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Sujet: Vents Vents EmptyMer 10 Sep - 17:47

[HJ priorité Ellias]

Une trace de colle sur le mur blanc. Un courant d’air qui passe par la fenêtre ouverte et s’engouffre sous le papier, comme pour essayer à tout prit de l’aider à s’évader de la chambre close. Tant de blanc. Trop de blanc. Et au dessus d’un lit aux draps blancs, un mur de dessins. Crayon noir sur papier blanc. Ou plutôt gris foncé sur gris très clair. Car l’homme s’attache à la pureté mais est incapable de la créer ou de la préserver. Cela fait partie de son rôle de destruction. Le blanc ne peut survivre entre les mains de l’homme. Le noir non plus. On croit vivre dans un monde bicolore et pourtant, il reste monochrome.

L’adhésif transparent s’avoua vaincu et se détacha tout à fait, emportant avec lui quelques particules de couleur. Le coin de la feuille frétilla soudain, heureuse et libre, impatiente de voir ses trois autres coins sortir eux aussi de leur cage en scotch. Le claquement de sa joie résonna à travers toute la pièce. Pauvre petite feuille jeune et innocente, ignorante de la cruauté du monde en général et de celle des êtres humain en particulier. Ce fut un doigt. Un index particulièrement long et dont la peau était presque aussi blanche qu’elle, qui appuya régulièrement sur l’adhésif jusqu’à ce qu’il retrouve sa place exacte sur le mur. Le doigt (et quatre de ses camarades) était rattaché à une main, puis à un bras qui se baissa, plia au niveau du coude et fut remontée au niveau de la tête de son propriétaire. La main rejoignit alors sa camarade symétrique sous la nuque de l’adolescent et les doigts se croisèrent au moment même où sortait de la bouche de Siriel un soupir inaudible. Il fallait qu’il pense a fermer cette fenêtre. Peut-être. Le souci étant qu’il était persuadé qu’au moment même où il se déciderait enfin à se lever pour le faire, son camarade de chambrée entrerait en trombe pour la rouvrir. Il était également fort probable que s’il ne bouge pas, le scénario inverse se produise. Et quitte à subir du bruit, autant laisser Ellias faire tout le travail. .

Nouveau soupir, plus discret cette fois, presque une respiration lorsque des bruits venant du couloir se rapprochèrent de la porte. Le silence relatif de la pièce fut détruit par une bande de jeunes qui riaient et discutaient. On pouvait entendre le bruit de leur voix plaquer la feuille contre le mur et se répercuter sur les briques et le béton. L’écho de leur conversation s’éternisait dans la pièce.

Siriel se leva et s’assit sur son lit face à la porte. Ce n’était peut-être pas son camarade de chambrée mais c’était au moins quelqu’un. Une personne à qui il n’avait probablement pas envie de montrer qu’il réfléchissait parfois à autre chose que des banalités vides de sens. Lentement, il monta ses bras vers le plafond puis voulu se lever. Quelque chose l’arrêta à mi-chemin. Ses mains venaient de heurter le plafond. Souvent, être grand posait bien des problèmes. Il redescendit ses bras le long de son corps et termina sa lente ascension. Sans rien dire, il s’installa à son bureau, vide et sans rien qui pouvait trahir des pensées ou un intérêt quelconque pour quoi que ce soit, sortit un cahier, un devoir et se mit à travailler, espérant que son attitude indiquait un « Ne pas déranger » suffisamment clair pour que son colocataire oublie de lui sauter dessus.

La brise était revenue, jouant avec sa feuille, tandis que le stylo glissait sur les lignes. Ce n’était pas dur. Il faisait des fautes, il le savait, mais ce n’était pas grave. Soudain, la porte s’ouvrit et un courant d’air se créa, emportant l’exercice qui vint se plaquer sur celui qui venait d’entrer.

