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 Shh Shh Plic Plic (Hurricane & Savage)

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Sujet: Shh Shh Plic Plic (Hurricane & Savage) Shh Shh Plic Plic (Hurricane & Savage) EmptyDim 6 Fév - 15:33

Repost du topic, pour pouvoir le finir :3
Sinon WildCat eeh, ton pseudo sera changé dans les nouveaux posts genre l'air de rien, magie~ xD
Et pour ceux qui veulent lire les anciens topic (donc ce qui se passe avant), c'est téléchargeable ICI.

Il se sentait comme dans une comédie musicale, le sourire bêta aux lèvres alors qu’il marchait dans les couloirs bondés de l’orphelinat qui lui semblait plus colorés que jamais. Dans sa tête, "Can't take my eyes off of you" l’air calme du début rythmant paisiblement sa démarche un peu nonchalante, les mains dans les poches alors qu’il meumeumait qu’il était so good to be true. Et qu’il ne pouvait take off his eyes off of him. Refrain, trompettes et fourmis dans les jambes, il avait comme une envie de faire quelques pas de danse pour qu’automatiquement, toutes les personnes présentes entament une chorégraphie endiablée et parfaitement synchronisée en chantant avec lui. Le genre de scène où tu te demandes comment ils peuvent tous danser parfaitement en cœur alors que la minute d’avant ils papotaient normalement en donnant l’impression d’ignorer totalement Dew qui passait d’un pas joyeux. Les musiciens sortiraient leurs instruments et garçons et filles feraient claquer le talon de leurs chaussures contre le parquet, les lèvres étirées, les cheveux gominés et les voix dans une harmonie radieuse. Le refrain finit, Dew marcherait en marche arrière pour les regarder et leur faire un clin d’œil en claquant les doigts avant de pointer les danseurs des index, pouce relevés. Genre nice guy. Il se retournera ensuite, continuant son chemin en chantant les mains dans les poches alors que les oiseaux soutiendraient son chant de l’autre côté de la fenêtre. Sourire complice, les orphelins au loin auraient repris leurs activités l’air de rien. Partout où il passerait, les gens danseraient et chanteraient, glissant sur les rampes de l’escalier avec une main en l’air et l’autre sur la hanche ou alors que les profs se dandineraient sur la photocopieuse ou devant la machine à café. Et lui il marcherait d’un pas léger, remarquant à peine le remue ménage qu’il causait et la musique entrainante qui secouerait l’orphelinat. Arrivé au parc, il prendrait le poteau d’un lampadaire d’une main, bras tendu et tournerait autour avant de repartir sur son chemin, les coccinelles dansant autour de lui, pour venir voir Hurricane assis dans l’herbe. Et il lui chanterait :

I love you, baby ! And if it's quite alright, I need you baby, to warm a lonely night.
I love you, baby…. Trust in me when I say : Oh, pretty baby, don't bring me down, I pray.
Oh, pretty baby, now that I found you, stay ! And let me love you, baby.
Let me love youuuu….


Évidemment, ils auraient ensuite enchainé sur “Time of my life”. Normal. Tout cela pour dire qu’il était de bonne humeur. En réalité marchant toujours et encore dans le couloir, sourire aux lèvres, Dew sortait seulement de cours. Il n’avait pas revu Hurricane depuis ce soir là, à l’infirmerie, ce soir où il l’avait embrassé. Bon dieu, quand il y repensait… il se mettait à sourire niaisement. Il ne l’avait pas revu car la copine de l’italien gardait l’entrée comme Cérès, avec deux têtes en moins… il avait fait plusieurs tentatives vaines, et revenait toujours dans sa chambre grimaçant. Surtout que s’il désobéissait à la jeune fille, elle couperait le seul contact qu’il pouvait avoir avec lui : internet. Et dieu sait qu’il en avait besoin, parce que le temps était illimité et tout était plus facile sur le net. Il avait l’impression que Hurricane s’y ouvrait plus. Et de là venait sa bonne humeur. Car même s’il n’avait pas pu le voir, et que leurs conversations sur FaceBook n’engageaient en rien, qu’il s’y faisait plus engueuler qu’autre chose, il n’avait plus l’impression que c’était sans espoir. Il avait même le sentiment que c’était possible, que s’il insistait encore un peu, c’était possible. Bien sûr, il s’était outragé pour ce baiser à l’infirmerie, bien sûr il était pris, bien sûr il déclarait le détester plus que jamais. Et puis il y avait le fait qu’il était amoureux d’une autre qui était prise. Pourtant, pourtant… des brides de conversations lui venaient en tête. Que ce soit des questions sans réponse, qui chez Hurricane penchaient vers le oui, ou des insinuations explicites, des indices semés au vent.

Spoiler:

C’était comme si au fond, il n’était pas contre, que ça ne le dérangeait pas plus que ça de sortir avec lui… mais le fait que ce soit lui, Dew, et qu’il ne le pense pas sérieux avait l’air de bloquer l’italien. Il avait surement peur qu'il se foute de sa gueule. Et le baseballer était bien déterminé à montrer à quel point il était sérieux. Rien n’était acquis, non, c’était loin d’être acquis, il n’y avait rien de moins acquis que ça… mais après avoir ramé pendant des moins, après s’être fait cassé le nez, après l’avoir cru mort et avoir été le créateur d’une situation dans laquelle il mourrait chaque seconde de jalousie, les sous-entendus de Hurricane n’étaient pas tomber dans l’oreille d’un sourd. D’où son jolie sourire, son rire, son cerveau qui comprenait encore moins la complexité des paroles lorsqu’on voulait communiquer avec lui, rien de bien extraordinaire. Juste amplifié. Il taquinait un peu tout le monde, Spring compris. A vrai dire, il était ravi de la voir si inquiète à l’idée qu’il aille voir son petit ami, à l’idée qu’elle prenne au sérieux le fait d’abord tout à fait irrationnel qu’il arrive à séduire Hurricane en son absence. N’importe qui aurait laissé couler, convaincu que même collé 24h sur 24, la haine que l’italien nourrit envers Dew ne serai que renforcé. Il finit presque par bien l’aimer, Spring. Elle était amusante. Bizarrement depuis que Hurricane avait arrêté de lui répéter qu’il "l’aimait bien, cette fille", qui lui avait avoué qu’il n’était pas amoureux d’elle, et qu’il se fichait un peu de sortir avec elle, c’était devenu plus facile de l’apprécier.
A présent dans sa chambre avec Yuso, il réfléchissait activement à une manière de pousser Hurricane à réaliser qu’il ne rigolait pas afin qu’il accepte de sortir avec lui. Ce n’est pas comme s’il était sur de son charme ou de sa réussite, mais quand la personne dont vous êtes dingue vous conseille implicitement de persévérer, il n’y avait pas vraiment à réfléchir. Ce conseil, l’italien le lui avait insinué plusieurs fois, que ce soit après lui avoir cassé le nez ou même avant, mais ce n’est que maintenant que le message atteignit son cerveau. Car il avait été clair, son esprit ne comprenait pas la subtilité. "Acharne-toi". Il avait sa chance mais il ne se rendit pas encore compte qu’il l’avait toujours eu. Il n’avait pas encore réalisé que ce sous-entendu n’était pas le seul, et que Hurricane aussi pouvait être sérieux de son côté. Lui, ça ne le dérangeait pas si l’Italien ne l’était pas, dans le sens de ne sortir avec lui que pour passer le temps. Comme tous les couples de nos jours, rien n’est trop sérieux, on n’est pas amoureux, ni libertin, on est pied à terre et Dew savait l’être. Il savait que si Hurricane pouvait l’accepter plus facilement, c’était parce que Spring était trop chiante et qu’il avait besoin d’air, sans pour autant retomber dans le libertinage. Il ne se faisait pas d’illusion, Dew. Il savait que Hurricane serait encore amoureux de cette fille casée, et qu’il passerait juste le temps avec lui, mais ça ne le dérangeait pas du tout. Il voulait juste sortir avec lui. Il n’avait pas assez d’imagination pour penser que Hurricane l’aimerait un jour. Ca ne lui avait même pas effleuré l’esprit. Il ne s’était pas dit "Et si un jour…. Hahaha, noon, pas possible", non, ça ne lui avait jamais effleuré l’esprit. S’il pouvait juste, juste, sortir avec lui, il serait vraiment le plus heureux des mecs.

- Une lettre ? Hahaha non non j’écris comme un collégien ! Je lui aie juste dis que j’avais un faible pour elle, sur FaceBook hahaha…

Allongé sur le lit, il se redressait parfois sur le coude pour regarder son voisin de chambre, assis calmement sur l’autre lit, et appuyer ses propos avec de grands gestes enthousiasmes.

- Je sais ! Je l’embrasse par surprise, contre un mur.

Il savait que Hurricane n’aimait pas beaucoup les mots, parce qu’il fallait répondre en mots le plus souvent, et qu’il avait horreur de ça. Un baiser contre un mur, c’était bien. Il allait se prendre un pain, puis recommencer le lendemain, et le lendemain, et le lendemain… N’écoutant que d’une oreille la petite voix de Yuso, il l’entendit cependant parler de WildCat et se raidit un peu. WildCat, Wildy, sa petite Wildy. Il l’aimait. Il avait appris à l’aimer et au final, elle était devenue plus qu’une simple relation pour s'aérer les pensées. C’était pas comparable avec Hurricane, bien sur, ça n’avait rien à voir… mais ça lui faisait mal de la laisser. Ca lui faisait un mal de chien. Il la savait forte, il savait qu’elle n’était pas du genre à se laisser abattre… mais il savait aussi qu’elle méritait pas ça. Casser avec elle, rompre avec cette fille qu’il appréciait tellement alors même qu’il ne savait même pas si Hurricane accepterait de sortir avec lui… c’était de la folie. C’était quitter le terre ferme pour aller vivre sur une île vaseuse qui risquait de s’enfoncer à tout moment, et encore fallait-il la trouver. Elle se cachait, sauvegardée par typhons et ouragans et était introuvable quand on ne connaissait pas un certain code. Il fallait être le fou du village persuadé qu’un trésor immense se cache dans une île si piteuse, pour oser larguer les amarres. Il fallait vraiment être sérieux. Obsédé par cette petite idée qui avait dangereusement germé dans sa tête, l’idée d’un trésor. si ça, ça ne montrait pas à quel point il était sérieux… Blocage. Et pendant un instant il se répéta sa dernière pensée dans la tête. Rompre avec elle... il n’y avait rien de plus significatif pour montrer à quel point il était sérieux. C’était une preuve qu’il ne pourrait nier. Et si avec ça il n’acceptait pas de sortir avec lui, alors il n’accepterait jamais.
Bondissant de son lit, il remercia brièvement Yuso et sortit de sa chambre à cloche pied, essayant de mettre ses chaussures en marchant. Voilà, ça allait se décider aujourd’hui… il allait voir WildCat, lui expliquer la situation et s’excuser, puis il ira voir Hurricane, il l’embrassera et il lui dira tout. Le cœur mi-lourd mi-léger à cette idée, il se dirigea vers les dortoirs des filles, sans même préparer dans sa tête ce qu’il avait à dire : ça sortira tout seul. Il y avait du monde dans les couloirs, et il du frôler le mur pour laisser passer deux amies.

- Pourquoi Spring garde toujours la porte de l’infirmerie si son copain est plus dedans ?
- Ah, m’en parle pas, elle est folle… c’est pour pas que Dew se rende compte qu’il y est sorti depuis deux jours. Elle peut pas blairer qu’ils se voient, parait.
- Haha, c’est con… parce que pendant qu’elle s’amuse à servir de leurre en pensant empêcher je ne sais quoi avec Dew, Hurricane en profite pour aller se taper Paradox…
- Elle favorise elle-même la situation sans s’en rendre compte, la pauvre !


Toute ses veines s’ouvrirent d’un coup.
Et bang. Bang bang bang bang. Ca gicle, ça saigne et ça fait mal. Un pari… ils avaient fait le stupide pari d’un mois de fidélité à Spring. Et aussi chiante qu’elle pouvait être, et malgré les propositions de Dew pour arrêter le pari, il disait être un homme de parole. Mais en plus de ne plus tenir à cette parole, il perdait ce pari pour… Paradox. Pas pour lui non, pas pour lui avec qui il avait laissait entendre tellement de choses.
Toutes ses veines s’étaient ouvertes d’un coup. Dans à chaque recoin de son corps, ses doigts, son cœur, sa gorge, ses paupières, le bout de ses pieds… saigné. On le saignait. Dans son cœur, il sentait couler doucement l’acier fondu de la trahison, les faux espoirs, la jalousie, la colère, la déception, le désespoir. La douleur se faisait languissante et insupportable. Il le sentait couler, goutte à goutte, cet acier lourd et fumant qui venait s’écraser contre la peau sensible de son organe vital avec le bruit qu’un éclaboussement d’eau sur une poêle. Et la peau se rétracter qu’elle-même, cheveux sur une bougie, sa surface se ridant affreusement, formant des petits trous. Il passait entre les trous, l’acier, et venait lui dévorer les poumons qu’il perçait à son tour en l’emplissant aux gouttes à gouttes. Il suivait à travers un chemin façonné de trou, d’os et de chair, pour le dévorer, le trouer. Il lui trouait les poumons, emplissait d’une fumée mal odorante son corps, l’étouffait de l’intérieur, venait grignoter son foi pour aller couler jusqu’à dans ses reins. Plus d’air, les poumons troués et lourd, l’acier collant aux bronches comme de la colle accablante, la bouche ouverte en vain. Rien, rien ne voulait sortir. Pas d’air, rien. Un mal de tête lascif et douloureux, il s’appuya un peu contre le mur. Il avait envie de s’enfermer dans les toilettes pour vomir, pour se taper la tête contre le mur en espérant que la douleur externe ferait taire celle qui le dévoraient intérieurement. Mais plus que la tristesse, la colère, la brulante colère le faisait tremblait imperceptiblement, l’idée atroce de s’être fait rouler dans la farine, de s’être fait avoir, lui faisait serrer les dents.

Des pas rapides, dirigés par une passion qu’il ne se connaissait pas. Il alla toquer à sa porte, bruyamment.
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Sujet: Re: Shh Shh Plic Plic (Hurricane & Savage) Shh Shh Plic Plic (Hurricane & Savage) EmptyLun 7 Fév - 19:44

    I am in Misery
    There ain’t nobody who can comfort me


    Hurricane regardait parfois sa conscience. Il s’allongeait et faisait le vide dans sa tête, pour pouvoir se concentrer sur tout sauf sa vie actuelle, et s’éviter de nombreuses questions. Ca lui arrivait excessivement rarement, parce qu’il était en général bien trop occupé à vivre pour prendre le temps de réfléchir sans but précis. Trop occupé à profiter de sa jeunesse, à se disputer avec d’autres orphelins, à prendre du bon temps, à supporter le mauvais temps, à se prendre la tête, à enflammer l’essence de son cerveau avec les étincelles du monde extérieur. Ca faisait partie intégrante de lui que de ne pas prendre le temps de rester au calme. Le calme l’ennuyait profondément.
    Pourtant, au fond de son lit dans l’infirmerie, il n’avait pas eu d’autre choix que de fixer le plafond récemment repeint en blanc, ou jeter un œil par la fenêtre pour voir les autres jouer dehors. A Internet, il n’avait droit qu’en fin d’après-midi ; il y restait souvent toute la nuit, très habile pour cacher l’ordinateur aux yeux habitués de l’infirmière. Parce que dormir l’ennuyait. Et parce qu’il ne savait qu’il n’y arriverait pas : cet imbécile, ce gros débile de Dew lui avait retiré la seule paix que son âme s’autorisait, c’est-à-dire une bonne nuit de sommeil bien mérité. L’italien passait donc ses journées à laisser vagabonder son esprit, à se torturer tout seul, à tourner et retourner dans son lit dans tous les sens et dans toutes les positions possibles pour essayer de penser à autre chose. Mais comment voulez-vous penser à autre chose quand vous avez une personne en particulier constamment dans la tête et qu’elle reste là avec son sourire crétin, que vous avez encore sur les lèvres l’impression de ressentir le contact bref que cette personne vous y imposé sans rien demander et sans rien dire ensuite. Amoureux comme une adolescente, hein. T’es tombé bien bas, mon pauvre gars. A lui laisser entendre sans t’en rendre compte que tu veux qu’il continue à s’acharner. T’es qu’un pathétique petit gosse de riche qui ne supporte pas de ne pas avoir ce qu’il veut au moment où il le veut. Et pourtant, tu as beau te sentir coupable, tu ne peux rien faire contre tout ce qui se passe dans ton esprit. Ces images, ces souvenirs, ces discussions, et mêmes celles qui n’ont pas encore eu lieu ; ces images dérangeantes de ce que tu voudrais qui arrive ne te quittent pas et t’empêchent de faire partir cette sale boule dans ton estomac qui se fait un plaisir de se contracter un peu plus à chaque minute de la nuit pour que tu ne puisses pas te reposer, pour te forcer à regarder cette saloperie de page Facebook, à attendre que ça clignote, simplement parce que tu veux qu’il te parle. Ce salaud n’avait pas à t’embrasser. Il se fout de toi et ça l’amuse bien.

