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 Second Flight (Tears)

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Sujet: Second Flight (Tears) Second Flight (Tears) EmptyDim 10 Aoû - 13:04


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Rendue maladroite par la fière, Only choisit, malgré le risque mortel qu’il y avait à se fracasser la tête sur les marches, de tituber seule jusqu’au bas de l’escalier, avec toute la lenteur dont elle était capable. Son honneur, si stupide qu’il en devenait risible, restait ancré dans sa tête trop dure. Le surveillant était serviable mais la douce loubarde tenait encore à prouver que même malade elle restait maîtresse d’elle-même. C’est donc assistée du seul mur granuleux qu’elle prit un temps fou à descendre les marches grinçantes. Courageusement peut-être et de la même manière que si sa vie en dépendait.
Chaque fois que ses pieds minces, enveloppés de leur gangue de métal, heurtaient le bois, le choc se répercutait dans sa tête, comme s’il était capable de traverser l’immensité droite de sa colonne vertébrale, et tout cela sans l’homme blond ; ce dernier n’était plus pour rien dans ses décisions. L’escalier se brouillait, tourbillonnait dans son champ de vision mais la jeune fille tenait bon, accrochée telle une monstrueuse naufragée à sa fierté. Chaque fois qu’elle se sentait près d’abandonner et de supplier le surveillant de l’aider, l’orpheline aux cheveux de jais se remémorait en flashs rapides tout ce qu’elle avait fait pour atteindre ce statut de déesse de la violence. A ce stade, on ne gémit pas sous la fièvre pour l’aide d’un homme, même si c’est celui qu’on aime. Les étapes de sa vie, les coups qu’elle avait donné, sa lâcheté parfois mais tous ses instants si intenses de loubarde se mêlaient encore sous son crâne délicieusement sonnant d’échos douloureux. Mais face à cette douleur, Only tenait bon, toujours.

Pourtant, arrivée aux pieds des marches au bout d’une douloureuse descente, l’adolescente fut atteinte de violents vertiges et plaqua sa main contre ses lèvres pulpeuses. La chaleur traversait sa peau violement, réchauffait son épiderme dégoulinante. L’eau ruisselait de sa nuque et se perdait en cascades translucides contre ses jambes nues. Only éternua une fois avant que la deuxième preuve de sa maladie ne se fasse attendre, un violent haut de cœur secouant son corps mince de martyre. Elle poussa un gémissement à peine audible et se raccrocha au bras généreux du surveillant. Son surveillant. Et elle ne voulait pas lire de la pitié dans ses yeux bleus. Si elle restait pitoyable, jamais il ne l’aimerait ; la voir cracher ses poumons devait déjà être une épreuve douloureuse pour son petit cœur d’homme sentimental. A cette pensée, Only esquissa un sourire vague entre ses mèches dégoulinantes. Un sourire de malade agrémenté d’accents amers, un rictus qui aurait presque pu être cynique s’il n’était pas aussi mélancolique.
Cela lui faisait plaisir qu’il prenne soin d’elle, même dans le cadre éducatif. Il restait malgré tout une once de romantisme dans ses gestes. Abandonnée à la fièvre, Only divaguait presque, les lèvres entrouvertes, les yeux vagues. L’amour, autant que la maladie, donne des ailes…

Elle s’accrocha désespérément à son épaule lorsqu’il la porta à travers les couloirs, comme s’il hissait une naufragée en proie à la mort. « Je vais mourir entre ses bras. Belle fin romantique que cela serait si je n’avais pas aussi froid. » Songea-t-elle avec un certain pessimisme lugubre. Tout contre sa nuque, elle frissonna timidement ; quel contre coup pour les orphelins qui voyaient la terrible Only réduite à une serpillière mal essorée, et quelle ironie aussi ; jamais elle n’aurait cru avoir un jour à vivre cette situation. D’un côté, elle était heureuse de se retrouver si près de lui mais il y avait ces regards, pesants de curiosité mal contenue :


« Allez tous vous faire foutre les merdeux. » Aboya-t-elle faiblement

L’infirmerie s’approchait et Only voyait avec tristesse le moment oú Tears la confierait à Kithyn sans plus s’occuper d’elle. Après tout, il était ce genre d’hommes, lâches, qui ne savaient pas assumer leurs sentiments. En clair, c’était à elle de faire avancer les choses comme elle le pouvait. Peut-être que le surveillant était du style à aimer en miroir, se calquant sur les sentiments de celle qui le désirait. Il fallait donc encore espérer que les choses n’en resteraient pas là ; elle était Only, la seule, l’unique et ne se laissait pas marcher sur les pieds, même par un vulgaire sentiment nommé bêtement amour. « Tu parles ! C’est plutôt de l’asservissement volontaire, à rendre fou. » Crut-elle bon d’ajouter en son for intérieur.

Tears poussa la porte et appela d’une voix timide l’infirmière ; l’endroit sentait le médicament, l’antiseptique, un mélange trop peu agréable que l’orpheline refusait en bloc. C’était dégoûtant d’obliger les gens à respirer cette atmosphère saturée de clinique ; comme s’il n’y en avait déjà pas assez et Only espéra sincèrement ne plus y avoir affaire. Cette leçon lui suffisait, après s’être conduite en parfait imbécile devant le surveillant.
Plongée dans ses amères pensées, elle ne revint à la réalité que lorsque l’homme lui parla d’enlever ses vêtements. Baissant mécaniquement les yeux, la jeune fille prit note de l’état de choses presque sans y penser ; un battement irrégulier cognait dur contre ses côtes, ses vêtements trempés collaient à sa peau, épiderme qui se révélait aussi froide que du marbre et l’infirmière qui se révélait absente…


« Putain mais quelle guigne. » Déclara-t-elle, grinçant des dents

S’approchant timidement d’un lit encore fait, elle s’affala dessus et pendant que le surveillant s’affairait à chercher un pyjama sûrement ringard et inutile à la réchauffer, la jeune fille retira jupe et sweat. Chiffonnés, les vêtements allèrent s’étaler sur le sol dans un bruit mouillé et totalement érotique. Oui, érotique dans sa consonance chuintante, clapotante de marais, tandis que deux larges flaques d’eau grise s’étiraient déjà autour des habits mouillés.

L’orpheline, restée en sous-vêtements noirs, ramena ses jambes minces contre elle avec une fausse pudeur d’adolescente devant un homme mature. Elle attendit d’ailleurs patiemment le retour de ce dernier et des vêtements promis. Même si s’exhiber devant lui restait gênant, elle n’y était pas si réticente que cela si ça pouvait faire avancer les choses. Aussi Only ne prenait pas la peine de s’envelopper dans les draps tièdes ; elle tremblait trop pour cela et c’était la chaleur corporelle du surveillant qu’elle désirait intensément, toujours en femme. Après tout, elle n’était plus une enfant ; dépasser le stade de l’immaturité était bien plus agréable. Et être amoureuse était déjà une étape de plus.
Coller ses lèvres une nouvelle fois à celle du jeune homme, des pensées érotiques qu’elle se formulait avec délices. Ce serait la seule et unique fois que Tears aurait accès à son cœur ; plus jamais elle ne lui dévoilerait ses sentiments aussi bêtement et le prochain serait le bon.
Oui, à moins de ne plus jamais tomber amoureuse, et ainsi s’acquérir l’immunité sentimentale à vie.

Elle ferma les yeux avec nonchalance alors qu’un dernier éternuement agitait ses épaules minces, ses épaules maigres se hérissant de chaire de poule :


« J’ai froid Tears mais la couverture ne me réchauffera pas. » Marmonna-t-elle mécaniquement et sans hausser le ton. Ce soir-là, son corps harmonieux coincé dans des sous-vêtements trop larges, la douce loubarde se partageait entre l’acidité habituelle de son caractère et une nouvelle tendresse, mêlée à de la faiblesse. C’était infâme de voir à quel point sa brutalité stagnait ; et la gentillesse, et l’émotion, aucun de ces mots ne qualifiait d’habitude la jeune femme. Devenir ainsi, c’était sombrer dans la mièvrerie.

