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 Ouvre tes ailes et visite le ciel ♥ Be

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Sujet: Ouvre tes ailes et visite le ciel ♥ Be Ouvre tes ailes et visite le ciel ♥ Be EmptySam 7 Avr - 22:58

Tu chuchotes à mon oreille
Chaque mots résonnent dans le ciel
Tu m’envole dans un monde différent



Allongé dans l’herbe dont les pointes vertes me chatouillent les joues. Les mains croisés sur mon ventre qui se soulève et s’abaisse lentement dans un rythme régulier. Le vent qui doucement fait bruisser les feuilles des arbres. Le soleil qui fait exploser les couleurs, les rendant si vives qu’elles en bruleraient presque les rétines. Mes yeux fixés dans le ciel bleu, si bleu. Seul les nuages osent passer par-dessus. Ou quelques oiseaux courageux de temps à autres, qui fendent le ciel de leurs battements d‘ailes. Mais les nuages. Blanc. Cotonneux. Qui avancent, doucement, sans se presser. Leur nombres qui augmente face à moi. Soixante-dix-huit. Si blanc pour contraster encore plus avec le ciel si bleu. On dirait la mer. Avec des bateaux? Ou des sirènes peut-être. Ah, les nuages sont des sirènes. Ils voyagent, d’une mer à l’autre. Apportant spectacle et parfois pluie quand leur bras sont trop chargés. Quatre-vingt-deux. Calmes ici, énervés ailleurs, au même moment. Déchainés encore autre part.

Tout est si calme aujourd’hui. Quatre-vingt-trois. Ce serait bien de pouvoir se reposer sur un nuage. S’allonger dessus, se laisser porter. Ils ont l’air si doux. Comment peut-être le touché d’un nuage? Tout laisse à croire qu’il se dissoudrait entre les doigts. Les doigts alors mouillés. Mais les gros nuages? Bien consistant. Ils devraient pouvoir porter un poids, au moins petit? Quatre-vingt-six. Des oiseaux. Ils devraient au moins pouvoir porter des oiseaux sur eux. Si j’étais un oiseaux je pourrais voler dans le ciel. Et pourrais me reposer sur les nuages…

Quatre-vingt-huit.

Cliquetis. Familier. Mes lèvres déjà s’étendent avant même que je ne réalise complètement qui s’approche. Les roues écrasent l’herbe aux tiges ébouriffés comme pour les coiffer. Encore un effort et tout s’arrête, près de moi. Un peu d’ombre sur mon visage. Quatre-vingt-douze. Le soleil sur ses cheveux enveloppe son visage d’une auréole doré. Comme les saints dans les églises, mais en plus éclatant. Son sourire aussi est éclatant. Son visage cache une partie du ciel. Pas grave. En fait, compter les nuages et rêver ça perd tout son sens quand elle est là. Ça n’a plus vraiment d’importance. J’ai perdu mon compte, mais je toute façon je ne regarde plus le ciel. Juste elle.

On se regarde sans rien dire. Pas besoin de dire « Bonjour ». Avec Be je n’ai pas besoin de parler. Pas tout le temps. Pas pour dire bonjour. Un regard, un sourire, ça suffit. Elle le sait. Elle l’a comprit mieux que quiconque je crois. Le sourire ça veut dire « Je suis heureux de te voir ». Son visage devient sombre quand un nuage se pousse pour laisser les rayons de soleil s’abattre dans son dos. Ça ira surement, il ne fait pas trop chaud. Le soleil est réglé sur feu doux. Quelques instants passent avant qu’un autre nuage recache les rayons, et je peux revoir toutes les taches de rousseurs sur son visage. J’adore son visage, je ne sais pas pourquoi. Elle est jolie, oui, mais ce n’est pas ça. Pas que ça. Je ne sais pas. Je ne sais pas comment expliquer ça. Il y a tant de choses que je ne sais pas expliquer encore…

Je me relève, enfin. Plus près d’elle. Ses mains accrochées aux accoudoirs de son siège. Sur sa main gauche je place ma main droite, sans serrer. Sur celle-ci mon autre main. Et enfin ma tête, penché pour pouvoir continuer à la regarder. Ses doigts se détendent sous les miens. Je ferme les yeux un instant. C’est doux, tout doux, d’être comme ça avec elle.

Elle m’a si vite accepté, si facilement. Même maintenant il m’arrive encore d’en être étonné. Elle me caresse les cheveux comme elle aime faire. Surement plus pour les décoiffer plus qu’ils ne sont que pour les remettre en ordre. Ça c’est le geste de Be. Le geste qu’elle ne fait que pour moi. Je suis le privilégié du décoiffage rapide prodigué par ses mains. Je pourrai rester comme ça très longtemps. Des heures. Peut être bien toute la journée. Toute la vie si c’était possible.


Pas besoin de dire « Je t’aime ». On le sait. On le montre. Mais il peut arriver qu’on le dise quand même. Bien que les mots ne soient pas vraiment utiles. Parfois, plus que de voir, plus que de sentir, il est bon d’entendre aussi. Nos lèvres parfois se détachent pour souffler ces mots-là. Ces mots pas utiles mais agréables quand même. Ça saute dans l’oreille et ça fait des guillis. Ça danse à l’intérieur. Mais j’hésite. Ça bute contre mes dents de devant. Ça veut pas sortir et ça reste collé dans la gorge. C’est désagréable, parfois même ça fait mal. Il arrive, oui, que je n’y arrive juste pas. Par manque d’habitude? Ces mots là je n’avais jamais eu envie de les dire avant Be. Je le montrait et c’était suffisant. Les caresses c’était les « Je t’aime ». Mais peut être que ce « Je t’aime » là est beaucoup trop lourd pour juste une caresse.

Et en même temps c’est bizarre, si bizarre. Ce « Je t’aime » est le plus grand que je n’ai jamais porté. Je dois aimer Be plus que je n’ai jamais aimé. L’amour est différent depuis que je la connais. Plus d’un an. Plus grand, plus fort, plus puissant. Plus, plus, plus. Un an et je n’arrive toujours pas à comprendre complètement. Un an et je n’arrive toujours pas à lui dire correctement.

Mais après tout elle comprend, non?
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Sujet: Re: Ouvre tes ailes et visite le ciel ♥ Be Ouvre tes ailes et visite le ciel ♥ Be EmptyLun 9 Avr - 19:01

« Stroke by stroke
You fill my empty soul with colour. »


Moi, quand je me réveille le matin, la première chose que je fais, c'est regarder le ciel. Mon regard se pose instinctivement sur la fenêtre, irrésistiblement attiré. Et puis j'observe. S'il fait beau, je me sens immédiatement de très bonne humeur. S'il fait moins beau ou s'il pleut, je me demande tout simplement pourquoi. Pourquoi est-ce que la pluie tombe aujourd'hui, alors qu'hier il faisait si beau ? Pourquoi les nuages sont-ils libres d'aller où bon leur semble, quand moi je suis clouée au sol ? De toutes petites questions, toutes bêtes, qui m'occupent le temps que je me lève, que je m'installe dans mon fauteuil, et que je m'habille tant bien que mal. Des questions qui me poursuivent ensuite, dans les salles de cours, et devant ma palette de couleurs.

Aujourd'hui, il ne pleut pas. Mais il ne fait pas vraiment beau non plus. On dit que le temps est nuageux. C'est étrange comme mot, non ? Mais je l'aime bien. Have adore les nuages. Alors moi aussi. Mon seul problème dans ce genre de journée, c'est que je ne sais jamais trop comment m'habiller. Est-ce que je n'aurais pas trop froid, si je mets une robe ? J'en ai acheté une nouvelle avec Muse, il n'y a pas très longtemps. Elle m'a aidée à choisir, et je la trouve si jolie... Oui, je vais la mettre. Tant pis si je meurs congelée. Au pire, je ressemblerai à Jack, dans Titanic. Et Have jouera Rose. Pfufu. C'est bête, mais ça me fait rire. Oui, je ris toute seule en enfilant ma robe blanche. Mes muscles se détendent, ma poitrine tressaute, mes épaules tremblent. C'est agréable. Et je ris encore, quand Mikan m'aide à descendre les escaliers. Le pauvre, il ne doit pas comprendre. Parfois, je me dis que beaucoup doivent me prendre pour une timbrée. J'ai des réactions plutôt bizarres. Je converse avec moi-même, dans ma tête, en silence. Des fois ça me fait rire aux éclats, comme maintenant. D'autres fois, ça me fait pleurer. Incompréhensible, vraiment. Enfin, peu importe. Là, je suis heureuse, c'est tout ce qui compte.

Viens d'arriver en bas. Je dis merci au garçon aux drôles de cheveux, et je commence à avancer. Mes bras appuient sur les roues, je glisse. Quand j'étais petite, je trouvais ça drôle. C'était comme un manège. Un manège qui roule, qui tourne, qui file. Maintenant, ce n'est plus pareil. Je ne sais même pas si je suis encore capable de penser comme la petite fille que j'étais alors. La petite fille qui ne savait même pas qu'elle avait un problème. Je me demande. Il faut que j'essaye de me mettre à sa place, peut-être. Je ferme les yeux. Je m'imagine, en beaucoup beaucoup plus petite, nageant dans mon fauteuil. Je tente de me concentrer sur des choses, et uniquement sur des choses futiles. Des bruits à peine perceptibles, qui viennent titiller mon oreille. Je songe aux insectes dehors, qui avancent doucement avec leurs nombreuses pattes, paisibles. Et puis enfin. Enfin j'ose me dire que je suis normale. Qu'il n'y a aucun problème.
Et ça ne rentre pas.
Je ne sais pas comment l'expliquer. Je suis une Word qui manque de mots. Ha ha. Que c'est drôle. Ironique. Hypocrite. Disons que je suis incapable de me mentir. Voilà. C'est cette impression. On se répète quelque chose, encore et encore, mais au fond de soi, on sait pertinemment que c'est faux. Alors ça ne veut pas couler tout seul. Ça refuse d'aller s'installer calmement quelque part dans notre tête.

Donc, pour conclure cette expérience, on peut dire que j'ai trop grandi. Je ne peux plus retourner en arrière. Je ne peux plus faire semblant. On m'en a trop dit, je ne peux plus oublier. C'est dommage. Et c'est bête, aussi. Mais au fond qu'est-ce qui est le mieux ? Vivre dans l'ignorance, sans savoir réellement qui on est, ou vivre en sachant, mais en étant mélancolique de ce que l'on ne pourra jamais avoir ? Je n'aurais pas dû faire ce test idiot, ça m'a rendue triste. J'étais tellement heureuse, pourtant... Tiens, pourquoi est-ce que je riais, déjà, d'ailleurs ? Ah oui. Je suis Jack. Et Have est Rose. Oui, Have est Rose. Have. J'ai envie de le voir. J'ai envie de le regarder sourire, j'ai envie de l'entendre me raconter toutes ses théories fabuleuses. J'ai envie de le savoir près de moi. Et vu le temps qu'il fait, je dirais qu'il est dehors. Il aime bien aller dans le parc pour regarder les nuages. Il s'allonge dans l'herbe. Ses cheveux font comme de petits épis dans tous les sens. Oui, je vais aller le voir. Je vais aller le voir, et je lui raconterai plein de trucs, et il me racontera plein de trucs, et la vie sera plus belle que jamais.

Bon. J'avais juste oublié à quel point rouler dans les graviers était difficile. Enfin, je m'en sors ! Oui, je me débrouille très bien. Allez Be. Tu gères, continue.
Je m'encourage toute seule. Vous croyez que je touche le fond ?
Ah, l'herbe, hourraaaaa ! Si je pouvais sauter, j'en sauterai de joie ! (D'accord, ce n'est pas drôle. Mais je m'amuse comme je peux, que voulez-vous.) Maintenant, j'avance plus tranquillement. Mon fauteuil grince un peu, des cailloux se coincent dans ses rayons. Je ne sais pas trop où aller. J'avais oublié que ce parc était si grand...
Et puis je le vois.
Et j'oublie tout. J'avance, et je ne pense à rien d'autre qu'à le rejoindre. C'est dingue, c'est étrange, mais maintenant que je sais qu'il est là, je ne m'imagine plus ailleurs qu'à côté de lui. Alors je roule, je roule. Et quand je suis suffisamment proche pour voir les moindres traits de son visage, je m'arrête. Je ne peux plus m'empêcher de sourire. Je me demande à quoi je ressemble... Je dois avoir l'air bien bête ! Oui, complètement idiote. Mais au fond, je m'en fiche pas mal. Parce qu'il me regarde aussi. Et il sourit, aussi. Je ne dis plus bonjour, ce n'est plus la peine. Un sourire, ça veut dire beaucoup plus. Ça veut dire « je suis contente de te voir » , ça veut dire « comment tu vas ? », ça veut dire « je t'aime ». Tout ça à la fois dans un joyeux brouhaha.

