La main sur la poignée de la porte, l’autre tenant son verre de thé-citron-lait refroidi, il se stoppa en sentant une étoffe lourde et tiède sur les épaules. Il se retourna alors, l’œil un peu surpris.
-Tu risque d’attraper froid sinon. Et puis, tu sais, je pense qu’après toutes ces années, tu peux me tutoyer. C’est pas comme si j’allais te manger !
Quand Tears fixait quelqu’un, ça pouvait parfois être très gênant. Il n’avait pas le regard insistant et vif des personnes qui clouaient leurs regards dans les yeux des autres, mais juste un air vaguement vaporeux, comme s’il regardait sans voir. Il pouvait faire ça longtemps, très longtemps. Juste parce qu’il ne savait pas quoi répondre, juste parce qu’il n’avait pas envie de parler ou… ou qu’il savait que ça ne servait à rien. Finalement, il hocha un peu la tête. Ca l’embarrassait quand même, il avait l’impression que Galène accentuait sa faiblesse et voulait le rendre… presque féminin. Il s’occupait de lui comme on s’occupe d’une demoiselle. C’était gentil de sa part, on ne pouvait pas nier le contraire, et Tears aimait se faire chouchouter… mais seulement quand c’était plus intime, comme avec Octave. Ici, il se sentait juste faible et trop protégé. Tears ouvrit la porte et se faufila dans le couloir, la veste sur les épaules, juste posée. Il regarda s’il y avait du monde et essaya de marcher le plus naturellement possible. Calme…
-Ne t’en fait donc pas pour moi. Insomniaque depuis plus de quinze ans, je suis habitué. Et, vraiment, je ne suis pas fatigué. Je suppose que mon corps n’a pas besoin d’un long repos pour récupérer. Quant à bronzer, pourquoi pas. Tu crois que la peau mate m’irait bien ?
Il l’écoutait, attentif. Alors il n’était pas fatigué quand il dormait peu ? C’était bizarre. En même temps, il devait profiter plus de la vie. Ce qui se levait tard rataient des choses, du temps, beaucoup de temps. Et le temps, pour Tears, c’était… étrange. Parfois il priait pour qu’il passe plus vite, et souvent, il souhaitait avoir le pouvoir qui le fera ralentir. Enfin, il jeta un œil à Galène enfin de l’imaginer avec la peau mâte. Il grimaça un peu, faiblement. Galène bronzé, ça ferait très moche. Assurément.
-… Ben… tout compte fait… vous… tu… heu, devrais rester comme ça…
Le professeur et lui parlèrent de tout et n’importe quoi… enfin, c’était surtout Galène qui parlait, et Tears hochait la tête. Il lui en était reconnaissant : il n’avait pas très envie de parler. Des élèves passèrent. Tears remarqua tout de suite leurs regards. Et ses jambes se mirent à trembler. Il avait chaud d’un coup et une boule dans le ventre lui contractait l’estomac. Il n’écoutait plus Galène, même si ce dernier parlait fort. D’une oreille attentive aux élèves, il entendit des brides de paroles "TearsBitch", "Il est en manque", "Il va s’le faire", "Tafiole". Rouge jusqu’aux oreilles, les jambes en cotons, sans souffle et le cœur lourd, il aurait voulu mourir, là, tout de suite, maintenant. Se fondre dans le parquet, ne plus être là. Il n’aimait pas ces regards, il ne voulait jamais les voir, comme il n’aimait pas ces paroles qui le brisaient totalement. Une fois dehors, il recommença à respirer un peu. Puis, d’un geste tremblant, il prit la veste de Galène qui trainait sur ses épaules et la lui tendit :
-… Merci… mais… tenez… j’ai pas froid…
Il avait recommencé à le vouvoyer, il ne pouvait pas faire autrement. Puis il remit sa mèche devant ses yeux et sirota son thé en marchant un peu. Il s’arrêtait parfois pour l’attendre, quand c’était nécessaire. Ainsi, il se posa dans un coin, assis dans l’herbe. Il y avait des bancs partout. Il n’avait pas envie d’aller sur les bancs. Il s’était mis dans un coin du parc, tout près de la lisière du bois. Tears posa son gobelet sur un petit caillou plat et se mit à fixer quelques fleurs près de son pied, totalement dans la lune.
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Sujet: Re: Réadaptation (Galène) Mer 27 Mai - 7:13
Galène ne prenait pas Tears pour une fille, bien loin de là. C’était juste qu’à force d’être galant et courtois avec toutes et de s’inquiéter, sans vraiment le montrer, avec ses amis il avait fini par prendre de mauvaises habitudes, en particulier celle de vouloir parer aux besoins silencieux des autres – enfin ceux qu’il pensait essentiels. Mais là, devant le regard du surveillant, il se sentit soudain légèrement mal à l’aise. Peut-être aurait-il dû s’abstenir. Et peut-être aurait-il dû rire tout à l’heure aussi lorsque le blond avait émit cette drôle d’hypothèse comme quoi c’était avec le professeur de mathématiques qu’il aurait dû sortir… Mais à bien y réfléchir, ça aurait été trop différent et à l’époque Galène ne se souvenait pas si son ami se connaissait déjà ce penchant pour les hommes. Alors oui, ça n’aurait pu qu’être différent… Et puis de toute façon, ça n’avait pas d’importance : le passé ne pouvait être modifié, ce qui était arrivé ne pouvait être changé. Et là, les yeux perdus dans la contemplation silencieuse et discrète de son regard profondément meurtri, Galène ne savait plus vraiment quoi faire parce qu’il se sentait traversé, comme s’il n’existait pas et que le surveillant regardait derrière lui, du moins à travers lui… Et la sensation était extrêmement désagréable mais il préféra ne rien rajouté : parce qu’il avait bien assez souffert pour toutes les années à venir… Et puis il le vit hocher la tête, en silence et il lui fit un léger sourire, espérant le décontracter un peu ; de toute façon, il n’avait rien de particulier à l’esprit et il se sentait déjà mieux de savoir qu’ils allaient dehors. Dans les couloirs, il parlait, parlait et parlait encore ; loquace, Galène n’était pas avare de mots et ses phrases coulaient de sa bouche comme le flot ininterrompue d’une source. Et le surveillant l’écoutait avec attention, ne rajoutant rien, se contentant le plus souvent d’acquiescer à ses propos sans jamais dire ce qu’il en pensait ; cette attitude ne le gêna pas et il continua. Bien sûr, il entendit ce que disait les élèves mais seul lui pouvait savoir que tous ces jeunes gens se trompaient lourdement sur le compte du pauvre surveillant qui semblait soudain s’être un peu renfermé, se tassant sur lui-même comme s’il avait voulu disparaître de la surface de la terre. Ce qui ne pouvait être fait dans l’immédiat bien évidemment. Et en tout cas, celui qui avait envie de finir dans les bras de l’autre n’était pas celui contre qui se dirigeait les soupçons des adolescents… A la question du bronzage, Tears s’était ravisé et avait émit son désir de le voir rester comme ça, chose qui rendit l’enseignant un instant pensif, perdu dans le brouillard farfelu de son esprit, mais il ne tarda pas à reprendre contenance et à continuer sa discussion fort intéressante – du moins pour lui – ne se souciant de plus rien d’autres que de son collègue. Mais celui-ci n’écoutait pas, il n’écoutait plus, le visage soudain décomposé par ces mots qui le blessaient lui faisait mal et, redressant la tête, il ne put s’empêchait de foudroyer les orphelins du regard ; avec son teint cireux, ses cernes sombre et la lueur menaçante au fond de ses prunelles, on n’avait vraiment pas envie de rester dans les parages, à moins de vouloir finir mort et enterré ; les adolescents continuèrent leur chemin, accélérant l’allure et il redevint placide, neutre, calme à côté du blond qui ne semblait ne rien avoir remarqué.
Une fois dehors, l’air frais les accueillit avec brutalité mais, enfin, le professeur se sentit bien, à l’aise avec les éléments, ne souffrant plus d’une trop grande chaleur ; souriant doucement au ciel couvert de nuages sombres à l’allure menaçante – et la couleur semblait de plus en plus noir, les nuages se faisant plus opaques à chaque minute qui passait – il ne remarqua pas tout de suite la veste lourde et légère à la fois que lui tendait le surveillant. Ce ne fut qu’en entendant sa voix bégayante qu’il songea à laisser son regard revenir sur terre et qu’il vit le vêtement ainsi tendu ; doucement il l’attrapa, hochant la tête en réponse à ce qu’il venait de lui dire et il la posa négligemment sur l’une de ses épaules ; et bien sûr, après quelques pas où elle fut secouée, elle glissa et il la rattrapa au vol, dans un geste élégant et vaguement sensuel. Puis il continua son chemin sur les traces du surveillant, allant poser sa veste en boule à ses côtés avant de s’allonger et de poser sa tête sur le vêtement chiffonné, regardant le ciel aux travers des branches d’un arbre tout proche. Ne pouvant se contenter du silence pesant qui s’était installé, balayé de temps à autres pas le sifflement nerveux d’un oiseau caché dans les arbres, il finit par murmurer :
« Je me sens vieux quand tu me vouvoies… »
Savoir pourquoi Tears avait choisi l’herbe et non les bancs n’avait pas d’importance. Savoir pourquoi il le vouvoyait de nouveau était sacrément plus important pour lui. Et puis même s’il n’avait pas posé la question directement, peut-être que le blond répondrait à ses interrogations muettes, du moins au moins à celle-là. Mais au fond, était-il prudent de se laisser aller à s’inquiéter de ce genre de chose ?! Au pire, si le surveillant préférait ne pas approfondir ses liens, il irait s’amuser avec son ami Andrew ; autant en profiter tant qu’il le pouvait encore.
