Scythe, ce pseudonyme à la fois si étrange mais si révélateur de ce que ressentais l'homme en ce moment de solitude matinale. Se sentir coupable, est-ce fatalement mauvais? Si l'on avait tué des ingrats, des personnes du mal, était-ce mauvais? C'était le genre de question qu'il aimait se poser, sachant malgré tout qu'il n'aurait jamais la réponse. L'intelligence n'est rien face à la Mort. La faucheuse transcendait toute règle logique de cet espace-temps. La faux... c'était en réalité un succulent pseudonyme en effet.

Il se leva lascivement de son lit douillet, baillant fortement, maudissant ce jour qui approchait: Noël. Noël, fête du malheur, sérieusement... Il secoua la tête, resonnant de nouveau avec sa philosophie si particulière - celle qui fait de lui un être "froid" d'après certains - selon laquelle la mort est nécessaire à l'évolution integrale de l'espèce et qu'il doit aller de l'avant en remerciant même le hasard.
Il soupira, tant de mauvaises pensées traversaient son esprit ces derniers temps c'en était agaçant au possible. Il frappa son mur violemment et fila sous la douche, afin de se raffraichir les idées. Il se prépara et sortit en fermant la porte derrière lui, pour se diriger dehors. Sans but il errait, sans conviction pour le moment.

C'est alors qu'il tomba près de la serre de l'établissement, peut-etre auraient ils des roses? Peut-être que, dans un monde parfait, ils auraient cultivé la légendaire rose noire? Il souriait ainsi, pensant à cette magnifiqur fleur qui le definissait sans peine... il entra. La serre était magnifique et bien garnie, les roses y étaient sublimes, des étoiles parmi une brume de saveurs visuelles et olfactives. Il se sentait vivant.
La porte se rouvrit de nouveau, "Scythe" se retourna pour constater qu'une jeune femme était entrée. Elle semblait avoir du mal à se diriger, puis en la regardant un peu plus intensément il comprit son handicap et ne put s'empêcher de sourire. C'était elle qu'il avait rattrapée dans ses deux bras quand elle fut bousculée lors de la "guerre" de polochons. Aveugle mais énergique hm? C'était ce genre de personnes qui donnaient foi en l'humanité au jeune Alvin Ashford... elle l'avait repéré, sans doute aucun à l'odeur. Pour la rassurer il lui glissa quelques mots qui, portés par l'air pur de cet eden, caresseraient ses douces oreilles...

"Enchanté, mademoiselle, je suis Scythe, puis-je vous être utile?"

Sa mine était réjouie, car malgré sa carapace de glace, il arrivait que certaines rares personnes lui fassent cet effet là...

Lorsque Huggy avait ouvert les yeux c'était pour continuer de se retrouver dans le noir. Parfois elle se disait que si elle avait connu la lumière un peu plus la perte de la vue l'aurait marqué. Mais sa nuit avait été paisible, elle avait rêvé d'équation et d'odeur, elle avait aussi entendu quelques voix qui l'avaient bercé pour s'endormir. En ce beau matin d'hiver elle se sentait donc bien.
Elle se leva tranquillement. Pris la petite machine sur sa table de chevet et la passa sur ses vêtements. Elle enfila un jean que le boitier qualifia de noir et revêtit par dessus un t-shirt dit "bleue cyan" pour s’emmitoufler dans une grosse veste sombre.

La veille elle avait vu Tea; elles avaient parler pendant près de deux heures.
Après ces séances de partage d'information, Huugy avait toujours envie de passer à la serre respirer les douces odeurs végétales, et surtout s’entraîner à reconnaître les plantes au touché. C'était un exercice fastidieux, mais intéressant.
Après la discussion avec sa partenaire il faisait, d'après son portable parlant, déjà nuit. Elle dut donc abandonné son idée de parcourir la serre qu'elle connaissait déjà par cœur.

Lorsque pour la première fois de la journée elle y entra elle inspira une bouffé d'oxygène fraîchement aromatisée.

Quelqu'un se trouvait déjà là, un jeune homme d'après sa voix. Scythe ? Ce nom  lui était inconnu. Etait-ce un nouvel orphelin ou un nouveau jardinier ? Surement là première pensé car il était moins probable qu'un jardinier possède le nom de Faux.
Enfin bref, il fallait bien lui répondre à un moment ou un autre. Alors elle hocha la tête et s'approcha de la direction d'où provenait la voix. Lorsqu'elle senti son souffle elle s’arrêta et se pencha légèrement en avant.