  1. « Si je dois tomber de haut, que ma chute soit longue. » (Mylène Farmer)
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Sujet: Re: Second Flight (Tears) Second Flight (Tears) EmptyVen 22 Aoû - 11:04

Lorsque Tears ouvrit un des placards de l’infirmerie, il fut étonné de voir le nombre de vêtements qu’il regorgeait. De toute tailles, des neufs, des usés, des sales, des propres... Ce placard devait être une sorte de récup’ pour les joggings oubliés au gymnase vu qu’il n’y avait que des habits de sport. Il essaya de trouver quelque chose de convenable pour elle, quelque chose qui puisse la réchauffer.
Alors qu’il s’affairait à faire le trie, il entendit le bruit des vêtements imbibés d’Only atterrir sur le sol.
Il n’osa pas se retourner, et pourtant il savait que le rideau était fermé… mais l’idée de voir l’orpheline à trois quart nue le terrifiait plus que tout. Pour lui le corps humain était quelque chose de personnel qui n’appartenait qu’à son possesseur. Il n’avait pas le droit de violer cette pudeur, il n’avait aucun droit là dessus. Et personne n’avait ce droit sur lui, bien qu’il se dise parfois que ses droits étaient bien faibles. Ainsi le surveillant s’accordait plus de devoirs que de droits, cherchant le dénigrement perpétuel. Parce qu’il était si peu, si rien et que les autres étaient tout. Tears ne se sentait vivre qu’au travers des autres, rien d’étonnant donc du fait qu’il veuille être aimé de tous.
Bien qu’il sache l’impossibilité de cette fortune, il était déjà assez surpris qu’une personne lui accorde un sentiment aussi fort que l’amour. Parce qu’il était si peu, qu’il avait si peu à offrir.
Non en fait, il n’avait rien à donner. Les gens se liaient d’amitié avec d’autres que par intérêt et il n’avait aucun intérêt. Et quand les gens avec qui il s’entend bien s’en apercevront, ils le laisseront tomber. Le surveillant ne savait pas pourquoi il pensait à ça… pour l’instant il fallait juste profiter de ce qui lui était offert. Il réussit à dégoter un short de foot à sa taille ainsi qu’un polo, il hésita à se déshabiller rapidement et à enfiler le tout mais il n’en fit rien. Tears se contenta de les mettre de coté avant de repartir à la recherche de quelque chose à la taille d’Only. Elle était la priorité. Evidement, lui aussi avait froid, si froid. Mais il était l’homme, et l’adulte. En tant qu’homme il n’avait pas le droit de se plaindre, en tant qu’adulte il devait s’occuper d’elle et en temps que l’humain qu’il était, il ne devait plus penser à lui. Il passait derrière tous les autres, c’était sa règle. Sacrifier toutes ses envies à l’infinie…
Il entendit la jeune fille tousser et tressaillit. C’était comme si la toux se répercutait dans ses organes lui disant "Regarde, elle souffre et toi, tu es lent et tu traines pour chercher de quoi la réchauffer."
A cette pensée, il mit plus d’ardeur dans sa recherche. Le contenu du placard à vêtements sans dessus dessous, Tears mit la main sur un survêtement bien chaud et un sweet épais qui avaient l’air parfaits pour l’orpheline. Toujours pressé, le surveillant se mit maintenant en quête du sirop.
Fouillant les tiroirs avec précipitation, il finit par le trouver sans trop de difficulté. Il ignorait encore s’il avait lui-même attrapé un rhume, c’est pour ça qu’il prendrait un peu de sirop lui aussi, juste au cas où. De toute façon il en adorait le goût. Il a toujours aimé cette saveur un peu sucrée et chaleureuse qui le réconfortait quand sa mère lui portait la cuillère à la bouche, cuillère tellement grande que le petit Tears n’arrivait pas à la gober entièrement.
Actuellement, le blond, le visage froid et blanc, se servit des futurs vêtements d’Only comme d’un plateau et posa le sirop ainsi que deux cuillères à soupe dedans.

-"J’ai froid Tears mais la couverture ne me réchauffera pas."

La voix de la jeune fille avait filtré de derrière les rideaux blancs, et son timbre était si différent… c’en était effrayant. Elle paraissait si douce et calme, incapable de violence. Le surveillant ne savait pas si c’était l’effet de la fièvre ou juste Only, l’Only, l’autre. Only sans sa carapace. Il espérait, il se plaisait à espérer que c’était ça. Que son blindage était enfin tombé. Mais l’orpheline était d’autant plus fragile sans sa cuirasse. Il faudrait qu’il soit doux, encore plus que d’habitude. Cependant, une fois le rhume soigné, qu’adviendra-t-il alors ?
Suite à la demande de l’orpheline, Tears s’approcha du chauffage et augmenta la température de quelques degrés. Mais quelque chose lui disait que ce n’était pas là ce que la jeune fille désirait. Pourtant… c’était bien ce qu’elle avait demandé… ? Non ?
Alors pourquoi une voix lui hurlait de réfléchir un peu ? Le blond avait beau avoir les yeux ouverts, il se sentait aveugle. En tournant la tête, il la vit alors. Par effet d’ombre et lumière à travers le tissu trop blanc du rideau, elle était si délicate, tremblant faiblement. Ses yeux réussirent à l’apercevoir, d’une façon floue et non complète, ils distinguaient son désir. Bien qu’elle soit l’Only, elle était quand même adolescente, encore un peu enfant. Et l’affection était un désir primaire, pourquoi n’y avait-il pas pensé d’abord ? De sa main libre, un entrouvrit le rideau et pendant un cours instant, il se mit à bouder celui qui avait déclaré que les vêtements humides étaient mauvais pour la santé.
Tears regarda immédiatement autre part comme si Only était un train de taper le code secret de sa carte bleu. Les joues un peu roses, les muscles frigides à cause du froid, il déposa les vêtements et le sirop sur l’oreiller du lit. Les articulations de ses doigts était lentes et ses mouvements en furent ralentit bien qu’il essaya d’être vif. Le regard un peu vide et l’air mal à l’aise, on aurait dit qu’il n’avait même pas remarqué Only et pourtant, elle était son centre d’attention…
Il s’imaginait que l’adolescente devait aussi être embarrassée. Le blond défit ensuite le lit et rabattit le drap sur les épaules de la jeune fille, la drapant comme une sainte. Une fois ainsi couverte, Tears osa un regard. Il fallait dire que ça lui allait bien d’être ainsi vêtu, ça lui donner un air immaculé.
Il lui souria faiblement avant de tendre la main pour sécher ses cheveux noirs à l’aide du drap.
Sa main massant faiblement, essayant de se tenir à distance d’Only car il était mouillé et ne souhaitait pas la tremper à nouveau. Finalement, il plaça ses poings fermés d’une part et d’autre d’Only et frotta plus énergiquement pour tenter de la réchauffer.

-"… ça va comme ça ? Regarde… je t’ai apporté des habits chauds…"
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Sujet: Re: Second Flight (Tears) Second Flight (Tears) EmptySam 23 Aoû - 13:18


MusicPlaylist




Si puéril, si peu dégourdi… C’était désespérant ; lorsqu’elle souhaitait un peu de chaleur humaine honteusement conquise, Only se retrouvait traitée comme une gamine mais elle voulait, elle désirait ce corps masculin moulé sous les vêtements mouillés. Etait-ce un crime, une tentation de son esprit perverti par la maladie que d’espérer grandir auprès de celui qu’elle aimait ? Ce n’est pas parce qu’ils avaient dix ans d’écart que cette relation deviendrait forcément immorale mais tout était de sa faute à lui, incapable de refuser sciemment ou d’assumer ses fautes. Il fallait admettre que c’était de ces mêmes défauts qu’elle s’était entichée ; le regarder secrètement administrer une morale à un élève, se lamenter sur l’inutilité de sa tâche. Non, Only n’avait jamais vu d’homme tel que lui par le passé, ni dans un film, ni dans la réalité. Tears restait l’adulescent typique, par trop attardé dans l’enfance et ce n’était bon pour personne. Il y a une différence entre se lamenter et pleurer comme un gamin ; lui restait dans la seconde catégorie…
A son grand désespoir pervers, Only se trouva reléguée sous un draps, tout son corps prudemment dissimulé sous le fin tissu blanc sans qu’il n’en sorte aucun membre long et tremblant. Elle s’installa en tailleur, sursautant soudain lorsque les poignes glacées de Tears firent intrusion dans son monde tiède. Cette fraîcheur était dérangeante, même si elle essayait de vaincre son mal. La jeune fille devina imperceptiblement que de toute façon le rôle de « pute » ne lui allait pas et que si elle souhaitait une relation quelconque avec le surveillant, il lui faudrait aller prudemment… Et extrêmement lentement. Cette pensée amère lui arracha un soupir qui se transforma en fin de toux, sa gorge glacée émettant des sons rauques et peu agréables à entendre. Heureusement, elle ne souffrait pas le martyr, tout son corps lui semblait délicieusement engourdi, même si le sang violent battait à ses tempes avec frénésie, étourdissant son cerveau compressé. Ses joues, légèrement rosées, pâlirent à nouveau sous le contact des poings froids du surveillant et sa peau tendre frémit longuement. L’orpheline jeta un regard de dérision sur les vêtements qu’il lui avait apporté. Tears croyait vraiment qu’elle allait mettre un sur vêtement aussi laid, elle, rockeuse et rebelle ? Il pouvait rêver, ce truc était hideux et elle n’allait pas hésiter à le lui faire savoir. Comment pouvait-il oser lui présenter ce machin informe ? Il devait peut-être se dire qu’avec sa fièvre, elle n’avait pas toute sa conscience. Après un ultime éternuement, elle fronça un sourcil sarcastique :


« C’est moche. Je refuse de mettre ça. Tu… vous pouvez vous le foutre oú je pense. Et puis vos mains j’ai encore plus froid avec. » Siffla-t-elle entre ses lèvres entrouvertes, de mauvaise fois

