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 Viens voir dans le désert aux mirages éclatés ● Lupin.

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Sujet: Viens voir dans le désert aux mirages éclatés ● Lupin. Viens voir dans le désert aux mirages éclatés ● Lupin. EmptyMar 10 Avr - 18:02


Viens voir dans le désert aux mirages éclatés ● Lupin. Tumblr27

Comme envie de sang sur les murs
comme envie d'accident d'voiture.
Comme envie de n'importe quoi
comme envie de crever ton chat,
comme envie d't'expliquer comme ça.


C'était l'effluve lourd de la pluie qui menaçait et la moiteur lascive du déchirement céleste à venir. C'était la terre déjà trop gorgée d'eau qui appelait au déluge et la chaleur miraculeuse qui se gaussait des faux espoirs d'astre solaire luisant dans un ciel céruléen qu'elle traînait avec elle. Ce n'était pourtant à son goût qu'une bien trop pâle imitation des orages qu'ils essuyaient de temps à autre là-bas, sur le bout de terre aride d'où il venait — chez lui, aurait-il pu ajouter mais il n'avait jamais véritablement eu de sentiment d'appartenance à ce sol austral. C'était plutôt l'inverse à vrai dire. C'était plutôt toutes ces étendues désertiques comme autant de tombeaux qui étaient siennes. Toutes ces villes égarées et leurs rues en traquenards, tous ces couteaux sous la gorge et ces cimetières profanés, toutes ces pierres ocres et ce sable rouge, tout ce soleil comme un despote envahisseur, toute cette chaleur étouffante qui vous faisait courber l'échine, toutes ces nuits lourdes du poids d'un ciel ardent, toute cette voûte céleste désespérante de haine bleue, tous ces étés qui s'étiraient sans fin et ces hivers qui n'en auraient jamais que le nom, toutes ces tempêtes de sables comme de foudre, toute cette faune aussi nuisible que menaçante — ô crocodiles mangeurs d'hommes, ô diables de Tasmanie, ô venimeux rois du continent, dards de scorpions et morsures de serpents —, toute cette sécheresse qui en a perdu plus d'un, tout ce sang bouillant qui vous monte à la tête, toute cette violence déchaînée contre les vivants, c'était à lui. Tout ça c'était un peu lui, un peu de ce poison vert et caustique, un peu de Cyanide.


« Les jours d'orage c'est l'exception, Curtis, on a le droit de se prendre pour Dieu. A vrai dire on l'est tous un peu, Dieu, ces jours-là. » Qu'ils aillent au diable avec leur ambition divine, ces misérables ordures plus porcines qu'ovines. Qui voudrait se prendre pour un être omnipotent omniscient forcé de remplir son quota de miséricorde et de pitié, de garder cet air abruti de bienveillance puant la propagande gerbante pour un amour universel et intransigeant tout aussi gerbant ? Qui aurait le masochisme de se condamner soi-même à perpétuité pour y gagner quoi ?, à peine la gloire, juste un culte qui s'effrite, une puissance inexistante et l'interdiction formelle de jeter ne serait-ce qu'un coup d'œil vers l'abîme ? Quelle blague.

Le bruit sourd et parfois métallique de toutes les portes qu'il a claqué aujourd'hui résonnent encore jusque contre ses tempes, déformé à défaut d'être atténué. Il se laisse happer par les possibles que ce si banal son dessine à l'intérieur de son crâne, les promesses de détonations, les serments de déflagrations, l'écho de lointaines décapitations, et tous ses autres songes, innommables par leur abomination, comme il aimerait pouvoir les entendre vraiment, les entendre à s'en atomiser les tympans, à en faire frémir ses chimères et ses os ; à en faire mourir le monde.
Comme les autres il ne supporte plus l'enfermement, devoir rester ici et sage. Plus que les autres il est intenable, en simili-liberté peut être plus qu'en cage. Ce n'est ni un asile ni un zoo, un terrain de chasse minutieusement miné, c'est un abattoir. Il ne supporte plus, plus les gens, plus leurs espoirs minables, plus l'Angleterre, plus le gris mi-pluie mi-pollution, plus cette société arriérée, déphasée, plus les entraves, plus rien ; il n'y a qu'à voir l'état de sa chambre ou de la salle commune, de tous les lieux où il a exposé, explosé, sa carcasse aujourd'hui. Dévastés. C'est un véritable désastre, Yves sera furibond — il n'est jamais furieux ce type, mais furibond, alors ça oui —, Moriarty aussi. Tant mieux.

On aurait tort de le croire calmé. Ses phalanges sont blanches sous la moiteur rouge qui les recouvre, il contamine le garde-fou de ses tremblements de rage. A moins que ce ne soit le contraire. Il y a quelque chose comme de l'électricité dans l'air mais en pire, vicié, et on ne saurait dire si ça vient de lui ou de l'orage qui s'installe au dessus de l'établissement. C'est un concerto de grondements en vibrations, ou l'inverse peut être, le ciel éclate et étire les filaments de folie qui luisent au fond de son œil où le reflet de l'univers se désintègre.
Alors il se laisse aller.

Elle ne l'a pas vu, il ne l'a pas entendue arriver, lui abrité dans un lambeau d'ombre, elle tapie parmi les craquements du ciel. Il l'entend toujours pas, ne la voit pas plus, il la sent seulement, la ressent, il la sait. Peut être que c'est tout le temps comme ça, peut être que c'est à cause de la tempête, il n'en sait rien. Peut être aussi qu'il divague juste. Toujours est-il qu'il la ressent, qu'il n'a pas besoin de se rappeler pour savoir à quoi elle ressemble, la façon dont elle bouge et comment elle parle, il le sait, le sent, déjà. Il ne la voit pas se pencher au-dessus de la rambarde dans une démonstration inopportune de souplesse, il la sait juste tordue contre le fer le bras tendu vers le vide. Ou, plus vraisemblablement, vers son écharpe envolée emmêlée aux barreaux. Et sans doute qu'elle aussi devine sa présence, esquisse une volte vaine, se révolte quand même, même si la main qui enserre sa nuque lui fait ployer l'échine. Il veut lui faire regarder le vide dans ces yeux qu'il n'a pas, pour toutes ces fois où elle n'a fait qu'agiter les jambes dedans ; plusieurs secondes s'égrainent le long d'un éclair déchirant. Le ciel hurle et gémit à en faire trembler l'air, comme un grelot qui s'agite entre ses côtes, il la lâche. Comme ça. Il ne la regarde pas, ne la voit pas, c'est la violence qui la regarde. La violence qu'il porte et nourrit en lui, qui le possède et qu'il possède. C'est la violence qui se tait et arbore avec arrogance le masque de l'indifférence, c'est la violence qui s'impose immobilité et silence et la veut morte quand elle ose se redresser.

Elle n'a même pas dit un mot qu'il n'en peut déjà plus de l'entendre.


J'ai comme envie d'une fin torride
comme on en voit qu'au cinéma,
j'ai comme envie qu'ce soit terrible
et qu'ça se passe juste en bas de chez toi.


Spoiler:
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