Il aurait du fermer cette fenêtre.
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Invité
Sujet: Re: Vents Vents EmptySam 13 Sep - 21:46

Ellias adorait le mois de Juillet. Il faisait beau et chaud, c'était tellement agréable. Ainsi, il s'était réveillé et avait quitté sa chambre plus tôt que d'habitude, pour aller dehors profiter du beau temps tout en retrouvant ses camarades. Il n'était cependant pas resté très longtemps à flâner et à profiter de la douce caresse du vent sur ses joues, pour finalement rentrer rapidement à l'orphelinat afin de voir Only.
L'adolescent avait retrouvé la chanteuse qu'il aimait tant, et l'avait accompagné à la guitare, hypnotisé par le son de sa voix. Les mots s'échappaient de la gorge de la jeune fille, fluide, clair, envoûtant. Et lui s'était efforcé de jouer du mieux qu'il pouvait, afin de ne pas gâcher ce si précieux moment, cette prestation si...sublime. Il adorait voir son amie chanter, considérait qu'elle avait un don de la nature, c'était un cadeau que d'avoir une voix aussi belle. Et son chant le berçait, l'envoyait dans un état proche de la transe, l'incitant à se plonger dans ses pensées...
Après une bonne demi-heure à faire de la musique, ils avaient finalement arrêté pour discuter un peu, et tout s'était enchaîné comme d'habitude. Ellias avait fait le clown et n'avait pas cessé d'embêter son ainé, allant jusqu'à décoiffer ses cheveux noirs...il n'aurait peut-être pas dû, car Only ne se laissa pas faire et avait directement répliqué en le frappant, faisant honneur à son statue de femme violente et caractérielle.

Le sale môme revenait donc un grand sourire aux lèvres vers sa chambre afin de faire ses devoirs, ignorant la douleur, comme si elle n'existait pas, et personne en le croisant n'aurait deviner qu'en fait, il souffrait terriblement. Son épaule, caché par le t-shirt noir qu'il portait, était rouge tomate suite aux coups que lui avait infligé la jeune fille...qui aime bien châtie bien, disait le proverbe.

* Cette cruelle d'Only m'a encore défoncéééé l'épaule, j'ai trop mal T_T elle me payera ça, la sadique! >< *

Ellias remuait donc dans sa tête une quantité extraordinaire de plans de vengeance tous aussi farfelus les uns que les autres, laissant à ses pieds et son cerveau le soin de le guider vers sa chambre, quand il croisa quelques autres orphelins avec qui il s'entendait bien. Ces derniers l'accompagnèrent, et commencèrent à plaisanter avec le jeune garçon. Une fois arrivé à la porte de sa demeure, Esteban leur fit un signe de la main et appuya sur la poignée de la porte, songeant à ce qu'il allait trouver derrière la porte. Une chambre vide, ou bien son colocataire, Siriel, serait-il encore dedans? La seconde hypothèse ne l'aurait pas étonné, et il se prépara mentalement à affronter le calme quasi glacial de l'adolescent. Le jeune membres des CR trouvait en effet son coloc' bien trop terne, et en venait à être presque intimidé de lui parler, ayant toujours l'impression de le déranger - ce qui devait d'ailleurs être le cas - .

C'est ainsi que l'adolescent ne s'attendait pas du tout à rencontrer en premier une feuille de papier, qui vint se plaquer sur son visage dès qu'il ouvrit la porte. Un courant d'air se créa, projetant la feuille sur sa figure, laissant s'échapper de la bouche du garçon un " hé???!!" de surprise, rompant ainsi le calme dans lequel Siriel était enveloppé quelques instants auparavant. Ellias saisit la feuille d'une main, retrouvant ainsi une visibilité beaucoup plus correcte, et fonça directement vers la fenêtre qu'il ferma précipitamment.

" Faut stopper le courant d'air!!!!! "

Il regarda ensuite la feuille, et devina rapidement qu'il s'agissait d'exercice. Il leva les yeux pour observer la pièce et vit son colocataire assit près de son bureau. Il était toujours aussi grand, le visage pâle, ses longs cheveux raides tranchant avec le reste du garçon, par sa couleur si sombre. Ellias passa une main rapide dans sa propre tignasse dressé en pique sur sa tête, regrettant déjà ses hurlements, il savait que Siriel n'appréciait que moyennement ses cris, en fait, son partenaire de chambre n'appréciait pas le bruit en général. Il s'approcha de son colocataire avec un sourire amical, et décida de parler un peu afin de casser le grand blanc qui avait envahit la pièce, tout en lui tendant les exercices.

