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 derniers versets - cyanide & néron

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Sujet: derniers versets - cyanide & néron derniers versets - cyanide & néron EmptyJeu 14 Avr - 21:29

    Le rire bête qu'ont les gens méchants est effrayant. Dénué de toute compassion, caricatural comme dans les comics.
    Lux adorait les comics. Toute son enfance. Les combats de Daredevil ou de Wolverine la fascinaient. Elle voulait aussi se battre pour la justice et le bonheur. Être considéré comme un superhéros à force de donner des coups au nom de la liberté et de la démocratie, c'était le pied.
    Il n'y avait pas de pire paradoxe.
    Les superhéros faisaient couler le sang à flots, pleuvoir les coups à verse, ils mordaient, couraient, fuyaient au nom de cette félicité qu'ils n'atteindront jamais. Ils vivaient dans des villes impossibles où les gangsters étaient plus nombreux que les boulangers, ils avaient des vies de merde, mal payés, mal vus, ils n'avaient pas de vie sentimentale et devaient sauver l'amour de la vie en restant masqué.
    C'était vraiment la chiasse d'être un superhéros.

    Ils finissaient tous mitraillés, broyés, écroués, ils mouraient tous quand venait la crise de la vente des albums.
    Des jouets de la société inventés pour faire rêver les enfants.

    Lux n'y croyait plus du tout. Les superhéros, tu parles. Ils n'existent pas et n'existeront jamais parce qu'aucun individu ne veut donner de sa propre vie pour sauver les veuves et/ou les orphelins.
    Parce qu'eux, les orphelins de la wammy's se battaient déjà entre eux. Aucune cause de liberté ou quoi. Ils se battaient, c'est tout. Ils montraient leurs crocs et grognaient parce que les adultes de l'orphelinat le voulaient.
    La pêche d'enfer, ça ne suffit pas. Rire bêtement, ce n'était même pas une façade. Les façades, les masques, rien à faire. Lux riait parce que rire lui comblait l'esprit. Il n'y avait pas besoin de penser et rire en même temps. Parler fort, aussi, ça laissait moins de place à l'esprit de s'installer. Le bruit, le carnage, tout ce qui pouvait avorter les pensées, tous les moyens étaient bons. Et pourtant. Malgré une réputation gaie et vivifiante, la shape avait un pessimisme fou.
    Comment penser autrement lorsqu'on est entouré d'enfants sans foyer, sans famille, sans rêves ?
    Il fallait leur faire lire des comics. Ça les ferait espérer un peu.

    Rester quelqu'un de simple. C'est tout ce qu'elle comptait faire. Ne pas réfléchir, ne pas méditer, cela amènerait toujours aux larmes. Il ne faut rien attendre d'une adolescente, surtout si elle est orpheline et instable de caractère.

    Venaient alors ses compères de rage et de violence. Ceux aussi qui laissaient déverser leur énergie physique, peut-être pas pour les mêmes raisons, elle n'a jamais eu le temps d'y réfléchir avec eux. C'était justement le but.


    derniers versets - cyanide & néron Cavali10


    Les couloirs vides du soir, le calme angoissant du sommeil, il n'y avait qu'eux pour les fracasser. Il y avait ses sautes d'humeur à lui, et les effronteries à l'autre. Il y avait leurs sourires et leurs coups plus expressifs que les siens. Les siens à elle, étaient, quoi qu'on se le dise, faibles et encore teintés d'un féminisme inconscient. Elle le voyait quand elle agrippait les cols, quand elle tirait les manches, quand elle frappait, quand elle mettait à terre. Il n'y avait pas cette brutalité délicate dans leurs mouvements à eux, et rien que pour ça, ils méritaient son respect inexistant.
    Et pourtant avec eux, elle assumait sa voix, son corps, son sexe, elle sentait qu'il n'y avait pas de problème parce qu'ils étaient égaux. Égaux devant quoi ? Leurs proies, leurs victimes, leurs ravages ?
    Elle lâche des jurons édulcorés de son délicieux accent américain en trébuchant sur ses lacets de converse, monte le ton en heurtant le sol, tâtonne dans le noir.
    Il est environ minuit et personne n'est dans cet endroit-là: tous dorment, couchent, mangent, personne ne songerait à aller dans un lieu pareil. Elle ne connaissait pas de groupuscules sataniques à priori et personne ne devait être au cimetière.