    Mais l’italien savait que ces pensées n’étaient plus que des brouillons de ce qu’il pensait vraiment et se prendre la tête autant pour une seule personne n’avait jamais été dans son caractère ni dans ses plans. Etre un type bien non plus. Dew aurait du le savoir, qu’il s’attaquait à une proie trop grosse pour lui. A quelqu’un qui n’était pas son genre, quelqu’un qu’il ne pourrait pas souffrir plus de quelques semaines, le temps de la nouveauté et de l’imprévu. Après tout, le sportif n’était qu’un sportif, fallait-il lui en demander plus que ce que son cerveau de sportif lui permettait ? Le brun voulait de l’action, du sport. Avec Hurricane, évidemment qu’il allait en avoir pour son argent, et inconsciemment, il devait le savoir.

    Après une de leurs conversations, l’argenté referma brutalement son ordinateur portable, le posa sur le côté rageusement et s’enveloppa dans sa couverture qui ne lui tenait pas assez chaud, et il se demanda pourquoi il avait fait la connerie de promettre à Dew qu’il serait fidèle à Spring pendant un mois.
    Spring. Cette fille-là s’était incrustée dans leur vie récemment. Elle était brune, pas très grande, aux grands yeux innocents, toute mince et toute jolie, avec des airs de poupée et des expressions de gamine de bonne humeur. Elle était gentille. Mais aussi un peu cinglée sur les côtés du bord, et l’italien avait eu largement l’occasion de s’en rendre compte, surtout depuis qu’elle avait vérifié ses conversations avec Dew sur Facebook, et qu’elle gardait la porte de l’infirmerie comme un Cerbère habillé en rose avec un nœud dans les cheveux. Une folle égocentrique et possessive. Un peu comme lui peut-être, il s’en rendait bien compte. Ils avaient passé du bon temps, mais il ne ressentait strictement rien pour elle, et il ne pouvait que faire semblant pour voir ce qu’en penserait le brun, qui lui avait même conseillé de lui être fidèle. Et ça se permettait de l’embrasser sans raison tout en le poussant à avoir une petite amie… Quel débile. Tout ça n’avait pas de sens. Tout ça n’était qu’une énorme connerie. Tout ça n’était que du temps perdu, et rien d’autre. Hurricane avait mal au ventre.

    Dew ne s’était pas représenté à l’infirmerie, étrangement ; l’italien en avait conclu que Spring s’en tenait à ses paroles et restait régulièrement devant la porte, et il ne pouvait pas blâmer Dew de ne pas avoir envie de se jeter sciemment entre ses griffes manucurées. Il avait donc pu sortir de sa prison guérisseuse quelques semaines après son internement, en bien meilleur état. Ses blessures n’avaient certes pas toutes cicatrisées et il devrait aller à l’hôpital plusieurs fois encore pour réparer les os et les dents totalement, mais il pouvait marcher, il avait arraché ses bandages par flemme et parce que ce n’était pas esthétique, prêt à supporter la douleur pour ne pas avoir à adapter son style à des morceaux de tissus blancs qui n’allaient décidément avec rien. Pas de Dew en vue. Après tout, tant mieux. Il n’avait pas envie de le voir. Ou plutôt si, il en mourrait d’envie, mais le mieux c’était de ne pas le voir du tout. Il savait qu’il ne saurait pas quoi faire, entre le frapper et l’embrasser, ou encore s’enfuir en courant, et cette dernière option s’avérait aussi ridicule que les deux précédentes.

    En fait, il avait surtout envie de l’embrasser. De plus que ça. Il n’était qu’un homme, et la boule au ventre ne pouvait pas lui suffire. L’amour ne faisait pas tout. Son esprit se concentrait maintenant sur un autre sentiment, pas plus puissant, mais presque, et il savait que s’il croisait le brun maintenant, il risquerait de se mettre dans une situation délicate, sachant pertinemment qu’il ne contrôlait absolument pas les désirs et autres pulsions qui lui passaient par la tête. Peut-être serait-il plus sage d’aller massacrer un gamin plus jeune ou quelque chose comme ça, se battre avec un groupe de garçons pourquoi pas. Encore fallait-il trouver des orphelins assez bêtes pour vouloir en venir au mains à plusieurs contre un, et en cela son ancien orphelinat lui manquait. Il avait besoin de vivre parmi des abrutis aussi, pour pouvoir leur faire une tête au carré sans se soucier du fait qu’ils étaient tous trop intelligents pour se battre avec lui. Peut-être que Kennedy s’ennuyait aujourd’hui, il aurait pu aller l’embêter elle, juste pour se défouler.

    Heureusement pour les orphelins plus jeunes, malheureusement pour l‘italien, pour Dew, pour Spring, et pour Paradox, ce fut ce dernier que Hurricane croisa dans les couloirs en premier. Un regard agressif réciproque, un élan motivé par la partie animale du cerveau, et aucune nécessité de parler ; le tour était joué, et l’italien se demandait ensuite pourquoi Dew s’acharnerait pour sa cause. Il était voué à être un sale gosse, voué à être un enfoiré. Le sportif pensait peut-être encore à partager avec lui sa gentillesse, mais c’était peine perdue.

    Il y pensait encore quand il entendit des coups frappés assez fort sur la porte de sa chambre, alors qu’il fumait en jouant à la DS.

    « … C’est qui ? »

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Sujet: Re: Shh Shh Plic Plic (Hurricane & Savage) Shh Shh Plic Plic (Hurricane & Savage) EmptyLun 7 Fév - 20:17

C’est qui. Il lui demandait qui c’était. Et lui se disait qu’il pouvait être qui il voulait du moment qu’il voulait de lui. Il pouvait être Spring, il pouvait être Tobi, il pouvait être Paradox. Ses doigts aux ongles courts se replièrent contre le bois ciré de la porte. Il les avait coupés récemment, en s’apercevant qu’il se blessait à force de serrer le poing. Sa mâchoire devint d’un coup plus marqué, formant des lignes nettes et brusques. La violence avec laquelle son cœur battait tout contre ses tempes contrastait avec le calme apparent qui se trouvait à l’autre côté de la porte.

- J’ai appris la nouvelle, félicitions !

Il était entré dans la chambre un tiers de seconde avant que Hurricane n’eut terminé sa question et bien avant qu’on eut le temps de décrire ses ongles, sa mâchoire ou son cœur. Il enchainait déjà les phrases sans sens qui dégoulinaient de sa gorge pourtant sèche. Il avait claqué la porte il y a un temps déjà. Sa colère avait redoublé en voyant combien il était tranquille, Hurricane, a fumer en jouant la DS. A jouer. Jouer, jouer tout le temps… Il se sentait comme une cartouche d’un de ses jeux. Il sentait que ce jeu l’avait ennuyé.

- J’espère pour toi que tu t’es bien amusé… homme de parole hein…

La rage faisait trembler la peau de ses bras, de son cou. Bras tendues dans les poches, il frissonnait, essayait de se contenir, les dents serrées, sourcils froncés, cœur cloué. Sa voix était pleine d’ironie, de reproches, de violence, de sécheresse. Il l’imaginait avec Paradox, il l’imaginait dans ce même lit, il le voyait très bien, trop bien, les images était trop nettes. Il n’y comprenait plus rien. Pendant un moment, il cherchait des phrases à formuler, des mots pour traduire tout ça. Gorge bloquée, gestes superflus, pas nerveux dans la pièce. Il regardait sur les côtés, comme si les mots qu’il cherchait était écris quelque part, et sa voix se fana d’un coup, devint faible et tremblante, mais avec une virulence terrifiante. On aurait dit une crise d’asthme. Il était perdu.

- Merde, merde… à quoi tu joues, qu’est ce que j’ai mal fait… c’est quoi qui a foiré…

Où je me suis planté. Non… non, c’était pas sa faute. C’était en dehors de son contrôle, il n’avait rien foiré du tout, il avait fait tout ce qu’il fallait. Et quand il réalisa ça, il s’arrêta brutalement de marcher et la violence de sa voix revient. Il fixa Hurricane, face à face.

- Non, non en fait t’as jamais voulu me donner ma chance hein ?! Tu m’as dit d’insister, mais en fait… en fait c’était juste pour t’amuser. Dès le départ, tu comptais me jeter. Sauf que c’était pas drôle de juste… me jeter comme ça.

Dans un mouvement automatique, il s’était rapproché de lui, lui tranquillement assis sur son lit à jouer à la DS et avait tendu son bras pour venir s’appuyer sur le mur.

- Fallait… fallait me voir espérer, c’était bien plus marrant.

Comme les papillons dans un fond de converse de sirop. C’est parce qu’ils se débattent que le spectacle est intéressant. S’ils restent là, sans se dépatouiller, s’ils se laissent mourir dans la substance gluance, c’était d’un ennui… A genou sur le lit, les deux bras au dessus de la tête de Hurricane, il se surplombait maintenant avec un sérieux impressionnant. L’italien était dans son ombre, son ombre écrasante et aussi colérique que lui, qui dévorait ce qui lui avait fait tant de peine. De là où il était, il pouvait voir à travers le t-shirt du jeune homme que les bandages avaient été enlevés. Et c’était comme ça qu’il le remerciait de lui avoir sauvé la vie. C’était comme ça qu’il concluait ses efforts. C’était comme ça qu’il voyait la chose. Il pouvait faire ce qu’il voulait de son corps mais… pour lui, pour Dew, il aurait pu éviter de réduire ce qu’il avait fait à néant, il aurait pu veiller à suivre entièrement les soins. Par principe. Allez y dire, à un mec qui a bien voulu vous prendre en autostop, qu’une fois déposé, vous avez finalement fait marche arrière. En ce moment, pendant une seconde, vraiment, il lui semblait le haïr. Tout ses défauts lui montaient à la tête comme des bulles de champagne, tout son mauvais côté, tout ce qui pouvait être détestable.

- Tu sais ce que tu es… ?

Ses sourcils s’étaient tellement froncés que son nez avait suivit le mouvement, se retroussant en une multitude de petit plis.

- Une trainée. T’es une trainée Hurricane.

Les yeux aiguisés, la pomme d’Adam vibrante d’émotions, sa voix habituellement chaleureuse donnait, avec la déception, la rage, la tristesse, la révolte… le ton d’un adulte, d’un père, d’un patron. De quelqu’un qui était d’autant plus blessant qu’il l’était rarement. Il savait accentuée là où il fallait pour donner son effet, et préférait mettre de la distance entre ce garçon et lui. Ce n’était plus William, ce n’était plus son Willy. C’était depuis qu’il était arrivé à la Wammy’s House, depuis qu’il s’appelait Hurricane, qu’il était devenu comme ça. Et que tout avait dégénéré. Il avait l’impression d’avoir perdu un ami. De colérique et dégouté, la déception vint se nicher de toute sa longueur dans les yeux de l’Anglais. Lentement, ses traits se détendirent et le calme, d’un coup, occupa son visage. Il y avait sur son front un léger plissement de peau et, dans ses yeux, un reflet explicite. Un soupire, et après avoir pris une petite impulsion sur le mur, il se recula un peu.

- Je croyais que tu valais la peine que je m’acharne pour toi.
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Sujet: Re: Shh Shh Plic Plic (Hurricane & Savage) Shh Shh Plic Plic (Hurricane & Savage) EmptyLun 7 Fév - 20:35

    Il l’avait regardé entrer sans vraiment comprendre. D’un coup déboulait dans la pièce un être humain qu’il ne semblait pas reconnaître : quelqu’un qu’il n’avait jamais vraiment vu. Un garçon, un sportif, un crétin joyeux qui n’était plus que l’ombre de lui-même. La colère vous transformait un homme. Hurricane avait l’habitude de la colère, il l’avait vécue, côtoyée, il pensait ne plus la craindre, il pensait être totalement immunisé des souffrances qu’elle pouvait infliger, des craintes qu‘elle pouvait inspirer. Pourtant, lorsque Duncan entra dans la pièce en trombe, il sentit toutes ses certitudes s’effondrer. Il n’avait pas peur, il ne le craignait pas, mais il sentit son cœur faire un bond dans sa poitrine, et aucun mot ne parvint à sortir de sa bouche comme bloquée par la surprise. Son jeu de DS résonnait tranquillement, mais ses doigts restaient immobiles sur les petites touches. Il fixait le brun. Il l’écoutait parler. En le regardant, complètement incapable d’exprimer quoi que ce soit pour sa défense. Il savait qu’il s’était comporté comme un animal, et il n’aurait pas eu l’audace de dire qu’il n’en était pas un : pourtant il aurait espéré peut-être quelque part que le brun ne soit jamais au courant. Pourquoi ? Parce que c’était vraiment trop cruel. L’italien savait que s’il était passé à l’acte avec l’autre blond stupide ce n’était que parce qu’il ne pouvait plus supporter ni la pression de Spring ni celle que lui infligeait le sportif sans s’en rendre compte. Il n’aurait pas du l’embrasser comme ça sans lui dire la raison, il n’avait pas le droit de le laisser ainsi dans le doute, dans l’attente, dans une espèce de bulle incohérente. Passer à l’acte aurait du se faire avec le brun et il ne pouvait pas le nier. Mais comment aurait-il pu faire ? Comment aurait-il pu présenter la chose ? Plus Dew parlait, plus il lui faisait sentir à quel point l’argenté avait honte, se détestait, se sentait moins que rien ; et pourtant, le jeune fumeur ne savait vraiment pas quoi dire. Muet. Un silence mutin qu’il ne pouvait pas contrôler, et pourtant il aurait voulu se lever brutalement et lui exclamer en grognant plus fort que lui que tout ça n’était qu’une énorme farce et qu’il serait vraiment temps qu’ils se réveillent tous les deux de cet espèce de rêve malsain dans lesquels l’embargo des jumeaux les avait enfermés.

    Dew : «  Non, non en fait t’as jamais voulu me donner ma chance hein ?! Tu m’as dit d’insister, mais en fait… en fait c’était juste pour t’amuser. Dès le départ, tu comptais me jeter. Sauf que c’était pas drôle de juste… me jeter comme ça. Fallait… Fallait me voir espérer. C‘était bien plus marrant. »

    Était-il à côté de la plaque ? Avait-il raison ? Hurricane ne savait pas vraiment où se mettre. Devant lui un mur de colère, de déception, de rage. Qui le fixait de si près qu’il pouvait presque sentir ses yeux le poignarder comme autant de lames dans la peau, souffrances qu’il avait sans doute méritées. L’argenté n’aurait jamais cru qu’un homme en colère puisse lui faire ressentir cette gêne enfantine, de celles qui nous étreignent le cœur quand on déçoit quelqu’un que l’on aime. Cette prison psychologique, ces désordres sentimentaux tellement plus puissants qu’un coup de poing ou une blessure physique. Lorsque les jumeaux l’avaient massacré, il avait eu mal, mais il avait souri quand même. Pas question de sourire cette fois. Il ne pouvait pas. Il se sentait mal. Hurricane le terrible se sentait comme le dernier des salauds, et il savait que cette fois-ci c’était justifié.

    Comment réagir ? Se poser en victime ? Jamais. Il n’était pas qu’un petit adolescent débile qui n’avait pas d’arguments. Pourtant cette fois, il n’avait qu’une envie, lui balancer quelques mots au visage, ces quelques mots qui le démangeaient depuis trop longtemps, et qui pourtant n’avaient strictement rien d’une bonne excuse. De toutes façons, Dew parlait trop et l’italien n’aurait pas pu les placer.
    "C'est ta faute."

    Et là, il l’avait traité de traînée. Avec cet air froid. Cette colère glacée qui le transformait. Il était loin le chaleureux garçon qui lui avaient fait miroiter l’espoir que tous les gens sur cette terre n’étaient pas que de vils enfoirés qui ne pensaient qu’à leur gueule et à utiliser les autres.
    A cette pensée, Hurricane sentit une boule dans sa gorge.

    Dew : «  Je croyais que tu valais la peine que je m’acharne pour toi. »

    If words could kill.
    Et là, c’était à son tour de parler, à son tour de dire quelque chose. Ne pas laisser le brun s’en aller, ne pas le laisser partir sur ces mots. Parce que dans ses yeux, Hurricane lisait que toute la confiance qu’il lui avait portée à tort avait définitivement disparu. Il sentait qu’il venait de perdre son seul ami. Il l’avait bien cherché. Et en même temps…

    Hurricane : « Ca y est, t’as fini ta tirade ? »

    Il le toisait maintenant. Et il aurait voulu que quelqu’un l’assassine, que quelqu’un l’arrête. Il savait que s’il se faisait détester par Dew, il ne serait jamais capable de récupérer son amitié. Et Dieu savait qu’il en avait besoin, autant qu’il aurait voulu se le cacher, il fallait qu’il arrête de faire le con. Faire le con ne le sauverait plus.

    Hurricane : « Une traînée, hein ? C’est bien ce que je croyais. T’acharner pour moi, tu parles. Tout ce que tu fais c’est me donner des ordres et me tester. J’avais pas envie de sortir avec cette abrutie de Spring, j’avais pas envie d’avoir à te prouver quoi que ce soit. »

    Mais que quelqu’un l’arrête, sérieusement. L’italien se leva du lit, balança sa DS derrière lui sans prendre la peine de l’éteindre et sans quitter Dew des yeux, malgré que sa voix peinait à paraître calme.
    Il fit quelques pas en direction du brun qui s’était éloigné et le fixe, trop proche de lui sans doute, il pouvait sentir son souffle lent et sa colère lui frôler la peau.