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Sujet: Re: Réadaptation (Galène) Ven 29 Mai - 20:17
Il y repensait toujours. Aux paroles des élèves. Et ça lui grillait la cervelle, ça lui nouait l’estomac et lui donnait des haut-le-cœur. Le silence lui faisait du bien, mine de rien. Il ne se sentait pas obligé de parler, et ce n’était pas comme s’il lui avait foutu un vent. Le seul médicament qui permettait à Tears de guérir ce qui n’allait pas, c’était de les refaire. D’appuyer sur la plaie, y secouer le couteau, jusqu'à que ça ne fasse plus rien. Ainsi, il se répétait les paroles des élèves, en boucle, sans cesse, jusqu’à que ça ne lui fasse plus rien. Il en fallait du temps, pour que ça ne fasse plus rien.
-Je me sens vieux quand tu me vouvoies…
Tears se tourna légèrement vers Galène, la tête, il avait tourné juste la tête. Ca le vexer tant que ça ? Ce n’était pourtant rien d’autre qu’une marque de respect. De distance aussi… mais une distance de respect. Enfin, il ne s’était pas imaginé que ça le perturberait tant que ça, alors il répondit, légèrement embarrassé.
-Pardon… je… je ferais un effort…
Tournant à nouveau la tête, il continua de fixer les fleurs un instant, ces deux fleurs qui se pavanaient, fières, à ses pieds. Il les observa longtemps toutes les deux de ses yeux mélancoliques avant de les cueillir. Puis il se tourna et s’installa sur le ventre, en appuis sur les coudes placés devant lui. Il n’aimait pas se mettre comme ça. Il trouvait qu’on avait l’impression d’avoir un gros derrière en se mettant comme ça. Mais comme il s’en fichait un peu, de son derrière, c’est ainsi qu’il se mit. En fait, ce qu’il n’aimait pas trop, c’était que ça lui contracte le ventre. Ce n’était pas super confortable. Mais bon, comme ça, au moins, il pouvait regarder Galène et être allongé. D’un geste leste, il enfonça ses mains à l’intérieur de ses manches et pencha très légèrement la tête sur le côté, sur la droite.
-Tu… n’as pas cours aujourd’hui ?
Tout en parlant, il glissa une fleur dans ses cheveux blonds, juste parce que ça l’amusait, que ça lui rappelait son enfance en Hollande, et puis qu’il en avait envie. Il la calla bien au dessus de son oreille et leva les yeux vers le ciel couvert. C’était de gros nuages bien volumineux, joliment gonflés et d’une obscurité fascinante. Il y avait du vent aussi, pas agressif, plutôt doux, mais qui glaçait le sang des plus frileux. Alors évidemment, Tears grelottait discrètement et jouait un peu avec la fleur qui lui restait entre les doigts. Il regrettait presque de l’avoir arraché. Il était du genre de ceux qui regardaient une fleur en la voyant comme un être vivant, comme lui, comme les autres. Alors il fixait le végétal, les yeux pleins de remords avant de l’embrasser soigneusement, effleurant les pétales de ses lèvres. Il essayait d’oublier un peu tout ça, et toutes ces semaines, ces jours, ces minutes. Penser à… juste maintenant, juste là, ces secondes là. Ne plus penser à lui, ou réussir à y penser sans larmes. Ne plus penser à cette piscine, cette nuit là. A cette salle de bain, celle de cette nuit là. Oublier toutes les nuits. Tous les endroits, ceux de tous les jours. Ces jours là. Il arracha un pétale. Lentement. Peut-être bien qu’une fleur devait mourir tant qu’elle était encore fraiche et belle. De toute façon, c’était déjà trop tard. Un peu. Un autre pétale. Beaucoup. Et il murmurait la suite, comme ça, comme un enfant, vaguement stressé. Plus que deux pétales. A la folie. Pas du tout. Il soupirait lourdement. Pas du tout hein. La fleur ainsi nue entre les doigts, il vint titiller le visage de Galène avec. Parce que c’était drôle, parce qu’il en avait envie. C’est tout. Alors il baladait le bout du végétal sur la peau blanche du professeur, la joue dans la paume de sa main. Coude sur l’herbe.
Edit N : Tearsy is a bitch *sifflote* Edit T : Just just just shuuut up =O Or Dew isn't gonna rape u
Dernière édition par Tears le Sam 30 Mai - 12:22, édité 1 fois
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Sujet: Re: Réadaptation (Galène) Sam 30 Mai - 12:07
Trop occupé à regarder le fil de ses pensées passer devant ses yeux, Galène avait omis un détail : Tears s’excusait tout le temps – ou presque – lorsqu’il se sentait coupable – donc tout le temps, puisque la moindre erreur était pour lui, impardonnable… Enfin c’est l’impression qu’il lui donnait – et il n’avait pas pensé une seconde que le surveillant s’excuserait pour l’avoir vouvoyé… Mais bon, ce n’était pas grave, peut-être qu’ainsi, le brun pourrait entendre ce simple « tu » si désiré ? Il l’espérait un peu. Beaucoup. Trop même. Et sa conscience, dans un coin de son esprit tordu lui hurlait à pleins poumon de reprendre sa contenance habituelle, d’agir avec lui comme avec les autres, sans favoritisme. Mais le problème c’est que le blond n’était pas un élève qu’il pouvait mettre sur le même pied d’égalité que les autres.
Loin, au-dessus de lui, le soleil jouait à cache-cache avec les nuages puis avec les feuilles ; c’était à la fois amusant, lassant et agaçant. Troublé par il ne savait trop quoi, il laissait le silence peser sur eux, veillant la quiétude qui s’était peu à peu installé entre les deux être. Mais peut-être Tears le trouvait-il lourd, ce silence, car il le rompit. La question fit sourire légèrement le professeur d’arithmétique qui tourna ses grands yeux sombres vers son ami, remarquant alors que ce dernier avait changé de position, s’allongeant aussi ; mais là où Galène regardait l’étendue infinie du ciel, le blond se contentait de son champ de vision réduit de la terre. Son sourire chaleureux, se transforma en quelques mots murmurés du bout des lèvres. « Si… Mais ils sont déjà terminés pour aujourd’hui. Ce doit être ma journée la plus courte de la semaine, j’en profite un peu. » N’ayant ni l’envie ni l’idée de relancer la conversation, il se remit à la contemplation silencieuse du ciel, observant les nuages de plus en plus dense qui avait permit à l’atmosphère de se refroidir un peu ; le vent qui soufflait alors dans les branches lui paru plus froid mais il ne grelotta pas ; il ne faisait pas encore assez frais pour qu’il souffre de ce temps. Il ne remarqua pas que Tears, quant à lui, souffrait de cette baisse légère des températures ; sinon il lui aurait de nouveau tendu sa veste, au risque que le blond la refuse tout de même. Enfin c’est pas comme si le professeur avait des arrières pensées non plus, bien au contraire, son esprit tortueux s’était vidé de ce genre de pensées depuis de longues, longues minutes déjà… En fait, depuis qu’il avait répondu à Tears que s’il était sorti avec lui, ça n’aurait peut-être pas été une bonne idée. Et puis parce qu’imaginer quelque chose qui n’avait pas lieu d’être faisait mal, il fallait bien l’avouer. Fermant les yeux pour savourer les dernières caresses chaleureuses sur sa peau diaphane, il sentit soudain quelque chose lui chatouiller la joue, pas très loin de son nez ; il fronça celui-ci et laissa un léger frisson courir sur sa peau : s’il s’était agis d’un insecte, ce dernier ce serait envoler en sentant cette vague sous sa peau. Et ce ne fut pas le cas. La tige porta à ses narines de douces effluves fleuries et il ouvrit les yeux, orientant ses iris couleur de mer vers la source de ses chatouilles désagréable. Entrevoyant des doigts sur une tiges, il laissa sa tête tourner de nouveau en direction du surveillant qui avait glissé une autre fleur dans ses cheveux, se rendant plus féminin sans, sans doute, y songer réellement. Mais aucun son ne franchit ses lèvres claires ; au fond, ça ne le dérangeait pas tant que ça et puis si le blond voulait se changer les idées en s’amusant de telle sorte, pourquoi l’en empêcher ? Enfin la sensation de la tige sur sa peau restait désagréable. Et pourtant il se contenta d’observer le visage tant de fois rêvé sans rien oser dire, ne voulant pas laisser sa franchise casser un instant calme, paisible, comme celui-ci. Et ce que pourrait en dire les autres ne l’intéressait pas. Et même si on pouvait lire une grande interrogation dans ses prunelles, il ne posa pas de question. Après tout le surveillant était libre de faire ce qu’il lui chantait, tant qu’il ne poussait pas le bouchon trop loin. Et Galène l’observait toujours silencieusement.
