Sujet: Re: Love_Dead living girl Lun 15 Fév - 19:51
So go on and break me Go on and scare me to death Tell me I asked for it Tell me I’ll never forget You could give me anything but love…
[…]
Tip. Tap. Tip. Tap. L’un après l’autre, mes pieds se posent le long de l’allée gravillonnée du parc. Pas le même parc que celui d’antant, un autre, bien plus loin, sous l’immeuble où Ray habite. Un autre parc, semblable à tant d’autres, ses petites grand-mères assises sur le banc, ses mères et leurs papotages, et ses enfants, tant d’enfants qui courent en tout sens, des jolies petites filles avec des robes de princesses, des petites filles capricieuses aux joues roses, qui s’arrêtent parfois pour faire un câlin à leur douce maman. Ca me dégoute. Tout ces gens me dégoutent. Ces enfants que je m’amuse parfois à effrayer, afin de prendre leur goûter, que je dévore ensuite avec avidité en cachette. Ces enfants qui ne savent pas leur chance. Moi je suis seule. Ray est tout ce qu’il me reste. Les autres, ils m’ont oubliée depuis longtemps, je le sais bien, Ray me le répète tout les jours, si bien que les mots se sont enfoncés en moi jusqu’à devenir une vérité inaltérable. Oubliée et remplacée. Depuis toutes ces années, Ray est tout mon univers. Le seul à m’aimer véritablement. Ray qui me terrifie. Ray qui me brise un peu plus chaque jour. Et avec le temps j’ai compris. Aimer c’est détruire.
D’un pas lent, je continue ma marche, tout en lançant des regards méprisants à tout ceux qui je croise, mais qui en réalité, font peu à attention à moi. Qui voudrait poser les yeux sur une pauvre gamine malingre et pâle ? Enfermés dans leur routine, dans leur petit monde parfait, je ne suis qu’un fantôme à leurs yeux. Et ces mères qui serrent leurs enfants, ces petits qui se courent après, moi je le vois bien qu’ils ne s’aiment pas, ils ne savent pas ce que c’est le véritable amour, et une haine implacable monte en moi lorsque je pose mon regard sur eux, une haine mêlée de mépris, pour leur misérable innocence, êtres faibles et pathétiques. Moi je suis seule depuis toujours, je n’ai pas besoin d’eux. Avant Ray me disait que si je parlais des choses que je faisais à qui que ce soit, il me tuerait. Que notre amour devait rester un secret. A présent, les enfants apeurés fuient sur mon chemin. Qui voudrait sympathiser avec une morte ?
Heureusement, il y a toujours les livres, les beaux livres que je feuillette en cachette dans la bibliothèque de Ray, séances de lecture, où les anciens abécédaires et autres manuels de lecture, qui avaient sans doute appartenus à Ray, furent vite remplacés par des livres plus compliqués, aux signes étranges qui se succédaient en tout sens, des livres de plantes, d’astronomie, de mathématiques, tant de connaissances dont je bourre mon esprit avec avidité afin de combler le vide qui l’habite, en l’absence de mon bourreau. Avisant un banc, je m’y assois, le regard vide, à la recherche d’un gâteau oublié, ou d’un enfant sans surveillance, que je pourrais effrayer afin de lui soustraire son goûter. L’estomac douloureusement serré, je les darde de mes regards de mépris, ces petits enfants gras et insouciants. Ils me dégoutent. Le monde entier me dégoute.
-Hey, tu es seule ?
Etonnée, je lève les yeux. Face à moi se tient un garçon, sans doute du même âge que moi, qui m’observe avec un air de suffisance. Sans mot dire je le fixa froidement, d’un regard glacial et impénétrable, qui semble le transpercer, car il reste un instant muet de stupeur, avant de reprendre.
-Euh… ma voiture est juste sur le parking. Ca te dirait de venir ? -Pourquoi pas…
Un demi-sourire aux lèvres, je me lève, satisfaite de son air surpris. Il a sans doute dut faire la même demande à de nombreuses filles avant, et ne devait pas s’attendre à ce que j’accepte. Sans un mot de plus, je lui suis jusqu’au parking, à une centaine de mètres de là, étonnamment vide, pour cette heure de l’après midi.