    Hurricane : « Je fais ce que je veux. »

    Se mentir à lui-même avait toujours été sa spécialité. Ce qu’il voulait n’avait rien à voir avec son ego, avec Paradox ou avec quelque besoin primaire que ce soit. Ce qu’il voulait était debout là devant lui et à chaque parole de prononcée il le sentait s’éloigner de lui inexorablement.
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Sujet: Re: Shh Shh Plic Plic (Hurricane & Savage) Shh Shh Plic Plic (Hurricane & Savage) EmptyLun 7 Fév - 22:18

Imaginez vos nerfs. Tendus comme d’un arc. Imaginez vos poings. Serrés jusqu’à rendre les jointures blanches. Imaginez vos ongles. Court, mais furieusement planté dans la paume de votre main. Une peau qui frémissait de rage, une mâchoire serrée, les naseaux du nez légèrement gonflés, il se retenait. Il se faisait mal, il se saignait, il aurait voulu s’ouvrir les veines, s’arracher la peau avec les ongles. Il ne savait plus quoi faire, il était désespéré, il sentait les flots de l’impuissance inondait ses poumons. Savoir, savoir trop bien, et ne pas avoir de preuves. Une sorte d’injustice, une rage complète. Comme un élève qui a fait son devoir maison pendant tout le week end et qui ne le trouve pas dans son cartable. Comme quelqu’un qui sort d’un magasin avec un livre, mais ne retrouve pas l’addition quand le vigile le lui demande.

Ca, ca avait été la première phrase de sa colère. Se débattre en voulant prouver qu’il était sérieux, ne rien trouver, vider ses poches frénétiquement, angoisser, protester. La deuxième phrase, était celle de la jalousie, de la déception, de la trahison, de l’injustice pure. C’était le moment où le professeur vous donnait une colle pour devoir non rendu, c’était le moment où le vigile vous traitez de voleur. C’était le moment où celui qui attendait une preuve, au moment où vous l’effleurer des doigts, vous envoyez vous faire foutre. C’était le moment où le type que vous aimait couchait avec quelqu’un d’autre. Dew aurait pu culpabiliser, se dire qu’il aurait dû réagir plus vite, fouiller plus activement son sac à la recherche de ce qui rendait sa cause indéniable. C’était là qu’il avait senti que, preuve ou non, le vigile la lui avait juste demandé pour voir son air angoissé, pour le voir fouiller son sac comme un dingue, le voir supplier d’attendre, qu’il l’avait, quelque part, son addition. Il se délectait de sa puissance, à la vue de quelqu’un de déboussolé, qui n’arrivait pas à prouver ce qu’il savait trop bien, qui n’arrivait pas à faire triompher la vérité. Il lui avait demandé son addition juste pour jouir de sa puissance, se contre-foutant de la sécurité. Preuve ou non. Vous auriez présenté l’addition, il aura trouvé autre chose. Que la date ne correspondait pas, que votre agenda semblait bien neuf pour un mois d’octobre, qu’il vous a vu tester quelques stylos dans le rayon papèterie, alors que c’est interdit. C’était la phase deux et demie. Celle où vous réalisez que, quoi que vous fassiez, c’était couru d’avance. Que le type en face de vous se fout juste de votre gueule. C’est la phase où les nerfs commencent à lâcher, un par un, dans des claquements de fouet. Si la pression de la recherche vous a épuisé, l’impuissance de la vérité vous a donné déçu de celle-ci, alors la trahison de l’homme vous brisera le cœur et fera sombrer l’espoir que vous avez toujours eu en lui, même dans sa médiocrité. Elle vous fera hurler de douleur, vous donnera envie de lui arracha son oreillette et de l’étrangler avec. Elle vous donnera envie de frapper quelque chose, et vous fera souffrir de voir que ça ne sert à rien. Elle vous brulera les yeux avec de l’acide, vous mettra une enclume à la place du cœur, vous brulera les poings.
Chez Dew, ça correspondait à sa tirade pleine de rancœur et de colère. Le potin sur Paradox avait mis à jouer la vanité de quelconque preuve, et la cruauté de celui qui la demandait. Ca avait brisé les nerfs tendus d’un amoureux qui patauge entre réjection et sous-entendu. Il était rentré dans cette chambre, il s’était emporté, il n’en pouvait plus. Il y avait juste un moment, où on en pouvait.

Maintenant, il était en phase 3. La phrase finale, celle qui faisait perdre tout contrôle. Celle pendant laquelle on vous dit que c’est votre faute. Celle pendant laquelle le vigile fait son naïf devant votre colère. Dew avez démasqué la duperie, la clamait haut et fort, et Hurricane la retournait en disant que cette accusation était une preuve qu’il n’était pas sérieux. Le virile reprenait sa première réplique "Vous vous énervez, c’est donc que vous n’avez pas l’addition". Ca tourne en rond. Le retour au poing de départ. C’était ce retour là qui rendait fou. Vous accusez le vigile de se ficher de l’addition, vous l’accusez de sadisme, vous l’accusez de tromperie. Il ne vous répond que "Donc, vous n’avez pas l’addition." C’est la phrase finale qui fait sauter votre cervelle. C’est l’angoisse du cercle qui ne se termine jamais. C’est la prise de conscience que ça ne finira jamais, jamais… jamais. Ca fait des heures que vous déblatérez, et vous venez de revenir exactement au même point. Avec le vigile qui ne semble pas comprendre de quoi vous l’accuser, qui dévie, qui fait encore genre qu’il s’intéresse à votre addition. Alors que vous savez qu’il n’en ait rien. Vous sentez le foutage de gueule comme un coup de poing en plein nez. Vous la sentez ensuite couler en sueur sur chaque millimètre de votre peau. "C’est bien ce que je croyais." Oh, cette phrase. Si la trahison lui avait fait l’effet d’une balle dans la tête, Hurricane mettait maintenant de la soude sur la blessure. Comment il pouvait oser.
Un poing dans sa face. Il lui avait toujours trouvé un joli visage, visant le sublime. Là il avait juste envie de faire en sorte que ce visage ne ressemble plus à rien. Les phalanges contractées sur elles-mêmes venaient écraser leurs jointures contre la mâchoire de Hurricane. Jamais il n’aurait imaginé le frapper comme ça un jour. Le fait était qu’il ne supportait plus son petit visage d’ange pourri devant lui. Chaque ligne, trait, creux, plat, bosse, il voulait tout faire disparaître. Il n’avait frappé qu’une fois pourtant. Mais ce n’était pas une gifle de femme, c’était la droite d’un baseballer. Un silence. La haine avait loué refuge dans ses yeux et sa voix était tremblante de fureur.

- Non… ça marche pas comme ça.

Il y a un moment, dans la colère, où on veut tellement hurler qu’on n’y arrive plus. La gorge à comme un système de sécurité, elle s’assèche et se bloque. Mais la haine est là, elle siffle entre ses dents serrés.

- Y a des gens autour de toi… ils sont pas dans le décor …ce que t’appelle des ordres et des tests, c’était pour t’apprendre ça. Tu veux te faire une raison à ta solitude, te dire que c’est toi qui l’a choisi. T’as trop peur de ne pas être aimé, alors t’es infecte avec tout le monde, comme ça t’en connais la raison. Tu leur laisse même pas le choix de t’aimer un peu. Pourtant eux aussi, ils ont le droit de faire ce qu’ils veulent, tu crois pas ?

Tu t’offres une liberté et tu condamnes celle des autres. Et tu trouves ça normal. Normal oui. Les autres, tu ne les vois même pas de toute façon. Dew s’avançait vers lui, lentement, regardant ailleurs, levant presque les yeux au ciel. On avait l’impression qu’il pouvait donner un second coup à n’importe quel moment, comme ça, sans même le regarder.

- "C’est bien ce que je croyais" hein… ça te répugne à ce point, tout ça ? T’avais tellement envie d'avoir la preuve que j'étais pas sérieux, que je voulais juste te sauter sans rien après, que tu t'es comporté comment une trainé. Pourtant que je parie que ça te dérangerai pas, de te faire sauter.


Ses yeux avaient fini par se planter dans les siens, à la dernière phrase. Il le poussa contre le mur d’un geste brusque jusqu’à entendre son dos claqué contre le plâtre. Et d’une de ses mains larges et calleuses, aux ongles courts et à la peau sèche, il lui saisit la mâchoire, serrant sa prise, comme un casse-noix sur une noisette. Une mignonne petite noisette. Ainsi, il le força à le regarder dans les yeux, ses doigts pressant contre ses joues pour l’empêcher de parler. Les lèvres de Hurricane en étaient déformées, tout comme son arcade sourcilière, légèrement ouverte. Une petite goutte de sang coulait en direction de l’œil droit.

- Tu m’aurais pas cassé le nez, si au lieu de te demander de sortir avec moi, je t’aurais demandé de coucher. Et puis ensuite… tu veux des preuves que je suis sérieux hein. Et puis tu fermes les yeux dessus et cherche à trouver des preuves contraires.


Resserrant un peu sa prise, il alla coller avec une lenteur exacerbé ses lèvres contre l’oreille de l’italien. Et il murmura, secouant à peine les lèvres.

- En vrai t’as toujours voulu que je te prenne. Mais tu aurais voulu je te force, de façon à te faire croire que tu n'étais pas consentant.

Un léger recul, il le fixa dans les yeux. Il le fixa de ses grands yeux bruns. Il avait arrêté de les plisser, de les rendre aiguisé et cruelles. C’était redevenu de grands yeux bruns qui cherchaient à comprendre.

- Et moi j’étais amoureux de toi.

Il laissa tomba sa main du visage de Hurricane, le regarda. Puis détourna le regard avec un sourire amusé de sa propre bêtise.

- Comment j’ai pu être aussi con.
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Sujet: Re: Shh Shh Plic Plic (Hurricane & Savage) Shh Shh Plic Plic (Hurricane & Savage) EmptyMar 8 Fév - 11:56

    Une ombre... pas furtifs, discrets au détour d'un couloir, tel un chat qui se faufile sur le toit d'une maison. On ne l'entend pas arriver, on ne le voit pas dans son noir pelage... on l'oublie... mais ses yeux perçants pèsent sur vous, ses yeux s'illuminent... mais d'une lumière que l'on a bien du mal à identifier. Là, au seuil de la porte, devant la chambre de Hurricane, un grand élément perturbateur de l'orphelinat, celui qui n'en faisait qu'à sa tête en se moquant des conséquences, avait visiblement réussi à mettre hors de ses gongs le garçon le moins violent de tout la Wammy's House... Si les circonstances étaient autres, Winona n'en aurait rien eu à faire, mais il semblait qu'elle se trouvait également dans tout ce merdier, mais elle était comme ce chat dans l'ombre, sur son toit, épiant, silencieux. Des cris, de la colère, de l'incompréhension... elle assistait à tout cela en simple spectatrice, hors champs de la scène d'action. Voilà bien quelque chose qui ne lui ressemblait pas. Toutefois, elle resta immobile, le visage impassible, le regard sévère posé sur un baseballer qui lui tournait le dos, n'ayant d'yeux que pour une unique personne, vidant son fiel de colère jusqu'à admettre la vérité. Haut et fort. Une vérité qui résonna, une vérité qui au final n'était pas surprenante si ce n'était pour les concernés. Stupide jeu d'adolescent qui se refusait à avouer l'inavouable. Ce fut à ce rire nerveux, à cette constatation évidente de Dew de sa naïveté que la voix de Savage résonna derrière les deux orphelins.

    " Il semblerait que tu n'aies pas été le seul. "

    Surprise, surprise... la troisième roue du carrosse était arrivée....


~~~~~~~~~~~~~~


Quelques minutes plus tôt...

    Savage passait comme à son habitude son temps libre à disparaître, fuyant le monde et la foule pour observer tout ce petit monde sur son piédestal. Quand elle en avait assez de regarder les bruyants personnages qu'ils étaient à se débattre pour peu de chose, elle se coupait du monde, ne se souciant que d'elle-même. Généralement, il était évident que l'on ne pouvait la trouver que dans le gymnase à transpirer et s'essouffler, où même courir à faire un jogging aux alentours. Winona s'était faite étrangement discrète pour une raison mystérieuse, comme si au final, elle souhaitait éviter tout le monde. C'était peut-être vrai après tout... mais s'en était-elle elle-même rendue compte?

    Quoiqu'il en soit, depuis qu'un semblant de calme était revenue ici, elle avait pu retrouver ses "armes", son bon vieux bokken qui ne quittait plus sa ceinture. Un fétichisme curieux peut-être, mais cela n'était pas pire que certains dans les environs. Après tout, le génie était toujours incompris des autres, non? Quoiqu'il en soit, tous ses efforts terminaient la majorité du temps par une douche fraîche bien méritée, un peu de repos... mais pas pour vos oreilles. Les ragots, les rumeurs... Elle ne comptait plus le nombre de fois où elle avait entendu les "fabuleuses histoires de Hurricane, la tornade ". Il portait bien son pseudonyme. Des murmures, des plaintes, des commérages. La Wammy's House était pire qu'un magazine à scandale et les peoplelades fusaient à foison. Lorsqu'elle passait une fois on parlait des histories de fesses de la tête de poulpe, puis d'infirmeries, puis d'un passage à tabac... puis de Dew, inévitablement. Le rapport étrange mais qui ne trompaient personne, et tout ce qui tournait autour de la chose. Le plus humiliant pour Savage n'était pas tant cette histoire entre les deux garçons qui refoulaient leur envie ou leur délire, elle savait déjà que lorsqu'elle rentrerait en jeu, les choses allaient bouillonnés, et c'était un challenge qu'elle ne pouvait que relever. Le pire, c'était les messes basses lorsqu'elle passait... des regards à son encontre, presque plaintif, comme si on avait pitié de sa situation, d'autres au contraire étaient plus arrogant et lui signifiait que c'était bien fait et le patatrin... Mais les plaintes... la pitié... cela lui faisait horreur et exacerbait sa colère. A trop vouloir jouer, elle était en train de se brûler.... mais est-ce que tout ne s'arrêtait que là?

    Le chat sauvage avait fini par entendre des commères parler d'une grande engueulade dans le quartier des mecs. Rien d'étonnant jusque là... mais il s'agissait de Hurricane et de Dew. Voilà qui changeait la donne.... après tout, elle était toujours officiellement la "petite amie" du baseballer. Alors elle s'était engouffrée dans le couloir des chambres des garçons, elle avait reconnu des voix, elle avait tout entendu....


~~~~~~~~~~~~~~

    Là, au bas de la porte, le chat sauvage était sortie de son buisson pour aller en pleine lumière, impassible, froid. Dans sa main, Savage serrait fortement son bokken. Pourquoi? Pourquoi était-elle subitement en colère? Dew n'était qu'un garçon parmi tant d'autres, un benêt aveugle et naïf incapable de voir plus loin que le bout de son nez, pas foutu de se déclarer comme il se devait à un crétin à tête de poulpe. Pourtant.... ce crétin là.... elle s'y était bizarrement habituée, à s'entrainer, à regarder des films qu'elle ne connaissait pas... de façon normale et banale comme une jeune fille de son âge. Toutefois, elle savait depuis le début qu'elle serait toujours dans l'ombre, une ombre tenace néanmoins.

    Pourquoi avoir accepté de faire partie du jeu? Elle se le demandait.... Lorsque Dew lui avait fait des "avances" de lui-même après la provocation sur laquelle elle avait joué avant cette situation avec ce dernier afin de faire simplement ruminer Hurricane pour le plaisir de l'enrager - parce qu'elle ne détestait pas la tête de poulpe même si ce n'était pas évident -, elle n'aurait jamais imaginé que son "flirt" avec Dew aille finalement si loin ou plutôt durer un peu. Savage aurait dû y mettre un terme bien plus tôt... elle aurait dû mais elle avait désiré voir les choses évoluées. Une curiosité stupide. Maintenant elle se trouvait là, face à une déclaration plutôt violente de l'autre benêt.

    Finalement, celle qui avait été prise pour une conne dans cette histoire, c'était elle. Humiliée, trompée.... il en fallait souvent bien moins pour un pétage de câble non? Mais finalement, qu'est-ce qui serait le plus violent? Quelle leur démonte la tête à tous les deux? Non... elle pouvait le faire à tout moment et puis cela serait trop facile non? Il n'y avait qu'une chose à dire.