[8D Near !]
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Sujet: Re: Réadaptation (Galène) Sam 30 Mai - 13:29
Il restait là, parfaitement inutile, mais ce n’était pas comme s’il en avait cure. Au bout d’un instant, il retira la tige du visage de Galène et retourna son visage vers le sol. Il n’aimait pas trop qu’on le fixe. Il préférait être fixé qu’ignoré, mais ça l’intimidait toujours. Tears avait faiblement hoché la tête à la réponse du professeur. Ca lui faisait penser qu’il fallait qu’il reprenne du service. Qu’il aille voir Roger pour s’excuser et qu’il travaille à nouveau. Ca allait lui faire bizarre, d’avoir un emploi du temps, de devoir affronter tous les élèves. Ce ne sera pas sans mal sans doute. Il prit peur, une boule dans le ventre. Il voulait travailler à nouveau, mais ce sera encore plus difficile que d’habitude. Ca ne sera pas de tout repos. Surement pas. Il se contenta de tortiller la tige entre ses doigts, frissonnant de froid, examinant chaque fibre du végétal. Le vent lui rappelait à quel point l’extérieur était parfois brutal et agressif. Peut-être regrettait-il la chaleur de son lit, enveloppé dans ses draps, devant la télé. Non, il avait fait une overdose de tout ça, il n’en voulait plus, et même si ça faisait mal, il ne réintégrerait pas son chaleureux enfermement. Même si l’envie lui prendrait plus d’une fois, il résisterait à cette tentation. La tige de la fleur en morceau, il ne trouva rien d’autre à faire que de commencer à tresser l’herbe. Comme il n’avait pas parlé depuis longtemps avec quelqu’un, il espérait un semblant de conversation. Même si ça allait lui faire bizarre, de parler à nouveau, de trouver quoi dire. Pour l’instant, il ne voulait pas gâcher l’instant. Et puis Galène n’avait pas l’air de vouloir parler, alors il ne voulait pas paraître lourd. Il se taisait, fixant l’herbe qu’il tripotait de ses doigts. Elle était fraiche et verte, il ne fixait qu’elle. Puis, il leva la tête pour regarder l’étendue du parc, la moue neutre, presque monotone. Un petit point blanc attira son attention. Il tendit le cou, surpris et se releva lentement, s’aidant de ses coudes. Ainsi debout, il essaya de repérer le tache blanche, la main en visière. Elle se baladait rapidement, sautait un peu partout, se prenait parfois des bancs en plein dans le fion. Quand le doute sur l’identité de la bestiole fut dissipée, Tears avertit Galène d’un :
-Je reviens…
Sur ce, il releva un peu la mèche sur le haut de son crane pour repérer le trajet de la boule blanc et s’avança dans l’herbe. De là, il tenta de rattraper le vif animal confiant qui se baladait partout. La direction de ce dernier fit paniquer Tears qui se mit à courir en voyant que Flokjes (car c’était bien lui) se dirigeait tout droit vers la grande tondeuse à gazon que le jardinier conduisait, les deux mains sur le volant, assis pépère, regardant tout à fait ailleurs. Affolé, le surveillant arriva cependant à temps pour rattrapa son animal in extremis. Le jardinier lui jeta un coup d’œil outré, Tears lui expliqua que son lapin était devant et qu’il n’avait fait que le récupérer et l’homme soupira en continuant son chemin. Soulagé de la survie de Flokjes, il le blottit dans ses bras et fit le chemin retour en marchant tranquillement. Il parlait à son lapin parfois. Il lui disait d’arrêter de sortir de la chambre comme ça, de trottiner aussi surement alors qu’il était aveugle. La boule de poil aux oreilles tombantes, pour sa défense, se contenta de couiner innocemment. Tout en marchant, Tears mit ses mains sous les pattes de son lapin et le leva devant lui comme Rafiki soulève Simba au début du Roi Lion. Mais face à lui, pour le regarder. Puis il le blottit à nouveau contre lui alors que la bestiole se rassurait dans les bras de son maître. Quoique, étant aveugle, il n’avait pas vu le danger. Le bruit de l’énorme tondeuse à gazon aurait pu le mettre sur la voie, mais surement qu’il n’associait pas ce bruit à un danger quelconque. Au moins, la course avait réchauffé un tantinet le corps refroidi du blondinet. Il se rassit près de Galène, s’allongeant sur le dos cette fois. Flokjes, libéré des bras de son maître, se baladait tranquillement sur son ventre plat. Il gambadait joyeusement et se glissa sous les t-shirt de Tears. Ce dernier eut un petit sursaut quand les petites pattes de son lapin vinrent piétiner sa peau fragile. De l’extérieur, on pouvait voir une boule sous le t-shirt de Tears qui se baladait partout, rapidement, hâtif, ne trouvant plus la sortie. Et le surveillant lui, se contractait un peu, légèrement souriant, un peu exaspéré, un peu amusé, à chaque déplacement de Flokjes. Il tourna son visage, un peu rougis par les joies de la course, vers Galène.
-…. Il… il a appris à ouvrir… la porte de sa cage tout seul…
Un faible sourire. Le pauvre lapin avait été inquiet de l’absence de son maître qui, pendant si longtemps, lui avait tenu compagnie, enfermé dans sa chambre.
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Sujet: Re: Réadaptation (Galène) Sam 30 Mai - 14:44
Le temps était calme, clément, même trop au gout du professeur qui, malgré les apparences, aimait avoir un peu d’action autour de lui ; au loin, le bruit du moteur désagréable d’une tondeuse à gazon avait couvert celui plus doux et mélancolique du gazouillis des oiseaux, à son grand malheur. La présence du surveillant blond à ces côtés étaient agréables bien qu’il n’y avait aucun mots pour alimenter leur conversation et qu’il semblait s’ennuyer à mourir, ne trouvant rien d’autre à faire que de tresser l’herbe, sous les yeux attentifs du brun qui se demandait comment un être aussi doux, aussi gentil, avait pu être blessé de la sorte… C’était inhumain et pourtant, ça s’était réellement passé ainsi. Alors qu’il pensait enfin avoir trouvé quelque chose à dire au surveillant, celui-ci lui apparu concentrer sur autre chose, sans doute loin puisqu’il mit sa main en visière et il ne put s’empêcher de se redresser à son tour, s’asseyant tranquillement en tentant de repérer ce que Tears suivait avec autant de concentration que Near lorsqu’il planchait sur son contrôle de mathématiques… Il ne repéra pas la boule de poils blancs tout de suite, il lui fallut bien quelques minutes avant de voir ce flocon se déplacer dans son champ de vision, à la limite de celui-ci même ; étonné e voir le lapin se diriger vers le jardinier et sa tondeuse au bruit tonitruant, il entendit les vêtements du surveillant se froisser et avant d’avoir pu tourner la tête dans sa direction, il le vit devant lui, se dirigeant rapidement et maladroitement vers Flokjes qui continuait de gambader vers le danger comme si cette destination était la meilleure qu’il ait jamais choisi de sa vie. Le professeur d’arithmétique avait déjà vu la boule de poils en fuite comme aujourd’hui et il avait souvenance d’une fois où le lapin avait fait irruption pendant un cours très important sur les fonctions exponentielles qu’il travaillait avec la classe 1 ; parce que l’été était déjà là à cette époque, il avait coincé la porte avec une chaise pour qu’elle fasse courant d’air avec les fenêtres dont les volets à l’espagnolette laissait l’ombre plonger sa classe dans une torpeur amère. Bien sûr, il n’avait aperçu le lapin que lorsque certains de ses élèves les plus turbulents avaient commencé à s’agiter à murmurer des choses au sujet d’un excellent ragout de Flokjes. Et ce jour là il avait installé le lapins sur son bureau en attendant que quelqu’un vienne le récupérer ou bien que la boule de poil décide elle-même de s’en aller… Et finalement à la fin de ses cours, il l’avait lui-même ramené dans la chambre de son propriétaire, alors absent. Souriant lorsque le surveillant revint avec son compagnon à fourrure dans les bras, il ne put s’empêcher de penser que ce dernier avait bien de la chance de se trouver entouré de toute cette chaleur humaine que Tears dégageait, et d’être cajolé avec amour et affection… Enfin il pensa à ça jusqu’à ce qu’il se rende compte qu’il n’était pas un animal de compagnie et qu’il n’aurait jamais droit à un traitement de la sorte. Comme s’il fallait se déguiser en lapin pour plaire au blond ! Quoi que…
Surpris par ces pensées idiotes, il grimaça avant de s’allonger de nouveau et d’observer la boule de poils se glisser sous les vêtements de son maître et d’arpenter son ventre centimètres par centimètres. Il en ressenti quelques bouffées de jalousie bien vite atténuée par sa maitrise de lui-même qui lui interdisait de se comporter ainsi devant les autres ; il voulait garder une bonne image face aux autres alors il cachait au maximum ses vices et ses défauts. Observant alors le visage du surveillant qui lui parlait il lui sourit.