Au moins elle admettait que la vie soit fait d’échecs. Pour une louve solitaire telle qu’elle, être unique était une obligation. « Quoi de plus commun que de vouloir être différent. » Disait parfois Jack, avec l’un de ses faux sourires. Jack…
Elle caressa de ses longs doigts livides sa chaire froide ; le souvenir des instants passés avec lui n’éveillait plus aucune chaleur en elle ; sa mémoire se diluait comme du sucre dans de l’eau tant qu’elle ne croyait en rien.
La seule chose qu’elle désirait intensément restait la musique. Puissante et réconfortante, la seule à ne pas l’avoir déçue. Only fredonna négligemment le début de « gentiment, je t’immole », chanson française et BO de Shetane, film par lequel elle avait été mystérieusement fascinée (et les paroles aussi il faut avouer) :


« Espèce d'hindou. Rien a foutre , tu viens d'ou. Quinze coups dans la geule. J'ai la main lourde. Je déterre ta grand-mère. Et la viole comme une chienne. Et si t'es pas content je viole ton père. Prêt pour la douche. Je te pisse dessus et je te brise le cul. Petit fils de pute. Je te fist le cul. Ne te crispe plus. »

Longuement d’abord et en fond sonore. Mais la chanson ne devait pas manquer de choquer Tears. Elle n’avait pas assez de voix pour pousser plus haut mais l’idée de traumatiser le surveillant lui semblait alléchante. Après l’ouverture, elle se remettait sur sa défensive, plus piquante que jamais :

« Ow...vulgaire est comme la chatte a ta meuf. Ramène tout ton clan et ta mère a la cave. Prêt pour la tournante. Je te fais un nouveau frère. Ne pleure pas. Pédale de merde. C'est mortel c'est le bordel. Ecrase le blunt et protége tes seufe. C'est la guerre espèce de petit bâtard. N'ai pas peur et crève petit hâtai. Que des bâtards de barbares....yeah...yeah....ummm...ummm Tu crie comme une pute ta peau se décolle. Que des bâtards de barbares. Et gentiment je t'immole... » Continua-t-elle, sa voix rauque râpant douloureusement sa gorge

Elle tourna son visage, un sourire insolent planté au milieu de son visage. Sans l’accompagnement musical, ça donnait nettement moins bien et sa voix vibrante manquait de puissance, arrachant à ses poumons viciés des tressautements de douleur. Only reprit bruyamment sa respiration avant de chantonner le couplet suivant d’un timbre languissant :


« Je suis une bombe humaine dans une maternelle. Un cuter dans le coeur de ton paternel. J'ai mis ta mère en vente sur internet. Et je fais tapiner ta soeur.
On vient m'interner ! Cock dans le ''zen''. Pompe sur la tempe. Obtempère. Pédale de merde. J'appelle a la haine, au meurtre , au viol. Et... A la tuerie, au massacre, a la furie.. au Napalm. »

Calmée, l’orpheline se détourna gentiment, la gorge en feux. Cette chanson prenait tout son sens maintenant, lorsqu’elle se rendait compte qu’elle connaissait les paroles par cœur mais sa migraine était trop sérieuse pour qu’elle envisage de la terminer, malgré la vulgarité naissante de son esprit. L’orpheline souhaitait juste voir l’horreur s’épanouir dans les yeux bleus comme une fleur sanglante et la bouche fine tomber d’ébahissement. Elle voulait choquer, massacrer les critiques, faire battre les cœurs d’émotion. Vu le ton sur lequel elle avait fredonné les paroles, Tears aurait presque pu croire qu’elles lui étaient adressées. Only en ricanait d’avance. Elle avait peut-être froid mais son corps se réchauffait peu à peu ; le cynisme était encore sa meilleure arme…
Enveloppée dans son draps, elle se redressa, saintement mais encore vulgaire. Gentiment je t’immole…


" Excusez-moi, c'est la BO de shetane et j'adore cette chanson..."
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Invité
Sujet: Re: Second Flight (Tears) Second Flight (Tears) EmptyDim 24 Aoû - 20:38

-"C’est moche. Je refuse de mettre ça. Tu… vous pouvez vous le foutre où je pense. Et puis vos mains j’ai encore plus froid avec."

Tears retira prestement ses mains. Lui qui croyait bien faire, pour une fois. Le pire était que la jeune fille avait dit ça après un éternuement rigoureux. Cependant après réflexion, il était vrai que les mains du blond étaient plus froides que le corps un peu plus réchauffé de l’orpheline.
Après tout, si elle ne voulait pas mettre ces habits, il lui apportera davantage de couettes pour qu’elle dorme au chaud cette nuit. Tant qu’il ne voyait rien du corps de la jeune fille, ça lui allait. Il voulait juste qu’elle soit au chaud cette nuit et il avait remarqué plusieurs couvertures faites pour ça dans le placard. Cela ne posait donc pas de problèmes majeurs, même si le surveillant lâcha un petit soupire face à la formulation peu élégante de la jeune fille. Elle était toujours là, cette défense glacée. Elle était tenace et il n’avait pas le pic à glace nécessaire pour la briser. Du moins… il ne souhaitait pas l’employer. A l’instant où il s’y attendait le moins, Only se mit à chanter. Tears n’en crut pas ses oreilles. Les paroles étaient atrocement vulgaires et déplaisantes en tout point, jamais il n’avait entendu chanson aussi infâme. L’air était jolie et la voix d’Only magnifique mais…il ne savait même pas que de pareilles choses puissent exister, il y avait donc des gens assez… ignobles… pour écrire ça ? C’était méprisable et honteux… Pourtant, quand Tears n’aimait pas une chanson, il disait toujours "Je n’aime pas…" à la place de "C’est à chier."
Oui, jamais il n’avait jugé durement la musique, parce que c’était un art mixte, un langage universel qui parlait aux oreilles de certains plus qu’a d’autres. Il y avait autant de styles que de personnes au monde, c’était normal qu’il ne puisse pas tout aimer.
Mais… cette chanson… le laissait bouche bée. Les yeux comme des soucoupes.
Tant de vulgarité… lui donnait mal au ventre. Il avait envie de se boucher les oreilles, de s’enfoncer dans le sol, de se fondre dans le paysages, d’être aspiré par le plafond, de se cacher sous le lit, d’être quelqu’un d’autre, d’être sourd, de ne pas… être là.
La honte lui nouait les intestins et des fourmis lui parcouraient les pieds.
Pendant tout le temps de la chanson, il ne savait que faire. Elle attendait une réaction de sa part, c’était certain. Il se pouvait que rester les yeux écarquillés, la bouche légèrement entre-ouverte, horrifié, égaré et profondément dégouté. Parce que… c’était dégoutant. Les paroles qu’elle chantait étaient… promptement répugnantes. Il se sentait souillé rien qu’a entendre pareils immondices et était choqué que des choses aussi abjects puisse sortir d’une bouche aussi jeune. Était-elle corrompue aussi ?
Ou encore était-ce la fièvre ? Ajouter à cela qu’il avait la ferme impression que la jeune fille s’adressait à lui, ajoutant plus de poids au creux de son estomac. Son malaise était aussi palpable que le roc. Pourquoi faisait-elle ça ? C’était… dérangeant et d’un manque de respect flagrant. C’était… purement méchant de chanter ça alors… alors qu’elle le savait qu’il n’aimerait pas. Ainsi elle voulait le déstabiliser… ça l’amusait ? Surement… Un étrange sentiment de déception lui noua les entrailles. La chanson finit, Tears n’entendit pas la dernière réplique d’Only tant il était offusqué. Un silence. Un ange passa. Ou un démon… qui sait ? Un de ces silences atrocement gênant. Puis le cerveau du blond lui indiqua que sa pose faciale était un peu ridicule, et aussitôt, il opta pour un regard fuyant et embarrassé. Très fuyant et très embrassé. Doucement, il se pencha vers l’oreiller et y prit le sirop. Only chantait bien… c’était dommage de se servir de ce talent pour chanter pareil chanson. Ce n’est pas comme si il aurait voulu qu’elle chante "My heart will go on" mais… ou peut être bien que si, peut être bien qu’il aurait voulu qu’elle chante une chouette chanson nœud-nœud. Elle avait la voix nécessaire pour faire tressaillir le cœur de n’importe qui et c’était bien dommage qu’elle s’en serve comme une arme. Il n’avait rien fait… pour mériter ça. Il fallait vraiment que ce soit l’effet de la fièvre, il le fallait… parce que sinon… ce serait trop horrible. Tears dévissa lentement la bouteille de sirop, la tête totalement ailleurs, le regard encore choqué. Après avoir versé un peu du liquide orangé dans la large cuillère à soupe, le surveillant la tendit vers Only. La mine encore déboussolé et déconfite.
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Invité
Sujet: Re: Second Flight (Tears) Second Flight (Tears) EmptyMar 9 Sep - 15:28

Lorsque l’on est d’une nature excessivement impulsive, il existe un adage à respecter : lorsque le vin est tiré, il faut le boire. En l’occurrence, le vin n’était pas un bordeau ; l’affaire était amère au goût et dure à résoudre. Only avait eu tort de faire sauter le bouchon de cette bouteille empoussiérée, et rien qu’à saisir le regard « larmoyant » de son aîné, elle sut que le vin aigre passait trop mal dans sa gorge serrée. Peuh, tant pis.