    " Il y a des gens autour de vous deux... bande d'abrutis. "

    Sa voix était froide, sèche, inébranlable par une quelconque forme d'émotion. Leurs conneries n'avaient fait que les enfoncer un peu plus dans la merde, mais cela avait également entraîner Savage. Les chats sauvages ne sont pas des créatures qui aiment être forcé à faire quelque chose, ils vivent leur vie comme ils l'entendent...dans le cas contraire, ils sortent les griffes. Mais là... Winona ne pointa sur son regard acéré à leur égard, déçu, en colère, peiné... aller savoir au final ce qui en sortait le plus.... peut-être du mépris. Le chat resta calme, préférant enfoncer ses ongles dans le bois de son bokken, rester digne, fière, elle conserva finalement un silence d'outretombe, avant de préférer détourner les talons. Elle en avait assez entendu, elle en avait assez vu... "Allez crever tous les deux ".... peut-être que c'était cela sa plus profonde pensée...
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Feuille de personnage
Wammy’s: House
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Sujet: Re: Shh Shh Plic Plic (Hurricane & Savage) Shh Shh Plic Plic (Hurricane & Savage) EmptyMer 9 Fév - 22:07

    Il lui laissait le pouvoir sur lui en lui laissant lui parler de la sorte. Il se laissait écrabouiller comme une vulgaire mouche qu’on aplatirait après avoir passé des heures à essayer de la capturer. Ou peut-être qu’il se faisait juste arracher les ailes, qu’il se faisait descendre de force de son piédestal d’insolence et de dédain qui ne l’avaient jamais mené qu’à des ennuis toujours plus lourds. L’italien n’aurait pas pensé qu’un jour il se ferait extirper de ses certitudes égoïstes et qu’il se prendrait la raclée de sa vie par ce type-là.
    Les coups portés par les jumeaux sur son corps ne l’avaient pas tué, il ne se laisserait tuer pour rien au monde. La droite d’un baseballer dans le visage, ça n’aurait pas du être plus difficile à supporter. Lorsqu’il sentit ses os craquer alors qu’ils venaient à peine de se reconstituer, il ne pensa pas à son faciès qui serait peut-être définitivement déformé, il ne pensait à rien, il fixait le mur, forcé à le faire par la puissance du coup qui l’avait fait chanceler ; oh, il aurait pleuré, s’il avait vraiment eu mal. Mais son visage blessé en avait vu d’autres. Il en verrait d’autres. Par contre, son ego et son cœur venaient d’être heurtés de plein fouet par quelque chose de plus fort qu’un simple coup de poing : comme un réveil, un ultime appel au secours, comme s’il fallait qu’il comprenne qu’il n’était pas un cas désespéré. Dew avait voulu son bien, lui avait tendu la main, tendu des perches, trop souvent, et l’italien n’avait été capable que de lui cracher dessus en retour. Il n’aurait pas du être surpris de se faire frapper par le sportif.
    Il l’avait terriblement mérité. Il n’y avait rien d’autre qui aurait pu le faire réagir plus que ce geste symbolique. William avait mis dans une rage folle le garçon le plus adorable de l’orphelinat, et il venait de se prendre une beigne monumentale. A cet instant précis, il aurait du s’asseoir, se tenir le visage, baisser les yeux en signe de soumission, peut-être réfléchir et assumer ses erreurs. Cependant, chaque parole sifflée par Dew lui paraissait pareil à du venin empoisonnant lentement ses veines, faisant disparaître à chaque seconde un peu plus de son humilité.

    Dew qui n’avait pas tort.
    Dew qui n’était pas seulement un crétin stupide qui ne comprenait rien à rien ; voilà où ça t’a mené, Hurricane, de te surestimer et de prendre tous les autres pour des arriérés.

    S’il avait pu, si seulement il avait eu le courage de n’être que le salaud qu’il pensait être, il se serait levé et l’aurait massacré. Parce qu’il en avait envie. Dans sa poitrine brûlante de fiel et de remords, l’adolescent désemparé et perdu sentait qu’il aurait pu le tuer s’il avait voulu : il voulait se redresser, lui sauter à la gorge et l’exterminer. Dans sa tête, un bordel infâme, mais surtout de la colère et de la honte : cocktail qui transformait la tornade en bombe atomique prête à exploser, tant il n’avait plus la force ni la capacité à réfléchir à tout ça. Devant lui, debout devant lui, le poing encore serré, s’approchant à mesure qu’il parlait, se tenait un homme qu’il détestait. Il n’avait pas le droit de le frapper, il n’avait aucun droit sur sa personne, ni de lui faire la morale ni de lui donner des ordres, ni de rien du tout, il n’avait même pas le droit de l’approcher ou de lui parler ni même de respirer le même air que lui : alors le voir comme ça le prendre de haut simplement pour des questions de morale lui donnait des envies de meurtre qu’il n’avait plus ressenti depuis longtemps. Même s’il savait que s’il lui faisait plus de mal qu’il n’aurait du il ne pourrait jamais se le pardonner. Même s’il savait qu’au fond, il se mentait encore. La colère lui donna quelques minutes l’impression d’être encore quelqu’un de fort et de n’avoir aucun devoir. La colère lui rappela pourquoi il s’était promis de ne pas se faire d’amis ni de relations proches : pour éviter toutes ces emmerdes et éviter que certaines personnes se donnent la permission de lui faire la leçon. Ou peut-être juste pour ne pas avoir à supporter des sermons qu’il savait terriblement vrais et qui lui faisaient du mal. Eviter la douleur morale, hein. Tout encaisser dans la douleur physique. Et il se croyait courageux… Sans foi ni loi, mais avec un cœur incapable de s’empêcher de tomber amoureux. Il était beau à voir, en sang de nouveau, retenu par les joues maintenant, par cet enfoiré. Et il ne bougeait pas, il ne gigotait pas, il ne serrait pas ses poings pour les écraser sur Dew et se faire un plaisir de le transformer en bouillie humaine. Il ne bougeait pas parce que ses muscles ne lui obéissaient pas de toutes façons, et qu’il était trop plongé dans le regard froidement furieux du baseballer qui le regarder, tant il sentait sa voix dépitée le transpercer comme autant de lames : et il lui rendait son regard, sombre, cruel, insensible, ayant presque envie de sourire de l’ironie de la situation. Il n’y parviendrait pas, il n’arrivait même pas à articuler tant la rage crispait chacun de ses membres. Petit garçon qui se faisait gronder parce qu’il avait tiré les cheveux de sa petite sœur et l’avait fait pleurer, petit garçon qui savait qu’il avait tort mais qui pensait être plus fort, au-dessus des larmes et du pardon. Trop d’ego dans un petit corps.

    Contre le mur, écrasé presque par la force du brun qu’il n’aurait pas soupçonnée, il continua de le fixer sans ciller, ou presque, sentant le sang couler le long de sa peau.

    Dew : « En vrai t’as toujours voulu que je te prenne. Mais tu aurais voulu je te force, de façon à te faire croire que tu n'étais pas consentant. »

    Duncan en colère lui faisait peur. Pas une peur panique, mais cette sensation désagréable d’être impuissant parce que même des coups ne ferait pas faiblir cette colère : totalement impuissant, l’italien se sentait faible et incapable de se défendre. Dew n’avait pas le droit d’avoir un tel pouvoir sur lui. Il l’en détesta encore davantage. Lorsque le brun le lâcha et que ses yeux cessèrent de l’assassiner, Hurricane se releva correctement en chancelant un peu, portant ses doigts bagués à son visage, la douleur lancinante n’étant qu’un détail.

    Dew : « Et moi j’étais amoureux de toi. Comment j’ai pu être aussi con. »

    Il le détestait. Le haïssait. L’abhorrait. Le méprisait. Le tuerait. Lui ferait du mal. Cet enfoiré.
    Cet enfoiré qui venait de lui dire qu’il l’aimait après lui avoir fait comprendre qu’il n’était qu’une traînée irrécupérable, et putain que ça faisait mal de le détester autant, de le détester d’autant plus qu’il n’avait pas le droit d’être amoureux de lui. Il avait le droit de vouloir être son ami, de vouloir le garder pour lui, de vouloir le sauter, de vouloir le frapper, mais il n’avait pas le droit de l’aimer. Parce que c’était réciproque et que l’italien ne le supportait pas. Parce qu’on ne pouvait pas empêcher quelqu’un d’être amoureux, parce que si le brun l’aimait, alors tout ça n’était qu’une connerie monumentale. Cette situation n’était qu’un énorme bordel qui n’aurait jamais dû exister. Si le brun l’aimait, il ne pourrait jamais avoir la force de le détester vraiment, de lui trouver des torts impardonnables, de l’éjecter de sa vie. Putain de baseballer, son crétinisme allait vraiment finir par causer leur perte à tous les deux.
    Dew pour être amoureux d’un garçon qui ne lui correspondait pas et Hurricane pour être amoureux tout court.

    Savage: « Il semblerait que tu n'aies pas été le seul. »

    La situation ne pouvait pas sembler plus idyllique. L’italien tourna vivement la tête vers l’origine de cette voix féminine et lorsqu’il remarqua la silhouette gracieuse et les yeux froids de la jeune femme, il se redressa fièrement, essuyant le sang de son visage du revers de la main, et lui rendant son regard.
    Il ne lui dit rien. Il n’avait rien à lui dire. Cette fille, il n’avait rien contre elle, si ce n’était le fait qu’elle aussi n’était qu’une crétine guidée par des sentiments stupides.

    Savage : «  Il y a des gens autour de vous… bande d’abrutis. »

    Elle fit demi-tour, mais Hurricane s’en moquait. Sa présence n’avait fait que lui imposer tout naturellement la seule réponse qu’il aurait à fournir à tous les arguments destructeurs que le brun lui avait exposé. Sa voix n’avait rien d’humble ou d’honteux, rien qui pouvait ressembler à des excuses ne se fit sentir dans le ton qu’il adopta. Sa situation actuelle ressemblait fortement à un suicide social qui lui faisait bien plus de mal qu’il ne voulait l’admettre.

    Il fixa Dew, l’air mauvais.
    Hurricane : « T’es pas amoureux de moi Duncan. T’es amoureux du danger. De l’inconnu. De ce qui ne te ressemble pas. T’es amoureux d’une image que tu t’es fait de moi, t’es amoureux du passé, t’es amoureux de la belle vie, t’es amoureux de tes fantasmes, tes amoureux d’un idéal que tu t’es inventé tout seul, t’es amoureux de ce sentiment que tu as de croire que tu vas pouvoir me dresser comme un cheval sauvage. Tu sais ce que t’es ? T’es un amoureux du jeu. Et oui, tu a été con. Aussi con que moi de croire que j’avais succombé à quelque chose en toi. Tche. »

    Il pencha un peu la tête en direction de Savage, tout en cherchant une clope à s’allumer, sa seule énergie reposant sur la blessure profonde de son ego. Il allait s’en prendre une autre, et une autre encore, de beigne, mais là il pourrait réagir, ça serait légitime.

    Hurricane : « T’es pas mieux lotie, Savage. T’es amoureuse de lui ? Ou de l’innocence ? De la naïveté ? De l’inhabituel ? Vous allez bien ensemble tiens. »

    Bien joué William. Maintenant ils te détestent comme il faut, tu as gagné. En contrepartie, tu as tout perdu.
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Sujet: Re: Shh Shh Plic Plic (Hurricane & Savage) Shh Shh Plic Plic (Hurricane & Savage) EmptyMer 9 Fév - 23:12

- Il semblerait que tu n'aies pas été le seul.

Il avait mal aux yeux. Ca piquait. Ils étaient rouges ses yeux, sans même qu’une larme n’ait eu à couler. Ils étaient rouges de folie, ils étaient secs de colères. Et cette sécheresse venait du fait qu’il se sentait en droit d’être en colère. Qu’il avait la lance en main, et qu’on ne pouvait pas l’attaquer. Parce qu’il n’avait rien fait, il était la victime dans l’histoire. Il était celui de qui on se jouait, il était celui à plaindre, celui qui avait acquis des droits par sa souffrance. Et il avait suffi qu’une phrase, d’une apparition, pour le détrôner. La douleur de la colère, bien qu’aigu, était nette et avantageuse quand on en avait le contrôle. C’était une blessure profonde, mais propre. Cependant la culpabilité, la culpabilité… des débris de verre sous la peau, des échardes de bois, des graviers. Plus douloureuse, plus dur à soigner et surtout, elle était tellement moche qu’on n’osait pas la regarder. Ce n’était pas une blessure classe qu’on exhibait comme un trophée, c’était une horreur dont on préférait détourner les yeux. Ces débris de verre, ces échardes, ces graviers, qui empêcheront la plaie de se refermer, venaient d’être lancés brutalement dans sa chair palpitante. Son visage s’était figé, lentement, comme si ses traits sortaient d’un long coma. Il était terrifié à l’idée de se retourner, Dew. Il en avait l’estomac au bord des lèvres, Dew. Il lui semblait que toute l’assurance, toute l’autorité, toute la confiance qu’il avait enfin pu obtenir grâce cet élément déclencheur plus que désagréable, tout le bon qu’il tirait du mauvais, venait de se briser brutalement sous ses yeux. Il était malade à l’idée qu’elle ait pu entendre. Ses yeux regardaient le vide avec une expression proche de la terreur, et les petits nerfs venaient s’étendre dans le blanc de ses globes. Il avait mal aux yeux. Il lui semblait qu’il ne les avait pas fermés depuis des jours. Il lui semblait que s’il les fermait, il allait pleurer. Des montées acides, il les déglutissait tant bien que mal, il se sentait mal. La tête lui tournait, il avait envie de vomir Dew.
Il n’avait plus aucun droit, Dew. La culpabilité lui montait à la gorge et elle était d’autant plus forte que c’était WildCat qui la lui infligeait. Ils sortaient ensemble depuis un mois ou deux maintenant, leur relation avait été d’une simplicité délicieuse. Il n’avait jamais rien compris aux filles, Dew. Jamais. A part avec elle. Il aimait cette relation Dew, parce qu’elle était libre. Libre dans le sens, sans sentiments, qu’ils n’étaient pas amoureux, qu’ils s’appréciaient l’un pour l’autre. Et s’ils venaient à se séparer, WildCat serait peut-être triste ou blessée sans son honneur, elle lui foutrait peut-être une beigne. Mais jamais, jamais, elle ne serait blessée dans son amour. Sans sentiment, c’était plus léger et moins douloureux. On ne mettait pas la moitié de son cœur en location, on se regrettait, on trouvait quelqu’un d’autre. Là, il culpabilisait d’autant plus que WildCat semblait sous-entendre qu’elle avait mis son cœur en caution. En plus de la déception, de l’honneur trahi… il avait le sang d’un cœur déchiré qui coulait entre ses mains. Il les sentait poisseuse.

-Il y a des gens autour de vous deux... bande d'abrutis.

A ces mots il se retourna précipitamment, n’apercevant que le bout de sa queue de cheval, dans son mouvement pour sortir. L’envie de la rattraper avait produit un reflexe automatiquement de l’une de ses jambes, qui s’était tout de suite reculée. Il avait envie de lui dire "mon cœur", "ma puce", de la prendre dans ses bras, de lui dire que ce n’était pas ce qu’elle croyait, de lui dire qu’elle avait mal entendu, de lui dire n’importe quoi. L’impossibilité de la chose, la conscience que rien ne serait comme avant, lui donnait l’envie atroce de se cogner la tête contre le mur jusqu’à qu’elle éclate. Ce genre de sentiment lorsque vous venez de faire la boulette de votre vie. Que vous venez de la faire. Vous vous dites, calme… que c’était pas possible, qu’il y a rien à moyen de réparer ça, qu’il faut se calmer, qu’avec un gros effort on pourra peut-être remonter le temps et tout refaire bien. Mais non. Il était trop tard. Et c’était inéluctable. Là, vous commencez à paniquer. Là, Dew commençait à paniquer. Il se rendait compte qu’en à peine quelques secondes, il avait perdu quelque chose qu’il ne récupérera jamais. Il avait perdu ces instants légers, avec elle dans ses bras. Ces après-midi à s’entrainer jusqu’à s’écrouler sur le sol. Ces nuits à continuer à jouer, dans l’air frisquet, sous la lune. Puis se réchauffer sous les draps, peau contre peau. Il avait perdu ces répliques épicées, ces sous-entendus qu’elle faisait parfois, cet air maternel qu’elle prenait avec lui. Il avait perdu l’odeur féminine qui restait dans son lit le matin, les cheveux longs qu’il retrouvait sur ses pulls, l’idée d’être chéri. En ce moment, il avait l’impression d’avoir tout perdu. Quoiqu’on en dise, si les mauvaises langues la qualifiaient de "parachute de secours" dans la vie amoureuse du baseball, c’était la seule femme avec qui il s’était rarement senti aussi bien. Elle ne faisait pas des misères sur son poids, ne mettait pas deux heures avant chaque rendez-vous pour se faire le brushing, ne lui faisait pas tout un résumé des magazines People comme seul sujet de conversation. Elle était mystérieuse, mais disait quand elle voulait quelque chose. Elle ne se plaignait jamais de rien, n’était ni gourde ni salope, ne pleurait pas toutes les larmes de son corps devant son ongle cassé. Elle était féminine pourtant, intéressante et brillante. Et alors qu’il avait toujours, il n’avait cessé de penser à quelqu’un d’autre. Et maintenant que tout ça lui était retiré, il se rendit compte de sa chance.