Ses narines experte de dilatèrent puis se contractèrent. Ce personnage avait une odeur bien singulière. Ayant bien calculé son coup, et avec une rapidité assez efficace, elle enroula ses bras autour de son cou.
Sans se détacher de lui elle déclara de sa douce voix :

" Enchanté, je suis Huggy "

Jeune demoiselle au regard aussi profond que le vide stellaire... c'en était troublant. Il la regarda avec insistance tandis qu'elle se rapprochait dangereusement de lui, qu'allait-elle faire? Le prendre dans ses bras? Bien évidemment, il fallait que sa supposition soit juste. Il haussa un sourcil tandis qu'elle lui donnait son nom, Huggy, même si cela était plutôt son pseudonyme... mais on s'en foutait un peu.
Tranquillement il plaça sa main droite sur sa hanche et sa main gauche sur son épaule afin de la repousser avec délicatesse. Le tactile, ce n'était pas son truc, du tout. Cependant la pauvre n'avait pas de quoi voir et cela impregnait en elle quelque chose de presque mystique, de particulièrement attirant. Une de ces attirances d'intérêt que les humains éprouvent et qu'ils appellent à tord l'Amour. Ce n'était sans doute ici qu'une simple réaction d'empathie... oui c'était forcément ça... Le pauvre était aveugle.

"Désolé je ne suis pas tactile."

Froid, comme toujours. Alvin avait toujours repoussé les autres car ils étaient sans intérêt veritable mais là il sentait quelque chose de différent. Était-ce de la compassion? Il secoua la tête et reprit ses esprits.

"Je n'ai pas l'habitude du contact relationnel humain."

Alvin... pauvre idiot. Ta carapace te tuera. Reprends-toi! C'est alors qu'il la prit dans ses bras sans trop savoir comment s'y prendre, appuyant sa tête contre son torse. Après tout peut être veut-elle se libérer de ses maux ainsi? Peut-être est-ce un remède? Il soupira et s'excusa une ultime fois, à sa manière, en rompant le lien.

"Vous... vous sentez plutôt bon, on dirait un mélange de plusieurs fleurs. Vous venez souvent ici?"

Il fallait changer de sujet et vite. Il n'aimait pas se retrouver dans ce genre de situation qui de par son passé lui a valu bien des problèmes.

Alvin l'avait délicatement repoussé. Au moins il avait été délicat pas comme certain. Tout le monde n'était pas tactile, elle le comprenait et avait donc l'habitude d'être recalée, et même parfois avant d'avoir pu donner la moindre étreinte.
Il s'excusait en plus, quel personnage étrange. Il avait même "l'air" de se sentir obliger de se justifier. Huggy sourit intérieurement.
Puis il fit une chose qui la surprit. Il la reprit dans ses bras.

Elle profita quelques seconde de cet instant puis se détacha du nouveau avant de lui répondre :

"Je vous remercie. Oui je viens souvent ici, je connais cette endroit par coeur, comme si j'y vivait."
Elle désigna les roses :
"Là bas se trouve les rosiers floribunda, d'Allemagne, des plants très rare."
Elle se tourna dans la direction opposé :
" Et là bas se trouve des plants de  très utilisé en médecine chinoises. "

Heather émit un petit rire, en rien moqueur, mais un brin curieux.

- Pourquoi m'avoir enlacé alors que vous veniez de dire que ce n'était pas dans vos habitudes ?

La question pouvait paraître étrange, mais pour elle c'était normal, dans la continuité des événements. Huggy aimait poser des questions, mais elle préférait surtout les réponses.

Alvin souriait en coin, la contemplant tandis qu'elle lui désignait au loins des plants de roses d'Allemagne. La jeune femme lui demanda aussi, dans un eclair interrogatoire, la raison de cette étreinte si soudaine. Pouvait-il échapper à cette question? Non, et à quoi bon? Alors il posa une main sur son épaule et sentit un petit courant chaud se propager d'ici à sa poitrine, comme si sa propre empathie venait lui montrer que le contact humain n'était pas chose mauvaise.

"Vous m'êtes appréciable."

Hm. C'était mieux que rien.. il enleva alors sa main et la mit contre sa propre hanche, démontrant une certaine aisance extérieure. Le bougre n'était pas ce que l'on appellerait communément "timide" non... disons qu'il n'avait pas pour coutume de cotoyer d'autres personnes, qui plus est du sexe opposé. La jeune femme le guida alors, son odorat semblait très développé et c'en était véritablement ahurissant. Certes, les capacités cérébrales sont adaptatives mais le jeune homme n'avait jamais pu le contaster en vrai. Il demeura silencieux, même son souffle se faisait discret, comme s'il recommençait avec cette manie de l'obscurité. Un mal pour un bien, l'ombre extérieure pour la clarté intérieure, c'était sa façon de rester dans un certain bien-etre...
Il se disait qu'il réfléchissait trop, trop souvent, trop longtemps. Mais son crâne brûlait, il avait besoin d'analyser, de decortiquer et de comprendre tout ce qui l'entourait. Comme cette jeune femme qui souffre sans doute du manque de ses parents et qui se serait réconfortée dans les étreintes d'un être cher qui devrait lui manquer tellement aujourd'hui que sa seule salvation réside dans le mimétisme permanent... Alvin tu réfléchis trop...