Voilà qu'il se relève. Il est mignon, quand même. Il pose ses mains sur les miennes ; j'ai l'impression que mon cœur va se détacher de moi. J'ai l'impression qu'il va quitter ma poitrine, partir en vrombissant comme un hélicoptère. Ça me ferait presque plaisir. Je dois être un peu maso. Stupide et maso. Complètement folle. En face de moi, Have ferme les yeux, le sourire aux lèvres. J'observe ses paupières pâles, ses longs cils qui papillonnent, ses joues rondes. Alors je libère une de mes mains, et je la passe dans ses cheveux, tout doucement. J'aime bien. Ses mèches passent entre mes doigts, je le décoiffe plus qu'autre chose. Mais ça me réconforte. C'est mon geste pour dire « je suis heureuse d'être avec toi ». Mon geste à moi, pour lui, juste pour lui. Et à jamais pour lui. Je soupire.

Je pourrais rester comme ça des heures. Est-ce que c'est possible de mourir d'amour ? Mourir d'avoir trop aimé. Ça doit être beau. Je pense que ça me plairait. Je resterais tellement longtemps avec lui, tellement longtemps, qu'on finirait par devenir des poussières. De jolies poussières, voguant au vent. Plus de fauteuil, plus de contrainte. Juste lui et moi. Haut, très haut dans le ciel. Doucement, j'ôte ma main de ses cheveux, et je regarde les nuages. Je nous imagine, minuscules petites choses cendrés, zigzaguant entre les nuages. Ça me fait sourire. Mon regard croise à nouveau le sien, et je souris davantage. J'entrouvre un peu mes lèvres. J'hésite. Est-ce que je peux parler, maintenant ? Est-ce que j'ai le droit de briser ce joli silence ? Finalement je repense à quelque chose. Et je ne peux pas m'empêcher de rire. Adieu silence, je t'ai cassé. A croire que je casse tout ce que je touche... Ouh. Je me calme et j'explique.

« Je nous ai imaginé en amants du Titanic, ce matin. Tu étais Rose. »

Je ne peux pas m'empêcher de m'arrêter pour rire, terrible. Il faut que je me ressaisisse un peu. Je n'ai pas envie de le vexer... Oh, non ! Je ne veux pas lui faire de peine ! Mon ange, mon cœur. Je n'ai pas envie de le voir triste. Mon rire se noie aussitôt dans ma gorge, et je reprends un peu paniquée.

« Ah, mais ce n'est pas une moquerie ! Je... Pardon. Moi, j'étais Jack, tu sais ? C'était à cause de ma robe. Je me disais que j'allais mourir gelée. Enfin, j'avais tellement envie de la mettre, je... »

Je me perds toujours quand j'essaye de m'excuser. Je trébuche sur les mots, j'ai l'air ridicule. Mes mains se serrent sur mon jupon et je baisse les yeux. Ah, que dire ? Je gâche toujours tout. J'aurais mieux fait de me taire. J'aurais mieux fait de conserver ce joli silence que nous avions avant. Ce silence si doux. Je sais bien que Have préfère le silence. Il y a tellement plus de choses dans les silences que dans les mots. Il est important de toujours savoir écouter les silences. Oui, j'aurais dû m'en rappeler. J'aurais dû. Ma gorge se serre. Moi qui me prétend optimiste, je ne peux pas m'empêcher de broyer du noir. Sad Bianca. Je pose ma tête sur l'épaule de Have devant moi. C'est calme. Apaisant. Je l'aime. Je n'arrive pas à lui dire, mais je sais qu'il sait. Et je sais qu'il sait que moi aussi je sais qu'il m'aime.
J'ai une nouvelle question.
Je me pose toujours des questions. Est-ce que j'ai le droit de lui poser ? Je ne sais pas. Mais c'est lourd. Et ça pèse. Depuis longtemps, depuis toujours. Depuis que je suis une petite fille qui sait. Et si je ne peux pas lui dire. A qui le puis-je ? Personne. Personne. Personne. Bon. Allez.

« Have... Tu crois que je suis vraiment cassée ? »


Hm... Une fois prononcée, cette phrase prend une tout autre dimension. Aaaaaaah ! Bon sang. Vraiment, j'aurais mieux fait de me taire.


Dernière édition par Be le Jeu 3 Mai - 16:23, édité 1 fois
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Sujet: Re: Ouvre tes ailes et visite le ciel ♥ Be Ouvre tes ailes et visite le ciel ♥ Be EmptyLun 9 Avr - 20:44

" Que serait un ciel sans nuage? "

Elle est là et tout va bien. Elle est là et le ciel ainsi que ses nuages n’ont plus d’importance. C’est une activité que j’adore, compter les nuages. On m’a toujours dit que c’était bizarre. Que normalement les gens regardent les nuages en identifiant leurs formes, pas en les comptant. Je ne sais pas pourquoi je les compte… Pour être sur qu’ils existent? Peut être pour me rendre compte à quel point il y en a. Les compter c’est comme… « Je sais ». « Je sais que vous êtes là, que vous existez. Vous ne passez pas juste comme ça, pour rien. Je vous remarque ». Quelque chose comme ça. Oui, je crois que c’est ça. Pour leur prouver à eux qu’ils ont une existence. Que leur vie sert à autre chose que de nourrir la terre de leur eau. Les gens qui les regardent pour leur formes. C’est un peu comme s’ils ne les voyaient pas. Ne les regardaient pas. Il ne les regardent pas comme des nuages, mais comme autre chose. C’est vexant. Oui, je serai un nuage, je serai vexé. Et peut être qu’ils sont vexés, aussi, quand Be arrive et qu’ils ne m’intéressent plus.

Je sens ses doigts sous mes mains et ce seul contact me rend heureux. Je sens ses autres doigts dans mes cheveux, farfouillant, semblant vouloir créer le chaos et j’ai envie de rire. Elle soupire. De soulagement? D’ennui? Peut être juste comme ça. J’espère, si quelque chose l’ennui, que ce n’est pas moi. Elle semble ailleurs un moment. Je la regarde et nos yeux finissent par se croiser. Elle sourit. C’est bon alors? Elle a l’air de vouloir parler mais semble se retenir. Pour ne pas briser le silence sans doute. Ce silence si confortable. Ce silence dans lequel j’aime peut être un peu trop me noyer. Et elle hésiterait surement pour ça. Par peur que je sois embêté qu’elle me ramène à la surface. Mais j’irai n’importe où si elle le voulait. Elle peut briser le silence autant qu’elle veut. Parler même pour ne rien dire. Des heures durant. Je l’écouterais.

Elle rit. Que va-t-elle dire? A quoi pense-t-elle? Va-t-elle me montrer l’intérieur de sa tête. Sa caboche un peu folle mais marrante aussi. Elle a toujours de ces idées Be… Je me demande vraiment où elle trouve tout ça des fois. Il lui arrive de perdre un peu le sens parfois. De faire vraiment n’importe quoi. A mon avis son âme se voit dans ses peintures. C’est tout fouillis, comme elle. Et c’est beau aussi.

« Je nous ai imaginé en amants du Titanic, ce matin. Tu étais Rose. »

Et elle rigole encore plus. Moi, je n’ai pas bien compris. A part le mot « amant » peut être, qui m’a comme fait rater un battement. Amant ça fait joli comme mot. Surement que je ne comprend pas tout ce que ça veut dire. Mais ça fait comme si deux personnes s’aiment tellement qu’elles sont collées l’une contre l’autre et n’arrive plus à se détacher. Comme un seul être, mais au pluriel. Surement que mes idées à moi aussi sont bizarre.
Le reste de la phrase. Elle a dit Titanic mais je ne sais pas… Ce mot ne me semble pas inconnu, ça enclenche vaguement quelque chose dans ma tête, juste assez pour m’avertir que ça je connais. J’ai oublié? Je n’arrive pas à comprendre ce que c’est… Les amants du Titanic? … Un livre?
Et puis. Il y a le Rose aussi. J’étais Rose. Un nom de fille. J’étais une fille. Est-ce qu’elle était l’homme alors? Pourquoi dans sa tête elle a inversée nos rôles?

Elle s’arrête de rire, et dans sa voix il y a comme de la panique.

« Ah, mais ce n'est pas une moquerie ! Je... Pardon. Moi, j'étais Jack, tu sais ? C'était à cause de ma robe. Je me disais que j'allais mourir gelée. Enfin, j'avais tellement envie de la mettre, je... »

Jack. Donc elle était bien le garçon. Ça a à voir avec sa robe. Jack est un travesti? En tout cas Jack meurt gelé. Jack le travesti a dut sortir en robe d’été alors qu’on était en hiver et est mort gelé. Ou quelque chose comme ça. Ou alors j’ai tout faux. Mais c’est drôle s’il est mort comme ça. Pas pour lui, c’est sur, mais il aurait du savoir qu’il aurait très froid dans une robe d’été en hiver. En tout cas, Be est embêtée par ce qu’elle a dit. Par rapport à ce que ses mots font sur moi. Je ne me sens pas insulté d’avoir été une fille nommée Rose dans sa tête. Après tout elle peut penser ce qu’elle veut de moi, à tout moment.

« Elle te va bien, cette robe. Tu es très jolie dedans. »

Une robe blanche, ses cheveux roux éclatent encore plus dessus. Comme ils le font déjà avec sa peau laiteuse. Et ses taches sur son visage, qui font comme un rappel de couleur. C’est quelque chose comme… Harmonieux.

« Et je ne suis pas vexé d’être Rose. Même si je ne sais pas vraiment qui c’est. »

Ça m’intrigue quand même. Alors je lui demande.

« Titanic c’est un roman? »

Parce que, vraiment, je n’ai pas compris le rapport. A moins que Jack ne soit un travesti. Mais qu’est-ce que Rose a de moi? Enfin… Peut être qu’on a rien en commun. Ça n’a peut être qu’n rapport avec ce qu’il se passe dans l’intrigue. Ou alors c’est le couple qu’ils forment tous les deux, les amants, qui nous ressemble. Non. Elle nous a identifiés à chacun des personnages alors…

Et puis une question, d’un coup. Tombée de sa bouche, cherchée tout à l’intérieur d’elle. Une question qui semble importante. La façon dont elle la dite… C’était clair. Elle se l’est elle-même souvent demandée.

« Have... Tu crois que je suis vraiment cassée ? »

Vraiment. Oui, elle le pense.

« Hum… Tu parles de tes jambes? Si c’est ça… J’imagine que oui, tu es cassée. »

Elle a posée sa tête sur mon épaule, et moi je lève les yeux au ciel. Mon regard rencontre les nuages. Les nuages ils peuvent être cassés eux? Ils peuvent comprendre pourquoi Be est triste à chaque fois, quand elle parle de ses jambes? Be elle sourit tout le temps, elle semble aller bien, surmonter les obstacles, être forte. Mais elle n’est pas si forte. Je sais. Je sais qu’il lui faut des moments de calme. Pour réfléchir. Réfléchir à tout. Pour se calmer. Et pouvoir à nouveau sourire. Ça doit lui peser de ne pas pouvoir marcher. De ne pas pouvoir juste bouger les jambes. De voir tout ces gens debout autour d’elle, alors qu’elle est toujours assise. Cassée. Elle se sens cassée parce que ses jambes ne fonctionne pas. Elle se sent cassée parce qu’elle n’est pas normale.