« Je vois. C’est un petit coquin qui ne tiens pas en place. »
Ce n’est qu’alors qu’il remarqua la cécité du lapin dont les yeux se trouvaient être légèrement voilé. Il comprit alors pourquoi l’animal s’était dirigé vers la tondeuse sans chercher à l’éviter ; quoi qu’un animal normal aurait sans doute compris que ce jeu là pouvait s’avérer dangereux rien qu’au bruit que produisait la machine ! Et se souvenant qu’il avait enfin quelque chose à dire, il regarda de nouveau le ciel couvert au-dessus d’eux et il murmura.
« Je crois qu’il y aura plus d’un élève qui sera content de ton retour. Les couloirs semblaient bien vides et c’était le chaos sans toi… Quoi que Moon s’en est plutôt bien tiré… Bon, elle ressemblait un peu à une sorcière, ça faisait peur à voir et je crois que les plus jeunes ont du avoir sacrément la frousse qu’elle les colle pour la moindre petite incartade et qu’elle leur impose des exercices bien trop compliqués pour eux ! »
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Sujet: Re: Réadaptation (Galène) Sam 30 Mai - 16:05
-Je vois. C’est un petit coquin qui ne tiens pas en place.
Un mince sourire sur le visage, Tears hocha un peu la tête. Flokjes déboula alors vers son col et le surveillant dû reculer le menton pour que le lapin sorte la tête de l’embouchure. Son petit museau reniflait sans cesse et il sortit du vêtement pour venir se frotter contre le cou du son maître. Ce dernier le saisit sous les pattes et vint lui faire un gros bisou sur le museau avant de frotter tendrement sa joue contre les poils blancs de la bestiole. Il reposa cette dernière sur son torse et le lapin continua sa promenade en allant un peu n’importe où.
-Je crois qu’il y aura plus d’un élève qui sera content de ton retour. Les couloirs semblaient bien vides et c’était le chaos sans toi… Quoi que Moon s’en est plutôt bien tiré… Bon, elle ressemblait un peu à une sorcière, ça faisait peur à voir et je crois que les plus jeunes ont du avoir sacrément la frousse qu’elle les colle pour la moindre petite incartade et qu’elle leur impose des exercices bien trop compliqués pour eux !
Il écoutait les paroles de Galène, le fixant de son regard terne. Quand il eut fini, le surveillant sentit la culpabilité lui serrer les entrailles. Il avait laissé tout son boulot sur les épaules des autres. Moon avait dû faire son travail à sa place, tout gérer à sa place… Le regard peiné, il regardait maintenant Flokjes d’un air distrait et vide. Décidément, même quand il était absent, il posait des problèmes. C’est vrai que, si tout ce serait passé à merveille, il aurait déprimé en pensant qu’il ne servait décidément à rien, que… qu’il soit là ou pas, c’était pareil, il n’avait aucune importance et le remplacer était tache aisé tellement sa présence était peu nécessaire. Ici, il était déprimé de se dire qu’on avait dû réquisitionner deux fois plus les autres adultes pour compléter sa tâche. Ils allaient lui en vouloir, sans doute. Enfin, quoi qu’il en soit, ça le dépitait. D’une main distraite, il caressait le crane de la boule de poil qui s’était finalement niché entre ses cotes.
-Ah… mon absence a… dû lui poser des problèmes…
Il fit la moue, regardant tout et rien à la fois. Peut-être juste les feuilles aux dessus de lui qui se soulevaient légèrement avec le vent. Il frissonna un peu. Sortir d’une hibernation n’était jamais facile, comme un geek qui revient de la campagne avec des centaines de sujet non vus et plein de rp à répondre. Il était donc un peu perdu. Ce soir, c’était décidé, il irait voir Roger. Il reprendrait demain matin, comme ça, Moon pourra se reposer un peu. Créer des problèmes était bien la dernière chose donc il avait envie, à vrai dire. Sans Octave ni Taken, il se sentait un peu vide. Mais il était près pour tout recommencer, il était près pour le renouveau, pour se reconstruire, petit à petit. Pour ça, il faudrait qu’il sorte. Peut-être le week end prochain. Peut-être qu’il irait en ville avec Angel et End… Il en avait, du monde à voir. Il en avait, du monde auprès duquel il devait d’excuser. Le regard las, il se faisait une liste dans sa tête. Il y avait tellement de monde dans le monde, mine de rien. Un cri de victoire. Il leva la tête. L’équipe de baseball jouait à quelques dizaines de mètres. Il faudra qu’il joue avec eux, un jour. Il laissa à nouveau retomber sa tête sur l’herbe.
-… J’essaierai… d’arranger… ça ce soir, j’irai voir… Roger…
Sur ce, il ferma les yeux. Il avait juste envie de s’imprégner de l’odeur du parc, de s’évader un peu, juste fermer les yeux, un air serein sur le visage. Flokjes, lui, leva son mignon petit cul au pompon volumineux pour se balader un peu. Il sentait, de son petit museau rose, l’odeur d’une fleur qu’il aimait beaucoup manger (il a des gouts de luxe, Flokjes) alors il écrasa royalement le visage du surveillant pour venir chiper la fleur de ses cheveux. La fleur en bouche, il la mâcha d’un air satisfait alors que Tears, amusé, avait ouvert un œil riant en le remettant sur son torse. Enfin, il ferma les yeux à nouveau, cherchant à s’apaiser.
Dernière édition par Tears le Dim 7 Juin - 14:33, édité 1 fois
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Sujet: Re: Réadaptation (Galène) Dim 7 Juin - 14:12
Galène aurait bien voulu être à la place du lapin, sérieusement, et cette pensée en tête il se rendit compte de l’énormité de ce qui se baladait dans son esprit : être un lapin. Non, finalement, il ne voulait pas la place de Flokjes, même si la boule de poils semblaient avoir toutes les autorisations du monde pour crapahuter sur le corps de son maître… De toute façon, le professeur s’était déjà réprimandé plusieurs fois pour le laisser aller dont il faisait preuve depuis quelques temps. Soupirant intérieurement, il continua donc son blabla pas forcément utile et que Tears écoutait pourtant avec une concentration étonnante. Pas parce que c’était lui, hein !, mais parce qu’au fonds ses mots n’étaient qu’un mélimélo qui n’avait pas de signification importante. Mais passons. Ainsi, l’homme brun observait toujours l’animal effectuer son circuit sur le corps rachitique de son maître qui, quant à lui, semblait totalement ailleurs ; peut-être aurait-il dû s’abstenir de raconter tout ça, le surveillant devait se sentir coupable à présent il le professeur fronça les sourcils, mécontent de lui-même : était-il donc incapable à ce point là de trouver un sujet intéressant qui ne ferait aucun mal au blond ?! Ou bien était-il devenu simplement trop désintéressé du reste du monde pour ne plus savoir comment préserver la santé de ses proches ?! Se maudissant encore et encore, les mots s’emmêlant dans son esprit, il observait à présent le visage torturé de celui avec qui il aurait voulu partager une discussion marrante, débile, sans intérêts et pourtant capable de redonner le sourire au surveillant blessé… Mais il en était totalement incapable. Il ne pouvait pas non plus se torturer l’esprit et lui raconter les derniers potins de la Wammy’s House, il n’aurait fait que remettre sur le tapis les rumeurs qui circulaient sur Tears… Quoi qu’il en avait entendu de bonnes sur tout le monde… Mais les rumeurs restaient des rumeurs et il n’en croyait pas la moitié ! Finalement, il fut coupé dans ses sombres élucubrations par la voix bégayante de son ami et il regarda son visage peiné, ne pouvant s’empêcher de lui sourire doucement, comme pour l’amener à arrêter de se torturer pour si peu. Enfin il était quand même mal placé pour essayé de mettre Tears dans une bonne ambiance au vu de ses dernières réflexions !
« Oh non, ne t’en fait pas ! Je crois qu’elle avait besoin de ça ! Ça lui a changé les idées de se mettre à fond dans son travail ! Je l’ai trouvé presque plus agréables dans cette période que d’habitude, c’est dire… Même si la dépression ternissait son côté joyeux… Enfin parlons de choses plus joyeuses, on ne peut pas changer ce qui est arrivé de toute façon. Pas la peine de torturer pour si peu… Et puis aucun de nous ne t’en veux d’avoir pris quelques jours de vacances bien mérités !… »
Son sourire se fit un peu plus franc, plus enjoué aussi, ne voulant pas que Tears continue de se sentir coupable ou redevable ou il ne savait encore trop quoi ; il n’aimait pas voir ceux qu’il aimait soucieux ou mal à l’aise et c’était le cas… Bon, en même temps, Galène n’aimait pas grand-chose lorsqu’il s’agissait des autres si on réfléchissait bien, du moins du côté des défauts pesant qu’il pouvait leur trouver. Au loin, il y eut un long cri joyeux et il abandonna sa contemplation du visage qu’il trouvait sans défaut pour regarder le vide au loin, vers le terrain de baseball. L’équipe de la Wammy’s house devait s’entrainer et Galène ne cessait de se dire qu’il faudrait qu’il aille les voir un de ses jours pour les encourager un tant soit peu ; parce qu’il aimait bien se sport et l’avait pratiqué dans sa prime jeunesse avec Karl, lorsque sa mère était encore en vie… Puis baisse de nouveau les yeux sur le blond dont le visage était à demi caché par son compagnon à fourrure qui grignotait la fleur qu’il avait dans les cheveux ; dommage, Galène trouvait que ça lui allait bien, bien qu’un peu trop féminin pour lui. Après tout, même si Tears avait les très fins et le corps frêle, il restait un homme. Étudiant les faits et gestes de ce derniers, il remarqua l’apaisement qu’il essayait d’afficher sur son visage et décida qu’il n’avait déjà que trop parler, que le silence était parfois mieux que rien. Et puis, il n’était pas habitué à se casser la tête sur des problèmes relationnels, ça lui donnait une migraine à peine douloureuse que de trop réfléchir… Et sa flemmardise reprenait déjà le dessus, endormant ses pensées incohérentes.