Alors ils arrivèrent près des fleurs su-citées... elles étaient d'une splendeur égale sans doute aucun aux doux scintillements nocturnes d'une pleine lune. Il croisa les bras un instant. Alors cette femme aurait besoin d'aide dans le contact? Donc pour l'aider il suffirait d'avoir ce simple contact? Il secoua la tête, inutile d'y penser, si cela se trouve elle n'était pas malheureuse dans ce handicap. Il se dégoûtait lui-même à succomber à une empathie irréfléchie. Autant laisser le temps leur dicter ce qu'il en sera, non? Après tout il n'était plus chez des idiots et il fallait bien qu'il brise la carapace...

"Le spectacle est magnifique... Vous le voyez aussi, à votre façon, non?"

Le spectacle olfactif devait être grandiose pour elle. En un sens il la jalousait. Se libérer de la vue du réel humain pour ressentir tout ce qui est subtil en ce monde...

Heather sourit. Elle tendit une de ses mains vers les fleurs pour caresser leurs pétales doux et sucrés. Elle hocha la tête.

" Oui je le vois. Parfois mon frère me disait qu'il était heureux que je sois ainsi, après il se sentait un peu mal vis à vis de moi, mais il me prenait dans ses bras et déclarait qu'ainsi je ne pourrais voir que le bonheur et la joie. "

Elle se rapprocha encore des fleurs et posa son nez contre les boutons.

" Il disait que le milieu des apparence c'était un monde à part. Un monde difficile à comprendre, et à y prendre place. Mais je n'arrive pas à m’en souvenir. Aussi loin que ma mémoire se souvienne j'ai toujours vécu dans ce que vous appelez "le noir".
Tant qu'il y a des sons, des parfums et des êtres autour de moi ça ne me pose aucun problème.
Et puis, dit-on, le monde est différent pour chaque personne. Surtout ici, à la Wammy's house."

Elle se tourna vers le jeune homme de curry et lui demanda :
" Et vous ? Comment voyez-vous le monde ? "

Il était rare qu'elle parle autant, mais parfois cela était agréable.

Alvin la laissait ainsi parler de son passé, il recoupait les informations entre elles et comprit qu'elle vivait seule avec son frère avant d'arriver ici. D'où sans doute le besoin de contact? Elle parlait de la vision du monde, de notre rapport à l'espace, au "réel", mais tout ceci était si subtil qu'en réalité la seule chose qui comptait devait demeurer notre ressenti propre. Il n'y a aucune universalité, si ce n'est dans les mathématiques, et encore. Il ria légèrement à sa question, puis s'accroupit face à elle pour qu'elle l'entende bien.

"Le monde, j'essaye au mieux de le ressentir. Le voir, l'écouter, le sentir, le toucher... tout ça est inutile car il est bien plus que cela."

Il se gratta la barbe un instant en fermant les yeux, réfléchissant à ce qu'elle disait un peu plus tôt. Est-ce que c'était vraiment définissable comme "noir"..? Il posa ses deux doigts, index et majeur, sur le haut de ses paupières et les lui ferma, avant de lui glisser de nouvelles paroles... pourquoi parlait-il tant d'ailleurs?

"Reste ainsi, je vais en faire de même. Penses-tu vraiment que c'est le "noir" que nous voyons? Le vide?" Il souriait paisiblement. "La beauté du monde, c'est celle que nous percevons et qui nous rend heureux, voilà tout."

L'homme retira ses doigts de son doux visage et s'assit sur le sol, croisant les bras. Il ne savait pas vraiment ce qu'il voulait, peut-être une sorte de liaison amicale avec la demoiselle? Il se gratta l'arrière du crâne en riant. "Vous êtes venu pour admirer ou pour autre chose? Moi je me promène tout simplement." Elle dégageait quelque chose de fort, Scythe en sortait même presque de ses ténèbres...

Huggy rouvrit les yeux. Oui, il avait raison, la façon dont chacun perçoit les choses n'est pas importante. C'est plutôt : "Est-ce que notre perception du monde nous rend heureux ?" qui est l'essentiel.

" Je suis venu pour travailler " Sur cette phrase elle parti au fond de la serre, ses doigts frôlant les étagères. Arrivé devant une armoire elle l'ouvrit et sorti un livre. Pour de simples yeux il n'avait pas de titre, mais pour des doigts experts on lisait très bien l'intitulé.

Elle revint où elle s'était retrouvé plus tôt et à tatton s'assit à côté du jeune homme.
La blonde ouvrit le livre aux pages blanches et plus épaisses qu'à l'ordinaire. Elle passa c'est mains sur les bosselures et puis après un temps referma son livre et dit :

" Qu'elle est votre matière préféré ? "

Elle se trouvait a côté d'une personne un peu étrange mais sympathique, alors pourquoi ne pas partager leur connaissance, et leur théorie.