Avant qu’il n’ait amorcé l’appel du nom de sa petite amie, Hurricane avait repris la parole. Et ce qu’il disait venait de l’achever totalement. Parler dans le vide, cogner dans le vide, hurler dans le vide. La vanité de chacune de ses paroles, de chacun de ses gestes, lui revenait comme un boomerang. Il n’avait rien compris Hurricane, rien, il ne voulait rien comprendre. Tout ça était vain, ça ne servait à rien. C’était un disque rayé, un foutu disque rayé. Ca répétait, et répétait, toujours la même chose la même chose la même chose la même chose l-la m-même c-chose la même chose la même chose. C’était énervant, ça faisait gonfler vos nerfs, et ça pendant des heures et des heures et des heures et des heures et des heures. Alors, les nerfs en sang, d’un poing sec, vous éclatait ce disque noir en morceaux. Un silence, vous soufflait, soulagé. Et là. Ce qui vous tuait… ce qui vous rendait dingue, complètement dingue après ça, c’était de… faiblement, comme un bon sonore angoissant, entendre grésiller… grrzz… l-l-l-l-la m-même… bzz… m-m-même ch-o-chose… grrzz la la la m-m-m-même… ch-cho-cho… se se…
Après toutes les pensées qu’il avait eues sur WildCat, Hurricane apparaissait maintenant comme une tête à claque. Comme un déchet. Il se demandait presque comment il avait pu être séduit par lui. Et il le traitait de con, cette énergumène. Alors que lui ne valait rien. Il venait de réaliser, Hurricane venait de lui faire réaliser… que WildCat valait dix fois mieux que lui. Pendant ces quelques secondes, le mépris coulait dans ses veines tant il le trouvait abject. Pendant ces quelques secondes… un silence, celui pendant lequel on écoute ce disque cassé grésiller encore. On est calme, on n’y croit pas. Après, l’explosion de violence. Comme un accéléré après un ralenti. Il avait saisi ses cheveux dans son poing, et l’avait jeté à terre comme une chienne. Il l’avait jeté à terre violemment, comme un vase qu’on saisit et qu’on éclate par terre. Il avait envie de lui faire manger le parquet. De le faire taire. A n’importe quel prix. Dans un même mouvement agressif, il s’était accroupi au dessus de lui, avait de nouveau saisit son crane par la racine de ses cheveux, et l’avait éclaté brutalement contre le sol. Un petit éclat de sang sur le bois du parquet. Sang qui s’étala quand il traina Hurricane pour le balancer dans un coin, au fond de la chambre, et pour s’accroupir à nouveau au dessus de lui, les poings serrés sur son col couvert de sang. Il était devenu fou.

-Pourquoi tu t’obstines… qu’est ce que tu veux m’entendre dire ? Tu le sais pas toi-même.

Il approchait son visage du sien, pour chuchoter, pour que WildCat, où qu’elle soit, ne puisse l’entendre. Il murmurait contre ce visage en sang, une certaine cruauté dans la voix, qu’il changeait en douceur lors de ses propres citations.

- T’as envie que je te dise… je t’aime, hey, je t’aime. Que je te dise "Hey tu sais, il y en a des dizaines dans cette orphelinat, qui répondent aux fantasmes que tu viens d’énumérer, pourtant il n’y a que toi que j’aime." Non… peut-être tu aurais préféré quelque chose comme "Regarde comment tu me mets en colère, tu crois vraiment que je réagirais comme ça si ne n’était qu’un jeu" hm ? Ou alors… "Oui c’est vrai, j’aime le danger, j’aime l’inconnu, j’aime la belle vie… en quoi ça change quoique ce soit au fait que je t’aime, toi, en personne."

On ne pouvait pas prouver qu’on aimait. On ne pouvait pas dire pourquoi on aimait quelqu’un, on pouvait simplement dire ce qu’on aimait en lui. Sa différence, son intelligence, sa beauté. Tout ça faisait qu’on en était amoureux. En disant toutes ses particularités appréciées, on n’aime pas seulement ses caractéristiques, on aime la personne qui les porte. Par combinaison, par dosage, avec un soupçon de détails séduisants. Hurricane tournait en rond, il semblait convaincu qu’aimer des particularités n’était pas aimer la personne en elle-même, car les particularités pouvaient se trouver chez quelqu’un d’autre. Il est vrai que les gens peuvent avoir une ou deux des particularités qu’on aime chez la personne aimée, mais ils n’ont pas la combinaison qu’il faut pour causer l’amour qu’on porte à cette personne en particulier. Si on commençait à tous se dire "M’aime-t-il moi, ou seulement mon talent pour casser les œufs ou seulement mon sourire ?" C’était totalement crétin. C’était un tout, mélangé d’une certaine façon. On peut ne pas aimer les cerises toutes seules, on peut les détester dans un yaourt, mais les adorer en tarte.
Un soupire, il reprit d’un tout plus doux.

- Je me disais… que je ne te laisserai jamais tomber, que je serai toujours là pour toi… mais t’as tout gâché William.


Il avait lui-même un peu de sang sur le visage, les yeux rouges et gonflés. Il répéta, d’une voix étranglée.

-T’as tout gâché.

Un petit bruit d’os, il s’était relevé douloureux, ses genoux avaient craqué. Et de haut, de toute sa hauteur, il rajouta, avant de lui tourner le dos.

-Et ne parle plus jamais à WildCat sur ce ton.


Ce ton. Ce ton qu’il haïssait. Le contenu aussi l’avait écœuré, il avait clairement considéré la jeune fille assez superficielle pour n’être charmée que par une seule particularité, assez fanatique pour sortir avec tout ceux qui la possédés, comme un choix sur catalogue. Mais ce qui l’avait mis hors de lui, c’était la façon dont il lui avait parlé. Il y sentait l’insulte, dans le contenant, sans qu’elle soit explicite dans le contenue. Sombre, il s’éloignait à petit pas, le cœur déchiré en autant de lambeaux.
Que la jeune fille soit restée sur le pas de la porte, où s’en soit éloigné, il l’avait rattrapé. Il l’avait rattrapé, et sa gorge s’était séché rien qu’à sa vue. Un haut le cœur, il réprima une montée acide et se mit à parler, le visage déformé par la douleur.

- W-wildy, écoute je… je… suis désolé.


Il ne le savait pas, Dew, qu’elle s’était engagée auprès de lui en ayant pleinement conscience de ce qui se tramait entre les deux garçons. Et dans sa tête, il avait mal. Il venait d’assommer à moitié son meilleur ami, d’apprendre à sa copine qu’il en aimait un autre, de perdre les deux… tout perdre. Le sang sur ses mains était maintenant réel, et il était horriblement poisseux.

- J’ai besoin de toi.

Il faisait peur.

- Je sais pas si ce que tu as dit est vrai, on était pas censé tomber am-… c’était pas censé devenir comme ça...

Il était paniqué, il parlait rapidement et lentement à la fois. Il avait paniqué à propos de Hurricane qu’il venait de blesser, et qu’il voulait amener immédiatement à l’infirmerie. Il était paniqué de ce que WildCat devait maintenant penser, et se mettait un point d’honneur à mettre les choses au clair avec elle. Deux œufs tombaient en même temps, à l’opposé l’un de l’autre, Dew au milieu. Et il ne pouvait en sauver qu’un. Il avait choisi de blesser un des œufs lui-même de façon à choisir les dégâts infligés et pourvoir le réparer. Et il courrait pour aller sauver l’autre. En sachant pertinemment que par sa blessure, le jaune de l’autre œuf se rependant sur le sol. Qu’importe s’il arrivait à réparer sa coquille, il l’avait définitivement perdu.
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Sujet: Re: Shh Shh Plic Plic (Hurricane & Savage) Shh Shh Plic Plic (Hurricane & Savage) EmptyMar 1 Mar - 1:10

    La situation était merdique si ce n'était pas pour dire presque sordide... les choses se présentaient très mal, à se demander comment trois jeunes gens en étaient arrivés là. Ils étaient pourtant pas plus cons que les autres... ou peut-être pas. Savage s'était mise dans une mauvaise posture, jouant avec le feu, elle était finalement arrivée à un point où elle s'était cramée le bout des doigts, peut-être même la main en y réfléchissant. Comment les choses avaient-elles pu en arriver à un tel point, comment avait-elle perdu le fil de ses propres règles? ça sentait le cramer... vraiment le cramer. Et c'était inacceptable dans son univers.

    Winona était une jeune fille fière, droite, franche, elle était un chat sauvage qui se baladait à son grès sans jamais se laisser approcher, sauf quand elle y trouvait son compte. Mais voilà, à trop flâner, elle s'était retrouvée sur un toit brûlant et branlant. Maintenant il lui était nécessaire de savoir si elle serait capable de retomber sur ses quatre pattes comme le vilain matou qu'elle était, qu'importe le temps de sa chute ou le choc des tuiles qui glissent sous ses pieds. Elle bouillonnait, elle bouillonnait de colère et de dégoût. Mais l'humiliation était beaucoup plus grande quand elle entendit des mots qui lui donnaient la gerbe dans la bouche du terroriste en herbe. " T'es amoureuse de lui? " Il avait osé prononcer de tel mots? Qui avait parlé d'amour? Elle? Non. Pourquoi osait-il présenter les choses de cette façon la tête de poulpe! Voilà bien des mots contrariants! Et pourquoi cela la mettait d'autant plus en colère? Le fourbe! Cependant, si en elle-même il y avait une réaction nucléaire, son visage restait froid, dur et sévère. La jeune femme ne prit nullement la peine de lui accorder un regard, une insulte ou ne serait-ce qu'un seul mot, pour le contredire ou affirmer quoique se soit. Non. Elle lui tourna le dos, elle tourna les talons pour repartir au détour de la porte de sa chambre.

    Winona aurait pu simplement partir, reprendre sa petite vie, ne pas faire attention à ce qu'il s'était passé. Elle aurait pu simplement aller s'entrainer, snober tout le monde, disparaître on ne sait où.... elle aurait pu... mais elle ne le fit pas. Là, elle resta soudainement immobile, droite, figée en plein milieu du couloir, la main posée sur le manche de son bokken avait les jointures blanches tellement elle l'enserrait sur ses doigts. Pourquoi elle bouillonnait encore, pourquoi désirait-elle y retourner pour balancer son poing à la figure des deux jeunes garçons? Pourquoi elle sentait un picotement dans sa poitrine, désagréable au possible... Le pire était qu'elle connaissait cette impression, une impression qu'elle avait fui la première fois qu'elle avait rencontré. Mais cette fuite ne s'était faite que grâce aux circonstances du moment, évènements qui avaient pu lui permettre de quitter l'Allemagne et de venir se terrer dans cet orphelinat de dingue de son plein grès. Mais maintenant, aucune échappatoire possible. Peur de l'affrontement? On parlait de Savage, elle était capable de faire face à n'importe quel adversaire... c'était ce qu'elle avait toujours pensé... ou tout du moins, il y en avait qu'un qui lui causait des problèmes, et il n'était pas ici. Cependant les choses venaient de changer...

    Ses pensées la possédèrent plus longtemps que prévu, la bloquant dans une immobilité qui ne la plaçait à quelques pas de la chambre qu'elle cherchait à quitter. Ce même laps de temps fut assez suffisant pour amener l'origine de son problème à sa rencontre, la poursuivant pathétiquement à sa façon, ce gars qu'elle appelait il y a même pas dix minutes familièrement encore "petit ami" ou bien Coach lorsqu'il s'entrainait au sport de prédilection de ce dernier. Néanmoins, il n'était plus question de ça, de leur petite rencontre légère, du temps libres qu'ils passaient ensemble... les choses étaient devenues pesantes, lourdes... et elle le deviendrait encore.

    C'est là ce moment à que la voix paniquée de Dew le niais vint à tenter de s'imposer.... des excuses... je suis désolé. Naïf que de croire que de si simples paroles auraient un impact sur une femme comme Winona. Le pire fut sans nul doute quand il rajouta qu'il avait besoin d'elle. Se moquait-il d'elle? Comment pouvait-il ne serait-ce qu'avoir le culot de dire une telle chose après toute la sérénade qu'il venait de faire à la tête de poulpe? Il avait enfin trouver ses bijoux de famille pour pouvoir avouer ses sentiments à l'autre crétin et il venait de dire à une fille humiliée qu'il avait besoin d'elle? S'était-il seulement entendu? Autant dire que cela mettait Savage encore plus en rogne au fond d'elle-même d'être prise pour une abrutie. Se retournant à ce moment là, elle lui porta un regard qui en disait long, glaçant, gelé, dégoûté et déçu... et bien évidemment en colère. Toutefois, il n'était curieusement pas méprisant.


    " Besoin de moi? "

    On sentait que ses mots étaient prononcés entre des dents serrés qui se forçaient en se contenir.

    " Tu n'as jamais eu besoin de moi... et ce, depuis le début. "

    Cette phrase était par contre, dite avec plus de complaisance ou plutôt comme une vérité qu'elle connaissait et qu'elle avait accepté depuis longtemps.

    " Il semblerait que finalement... tu te sois résolu à m'écouter et de foncer... seulement t'as pas fait gaffe au mur qui était devant toi. Tu aurais dû ouvrir les yeux. "

    Les yeux bleus de Savage ne quittait pas la loque que représentait à cet instant le baseballer. Il n'était plus que la moitié de lui-même, présentait un visage qu'elle ne connaissait pas, mêlant colère, culpabilité et dégoût. Il lui aurait été si facile de le briser un peu plus, de passer sa colère sur lui, de l'écraser comme une blatte d'un seul de ses coups de poings, elle pourrait même sadiquement l'enfoncer encore plus dans son mal-être... mais ça lui apporterait quoi? Une satisfaction personnelle? C'était pas tellement le cas. Il n'y avait aucune victoire à la clef. C'était pas un combat, c'était plus pathétique encore. Mais quand il présentait les choses à l'image de Hurricane, comme si elle l'aimait ou quoi! Ses nerfs lâchèrent. Elle le saisit brutalement par le col, le fixant droit dans les yeux, de se regard qui vous pénétrait et qui ne vous annonçait rien de bon.

    " Je ne te permet pas de croire un seul instant que j'ai des sentiments pour toi. Sache que tu n'es pas à la hauteur et que tu es très loin d'y parvenir... "

    Vérité ou non? C'était peut-être une façon pour la jeune femme de s'en convaincre, de reprendre le fil des choses et de remettre les évènements à leur bonne place. Amoureuse? On parlait de Savage.... les chats sauvages ne se domptent pas. Tout au plus, elle pourrait avoir de l'affection ou de la tendresse.... et même encore cela, cela lui paraissait impossible à admettre. Dew était qu'un gars, un sport à pratiquer, un défi... mais pas un flirt ou une amourette, pas un mec de son genre. C'était intolérable. Il était... son coach. Juste son coach... un crétin de sportif niais qui avait un potentiel certain... il était juste ça... n'est-ce pas? Il serait juste ça.... pour son esprit.

    Elle relâcha violemment sa prise, limite si elle n'était pas prête à le jeter par terre... mais elle n'en fit rien. Les mains en sang, une tête de chien battu... Qu'est-ce que vous voulez faire d'un type pareil?


    " T'es vraiment un imbécile. "

    Il était évident qu'il le savait ou le ressentait ainsi déjà depuis le début, mais c'était comme si Savage enfonçait le couteau dans la plaie... ou pas.

    " Toi qui prétend vouloir devenir un professionnel, t'as rien trouver de mieux que briser tes mains... Pathétique. "

    Comment fuir ou changer de conversation... comment passer du coq à l'âne? Demandez à Savage. Pourquoi? Elle aimait pas cette situation, et elle avait envie d'éclater la tronche des deux garçons.... sauf qu'elle ferait un véritable carnage si elle ne se retenait pas.... et dans l'immédiat, au final, elle n'avait besoin que d'une seule chose : recentrer ses pensées. Cette histoire était allée beaucoup trop loin. Poussant alors un grand soupir empli de lassitude, il fallait qu'elle prenne l'air, elle avait besoin d'oxygène, elle avait besoin de se défouler. Tournant le dos une nouvelle fois, elle n'avait qu'une chose à dire.

    " Allez vous faire foutre tous les deux. "

    Savage s'était arrangée pour le dire bien haut et fort, pour que même le terroriste qui était étalé dans sa chambre comme un moins que rien puisse bien comprendre.... Ils étaient deux crétins qui n'avaient fait au final n'importe quoi parce qu'ils étaient incapable d'assumer leur situation... et plus elle y pensait, plus elle avait envie de les écrabouiller tous les deux. Mais là, alors qu'elle snobait littéralement Dew, elle finit par se tourner vers lui à nouveau... mais ne lui accorda aucun regard. Alors que l'on aurait pu croire finalement qu'elle repartirait vers les quartiers des filles, elle revint tout simplement au seuil de la porte d'Hurricane, le regard sévère dans la direction de celui dont le visage ne ressemblait plus à grand chose.