Si elle avait été lâche, elle aurait pu tout mettre sur le compte de la fièvre (d’ailleurs celle-ci se faisait grondante sous son crâne) mais pour prouver qu’elle avait encore un brin d’honneur digne d’être vu, la jeune orpheline tendit une main tremblante vers le sirop. Elle dévissa lentement la bouteille avant de verser le mélange épais dans la cuillère et de la porter à ses lèvres. Stupide fierté. Stupide Tears. Mais stupide était un mot latin, qui signifiait stupeur. Etre étonné de tout et n’importe quoi à l’infini, alors peut-être valait-il parfois rester « stupide » jusqu’à ce que mort s’en suive, car, bien que dénigrante, cette injure pouvait être aussi considérée comme un éternel étonnement. Hors, Tears présentait toujours de la perplexité. Envers elle et les autres. Pétasserie ! Dire que depuis le début, elle voulait juste qu’il la regarde, qu’il la couve de ses immenses yeux bleus ; elle n’avait réussi qu’à le faire fuir mais ce n’était que partie remise, le côté romantique d’une femme est toujours bon à être éliminé de toute affaire terrienne.

Le sucre dilué se colla contre sa gorge et elle toussa, presque vulgairement ; posant une main sur son front, l’orpheline tint en compte le fait qu’il lui faudrait sûrement quelques aspirines pour calmer cette température. En attendant, si Tears passait son temps à être choqué par ses manières, il n’y aurait sûrement aucun progrès dans son attitude. Il y a des gens comme ça ; on se baladerait devant eux une épaule à nu qu’ils hurleraient à l’exhibitionnisme et en l’occurrence, si le surveillant pouvait deviner ses formes sous le drap évanescent, l’orpheline s’en tirait plutôt pas mal. Il n’était plus question de force dans cette relation, juste de médicaments. Médecine serait un mot nettement plus agréable dans son vocabulaire songea-t-elle avec étonnement. Les lumières de la pièce lui apparaissaient trop vives à travers ses paupières mi-closes et parfois son monde tournait, vertigineusement coloré. Only entreprit de se lever pour aller prendre dans le placard à pharmacie un thermomètre blanc. L’amour, c’est comme la maladie. Longtemps on peut en être atteint, comme d’un virus, jusqu’à en avoir des vertiges et le souffle court à chaque apparition du microbe concerné mais s’il fallait en guérir, il fallait faire preuve de spontanéité. Parler au microbe (reconnaître les torts). Le tuer avec des antibiotiques (fusil à pompe). Examiner l’ampleur de sa maladie. S’isoler (partir en voyage). Trop d’étapes pour des mots indéfinissables.

Only glissa entre ses lèvres pâles le thermomètre, une fois revenue sur son lit. Elle le retira au bout de quelques minutes et observa d’un œil critique le résultat affiché sur le minuscule cadran :


« 39.6 Degré »

Et dire qu’elle n’était pas encore tombée dans les pommes, jusqu’au point d’être allée elle-même chercher son thermomètre. Visiblement, sa résistance à la maladie s’améliorait, même s’il ne s’agissait pas vraiment de celle qu’elle voulait guérir en définitive. Pour se débarrasser de son affection dérangeante pour le surveillant, il fallait qu’elle le fuie. En réalité, elle avait depuis le début l’impression de se faire mener par le bout du nez ; Tears qui ne savait pas, Tears qui ne voulait pas. Ce mec était vraiment un bon à rien au final…

Elle resserra son drap blanc autour de ses épaules, recroquevillée sur le matelas comme une vierge marie échappée de son alcôve religieuse. Ses cheveux encore humides encadraient son visage d’une pâleur maladive (mais malade elle l’était…), ses yeux brillants de fièvre soulignés de cernes dérangeants. L’orpheline ramena ses jambes contre son buste, songeant qu’elle avait bien envie d’une petite cigarette, histoire de vérifier s’il n’y avait vraiment aucun remède miracle à son mal. Et puis, il faut bien mourir un jour. Elle scruta Tears comme la présentatrice d’une stupide série télévisée, autant pour le juger que pour être critique. « Messieurs, mesdames, cette semaine dans secret story, le surveillant Tears garde un secret ultime : le cœur brisé d’une étudiante rebelle et peu raffinée. Mais que fait la police ?! ». Impartiale, Only le toisa avec un mépris nouveau. Il n’y avait aucun public, aucun témoin, aucune caméra et ils n’étaient pas dans un show idiot du dimanche mais la crétinerie de cet homme valait la peine d’être présentée au grand monde, comme l’imbécile à la libido inexistante.
Sujet qui déchaînerait clairement des passions.

Only émit un ricanement rauque, se laissant tomber en arrière ; sa cuisse blanche se découvrit largement sans qu’elle ne cherche à la dissimuler, sa tête tournait trop pour qu’elle puisse prendre des décisions cohérentes.


Foutu orphelinat. Saleté d’orage.
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Invité
Sujet: Re: Second Flight (Tears) Second Flight (Tears) EmptyDim 14 Sep - 19:29


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Le jeune blond esquissa un invisible sourire de réconfort, elle avait accepté de se soigner. Pour lui, c’était un exploit, il se sentit un peu mieux d’ailleurs, le cœur léger. C’était toujours l’effet que ça lui procurait quand on l’obéissait. Un rassurant sentiment d’apaisement. Sentiment qui n’habitait que rarement le cœur du jeune homme, presque toujours occupé par la crainte d’être rejeté, haïe et détesté. Une crainte qui s’installait comme une ancre en lui, lourde et encombrante. Il avait apprit à vivre avec, il avait fait pousser des algues autour pour la camoufler, il en avait fait sa petite souffrance. Parfois, elle s’enfonçait de plus en plus, creusant un fossé dans le sable fin, écrasant les coquillages. C’est dans des situations comme celles qu’il vivait en ce moment que son ancre devenait moins lourde, elle semblait flotter et Tears n’avait plus peur de sa propre crainte. Seul restait le fait que ce sentiment d’allégresse ne durait jamais bien longtemps. En effet, Only se mis à tousser, la main sur le front…le visage douloureux même si elle essayait de le camoufler. L’ancre retomba net. L’orpheline, les yeux cachées par ses longs cils noir, se leva alors.

-"Tu as besoin de quelque chose.. ?"

Elle revint avec un thermomètre, s’installant à nouveau sur le lit pendant que Tears la contemplait, perplexe.

-"... tu pouvais me le demander tu sais…"

Le blond s’était sentit profondément inutile sur le coup. Il était debout, près à servir, mais la jeune fille avait préféré lui passer sous le nez pour aller chercher ce dont elle avait besoin. C’était vexant.
Il ignorait totalement pourquoi elle avait choisi de ne pas faire appel à lui, ce qui était d’autant plus froissant. Il n’en laissa rien paraître, camouflant son ancre de douleur avec de grandes algues vertes. Lors des quelques minutes pendant lesquels l’orpheline avait le thermomètre dans la bouche, Tears attendit patiemment, quelque peu stressé. La peau toujours glaciale, il bougea cependant quelques articulations pour les réchauffer.
Enfin, le résultat fut donné. 39,6. C’était trop, beaucoup trop. Les yeux du blond s’ouvrirent un peu plus alors qu’il contemplait la jeune fille au contraste épatant.
Comment avait-elle fait pour ne pas tomber à la renverse, épuisée par la fièvre ? Tears l’ignorait, et s’en inquiétait d’autant plus. Un autre sujet d’inquiétude vint se glisser au fond de ses pupilles. Le regard d’Only était chargé d’un mépris coriace. La jeune fille le jaugeait avec dédain, et le surveillant en eut un frisson d’horreur. Il se sentait rejeter comme un microbe, un corps étranger dans un organisme trop beau pour lui. Il se sentait dérangeant. Tears déglutit difficilement. Peut importe de quel manière elle agirait avec lui, il devait s’en occuper. Only se laissa tomber sur le lit avec un rire qui n’avait absolument rien de plaisant. Un rire qui glaçait les veines, qui coulait dans votre sang et se répétait dans vos oreilles.

-"Tu es très malade, il faut te reposer d’accord… ?"

Puis il vit la cuisse dénudée et par reflexe, fixa ses mains. Il les connaissait par cœur, les lignes de ses mains, ses longs doigts fins, ses ongles courts. Il en connaissait les moindres recoins, tellement il les avait fixés tout au long de sa vie. Tears passait sa vie à les regarder, comme un prisonnier connaissant les moindres recoins de sa cellule. Sauf qu’il ne savait jamais sa date de sortie…. ou sa date d’exécution. Une cuisse, franchement, il n’y avait rien de foncièrement charnel là dedans… enfin peut être un peu quand même. Surtout qu’il n’avait aucun droit sur le corps de la jeune fille, ni de le toucher, ni de le regarder. Ce genre de décision n’appartenait qu’à elle seule. Pendant un moment, il songea à lui demander si elle désirait une autre couverture… mais elle allait s’apercevoir de sa gène, ça ne faisait aucun pli. "Couvrez cette cuisse que je ne saurais voir." non, c’était fichtrement ridicule.
Il voudrait être un peu plus viril pourtant... il ne souhaitait pas qu’elle garde une image négative de lui. Pour la peine, il leva les yeux, et fixa Only, prenant bien soin de ne pas regarder l’anatomie dévoilée. Il voulait juste sortir de sa cage, être capable de surmonter son malaise. Le surveillant posa alors sa question dans un sens plus général pour ne pas qu’elle remarque sa gène.