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Sujet: Re: Réadaptation (Galène) Ven 12 Juin - 20:58
Les yeux fermés, il ne sentait rien d’autre que l’herbe qui lui chatouillait la nuque, le doux poids de son adorable lapin sur le torse, l’odeur parfumé du parc de Wammy’s House et l’air frais qui lui caressait le visage. Les paroles de Galène l’avaient rassuré. Il essayait de faire le vide dans son esprit, tout effacer, essayer. Il contemplait les couleurs étranges du dessous de ses paupières, un rouge sombre, des pointillés un peu partout. C’était chaud, il aimait bien. Cependant, le vent n’avait pas l’air de son avis puisqu’il devenait de plus en plus froid. Le surveillant essayait de se concentrer sur autre chose que ce froid qui ligotait ses muscles, il pensait à la Hollande et ses grands moulins, aux champs d’oliviers qui ornaient la maison de son enfance, au soleil de ces jours heureux. Il pensait à sa sœur, qui attendait un bébé. Il allait être tonton, Tears. Sa petite sœur était enceinte, mariée et heureuse. Il faudrait qu’il vienne lui rendre visite. Ca lui faisait drôlement plaisir, d’être oncle. Il se demandait si c’était un garçon ou une fille, comme si c’était le sien, de bébé. Et ça le rendait tout content, l’idée d’avoir un neveu ou une nièce, bientôt, dans quelques mois. Une goutte d’eau sur le menton, il tressaillit légèrement. Une autre sur la paupière, il ouvre un œil. Il commençait à pleuvoir. D’abord doucement, des petites gouttelettes par-ci par-là, puis de façon plus concentré, plus intense. Il resta d’abord là, à regarder l’eau tomber, démantelé. A regarder l’eau qui faisait des taches sombres sur son t-shirt. L’eau qui changeait de trajectoire suivant l’intensité de ce vent froid qui soufflait, à grandes pompes. Ca avait commencé par une petite pluie, il y avait quelques minutes, et voilà maintenant qu’on ne voyait rien. De larges rideaux gris et humides déployés tout autour d’eux, les étouffants dans le froid et l’inconfort. Flokjes, les oreilles croulantes sous le poids de la pluie se carapata vite fait sous le t-shirt de son maître en couinant mignonnement. Ca le rendait vivant, à Tears. Cette pluie. Cette pluie le lavait de ses pêchers, de ses erreurs, elle le purifiait de fond en comble, et même s’il avait froid, même s’il avait de la chair de poule sur sa peau blanche, il prenait sur lui et savourait. Il savourait délicieusement les larmes du ciel qui pleurait sa lâcheté, mais qui annonçait un renouveau. Peut-être que ça dérangeait Galène, la pluie. Il ne voulait pas que le professeur attrape froid, manquerait plus que ça. Alors il se redressa, Tears. Les mains sur le ventre pour tenir Flokjes qui était toujours sous son t-shirt. A présent assis, il avait le visage mouillé de ces larmes qui n’étaient pas les siennes, les cheveux mis à plat par cette force prodigieuse qu’avait la gravitation de l’eau alors chaque mèche jouait au compte goutte avec cet élément si pur. Ce n’était pas le moment d’être égoïste. Et puis le froid se faisait clairement sentir. Le lapin essayait tant soit peu de se réchauffait contre la chair tendre de son maître, se pelotant contre son petit ventre, alors que le surveillant le portait au travers de son t-shirt. Ca lui rappelait ce jour de pluie avec Only, soudainement. Il avait été tellement égoïste ce jour là, de ne pas avoir répondu à ses avances. Tears était le genre de personne à se martyrisait avec les "et si…" et a imaginer tous les choix qu’il aurait pu emprunter, mais qu’il n’avait pas pris. Et si… il était sorti avec Only… ? Il n’aurait pas été si… pressé avec Octave, il se serait refusé. Et alors il ne serait pas là, sous cette pluie. Mais si… si même en sortant avec Only, il s’était donné à Octave, il serait peut-être défiguré. Au final, il ne savait jamais s’il prenait, s’il avait pris, les bonnes décisions. A force de réfléchir à cela, il en oubliait de vivre. Mais tout faire par instinct conduisait parfois à des regrets, et une tristesse extrême. Il tourna son visage mouillé vers Galène, ses yeux reflétant chaque goutte de pluie.
-… Vou-…Tu… veux rentrer ?
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Sujet: Re: Réadaptation (Galène) Mar 16 Juin - 13:19
Au loin, la masse nuageuse était devenue impressionnante ; mais s’il avait levé la tête, il se serait rendu compte que la grisaille était commune à tous les horizons, comme un mur de tristesse sans fin qui présageait l’éclatement en sanglot du ciel. Pourtant, le brun n’y avait pas fait attention, perdu dans une contemplation muette d’une chose que son esprit lui montrait, sans comique, sans peine, juste une chose qu’il désirait au fin fond de lui-même mais qui n’arriverait pas… Du moins, il espérait que cela n’arriverait pas, il ne voulait plus faire du mal au blond, il ne pouvait se permettre de commettre une nouvelle erreur, d’essuyer un nouvel échec. Le silence lui sembla alors totalement reposant, doux ami rassurant, là pour laver les plaies qu’il avait rouvertes, pour permettre à Tears de recommencer comme il le désirait ; ils avaient tous le droit d’effacer et de recommencer sans cesse. Ce devait être marqué dans le code génétique de chaque homme, le fait de devoir échouer, blesser, oublier et reconstruire ce qui avait été détruit… Oui, de devait être ça.
Galène n’avait jamais étudié la nature humaine qu’il trouvait trop farfelue, ni la génétique qu’il trouvait bien trop floue pour être véritablement intéressante ; donc il ne pouvait émettre que de vagues hypothèses sans queue ni tête sur des choses qui n’avaient d’importance que pour lui seul. Et les première larmes tombèrent, le ciel pleurant subitement, sans que le professeur ne sache pourquoi… Après tout, les caprices du temps le laissait froid et il aimait le contact de la pluie ruisselant dans ses longs cheveux fins ou même sur ses joues légèrement creuses. Mais l’arbre sous lequel il était étendu bloquait cet évènement qu’il attendait, offrant de ces feuilles, un barrières aux gouttelettes qui y ruisselaient pourtant avec véhémence, essayant désespérément d’atteindre le sol, de laver la terre de tous les pêchés que les hommes y avait commis… Mais les gouttelettes ruisselantes se transformèrent bientôt en une averse violente, malmenée par le vent frais qui soufflait plus férocement, se transformant en millier de petites aiguilles liquides qui lui piquaient le visage, l’arbre ne leur apportant plus aucune protection… Et malgré ce fait étrange, il s’était redressé, il avait fermé les yeux, et il avait offert son visage pâle au déchainement climatique, comme s’il voulait profiter de cette caresse douloureuse au mieux… La pluie ruisselait alors sur sa peau diaphane et sa chemise ne ressemblait plus vraiment à ce qu’elle était à l’origine, lui collant à présent à la peau, mettant les muscles noueux de ses bras en valeur. Il ne semblait plus être vraiment là d’ailleurs, le rêve offert par son esprit avait pris place comme une étrange réalité sous ses paupières closes et ce ne fut que la voix de Tears qui le sortit de son étrange plénitude. Ouvrant les yeux et tournant la tête vers lui, essuyant une goutte accrochée désespérément à ses cils, il lui sourit gentiment et répondit de sa voix calme au ton grave et doux.