" Tiens voilà tes exos, t'aurais dû fermer la fenêtre, y'aurait pas eu de courant d'air! Enfin bon... c'est pas trop dur tes devoirs? "

Bon ok, ce n'était pas vraiment génial comme entrée en matière, d'habitude Ellias était bien plus à l'aise quand il s'agissait d'introduire le début d'une discussion, aussi courte soit elle. Mais Siriel était tellement...renfermé, qu'il avait toujours du mal à savoir quoi dire. Il essayait d'être gentil et de ne pas trop être excité - même si la différence était relativement minime - , c'était déjà bien.


Dernière édition par Ellias le Dim 28 Sep - 17:24, édité 1 fois
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Invité
Sujet: Re: Vents Vents EmptyMar 16 Sep - 6:24

Le monde n’est qu’illusion. Un mixte entre les perceptions, leurs traductions, leur signification dans ce référentiel que l’homme nomme réalité car il n’a rien d’autre pour comparer. Et la plus grande illusion du monde dit réel était en train de se produire. Le temps se suspendit. Ou en tout cas voulu le faire croire. Tout s’arrêta dans la pièce. Le tic tac des deux réveils se chevauchait, rendant tout calcul du temps impossible (de toute façon les deux mécaniques, à l’instar des deux esprits de leur propriétaire respectif étaient incapable de battre à l’unisson), les grains de poussière qui passaient, tourbillonnant dans un des nombreux rayons du soleil de juillet avaient cessé de danser pour regarder, eux aussi, le désastre qui était en train de se produire. Seuls bougeaient la brise et, portée par elle, la feuille, ivre de joie, de liberté et d’espoir.

Et comme toujours lorsque l’on se raccroche à l’une de ces trois notions trompeuses, elle fut déçue. Les yeux couleur de pluie enregistrèrent la scène dans ses moindres détails. Les claquement du papier joyeux, l’apparition successive de la face tatouée de bleu et de celle encore vierge, le combat contre la gravité et ses alliés (a savoir les obstacles, les particules alourdissant l’ensemble et les trous d’air, présents aussi dans un courant aussi petit mais trop infimes pour être ressentis par l’être humain) puis la porte qui s’ouvrit, l’apparition soudaine du Destructeur ultime, et la pitoyable tentative de la feuille pour se venger, aveuglant l’Ennemi en un acte de défi puéril mais tellement noble. C’était comme un rêve, net et flou, se déroulant à la fois dans la réalité et dans la symbolique du monde. Evidemment qu’une feuille ne ressentait rien, qu’elle n’avait pas de volonté propre ni de possibilité de se venger mais les faits étaient là. Les réalités s’entre-mêlaient, créant des impossibilités que ne pouvaient voir que ceux qui le désiraient. Le reste se limitait au hasard, à la logique ou autres coïncidences qui n’existaient pas plus.

" hé???!!"

La parole est le don le plus destructeur de l’homme. Il avait suffit d’une simple onomatopée, un cri plus qu’un mot, avec tout ce qu’il contenait de surprise, d’incompréhension et de protestation, pour que l’illusion se déchire et que la réalité reprenne ses droits. A peine quelques secondes s’étaient écoulées entre le moment où la porte s’était ouverte et le cri d’Ellias. L’atmosphère de la pièce avait déjà changé. Avec un soupir silencieux, Siriel se détourna de son camarade et retourna à ses calculs.

" Faut stopper le courant d'air!!!!! "

Bruits de pas précipités, fenêtre qui claque, où en tout cas qui fait du bruit. Le soleil tape plus fort à travers les vitres. Foutu soleil. Intéressant comme certaines personnes semblaient incapables de penser quelque chose sans vouloir absolument la partager, l’imposer presque, aux autres. Pourtant ce n’était pas méchant de la part d’Ellias. Siriel le savait bien, il n’y avait dans le cœur du garçon aucune volonté de mal agir, d’abîmer ou de détruire. Il agissait inconsidérément, naturellement, ignorant qu’il était un agent du chaos. Un être humain en somme, un rien extraverti par rapport à la moyenne mais pas forcément beaucoup. C’était Siriel qui était étrange. Hors du temps, hors du monde, à peine humain. Il avait pourtant comme tout le monde un besoin de destruction, une force qui le poussait à abîmer ce qui se trouvait autour de lui. Il savait qu’il semait beaucoup de malheurs autour de lui, chaque respiration, chaque pas, chaque seconde, il tuait des êtres invisibles sans même s’en rendre compte. Il était un être humain finalement, comme Ellias. Il était simplement plus calme et plus posé, c’était tout.