-"Je... je peux faire quelque chose pour toi ?"

Après tout, il souhaitait juste être utile. Qu’on profite de lui à foison, sans compter, sans rien avoir à donner en retour. Sauf que parfois, il se mettait à l’espérer… cette chose en retour. Juste un sourire.
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Sujet: Re: Second Flight (Tears) Second Flight (Tears) EmptyMar 23 Sep - 20:05

« Si je ne vous ai rien demandé, c’est que je n’avais forcément pas besoin de vous… »

Le ton était doux, mais contenait un fond geignard, une touche de lâcheté. Only la terrible, Spinoza d’elle-même, n’admettait plus ce qu’elle disait. En chaque humain ; ces petites bestioles roses qui se croient les plus puissants de l’univers mais qui ne sont en réalité pas plus que des atomes de poussière ; il y a cette corde pleurnicheuse dissimulée dans leur larynx. Il suffit de peu pour la faire vibrer d’un sanglot mais, c’est comme la boîte à rire de Bob l’éponge, un jour ou l’autre elle finit par se briser. C’était tout du moins un rêve utopique que dans son délire Only caressait d’une main flatteuse. Briser cette corde de larmes et endurcir son cœur. Ne plus trouver une larme à disposition lorsque l’amour vénéneux pointerait le bout de son nez. Parce que là, en face du regard humide de Tears, elle avait envie de sangloter naïvement, sur ses sentiments, sur ses nerfs qui craquaient, sur cette injustice. Elle n’était pas née pour être aimée certes mais le malheur devait bien s’arrêter quelque part, alors comment expliquer qu’elle soit tombée malencontreusement amoureuse de l’être le plus mal fichu de cet planète ?

Elle glissa son bras replié sur son visage, se masquant ainsi une part du décor. De toute façon il n’y avait rien d’intéressant dans ce plafond haut et froid, ces rideaux glauques qui heurtaient son lit au moindre courant d’air… et cette odeur immonde de désinfectant. Elle aurait pu en vomir si elle ne craignait pas de se ridiculiser plus qu’il ne l’était nécessaire. Pourtant ce parfum qui puait la mort lui donnait la nausée, chavirant son cœur comme le meilleur des sentiments. Et en arrière goût sur sa langue, il y avait la saveur salée du sang, désagréable. Elle empoissait son palet, preuve que l’hémoglobine était remontée dans sa tête. Les joues pâles reprirent un peu de couleur, avant que la jeune fille ne daigne se redresser au bout de quelques longues minutes. Elle ficha ses yeux d’un gris intense sur le surveillant, à mi chemin entre le délire et l’attitude sérieuse. Maintenant, elle avait envie de rire, cruellement peut-être, et de l’humilier. De se venger de cette défaite sadique, qui n’avait pas de solution :


« Y’a pas de blêmes mais vous… vous me dérangez. » Cracha-t-elle d’une voix ferme, stoïque dans son linceul blanc

En réalité, elle ne voulait surtout pas qu’il assiste à la victoire de la maladie sur son corps ; paraître plus pitoyable qu’elle ne l’était déjà constituerait la plus cuisante des humiliations, il n’avait pas idée à quel point cela pouvait la gêner, elle, Only, la loubarde sans pudeur. L’orpheline brune ramena une mèche de cheveux derrière son oreille, pensive. La lumière trop vive des néons agressaient ses pupilles rétrécies, comme dans un délire de droguée. C’était sûrement de ça qu’elle avait l’air, avec son teint trop mal, ses yeux hagards et perdus, et cette mince touche de rose à ses joues. Et puis ce drap fin qui recouvrait son corps encore glacé. Elle devait déjà ressembler à un cadavre. Peuh, tant pis.

Elle haussa les épaules sans raison précise, juste pour appuyer ses dires. Le cadavre ne voulait pas d’humain dans la même pièce que lui. Tears, avec ses bonnes couleurs, paraissait encore être vivant ; d’ailleurs, du point de vue d’Only, il ne semblait jamais l’avoir autant été qu’à cet instant précis. Elle se voyait déjà ailleurs, dans son cercueil, fantasme immatériel. La jeune fille laissa à nouveau échapper un éclat de rire rauque :


« Vous m’énervez Tears. Vous êtes un gosse, un con… Un… ce que vous voulez mais votre présence… Vous…. Vous ne m’êtes pas utile, au contraire, vous m’énervez avec vos petites mines. A vous voir, je voudrais vous gerber dessus. C’est ça, vous êtes à gerber, parce que vous ne savez même pas ce que vous voulez ou pas. Je m’en fous d’être repoussée au final mais je veux juste savoir, pas qu’… un vulgaire blond s’amuse à m’faire tourner en bourrique avec toute l’innocence d’un môme sorti du cul d’sa mère ! »

La jeune fille pencha la tête sur le côté, comme si elle entendait une voix inaudible au commun des mortels. Only avait l’impression de plonger dans la folie des températures ; son corps couvert de lin la brûlait et un éternuement vulgaire la secoua des pieds à la tête, tandis qu’un sourire de cynisme parfait s’étalait sur son visage :

« Ecoeurant c’est le mot. Vous pensez sauver qui quoi là, avec vos manières de saint nitouche ? ! Vous croyez vraiment que des surdoués vont écouter la parole de celui qui se montre plus faible qu’eux ? ! Vous êtes coincé, vous êtes pleurnichard ; la vie c’est pas qu’ça. Y’a des côtés où vous me faites sérieusement pitié et alors j’me demande comment j’en suis arrivée au point de vous aimer [son sourire s’effaça, glâbre. Les mots glissaient dans sa gorge douloureuse, à peine retenus par la barrière ivoirine des dents], mais après y’a aussi vos pleurnicheries habituelles. C’est extrêmement chiant ! »

Sa face pâle se tordit d’un mauvais rictus, qui remplaçait l’ancien sourire comme une nouvelle peau. Les épaules agitées d’un balancement régulier de droit à gauche, la tête lui tournait, pleine de couleurs et de sottises. Et tant pis, si son avis ne plaisait pas à Tears, il n’avait qu’à aller voir ailleurs ; elle n’était pas non plus à ses pieds hein. Mais fallait bien aimer quelqu’un et voilà comment toutes les catastrophes arrivent. A la base, y’a toujours un sentiment stupide, un utopique amour made in USA, comme dans les films hollywoodiens.
Only regrettait le parfum âcre de ses cigarettes, douleur qui apaiserait la brûlure de sa gorge. Une petite bouffée, un chant, et tous ces soucis s’envoleraient. C’est la théorie du bonheur. Des individus en moins ; elle appuya un regard vitreux sur Tears ; et là aussi tout irait mieux. Elle croisa ses jambes en tailleur avant de fredonner légèrement une comptine sans paroles qui déchirait son larynx de nouvelles souffrances.

Ses prunelles vagues s’ancrèrent au visage du surveillant, froides. Pourtant, elle avait à nouveau chaud, un coup de fièvre qui fit basculer son corps sur le matelas humide. Only chercha mollement de la main son paquet de clopes entre les plis du drap, avant que ne lui revienne à l’esprit qu’il était dans la poche de sa jupe. Son visage se tourna vers Tears, un instant neutre :


« Passez moi mes clopes. »

C’était interdit, et alors ? Les règles existent pour êtres détournées !
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Sujet: Re: Second Flight (Tears) Second Flight (Tears) EmptyJeu 25 Sep - 20:27

Agressé. C’était le mot, Tears était visiblement en train de se faire violement agresser. Verbalement peut être, mais les mots étaient redoutables et tranchants si on les choisissait bien.
Redressée sur le lit, la venimeuse Only lui crachait ce poison à la figure, pendant qu’il encaissait, les yeux fatigués mais grands ouverts. Est-ce.. est-ce qu’elle lui déballait tout ce qu’elle avait sur le cœur ? Surement… c’était surement une confession. Mais pourquoi tant de paradoxes…
Dire je t’aime, puis insulter… c’était étrange comme manière de faire. Tout ce qu’Only débitait, il le savait. Elle ne lui apprenait rien. Les orphelins avaient toujours raison de toute façon. Pendant qu’elle parlait, il ne pouvait que la regarder, effrayé, interloqué et triste. Des larmes lui montèrent aussitôt aux yeux, son estomac se contractait en une crampe douloureuse… cependant il ne pouvait permettre de pleurer. Ca l’énerverait encore plus, et c’était une des derniers choses qu’il voulait voir au monde : Only énervée. Le surveillant ravala donc ses larmes. S’il jouait au lâche, s’il pleurait, s’il bégayait… les accusations de la jeune fille seraient justifiées. Il fallait qu’il soit fort, au moins une fois. Au moins cette fois. Parce que la rancune d’Only n’était pas injustifiée, c’est qu’il était trop indécis et son esprit n’était nullement celui d’un homme. Pourtant, si tout la dégoute en lui, pourquoi… l’appréciait-elle ?
Ce n’était surement pas lui dont elle était amoureuse, sinon elle l’accepterait tel quel…
Ou alors essayait-elle de lui donner des conseils par le biais d’insultes vexantes… mais en quoi la faisait-il tourner en bourrique ? Et quoi devait-il lui être utile ? Il pensait faire le maximum, être à ses soins… être au moins là. Le blond s’énervait contre lui-même de ne pas comprendre, il s’en voulait... à lui. Seulement à lui. Only avait le droit de le détester, elle l’avait obtenu. Il aimerait l’aider à trouver des réponses, mais il ne savait pas lui-même pourquoi elle l’avait choisi alors qu’elle semblait le détester. Une larme commença à perler mais Tears s’essuya rageusement avec sa main. Il s’était suffisamment apitoyer sur son propre sort comme ça, il fallait qu’il s’impose un peu… juste là. Le blond se mordait l’intérieur de la bouche pour se retenir de pleurer et enfouit des mains accablées dans ses poches. Only le fixait de son regard cendré et se rejeta en arrière comme un cadavre dans son sarcophage. Elle lui demanda ses cigarettes. L’orpheline critiquait son autorité de surveillant et elle demandait des cigarettes. C’était comme critiquer un obese sur son poids puis lui tendre un hamburger l’instant d’après. Du jolie foutage de gueule. Bien qu’extrêmement bouleversé à l’intérieur, Tears essaya de contenir toute sa tristesse, se mordant les lèvres jusqu'au sang. Au moins, il ne pleurait pas.
D’une voix qu’il voulait sur, bien qu’un peu tremblante, il entrouvrit ses lèvres sanglante d’un air calme.