    Personne pour la relever, se moquer d'elle ou quoi.
    Ah, si. Eux.
    Elle entend leurs pas si reconnaissables, sourit dans le noir, dégaine la lampe torche.
    Au premier abord, les pierres tombales font peur. Oui, un frisson parcourt l'échine de la lionne, elle peste encore, se relève et se frotte; la tâche de lumière ovale rampe sur l'herbe sèche des tombes, reste plaquée au sol, et elle les voit, ceux qui viennent dans un endroit pareil avec elle.

      < Vous avez peur, morveuses ? >

    Et non, le féminin employé n'est pas un lapsus.


Dernière édition par Lux le Mar 9 Aoû - 11:08, édité 1 fois
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Invité
Sujet: Re: derniers versets - cyanide & néron derniers versets - cyanide & néron EmptyMar 9 Aoû - 1:09


Temptation greets you like your naughty mate,
one that made you steal and set things on fire.

derniers versets - cyanide & néron Cemeteryk
THE ONLY ROADS ARE CUL-DE-SACS
THE ONLY ENDS ARE DEAD.

Bordel, mais qu'est-ce que je fous là ? C'était la réplique bateau que n'importe qui, acteur amateur ou loin de là, aurait déclamé dans une situation pareille. C'était la première chose qui vous serait venue à l'esprit si vous étiez à sa place. En théorie, et toute logique, du moins. Réplique qui ne franchit pourtant jamais ses lèvres, pas plus qu'elle ne l'effleura. Qu'il sache la raison de sa présence ici, qu'il l'ignore totalement ou bien qu'il ne s'en doute qu'à moitié, Cyanide s'en foutait. Une fois de plus. Cela faisait partie de la liste visiblement chaque jour plus interminable des choses dont il n'avait que faire. Futiles, puériles, insignifiantes. Il semblait qu'il ne donnait de l'importance qu'à ce qu'il ne fallait pas, à tout ce que la société avait classé comme bêtes noires à ne surtout pas évoquer, à ce qui ce trouvait derrière la ligne, qu'elle soit jaune, verte, blanche comme de la poussière d'os ou rouge comme la chair sanguinolente, la fameuse ligne, celle à ne jamais franchir. Il se contrefichait de ce qui importait au commun des mortels, et inversement, ce n'était pas plus compliqué que ça. Tout ça pour dire que tandis qu'il traînait ce chien d'empereur jusqu'au cœur du cimetière, Cyanide se demandait seulement quelle idée stupide avait encore bien pu naître dans le cerveau réputé désertique de leur cadette. Et combien de temps il allait devoir attendre avant d'entendre son poing faire résonner d'autres os que les siens. Pas que ça lui manquait déjà, non, ça le démangeait juste.