    " Tête de poulpe. T'as assez d'énergie pour dire des conneries comme croire ou prétendre savoir si je suis amoureuse de l'autre couillon, mais t'en a pas assez pour avoir des tripes. Tu peux aboyer tant que tu veux mais tu restes un mec comme les autres et ça n'impressionne plus personne. Grandis un peu. "

    Winona n'avait jamais autant parlé, elle n'était même pas du genre à faire la morale en générale. Pourquoi elle s'était pas barrée? Elle se le demandait au même instant où elle s'adressait à la seconde loque humaine.... franchement, être la troisième roue du carrosse... c'était dégoûtant.
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Wammy’s: House
Double Compte:
Âge: 17
Sujet: Re: Shh Shh Plic Plic (Hurricane & Savage) Shh Shh Plic Plic (Hurricane & Savage) EmptyMar 1 Mar - 12:19

    « William ! 
    - William !
    - Quoi ?!
    - Tu t'es encore battu ?
    - Tu ressembles à un panda de toutes les couleurs. Si tu te voyais.
    - Fermez-la.
    - T'as mal si j'appuie là ?
    - T'as mal si je t'appuie ici ? »


    Le visage plaqué contre le sol, l'italien venait de perdre quelques instants le sens des réalités. Il voyait presque au-dessus de lui ses deux petites soeurs, moqueuses, comme deux représentations de sa conscience. L'une, taquine, sournoise, l'autre... agaçante, hautaine. Et il voyait son reflet en elles. Ca lui faisait plus de mal que son visage écrasé, il ne sentait plus la douleur depuis de longues minutes déjà. L'adrénaline de la haine, de la peur, de l'angoisse et de la colère l'avaient porté au-dessus des sensations depuis ce qui lui paraissait être des lustres. Peut-être était-il mort, peut-être que tout cela n'était qu'une espèce de cauchemar stupide dont il se réveillerait, le visage couvert de sueur et non de son propre sang. Peut-être que les deux petites demoiselles venaient lui annoncer qu'il allait rejoindre l'Enfer, là où se retrouvaient les proies de la luxure, ou bien chez les colériques. Peut-être chez les beaux parleurs. Trop bas pour pouvoir un jour atteindre le Paradis.

    « T'es vraiment pitoyable William.
    - Papa t'avait pourtant dit que tu finirais défiguré si tu continuais à chercher les histoires.
    - Taisez-vous...
    - J'ai bien vu qui c'est qui t'as tapé.
    - Moi aussi. Et dire que c'était ton seul ami !
    - J'ai jamais eu d'ami, et j'en aurai jamais !
    - Menteur.
    - Menteur. »


    Cette scène, il l'avait déjà vécue, quand il était petit. Un garçonnet lui avait fait croire qu'il était son ami, avant de le trahir lâchement à la première occasion venue. Depuis, le petit William n'avait cessé de s'opposer à toute idée d'attachement. Ca avait marché toute sa jeunesse. Ca avait marché tout le début de son adolescence. Et le voilà maintenant, détruit, cassé, dans son amour-propre et dans sa chair, à cause d'un seul et unique être humain. Il lui semblait soudain que la colère avait disparu. Il avait une boule au creux du ventre ; une sensation de noeud au fond de la poitrine. Comme si son coeur lui annonçait qu'il avait perdu. Il avait tenté trop longtemps d'être le gagnant d'une partie d'échecs contre la vie, et celle-ci venait de le mettre échec et mat de façon particulièrement inopinée. Réduit au silence et à mordre la poussière par la personne qu'il estimait le plus, qu'il rabaissait le plus, qu'il critiquait le plus, et qui finalement a été la seule à le comprendre jusqu'au point de non retour. Le moment où on le connaissait trop bien, et qu'on se rendait compte qu'il était irrécupérable. Plongé dans cette atmosphère éthérée, à cause de son crâne sonné et de sa vue brouillée, il pensait être sur le point de mourir, et à cet instant précis il aurait voulu sourire. Pas d'un sourire agressif ou carnassier, mais d'un sourire calme, comme pour dire à Dew qu'il lui pardonnait et que toutes ces idioties n'avait servi à rien, que toute la souffrance qu'il lui avait infligé n'était pas méritée, qu'il regrettait tout, et qu'il lui souhaitait tout le bonheur du monde. Bonheur qu'il croyait qu'il ne pourrait jamais apporter à personne parce qu'il ne pensait pas pouvoir évoluer un jour. Et pourtant, il se disait paisiblement que s'il avait vécu, peut-être qu'il aurait pu faire un effort et changer. Qu'avec quelques efforts à prendre sur lui-même et sur son égo démesuré, il aurait pu devenir agréable, peut-être même sympathique. Changer toute sa personnalité ne lui paraissait même plus une chose difficile ou inaccessible. Il aurait aimé être assez fort pour le faire.

    « William !
    - William ! T'es en train de rendre l'âme ?
    - Ne dis pas n'importe quoi !!! Je suis juste fatigué !!
    - Ah, j'ai eu peur.
    - C'est pas ton genre d'abandonner comme ça.
    - …
    - En plus, tu vas pas mourir sans te venger, non ?
    - Tu vas pas partir sans avoir eu le dernier mot, non ? »


    Le parquet ciré coloré de rouge lui sembla soudain un peu plus facile à discerner. Ses yeux avaient cessé de pleurer par eux-mêmes, et l'italien y voyait un peu plus clair. Devant lui, encore un peu flou, ses mains, tandis qu'il se relevait lentement. Il n'était pas mort, et maintenant qu'il retrouvait un peu ses esprits, il se rendait compte qu'il n'aurait jamais pu mourir pour quelques dents perdues et un égo piétiné. Mais en même temps que le voile de brouillard devant ses yeux disparaissait, disparaissait aussi cette impression de calme intense et de pardon qui l'avait envahi quelques minutes plus tôt. Il passa ses doigts hésitants sur son visage torturé de douleur, et cela raviva ses souffrances, en accélérant de nouveau son rythme cardiaque. Il commençait cette fois à se rendre compte de la situation. Titubant pour se redresser, il s'assit dans son lit, essuya un peu le sang de son visage boursouflé, et jeta un oeil vers l'endroit où le brun s'était éloigné pour aller rattraper sa dulcinée. Hurricane les voyait discuter, il la voyait s'énerver contre lui. Tout lui paraissait si loin de lui. Ses envies de meurtre vagabondaient dans son esprit, mais elles semblaient elles aussi si lointaines. Il n'avait plus envie de bondir, d'attaquer Duncan comme un chat enragé. Il n'avait pas envie de hurler, il n'avait plus assez d'énergie pour tout ça. Il se sentait loin au-dessus de la colère. En lui se mélangeaient des sentiments contradictoires, la rage et la honte à peine plus forts que sa remise en question, son affection et sa dignité.

    On avait beau les appeler des génies, ils n'étaient tous que des crétins socialement inadaptés incapables de gérer leurs émotions. Un triangle amoureux qui n'aurait jamais du voir le jour. L'italien en aurait presque ricané, tellement l'ironie l'amusait. Pourtant, il fallait prendre une décision maintenant. Ils ne pouvaient pas en rester là. Ou plutôt si, ils pouvaient. Ils pouvaient s'ignorer dès à présent et continuer leur vie comme si les autres n'existaient pas. Ou bien Dew pouvait se remettre avec cette idiote et ils auraient beaucoup d'enfants et vivraient heureux tout le long de leur stupide petite vie. Ou peut-être qu'elle lui collerait une tarte de tous les diables et qu'il n'oserait pas la lui rendre et qu'il passerait le reste de ses années à l'orphelinat à se morfondre pour elle et elle se moquerait de lui. Ou alors, pourquoi ne pas les tuer tous les deux ?

    Il avait mal.
    Et aucune envie de se soigner. Ah, ce sentiment masochiste quand on souffre et qu'on n'a pas envie de faire le moindre effort pour s'arranger. Qu'on préférerait peut-être presque empirer sa souffrance pour avoir une bonne raison de pleurer. Avait-il envie de pleurer ? Certainement. Il savait bien qu'il serait celui qui se retrouverait seul, celui qui n'aurait plus personne pour le soutenir ni lui sourire. Il le savait, que jouer les durs n'avait aucun sens, et que ça ferait souffrir les autres. Ils souffriraient, mais ils s'en remettraient. Alors que lui passerait sa vie avec des cicactrices qui ne guériraient jamais totalement. Parce qu'il ne pouvait pas être sans coeur à ce point. Il n'était pas fait de pierre, et il lui avait fallu tout ce temps pour s'en rendre compte et se l'avouer. Savage lui faisait pitié, d'une certaine façon. La pauvre venait aussi de se rendre compte qu'elle n'était pas la beauté froide qu'elle voulait être. Dew, par contre... Il ne savait pas. Il ne savait plus. La haine viscérale, gelée, qu'il ressentait à son égard se mélangeait à une attirance croissante qu'il n'arrivait pas à contenir.
    Man, you're fucked up, aren't ya.

    Une cigarette, quelque chose. Il avait le visage en miettes, mais il ne pensait qu'à fumer. La seule chose qui pourrait apaiser le stress et l'agitation qui le parcouraient serait cette précieuse bouffée de nicotine qu'il voulait inspirer. La voix cinglante de Savage qui retentit soudain et qui émit les quelques reproches qui auraient du l'achever le laissa de marbre. Ses doigts portaient une cigarette à ses lèvres ensanglantées, et il ne la regardait même pas. Grandis un peu, qu'elle lui disait. Bien dit, puisqu'il se sentait comme un gamin qui n'avait plus personne pour lui sauver la mise et qui devait affronter la vie sans aucune aide, sans aucune foi. Il n'impressionnait plus personne, selon elle. Il aurait voulu sourire. Elle parlait bien. Elle le connaissait à peine, pourtant. Etait-il si simple de lire en lui malgré toutes les barrières qu'il pensait avoir dressé contre le monde extérieur ?

    « William !
    - William !
    - Quoi encore ?!
    - T'as été courageux, quand même.
    - Oui, je t'admire mon cher grand frère !
    - Hein ?
    - Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort !
    - Ca nous fait mal, mais ça nous rend plus fort !
    - Ca me fait une belle jambe vos conneries...
    - Tu vas devenir de plus en plus fort !
    - Et mettre au tapis des saligauds de plus en plus gros ! 
    - …
    - Et si un jour tu trouves un ennemi trop fort pour toi...
    - Bah. Tu improviseras. Papa dit que t'es imprévisible et que tu finis toujours par t'en sortir.
    - Papa ne dit que de la merde.
    - Tu sais, le contredire sur ça, c'est bête de ta part.
    - Contente-toi de lui donner raison, ça arrangera tout le monde. »


    Se sortir d'un guêpier plein de flingues et de molosses lui semblait soudain plus simple que de s'extirper d'une situation aussi tarabiscotée. Allez, il fallait qu'il atteigne la fenêtre pour s'y adosser, sans trop tanguer. Son sens de l'équilibre lui revenait peu à peu, ainsi que sa répartie. Mais il ne trouvait rien à redire. Il fumait lentement, sans prendre la peine de panser ses plaies. Dressé contre l'adversité, malgré le sang qui coulait et tachait ses vêtements. Les mots de Dew lui revenaient en tête, et il ne savait pas quoi en faire. Il lui avait déclaré un amour sincère en lui collant un coup de poing dans le visage, puis en lui disant qu'il venait de tout gâcher. Crétin.
    Tu es un crétin, Duncan.

    Il ne se tourna même pas vers Savage pour lui parler, puisqu'elle ne semblait pas déterminée à rester devant sa porte très longtemps

    Hurricane : « Tu sais quoi ? T'as peut-être raison. Je suis un gamin. Je suis... un gamin. »

    Il parlait calmement, d'une voix étrange, presque désintéressée. Avouer son tort quand on avait un ego comme le sien nécessitait d'essayer de s'éloigner de son caractère habituel, pour ne pas avoir honte. Là, il ne ressentait rien. Simplement une sensation qu'il était incapable de décrire. Le sentiment d'avoir compris plein de choses... et perdu toutes les autres.

    Hurricane : « Je suis un gamin. Dew est amoureux de toi et de moi en même temps, et toi, tu te sens de trop. J'ai faux ?  »

    L'italien laissa s'échapper un peu de fumée de sa bouche endolorie, il retint une petite quinte de toux, et la regarda.

    Hurricane : « Suis-je le seul à blâmer pour ce qui est en train de se passer ? Tu ne supportes pas que ton couple soit brisé, t'as mal au coeur non ? Pas la peine de jouer les insensibles. Je suis mieux placé que personne pour comprendre ce à quoi tu penses. Je gueule peut-être le plus fort, mais t'es aussi troublée que moi. J'ai fait du mal à Dew, il t'a fait du mal, il vient de m'en faire -l'italien grogne en touchant son nez-. Super. On est quittes. Vous m'avez mis KO. Et maintenant ? On fait quoi maintenant ? »

    Il n'avait strictement plus rien à perdre à présent.
    S'adressant à Dew, il se retourna vers la fenêtre pour ne pas avoir à le regarder dans les yeux.

    Hurricane :  « Quant à toi... Je suppose que c'est ici que tout s'arrête. T'as été assez clair. Regagne le coeur de cette fille et on n'en parle plus. C'est encore la solution la plus simple, non ? On oublie tout. »

    Si seulement les choses pouvaient s'arranger avec un simple coup de poing, qu'il voulait garder en réserve pour le rendre à Dew quand le moment opportun se présenterait, et qu'après ça ils fassent la paix d'une façon ou d'une autre... Mais il lui semblait que ce n'était plus possible. Le mieux était de passer l'éponge. Rien ne serait plus comme avant, et jamais ce qu'il aurait espéré au fond de lui ne se réaliserait, mais cette solution serait la moins douloureuse pour tous les trois.

    Trois adolescents perdus, dont un garçon qui méprisait et qui adorait l'autre de tout son être et qui n'attendait que le moment où il se retrouverait seul pour, enfin, fondre en larmes.


    How could you be so heartless...

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Invité
Sujet: Re: Shh Shh Plic Plic (Hurricane & Savage) Shh Shh Plic Plic (Hurricane & Savage) EmptyDim 6 Mar - 15:40

I would say I'm sorry
If I thought that it would change your mind
But I know that this time
I've said too much
Been too unkind

Il n’y avait pas que les activités physiques qui épuisaient le corps. Les sentiments trop intenses, trop abondants, trop inexprimables, puisaient toutes leurs ressources dans chaque fibre de votre être. Le bonheur trop grand pour être exprimé faisait mal au ventre, la jalousie touchait le cœur et le ventre comme une brulure, la colère attaquait chaque nerf. C’était fatiguant, pas le genre de fatigue que ressentait une personne qui hurle trop fort, qui court trop longtemps. C’était l’épuisant anéantissement du muet qui tente de hurler, du paralytique qui tentait de marcher. C’était la souffrance de l’impuissance qui venait s’ajouter à celle de l’effort. Et à l’impuissance supplémentaire de ne pouvoir exprimer avec une intensité intacte, tous les sentiments violents qui vous mangeaient. Ils prennent possession de votre corps, et ils vous mangent. Puis soudainement plus rien. Votre corps, votre esprit, qui avait été chauffé à blanc, venait d’être plongé dans un immense seau d’eau. Le messager grec qui avait couru de Marathon à Athènes en était mort, parait-il. Et Dew, face à Savage, était comme plongé dans du liquide amniotique. Il était fatigué d’être en colère. Ca l’avait totalement épuisé. Elle lui disait qu’il n’avait jamais eu besoin d’elle, depuis le début.
Il avait envie de dire que si. Que grâce à elle, il se sentait bien, il se sentait détendu, il se sentait à l’aise.

De Dew, de ce nom qu’on lui avait choisi, de ce nom frais et léger, de cette rosée qui nettoyait les impuretés de la nuit, de cette signification charmante, il ne retenait que le fait qu’on pouvait y ajouter "Mil". Mildew. La moisissure. De Dew à Mildew, de la rosée à la pourriture. Il ne fallait visiblement qu’un pas. Il la sentait, enveloppée ses muscles et couvrir sa peau, lentement. La pourriture. Humide, malodorante, verdâtre. Des petits champignons, de la vie microscopique, des bactéries de crasse, tout ça dévorait ses os et grignotait sa peau. Pourri, comme une croute sordide sur la surface d’un fromage. Les yeux bleus de Savage lui augmentaient cette impression d’une façon écrasante. Elle lui disait qu’il s’était pris un mur, tout ça parce qu’il n’avait pas su voir. Elle lui disait qu’elle ne l’aimait pas et qu’elle ne l’aimerait jamais. Elle l’avait pris par le col pour le lui dire, et il pendait à son poing comme un patin inanimé. Ses paroles, maintenant qu’elles avaient été prononcées, il ne savait pas s’il devait se sentir triste ou soulagé. Soulagé, normalement. Ca l’aurait soulagé parce que dans son esprit, ils n’étaient pas un couple d’amoureux, il n’y avait pas d’amour, c’était pour ça que ça marchait si bien. Ca l’aurait soulagé parce qu’il ne voulait pas la blesser, parce qu’il savait que c’était plus facile comme ça, parce qu’il ne voulait pas qu’elle ressente quelque chose qu’il ne ressentait pas. Maintenant. Maintenant il n’était pas soulagé, il ne savait pas. Peut-être bien qu’il aurait bien aimé, qu’elle l’aime. Peut-être bien que ça lui aurait fait plaisir. Que ça aurait flatté son égo de mec. Il avait toujours été du genre populaire, des sentiments amoureux, il en avait eu dirigé envers lui, déjà. Il avait eu des déclarations sincères. Mais il se rendit compte qu’aucune ne l’avait vraiment touché. Mais il se rendit compte que si ça avait été Savage, ça l’aurait vraiment touché. Peut-être qu’il était comme Hurricane le disait : il aimait dompter les êtres sauvages. Comme un challenge. Il était touché par elles, il croyait les aimer, il les pourchassait, parce qu’il y avait du challenge. Ca nourrissait tellement l’égo de voir quelqu’un de froid se réchauffer pour vous, de voir quelqu’un de dur d’adoucir pour vous, de voir quelqu’un de gris se colorer pour vous. C’était tellement plus agréable que d’avoir tout, tout prêt, tout chaud, tout emballé. C’était la différence entre un fast-food vite expédié et un restaurant chic où l’attente est longue et les sacrifices nécessaires, surtout au niveau de porte monnaie. C’était partout pareil, plus un plat est cher, plus on le savoure, plus il est délicieux. Un même steak, s’il est à trois ou quinze euros, n’a pas le même gout. Le sacrifice, d’argent, de temps, d’énergie, rend le fait acquis tellement plus exquis.
Hurricane l’avait tellement accusé de ce genre de pensées, qu’il se mettait lui-même à y croire. Son affection pour Savage et Hurricane, était-ce une coïncidence si ces deux personnes n’étaient pas des plus sociales, douces ou affectives ? Ca ne pouvait pas être ça. Ou alors c’était un goût, comme certaines filles préféraient les hommes bruns aux hommes blonds. C’était un goût personnel. Ca ne pouvait être que ça, parce que son cœur ne pouvait être dirigé par un sentiment aussi égoïste. Egoïsme et égocentrique, de prouver son charme sur des personnes qui en sont les moins sensible. Est-ce qu’il était une pourriture à ce point ? Il s’était acharné pendant des mois pour prouver à Hurricane que son amour était vrai, que cet amour n’avait d’autres racines que de profonds sentiments honnêtes. Il y avait cinq, ou même dix minutes, il ne savait plus trop, il l’avait brutalisé pour le lui prouver, le lui montrer, le lui faire comprendre. Mais maintenant que Savage, devant lui, lui avait dit qu’elle ne l’aimait pas. Et qu’il se dit qu’il aurait aimé qu’elle l’aime. Il se dit qu’il se peut bien qu’il soit aussi affreux que ça.

