Sujet: You'll never have to worry - D. Dim 21 Juil - 16:55
You may be powerful today, but time is more powerful than you. When a bird is alive it feeds on ants. When a bird dies, ants feed on it.
Dynamo ■ Crow Dean Sandar
âge : 17 ans. date de naissance : 07.01.96. qi : 191. sexe : Masculin. origine : Anglais par son père. Vagues hypothèses pour ce qui est de sa mère. ancienneté : Trois ans. manie : Établit des pourcentages comparatifs, proportionnels à ses différentes réflexions. Ce qui devrait donc expliquer ses facilités en terme de théorie des probabilités/statistiques.
cheveux : Mi-longs, couleur corbeau. yeux : Bleu persan. peau : Très claire. taille : 187 cm. tatouage/piercing : Ni l'un, ni l'autre. corpulence : Fin, légèrement musclé.
Nous sommes les simples et complexes reflets de ce que nous acceptons de montrer aux autres. Ainsi faudrait-il choisir ce reflet avec précaution.
Choisir une seule et unique réponse à chacune des questions ci-dessous ; un membre du staff viendra ensuite vous communiquer votre classe.
Définissez-vous en une phrase.
■ Je suis un.
Vous offrirez quoi à Noël à votre meilleur ennemi ?
■ Une corde.
Parmi ces livres ci-dessous, lequel serait le plus susceptible d'être votre livre de chevet ?
■ H2G2 : The Hitchhiker's Guide to the Galaxy de Douglas Adams.
Ce que vous devez impérativement arrêter de dire. Sérieusement.
■ « Ton niveau s'élève à la dérivée d'une constante. »
La petite manie dont vous vous passerez bien ?
■ Faire des private jokes.
Il y a forcément quelque chose que vous auriez dû faire depuis longtemps et n'avez toujours pas fait.
■ M'excuser au près de la personne que j'ai insulté il y a trois semaine. Peut-être. On verra.
Never say goodbye, cause goodbye means going away and going away means forgetting
(Couleur volontairement uniforme. A vous de juger lesquels de ces adjectifs sont péjoratifs, ou à votre goût.)
Je n'ai jamais compris l'utilité de ce genre de formulaire. Certaines parties doivent être sans équivoque nécessaires, je le conçois, naturellement. Dans le sens où, les critères imparables, tel que le questionnaire qu'ils nous donnent à remplir dès l'affectation à l'orphelinat, pour savoir d'emblée notre "domaine" de prédilection, doit bien sûr être destiné à un dessein précis. Mais pour ce qui est du reste… Je peine à en percevoir la commodité. Je m'explique. Admettons rapidement, tout en mettant de côté la coutume qui est de se présenter suivant cet agencement, qu'au quotidien, si l'envie - ou la folie, ceci dit- nous prend de faire la connaissance d'une personne et ainsi prendre goût à ce genre de savoirs intimes et particuliers; il suffit de se lancer, de prendre les devant sans trop se poser de question. Histoire d'en avoir enfin le cœur net et d'ainsi, espérer gagner une connaissance. Un ami. Plus si affinités, parfois. Un ennemi, probablement. Mais le geste sera effectué, et on pourra s'accorder le mérite d'avoir agi pour. Je me trompe ? Celui qui pense que quelques paragraphes descriptifs suffisent à définir l'intégralité d'une mentalité, ou bien même d'un aspect physique se fourvoie durement. Les mots, ceux que nous utilisons depuis toujours, ne suffisent pas à mener à bien cette entreprise. Ont-ils, en vérité, jamais suffit ? Un caractère évolue, dans un sens ou dans un autre, inévitablement. La personnalité muable d'un être humain demeure en marge de toutes lois logiques, de toutes vérités générales, de toutes perceptions physiques ou morales, de tout ce qui pourrait sembler accessible. Il n'est venu à l'esprit à personne que notre connaissance de notre personne était trop limitée pour parvenir à rendre justice à chacun de ses singuliers attraits ? Que le manque d'objectivité quant à notre propre physique, rendrait alors à cette dernière image le terme péjoratif d'artifice, étant comblé de complexes, de désirs, de ce que nous aurions aimé être ou ce à quoi nous aurions aimé ressembler ? Ainsi ; si même les chiffres ne peuvent se résoudre à assiéger ces complexités, en dehors de toute rationalité, pourquoi les mots, ceux auxquels on accorde tant de pouvoir, ceux qui disaient-ils, règlent tous les maux et pansent chacune des blessures, comment, eux le pourraient-ils ? Comment pourrions-nous, êtres humains que nous sommes, un jour être capable d'exploiter ces chiffres et ces lettres et parvenir à une maîtrise suffisante pour transmettre Le message, l'idée, la vérité, aussi génie pouvons-nous être que le prétend si légitimement notre QI ? Je pense donc être loin de me tromper en prétendant que quelques lignes suffiront à répondre à la règle universelle, n'ayant très certainement guère le choix que de m'y soustraire un instant. Car ce que résumeront ces quelques mots ne seront que l'étendue même de ce que j'ai, malgré ou chance promise, toujours été. Et changer est loin d'être dans mes projets.