" Tiens voilà tes exos, t'aurais dû fermer la fenêtre, y'aurait pas eu de courant d'air! Enfin bon... c'est pas trop dur tes devoirs? "

Siriel se retourna doucement, le visage impassible et une étrange douceur dans les yeux. Pas l’once d’un reproche, il ne faisait d’ailleurs que noter sa vision des faits. Il n’en voulait à personne et comprenait bien l’attitude du garçon. Cela dit, fermer la porte aurait eu le même effet et aurait été plus discret. Il faudrait d’ailleurs qu’un des deux y pense à un moment ou à un autre ou ils risquaient d’être encore plus dérangés.

Ellias avait l’air nerveux. Sans un mot, Siriel tendit la main, récupéra la fugueuse et la posa sur la pile avec les autres. Pile qu’il protégea du vent farceur en posant dessus un presse papier quelconque. C’est alors qu’il se rendit compte qu’il n’avait toujours pas répondu à la question du garçon. Pour se faire pardonner, il posa doucement sa main sur l’épaule de son camarade (ignorant qu’elle était douloureuse) et le détailla à nouveau, cherchant quelque chose à dire. Un mot, seul, s’imposa dans son esprit.


« Non. »

Oui, bon d’accord, ce n’était pas terrible mais parler n’avait jamais été sa tasse de thé et encore moins lorsqu’on pénétrait son cocon de calme pour y disséminer de la vie, des bruits et des mouvements. Siriel n’était pas de ceux qui réagissent rapidement lorsqu’il était bousculé. Il lui fallait du temps. Beaucoup de temps. Bon. Dire autre chose. N’importe quoi. Les Autres arrivaient bien à sortir des âneries à tout bout de champs. Il en était sûrement capable lui aussi…

« La porte ? »

Ses yeux s’étaient posés sur le panneau de bois encore ouvert. Il retira sa main, demandant implicitement à Ellias si c’était normal qu’elle soit ouverte. Après tout, si son camarade y tenait, ils pouvaient la laisser telle quelle. Cela n’avait absolument aucune importance.


Dernière édition par Siriel le Mer 8 Oct - 0:40, édité 1 fois (Raison : ortho)
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Invité
Sujet: Re: Vents Vents EmptyDim 28 Sep - 17:15

Le temps parut infiniment long à Ellias, entre le moment où il posa sa question et celui où il reçu la réponse. Siriel se contenta de prendre la feuille et de la reposer à sa place, comme s'il avait oublié l'existence de son colocataire, ou bien peut-être ne voulait-il pas lui répondre, pensa ce dernier. Il resta cependant debout devant son camarade à l'air si taciturne, espérant entendre des sons sortir de sa bouche. Un silence semblable au néant s'installa dans la pièce, et le blondinet trépignait intérieurement d'impatience, car, comme tout môme immature, il était doté d'une certaine envie de vite savoir, et détestait attendre dans certains cas, comme lorsqu'il désirait une réponse.

Soudain, ô joie, son camarade aux cheveux d'ébènes sembla se souvenir qu'Ellias avait posé une question, et gentiment, posa une main sur l'épaule endolorie du garçon, tout en le détaillant de son regard si profond...ses yeux bleus aux reflets d'acier vous faisant plonger dans une immense étendue d'eau d'un simple coup d'oeil...c'était une couleur que le blondinet trouvait sublime. Mais le jeune membre des CR ne s'attarda pas sur la beauté des yeux de son colocataire, se contentant de retenir une grimace de douleur. Il savait que le geste était gentil et que Siriel ne connaissait en rien la brutalité d'Only, et décida donc de souffrir en silence. T_T mon dieu que c'était douloureux! Il avait l'impression que sa pauvre épaule était entrain de cramer, et lui ne devait pas faire un geste révélant que son colocataire était entrain de lui faire plus de mal que de bien.