Il tombait de haut, il était tombé de haut, quand Savage le relâcha de son emprise, de sa poigne. Ses talons heurtèrent de parquet, un peu de travers. Il manqua de perdre l’équilibre, et fit un pas en arrière. En arrière. C’était tout ce qu’il voulait. Revenir en arrière. Ca aurait du se passer autrement. Il ne suffisait que de revenir en arrière, de cinq petites minutes. Ou dix. Comme quand vous venez de faire une énorme gaffe, vous venez tout juste de la faire : fermez la porte qui se verrouille automatiquement, avec les clefs laissées à l’intérieur. La porte vient de se fermer, il y a un dixième de seconde. Vous fermez les yeux, vous vous dites, non. Vous imaginez les conséquences. Vous vous dites, "si seulement". Une si petite action, qui causera des drames, des gènes, des engueulades. A partir de quelque chose d’aussi minime que la fermeture d’une porte. Si seulement il n’aurait rien dit. Si seulement, il n’aurait rien fait. Si seulement ces deux nanas n’étaient pas passées à ce moment précis dans le couloir, au moment précis de leur stupide conversation.
Il hocha un peu la tête quand elle le traita d’imbécile. Elle ne savait pas à quel point elle avait raison. Puis elle dit quelque chose qui n’avait rien à voir. Ca aurait pu le faire sourire tellement le changement de sujet était évidemment. Pourtant il hocha la tête. Elle venait de lui faire comprendre qu’ils n’avaient plus que le sport en commun. Que son physique, ses mains, seraient la seule chose dont elle pourrait s’inquiéter. Parce qu’ils n’avaient plus que le baseball en commun. Qu’ils n’étaient que partenaires sportif. Elle venait d’installer une distance terrifiante.
Puis elle lui tourna le dos, rajoutant avec son corps ce qu’elle avait dit en mots. Et elle leur disait qu’aller se faire foutre. Et elle avait raison. Ils l’avaient mérité. Et c’était la personne la plus apte à le leur dire. En voyant sa jupe voltiger alors qu’elle s’était brusquement retournée, il s’aperçut presque que c’était une fille. Qu’elle avait beau aboyer fort, qu’elle avait beau être un peu casse cou, qu’elle avait beau penser comme un garçon, c’était une fille. Avec un cœur de fille, des ongles de fille et des yeux de fille. Et elle se faisait rouler dans la boue par deux garçons. Puis elle s’adressa à Hurricane, sur le pas de la porte.
Dew lui, il avait trop hurlé, trop longtemps. Puis brusquement, il s’était trop tu, trop longtemps. Sa gorge était maintenant incapable de produire un son cohérent. Elle était dans le coma d’un effort trop violent suivi d’un brusque repos, comme ce coureur de Marathon. Il entendait un peu, il entendait « couillon », il se dit que ça, c’était lui. Ouais, couillon. Une fois il s’était dit aussi, que les insultes qui lui allaient le mieux, c’était couillon et nigaud. Pas des trucs classes comme connard ou salaud. Ca c’était le genre de truc qui claque, qui te rend méchant mais tellement entièrement méchant que t’assume, qu’on dirait presque que c’est comme ça que tu veux qu’on te voit. Couillon, c’est pas pareil. Y a la stupidité qui vient s’en mêler, aussi bien dans la signification que dans la prononciation. Il avait toujours su que Savage le comprenais trop bien. Elle savait même choisir les insultes parfaites pour lui. Non sérieux, c’est vraiment la femme idéal ça. Pas de celles qui beuglent "connard !" à n’importe quel type, parce qu’à force cette insulte ne blesse plus personne tellement c’est peu personnalisé. A petit pas, il s’approcha de la porte. Savage était dans le cadre. Il y avait son ombre qui rayée le couloir. Dew s’était adossé contre le mur, à deux pas de la porte. Puis il écoutait. Il y avait une voix qu’il ne connaissait pas qui parlait. Ca disait "T'as peut-être raison. Je suis un gamin." Ca ne pouvait pas être Hurricane. Ou alors il avait frappé bien trop fort sur lui. Si fort, et ça n’était plus lui.

- Je suis un gamin. Dew est amoureux de toi et de moi en même temps, et toi, tu te sens de trop. J'ai faux ?

Il entendit son nom, se raidit un peu. Sa pomme d’Adam vibra brusquement. Cette phrase. C’était comme une luciole au milieu d’une ville dévastée par la guerre. C’était joli, ça faisait plaisir à voir. Mais ça ne servait à rien. Les bras croisés sur son ventre, il sourit tristement. Hurricane avait enfin pris au sérieux le fait qu’il l’aime. Mais avec tout ce qu’il avait fait pour arriver à une telle conclusion, ça ne servait plus à rien. Comme un avocat qui apportait la preuve irréfutable que l’accusé était innocent alors que le dit-accusé, il avait été pendu hier. Ou le Syndrome Star Wars tiens. Le bon vieux Syndrome Star Wars. Ou le simple fait que, en empêchant que quelque chose se produise (la mort de Padmé, donc), on devient la cause même de ce malheur. En lui mettant dans la cervelle qui l’aimait, il avait condamné de lui-même toute possibilité de sortir avec ce type. Alors entendre ça, maintenant, comme ça. Ca lui faisait mal. Il sait que ça l’aurait tué s’il n’avait pas réussi à le lui faire comprendre. Mais là, ça lui faisait mal. Parce que putin, à quoi ça servait, de lui faire comprendre ça, si c’était pour tout perdre dans le processus ? Et entrainer les gens dans vos sentiments, sentiments que vous-même ne comprenez pas, c’était atroce.
Il l’entendait dire des trucs comme "T’as mal au cœur", "T'es aussi troublée que moi." ou "J'ai fait du mal à Dew." Et puis ça explosait dans son cœur comme des petits pétards qui faisaient autant de bien que de mal. Ca explosait dans son ventre, comme si on avait mis ce sucre pétillant, qui faisait des chatouillis dans votre bouche, comme si on avait mis ça sans votre estomac. Dans votre acide gastrique. Ca pétillait, petit feux d’artifice dans ton acide gastrique. Ca lui chatouillait jusque dans la gorge. Le genre de picotements aussi agréables que désagréables. Aussi marrant qu’agaçant. Aussi bien que mal.

- Quant à toi...

On pouvait voir un bout de son t-shirt qui dépassait de l’encadrement de la porte. Le dos du crâne contre le mur, ses yeux s’agrandirent un peu en regardant le vide devant lui. Mais il ne bougea pas.

- Je suppose que c'est ici que tout s'arrête. T'as été assez clair. Regagne le cœur de cette fille et on n'en parle plus. C'est encore la solution la plus simple, non ? On oublie tout.

C’était la plus simple ouais. La plus raisonnable aussi. Celle qui réparerait au mieux ses erreurs, même si rien ne sera comme avant. Mais était-ce celle qu’il voulait ? Est-ce qu’il fallait sauvegarder la partie là, et la refaire. Ou continuer le jeu, sans avoir sauvegardé, au risque de tout perdre. Il avait perdu tout ce qu’il lui été cher pour arriver jusque là. Est-ce que ça fallait le coup de persévérer ? Ou cela ne ferait qu’empirer. Est-ce qu’il fallait qu’il arrête le plus vite possible. Le frein ou l’accélérateur ? Sa carrosserie était en miette, il ne pouvait continuer sans risquer d’y laisser sa vie. Mais l’arrivé était si proche. Pouvait-il vraiment rentré chez lui après cette course, avec son véhicule bon pour la casse, les mains vides, sans médaille pour se consoler d’un sacrifice aussi énorme ? Ce sacrifice, il l’avait fait pour avancer de plus en plus vite, de plus en plus loin. Il l’avait fait pour cette médaille. Et quitte à voir sa carrosserie voler en éclat, il fallait aller jusqu’au bout. Mais n’avait-il pas déjà tout perdu ? N’était-il pas déjà mort dans cette course ? N’avait-il pas déjà perdu. Comme un joueur qui après un carton rouge, continuait à courir sur le terrain. Il aura beau faire des exploits, ça ne sera pas comptés, il sera en faute. Tout ce qu’il fera ne servira qu’à aggraver sa situation.
Et puis en quoi il avait été clair. Qu’est ce qu’il voulait dire par "T’as été assez clair" qui suivit le "C’est ici que tout s’arrête". Oui, il lui avait dit des trucs pas sympas, pas sympas du tout, mais le plus important, c’est pas ça. C’était pas ça qu’il avait voulu dire. C’est vrai que pour lui dire qu’il l’avait aimé, il avait sous entendu qu’il ne l’aimait plus. Mais c’était pas parce qu’on mettait du noir à côté du blanc pour mieux voir le blanc, qu’il fallait se souvenir que de la présente du noir. Il n’était là que pour le contraste.
Il avait la gorge sèche, encore dans son long coma. Il réfléchissait à ce qu’il pouvait bien pouvoir dire. Regagner le cœur de Savage. Il ne l’avait apparemment jamais eu. Et c’était flagrant qu’il ne pouvait plus jamais l’avoir.

- Non.

Il se décolla du mur et se retourna pour apparaître dans l’encadrement. Hurricane fumait. Il regardait par la fenêtre. C’était une vision triste, de voir son visage dans cet état, et lui qui agissait comme d’habitude. Qui fumait une cigarette. Alors qu’il ne ressemblait plus à rien. Il aurait peut –être préféré qu’il lui saute au cou pour le tabasser à son tour. Parce que là, la vision lui faisait beaucoup trop de peine. Savage était sur le côté. Lui avait une voix était rauque, fatigué, faible presque.

And beg forgiveness
Plead with you
But I know that
It's too late
And now there's nothing I can do

- Je préfère encore n’avoir personne. J’ai… besoin d’air. Et j’oublierai pas. Pas que je le veuille pas.

Il haussa légèrement les épaules en prononçant la dernière phrase. Il n’avait pas vraiment le choix, comment pouvait-il oublier. Ses pupilles se glissèrent dans le coin gauche de ses yeux. Il regardait Savage. Il avait ses yeux là, ceux qui demandent pardon, tout son être semblait soupirer de dépit. Mais il ne soupira pas.

- J’suis désolé.


Il s’adressa ensuite à Hurricane, mais n’arrivait plus à le regarder. Il ne supportait plus de le voir ainsi. Il parlait avec la voix nouée de quelqu’un qui était sur le point de pleurer, ses yeux étaient rouges et gluant d’humidité. Sa gorge lui faisait mal à chaque syllabe.

I would tell you
That I loved you
If I thought that you would stay
But I know that it's no use
That you've already
Gone away

- Tu devrais aller à l’infirmerie. Maintenant tu sais, je me dis… que t’as une bonne raison de me haïr. C’est pas plus mal. Parce que c’est vraiment trop douloureux d’être haï sans savoir pourquoi.

Misjudged your limits
Pushed you too far
Took you for granted
I thought that you needed me more

- C'est con... là c'est le moment où je devrais te demander pardon. - pause- J'ai toujours eu l'habitude de demander des choses même en sachant déjà que la réponse est non. C'est sans doute ce qui a rendu cette situation possible. Alors c'est peut-être le moment d'arrêter...

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Invité
Sujet: Re: Shh Shh Plic Plic (Hurricane & Savage) Shh Shh Plic Plic (Hurricane & Savage) EmptyMer 23 Mar - 21:49

    L'ambiance était étrange, lourde, pesante, étouffante. Si les deux garçons paraissaient totalement éreintés par leur confrontation et leurs aveux, ce n'était pas le cas de Samantha... enfin... Winona. Winona car c'était le seul prénom qu'elle acceptait, celui de ses origines, celui qu'elle avait préféré choisir.... éloigné de toutes ses connaissances qui l'appelaient Sam, loin de ses souvenirs, loin du mépris qu'elle y portait. Et du mépris, elle en avait à revendre... mais pas cette fois. Ces deux imbéciles? Il lui aurait été tellement facile de leur éclater la tronche, de les écraser une bonne fois pour toute comme une enragée. Seulement, ils se ressemblaient, tous les trois, des désabusés de la vie. Ils avaient même pas vingt ans qu'ils donnaient l'impression d'avoir connu toutes les guerres. Jeunesse pathétique. Adolescence lamentable. Quel beau tableau ils formaient dans leur triangle sentimental. Pourtant, qui aurait cru que quelque chose aurait pu naître entre ces trois là? Qui? Dans un monde parallèle, ils auraient pu parfaitement s'entendre dans le meilleur des mondes, des rivalités amicales, des sentiments troublés par la non volonté de se séparer... improbable. Question de caractère peut-être... ou justement parce qu'au fond, ils se ressemblaient un peu trop.... ou ils se comprenaient un peu trop.

    Non. Savage ne pouvait passer ses nerfs sur ces deux abrutis, cela reviendrait à se flageller elle-même. C'était sa bêtise, sa façon de croire qu'elle contrôlerait le jeu, qu'elle n'y mettrait pas un pied, qu'elle dépasserait jamais la limite.... Et dire que tout avait commencé avec une fausse innocence. Dew? Elle était intéressait par l'athlète, le joueur, son sérieux et sa fougue sur un terrain. Hurricane? Un enragé qui aboyait beaucoup mais qui au final était comme un petit chiot abandonné, montrant les crocs parce que trop craintif. Hurricane était finalement celui qui lui ressemblait le plus. Pourquoi s'était-elle imposée soudainement dans leur ronde tremblante? Pour le jeu, pour le défi... ou pour une raison qui lui échappait? Peut-être qu'elle voulait tester ce garçon qui lui faisait bizarrement penser à elle - dans un autre style - voir jusqu'où il pourrait aller si on le mettait au pied du mur? Est-ce qu'il réagirait si on lui volait ce qu'il souhaitait? Est-ce qu'il serait pas trop con pour le laisser partir? Et elle? N'aurait-elle pas fait la même chose? Est-ce qu'elle aurait pas agit comme une idiote? Et Dew... il représentait un idéal ou ce qu'elle aurait aimé être, candide, naïve, douce, pleine d'idéal. Elle aurait aimé possédé cet optimisme... mais maintenant, on aurait dit que cette image de lui c'était envolée, brisée.

    La réponse calme de la tornade de l'orphelinat ne semblait pas surprendre Winona, même si elle avait des tons de résiliation. En réalité, ça l'énervait encore plus.... elle rêvait vraiment de lui en coller une elle-même.... cependant, sa voix était toujours aussi tranchante qu'à l'habitude.


    " Tu as tord. Mais t'es trop con pour t'en rendre compte. Dew est pas amoureux de moi, il ne l'a jamais été. Je suis pas aussi aveugle que toi derrière ta tête de poulpe. Et cesse de penser à ma place... Je ne peux pas être troublée par quelque chose que je savais déjà. Et je ne pense pas qu'on soit quitte. "

    Il était évident qu'elle n'avouerait rien, même si cela ne servait à rien de le cacher. Elle savait qu'il avait raison, elle savait que cela le ferait bien rire de tenter de se voiler la face... mais sans doute qu'il devait comprendre mieux que quiconque pourquoi elle le faisait. Il était évident que son égo en avait pris un coup, elle s'obligeait seulement à garder la tête haute. Mais elle n'avait pas bougé d'un cil, pas d'un millimètre, elle regardait droit devant elle, les sourcils froncés, évitant de percevoir la silhouette ou l'ombre de qui que se soit, quand la voix de Dew s'éleva. Elle était en colère, cela bouillonnait encore plus dans ses vaines.... mais qui avait pu lui fourrer des cons pareils!! Il n'en fallait pas plus pour qu'elle s'énerve.... pas plus.... et peut-être qu'elle en avait besoin.