« Mais tu sais… Je pense qu’on est tous cassés quelque part. Je dois être cassé moi aussi. Dans ma tête surement. Oui, il y quelque chose dans ma tête qui a toujours été cassé. »

Mais le cœur ça va. Ça va, je crois. En tout cas, quand je suis avec Be, je me dis qu’il fonctionne bien. Il produit de l’amour alors il va bien. Peut être qu’il n’en produit pas comme il faut, comme les autres, pas dans les même quantités. Parfois pas assez, parfois beaucoup trop. Quand c’est pour Be il en fait toujours beaucoup trop. J’ai l’impression que ça va déborder, que ça va couler en moi. Que mon cœur va exploser et qu’il y aura de mon amour tout partout. Il y aura alors du sang par terre. Du sang qui brille et qui scintille. Avec plein de paillettes dedans. Ou quelque chose comme ça.

« Je ne sais pas… Je ne sais pas quoi faire pour toi… Pour que tu sois heureuse. Tu veux marcher mais… »

Je regarde le ciel depuis un moment maintenant. Je regarde les nuages mais ne les compte plus. Je les regarde, je crois, comme si c’était la première fois que je voyais un nuage. Comme si je ne savais plus compter. Un oiseau passe, fait comme un trait noir, très rapide, dans le ciel.

« Comme un oiseau qui ne pourrait pas voler… Il ne peux que marcher. Et toi tu ne peux que rouler. »

Les nuages ne peuvent pas comprendre. Ça n’existe pas les nuages qui ne volent pas. Je crois.


Dernière édition par Have le Jeu 3 Mai - 16:50, édité 1 fois
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Invité
Sujet: Re: Ouvre tes ailes et visite le ciel ♥ Be Ouvre tes ailes et visite le ciel ♥ Be EmptyJeu 3 Mai - 16:27

« You're my clean white love. »


J'aime quand Have me fait des compliments. Ça me fait toujours doux dans le cœur, et ça me fait monter du rose aux joues. Du rose avec des paillettes ; ça brille, ça éclate, comme un feu d'artifice mais en encore plus beau. En spécial. Surtout aujourd'hui. Parce qu'aujourd'hui, j'ai mis une belle robe, celle qui me plaît le plus, alors... Je suis heureuse qu'il l'ai remarqué, tout simplement. Quelle fille pourrait bien rester insensible devant les belles paroles de celui qu'elle aime ? Je ne sais pas. Pas moi, en tout cas. Peut-être que je suis faible, mais je m'en moque. Cette faiblesse là, j'en veux bien encore et encore, à l'envers, à l'endroit, par tonne et par tartine.
Oui, voilà ! Je suis une tartine. Et Have est de la confiture. A l'abricot, parce que j'aime bien l'abricot. Il me recouvre et m'enveloppe, c'est agréable. Sans lui, je ne suis qu'un bout de pain, avec lui je suis UNE TARTINE DE CONFITURE. Nous sommes un.
Parfois, je me dis que mon esprit est déglingué, lui aussi.

« Hum… Tu parles de tes jambes? Si c’est ça… J’imagine que oui, tu es cassée. »

Oh. Alors Have aussi pense que je suis cassée ? Cassée des jambes, cassée de la tête. J'ai les muscles en guimauve et la caboche en papier mâché. Ma tête posée sur son épaule, je ne peux pas voir son visage. Ses jolies joues rondes qui me font penser que le monde entier est magnifique. Du coup, je n'ai rien pour me raccrocher. Il pleut dans mon cœur. Ça fait mal. Un peu, pas beaucoup. C'est comme la piqûre d'une aiguille sur le bout de mon doigt. Peut-être que je vais faire comme la Belle au bois dormant, d'ailleurs. Je vais m'endormir d'un coup. Oh, ce serait tellement bien ! Je tomberais de sommeil, resterais les yeux clôt pendant des centaines d'années, puis Have me réveillerait et je ne serais plus cassée. Magique.

« Mais tu sais… Je pense qu’on est tous cassés quelque part. Je dois être cassé moi aussi. Dans ma tête sûrement. Oui, il y quelque chose dans ma tête qui a toujours été cassé. »

J'ouvre grand mes yeux pendant un moment, je ne pensais pas qu'il continuerait à parler. D'habitude c'est moi qui parle. Je babille, encore et encore, sur des choses stupides mais qui nous font sourire. Là, c'est moi qui me tais. C'est étrange. Mais j'aime bien. J'adore la voix de Have. Je pourrais l'écouter pendant des heures. Des fois je me demande si je ressens ça « parce que c'est cette voix » ou « parce qu'elle lui appartient », ça me prend du temps. Oui, des fois je commence à me poser ce genre de questions sur lui... Et puis je me rends compte que c'est déjà le soir, et que j'ai passé tout l'après-midi sur ça ! Un peu fou. Oui, je dois être un peu folle. Mais c'est bien. Have est fou aussi, il est cassé de la tête, c'est lui qui l'a dit. Il est comme moi. Être fou tout seul, c'est pas drôle. Mais à deux, ça me dérange pas. Non, non. C'est bien.
Mes yeux me piquent d'avoir été trop ouverts. Alors je les ferme : c'est tout noir dans moi. C'est mieux comme ça. Et puis en fait non, je ne peux plus voir le ciel, si je fais ça. Je sais que Have adore le ciel, alors moi aussi je l'aime. Donc je rouvre les yeux. Mais pas trop. Comme ça je suis entre les deux. Pas trop ouverts, mais pas trop fermés non plus. C'est bien, là, n'est-ce pas ? Je ne dérange personne ?
J'ai toujours du mal à prendre des décisions. Ça se voit, non ? Je suis Paradoxe. Souvent les gens trouvent ça bizarre. Mais je crois que Have aime bien. Alors c'est bien. Oui, c'est bien.

« Je ne sais pas… Je ne sais pas quoi faire pour toi… Pour que tu sois heureuse. Tu veux marcher mais… »


Je l'écoute, et en même temps non. J'entends juste certains mots. « Je ne sais pas », « heureuse », « marcher ». ça me suffit, c'est bien assez. Je n'aime pas Have pour ses mots. Enfin, pas seulement. Je l'aime parce que c'est lui. C'est un tout. Une voix, un visage, un sourire, un regard. J'ai le droit, de l'aimer comme ça, non ? Oui, j'ai le droit ? C'est bien ? J'espère que c'est bien.
Plus je pense, et plus je me dis que je répète souvent ces mots. « C'est bien ». Je ne me rappelle même plus depuis quand je me suis mise à tout vouloir bien faire. Ou peut-être que c'est juste que... ça me rassure ? De me répéter sans arrêt que « tout va bien », « il n'y a pas de problème », « tout est normal » ? Alors ça veut dire que je veux me dire que je suis « normale » ? Alors je me mens à moi-même pour aller mieux ? Parce que personne n'est « normal », non ? Oh là là, que je suis étrange ! D'ailleurs, je suis drôlement impolie, aussi. J'ai posé une question à Have, et j'écoute à peine ce qu'il me dit. Je suis sûre que j'ai zappé quelques unes de ses questions d'avant, même. Je suis horriiiiiiiiiiiiiiiiiible ! Méchante Be, méchante Be ! Have va finir par me manger ! Il va me manger le cœur, d'abord, et puis les jambes, et puis la tête : pleine à craquer de Titanic, de tartines de confiture à l'abricot, de Belle au bois dormant et de paradoxes en tout genre. En soit, le fait de me faire manger par Have ne me dérange pas, mais. Ça voudrait dire que je ne le reverrai plus. Plus du tout. Et ça, c'est triste, tellement triste. Alors il faut que je me concentre un peu plus, que je sois davantage respectueuse de ce que mon amour raconte. OUIIII ! Je suis motivée ! Go Go Be ! GGB !!

« Comme un oiseau qui ne pourrait pas voler… Il ne peux que marcher. Et toi tu ne peux que rouler. »

Ah. Là j'ai écouté. Bien comme il faut, chaque mot, un par un. J'ai tout entendu. Et ça me fait frissonner. Comme un petit éclair qui descend dans mon dos. Je quitte l'épaule de Have pour pouvoir le regarder. Je plante mes yeux dans son regard vert rêveur. Ou en tout cas, j'essaye. Parce que lui observe le ciel. Tant pis, je peux le voir quand même, c'est ce qui m'importe. Je le fixe, de haut en bas. Comme je suis assise, je suis plus petite que lui ; je me demande ce que ça ferait si j'étais debout. Enfin, après tout, peu importe, je ne serais jamais debout. Et là encore, peu importe. Parce que Have m'a répondu. Avec ses mots à lui, ses mots qui résonnent dans la tête, dans les jambes et dans le cœur. Et j'ai compris ce qu'il voulait me dire. Je crois. Parfois, je ne suis pas sûre de tout. Alors je me demande « si c'est bien ». Et si je ne sais pas répondre, ou si j'hésite, je demande à Have. Parce qu'il est là pour moi. Comme là.

« Tu veux dire... Que tout le monde, tout le monde est cassé ? Alors moi, c'est les jambes, mais ce n'est pas grave. C'est ça ? »

C'est peut-être inutile, de poser cette question ; si ça se trouve, tout le monde a déjà compris tout ça. Mais moi je ne sais pas, alors je demande quand même. On ne sait jamais. J'ai un côté très prudent. Il me semble, en tout cas. Doucement, je m'adosse un peu plus sur mon fauteuil, et je laisse le vent passer sur mon visage. C'est tout doux. Les nuages au-dessus de moi paraissent me dire bonjour. « Bonjour Be ». »Bonjour cumulonimbus ». Agréable. Enfin. Je n'ai pas encore tout à fait fini de parler, il faut que je continue.

« En tout cas, c'est intéressant comme théorie ! Et puis moi, ça ne me dérange pas que tu sois cassé de la tête, tu sais ? Je t'aime comme ça. »


Je lui fais un sourire : j'aime sourire. Et j'aime encore plus sourire quand c'est pour Have. Je ne sais pas pourquoi. « C'est comme ça », on dit. C'est peut-être étrange, vu que je suis censée être une surdouée... Conclure par un « c'est comme ça ». Mais c'est vraiment comme ça. Il n'y a rien d'autre à dire.
Là, je m'embrouille dans ma tête.
Il faut que je respire. Que je fasse s'oxygéner mon cerveau ! (C'est une expression vieillotte, ça, non ? Tant pis.) Je laisse tomber ma tête vers l'arrière, mes cheveux se précipitent vers le bas, comme un poids : mais en pas trop lourd. Le bleu du ciel me rentre dans la tête, mélangé au blanc des nuages, c'est très joli. Je tends la main vers le haut, et je commence à faire des mouvements avec mon poignet, comme si je tenais un pinceau. Oui... Quand je rentrerai, je peindrai tout ce bleu et tout ce blanc. Lentement, je laisse retomber mon bras sur mon accoudoir.

« Ce serait bien si on était des nuages... Ou bien des oiseaux. Je suis sûre qu'on s'amuserait bien, là-haut. Tu ne crois pas ? »

Oui, on s'amuserait bien. J'en suis sûre, persuadée même. Pourvu qu'on soit deux, la vie serait belle.


Dernière édition par Be le Ven 4 Mai - 11:08, édité 2 fois
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Sujet: Re: Ouvre tes ailes et visite le ciel ♥ Be Ouvre tes ailes et visite le ciel ♥ Be EmptyJeu 3 Mai - 17:59

"C'est le ciel qui te pousse."

J’entend sa voix et répond à sa question en hochant de la tête lentement, en continuant à regarder le ciel. Je pense à l’oiseau qui vient de passer. C’est triste les oiseaux qui ne peuvent pas voler comme c’est triste les humains qui ne peuvent pas marcher. Ils regardent les autres. Envie, honte, dégout de soi et des autres, jalousie, tristesse… Et quoi d’autre encore? Parce qu’ils ne peuvent pas faire ce qui est naturel pour ceux de leur espèce. C’est sombre, très sombre. Pourtant… Pourtant, je ne sais pas… Mais Be pour moi c’est de la lumière. Elle est tellement claire… Elle rivalise avec le soleil. Peut être pas réellement, mais pour moi si.