Ce qu'avait fait Siriel lui faisait vraiment plaisir, et il n'avait pas envie que le garçon pense un seul instant avoir mal agit. Il appréciait son colocataire, mais se sentait toujours gêné vis-à-vis de cet adolescent mature et si terne, comme si le goût de la vie ne lui parvenait pas à la bouche. A vrai dire, Ellias aurait voulu aider son camarade, tenter de le faire sortir de la bulle dans laquelle il s'était enfermé. Il ne savait pas si le garçon était satisfait de sa situation, mais lui pensait que son existence ne devait pas être simple, et par conséquent, chaque effort de la part de Siriel pour échanger quelques mots avec lui réjouissait intérieurement le sale môme, heureux que son colocataire essaye d'être un minimum sociable. Ainsi, ce geste sympathique, même si ,actuellement, il le faisait tant souffrir physiquement, le remplissait de joie à l'idée que son camarade tente quelque chose. Maintenant, le blondinet attendait que des mots sortent de la bouche de son coloc', se demandant quelle sorte de réponse allait-il recevoir. Une phrase gentille, méchante, dédaigneuse, évasive? Selon lui, la gentillesse de Siriel et son geste ne pouvait en aucun cas être l'introduction d'une tirade désagréable; c'était un bon début, encourageant même. L'espoir d'Ellias grandit à chaque millième de seconde qui passait, rêvant du moment où il allait entendre une phrase, il voyait déjà son colocataire s'élancer dans une tirade plaisante à écouter. C'est pour cela que, plongé dans ses rêveries, il ne vit pas la bouche de son aîné s'entrouvrir et articuler un simple mot.

« Non. »

Le sale môme fut scié en deux. Il s'était attendu à un déluge de mot, et avait en tout état de cause oublié que Siriel parlait peu. D'un côté, sa conscience lui indiquait qu'il avait déjà répondu et en plus avait mis sa main sur son épaule, amicalement, mais de l'autre, sa seconde conscience affirmait que l'adolescent aurait pu mieux faire. Le guitariste, cligna alors des yeux, chassant la mauvaise pensée. C'était déjà bien que l'autre ai parlé. Très bien même. Bon, c'était un peu...bref, mais au moins, ça avait le mérite d'être clair. Et pas étonnant, le garçon n'était pas mauvais en cours, bien meilleur qu'Ellias. C'était pour cela qu'ils n'étaient d'ailleurs pas dans la même classe. Ce qui ne voulait pas dire que le blondinet était un cancre, ou un mauvais élève, juste qu'il avait un QI inférieur, donc qui appartenait à la classe 3. Il n'était pas nul en cours, et travaillait suffisamment pour avoir des notes corrects, l'unique matière où il excellait vraiment était les maths. Et en ça, le monde entier pouvait dire merci à Artemis Fowl, le petit génie et idole d'Ellias, qui s'efforçait de résoudre des calculs compliqués sans calculatrice. Le calcul mental était son domaine de prédilection, et il s'entraînait tous les soirs, après avoir fait ses devoirs, à calculer diverses opérations. Ne pas se servir de sa calculette était devenu une habitude, et dès qu'il le pouvait, il ne l'utilisait pas, faisant entièrement confiance à son cerveau et préférant ne pas perdre de temps.

« La porte ? »

La voix calme de son camarade tira Ellias de ses chiffres, le ramenant à la réalité plutôt agréablement, avec, en cadeau bonus, une épaule droite moins douloureuse grâce au retrait de la main de Siriel, effectué par ce dernier. Et c'est alors que le blondinet pensa qu'il faudrait un de ces jours acheter une bouteille de champagne. Siriel avait enchaîné!!!!! Il avait continué à parler, pour poursuivre la conversation! Ellias sourit intérieurement, ravi à l'idée que son coloc' fasse tant d'effort aujourd'hui, c'était...vraiment cool. Il suivit le regard de son camarade, tournant légèrement la tête vers la porte qu'il n'avait pas fermé dans la précipitation, ayant préféré s'occuper de la fenêtre.

« Oups pardon, je vais la fermer, y'aura moins de bruit comme ça. »

Il tourna les talons et se dirigea en quelques pas vers l'entrée de leur chambre, saisit la poignée froide et poussa doucement la porte, pour la refermer avec le moins de bruit possible. Il avait déjà hurlé tout à l'heure, mieux valait ne pas trop en rajouter. Il retourna vers Siriel, et hésita, ne sachant pas trop quoi dire. C'était toujours le même problème, on aurait presque pu croire que le garçon l'intimidait, mais en fait, le problème était qu'il ne savait jamais vraiment quoi dire, faire une conversation avec son coloc' n'était pas si facile.