-"… Tout ça... je le sais… je sais bien... mais si tu me disais… en quoi je peux t’être utile… ?"

Le surveillant essaya de garder le sang froid et mit toutes les cellules de son cerveau en mode "self control". Les poings fermés, la mâchoire légèrement crispée, il tenait bon. Il avait presque l’air sûr de lui… douce illusion.

-"… Je ne savais… enfin, te faire tourner en bourrique... je ne savais pas… pardon si… je t’es fais du mal sans le vouloir…"

Tears déglutit avec difficulté et dans sa lancé de bravoure étonnante, enchaina :

-"… Et tu sais bien que c’est… interdit de fumer ici."

Il n’allait pas partir. Qu’importe l’attitude d’Only à son égard, s’il y avait une chance infime pour qu’elle ait besoin de lui, alors il devait être là. Au travers de la fenêtre lointaine, c’était la nuit. Déjà. Le surveillant se sentait passablement fatigué, en plus d’avoir le ventre totalement vide et le mental en charpie. Le jeune blond alla un instant ranger la bouteille de sirop et amener une chaise qu’il installa auprès du lit de la jeune Only. Il s’y assit mollement, une délicieuse douleur lui dévorait la lèvre alors qu’il regardait la jeune fille, hésitant. Il savait qu’il n’était pas près d’en avoir finit avec elle, il ne pouvait pas changer du tout au tout en un coup de baguette magique. L’effort fournis n’allait surement pas durer longtemps. Parce que Tears était ce qu’il était, le genre d’agneau incapable de devenir loup, le genre d’homme à choisir d’être aveugle pour ne pas avoir à affronter la mocheté du monde. Comme l’"Histoire d’un bon bradin" de Voltaire. Le dur choix entre être imbécile et vivre heureux ou être intelligent et vivre insatisfait. Visiblement, Only souffrait de son trop plein d’intelligence. Et Tears aussi, mais d’une tout autre manière. Il avait beau préféré le premier choix, sa raison le ramenait parfois trop brusquement à la réalité. Réfléchir lui faisait prendre conscience de la répugnance du monde et cette idée trop douloureuse le démoralisait. Alors il préférait être optimiste et jouir d’un bonheur beat… mais il n’y arrivait jamais. Etre ignorant devait être un bien beau délice.
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Sujet: Re: Second Flight (Tears) Second Flight (Tears) EmptyMer 8 Oct - 15:10

" Vous ne me faîtes pas mal. Vous êtes chiant. Voilà le problème. Toujours à larmoyer. Je n'ai plus envie que vous m'aidiez de quelques manières que ce soit. D'accord, j'vous aime mais ça ne vous excuse pas. Indécis, toujours à pleurnicher sur vos malheurs. "

Elle ne pouvait pas s'empêcher d'être cruelle, peut être parce qu'au fond c'était ce dont elle avait vraiment envie et parce qu'elle avait l'impression de crever un abscès. Toutes ces années de silence qu'elle avait gardées sur l'état de ses sentiments devaient être révolues. Et, vu qu'elle n'avait aucune chance avec ce type là, ce ne serait qu'une perte minime, une piqûre de moustique par rapport à la tumeur qui s'était formé dans son coeur depuis tout ce temps. Elle l'aimait. L'avait aimé. Ne devait plus l'aimer. Bannir cet être de ses pensées pour se consacrer à la musique, sinon, elle allait clairement pourrir, s'infester de vers comme une pomme infectée et cela, elle ne le voulait pas. La jeune femme avait toujours rêvé d'indépendance, afin que plus rien ne la retienne aux orphelins et pour prendre son envol plus rapidement. Elle leva une main tremblante, tristement blême, vers les néons de la pièce, la bouche entr'ouverte :

" Ca ne sert à rien de vous inquiéter Tears."

Elle se redressa elle-même, pour jeter un coup d'oeil éloquent à sa jupe flasque. Se tendant vers le sol avec un équilibre maladroit, elle s'en empara. L'habit se souleva dans un chouintement caoutchoueux lorsqu'elle fouilla dans les poches. Y retrouvant son paquet détrempé, l'orpheline laissa à nouveau tomber le fruit de ses escapades sur le toit. Elle se calla contre les coussins avant de prendre une cigarette molle qu'elle planta entre ses lèvres :

" Je ne peux pas supporter de vivre dans cette endroit en y étant enfermée. Je veux de la liberté. DE LA LIBERTE bordel ! "

Son accès de colère se termina par une brusque toux ; elle alluma sa cigarette dont la flamme grésilla avant de s'éteindre. C'était pitoyable. Elle aurait voulu s'enfuir loin de ce regard larmoyant, ou l'effaçer tout simplement de sa mémoire. Et encore, les idées se mêlaient trop dans son cerveau brûlant. Only jeta au loin le mégot détrempé, le regard soudain empli d'impuissance ; son corps fut agité d'un spasme de fièvre. Fuir, hein ?

" Delusional I believed I could cure it all for you dear. Coax or trick or drive or drag the demons from you. Make it right for you sleeping beauty... " (sleeping beauty - a perfect circle)

Sa voix déraillait, partait dans les graves et revenait rauque. La brune ne mettait pas de coeur dans ses paroles, juste un peu de ton, de façon à ce qu'elle soit compréhensible. A vrai dire, elle n'avait même pas envie de chanter ; c'était juste pour que l'infirmerie cesse d'être silencieuse à ce point, pour peupler un peu de mots la pièce. Elle se redressa un peu et fouilla dans son paquet pour trouver une clope sèche. Peine perdue. Toutes avait la consistance des papier mâché. Elle finit par le jeter lui aussi au loin, l'estomac douloureux.
L'orpheline ramena sur ses épaules le drap qui en avait glissé, le regard torve :


"J'ai mal au ventre aussi. Je crois que j'ai mes règles."

Elle l'avait dit sur un ton sec et nullement chaleureux, juste une constatation. Une nouvelle douleur frappait au creux de ses côtes, familière et mensuelle :

" Donnez moi du doliprane. "

Sinon elle allait devenir encore plus blessante et méchante. La souffrance la rendait froide, prompte à essayer de l'enfermer lorsque celle-ci ruait comme un cheval dans son ventre, pour mieux la plier en deux. Cette brûlûre froide, ce coup de poing et cette bataille de chaque instant. Oh, comme elle haïssait son sexe et comme elle détestait celui dont le surveillant semblait faire parti. L'hermaphrodisme, à proprement parler, était le plus blessant dans cette histoire. Un Eros blond aux yeux transluçides, c'était toujours vexant.
Elle se tourna sur le côté, lui opposant son dos. Only ne voulait plus voir sa propre défaite qui s'affichait sur le visage de l'homme, car c'était à travers lui qu'elle se voyait. Il était le miroir de ses erreurs, de son insouciance. Sinon pourquoi aurait-elle aimé un être aussi cassé ? Un Quasimodo des sentiments et elle, n'avait rien d'une Esmeralada. Elle rit encore, la folle allongée sur son lit. Elle rit jusqu'à ce que sa voix se casse elle aussi, devienne un caquetement presque hideux. Elle brisait sa si jolie voix en scènes pityables, fumant la même atmosphère que le surveillant jusqu'à s'en rendre malade. Et après cela, qu'on lui rendre sa dignité ! Mais il avait intérêt à ne rien rajouter sur son état... sinon... sinon... (même ses pensées trébuchaient) elle lui ferait encore plus de mal. Parce que c'était mal de se laisser avoir. Elle se replia sur elle-même et ferma les yeux, inspirant le plus doucement possible :


" Je ne veux plus vous voir. "
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Sujet: Re: Second Flight (Tears) Second Flight (Tears) EmptyVen 17 Oct - 18:46

-"Vous ne me faîtes pas mal. Vous êtes chiant. Voilà le problème. Toujours à larmoyer. Je n'ai plus envie que vous m'aidiez de quelques manières que ce soit. D'accord, j'vous aime mais ça ne vous excuse pas. Indécis, toujours à pleurnicher sur vos malheurs."