« En tout cas, c'est intéressant comme théorie ! Et puis moi, ça ne me dérange pas que tu sois cassé de la tête, tu sais ? Je t'aime comme ça. »

Elle m’aime comme ça. Cassé. Mes parents m’aimaient comme ça aussi. Mais ils étaient content que j’ai quelque chose "d’exceptionnel" en plus de cassé. Et la voisine m’aimait bien aussi. Elle m’acceptait simplement comme je suis. Et ça, c’est formidable, vraiment. Et Be m’accepte, comme je l’accepte, tous les deux cassés.
Oui, on est tous cassés. C’est juste que chez certains ça se voit plus que chez d’autres.
Nous deux ont est pas cassés. On est pétés, complètement explosés. Et exposés aussi. Aux regards des autres, parce qu’on ne cache rien, parce qu’on ne peut pas cacher ça. C’est trop grand, trop gros, trop fort, trop nous, pour pouvoir être caché. Pour que les autres ne nous voient pas il faudrait se cacher entièrement nous même. Pas un seul cheveux qui déborde, pas un seul souffle entendu. Il faudrait arrêter de vivre. Et si j’arrête de vivre je ne voit plus Be. Et ça je ne veux pas. Je vivrai toujours, je deviendrais immortel, et je ferais qu’elle le soit aussi. Pour qu’on reste ensemble, toujours. Même quand il n’y aura plus rien d’autre que nous deux dans l’univers.

Parfois ça fait mal d’être avec Be. Dans mon cœur. Ça bat trop fort. Il se jette dans ma cage thoracique, violemment, d’os en os. Et j’ai l’impression qu’il va tout casser, et puis perforer ma peau et se jeter à l’extérieur. Surement sur Be. Mon cœur lui tombera dans les mains, et sa peau toute blanche sera rouge de mon sang qui scintille. Mais même si ça fait un peu peur, même si ça fait vachement mal, j’en reveux encore. Je suis peut être fou. Non. Je suis fou. Fou d’elle peut être, en plus du reste? En plus d’avoir la tête cassé, je suis tombé malade du cœur. Et le virus c’est Be. Elle est entrée en moi et n’en ressort plus. Elle a trouvée l’endroit le plus moelleux, le plus chaud, et en a fait son nid. Son nid d’oiseau.

« Ce serait bien si on était des nuages... Ou bien des oiseaux. Je suis sûre qu'on s'amuserait bien, là-haut. Tu ne crois pas ? »

Oiseau. Des oiseaux. Oh, j’adorai être un nuage je crois. Si j’étais un nuage et que Be était un oiseau… Alors elle ne pourrait peut être toujours pas marcher, mais pourra voler. Et on voyagera ensemble. Quand elle sera fatiguée de battre des ailes, je la laisserai se poser sur mes formes cotonneuses. Elle s’installera confortablement dans mon blanc, comme elle le fait déjà dans le rouge de mon cœur. Et tous les autres oiseaux et nuages nous regarderont bizarrement, comme le font les humains déjà maintenant. Je ferais attention, aussi, à jamais pleuvoir entièrement, pour qu’il y ai toujours un bout de moi avec elle, qui se reformera à chaque fois. Être dans le ciel avec Be…

Je retombe ma tête. La regarde. Sa tête est en arrière, et présente son cou.
Elle est petite, assise dans son fauteuil. Je suis petit, d’âge et de taille. Mais toujours plus grand qu’elle quand je suis debout. Mais assis ou debout, ça m’est égal. La taille, comme l’âge, ça m’es égal. Ça m’es égal le visage choqué des gens qui apprennent qu’on s’aime. Parce qu’on s’aime, c’est entre nous deux, et ça ne les concerne pas. Qu’on soit différent ça m’es égal. Parce qu’on est pareil. On s’additionne, se complète, s’entremêle, se mélange. On est deux composants qui forment un tout. Un gâteau, oui, pourquoi pas. Un gâteaux gout nuage, couleur amour, et décoré en plumes d’oiseaux. Un beau gâteau. Crémeux. Et tout doux. Des parts, j’en reprendrais encore et encore. Et je ne laisserai personne nous croquer.

Je me concentre sur Be. Détaille les formes devant moi. Ondulé pour la tête, lisse pour les bras et jambes, haché pour la robe. Et tout ça, dans un fauteuil. Ce fauteuil qui l’embête. Qui m’embête même moi par conséquent.
Et j’imagine.
Deux ailes d’un blanc éclatant, s’étaler dans son dos. Immenses. En un seul coup ils la soulève, et elle se tient debout, en l’air. Et son fauteuil reste à terre. Peau blanche, robe blanche, ailes blanches. Et nuages blancs dans le ciel qu’elle s’en va rejoindre pour jouer avec.
Si elle devenait un ange…

« Be… Tu es un ange. »

Je ne sais pas comment elle va réagir. Je ne sais pas ce qu’elle va penser. Je ne sais pas ce qu’elle va dire. Mais je ne sais pas ce que je dis non plus.

« Tes ailes vont pousser un jour et il te suffira d’apprendre à voler. C’est évident que si tu n’es faite ni pour l’eau ni pour la terre, c’est alors pour le ciel. »

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Sujet: Re: Ouvre tes ailes et visite le ciel ♥ Be Ouvre tes ailes et visite le ciel ♥ Be EmptyVen 4 Mai - 11:07



Moi, je pense que si des personnes nous écoutaient, elles ne comprendraient rien de rien à notre conversation, à Have et moi. Parce qu'en fait, on se pose des questions... Mais ce ne sont pas des questions pour parler, alors on ne se répond pas. Non, ce sont des questions pour réfléchir, pour imaginer. Des questions pour voyager, dans nos têtes à nous. Nos têtes reliées par un câble rouge sang, rouge cœur, rouge amour. Et les autres, ils n'ont pas ce câble. Alors forcément, ils ne peuvent pas comprendre. C'est un peu comme ces chaînes à la télé. Si on n'a pas le satellite qui va avec, on les capte pas. Là, c'est pareil, exactement la même chose.
La tête penchée vers le ciel, j'imagine ce drôle de câble sortant de ma tête, ce satellite attendant notre appel, là-haut dans l'espace. Quelque part entre Uranus et Neptune sûrement. Ça m'occupe, ça me fait oublier mon fauteuil et mes jambes tordues. Je nous vois, Have et moi, deux oiseaux gris (pas blancs, nous sommes trop cassés pour ça) fendant l'air pour nous approcher de plus en plus de ce satellite, encore et encore, pour que la connexion soit de plus en plus forte, jusqu'à ce qu'on ne devienne plus qu'une seule et unique étoile. Étoile grise. Un peu cassée, un peu fendue. Mais une étoile quand même. J'adore les étoiles.

« Be… Tu es un ange. »

Cette remarque me fait redescendre sur Terre. Je relève la tête pour pouvoir observer Have ; je dois avoir un air un peu étonné. Des yeux en points d'interrogations, des tâches de rousseurs dansant sur mon visage. Je me demande comment il en est arrivé à cette conclusion. Peut-être qu'il va me le dire ? Oh, j'aimerais bien.

« Tes ailes vont pousser un jour et il te suffira d’apprendre à voler. C’est évident que si tu n’es faite ni pour l’eau ni pour la terre, c’est alors pour le ciel. »

Je reste un instant sans vraiment réagir. Ou plutôt, si : je réfléchis. Est-ce que l'idée me plaît ou pas... Être un ange, c'est un peu prétentieux, non ? En même temps, c'est vrai que je ne sais ni marcher, ni nager, à peine rouler. Alors pourquoi est-ce que je n'aurais pas le droit de voler ? Aucune raison. Et puis, ça me plairait je crois. Avoir de larges ailes, immenses vraiment, suffisamment fortes pour me porter. Et pour porter Have, aussi, forcément. Je n'irais nulle part sans lui de toute façon. Plutôt mourir.
Ça fait tragique, tout ça, n'est-ce pas ?
Je sens le coin de mes lèvres s'étirer. Ah, je n'ai pas pu m'empêcher de sourire ! Je voulais faire peur à Have. Je voulais lui faire croire que j'étais fâchée. Ça aurait été une expérience intéressante... Mais il faut croire que je suis incapable de tenir. Finalement j'éclate de rire et je me penche un peu pour le prendre dans mes bras. J'aime bien son odeur. Elle est rassurante. Un mélange indéfinissable, un peu sucré, un peu salé. Mais je m'écarte vite quand même. Parce que je n'ai pas envie qu'il se lasse. Et parce que je n'ai pas envie de passer pour plus cruche que je ne le suis déjà. (Croyez-moi, j'atteins déjà des sommets jusqu'ici inexplorés.)

« Je ne sais pas si je suis un ange, mais si tu le dis, je te crois. J'espère que j'apprendrai vite à voler ! Je t'emmènerai avec moi, ce sera bien. »

Ma voix se perd, mes yeux se fondent dans le vide.

« Ce sera bien... »

Ça y est, je suis partie. Ça m'arrive parfois, je m'en rends compte mais je ne fais pas exprès. Je me déconnecte. Mon esprit va ailleurs, très très loin. Je ne sais pas exactement où, mais en tout cas c'est assez étrange. Je n'aime même pas spécialement ça. Surtout quand je suis avec Have. Je n'ai pas envie de m'en aller. Mais bon, c'est trop tard maintenant, cessons de se lamenter ! Voyons voir où j'ai atterri... Ah, il y a des pommiers. Un... Rocher je crois... Et des maisons. Pas très original. Enfin, c'est correct. Calme. Une fois, je me suis retrouvée dans un cimetière, c'était pas la joie. Passons.
Je me demande si je ne dors pas.
Lentement, je baisse les yeux. Pas de fauteuil. Tout s'explique ! Je rêve. Je suis vraiment stupide de ne pas m'en être rendue compte avant, quand même. Ça doit être mes médicaments, ils donnent sommeil... Mais bon, le plus important, c'est que je me suis endormie dans ce parc avec Have, et qu'il va probablement encore me juger impolie. Mauvaise Be, méchante Be. Il faut que je me réveille. Doucement, je me pince le bras. Rien. Je recommence, plus fort. Toujours rien. Ouh là là. Je lève les yeux, et d'un seul coup, les maisons me font peur. On dirait qu'elles me sourient, mais comme ces méchantes sorcières dans les contes pour gosses. Même les pommiers ressemblent à des Terminators. Je passe le rocher, je suis déjà effrayée. C'est bête, d'avoir peur dans un rêve, n'est-ce pas ? Ce n'est pas la réalité, ce n'est pas la réalité, ce n'est pas la réalité... Mais en fait, plus je me répète ça, plus je panique. J'ai peur. Pourquoi Have n'est pas là ? Pourquoi est-ce qu'il ne vient pas me chercher ? Un courant d'air froid me frôle les pieds, je baisse à nouveau les yeux. Sous moi, il n'y a que du vide. Et brusquement je tombe, je tombe, je tombe dans le noir. Je suis Alice au pays des merveilles. En rousse. Et à la différence que je n’atterris jamais de cette drôle de chute. Je me contente de tomber, encore et encore. Tout seule.

Mes yeux s'ouvrent d'un seul coup.

« HAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAVE ! »

Je le cherche des yeux avec mon visage tout effrayé des cauchemars. Il est juste là, à côté. Avec ses cheveux jamais coiffés et ses yeux-amour que j'aime tant. J'ai dû lui exploser les tympans. Oups. Je plaque ma main droite devant ma bouche, d'abord. Et puis la gauche ensuite. J'ai les yeux qui pleurent, le cœur qui bat trop vite, la tête en vrac. Je n'imagine pas l'état de mes cheveux. Mais il faut que je m'explique. J'écarte un peu mes mains de ma bouche.

« Pardon. Pardon, pardon, pardon. Je crois que j'ai peur du noir sans toi. »

Et puis je plaque à nouveau mes mains sur mes lèvres. J'ai la voix qui tremble de toute façon.
C'est idiot, les rêves. C'est du faux, rien que du faux. Et pourtant ça fait peur comme jamais.

Je dois plus ressembler à un fantôme qu'à un ange. Pourquoi, Have ? Pourquoi ? J'aurais tant voulu être un ange...
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Sujet: Re: Ouvre tes ailes et visite le ciel ♥ Be Ouvre tes ailes et visite le ciel ♥ Be EmptyMer 16 Mai - 16:57

"J'aime le ciel parce qu'il est dans tes yeux."