« Tant mieux si c'est simple...euh...c'est des exos de quoi au juste? »
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Invité
Sujet: Re: Vents Vents EmptyMer 8 Oct - 2:11

Lorsqu’on y pense, le nombre de mots du langage courant désignant des concepts totalement abstraits et n’ayant aucune réalité dans l’illusion du monde est assez impressionnant. Le silence était l’un d’eux. On ne peut entendre le silence pour la simple raison que pour l’entendre, il faut être là. Et si l’on est là, il est évident que le silence disparaît. Il y a toujours les bruits de respiration, déglutition, battement de paupière et autres mouvements involontaires. Et même si l’on arrive a faire taire tout cela, les battements de cœur se chargent d’anéantir cette tentative. Un être vivant ne respirant plus, ne bougeant plus et dont le cœur ne battrait plus pourrait à la rigueur entendre le silence. Malheureusement, il est rarement en état d’en témoigner. Ou il était trop occupé à mourir pour écouter vraiment.

Le silence n’existe donc pas dans sa forme pure. Mais même dans sa forme impure, il semblait à Siriel impossible de le savourer en présence d’Ellias. Celui-ci respirait, trépignait, emplissait l’espace de bruit comme s’il avait peur d’être saisit pas l’absence. Pourtant, pensa l’adolescent, ce devait être bien le néant. Un lieu totalement tranquille où même ses pensées ne viendraient plus le déranger. Ou la présence de Sarah cesserait de le hanter pour devenir lui. Le néant. Si seulement il avait la certitude que la mort y conduisait, il passerait le pas en un rien de temps. Mais il y avait trop de facteurs inconnus pour qu’il se risque à tenter l’expérience. Et puis Sarah ne voulait pas.

Aussi fit-il un geste vers son camarade. Un seul, porteur de toute la signification qu’il pouvait y donner. Aussitôt , le regard chocolat s’emplit de joie et également d’une lueur extrêmement fugace que l’adolescent n’eut pas le temps de reconnaître ou d’analyser. L’épaule sous sa main était un peu tendue mais ce n’était pas étonnant, pour lui, Ellias était une vraie boule de nerfs. Il ne devait pas souvent reposer ses muscles. Siriel l’avait observé une ou deux fois pendant qu’il dormait et même là on avait l’impression qu’il vivait à cent à l’heure. Derrière son impassibilité coutumière, Siriel se sentait un peu envieux de cette capacité à accepter la vie et à s’y plonger totalement. Lui-même en était incapable. Et cela ne datait pas seulement de l’accident mais de bien avant. D’aussi loin qu’il se souvienne il n’avait jamais fait qu’observer sa sœur vivre, restant délibérément en retrait pour ne pas gâcher par son calme ses merveilleuses expériences. Il n’avait simplement pas changé. La vie était un théâtre et c’était les autres qui étaient sur la scène. Le mieux qu’il puisse souhaiter pour lui était de ne pas trouver le spectacle trop ennuyeux. Ce n’était pas gagné.

Siriel continuait à regarder Ellias, sans un mot. Il ne réfléchissait pas à grand-chose, se contentant d’être, simplement là. Avec toute la force que le concept d’être pouvait prendre quand on ne le regardait pas. Il n’était pas heureux comme ça mais il n’était plus malheureux et ce seul fait lui suffisait amplement. Si ressentir c’était souffrir, alors il était bien soulagé de ne plus avoir à jouer dans la pièce. Le temps passait.