« Ca n’a pas d’importance. Si tu as froid, nous rentrons, sinon, c’est à ta guise. »
Rajouter qu’il aimait la pluie n’aurait fait qu’alourdir ces quelques paroles ; a voir le comportement qu’il avait adopté lorsqu’elle avait redoublé d’intensité laissait facilement deviner ses sentiments pour ces larmes fascinantes, naturelles, essentielles. Ses paupières avait accélérer la fréquence où elles se rouvraient et se fermaient car les lourds cristaux de pluie s’y accrochaient avec véhémence à chacun de leur raide sur son visage, mener adroitement par les bourrasques saccadées du vent. Oui, au fond, ça n’avait pas d’importance. Il n’y avait pas de quoi se torturer l’esprit, il avait choisi le chemin le plus complexe et même si à présent, il était certain qu’il aurait pu profiter de la faiblesse de Tears pour le séduire et lui voler son cœur, il ne pouvait s’y résoudre… Parce qu’il ne voulait pas avoir le rôle du méchant de l’histoire et qu’il était du genre à accepter les deals, pas à imposer ses sentiments ou sa façon de voir les choses, ni à forcer les autres à succomber à son charme incertain… Et puis peut-être que l’âge lui avait donné une sagesse que sa frivolité d’adolescent fuyait à l’époque de ses nombreuses soirées à découcher ? Ainsi, sa vision des autres avait-elle dû se modifier sans qu’il s’en rende compte. Mais là, sous cette pluie battante, le surveillant trempé, lui offrait une vision des plus excitantes et même s’il se contrôlait parfaitement – il se demandait d’ailleurs d’où il tirait cette force – il savait que ça ne durerait pas et qu’un jour il finirait par abandonner… Parce que Galène ne savait pas tenir ses résolutions sur la durée…
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Sujet: Re: Réadaptation (Galène) Mer 17 Juin - 11:03
-Ca n’a pas d’importance. Si tu as froid, nous rentrons, sinon, c’est à ta guise.
Hm, lui aussi, il devait l’aimer, cette pluie. Vu comme il s’était redressé et qu’il s’offrait à elle. Et lui, assit, il regardait au loin. Les joueurs de baseball continuaient à jouer malgré le temps, dans des éclats de boue et d’eau. Et lui, toujours assis, il ne servait qu’à les regarder. L’eau abondait sur l’herbe et ruisselait impétueusement. Et lui, il blottissait son lapin contre lui, le nez rougit par le froid. Il jeta un coup d’œil à Galène dont les habits étaient dans le même état que les siens. Il retourna les yeux, Tears, et s’arqua vers l’avant pour protéger son ventre, et donc sa bestiole, de la pluie. Et l’eau ruisselait dans son dos, suivant sa colonne vertébrale comme seul point de repère, il ouvrait la bouche pour capter un maximum d’oxygène. L’air frais des jours pluvieux et cette odeur qui leur était propre entraient en lui comme un soulagement. "Si tu as froid, nous rentrons"… il avait froid, ça se voyait, mais l’envie de rentrer n’y était pas. Il était bien trop content d’être libéré de sa chambre qui puait le renfermé pour s’y barricader à nouveau. Il leva un peu sa tête et la tourna vers Galène, le visage rafraichi par la pluie, le nez un peu rougit alors l’eau lui faisait parfois fermer les paupières un court instant.
-Je… j’ai pas trop froid…
Il sourit un peu, fatalement, et tourna son visage devant lui, pour regarder au loin, encore. Il tira un peu la langue, Tears, pour sentir l’eau, et s’y abreuver. Comme les enfants. L’eau se faisait toujours violence autour d’eau, s’abattant violement, faisant s’affaisser quelques branches. Flokjes couinait, enfermé entre chair et tissu. Effrayé à l’idée de l’étouffer, il le sortit de sous ses t-shirt et se pencha au dessus de lui pour qu’il ne reçoit pas d’eau. La bestiole gesticulait, cherchant à se promener maintenant que, pour lui, la pluie avait cessé, son maitre lui servant de parapluie. Les jambes croisées sur le sol, il cala le lapin dedans et, le plus rapidement possible, il retira ses deux t-shirt. Il avait un peu honte de s’exhibitioner comme ça, mais il se disait que ce n’avait rien d’érotique, parce qu’il n’avait pas de seins de fille, parce qu’un corps frêle et massacré d’homme n’était que ce qu’il était et que si c’était pour protéger Flokjes, il n’y avait pas de gêne à avoir. Il sépara les deux couches de tissu et enfila le plus mouillé, le bleu, celui à manches courtes. Ainsi vêtu, il enveloppa la bestiole dans le t-shirt gris, laissant la tête dehors, et de la marge pour qu’il ne soit pas compressé, et ainsi, le porta dans ses bras. A ce stade là de la météo, l’équipe de baseball pliait bagage, à part un seul bonhomme qui était resté pour jouer encore un peu plus longtemps. Et Tears, il baissa les yeux. Le vent lui mortifiait les entrailles alors qu’il regardait les oreilles pendantes de son lapin. Il couinait toujours, il avait faim et le bruit de la pluie devait lui faire un peu peur. Ca faisait plusieurs minutes maintenant, depuis la remarque de Galène, il le surveillant devait avouer qu’il aimerait bien rentrer à présent.
-Je… vais peut-être ramener Flokjes au chaud alors… je crois que je vais rentrer tout compte fait…
Il avait parlé en regardant l’animal en question et, sa réplique finie, il se tourna vers le professeur. Peut-être bien que ce dernier voulait rester encore un peu. Le surveillant se leva, faisant attention de ne pas tomber sur l’herbe mouillée.
-Enfin, vo… tu peux rester là, si tu veux… mais ne prends pas froid…
Et, debout, il le regardait, Flokes dans ses bras, le jean lui serrant les jambes, mais un sourire inquiet, assurément.
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Sujet: Re: Réadaptation (Galène) Mer 8 Juil - 22:49
{ Et dis-moi, à quoi ça sert les bonnes résolutions, quand il n’y a pas vraiment de résistance en face de toi ? }
La pluie ruisselait sur leurs corps frêles, battait les éclats visibles de leurs peaux sans crainte de les blesser, violente, agressive, froide, sans pitié, s’attaquant sans relâche à ne laisser aucune partie d’eux propre et sèche ; et pourtant, toute cette brutalité n’arrivait pas à le blesser, au contraire, il semblait aimer cette caresse sauvage, ce contact glacé, plus que tout ce qu’on aurait pu imaginer. Et ses pensées divaguaient au gré de leurs envies, bien qu’elles semblaient toutes finir par revenir vers le même sujet : Tears. Cette larme douce, amère aussi, lointaine, cassante, blessante, éblouissante, inatteignable, magnifique qui, pourtant, était assise juste à côté de lui ; oui, pour le professeur d’arithmétique, le surveillant blond était intouchable, il était improbable qu’un jour, il puisse, ne serait-ce qu’une fraction de secondes, effleurer sa peau d’un geste amoureux, plonger ses pupilles dans les siennes pour un regard pleins d’affection, ou même mener les choses plus loin. Pourtant, l’envie ne lui manquait pas, bien au contraire ; le voir rayonnant – enfin en partie – et sorti de son état dépressif lui faisait chaud au cœur et ravivait ses sentiments.
{ Loin des yeux, loin du cœur, ce proverbe est menteur car malgré la distance, c’est à toi que je pense. }
Oui, il se tenait si proche de lui et pourtant si loin. Le corps est une barrière dans la découverte de ses sentiments. Mais pourquoi donc s’appesantir de tout ceci ? De cet état étrange dans lequel il était plongé et qui nous laisse tous coït et sceptique ? C’est vrai, après tout, on s’en fiche de ce qu’il pense et de ce qu’il ressent puisqu’il a décréter qu’il resterait sage en toute circonstance, qu’il serait sage vis-à-vis de Tears, qu’il ne le bousculerait pas, qu’il deviendrait son allié contre vent et marée, qu’il le protégerait de tout ce qui pouvait le blesser, qu’il tenterait de se faire une place amicale dans son cœur… Vous ne saviez pas tout cela, n’est-ce pas ? Je vous avoue, moi non plus. Mais il faut le dire franchement, l’esprit du brun est assez complexe et ses avis diverges autant qu’ils restent constant. Je sais, je sais, je suis en train de vous parler chinois et tout ceci n’a pas de rapport avec les postes précédents. Pourtant, je vous l’assure, je ne couche pas ses mots sur le papier pour le simple plaisir de le faire, non, bien sûr que non. Disons juste que les doigts glacés du ciel qui tentait vainement de marquer sa peau avait réveillé quelque chose en lui, et son bas ventre grondait d’indignation sous le contrôle dont il faisait preuve.