-Voilà, c’est celle là…
Sa voix s’est faite plus hésitante, alors qu’il m’ouvre la portière arrière. Soudain, un vrai sourire se forme sur mes lèvres, un sourire de mépris et de supériorité, alors que sans préliminaires, je le pousse à l’intérieur. Avant qu’il n’ait eu le temps de répliquer mot, je m’engouffre comme je peux entre les sièges, me baisse afin d’ouvrir sa braguette, gestes mécaniques que j’enchaine avec froideur et indifférence, mue par l’habitude, avant de me mettre au travail.
[...]
Quelques minutes plus tard, je me détache de lui et me relève, tout en m’essuyant les lèvres d’un geste vif.
-Euh…
Il me regarde, sans savoir quoi répondre, l’air encore ahuri. Peut être était la première fois pour lui. Et soudain, alors que son regard croise le mien, je vois soudain ses yeux s’agrandir, d’une véritable surprise démesurée, alors que mon regard muet et froid, le détaille toujours. Il a compris. Il n’y pas de désir dans ces yeux là. Il n’y a rien. Rien qu’un grand vide. Farfouillant dans sa poche, d’une main tremblante, il sort soudain un billet de 500 livres qu’il me tend, sans mot dire… Et soudain, une rage immense m’envahit, alors qu’éclatant de rire, un rire cruel qui résonné à travers la place vide, je lui recrache tout mon mépris au visage, et je ris, je ris, je ris de son ahurissement, de sa stupidité, de son incompréhension. Froissant le billet d’un geste colérique, je le jette derrière moi, et lui tourne le dos, après avoir lancé d’une voix tranchante.
-Imbécile.
[…]
-Tu es perdue ma petite ?
Il fait déjà sombre autour de moi, alors que je me dirige vers notre immeuble, quand un policier, une femme, m’intercepte.
-Non, je rentrais chez moi. J’habite là bas, avec… mon frère.
Répondis-je froidement, en désignant l’appartement du doigt. Masque d’indifférence qui vient remplacer celui du mépris. Tant d’apparences factices que j’endosse, ne sachant plus laquelle est réellement la mienne. Me lançant un regard perplexe, l’agent reprend.
-Ton frère ? Et il ne vient jamais avec toi au parc ? Cela fait longtemps que je te vois y déambuler. -Non… c’est quelqu’un de très occupé. -Soit, mais je te donne tout de même ma carte. N’hésite pas à m’appeler s’il y a un problème.
J’attends que celle-ci se soit éloignée, avant de froisser le petit rectangle de carton blanc qu’elle m’a tendue et de le jeter au loin.
[…]
-Alice !!
Je n’ai pas le temps de rentrer, que Ray se jette sur moi en rugissant. Le corps projeté au sol, les coups s’abattent soudain, sans que j’ai le temps de réagir.
-Je t’ai vue Alice, je t’ai vue ! Tu parlais à cette femme, ne le nie pas ! Alors comme ça tu veux me trahir !
Terreur. Douleur. Tout devient flou autour de moi, alors que les mots s’échappent en un flot ininterrompu de ma gorge, douleur, douleur, tout pourvu que ça cesse, pardon, pardon, pitié, je t’aime, je ne le referais plus, pardon, pardon, je t’aime, pitié… Douleur.
[…]
J’ai revu l’agent de police aujourd’hui. Elle m’a emmené au MacDo, et m’a payé à manger. Au début je n’osais pas accepter, de peur que Ray me voie de nouveau avec elle, mais quand elle m’a entrainée dans le fast food d’une main sûre, les effluves d’huiles et de produits chimiques ont envahi mes narines et je n’ai pas pu résister. Elle m’a regardée d’une drôle de façon pendant que je dévorais mon hamburger et mes frites, peut être à cause des marques sur mon visages, encore récentes, une mauvaise chute dans les escaliers avais je prétexté, je ne sais pas vraiment, j’étais trop occupée à engloutir mon repas avec délectation et vitesse, j’avais tellement peur qu’elle ne change d’avis et ne le reprenne. De toute ma vie je crois que je n’ai jamais rien mangé d’aussi bon.
[…]
Recroquevillée dans un coin, j’attends que Ray ait finit son plateau repas, assis devant la télé, dans l’espoir qu’il me laissera racler les coins brûlés. Les bras autour des genoux, j’observe un pan de mur, l’esprit vide, quand soudain des coups retentissent à la porte et me font sursauter.
-Police ouvrez ! Nous savons que vous êtes à l’intérieur !
Ray s’est levé d’un bond, envoyant voler son plateau repas contre le mur. Quelques secondes plus tard, les coups reprennent, plus fort.