Finalement, Siriel se décidé de prononcer un mot. Sitôt lancé, sitôt regretté. Les mots étaient des armes et l’adolescent avait la mauvaise habitude de faire mouche sans le vouloir, blessant sans comprendre pourquoi ni comment les rares personnes avec lesquelles ils conversait. Encore une fois visiblement, il avait touché au but… toute la joie se retira des yeux du Ranger. Pourtant il n’avait fait que répondre à sa question. Aurait-il du mentir et accepter une aide dont il n’avait ni besoin, ni envie ? Si c’était le cas pourquoi Ellias aurait-il posé la question plutôt qu’ordonné ? Les autres étaient si compliqués. Siriel n’arrivait toujours pas à comprendre les intentions réelles derrière les déluges de mots qu’ils déversaient sans arrêt dans les oreilles de tout être pouvant les entendre. Il s’attendait presque à des cris de protestation, échos oraux de ce que criait déjà son visage mais rien ne vint. Peut-être se contenait-il pour lui faire plaisir ? Ou pas. Peut-être ne savait-il simplement pas quoi dire. En tout cas ce n’était pas pour déplaire à Siriel qui avait eu sa dose de bruit pour le moment.

Tranquillement, l’adolescent retira sa main de l’épaule de son colocataire qui se précipita pour fermer la porte avec enthousiasme. Comment pouvait-on être aussi heureux à l’idée de fermer une simple porte ?

« Oups pardon, je vais la fermer, y'aura moins de bruit comme ça. »

Une très légère lueur d’amusement passa un instant dans les prunelles ternes du jeune garçon. Décidément Ellias avait du mal à agir sans parler d’abord. Mais cela n’était plus si grave, son cocon s’était de toute façon envolé. Il reviendrait plus tard.

« Tant mieux si c'est simple...euh...c'est des exos de quoi au juste? »

Physique ? chimie quantique ? Particules ? Ce n’était pas si simple à classer. En gros il s’agissait de trouver par des calculs et des formules la position des électrons autour du noyau, le mode de « remplissage », la force des interactions, les mouvements et le reste.


« Modèle de Bohr »

Sans ajouter un mot, il lui tourna le dos, prit une feuille et dessina au crayon l’atome en lui-même, ajoutant des ombres et des ellipses pour représenter le volume et les différentes orbitales. A côté il lui dessina les formules de son écriture haute et calligraphiée puis lui tendit la feuille pour qu’il juge par lui-même. Ce n’était pas vraiment très compliqué. Encore une fois, beaucoup de calculs pour pas grand-chose. Les électrons n’allaient pas se placer comme on l’avait calculé pour le plaisir et il n’y avait pas beaucoup d’application concrète à ce genre de théorie mais cela semblait plaire à leur professeur de physique et Siriel travaillait ainsi sa vision dans l’espace, sa logique et sa rapidité de réflexion. Ce n’était donc pas totalement inutile.

[HJ : clique sur la phrase de Siriel, c’est un lien sur ledit modèle (wikipedia). Si tu comprends rien, sache que moi non plus. On a vaguement essayé de me l’apprendre mais c’est pas resté, va savoir pourquoi ^^ ]
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Invité
Sujet: Re: Vents Vents EmptyDim 12 Oct - 17:05

[ HJ : Oh my god, c'est pire que du chinois 0_0 non je n'ai rien compris, mais comme ça fait longtemps que j'ai pas fait de physique-chimie - ô joie - et qu'à la base j'étais pas excellente, c'était sûr que je comprenne pas -__-' ]

Ellias avait voulut jouer de la guitare pour deux choses. Accompagner Only au chant, afin de porter sa voix encore plus haut, de renforcer la beauté des sons qui sortaient de la bouche de son amie, et aussi pour réchauffer le coeur des gens tristes. Il aimait ainsi, quand il était en sortie en ville, prendre sa guitare avec lui et se poser vers les ponts, à côté des clochards, pour leur jouer un air joyeux tout en observant les avions dans le ciel et l'eau du fleuve couler doucement à l'horizon. Sentir le vent contre son visage, voir ceux des hommes qu'il rencontrait se remplir d'une joie contenue, savoir qu'il rendait l'espace de quelques minutes des pauvres bougres heureux. Il n'y avait rien de mieux selon lui, que de faire plaisir et d'aider les gens, en leur redonnant rien qu'un peu d'espoir. Il avait alors acheter une guitare, via les Parasits - il avait dû y mettre le prix afin d'être sûr d'avoir un bel instrument -, et s'était alors entraîné en apprenant tout d'abord à lire les tablatures.