{ Tu sais, y a que les imbéciles qui change pas d’avis !! }
Il avait tourné la tête, observé les nuages pleurant toute leur peine, leur colère, leur misère – ou Dieu vidant sa vessie comme certains le dise – puis il avait reporté son attention sur le surveillant qui lui annonçait qu’il n’avait pas spécialement froid. Au loin, il y avait toujours l’équipe de base-ball qui bravait les éléments et poursuivait son entrainement, mais leurs cris ne couvraient pas les hurlement du vent, se donnant en concert avec la pluie diluvienne qui martelait le sol, le rendant boueux, tachant leurs vêtements. Et Tears s’était levé, et Galène l’avait regardé. Mais son regard à cet instant avait une légère lueur malsaine, perverse, son esprit s’enivrant petit à petit de pensées très équivoques qu’il voulu chasser. Mais comme on dit, chassez le naturel, il revient au galop ! Comment ça, ça n’a aucun rapport ?! Bref, heureusement pour lui – et pour le blond, sans aucun doute – son calme et son manque de réaction prenait le dessus, sa fainéantise se trouvant plus forte que ses pulsions, alors même que la vue du surveillant était tout bonnement très érotique pour Galène : ses vêtements, trop grand pour lui, un peu, lui collait à la peau, dessinant ainsi le contour de ses frêles épaules, le haut de son torse bientôt déformé par le lapin caché sous son t-shirt et qui devait trembler de peur. Au loin, les tambours célestes retentirent, annonçant un nouveau cataclysme, frappant ses résolutions jusqu’ici bien suivie, acquiesçant lentement à ses paroles, préférant plonger dans son regard, ses iris redevenues neutres, alors même qu’il sentait son sang bouillir dans ses veines, son cœur battre le tambour en rythme avec le ciel. Et là, dans un éclat d’agacement, il se demanda s’il avait seulement conscience de la vision qu’il lui offrait, dégoulinant de pluie, ses vêtements collés à sa peau. Non parce que, lui assit, Tears debout, s’il devait regarder droit devant lui, il avait un magnifique aperçu de son entre-jambe… Moulée avec délice par son jeans trempé… Raison pour laquelle il préférait regarder son visage encadré par de longues mèches blondes lourdes de larmes célestes.
{ Réponds, crétin, t’as l’air con quand tu parles pas ! }
Il cligna des yeux deux fois, comme s’il n’avait pas compris la question puis il finit par sourire légèrement, les mots glissant entre ses lèvres sans qu’il ne s’en soucie vraiment, quelque chose comme
« vas-y, je te rejoins, juste deux minutes supplémentaires » et une fois son assentiment gagné, il le regarda prendre la direction de l’orphelinat, assailli par des envies qu’il ignorait d’habitude avec brio et qu’il n’arrivait plus à refouler. La pluie sans doute. Ou l’odeur de la terre mouillée, qui sait ? A moins que ce ne fut juste le fait qu’il n’avait rien fait – sexuellement parlant – depuis de longues semaines ? Oui, la dernière raison semble la plus plausible ; il n’était pas sorti, il n’avait pas vu Andrew, il n’avait couché avec personne, ne s’était accordé aucun moment intime. Donc il était en manque. Peut-être. Mais juste un peu. Enfin sans doute quoi. Mais juste un peu quand même. Et puis, c’était parce qu’il éprouvait de forts sentiments pour le blond, seulement ça. D’ailleurs, un blond, un brun, ça lui faisait penser à Angel et à End. D’ailleurs, il trouvait que ce dernier s’était bien assagi dernièrement, sans aucun doute que l’ange était la présence qu’il fallait à ses côtés.
{ On s’en fou d’End et d’Angel ! Bouge-toi ! Ta proie s’échappe. }
Une proie ; non, Tears n’en était pas une car Galène n’était pas un fauve, il n’avait rien d’un prédateur. Bon, si , juste le fait de vouloir le faire tomber entre ses griffes, de le vouloir pour lui, de lui voler son cœur, d’emprisonner son corps dans de délicieuses sensations, de voir son regard se remplir d’une envie malsaine qui ternirait ce côté si pur qui le caractérisait si bien et qui pourtant ne ferait que faire ressortir un peu plus cette innocente pureté… Oui, il n’y avait rien de sale à ce qu’il voulait à la base, mais il ne savait pas vraiment comment s’y prendre. On ne pouvait forcer les gens à aimer une personne contre leur gré, malheureusement pour le professeur. Et il n’y avait aucune magie capable en ce monde de réaliser son souhait : voir son amour devenir réciproque.
Il se leva, observa l’état de ses vêtements. Lui aussi devait être diablement érotique, et là, il aurait voulu avoir un miroir pour ce rendre compte de ce fait, mais aucune surface réfléchissante n’était visible à l’horizon, rien de plus logique d’ailleurs, puisqu’il se trouvait dehors. Essorant ses longs cheveux couleurs de nuit, le bas de sa chemise qui avait fui son pantalon, il se secoua légèrement, puis il parti sur les traces de Tears, sa démarche souple et rapide ne tardant pas à le mettre à l’abri, dans l'orphelinat. Ses pensées ne lui avait pris qu'une minute, il le rattrapa rapidement et à sa vu, il ne put s'empêcher d'aller enserrer la silhouette gracile, ses bras passant autour de ses hanches, de son ventre, doucement, sans le brusquer mais sans non plus lui autoriser une non-acceptation de sa tendresse. Et, c'était étrange, mais il n'y avait personne autour d'eux, pour voir cette scène tant de fois rêvée par le brun qui ne l'aurait sans aucun doute, jamais avoué.
[désolé pour la longueur. Ce qui m'énerve le plus, c'est d'être absente jusqu'au 20 sans pouvoir lire si tu réponds --'. A bientôt =3]
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Sujet: Re: Réadaptation (Galène) Jeu 16 Juil - 19:02
Et il s’était retourné, donc, pour rejoindre l’abri chaleureux que le promettait l’orphelinat, grand bâtiment ancien, mais protecteur. Le tissu rugueux de son jean collait ses jambes qui avançaient, et les bouts d’herbes arrachés se collaient au bas de son pantalon massacré par l’eau. Eau qui ruisselait sans pudeur le long de ses cuisses. Il y avait, dans cette pluie, une certaine agressivité qui le faisait à présent trembler comme une feuille. C’était trop soudain pour lui, lui qui avait passé de longues heures, de longs jours, de longues semaines dans sa bulle. Dans sa chambre, protégée du monde, en dehors, de tout. Et à présent, le ciel l’agressait de se permettre de ressortir comme ça, comme si de rien n’était. Flokjes couinait toujours, Tears lui chuchotait de se taire. Le vent hurlait toujours, Tears ne pouvait rien faire. A part avancer, et il voulait presque courir pour rejoindre plus vite la chaleur du bâtiment. Mais déjà que son lourd jean était que très faiblement retenu par ses frêles hanches, alors s’il venait à courir, il n’osait imaginer la ridicule situation qu’il offrirait aux yeux des gens qui étaient là. Aux yeux de Galène, et de ce garçon qui continuait à jouer au baseball. Le jardinier lui, était rentré. Il n’avait plus à arroser à présent. Une main tenant son jean pour pas qu’il ne se carapate, l’autre serrant Flokjes contre lui, il faisait parfois de grandes enjambés pour ne pas écraser quelques fleures qui se pliaient sous l’averse. Et son corps était devenu un rocher lisse sur lequel l’eau profitait des reliefs pour y créer des rivières, et les embouts étaient rythmés par les gouttes limpides qui tombaient plus ou moins régulièrement. Il pensait à ses choses sans utilité, des questions sans réponse. Est-ce qu’il allait rester dans cet orphelinat longtemps ? Et sa vie, tout le reste de sa vie ? A 27 ans, il avait l’impression d’en avoir 99. Il n’avait plus de but, il n’en avait jamais eu. Il avait personne, plus personne. Ou des gens, par ci par là. Et s’il partait loin ? En Australie, ou au Canada. Quel métier il pouvait exercer ? Et Octave en ce moment. Il était où ? Il faisait quoi ? Il était devenu quoi ? Et sa mère, et sa sœur… et la Hollande. L’atmosphère de Wammy’s House ne lui avait jamais semblé aussi étouffante. Maintenant, il avait comme une envie de liberté, de voir des gens, de voir le monde. A quoi il ressemblait, le monde. Quelle tête il avait, le monde. Parce qu’il se sentait vide, là. Il avait froid, un peu mal au ventre. Il n’avait plus l’impression de voir les gens comme il les voyait avant, pourtant ils étaient tous resté les mêmes. On ne pouvait pas déprimer pendant si longtemps et sortir tout joyeux, redevenir complètement comme avant. C’était de l’utopie, c’était ce qu’on exigeait de lui, pourtant. Il y avait toujours un choc. Pendant un long moment, plus de vie. Et quand on recommence à vivre, ça rouille toujours un peu. Il faut remboiter les os, ressourcer les muscles, remettre tout en état. Et on recommence à vivre, avec un poumon de travers, un rein mal relié, et ça marche, on vit. Et tout le monde crit eureka. Puis quelques pas après, la jambe part en couille et le mort-vivant se pète la gueule. Il faudra ensuite de longues et nombreux opération pour pouvoir marcher sans avoir peur qu’un rein sorte par l’oreille et que l’intestin fasse des nœuds. Là, Tears, il avait comme un poumon crevé. Ou le foie qui partait de travers.