Sa bouche devient un o. Un joli o, tout rond, parfait, bordé de ses lèvres roses qui finissent par s’étirer dans un sourire. Puis elle se met à rire. Un rire très fort, qui vient du cœur. Un rire honnête, qui la fait se plier en deux. J’ai bien vu que pendant un instant elle a voulu se retenir. Retenir ce tremblement du ventre qui finit en un bruit qui enveloppe tout l’air.
Elle finit par se ressaisir. Je ne comprend pas pourquoi se terme de ressaisit. Comme si on fait quelque chose de mal, que l’on doit se reprendre, redevenir sérieux… Moi j’aime quand Be est elle-même. Quand elle n’est pas sérieuse. A quoi bon être sérieux? Je ne vois rien de sérieux dans ce monde. En fait, tout y est absurde, ridicule. On pourrait rire franchement comme Be vient de le faire pour tout ce qu’on voit, tout ce qu’on entend…
Même l’amour c’est pas sérieux. Voir, en fait, c’est la chose la moins sérieuse qui existe. L’amour, je crois, c’est toujours unique. Parce que tout le monde a l’air de s’aimer différemment. Pourtant les gens en parle comme s’il n’y avait qu’une façon d’aimer, universelle. Ces gens ont tord.

« Je ne sais pas si je suis un ange, mais si tu le dis, je te crois. J'espère que j'apprendrai vite à voler ! Je t'emmènerai avec moi, ce sera bien. »

J’imagine un instant. Be en dehors de son fauteuil, me prenant, et d’un coup d’ailes ou deux, m’emmène très haut dans le ciel. Si haut qu’on toucherai les nuages.
Be deviendrait un peu mon siège alors. Parce que je ne pourrai pas être dans le ciel sans ses bras, mes accoudoirs. Comme elle ne peut pas se déplacer au sol sans ses roues…

« Ce sera bien... »

Je la voit partir. Sa voix se brise, se rend muette. Puis ses yeux se ferment pour l’emprisonner dans l’ombre. Be s’en va. Je ne sais pas où. Dans de jolies rêves j’espère. Ce serait dommage de faire des cauchemars alors que les nuages veillent à protéger sa tête.
Ça ne me choque pas vraiment, qu’elle s’endorme comme ça. Je l’ai déjà vu faire plusieurs fois. C’est comme si son cerveau était fatigué, alors il éteint tout. Non, son corps n’est pas toujours très gentil avec elle. Il ne lui demande pas toujours la permission avant de faire ce qu’il veut. Comme si c’était Be qui appartenait à son corps, et pas l’inverse.

J’attend, je la regarde. Elle bave un peu, c’est mignon. Étrange, je n’ai jamais trouvé ça mignon chez quelqu’un d’autre. Enfin, ça me va. Je trouve ça bien en fait, de ne penser certaines choses que pour Be. J’aime ses cheveux roux. Les mèches rousses ne m’ont jamais parues aussi incroyable que celles de Be. Elles aspirent le soleil, et lui renvoi la lumière qu’il leur a prêté. Be c’est un peu comme la vierge Marie, avec cette auréole de lumière tout autour de la tête. Après, leur histoire n’est pas la même. Je préfère celle de Be en fait. Tout ce qu’elle me raconte. Chaque mots qui tombent de ses lèvres je les collecte dans mes mains, comme un assoiffé collecterait de l’eau.

Ses cils papillonnent. Ah, il se passe quelque chose. Ses lèvres peu après font une grimace, puis c’est le tour de ses sourcils. Fait-elle un cauchemar? Ça en a tout l’air. Ses doigts se referment sur ses accoudoirs. Elle doit vraiment avoir peur… Mais je ne sais pas quoi faire moi pour l’aider. La réveiller serait le plus simple, mais je ne sais pas comment elle va réagir… J’aurai du la réveiller dès qu’elle s’était endormit peut être? Je sais qu’elle n’aime pas partir quand je suis là. Elle s’excuse toujours énormément après en disant qu’elle est vilaine. Alors que c’est faux, elle n’est pas vilaine du tout. Elle est adorable quand elle dort.
Mais je n’aime pas quand ses rêves se transforment en cauchemars.

Soudain, ses yeux se rouvrent, d’un coup, sont énormes. Et sa bouche s’écarquille. Refaisant un o, comme tout à l’heure, mais géant, et distordu. Comme si on l’avait frappé, bousillé, complètement battu jusqu’à ce que sa forme d’origine se fane et devienne une patate écrasée.
Elle hurle.

« HAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAVE ! »

Je ferme les yeux un instant, sous le coup de la surprise. Comme si son cri m’avait donné un coup. Un coup au cœur, elle m’a vraiment fait peur.
Puis je les rouvrent, en fente d’abord, et relève la tête, doucement. Mes yeux enfin complètement ouverts et mon visage tourné vers elle je la voit en panique. Elle met ses mains sur sa bouche, comme si elle avait fait quelque chose de vraiment très mal. Et elle pleure.

« Pardon. Pardon, pardon, pardon. Je crois que j'ai peur du noir sans toi. »

Je ne sais pas quoi dire. Maintenant c’est ma bouche qui a la forme d’un o. Je n’ai pas compris. Pas saisi. C’est un peu beaucoup d’un coup. C’était calme, pourtant elle était tourmentée. Et je ne l’ai pas aidée. Même dans ce rêve-cauchemar apparemment puisqu’elle a dit « sans toi ». Sans moi. Elle était seule, sans moi. Je n’étais pas avec elle, à ses cotés. Je n’étais pas là pour la sauver.
La sauver de… Je ne sais pas. Mais ce n’est pas ça qui compte. Je n’étais pas là, point. Elle doit drôlement m’en vouloir…
Je devrai toujours être là pour elle, qu’elle puisse me trouver dès qu’elle tourne la tête ou m’appelle.

Je ne sais vraiment pas quoi lui dire. Je me sens honteux je crois. Parce que ces larmes là, qui fondent sur ses joues, qui gonflent ses yeux, c’est de ma faute, non? Je suis bien inutile… Je dois bien être un poids pour la rendre malheureuse comme ça.

J’essaye de me ressaisir. Je ne l’ai déjà pas aidée dans son cauchemar, je ne dois pas l’abandonner maintenant non plus. La réconforter. Trouver quelque chose réconfortant à dire, oui… Je cherche. Je ne sais pas ce qu’elle a vu, vécu, ce qu’on lui a fait peut être. Je trouverai quelque chose avec les éléments qu’elle m’a donnée. Noir. C’est le mot. Le mot clé. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé, mais il faisait noir, je n’étais pas là, et ça lui faisait peur.

« … Je suis là. Et ici il ne fait pas noir. Il ne fait jamais noir. Même la nuit. Il y a toujours les étoiles pour illuminer le ciel. »

Ajouter. Insister. Réconforter… Trouver un point d’appui. Quelque chose auquel s’accrocher. Quelque chose… Auquel elle pourra penser, les autres fois où il fera trop noir pour elle. Trouver quelque chose pour la calmer…

« Tu sais, le ciel… Même de nuit, tu pourras le visiter. Un jour. Avec tes grandes ailes. Tu verras la lune et les étoiles plus grosses que tu n’auras jamais pu. Ça devrait te plaire… »

Je la regarde. Je ne sais pas quoi ajouter d’autre. Je me sens coupable et je ne sais pas si ces quelques mots on rachetés ma faute. M’en veut-elle? Son regard effrayé me désespère. Moi je n’ai pas peur du noir. J’ai peur de Be. D’elle, et pour elle. J’ai peur de ses larmes. De ses pleurs tournées vers moi. J’ai peur de ne pas lui apporter ce qu’elle demande, ce dont elle a besoin. J’ai peur… Qu’un jour elle ne m’aime plus. Ça me fait des frissons d’horreurs dans tout mon corps. Maintenant, d’un coup, alors que tout allait bien, j’ai peur. J’ai si peur… C’est contagieux, un peu. Est-ce que je ressens tout ce qu’elle ressent? On pourrait être connectés jusqu’à ce point là? Si c’est le cas, elle ne me dira jamais un jour « Je ne t’aime plus », j’espère…

Mes yeux me piquent. Je sens bien que mon regard est devenu triste aussi. Je me relève un peu, et détache ses mains de sa bouche, pour les serrer dans les miennes. Ses mains sont plus grandes que les miennes. Puis je laisse tomber ma tête lourde soudain, dans son cou. Son cou mou, et chaud. Je sens ses veines palpiter. Je compte les battements. Je ne sais pas pourquoi je compte tout comme ça. Là ce serait pour savoir combien de battements par minutes, logiquement. Mais je ne fais pas comme ça. Je devine juste son cœur paniqué en regardant son cou blanc. Comme du sang sous de la neige…

« Je serai là aussi longtemps que tu voudras de moi… »
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Sujet: Re: Ouvre tes ailes et visite le ciel ♥ Be Ouvre tes ailes et visite le ciel ♥ Be EmptySam 26 Mai - 15:08



Je dois être un peu bête, en fait. On m'a casée dans un orphelinat pour jeunes surdoués, mais ils ont dû se tromper dans leurs calculs. Je ne suis PAS intelligente. Je suis juste un chiffre sur un papier. Un quotient intellectuel.
Cent quatre-vingt cinq.
Pour eux, ça suffit. Mais pour moi, ce n'est pas assez. A quoi ça sert, au fond, d'être surdouée, si je ne suis pas capable de faire le bonheur de Have ? Je m'en fous, moi, des mathématiques, des langues, de la biologie et de la physique moléculaire. Je serais même prête à balancer la peinture en Enfer si je pouvais, rien qu'une fois, être sûre et certaine que je lui suffis, que ça lui va, que je sois aussi idiote et dépendante de son être. Et Dieu seul sait à quel point j'aime peindre. Mais c'est comme ça, je préfère Have à la peinture. Il est mille fois, non, un milliard de fois mieux que la peinture. Ces tâches de couleurs que j'affectionne tant ne valent pas un seul de ses sourires en demi-lune. Ces pinceaux qui me caressent le visage ne sont rien face à ses doigts tendres.
Je l'aime tellement. Tellement que parfois, je me demande si ce n'est pas mal. Vous savez, ce qui m'inquiète, c'est cette théorie, là. Comme quoi on a tous une part bien définie de bonheur, dans la vie. Et bien la mienne, elle doit bientôt être épuisée. Et qu'est-ce qui se passera, après ? Le jour où je n'aurais plus droit au bonheur, qu'est-ce qu'il arrivera ? Est-ce que Have me sera enlevé ? Mais je ne peux pas vivre sans lui. Alors quoi ? Je devrais mourir ? Mais est-ce que je le reverrai, dans la mort ? Je ne sais pas. Je ne sais pas. Tout ce que je sais, c'est que je ne peux m'imaginer un monde sans lui. Et que tout ces points d'interrogations me terrifient au plus haut point. Cet avenir dans le noir, cet avenir où il n'est pas, me déchire le cœur, le coupant en mille morceaux et l'éparpillant aux quatre vents.

« … Je suis là. Et ici il ne fait pas noir. Il ne fait jamais noir. Même la nuit. Il y a toujours les étoiles pour illuminer le ciel. »

Je me sens trembler. Le son de sa voix m'électrifie, me rend incapable de penser correctement. Je disjoncte totalement.

« Tu sais, le ciel… Même de nuit, tu pourras le visiter. Un jour. Avec tes grandes ailes. Tu verras la lune et les étoiles plus grosses que tu n’auras jamais pu. Ça devrait te plaire… »

Mes grandes ailes... Have doit parler de ces ailes d'ange dont il m'affuble. Ces jolies ailes, blanches, pures. Il semble persuadé qu'elles m'iront à merveille. Je n'en suis pas si sûre. Après tout, je ne suis pas si parfaite que ça. J'ose me proclamer optimiste alors qu'au moindre coup de vent, à la moindre contrariété, je m'écroule. Je suis jalouse, orgueilleuse, capricieuse même de temps en temps. J'ai peur pour un rien, crie, tremble, pleure. J'aimerais bien, pourtant... oui, j'aimerais bien être assez forte pour les mériter, ces ailes d'ange. J'aimerais pouvoir dire que je suis un roc contre lequel Have peut s'appuyer à tout moment. J'aimerais pouvoir dire que, s'il est toujours là pour moi, je suis toujours là pour lui. Mais ce n'est pas vrai. On peut dire tout ce que l'on veut, Have m'a beaucoup plus apporté que l'inverse. Mon incroyable Have. Mon merveilleux Have.

