais pas entendu ta voix… »
Il se tourna un peu vers End, le visage incliné, et lui offrit un sourire un peu peiné cette fois.
Sujet: Re: Before I fall in your Sky } Angel Mar 9 Mar - 21:56
Les anges... ça n'existe pas.
Et tous les trucs du même genre, tout ce qui avait trait au mysticisme, à la religion et toutes ces conneries que l'homme avait inventé pour se sentir moins seul, pour se prouver qu'il avait un but et pour rassurer son ego sur le fait que sa vie n'aura pas été vaine. C'est tellement rassurant de savoir qu'il y a quelqu'un au dessus de notre crâne n'est-ce pas , qui nous aime quoi que l'on fasse. Inutile de dire que End ne croyait pas duuu tout en Dieu. Il se souvenait juste des histoires de sa mère, lorsqu'elle se penchait au dessus de son lit, elle murmurait de vieilles légendes, des romans à l'eau de rose, des contes à dormir debout, des passages de la bible, avant d'embrasser son front. Le lendemain il s'était réveillé dans un orphelinat aux murs glacials et ternes où non seulement on démontrait que Dieu n'existait pas, par la raison, mais aussi en apportant des preuves physiques.
Alors ici, quelqu'un qui s'appelait Angel ... C'était presque révoltant.
End scruta celui à qui appartenait ce joyeux pseudonyme. Depuis le début où ils s'étaient rencontrés la seule envie de l'adolescent aux yeux azures avait été de prouver qu'il était aussi parfait qu'un Ange. Le brun ne pensait pas qu'Angel voulait tromper son monde en faisant ça, il avait l'air bien trop niais pour une chose pareille. Il se demandait tout de même pourquoi se mettre à lui porter une telle attention, lui qui n'avait rien demandé, et qui petit à petit avait quémandé bien plus qu'une simple amitié sympathique et innocente. Pour lui Angel n'était pas un ange. Il n'était rien d'autre qu'un imposteur qui lui brûlait les entrailles. Qui lui donnait une énergie soudaine dont l'existence n'avait jamais été soupçonnée pour l'obliger à retomber ensuite comme une pierre qu'on lâche au fond de la mer après lui avoir dévoré ses dernières forces. End n'aimait pas les anges... parce qu'Angel était comme les anges. Ils apparaissent d'un coup comme ça dans votre vie, vous déballe leur petit speech qui, curieusement, vous convainct tellement que vous seriez prêt à retourner terres et mers pour leur petite personne, puis ils repartent au ciel, là où il n'est même plus la peine d'essayer les revoir. Il aurait mieux fait de ne jamais venir lui parler. Sur le toit...la dernière fois. Ironiquement cette situation se répétait ce soir là. Mais pour le brun ça ne signifiait rien, pas même un nouveau début. C'était juste Angel, qui était fan des oiseaux et qui venait prendre des nouvelles de ses semblables sur le toit régulièrement, pas un heureux hasard qui scellerait leurs destins.
Non...End ne voulait pas qu'Angel soit un ange... parce que les anges ne peuvent appartenir à personne.
Et il sentait une sorte de poigne le serrer de l'intérieur depuis le moment même où Angel était arrivé ici, et respirait le même air que lui. Elle lui murmurait de tout faire pour empêcher Angel de partir d'ici. Parce que sa présence lui semblait dés à présent atrocement nécessaire et affreusement stressante. De quoi devenir fou non ?
Si Dieu existait End serait allé cogner à sa porte pour lui crier de lui laisser avoir cet ange là.
Et dire qu'il avait tout fait pour l'éviter ! Qu'il avait prit sur lui et sur ses trippes pour s'empêcher d'aller aborder le blondinet ! Le voilà gracieusement récompensé, tout venait de partir en fumée parce que Angel allait forcément lui réclamer des comptes... à moins qu'il n'ai même pas remarqué qu'il ne lui parlait plus aussi souvent qu'avant et dans ce cas cela voudrait dire qu'il n'avait strictement rien à foutre de son existence de pauvre adolescent adepte de sexe et de drogue. Et revoilà End en train de s'énerver, rageux. Ce qui ne se voyait pas du tout à l'extérieur,non, il avait décidé d'adopter une pose stone et froide, oui, il ferait comme si la présence de l'angelot l'indifférait complètement. Bonne idée ça, oui. Hin hin ! Il ferait comme si rien de tout ça ne s'était passé, comme s'il n'avait pas du tout essayé de le draguer pendant tout ce temps, comme si ces derniers jours à l'éviter avaient porté leurs fruits et qu'Angel n'était plus rien pour lui. He he... il allait y arriver hein.