Il accéda enfin à l’intérieur, se précipitant avec la chaleur du doux loyer, frissonnant de tout son corps devant le changement de température. Plus de pluie, plus d’eau ne lui tombait sur la tête. Il y avait toujours le bruit incessant du déluge, mais il en était protégé. Un coup d’œil à la fenêtre, l’eau martelait le verre. Il aimait regarder la pluie, et l’entendre. Et la regarder et l’entendre tout en étant protégé, au chaud et au sec, il n’y avait pas mieux. Enfin, au chaud et au sec, il en était encore loin, ses cheveux à eux seul devaient avoir absorbé au moins quinze litres d’eau. Tears déposa Flokjes sur une chaise pas loin de l’entrée, le pria de rester sage. Il l’avait sorti du t-shirt et essayait de le sécher avec, ce qui eut l’effet prodigieux de faire tripler de volume le petit lapin. Le jeune surveillant eut un sourire amusé, posa le t-shirt sur le dossier de la chaise et entreprit de serrer entre ses doigts le bas de son t-shirt pour l’essorer. Il n’avait pas entendu les pas résonner derrière lui. Mais il sentit très clairement des bras l’entourer. Ses hanches, se ventre, étaient à présent recouvert de deux bras d’homme. Il n’avait pas besoin de savoir à qui ils appartenaient pour sursauter légèrement, comme un hoquet, surpris. Parce que ça faisait des semaines qu’on ne l’avait pas touché, qu’il n’avait eu aucun contact de ce genre. Parce qu’il se demandait qui c’était, que c’était pas normal qu’on le touche comme ça, qu’il y avait un problème quelque part. Il resta paralysé, nerveux et, comme à son habitude, il réagissait beaucoup trop sensiblement à ce genre de contact. Son cœur se mit à tambouriner dans sa poitrine et il se sentait mal à l’aise, stresser, vraiment nerveux. Ces bras, il savait à qui ils étaient, ces manches de chemise, il savait à qui elles appartenaient, et cette tendresse beaucoup trop doucereuse qui faisait presque mal, ça ne pouvait être que Galène. Pourquoi il faisait ça ? Les joues rouges, tous les muscles que son corps contractés, il nageait dans l’incompréhension la plus total. Galène n’était pas ce genre de personne, alors… ? Et maintenant, là, qu’est-ce qu’il devait faire… ? Il se sentait pris au piège, non que les bras de l’adulte le ligotaient avec force au point de l’empêcher de partir, mais plutôt qu’il ne pouvait faire un geste sans avoir peur des conséquences. Parce que Tears était quelqu’un qui avait constamment peur. De quoi ? De tout. De contact, du non-contact, de la solitude, des gens, de l’ennui, de l’imprévu, du futur, de la mort, de sa propre peur. Il avait peur de décevoir, d’être désiré, d’être haï, d’être aimé. Il avait la peur qui coulait naturellement dans les veines. Lentement, avec cette lenteur propre aux peureux, il tenta de tourner la tête. Juste la tête. Evidement, à moins de se casser le cou, il ne put tourner qu’une partie de son visage encore humide. La partie droite, celle où son œil était visible.
-Ga… Galène… ?
Invité
Sujet: Re: Réadaptation (Galène) Dim 16 Aoû - 22:35
{ La douleur, c’est juste la preuve que tu es vivant.}
La douleur, c’est juste lorsque ton corps te signale que quelque chose ne va pas bien. La douleur, c’est le mal. Et il a mal quand il te regarde. Son cœur se serre dans sa poitrine et il a l’impression qu’il va imploser ; comme un adolescent face à son premier amour. Il a la gorge sèche, les mots s’évaporent avant même qu’un seul son n’ait eu le temps de franchir ses lèvres, son cœur souffrant bat vite dans sa poitrine et ainsi serré contre toi, je suis sûr que tu peux sentir ses nombreuses pulsations, le rythme effréné du muscle cardiaque, inquiétante accélération. Oui, tu peux le sentir mais tu ne peux pas le voir ; non tu ne vois rien, même en tournant la tête, même en te démontant le cou : tu ne peux rien voir car Galène reste calme en toute circonstance, enfin non, il le paraît juste et si ses prunelles bleues, cachées derrières ses paupières t’étaient visibles, tu verrais combien il a envie de te corrompre. Tout comme l’a fait Octave avant lui. Il ne savait pas le moins du monde si tu étais attiré par les hommes où si ça n’avait été qu’une passade, comme un caprice, et il ne voulait pas le savoir. Parce qu’une négation, ça aurait sonné comme les cloches d’un brin de muguet déposé sur une tombe un premier mai. C’était le glas, le son de la mort, le cri d’un cœur qui se meurt d’amour tout seul, sans retour, un cœur que l’espoir a quitté, déserté, l’asséchant, le laissant dépérir soudainement, sans pitié et sans remord. Alors il ne se posait pas la question, il évitait de laisser les mots s’imprimer dans son esprit pour ne pas laisser ses lèvres formulés l’interrogation. Il savait que tu souffrais aussi, que ton cœur était lourd, que ton esprit était plein , trop plein de souvenir sans doute heureux avec l’orphelin disparu mais il ne pouvait s’empêcher de céder à ses pulsions, d’avoir envie de te salir, de te faire sien, il te voulait comme Octave t’avais voulu avant lui, il était malade à force d’ignorer ses sentiments, de faire comme si tout allait bien, de paraître l’homme le plus « peace and love » que tu connaisses, de ne pas s’interroger… Oui, Galène ne s’interrogeait pas habituellement, il faisait les choses au feeling, à l’intuition, grâce à ses connaissances mais pourtant tu soulevais en lui d’innombrables questions qu’il ne te poserait sans doute jamais, de peur que tu ne deviennes craintif, de peur que tu ne te brises, de peur que tu ne le fuis, de peur de te détruire.
{ Je ne m’en étais pas rendu compte, mais je m’autodétruis. }
Il ne le savait pas. Il ne l’avait pas compris avant que tout ceci ne se finisse. A moins qu’on ne soit seulement qu’au commencement de cette histoire. Après tout, qui peut nous dire où à commencer ton aventure, où à commencer la sienne ? Et surtout, où vont-elles toutes se finir ? Personne ne peut le dire, personne ne s’en rend compte et la terre tourne toujours rond pourtant. Rien n’a changé, si ce n’est les chemins qui se sont croisés puis se sont séparé. Mais, Tears, qui regrettes-tu le plus : Octave ou Taken ?! L’un dans l’autre, une absence est un bien terrible fléau, sans doute le pire après l’ignorance. Oui, plonger un Homme dans l’ignorance est la pire plaie que nous puissions lui infliger. Car que serions-nous sans la connaissance ? Et sans la reconnaissance de nos semblables ? Plus grand-chose, j’en ai bien peur. Mais je m’égare, Galène n’a rien avoir là dedans. Toi non plus sans aucun doute. Et il serrait toujours le corps frêle entre ses bras, s’enivrant de son délicat parfum, leurs vêtements trempés se collant alors entre eux. Bien sûr, il avait entendu ton interrogation mais il ne pouvait pas avouer, là dans ce couloir qu’il t’aimait. Il lui fallait une excuse et son imagination fertile lui en fournissait à la pelle. Pourtant, il ne pouvait se résoudre à mentir, à bafouer la vérité, à ne rien te dévoiler. Ah non, ça, il maitrisait… Mais c’était mentir au fond, non ? Ne pas dire la vérité… Hm… Sans aucun doute. Et le professeur d’arithmétique n’aimait pas mentir, il aimait la franchise, parfois – souvent même – dérangeante et glaciale. Mais il y avait trop de personnes en ce monde qui ne savaient plus que paraître sans être, se donnant une image, alors Galène voulait juste lui dire la vérité… Enfin une part de vérité.
« … Excuse-moi. Laisse-moi juste rester ainsi… Quelques secondes… S’il te plait »
Bon ok. Il ne lui avait toujours pas dit. Mais au fond, est-ce qu’il en avait l’intention. Je suppose que non. Il avait tellement peur qu’après cette révélation, Tears qui venait à peine de sortir de sa chambre n’y retourne s’enfermer pour lui échapper, pour échapper à ses sentiments dévastateurs qui lui avaient tiré bien des larmes et des nuits d’insomnie. Enfin, ce n’est qu’une supposition de ma part. Et je sais que je suppose mal parfois.
{ J’ai des envies pleins le corps et l’esprit mais tu n’en sauras rien }
Finalement, au bout de ce qui sembla une interminable seconde, il dénoua ses bras de sa taille, se recula légèrement en frissonnant : le corps de Tears était chaud, agréable alors que l’air ambiant était frais. Et s’ils restaient ainsi, ils chopperaient tous les deux de vilaines maladies. Et Galène n’avait aucune envie de suspendre ses cours quelques temps où de porter un masque comme les asiatiques et de faire fuir ses plus jeunes élèves. Quant aux ragots il n’y avait jamais vraiment fait attention, donc il ne s’en inquiétait pas. Un peu hésitant, il finit par demander simplement.
« Je pense qu’il vaut mieux aller se changer avant d’attraper froid. Est-ce que tu veux venir prendre un café ou un chocolat chaud dans ma chambre après cela ? »
Bien sur, après ce qu’il venait de faire, il avait grand peur que Tears ne refuse. Mais il ne pouvait pas le laisser attraper froid par sa faute ! Ah ça non, il ne le pouvait pas ! Ca nuirait fortement à sa santé mentale… Et il s’inquiéterait encore… Qui aurait cru que le grecque qui se fichait de tout, pouvait s’inquiéter autant ?! Lui-même en était le premier étonné. Mais ca n’avait pas d’importance au fond… Si ?!