Celui qui arrive à desserrer mes mains de ma bouche alors qu'elles y paraissaient scellées à jamais. Celui qui est capable de me rassurer rien qu'en me transmettant sa chaleur par le biais de ses doigts de jeune garçon. Celui qui fait battre mon cœur à tout rompre rien qu'en posant sa tête dans mon cou, véritable bombe à retardement posée dans mes veines.

« Je serai là aussi longtemps que tu voudras de moi… »

Je frémis. C'est tout doux de l'entendre me dire ça, et à la fois un peu effrayant. Comme un gentil monstre caché sous mon lit. Je sais qu'il ne me fera pas de mal, mais je ne peux pas m'empêcher de m’inquiéter. Il faut que je rajoute ce défaut à ma liste. Stupide, jalouse, orgueilleuse, capricieuse, froussarde et inquiète de nature. Ça commence à faire beaucoup, non ?

Je laisse passer un silence. Je sais que Have ne dira rien de plus. Il a terminé, ça s'est senti à cette intonation qu'il prend quand il finit de parler. Alors c'est à moi de poursuivre. Mais je ne sais pas. Les mots m'échappent, comme de petits oiseaux qui s'envoleraient à tire d'ailes. Je sais que Have est triste, un peu. Parce qu'il se dit qu'il n'arrive pas à m'aider malgré tout ses efforts, parce que je l'inquiète. Il se demande probablement pourquoi je suis aussi compliquée, pourquoi je ne vais pas mieux alors qu'il fait tout pour. J'en suis tellement désolée.

Mais il y a des jours où « être désolée » ça ne suffit pas. Il y a des jours où il faut agir. Des jours comme aujourd'hui je suppose. Have m'a rassurée, réconfortée. Il m'a enveloppée dans de jolies paroles quand j'étais au plus mal. Maintenant, c'est à mon tour. Je ne suis pas tout à fait sûre de savoir comment on fait. Je n'ai jamais essayé. Je verrais bien.

« Alors tu resteras avec moi... toujours ? Je ne sais plus vivre sans toi. Je me rappelle avoir vécu avant, mais c'est tellement flou, tellement creux. Je me souviens de mes parents, de ma chambre avec le soleil qui brillait dedans, de mon lit qui se froissait sous le poids de mes jambes que je ne sentais pas. J'étais heureuse, mais j'arrivais à m'imaginer autre part, autrement. Maintenant, ce n'est plus pareil. Je n'arrive plus à me dire que je pourrais être quelqu'un d'autre, sans toi. Ce n'est plus possible. Plus du tout. Je. Je dois te paraître un peu idiote mais. Mais je veux que tu saches que si un jour l'on doit se séparer, ce ne sera pas le résultat de mes mots. Je te le jure. »

Précautionneusement, je tourne un peu la tête. Mes yeux se plantent dans les siens, verts sombres ; deux pierres précieuses sans fin. Et puis je me penche légèrement et effleure ses lèvres des miennes, comme on caresse la couverture d'un livre aimé. Doucement, tendrement.
J'ai le cœur qui papillonne, je compte jusqu'à trois.
Ce nombre atteint, je me recule précipitamment, j'ai l'impression d'avoir fait une bêtise. Je sens mes joues s'empourprer. C'est l'un des problèmes des roux, on voit tout de suite quand ils sont embarrassés... En l’occurrence je dois plus ou moins m'approcher de la teinte d'une pivoine en plein soleil.

« Ah, je. Je. Je. »

Là, je bug. Ça m'arrive souvent, c'est effrayant, mais ça ne dure pas. Quand je vous dis que je suis bête... En même temps, j'ai des circonstances atténuantes. Je me sens vraiment terriblement fébrile.

« Je. Je t'aime. Je veux visiter le ciel avec toi. Alors ne me quitte jamais, s'il te plaît. »


S'il te plaît, Have... aime-moi.
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Sujet: Re: Ouvre tes ailes et visite le ciel ♥ Be Ouvre tes ailes et visite le ciel ♥ Be EmptyMer 6 Juin - 15:00

« Pourquoi les gens qui s’aiment sont-ils toujours un peu les même? »

Elle parle. Ses mots tombent, un à un dans mes oreilles. Ça a un effet bizarre. Différent. Doux, et dur en même temps. Chaud et froid. Parfait et cassé.
… Ce qui est cassé est parfait. Be est parfaite.
C’est des souvenirs. Pas les miens. Et c’est là, dans sa voix. J’entend, je ressens. Mais je ne sais pas. Je vois mais ne peut pas toucher. C’est lointain. Ce sont des souvenirs dans lesquels je ne suis pas.
Et elle dit qu’elle ne peut pas vivre sans moi. Qu’elle ne peut plus. Qu’avant, c’était différent. Qu’avant, ce n’était rien? Enfin… Pas rien, mais… Incomplet? Peut être…

Je crois que je ne peux plus vivre sans elle non plus. Non. Je suis sur. Je ne pourrais pas, c’est tout. Quand mes parents sont morts il y a eu un bug en moi. Une erreur dans tout le système. Mon corps était vivant mais il me semblait que mon âme non. Je voyais les choses mais ne réfléchissais plus. N’écoutais plus. Rien n’avait d’importance. Revenir à moi ça a été dur. Je me suis même demandé comment j’avais fais. Si j’étais un monstre. Me remettre de la mort de mes parents. De la mort des êtres qui m’étaient les plus chers. Pas eux seulement. Tous ceux que j’aimais alors, je les ai perdus. Je me disais… Que je n’avais plus le droit d’aimer. Que je ne le méritais pas. Parce que je ne sais pas aimer? En tout cas, pas assez. Ou pas correctement. Il y a quelque chose qui manque quand j’aime.
Mais après, il y a eu Be. Et dès qu’elle m’a sourit… Je ne sais pas. Mon cœur a fait « Boum ». Un gros « Boum ». Un qui fait beaucoup de bruit. Qui fait très mal. Qui surprend. Oui, j’ai eu un hoquet du cœur, alors. Et elle est ensuite devenue peu à peu de plus en plus importante. Jusqu’à ce que… Mon cœur n’appartienne qu’à elle, au final. Je pourrais l’arracher pour le lui donner, si elle me le demandais. Je m’en fiche que ça fasse mal. Je m’en fiche si je n’ai qu’elle. Elle est bien suffisante. Bien plus que suffisante.
C’est mon monde, Be, en fait. Oh. Je suis les nuages qui tournent et tournent en rond autour de la terre, sans jamais se lasser.

Ses yeux sont plantés dans les miens. Ça me surprend. Je ne m’y attendais pas. Je suis parti loin, très loin dans mes pensées. Un peu comme mon père, le grand voyageur, qui passait son temps dans la lune. Moi je n’ai jamais réussi à quitter la terre et aller dans l’espace, comme lui. Mais si c’est Be la terre, je ne veut pas partir. Jamais. Je veux rester avec elle pour toujours.

Be me dégage de sa nuque. Je ne comprend pas mais me laisse faire. Jusqu’à ce que ses lèvres se posent sur les miennes. Quelques secondes à peine. Un baiser. Oui, c’est ça? Beaucoup de gens s’embrassent. Quand ils s’aiment, quand ils sont « ensemble ». Et c’est-ce qu’on est, avec Be. Je crois… Oui, c’est ça? En couple. Les gens disent « en couple ». Pourtant je trouve que ça ne nous va pas. Elle avait dit quoi tout à l’heure… Amants. Amants, peut être? Les gens tout collés parce qu’ils ne peuvent pas se séparer, qu’ils s’aiment trop pour ça. Mais même ça je ne suis pas sur que ça nous aille. Peut être... Peut être faudrait-il inventer un nouveau terme, rien que pour nous deux.

Be s’en va, elle recule, d’un coup. Mes yeux doivent être bien ronds. Je n’ai pas vraiment compris la suite de mouvements. Elle rougit. Puis bégaye. Oui, Be, tu tu tu?

Je pince mes lèvres. Celle du haut vient embrasser celle du bas. Jamais. Jamais Be ne m’avait embrassé. On est un couple, même plus que ça. Et tous les couples le font. Et même des gens qui ne s’aiment pas. Les acteurs par exemple. Ils n’aiment pas toutes les personnes qu’ils embrassent dans les films. En tout cas je ne pense pas. Ça m’a toujours déstabilisé un acteur que l’on retrouve dans plusieurs films. Quand je le vois une fois, je pense qu’il est le personnage. Et quand je le vois une deuxième fois, être un autre personnage, je ne comprend plus rien. Pourquoi n’a-t-il plus le même nom? Pourquoi sa vie n’est plus la même? Pourquoi embrasse-t-il quelqu’un d’autre?

Be arrive à parler maintenant. Elle a le regard ailleurs, qui semble m’éviter. Elle ne me regarde plus dans les yeux, comme elle faisait tout à l’heure.

« Je. Je t'aime. Je veux visiter le ciel avec toi. Alors ne me quitte jamais, s'il te plaît. »

Elle m’a embrassé. Mais je n’ai pas compris. Elle est venue, et partie si vite. Je n’ai pas saisi. Les gens apprécient les baisers, non? Ce doit être pour ça qu’ils s’embrassent aussi souvent. Moi je n’ai rien senti. Ou à peine.

Je ne lui répond pas. C’est méchant. Même mon regard est méchant. Je fronce les sourcils. Je fronce rarement les sourcils. Mais ça m’énerve. Ça m’énerve de ne pas comprendre. Alors que tout le monde semble saisir…

Alors je m’avance. Je met mes mains sur ses jambes, elles seront mon appuis. Je ne sais pas comment faire en fait. C’est simple pourtant. Alors pourquoi ça me semble horriblement compliqué? Je pose mes lèvres sur les siennes et… J’ai fais ça doucement, ça a fait un effet bizarre. Comme mordre dans un bonbon. Mes lèvres touchent à peine les siennes, mais c’est tout doux. J’ai les yeux plissés, mais pas fermés. J’ai vraiment l’impression de manger quelque chose de sucré. Et c’est bon. Pourtant je n’aime pas trop les bonbons… J’imagine que ça suffit. Ça a duré plus longtemps que son baiser à elle, mais je voulais goûter. Goûter, oui. C’est vraiment comme manger. En plus agréable et tendre. Les lèvres c’est du marshmallow.

J’écarte mon visage. Elle a l’air choquée. Je n’aurais pas du faire ça peut être… Je me rassoie par terre et repince mes lèvres. Si les bonbons étaient aussi bons je crois que j’en mangerais plus souvent. Tout le temps même. Hum. J'ai faim maintenant...
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Sujet: Re: Ouvre tes ailes et visite le ciel ♥ Be Ouvre tes ailes et visite le ciel ♥ Be EmptyMar 19 Juin - 21:25

Ouvre tes ailes et visite le ciel ♥ Be Bgb4m

« Eh, dis, dis.
- Quoi ?
- Tu crois que la vie elle est plus belle, quand on est un papillon ?
- J'sais pas. Envole-toi, et tu verras. »


Parfois, je me dis que je suis très en retard, dans ma tête. Enfin, je veux dire. Par rapport aux autres filles de mon âge. Celles qui embrassent des garçons tous les jours comme si c'était normal. Alors que moi... il suffit qu'il m’effleure pour que je tremble comme une feuille. De loin, je dois paraître un peu pathétique, non ? Carrément. Mais c'est si bon. Si bon de me sentir observée avec ces yeux-amours, si bon de pouvoir mettre en désordre ses cheveux, si bon de pouvoir le serrer dans mes bras. J'ai beau ressembler à une enfant de six ans, avec mon amour tout en couleurs et en marshmallow, je ne peux plus m'en passer. C'est ma drogue, mon carré de ciel bleu, mon morceau de douceur que je grignote tout doucement pour ne pas en perdre une miette.
Alors je ne sais pas ce qui m'a pris, de l'embrasser.
Je suis si bête, si bête. Je n'aurais pas dû, je ne sais même pas pourquoi j'ai fais un truc pareil. Maintenant Have a l'air fâché. Il ne parle pas, ne bouge pas. Il n'y a que ses sourcils qui marquent son mécontentement. Ils sont froncés, serrés, très serrés, comme deux petits éclairs qui chercheraient à se rejoindre. Have ne froncent jamais les sourcils, d'habitude. Encore moins avec moi. C'est que j'ai fait quelque chose de mal. Ou alors qu'il y a une chose qu'il ne comprend pas. J'espère que c'est ça. Oh oui, faites que ce soit ça. Mais alors, qu'est-ce qu'il ne comprend pas ? Qu'est-ce qui le gêne ? C'est ce que je viens de faire, ou autre chose ? Est-ce qu'il se passe un truc derrière mon épaule, que je ne peux pas voir ? Mais si je me retourne maintenant, ça va faire bizarre, pas vrai ? Surtout si en réalité, il n'y a rien. Je passerais pour encore plus débile que je ne le suis...
Et puis d'un seul coup, ses lèvres se posent sur les miennes. J'ai juste le temps de me dire que c'est plus sucré que ce que j'imaginais. Mes jambes sont détraquées, je n'ai pas senti la pression de ses mains en avertissement. Et maintenant, je suis un poisson. Les yeux écarquillés, la bouche entrouverte, les joues rouges. Un poisson clown. Have s'écarte. Je le contemple, la surprise me paralyse. Peut-être que c'est pour ça qu'il fronçait les sourcils tout à l'heure ? Il était comme moi à présent, à ne pas savoir comment réagir ? Parce que j'avoue que là, comment vous dire. C'EST LA PANIQUE HIIIIII ! Je fais quoi, je dis quoi, je bouge, je bouge pas, je souris, je pleure, je ris, je cris, je, je, je, JE !