Pour ta défense il fallait avouer que ces dernières vingt-quatre heures n'ont guère été rentables en violence globale, gratuite, trop occupé à poursuivre Lupin — et accessoirement l'empêcher de se rendre à son examen de gestion d'équipe, ou le diable seul sait quelle matière au nom barbare propre aux riddles, vengeance élémentaire ma chère, passablement puérile et basse mais qui avait le mérite d'être on ne peut plus efficace, même lorsque c'était involontaire —, l'enfermer dans un placard ici et là, finir par tomber sur Virgin et lui laisser la gamine sur les bras, se faire apostropher par une Lux déchaînée et son « toi moi Néron, minuit, au cimetière » probablement ambigu pour un autre, reprendre ton chemin comme si de rien n'était, émerger de ta sieste pourtant bienvenue par une furie rousse qui a trouvé tout à fait approprié de faire du trampoline sur ton lit — et pas que sur le matelas, ça aurait été trop beau —, tenter de te rendormir après l'avoir envoyée valser plus loin, ignorer les noms d'oiseaux tant répétés qu'elle vocifère, généreusement l'aider à agrandir sa collection d'hématomes, fêlures et estafilades, confirmer sa tendance au cannibalisme, sourire malsainement devant les marques, retourner aiguiser tes lames, balancer les bandages sur sa tronche de gosse, et étrangement, inexplicablement finir par lui raconter l'Australie. Pas de comics pour toi, pas de super-héros pour ce gosse des rues, pas de super-vilains non plus — il ne manquerait plus que ça. Et le seul rêve que t'ais vaguement eu gamin, c'était de pouvoir mettre une raclée au monde entier avant d'y mettre proprement le feu. Charmant.

Une flopée de jurons caractéristiques brisa le silence ambiant, suivant de près le bruit mat et si reconnaissable de la chair contre la terre lourde du cimetière. Énième plissement de lèvres, railleur comme tant d'autres, ça doit être Lux et ses foutus lacets trop longs. Un jour quelqu'un les nouera ensemble et elle s'étalera pour de bon, ça ne fait aucun doute. Tu espères distraitement être là quand cela arrivera, histoire d'enfoncer le clou, de venir encore placarder ton putain de sourire sous leurs yeux, sous ses yeux à elle aussi. Quoi que les autres puissent en penser, ceux dont tu partageais le goût pour la violence n'étaient pas graciés pour autant — tu ne vois d'ailleurs pas quelle inclinaison de ta part a bien pu faire éclore une idée aussi stupide dans leurs crânes trop fragiles. Froissement dans tes pensées, comme un haussement d'épaules de ta psyché — qu'importe. Et tu continues ta progression. Tu fais tien le silence lourd, et les ombres sournoises, déambules dans les allées noires avec la nonchalance doucereuse de celui qui se sait chez lui. Pour un peu on s'attendrait à t'entendre siffler distraitement quelque air lugubre.

Tu n'as jamais compris ce que les autres trouvaient d'effrayant aux cimetières, ce n'étaient que des pierres un peu trop bien polies, des os un peu trop soigneusement rognés et de la chair pourrissante en boîte, on ne faisait pas plus inoffensif. L'air est presque froid, et la lune derrière le voile de nuages presque rousse, l'astre enceint léchant l'horizon, diluant sa lumière toujours trop pâle sur vos contours toujours trop tranchants. La troisième pointe du trio, elle aussi drapée de chaleur rouge, est plantée là devant, et, tout fauve qu'elle est, les mots qu'elle vous crache sonnent comme un aboiement. Brave chien qui ne sait plus voir dans le noir mais arque l'échine dans un sursaut sauvage, elle n'aura que tes babines plissées et crocs luisants en retour. Tu délaisses Néron, et enjambes une stèle, grimpes sur une pierre tombale pour laquelle tu n'as pas un regard pour mieux t'installer négligemment sur un caveau. On dirait presque un trône tandis que tu t'y assois avec toute l'indolence pernicieuse qui est tienne, et le rictus se relâche, se transforme tandis qu'au dessus de vos têtes la lune pâlit puis disparaît.

Et il n'y a bientôt plus rien d'humain entre ces tombes, juste Hati et Sköll, l'un rougeoyant d'avoir trop poursuivi le soleil, l'autre noir de ces nuits passées à courir après la lune, et puis Fenrir, là-haut, aux entraves brisées et l'appétit comme un gouffre. N'allez pas croire ce qu'on vous raconte, les loups ne hurlent pas qu'à la pleine lune. Surtout s'ils sont monstrueux.
Temptation greets you like your naughty friend,
the one that used to get you in bother
but one you could never bring yourself to hate.
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