Sur sa chaise, Tears encaissait tout comme le meilleur des airbags, encore, encore et puis encore. Mais à force d’encaisser, il fallait faire attention à ne pas crever, et dans ce cas là, le prochain coup pourrait s’avérer mortelle. A part si, au contraire, il avait finit par s’y habituer et dans ce cas, il était immunisé. Pourtant il sentait que le coussin d’air commençait à s’amollir dangereusement mais le surveillant le regonfla en croquant à nouveau dans sa lèvre déjà brulante. Ce n’était pas parce que quelqu’un avait des sentiments pour vous qu’il fallait la faire poiroter royal ou se permettre toute les audaces, c’était un fait avéré. Il fallait donc trouver une solution, et rapidement. La situation présente lui lacérait le cœur et le choix qu’il devait faire était surement un des plus difficiles de sa vie.
Only était semblable à un cadavre aussi glauque que beau et le blond ne désirait qu’une chose : lui redonner la vie. Sans doute que pour cela, il devrait se sacrifier lui-même.

-"Ca ne sert à rien de vous inquiéter Tears."

Et elle disait cela, alors qu’il se trouvait dans la plus étroite des impasses donc les murs avançaient petit à petit, avec l’ardent désir d’écrabouiller toutes les personnes qui ne savaient choisir entre les deux portes proposées. Evidement qu’il s’inquiétait, heureusement qu’il s’inquiétait. Il prenait la situation avec un sérieux extrême. La jeune fille se leva, maladroitement, et le surveillant se leva à demi pour l’aider, mais il se rassit en sentant la tension qui pesait sur ses épaules et l’énervement de la jeune fille. Elle était grande, elle n’avait besoin de personne, même s’il crevait d’envie de prétendre que tout le monde à besoin de quelqu’un. Elle se rassit et plante le tube de poison dans sa bouche.

-"Je ne peux pas supporter de vivre dans cette endroit en y étant enfermée. Je veux de la liberté. DE LA LIBERTE bordel !"

D’une geste gauche, il essuya d’une main le sang de ses lèvres et fixa le sol, ahuri. Il ne l’entendait qu’à moitié tellement la situation le préoccupait et sa tête commençait à demander du repos. Les yeux fatigués, il hocha néanmoins la tête mais la releva précipitamment en entendant l’orpheline tousser généreusement. Puis elle chanta, le corps secouaient de spasmes dont rien que la vue était douloureuse. L’œil inquiet, il se redressa sur sa chaise, écoutant la mélodie avec intérêt. Il n’y connaissait un peu trop rien en musique, mais c’était joli. Alors il écoutait, l’oreille analysant chaque syllabe. Il avait perdu l’envie de parler, parce qu’il savait que ça ne servait à rien, et que ses lèvres étaient lourdes et flemmardes.

-"J'ai mal au ventre aussi. Je crois que j'ai mes règles."

Les yeux bleus du surveillant, toujours fixaient sur le sol, s’agrandissaient un peu. Il ne manquait plus que ça tiens. Comme s’il y connaissait quelque chose en menstruation… il se leva cependant, sans bruit. La voix d’Only était dure et blessante et l’entendre lui pinçait le cœur à chaque mot. Il voulait que ça finisse, il ne voulait plus de cette situation pesante qui lui hachait le cœur, ils avaient trop donné tout les deux. Enfin surtout Only. Mais il n’avait pas de quoi réparaient le mal qui lui avait été fait, enfin si… mais c’était comme une opération à 89% d’échec et Tears ne prenait jamais de risque. Les imprévus le tétanisaient au plus haut point.

-"Donnez-moi du doliprane."

Le surveillant, la démarche ramollit, se mit à fouiner dans le placard à la recherche de quelque chose de serviable, contrairement à lui. La main sur une plaquette de doliprane, il attrapa aussi ce que les dames appelaient "serviette hygiénique" et revint au lit pour faire face au dos maigre d’Only qui semblait lui bouder avec hargne. Toujours sans un mot et le visage dévoré par la fatigué et l’indécision, le surveillant déposa sa récolte sur le lit, à coté du dos drapé. Pendant ce temps, un rire. Un rire de dément qui déraillait dangereusement et qui vous glacer le sang, qui vous congeler les veines et vous apeurer comme un chien. Le genre de rire qui vous ferez déraper comme un lapin si vous venait à l’entendre dans un manoir vide ou dans un hôpital la nuit. Tout bonnement terrifiant. Apeuré comme un pilleur de tombe devant un mort-vivant, Tears recula, le visage inquiet de l’état passablement dégradé de la jeune fille.

-"Je ne veux plus vous voir."

Il n’y comprenait plus rien, et ne cherchait plus à comprendre. Only le détestait et peut être même qu’elle ne l’avait jamais aimé. Mais lui, il se devait de s’occuper d’elle et pour l’instant, il ne pouvait que plier à ses volontés. La moue affecté, il recula encore et referma le rideau du lit sur le corps recroquevillé d’Only, comme pour voiler la couche d’un cadavre.
Une fois le rideau clos, une fois que son faible corps et son infâme visage était hors de vue de la jeune fille, il murmura, la voix secouait de sanglot refoulaient :

-"Bonne nuit…"

Sur ce, il s’assit sans bruit sur sa chaise, frôlant de l’épaule le rideau blanc qui ondulait encore et il laissa tomber sa tête en avant, les bras croisés. Maintenant, il fallait dormir et rêvait d’un lendemain meilleur. Tout en veillant sur elle.
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Sujet: Re: Second Flight (Tears) Second Flight (Tears) EmptyJeu 23 Oct - 10:13

[PS : avec les wesh débiles dans le dos, qui rient sans hésiter sur les blagues stupides de Chuck norris. <3 c'est beau d'être ignorant]

Cette histoire stupide commençait à durer. Qu’avait-il encore à traîner devant son lit cet énergumène blond ? Sa fièvre faisait renaître d’anciennes terreurs, celles de sa mère, ces sombres présages dont elle se souvenait parfois la nuit, recluse dans son lit qui devenait alors bateau aux larges voiles noires, prêt à l’emmener vers d’autres horizons lugubres. Et alors, Only hurlait. Car comme tous les enfants abandonnés, elle craignait encore plus l’oubli, le fait qu’un jour personne ne la regarde plus avec cet œil vaguement illuminé d’une terreur confuse et sourde. Si certains se démarquaient par le chant, le dessin, la musique, elle voulait encore s’imposer par la force. Pour ne pas devenir invisible comme cette crétine d’Unknow, trop effacée à son goût. Après, tout était une question de principes ; il y avait les victimes et les tortionnaires. Tears était un excellent masochiste visiblement et elle le prédateur… car cela aurait été mentir que de dire qu’elle ne prenait aucun plaisir à voir ses airs contrits et gênés. Non, elle adorait même ces réactions douteuses, sans se l’avouer consciemment. Une fois de plus, elle redevenait la Reine et capable de ces actes en plein délire de fièvre remontait son ego. Toujours égale à elle-même.

La jeune femme s’étira paresseusement en travers du lit, malgré ses membres perclus de courbatures qui lui envoyaient des signaux d’alarme. A présent, elle était quasiment dénudée, s’étant débarrassée du drap par instinct. Elle retournait peu à peu à l’état de bête lâchée dans la nature. Only avala rapidement deux dolipranes de 500mg sec, sans eau pour désaltérer sa gorge asséchée. Les comprimés se coincèrent en travers de sa trachée, provoquant un nouvel accès de toux qui la projeta en avant, la poitrine palpitante de fièvre. Ses yeux un peu vagues cherchèrent un appui pour reprendre le contrôle de son corps ; mollement, sa main agrippa le paquet des serviettes hygiéniques. Gentille attention inutile. Elle les envoya valser à l’autre bout de la pièce et se laissa tomber en arrière sur ses coussins. Que croyait-il, qu’elle, Only, pouvait avoir besoin d’un homme ? Les hommes, quelle masse inutile et machiste. Il fallait en permanence les surplomber et lorsqu’on leur donnait un doigt, ils voulaient la main. Des sales bêtes qu’il faudrait pendre avec leurs tripes. Elle grinça amèrement des dents, mettant alors le point sur un accent important. Si elle aimait Tears, ce n’était qu’à cause de son ambiguïté sexuelle ; androgyne, larmoyant. Tout à fait niais et romantique. Simple comme bonjour en gros !