Au final, je fixe Have deux secondes. Mon cœur s'emballe, je rougis à en mourir. J'hésite encore un quart de seconde en me plongeant dans son regard vert. Et puis je ferme les yeux et je laisse ma tête tomber sur le côté.
Je sais c'est lâche.
Je profite de mon statut de malade pour lui faire croire que je suis tombée dans les pommes. Je suis ho-rrible. Atroce, affreuse, méchante. Pire que la belle-mère de Blanche-Neige. Mais. Mais. C'est juste que... Je ne savais tellement pas quoi faire. J'ai eu tellement peur de dire quelque chose de déplacé, de mal agir. J'ai préféré fuir.
C'est moche.

Je me déteste, quand je fais des trucs pareils, vous pouvez pas savoir... Les nuages doivent bien rire, là-haut. Ils m'observent, et puis ils se gaussent, se tortillent, se déforment, explosent en petites boules cotonneuses, en se disant « ah, cette Bianca ! Elle est vraiment bête ! Oui, oui, vraiment bête ! Et peureuse, avec ça ! Comment voulez-vous que Have l'aime, cette pauvre petite ? Elle est si pathétique hi hi hi ! ». Oui oui oui... ah, je suis une idiote ! Qu'est-ce que je peux faire, maintenant ? Je ne peux quand même pas rouvrir les yeux en criant « surpriiiise ! », si ? Non, plutôt mourir... Il faut que je trouve une autre solution. Je suis une grande fille, je peux bien me débrouiller. Oui, voilà. J'ai seize ans, je suis capable de me dépatouiller d'une situation étrange face à Have. Voyons... Peut-être que je peux tout simplement rouvrir les paupières et lui expliquer tranquillement ce qui me gêne, lui dire que je suis désolée et le laisser reprendre le fil de la conversation comme si rien ne s'était passé ? C'est le plus facile, n'est-ce pas ? Je. Je crois. Il faut juste que je trouve le bon moment pour ouvrir les yeux. Je vais compter jusqu'à dix, voilà. Attention... Je commence. Je crois. Allez. Go go Be ! Fiouuu... Un... Deux... Trois... AH !

Ouverture prématurée des yeux. Je viens de quitter mon fauteuil. ALERTE. Je. Je. Qu'est-ce qu'il se passe ? Pourquoi je. Pourquoi je tangue ? C'est. Have qui me porte ? Mais il fait vingt centimètres de moins que moi ! Et on a au moins dix kilos de différence. D'ailleurs, il doit le sentir. J'ai l'impression d'être une princesse. La princesse des baleines. Et je me dis que vu la tête que Have fait, il ne va pas tarder à lâcher. On va tomber. Qu'est-ce qui lui a prit ? On va tomber. C'est parce que j'ai fait semblant de m'évanouir ? On va tomber. Sûrement. Je suis trop bête.

On tombe.

Pour de vrai. Un fatras de pieds et de mains. J'ai l'impression que ça dure une heure, mais au final, j'ai à peine le tant de crier qu'on est déjà dans l'herbe. J'ai un petit sursaut en touchant le sol, et puis voilà. Je suis par terre. P a r t e r r e. La pelouse me chatouille les joues. Je vois les petites pousses bouger quand de minuscules fourmis essayent de les escalader. L'odeur de la terre me monte au nez. Et quand je lève les yeux, je vois le ciel. Encore et encore. Je crois que je n'ai pas quitté mon fauteuil pour aller autre part que dans mon lit depuis des années. Et je trouve ça juste incroyable. Je garde les yeux grands ouverts. Je veux tout voir. Tout voir. Je laisse les secondes passer, le temps de réaliser tout ce qu'il vient de se passer. Je suis un peu longue à la détente. Un peu comme une tortue rousse. Et puis sans lâcher le ciel des yeux, je vais chercher la paume de Have de ma main droite. Je tâtonne dans l'herbe, un peu. Et puis je trouve un de ses mains de petit homme. J'emmêle mes doigts aux siens, et j'ai l'impression qu'un million de papillons volettent dans mon ventre. C'est doux.

« Je suis désolée, Have. »

Je laisse son nom fondre sur ma langue. C'est comme un bonbon. Mais en meilleur.

« Je suis désolée de faire n'importe quoi. Je suis désolée de n'être qu'une petite tortue rousse un peu bête. Et je suis désolée d'être toujours désolée. Je vais mieux faire. Je te le jure. »

Je chuchote. Il faut parler bas, pour ne pas déranger les nuages. Et puis comme ça, les insectes ne sont pas agressés par ma voix et peuvent récolter ma promesse tranquillement. C'est mieux comme ça. Je soupire un peu, tout doucement, et puis je poursuis.

« Tu veux bien me raconter une histoire, dis ? Une jolie histoire. Tu les racontes si bien. S'il te plaît... »

Oui. Oui. Et je serai sage. Sur ma peinture, sur les nuages, sur le ciel qui me tend les bras. Sur ma vie. Je t'en fais le serment.
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Sujet: Re: Ouvre tes ailes et visite le ciel ♥ Be Ouvre tes ailes et visite le ciel ♥ Be EmptyMer 20 Juin - 16:36

Ouvre tes ailes et visite le ciel ♥ Be 918264tumblrlurkf46CHu1qfaa47o1500large

« Quand il raconte
Quand il invente
Je peux l’écouter
Nuit et jour »


Je le sais. Je pense connaître Be, depuis le temps. Quand elle m’a embrassé, elle, déjà, elle a paniquée. C’était évident que son trouble s’agrandirait par mon action. Je le savais très bien. Suis-je cruel? De lui infliger ça en toute connaissance de cause. Oui, je dois l’être. Be devrait m’en vouloir, s’énerver contre moi, me crier dessus peut être. Mais elle ne le fera pas, non. Elle choisira la solution auquel personne n’aura pensé. Le chemin le plus farfelu. Elle est folle, c’est pour ça. Mais cette folie est sucré, et comporte tant de couleurs, que je m’y noierais volontiers. Sans regrets, jamais. Elle est drôle Be. Elle rafraichit l’été, et réchauffe l’hiver. C’est ma vie, maintenant, j’ai décidé. Et si elle meurt un jour je n’aurai plus qu’à mourir également. Oh non. C’est triste quand même. Mais penser qu’on est immortels, juste par amour, n’est-ce pas trop? Tant pis. Tant pis, tant pis. Je l’aime tellement, je suis sur que mon âme ne pourra jamais la quitter. Et puis on est des oiseaux de toute façon. Des nuages. Elle est l’ange, la terre. Et moi je suis le reste. Je la suis, tout le temps, quoi qu’il arrive. Alors tant pis. Quoi qu’il arrivera, on sera toujours ensemble. Rien ne nous séparera, c’est comme ça.

Je ne sais plus ce que je dis. C’est brouillé dans mon esprit. Et réaction. Des yeux grands, immenses. Plus énormes qu’elle n’ai jamais fait. Ça, je m’y attendais. Et puis. Sa tête tombe. Oh. Ça je m’y attendais moins. Elle dors? Ses yeux sont fermés. Mais elle a déjà sombré tout à l’heure, ça ne peut quand même pas arriver deux fois en une heure. Evanouit, alors? Non. A ce point? C’est pas vrai. Elle se fiche de moi. Oui, c’est ça. Elle fait semblant, c’est sur. Elle m’en veut alors. Ne veut plus me parler, plus m’affronter. Be aussi est méchante. C’est bien, on l’est à deux. Ça fait moins de remords, vu qu’on les partagent.

Mais combien de temps compte-elle faire ça? Ça me fais mal, un peu. Je ne t’embrasserai plus Be. Si tu n’ouvre pas les yeux je ne te toucherai même plus jamais. Allons-y. Les menaces maintenant. Heureusement je n’ai pas dis ça à haute voix. Je m’en veux. Mais ça me fais mal aussi, qu’elle m’ignore ainsi, alors que je suis fasse à elle. Elle ment, elle joue, fait semblant. Et me laisse là, tout seul. Elle veut me faire pleurer? Je ne sais même pas si j’en serai capable. Quand est-ce que j’ai pleuré la dernière fois? Aucun souvenir. C’est affreux. Je suis affreux. Il y a une truc qui me manque, c’est sur. Quand on m’a fabriqué on a du oublier une pièce. Forcément. Comme ils ont oubliés de connecter les fils des jambes de Be. Ces travailleurs ne sont pas très attentifs. Et leurs erreurs, on doit vivre avec. Ils ne s’en soucient pas. Et créer d’autres enfants cassés, encore et encore.

Je sais que pour Be c’est dur de vivre ainsi. J’aimerais alléger son poids. Rendre moins lourd son fardeaux. En en prenant un peu avec moi. Peut être pourrait-ton se partager les jambes? Je lui donne une des miennes et prend l’une des siennes. Et l’on se tiendra l’un à l’autre, et comme ça Be aussi pourra marcher. Mais. Ça ne marchera pas. On a pas la même longueur de jambes. On finirait comme Nemo. Incapable de faire le moindre pas, tous les deux. Et Be serait surement encore plus triste. S’en voudrait alors que c’aurait été ma propre décision. Et du coup j’aurai mal moi aussi. Il n’y a pas d’issue alors?

Be ne quitte presque jamais son fauteuil. Elle aimerait, c’est sur. Alors moi j’aimerais la sortir de là. Utiliser tous les moyens qu’il faut. Apprendre la magie pour lui créer de nouvelles jambes. La transformer, comme la petite sirène. Oh. J’ai vu moins de la moitié de tous ces dessins-animés pour enfants. Je me demande pourquoi je les citent comme ça. Be s’en rapproche non? Elle pourrait être l’héroïne d’un de ces films. Elle y aurait le droit. Il lui faudrait une fable. Une fable d’elle, pour elle. Où les mots seraient vrais, mais détournés, pour lui conter sa vie, mais de façon plus poétique. Douce, et légère comme les ailes d’un papillon.

Je ne réfléchis même pas. Tend mes bras. L’enlace. Et. La soulève. C’était bête. Je suis un surdoué, mais je suis bête. Evidemment, son corps est plus grand que le mien. Evidemment il est plus lourd. Comment je veux soulever ça moi? Et je la fait tomber, en plus. Je suis cruel, je n’aurai peut être pas du faire ça. Nous voilà tous les deux dans l’herbe. Au moins c’est agréable. Je reprend la position que j’avais avant qu’elle n’arrive. Je comptait les nuages, c’est vrai. Je les regarde, un peu. Ils ont l’air de me sourire. Se moquent-ils? Ils en auraient le droit. Ma bêtise doit être vraiment drôle vu d’en haut. J’ai fais tomber la princesse. Je suis un piètre prince. Je m’en veux. Enfin. Je devrai. Mais je n’y arrive même pas. Oh, pourquoi? Pourquoi je suis si méchant avec elle que même mes baisers lui font peur? Sa main me réveille. Elle enserre la mienne, pourquoi?