Me lançant un regard brulant, lourd de conséquences, il se dirige vers la porte, un sourire affable aux lèvres.
-Un instant, j’arrive, ce n’est pas la peine de s’énerver ainsi, et puis qu’est ce que c’est que ces manies de venir harceler les honnêtes…
Mais il n’a pas le temps de finir sa phrase, qu’à peine la porte ouverte, deux hommes le saisissent, et le menottent. Derrière eux, je vois se profiler avec surprise la femme de l’autre jour.
-Ray Horton, vous êtes arrêté pour enlèvement et séquestration de l’enfant dénommée Linda Campbell..
Je n’entends pas le reste, couvert par les vociférations de Ray, qui tente de se jeter sur moi avec rage, avec terreur je me recroqueville avec un gémissement plaintif, m’attendant au choc, mais rien, remis de leur surprise, les deux hommes le retiennent avec plus de force, et l’entrainent à l’extérieur. Avec douceur, la femme s’approche de moi, alors que mon regard méfiant se lève vers elle.
-C’est finit Linda, le cauchemar est terminé, on va bien s’occuper de toi à présent.
Et moi je regarde ces inconnus emmener Ray, sans comprendre que je ne le reverrai jamais. Sans comprendre que je suis libre. Et soudain, mais voix tranchante s’élève, comme par réflexe.
-Je m’appelle Alice.
[…]
Le reste ne fut qu’une succession d’évènements sans importance, comme si la vie tentait de me faire revenir de force dans ce tourbillon d’où elle m’avait chassée il y a si longtemps. Les cris de Ray. Le sourire de la femme. Le contact de sa main sur la mienne, douce, légère. Les cris de Ray. Mon silence. La montée dans la voiture. Avant d’y grimper j’entendis un des policier murmurer à son collègue « Pauvre petite, si jeune et déjà si souillée… » Et je compris. A leurs yeux je n’étais qu’une ordure. Plus tard, dans une salle vide du commissariat, la femme s’agnouilla devant moi et m’annonça, les larmes aux yeux, que mes parents étaient morts.
-Ton père a été tué dans un accident de voiture il y a trois ans Linda. Quand à ta mère, elle s’est suicidée quelques mois après. Je suis désolée.
Et moi je la regardais, en silence, sans comprendre, pourquoi la policière semblait si triste. Pour moi, mes parents étaient déjà morts il y longtemps…
[…]
Le psychologue m’a annoncé que j’étais une petite très intelligente, et que j’allais être envoyée dans un établissement spécialisé, qui s’occupait d’enfant comme moi. Je ne réagis pas à l’annonce. Tout ce que je savais, ce que je méprisais cet homme, ses manières serviables, ses sourires de compassion, cette façon de me traiter comme un enfant. Ils ne comprennent donc pas. Moi je n’avais pas que Ray au monde. Ray, moi je haïssais. Ray, moi je l’aimais.
[…]
-Tu ne t’es pas encore trouvée de pseudonyme ? Soit, laisse-moi t’aider alors… Hmm, pourquoi pas Love, tu es tellement mignonne, ce surnom t’irais comme un gant.
En silence j’acquiesçai à la proposition du vieil homme. Alors que celui-ci me reconduit à l’extérieur de son bureau, en me proposant d’aller découvrir le lieu qui serait à présent mon chez-moi, un sourire glissa sur mes lèvres. Un rictus douloureux et méprisant. Une nouvelle vie commençait. Une existence vide de sens pour une petite fille morte il y a déjà longtemps. A présent je serai Love. Celle incapable d’aimer. Quelle ironie.
Without any faith Without any light Condemn me to live Condemn me to lie Inside I am… dead.
(Apocalyptica)
HJ
Votre nom ou pseudo ? Sheina. Comment avez-vous découvert le forum ? 4ème compte =) Que pensez-vous du forum (design, intrigue..) ? Des designs aussi beaux les uns que les autres, une intrigue super, que demander de plus ? <3 Comment l'améliorer ? / Des remarques ?[vu par le nazi]
Invité
Sujet: Re: Love_Dead living girl Lun 15 Fév - 20:07
;A;...
Que dire ? Awi, j'aime beaucoup. On devrait renommer la wh "Paradis de l'innocence perdue" - ça se laisse lire tout seul, c'est même agréable :3 malgré les petites fautes d'inattention qu'on trouve, sans qu'elles ne soient gênantes, hein.