    " Vous êtes vraiment une bande de BLAIREAUX!! Mais comment vous pouvez être aussi cons! "

    Son cri avait retenti comme un tonnerre qui grondait sans que l'on s'y attende. Les poings serrés, on aurait presque pu croire que la fameuse veine sur son petit front pulsé au point de l'éclatement. Sa rage? Elle allait la déverser sur sa première victime, la principale, l'objet de sa plus grosse colère : Dew.

    Sans passer par de belle manière, elle se saisit aisément du col du garçon, comme tout à l'heure, mais peut-être avec plus de violence. Elle le repoussa hors de la chambre et finit par le clouer au mur... qu'il la regarde, qu'il la regarde droit dans les yeux... car au bords des siens, il y avait les prémices de larmes.... mais était-ce la peine, la forte émotion, la colère, l'épuisement...


    " Qu'est-ce qui te prend! C'est quoi ce discours de merde! Pour qui tu te prends! C'est quoi ce dialogue à la con où vous me réduisez à être une marchandise ou une poupée de substitution!! C'est quoi ce dialogue où je suis quelque chose que l'on peut avoir ou non. Vos excuse de merde, vous vous les gardez. J'en demande pas. Putain mais qu'est-ce que t'es en train de devenir Dew!! T'es pas le mec que... le mec qui m'a intéressé! Le Dew que je connais est un abruti optimiste qui rêve à des trucs de déments et pourris à l'eau de rose, le Dew que je connais est un sportif émérite qui ne lâche jamais sa batte même quand il a les mains qui en souffrent par les entrainements.... J'en ai rien à branler si t'aime ce con, si c'est ce que tu veux, mais je permettrais pas que tu te noies dans des conneries pareilles parce que t'as du talent! ABRUTI!! Et je... "

    L'adolescente ne termina pas sa phrase... ses larmes avaient coulées mais c'était la colère qui illuminait son regard azur, la tristesse... elle la refoulait... comme d'habitude. Et ce qu'elle n'avait pas trouvé la force de dire, cette phrase qu'elle n'avait pas terminée était des plus simples : " je ne veux pas que ce que en quoi je crois soit réduit à ne devenir rien ". Elle ne comprenait pas pourquoi elle s'était attachée autant à lui, pourquoi elle croyait en lui, pourquoi elle y voyait un idéal alors qu'il était un gros débile, du moins, c'était ce qu'elle cherchait à se convaincre. Le voir ainsi baisser les bras la révulsait, elle se refusait à s'être mise à admirer un loser.... parce qu'au final... elle était vraiment une fille comme les autres.

    Dans sa colère, elle frappa violemment du poing dans le mur, frôlant de quelques centimètres le visage du garçon.


    " T'as intérêt à te reprendre sinon... "

    Elle se détourna complètement de lui... ça ne lui ressemblait pas de déborder de cette façon, il fallait qu'elle pense à autre chose, il fallait... il fallait qu'elle s'occupe de l'autre. Il manquait plus qu'elle l'oublie.

    Retournant immédiatement vers Hurricane qui regardait dans le vide par la fenêtre, elle le saisit par le bras, sans aucun ménagement - et pourquoi elle le ferait après tout.


    " Toi l'abruti, tu vas venir avec moi et t'as certainement pas ton mot à dire.... parce qu'on est pas quitte, et on va pas l'être avant un bon moment. Tu m'écrases ta clope de merde et je t'emmène à l'infirmerie. T'as intérêt à faire en sorte de te rétablir rapidement parce que je serais la prochaine à te démolir et là... là on serait peut-être quitte. "

    On ne pouvait pas dire que c'était la meilleure façon de le convaincre... et rien ne l'obligeait.... A vrai dire, elle voulait vraiment lui faire elle-même la peau quand il serait à arme égale... mais peut-être que cela déculpabiliserait aussi l'autre nigaud... parce que cela le soulagerait.... et parce que Savage était loin d'être la mauvaise fille qu'elle paraissait. Pas commode, mais pas mauvaise.

    " Ne t'avises même pas à me résister parce que t'es pas en position de faire quoique se soit, tête de poulpe. "

    Franchement.... qu'est-ce qui pouvait la retenir ici.... elle aurait dû simplement se casser... mais peut-être que ces deux cons... elle les aimait bien... au fond.... Il y avait toujours des choses hors de contrôle....
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Sujet: Re: Shh Shh Plic Plic (Hurricane & Savage) Shh Shh Plic Plic (Hurricane & Savage) EmptyJeu 24 Mar - 1:56

    { HJ ; j'ai les yeux explosés et Mozilla qui plante, excusez les fautes :x }

    Il n'aurait pas plus être plus surpris ; la voir réagir comme ça alors qu'il avait décidé tranquillement qu'en portant sa clope à ses lèvres il mettait un terme à leur conversation, il n'avait pas imaginé que la jeune femme puisse avoir une quelconque réaction à part s'en aller en pleurant ou bien en retenant sa colère à cause d'un ego qu'elle avait presque aussi démesuré que lui, sinon plus. Il n'aurait jamais cru qu'elle aussi laisserait sa vraie personnalité faire surface à cause de lui. Trop d'honneur qu'on lui accordait, ma foi, il n'en revenait guère : mais ce n'était pas le moment de penser à ce genre de choses. Un bras ferme lui laissa à peine le temps de se débarrasser de sa cigarette par la fenêtre d'un geste précipité alors qu'il se sentait attiré vers l'extérieur de la chambre totalement contre son gré.
    L'italien se sentait mener par le bout du nez par un petit brin de femme qui jouait les dures, et il n'avait décidément rien à y redire. Qu'y avait-il à dire ? Râler en pestant et en lui faisant lâcher son bras de force ? Inutile, elle ne cèderait pas et il aurait eu l'air d'un môme que sa mère oblige à faire quelque chose qu'il refuse. En l'occurrence, il savait qu'aller à l'infirmerie n'était pas une option. Il ne résista donc pas, malgré un air sur son visage mêlant agacement profond, lassitude et admiration. En réalité, par la faute de tout le sang qui lui inondait le visage, son expression était difficilement reconnaissable ; peu importe, lui savait comment il la regardait. Et elle, de toutes façons, elle ne le regardait pas. Ca faisait des années qu'une femme ne lui avait pas parlé de la sorte sans s'en prendre une. Il était comme un môme qui a besoin qu'on lui donne des ordres et qu'on lui impose des limites. Un gamin qui appellerait à l'aide, qui rêverait qu'on lui ferme les portes du trop plein de liberté, simplement parce que c'est ce dont tous les enfants ont besoin, d'une autorité supérieure. Lui qui l'avait toujours refusée, d'où qu'elle vienne, lui trouvait soudain un intérêt notable. Il la trouva même particulièrement belle. Il avait eu beau la maudire dans ses nuits d'insomnie, rêvé de la tabasser pour n'en laisser que des miettes, il avait pourtant fait ce qu'il avait pu pour essayer de comprendre ce que Dew avait bien pu lui trouver ; et soudain, en un instant, ça lui était apparu. Elle lui plaisait bien, finalement.

    Tout ça pour ne pas penser à ce que le brun en question lui avait dit ; tout ça pour ignorer ce qui venait de se passer, essayer de se concentrer sur autre chose. L'italien avait toujours eu horreur d'un tas de choses ; être forcé de se lever tôt le matin, ne plus avoir de clopes, manger des langoustines, récurer les toilettes, se faire mener à la baguette, recevoir des ordres, se soumettre, et qu'on le regarde avec pitié. S'il y avait bien une chose qu'il haïssait, c'était d'inspirer la pitié. Il préférait encore inspirer la haine et le dégoût. Pourtant, Dew, après l'avoir frappé, mis dans un état piteux et énoncé ses quatre vérités, l'avait regardé avec pitié, un tout petit instant, avant de détourner les yeux. Il l'énervait tellement. Sa haine n'était plus là, pourtant, simplement une forme froide et fugitive d'un sentiment plus profond encore ; celui que l'on ressent quand malgré toute la rage qu'une personne nous inspire, on se rend compte à chaque seconde qui passe qu'on ne peut pas se passer d'elle. Et qu'on s'y attache même encore un peu plus. Saloperie d'ironie du sort. Elle le suivrait donc jusqu'à sa mort, sans lui laisser une seconde de répit, hein ?...

    Le jeune homme ne trouva pas grand chose à redire à la tirade de Savage ; parfois, les mots n'avaient pas lieu d'être. Il avait simplement envie de sourire, finalement. De lui dire que ça serait avec plaisir, une petite baston avec elle quand il serait guéri, pour régler ça entre hommes, quoi. Se battre, pour quoi ? Pour Dew ? Peut-être. Peut-être juste pour leur propre ego. Deux chats sauvages que le sportif bon vivant avait cru pouvoir dompter, et qui y était peut-être arrivé, d'une façon ou d'une autre. Pour Hurricane, tout ça ne s'arrêterait pas là. Il avait horreur des choses qui finissaient d'une façon qui le mettait de mauvaise humeur, ou qui le frustraient. La frustration ne faisait pas partie de la liste de choses qu'il tolérait, qu'il ait le coeur brisé ou pas. En passant devant l'autre garçon que Savage n'avait pas vraiment épargné, il lui lança quelques mots d'un air sombre ;

    Hurricane : « T'excuses pas. Tu pensais ce que t'as dit. Moi aussi. Je crois. »

    Il marqua une pause, et s'éloigna vers l'infirmerie, tiré par la brunette féroce, le dos tourné à son bourreau.
    Hurricane : « Même si à cause de toi je sais plus vraiment ce que je pense ou pas. »

    Il avait à moitié espéré que le brun n'entende pas cette partie de sa phrase, quand il fallait absolument qu'ils arrêtent tout ce qui avait pu ou pas exister entre eux. Il fallait que ça cesse, pour leur bien à tous les deux, et l'italien y avait assez réfléchi. Pourtant, il avait pensé à haute voix. Parce qu'il avait appris à détester les non-dits, et à les détester avec passion.

    A Savage, il se décida à sourire vaguement. Quitte à ce qu'elle le frappe. Au point où il en était...

    I need some sleep, it can't go on like this. I tried counting sheep, but there's one I always miss. Everyone says I'm getting down too low. Everyone says "You just gotta let it go. You just gotta let it go". You just gotta let it go...

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Sujet: Re: Shh Shh Plic Plic (Hurricane & Savage) Shh Shh Plic Plic (Hurricane & Savage) EmptyJeu 24 Mar - 12:06

Quand une fille crie, les garçons se taisent toujours.
Surtout une fille comme ça. Froide, agressive, mais qui ne crie jamais. Parce qu’elle ne vous fera jamais l’honneur d’hausser le ton. De montrer qu’elle s’intéressait à la situation.
Dew en resta cloué au mur. Littéralement. Avec une poigne qui agrandit son col à nouveau, et il sentait la force des doigts de la demoiselle tout contre son cou. Il avait du mal à déglutir.
Quelques secondes avant, elle avait dit à Hurricane qu’elle n’était pas amoureuse. Ca l’avait blessé, un peu, le fait qu’elle le lui dise comme ça. C’était comme une guerre où les deux camps ennemis se rendaient compte qu’ils se battaient pour quelque chose dont ils n’avaient rien à foutre. Et ils s’alliaient. Et ils réduisaient à néant la personne, le pays, la chose, qui les avait amenés à cette situation. Peut-être bien que ça lui allait, qu’il préférait entre réduit à néant au lieu de faire couler du sang. Mais ça faisait toujours mal s’être évincé. A ce moment là, pendant peut-être une micro seconde, elle ressentait ce qu’avait pu endurer Savage, et ce qu’elle endurait toujours, ici et maintenant. Et si les paroles qu’elle adressait à Hurricane eut un goût amer dans sa bouche, le discours qu’elle lui adressa ensuite est une véritable claque dans la gueule.
Il sentait les os de sa mâchoire se casser, le sang lui couler du nez, sa chair enflée. Il se dit merde. C’est vrai, on était juste complices, elle et moi. Pas une copine jalouse et encombrante. Plus que ça, plus que ça. Pas une poupée de substitution. Elle était d’abords son coéquipier. Il avait beau coucher avec elle, elle était d’abord une amie de combat, une associée. Et lui, par peur de la vexer dans cette situation, il l’avait classé dans « obstacle » et non dans « aide ». C’était comme être Général, et ne pas dire ses plans de conquête à son fidèle bras droit. Elle avait toujours été là pour le soutenir. Même maintenant, même maintenant.

Sauvage s’en pris à Hurricane. Maman surchargé, qui avait deux gamins à gronder.
Dew était toujours cloué au mur, sans qu’il n’y ai aucune poigne pour l’y maintenant. Le discours de Sauvage aurait pu le mettre encore plus à plat. Il aurait pu se dire, je l’avais intéressé, maintenant je suis plus rien, maintenant, après ce que j’ai fait, je l’ai perdu. Peut-être bien qu’il aurait pu pleurer. Peut-être bien.
Il réfléchissait. Ca venait de réveiller quelque chose, ça se réveillait.

- T'excuses pas. Tu pensais ce que t'as dit. Moi aussi. Je crois.

Il releva la tête. Le sol ne l’intéressait plus. Sausage était un train de trainer Hurricane comme un enfant.

- Même si à cause de toi je sais plus vraiment ce que je pense ou pas.

Il aurait souri s’il avait compris, Dew. Il le regarda avec ses grands yeux chocolat, redevenu ceux d’avant, le court d’un instant. Sans aucune animosité, sans aucune pitié. Il avait beau avoir entendu, avoir senti son cœur se serrer et brasser plus de sang, beaucoup plus de sang, il ne comprit pas vraiment. C’était toujours si compliqué avec lui. Sous entendu. Mot valise. Référence à quelque chose qui s’est passé avant. Il aurait pu comprendre, s’il avait la moindre idée de ce que Hurricane pensait. Mais il ne savait pas. Il ne savait pas ce qu’il pensait.
Il se dit que ça devait être gentil, il se dit qu’il troublait ses pensées, il sourit un peu.
Ces deux là s’éloignèrent. Tournèrent dans un angle du couloir.
Pour la première fois, le silence. Il soupira. Un temps.
Et il se répétait, sans cesse, le discours de Sauvage. Un pas qui résonna contre le parquet. Il entra dans la chambre. Il y avait un éclat de sang sur le sol. Une bouteille d’eau trainait sur la table, il la prit et la versa par terre. Ca giclait légèrement et le bruit remplissait toute la pièce, dans des éclaboussures glauques. Il enleva son t-shirt Dew, s’assit et se mit à frotter. Ca moussait légèrement, il était encore frais. Son esprit était vide. Il tentait de se relaxer. Le sang, ça ne partait jamais vraiment. Il avait beau frotter de toutes ses forces, pourtant, il y aura toujours une trace ici. Le parquet était maintenant légèrement bruni à un endroit, même s’il l’avait empêché de s’imbiber plus.
Le voilà maintenant à la salle de bains, Dew. Il se lava le visage, Dew, et les mains. Il se frottait les doigts comme il avait frotté ce parquet. Il se récurait avec le savon liquide bon marché qui sentait la vanille. Il y en avait toujours un peu sous les ongles. Et le visage, sa main ayant frotté son oreille, avant. Le sang s’incrustait dans les creux, les gerçures de ses lèvres et les plis de son oreille droite. Il se nettoya le visage et les mains comme si c’était une scène de crime. La lumière blanche, la salle de bain vide, et du couloir, on entendait le robinet couler. Il avait rincé son t-shirt, essoré avec ses grands bras, posé sur le pose-serviette chauffant.
Hurricane et Sauvage. Ils l’avaient plus engueulé pour avoir eu de regret, que pour avoir eu un coup de folie. Comme si, ok, il pouvait casser la gueule de n’importe qui, mais fallait qu’il fasse ce qu’il a à faire jusqu’au bout. Sans regret. Foncer. S’acharner.
Il ne put pas s’empêcher de courir pour y aller. Enfilant son t-shirt chaud sur le trajet, les cheveux encore mouillés.
La poignée de la porte lui semblait horriblement lourde, mais il l’a tourna brusquement et entra. Il se dit que Hurricane devant avoir la tête bandé comme une momie. Il s’approcha du lit où était Savage.

- C’est sympa de l’avoir amené.

Il était encore un peu mou, mais moi inerte, moins mort, d’auparavant. Un temps. Il regarda Hurricane, puis Savage. Dans les yeux.

- J’ai un truc de dément et totalement pourris à l'eau de rose à te demander.

Il esquissa un faible sourire gêné.

- Comment tu fais pour te déclarer à quelqu’un que tu viens de blesser gravement et qui est devant toi dans un lit d’infirmerie ? J’veux dire, joliment. Sans qu’il croit qu’on se foute de sa gueule.

Oh, t’avais raison. J’ai nettoyé la batte pleine de boue qui la rendait lourde et inutilisable. Je vais m’en servir mieux, maintenant.
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