« Je pourrais te poser la même question… Mais si tu veux vraiment savoir, je voulais juste prendre un petit bain de soleil, rien de plus ! »
End se détourna, retournant contempler l'horizon, dos au blond.
« Ton petit bain de soleil ne durera pas longtemps ... »
Il lui laissait le choix de ce que voulait vraiment dire cette phrase, si c'était parce qu'il allait mettre vite fin à cette conversation ou si c'était parce que le soir ne tarderait pas vraiment à pointer le bout de son nez. Enfin... en y réfléchissant ce n'était pas pour tout de suite mais tant pis. Le ciel commençait à peine de s'assombrir...légèrement. Les nuages ressemblaient à d'épaisses boules de cotons. End observa Angel du coin de l'oeil, voyant qu'il venait de s'asseoir non loin de lui. Imbécile de End, tu as laissé l'ennemi venir vers toi ! Tu as laissé le danger pénétrer dans ton territoire ! C'est trop tard maintenant. ... Il ne devait pas le regarder...ou l'autre allait croire qu'il le mattait, qu'il avait encore des vues sur lui, aah, et ça le dégouterait, aaah bordel de merde qu'est ce qu'il devait faire ? ... il devait partir et le laisser en plan pour que les choses soient claires...alors pourquoi en était il incapable ? Allez, bouge putain jambe, putain de péronier latéral ! Pourquoi avait-il malgré lui espéré avoir une occasion comme ça ? Juste pour lui parler, juste pour discuter avec Angel...
« Ca faisait longtemps que je n’avais pas entendu ta voix… »
Lui aussi il devait l'avouer...End se retint à ce moment là de lui demander si sa voix lui avait manqué... mais non il ne le fallait pas, il avait décidé d'arrêter d'espérer non ? La question lui brûlait les lèvres, il avait terriblement envie de la lui poser, mais au moment où il ouvrit la bouche le blond continua.
« Tu es fâché contre moi ? »
Le brun continuait à prendre bien soin de ne pas tourner le visage vers le blond. Et il ne pouvait pas s'empêcher d'être troublé par cette dernière phrase. Est-ce qu'Angel était triste parce qu'il était fâché contre lui ? Mais putain, même si c'était vrai ça ne voulait rien dire n'est ce pas ? On est bien triste quand on a un ami fâché contre nous hein, ça ne veut pas dire qu'on l'aime. Stupide End, tu te fais des idées. Et il n'avait pas envie d'être l'ami d'Angel. Il ne pouvait pas être son ami, il savait qu'il voulait bien plus que ça. Il ne voulait pas d'une idiote et inutile pitié qu'Angel ferait passer pour de l'amitié.
Après quelques secondes de silence End tourna la tête vers le petit Ange. Il ne cacha pas qu'il le dévorait déja du regard. Mais d'un air qui se voulait toujours aussi stone et presque hautain. Comme si Angel venait de dire une chose stupide.
« ... peut-être. » sussura-t-il.
« Qu'est ce qui te fait croire ça dis moi ? »
L'adolescent aux yeux noirs lança à l'autre un regard affreusement perçant, les sourcils haussés, tout en prenant soin de prendre une expression normale, comme des vieux potes qui viendraient de se retrouver et qui parleraient normalement, de choses normales, en toute innocence bien entendu.
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» et hop, mariage, bébés, ils vécurent heureux jusqu’à la fin des temps. Il le savait pertinemment que ça ne marchait pas comme ça, et puis finalement, heureusement ! La vie n’aurait pas le même intérêt si tout était aussi simple. Même lui s’en rendait compte, lui qui n’aimait pas se compliquer la vie pour rien.