Elle s’excuse. Comment c’est possible? Je devrai être le seul à m’excuser. Oui, à m’éviter elle a été méchante. Mais moi je ne suis pas mieux. J’ai laissé tomber son corps fragile. Et si ça avait été une poupée de porcelaine? J’aurai cassé Be, encore plus qu’elle ne l’est. Oh, elle m’aurait détesté alors! Pourquoi des excuses?

Une tortue rousse. C’est-ce qu’elle dit être. Elle s’excuse de toujours s’excuser. N’est-ce pas l’excuse la plus bizarre du monde? Be, oui, est l’être le plus bizarre du monde. Et cet être là j’ai pu l’embrasser. Et cet être là tien ma main en ce moment là. En s’excusant, allons bon.

_ Une tortue rousse?

Je dis ça sans raison. Juste pour m’assurer que c’est bien ce qu’elle à dit. Pour le lui répéter. Qu’elle l’entende, avec ma voix. Be, tu sais, tu dis des choses bizarre. J’aime bien. Parle moi encore. Dans ta langue. Elle est si jolie. Je demande sa voix, et elle demande la mienne. Pourquoi c’est comme ça? Pourquoi on se cherche tout le temps alors qu’on est l’un à coté de l’autre?

Il me faut une histoire alors. Quelque chose de jolie et de doux, à lui raconter. J’ai besoin d’un papillon. Qu’il se pose sur son nez, et lui donne des coups d’ailles devant les yeux. Qu’elle s’endorme et rêve d’un jolie monde. D’un monde où elle se sentirait si bien qu’elle ne penserait plus à ses jambes, qu’elle n’irait plus jusqu’à s’excuser. Un endroit où l’air serait si doux et le chant des oiseaux si merveilleux qu’elle oublierait tout le reste.

_ Alors… C’est l’histoire d’un fille. Elle est toujours enfermée dans sa chambre. De l’extérieur elle ne voit que ce que sa fenêtre veut bien lui montrer. Et elle peint. Mais ce qui est étrange, ce qui inquiète ses parents, c’est qu’elle pose toujours sa toile vers le dehors, et qu’elle regarde toujours par la fenêtre, mais… Ce qu’elle peint n’est jamais ce qu’elle y voit.

Les mots sortent comme ça. Je ne réfléchis pas. J’ai choisi la peinture pour parler à Be. Pour lui inventer un monde qu’elle pourrait mieux apercevoir. Quelque chose qu’elle pourrait imaginer sans problème.

_ Elle met du noir tout d’abord. Couvre tout de noir. Puis y met des taches blanches. Ajoute des points de lumière. Prend du vert et fait de très grand traits. Des arbres. Elle leur rajoute du violet. Et ça leur fait une allure bizarre. Ils dansent quand elle rajoute de l’herbe rouge à leurs pieds. Puis un chemin jaune. Si jaune que toute la foret lumineuse s’étonne. Le chemin ne semble pas avoir sa place là. Puis ils sourient, l’accepte. Le chemin est heureux alors, des pierres lui poussent. Il est prêt à accueillir des gens. Mais personne ne vient. Le tableau est fini. Elle le pose à coté d’autres toiles. Des paysages qui n’existent que dans son esprit. Vides d’humains.

Je me rend compte que c’est peut être un peu triste là. Ça ne se terminera pas comme ça, c’est sur. Mais en attendant que ma voix lente qui chuchote ai fini, est-ce que Be va être triste? Il ne faut pas.

_ Elle commence une autre toile. Peint un ciel gris. Très gris, comme un orage. Et puis. De la magie. Son pinceau y dessine un passage d’oiseaux. Ils vont vite mais on dirait qu’ils prennent tout leur temps. Ils sont bleu. Bleu comme le ciel derrière les nuages, qu’on ne voit pas. Ils trouent les nuages, les font s’ouvrir, les empêchent de pleurer. Elle pose la toile fini. C’est déjà le soir, et elle va se coucher dans son lit. Dans ses rêves, ses tableaux quittent leurs toiles. C’est un monde qu’elle créer. Deux morceaux s’ajoutent, une foret au chemin jaune et un ciel nuageux aux oiseaux de beaux temps. Et elle. Dans son monde composé, elle avance. Elle marche sur le chemin jaune qui saute de bonheur. Elle salut les oiseaux, assise sur un nuage. Elle joue, elle rit, voyage. Elle ne quitte jamais sa chambre. Mais part toujours très loin. Dans un endroit qu’elle à créer rien que pour elle. Mais. Peut être, un jour, rencontrera-t-elle quelqu’un. Cette personne, surement, qui chaque jour, la fixe d’en bas de sa fenêtre. Peut être ouvrira-t-elle la fenêtre et lui parlera. Et ils s’entendront si bien qu’elle le laisserait monter. Et son monde ils y rentreront ensemble. Et ils y danseront. S’aimeront, peut être. Elle ne sera plus seule…

C’est fini. Et je veux partir. M’endormir. Ça m’a plu. J’imagine son univers et veut le visiter. J’imagine Be me faire rentrer dans ses tableaux. Et on danseraient? Ha ha, ce serait drôle! Je n'ai pas l'habitude de parler autant. Ma voix est fatigué. Mes yeux se ferment. Mais je reste là. Pour Be, si elle a besoin de moi. Je resterai éveillé des jours entiers pour elle.
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Sujet: Re: Ouvre tes ailes et visite le ciel ♥ Be Ouvre tes ailes et visite le ciel ♥ Be EmptyDim 5 Aoû - 15:12

Ouvre tes ailes et visite le ciel ♥ Be 120805122741704301

« Le jour où je marcherai
Tu sauras que je ne suis plus moi,
Mon amour. »

« Une tortue rousse? »

Quelle crétine. Honnêtement, je ne me rends pas compte de ce que je dis. Mais quand il le répète, avec sa voix tout en analyse et en points d'interrogation, je réalise que je passe pour une imbécile de première. Je me demande bien ce qu'il me trouve. Je suis cassée, fleur bleue, lâche, stupide. What else ?
Peut-être qu'il m'aime comme ça.
J'espère qu'il m'aime comme ça.
Il a l'air, en tout cas.
Même si je ne le comprends pas.

« Alors… C’est l’histoire d’un fille. Elle est toujours enfermée dans sa chambre. De l’extérieur elle ne voit que ce que sa fenêtre veut bien lui montrer. Et elle peint. Mais ce qui est étrange, ce qui inquiète ses parents, c’est qu’elle pose toujours sa toile vers le dehors, et qu’elle regarde toujours par la fenêtre, mais… Ce qu’elle peint n’est jamais ce qu’elle y voit. »

Ah. Il me raconte vraiment une histoire. Il cède à mes caprices de petite fille comme si c'était normal. Il cède même de la meilleure façon qui soit. Il utilise la peinture pour que le voyage soit plus facile. Incroyable. Have, oh Have ! Arriverais-tu à me dire non ?
Soudain, le bleu du ciel me donne envie de vomir. Je me dégoûte. Ferme les yeux.

« Elle met du noir tout d’abord. Couvre tout de noir. Puis y met des taches blanches. Ajoute des points de lumière. Prend du vert et fait de très grand traits. Des arbres. Elle leur rajoute du violet. Et ça leur fait une allure bizarre. Ils dansent quand elle rajoute de l’herbe rouge à leurs pieds. Puis un chemin jaune. Si jaune que toute la foret lumineuse s’étonne. Le chemin ne semble pas avoir sa place là. Puis ils sourient, l’accepte. Le chemin est heureux alors, des pierres lui poussent. Il est prêt à accueillir des gens. Mais personne ne vient. Le tableau est fini. Elle le pose à coté d’autres toiles. Des paysages qui n’existent que dans son esprit. Vides d’humains. »

Je ne respire plus, ne veux plus penser à rien. Elle est jolie, son histoire. Très jolie, même. Un peu triste peut-être, mais il l'invente pour moi. Rien que pour moi. Et c'est un merveilleux cadeau. Alors je ne pleure pas. J'écoute. En gardant les paupières plissées par la honte d'être moi-même.

« Elle commence une autre toile. Peint un ciel gris. Très gris, comme un orage. Et puis. De la magie. Son pinceau y dessine un passage d’oiseaux. Ils vont vite mais on dirait qu’ils prennent tout leur temps. Ils sont bleu. Bleu comme le ciel derrière les nuages, qu’on ne voit pas. Ils trouent les nuages, les font s’ouvrir, les empêchent de pleurer. Elle pose la toile fini. C’est déjà le soir, et elle va se coucher dans son lit. Dans ses rêves, ses tableaux quittent leurs toiles. C’est un monde qu’elle créer. Deux morceaux s’ajoutent, une foret au chemin jaune et un ciel nuageux aux oiseaux de beaux temps. Et elle. Dans son monde composé, elle avance. Elle marche sur le chemin jaune qui saute de bonheur. Elle salut les oiseaux, assise sur un nuage. Elle joue, elle rit, voyage. Elle ne quitte jamais sa chambre. Mais part toujours très loin. Dans un endroit qu’elle à créer rien que pour elle. Mais. Peut être, un jour, rencontrera-t-elle quelqu’un. Cette personne, surement, qui chaque jour, la fixe d’en bas de sa fenêtre. Peut être ouvrira-t-elle la fenêtre et lui parlera. Et ils s’entendront si bien qu’elle le laisserait monter. Et son monde ils y rentreront ensemble. Et ils y danseront. S’aimeront, peut être. Elle ne sera plus seule... »

Il a fini. C'est terminé. Je le sais. Ça me fait un petit quelque chose dans le cœur, comme... un pincement. Et je me dis qu'il faut que je fasse des efforts. J'ose prétendre que je suis forte et que je ne me plains jamais. N'importe quoi. Ce n'est pas que je garde tout pour moi. C'est que je décharge toute ma peine sur Have. Et ce n'est pas son rôle. Non, son rôle, c'est de me laisser l'aimer, encore et encore, jusqu'à en pourrir, jusqu'à en crever.
Il est temps.
Il est temps que je réalise. Que je réalise que mes jambes, elles ne reviendront pas par magie. Que je réalise que je ne pourrais pas marcher dans cette vie. Que j'aille de l'avant. J'ai seize ans. Réveille-toi, Bianca. Réveille-toi. Et vole.
A côté de moi, je sens la main de Have se ramollir dans la mienne. Il doit être crevé. Il ne parle pas autant d'habitude. Je lui en demande toujours trop. Mais pourquoi il m'obéit, aussi ? Pourquoi est-ce qu'il ne me résiste jamais ? Pourquoi est-ce qu'il anticipe toujours tous mes besoins ? Je parais si faible que ça ?
Je sais bien que je suis injuste. Je sais bien que je lui reproche des choses que je ne devrais pas pouvoir lui reprocher. Je sais bien que c'est de l'amour. Mais moi aussi, je l'aime. Et je refuse qu'il continue à se fatiguer pour moi. Pas aujourd'hui, en tout cas.

Dors, mon ange. Dors.
Je vais bien, ne t'en fais pas.
Tu n'es pas obligé de toujours veiller sur moi.
Je suis grande, tu sais ? Je suis capable de m'occuper un peu de moi toute seule. Le temps d'une heure ou deux. Le temps d'une journée, ou d'une semaine. D'un mois, ou d'une année. Je saurais rouler seule. Je saurais m'envoler et découvrir le ciel.
Tant que je sais que tu es là, quelque part, et que tu es heureux.

Tant bien que mal, je me retourne. Me voilà sur le ventre. L'herbe me pique un peu les bras. Tant pis. Je peux le voir, comme ça. Il a fermé les yeux, je me demande s'il dort. Je me demande s'il rêve. Je me demande si c'est un beau rêve. Doucement, je passe ma main dans ses cheveux, caresse son front, ses joues, son menton, son cou. Pose mes lèvres sur l'une de ses fossettes. Laisse ma tête tomber à côté de la sienne.

« Dors, mon ange. Dors. »

Et rêve de toi, rêve de moi, rêve de nous. Rêve d'un ciel d'azur. Rêve de nos ailes, se déployant dans cette immensité. Rêve du jour où enfin, nous pourrons voler.
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