« C’est ça. »

Comme si elle pouvait passer une bonne nuit dans cet état, la poitrine flambante de toux, le ventre empli de grignotements ; une bête rouge lui dévorait les entrailles de l’intérieur, comme les « fourmis » de Werber. Elle s’acharne chaque mois à détruire, à faire regretter sa féminité ; un bon moyen pour espérer d’arriver rapidement à la ménopause. Only crispa une main blême sur son bas ventre à peine recouvert de ce ridicule drap blanc. D’où roulement de hanches, elle se tourna sur le côté, opposant son dos à toute tentative de discussion. De toutes façons, vu sa façon de parler, Tears allait sûrement rester silencieux pour le moment, ou du moins garder un mutisme totalement objectif. Ce n’était sûrement pas lui qui essayerait de sociabiliser jusqu’à se recevoir un coup de poing dans la figure [ce qui serait extrêmement regrettable pour lui, comme pour elle]. La jeune femme émit un soupir à fendre l’âme, avant d’essayer de s’enfoncer dans un sommeil tout illusoire. La fièvre, petite étincelle brillante sous crâne, marchait, s’enfonçait dans son esprit, courait et sautait contre les bords de son cerveau. Jamais elle ne s’était sentie aussi mal croyait elle. Only replia ses jambes minces et dénudées contre son buste maigre, enroulant ses bras autour de ses genoux pour atteindre un confort minimum :

« Mmh… »

Jésus a marché sur l’eau, Chuck Norris a marché sur Jésus. Certes… Et maintenant les débilites adolescentes s’invitaient dans sa tête. Elle bailla et cala son visage face contre l’oreiller, un peu plus calme, un peu plus silencieuse. Sa toux formait un écho lointain au creux de ses poumons et son mal de crâne s’éloignait lui aussi. Combien de temps s’était-il passé depuis que cette saleté d’après midi avait commencé ? Deux heures ? Trois heures ? Combien de minutes d’humiliation ? Combien de dérision mesquine ? Les épinards n’aiment pas Only [sur la base de Chuck Norris donc xD Homologue] Pointillés son esprit. Elle entendait Heaven rigoler à longueur de journées sur ces citations débiles et maintenant elles revenaient automatiquement, réflexe. Chuck Norris ne vit pas sur Terre, c’est la Terre qui vit sous Chuck Norris. Elle rit un peu, en proie à cette folie étrange qui emplit les malades. Rien à ajouter. Avec ces réminiscences idiotes de phrases entendues au hasard de conversations, elle avait atteint le fond des choses. Loin de la compréhension de Newton. Juste plongée au milieu de ces rires débiles qui résonnent comme enregistrés sur un magnétophone. Si la migraine s’était tue, le délire devenait plus fort. Only crispa ses mains sur l’oreiller, pour faire taire ce vacarme :

« Ils rient dans ma tête… » Murmura-t-elle d’une voix étouffée

Vivement le retour de Kythin, pour éponger tout ce massacre, enfiler quelque chose de correct, oublier cette horreur qu’elle était, ce qu’elle disait, tout ça pour rien. Et son corps courbaturé qui demandait à grands cris de la nicotine.
Si elle ne déclara sciemment plus rien à voix haute, ce fut pour ne pas s’enfoncer encore davantage et montrer les faiblesses de son esprit. Mais tout continuait bel et bien. Ce n’était plus une question de silence physique. L’infirmerie éclatait de blancheur trop violente et l’orage résonnait dans ses oreilles pourtant étouffées sous l’oreiller. L’orpheline oubliait peu à peu pour se dissoudre dans sa pensée calmée, ces couleurs dignes d’un tableau contemporain découpé en morceaux par un artiste cinglé. Aussi vite, elle ferma les yeux et se tourna face contre matelas, pour ne plus entendre, ne plus voir, ne plus parler. Tel le petit singe du trio. Aveugle, sourde et muette. Elle remontait au singe :


« Nnh… Marre. »

Only carra les épaules, continuant de marmonner dans son oreiller avec défaitisme. La fièvre allait atteindre son cerveau totalement et elle se retrouverait légume. Plus d’avenir, plus de chants. Juste un scaphandre de chair. De moins, c’est ce qu’elle pensait, au fond de sa déprime malade. Soulevant le drap comme une tente, elle se cacha totalement dessous, comme si le lin blanc avait le pouvoir de dissimuler sa honte aux yeux d’autrui. En pure perte ; tout le monde verrait cette montagne blanche, ce mont-blanc couronné de cheveux noirs perdus au milieu du lit. Elle avait beau jouer à l’autruche mais cela ne la sauverait plus. Game over darling.
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Invité
Sujet: Re: Second Flight (Tears) Second Flight (Tears) EmptyDim 16 Nov - 13:48

Alors que son esprit commençait à s’en aller, qu’il commençait à s’endormir lentement, un rire se fit entendre. Etait-il déjà endormi ? Etait-ce un mauvais rêve ? Surement. Il était fatigué, si fatigué. Respirer le fatiguait et même penser lui faisait mal à la tête. Tears avait besoin de repos, comme une personne âgée après des montages russes, car il n’y avait rien de plus éprouvant que cette situation totalement absurde. Les bras croisés contre le torse, il essayait vaguement de se réchauffait lui-même sans grande conviction de réussite. Sa tête blonde pendouillait dans le vide, les yeux clos et le visage anxieux. Le genre d’anxiété qui repeignait le visage d’un enfant mal endormi qui avait beau se réconforter en fourrant son nez dans son nounours que ça n’y changeait rien. D’une oreille perdue, il entendait le tonnerre qui grondait dehors, quelques froissements de tissu, des crises de toux, et :

-Ils rient dans ma tête…

Le surveillant fronça les sourcils, inquiets. Le délire l’avait pris, il ne valait mieux pas qu’il intervienne, ça se calmera sitôt que la fièvre sera parti. Cette phrase troublante s’était automatiquement intégrée au début du rêve qu’il venait de faire. Il était là, enfant, dans de la paille bien dorée. "Ils rient dans ma tête". Un chirurgien lui ouvra la tête sans mal à l’aide d’un fin cutter. "C’est normal mon enfant, vous avez des chevaux dans la tête." L’enfant osa un regard vers le miroir que lui tendait le médecin et y examina l’intérieur de son crane. Deux chevaux, un cheval et une jument, étaient à l’intérieur, à la place du cerveau et riaient de bon cœur avec leurs dents proéminentes qui s’avançaient pour lâcher des bruits immondes. Le gamin blond voulut faire sortir ces deux bestioles miniaturisées de son petit crane, mais ces deux là commençaient à mordre et huer comme des illuminés. "Nnh… Marre." gronda Tears dans son rêve. Le médecin souriait de toutes ces dents, devenues transparentes à force de lavage intensif, des lunettes rouges plantaient au bout de son nez. "Je peux vous en débarrasser si vous le souhaitez mon petit." L’enfant, les yeux en larme, sembla soudain se réjouir.
"Ah… oui ? Vous… vous en seriez capable… ?" "Evidement."
L’homme en blanc sortit sa grande valise rouge de sa toute petite poche, et l’ouvrit magistralement.
Il y avait là des centaines d’instruments de toutes formes, toutes couleurs et toutes fonctions réunis.
Le docteur se dota d’une paille en plastique et susurra quelques mots réconfortants au jeune garçon. "Ca ne fera pas mal, et même si c’était le cas, tu es courageux n’est ce pas ?"
Tears hocha la tête, les joues secouaient de sanglots. Si on ne lui enlevait pas tout de suite ces chevaux du crane, il allait devenir aliéné. Leurs rires et le vacarme de leurs sabots le rendrait fou. "Allez y Docteur je suis près." Avec un sourire des plus nobles, l’adulte glissa la paille en plastique dans sa propre bouche et glissa l’autre extrémité dans l’orifice du cheval. Il commença à souffler, et plus il soufflait, plus le cheval gonflait. Et il gonflait, gonflait, comme un ballon de baudruche. Tout en soufflant et mâchonnant sa paille, le médecin glissa "Ché ta tête le problème, chi elle éclate, les chevaux en chortirons."

Le surveillant ouvrit les yeux d’un coup, secouait de spasme et de sueur. Un cauchemar. Il se mit à trembler comme une feuille pendant près de cinq minutes, le regard plongé dans le vide.
Il serra un instant ses bras autour de son propre torse et regarda autour de lui. A sa droite, le rideau blanc le frôlait. Tears baissa les yeux, la lèvre tremblante. Bon Dieu qu’il était faible, qu’il était petite nature. S’effrayait pour un cauchemar aussi ridicule. Décidément, lui et Only était comme le jour et la nuit. Dans les films, les plus opposées s’aimaient et finissaient heureux, tel "La Belle et le Clochard" ou "La Belle et la Bête". Mais il n’en était rarement ainsi dans la vie réelle. Pourtant, le surveillant était fan des happy ends. Pour lui, un bon film contenait un happy ends, parce que les bad ends, il y en a assez dans la vie réel pour qu’on éprouve le besoin d’en montrer d’avantage. Après s’être calmé quelques temps, juste pour regarder avec des yeux paranos l’ensemble de la salle, il referma ses paupières et les crispa de toutes ses forces pour les forcer à rester closes. Il se sentait lâche, mais il se disait que c’était mieux comme ça, qu’en laissant couler, cette situation allait se calmer…ou s’infecter. Pourtant il avait essayé de se montrer gentil, il avait essayé de se montrer compréhensif. Alors soit il n’y comprenait vraiment rien, soit il était d’un machiavélisme profondément cruel. Optons plutôt pour la première option. Il avait essayé de comprendre pourtant, il avait tellement essayé, mais il tombait sur une impasse à chaque fois, des barreaux, des insultes, des regards noirs. Et essayait de comprendre le fatigué à présent.
Alors il s’endormit.

FIN
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Second Flight (Tears)

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