Les successions de notes sur les partitions ressemblaient à cette époque à du chinois pour lui. Le « do » et le « mi » se mélangeait, le « sol » et le « la » aussi. Bien des jours, il en avait eu marre de ne pas réussir à jouer car il n'arrivait pas à déchiffrer. Bien des fois, il s'était fait frappé par Only car il s'était planté, et souvent, il s'était sentit complètement découragé, à la limite extrême de l'abandon. Oui, il avait faillit abandonner, renoncer et déclarer sa défaite face à des suites infinies de notes, mais ne l'avait jamais fait. Cela aurait représenté un échec sur une chose qu'il considérait comme simple, et il avait persévéré. Il s'était entraîné encore plus, jusqu'à réussir à déchiffrer toute tablatures, et à jouer des morceaux sans se tromper dans les accords et dans les positions des doigts sur son instrument.

C'était à ses débuts si fastidieux en guitare que le sale môme pensait tandis que son charmant colocataire venait de prononcer le nom de ce qu'il étudiait, et s'appliquait maintenant à dessiner. Le modèle de Bohr...le membre des CR n'en avait entendu que vaguement parlé, car ses cours de physiques n'était assurément pas les mêmes que ceux de Siriel, et il ne voyait ce modèle que plus tard dans l'année. Il observa en silence le garçon au visage si terne dessiner un atome et ajouter sur la feuille tout un tas de formule, toutes plus tordue les unes que les autres. La grande différence qui régnait entre les maths et la physique résidait d'ailleurs dans ce simple élément, les formules. En maths, tous les théorèmes et autres étaient relativement simple, et surtout, les codes étaient toujours les même. x, y, z pour les inconnus, f(x) pour les fonction et f'(x) pour les dérivées, F(x) pour les primitives et tant d'autres...en physique-chimie, le problème était qu'il y avait trop de codifications. Trop de lettre, et ceci rendait la compréhension des formules beaucoup trop compliqué parfois, or, comment réussir un calcul si on n'arrivait pas à décoder ce qui indiquait les chiffres à prendre? En ceci, Ellias préférait largement les mathématiques, bien plus simple à comprendre.

Néanmoins, il appréciait la physique qui était pour lui intéressante, mais n'avait pas encore étudier le modèle de Bohr et ne comprenait donc pas toutes les formules que Siriel avait inscrit sur le bout de papier. La chimie était des deux matières sa favorite, car il adorait faire des expériences, et trouvait follement amusant de mélanger toutes sortes de produits pour observer des phénomènes plus ou moins drôles. Bien sûr, la matière qu'il adulait par dessus tout, loin devant les autres qui l'intéressaient pourtant toutes, n'était autre que les mathématiques. Car en bon sado-masoschiste de base, le jeune guitariste s'était mis en tête d'être aussi fort qu'Artemis Fowl en calcul mental, et pour cela s'amusait chaque soir, après ses exercices de guitare, à résoudre des opérations sans les poser et à ensuite les vérifier à la calculatrice. S'il avait le malheur de se tromper, il s'imposait d'en refaire 10 de plus, et ainsi de suite. Il apprenait également avec soin chaque théorème et quand il s'ennuyait, ce qui était heureusement rare, il prenait un crayon et faisait des exercices de maths, afin de tuer le temps...oui, c'était un accro, l'unique matière où il excellait véritablement, celle qui le passionnait, où tout ce qu'il apprenait lui semblait facile. Un fou, auriez-vous dit? Et vous auriez raison. Ellias ne faisait partie d'aucune secte quelconque, juste d'un groupe d'innocent garçon sympathique, mais était pourtant atteint de la folie des chiffres...tragique destiné, pour un jeune génie de 15ans...

" Le modèle de Bohr...on n'a pas encore étudié en physique, on en a juste parlé vaguement...arf, la physique n'est pas ma matière préféré -__-' c'est intéressant, mais je préfère les maths. Fin' bon, t'as l'air d'avoir compris plutôt bien le modèle, si tu me le retranscris si facilement. "

Il regarda à nouveau le dessin de l'atome, qui lui faisait très vaguement penser à un ballon de foot.

«  D'ailleurs, ta matière préféré, celle qui t'intéresse le plus, c'est quoi? »

L'adolescent s'en voulait un peu de forcer son colocataire à parler, lui qui n'aimait pas vraiment ça, mais c'était en quelque sorte plus fort que lui, il se sentait mal à l'aise face aux gens ne pipant mot.
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