Placide ? Rares voire inexistantes sont les fois où je perds le contrôle. Cela me permet de rester lucide en toutes circonstances… ou presque. Je prône tout particulièrement la sérénité à l'outrance, à un point où ce premier déterminant est indubitablement la première chose reconnaissable lorsque l'on pose les yeux sur moi. Avec tout de même une cigarette derrière l'oreille en prime, accompagnée d'une autre entre l'indexe et le majeur droit. Impulsif ? Malgré moi. Suscitant ainsi, souvent, l'arrivée des regrets, ce qui me pousse alors à m'en vouloir et ainsi m'énerver, pour finir par me rabattre sur la terre entière. Je deviens ainsi, très vite invivable, et préfère ne rencontrer personne plutôt que de me plaindre chez x ou y. Minutieux ? Un jour, quelqu'un de sage m'a dit que les détails sont comme les plaisirs charnels. Bien qu'ils ne soient pas toujours visibles, perceptifs ou même entendus, ils n'en demeurent pas moins décelables et, sans eux, l'homme n'en serait jamais arrivé à demander un jour "encore". Indomptable ? Il m'a semblé amusant de le rajouter. Rancunier ? Je n'accorde presque jamais ma confiance. Être rancunier est ainsi pour le moins aisé à mes yeux, dans le sens où à la moindre trahison ou gaffe, vous risquez à 99,99% de finir sur la liste des personnes que je ne cernerai plus, et ce, jusqu'à mon départ définitif des lieux, et sans retour en arrière possible. Égoïste ? Il faut bien. Trop d'altruistes peuplent ce bas monde, et ceux qui diront qu'entre l'altruisme et l'égoïsme, l'un rattrape forcément l'autre, ne feront preuve de rien d'autre que d'hypocrisie. Ou de stupidité. Il ne faudrait pas non plus oublier que, sans égoïsme, la carte du monde que nous connaissons aujourd'hui, cette organisation économique et politique, ce délicieux confort qui nous sied si bien, serait bien différent. Si ce serait mieux s'il en avait été différemment ? Certainement, mais il n'empêche que nous en sommes là. Ingénieux ? Développer ce point me renverrait une vision désagréablement vantarde de ma personne, alors je n'en dirai pas plus. Bien que mon égo se porte bien, cela pourrait malencontreusement susciter une rivalité de tierces personnes quant à ce fascinant trait qu'est l'égocentrisme. Je n'aime pas la rivalité. Provoquer une mésentente si promptement ne tarderait pas à vite me… "courir sur le haricot". Associable ? Semblerait-il. Réfléchi ? Le contraire serait impensable. Possessif ? A l'excès, et maladivement. Sans doute l'une des raisons qui me poussent à ne m'attacher à rien. Méfiant ? Clairement. Ceci explique cela. Déductif ? Cartésien ? Ai un sens particulier de ce côté-là. Par exemple, il m'est précisément aisé de constater le mensonge dans l'analyse de l'allure et de l'attitude d'une personne. Le mensonge étant une chose que j'exècre, il m'est alors simple de savoir à quoi m'en tenir. Et ainsi imposer des barrières entre nous. La philosophie analytique, hm ?
Dynamo : six lettres résumant en trois syllabes ma nouvelle identité, me contraignant ainsi à paraître aux yeux de tous sous un patronyme soulevant d'emblée toutes sortes d'interrogations. Pourquoi Dynamo ? Est-ce un mot anglais, italien, une invention ? Un acronyme ? Un lien renvoyant au passé ? Une blague ? Eh bien, cela restera un mystère que je prendrai plaisir à conserver. Si vous tenez réellement à en connaître la source, il vous suffira, si vous en avez le cran toutefois et si mon humeur du jour vous est favorable, de procéder comme mon second paragraphe le sous-entend clairement. Vous êtes libres d'en tirer toutes les conclusions qu'il vous plaira. Je m'arrêterai donc ici pour ce qui est du caractère. Je pense en avoir assez révélé, et, du reste, vous n'avez guère besoin de mon aide pour connaître la marche à suivre.
'We'll all die one day, they said...
Contrairement à bon nombre de personnes ici, si ce n'est la totalité, je n'aurais pas la chance de déblatérer des heures sur combien ma vie était belle ou austère avant d'arriver ici. Je ne serai pas non plus capable de décrire avec autant de nostalgie les odeurs qui ont baigné mon enfance, celles auxquelles je pense lorsque je suis seul, lorsqu'un son me rappelle les paroles d'une mère ou d'un père. Je ne serai pas capable de me souvenir avec autant de précision que certains, quelles images m'était-il donné de voir chaque jour, et qui malgré le temps qui passe, forment un vide dans ce cœur qui nous incombe et nous accable. J'hésiterai à trouver les mots justes pour respecter la chaleur d'exquises sensations, si singulières et si marquantes que l'on ne peut se résoudre à oublier. Ces sensations qui m'auraient envoûté autrefois, que ce soit celle des doux cheveux dorés d'une mère, ou l'aura rassurante qu'émanerait un père. Ces deux termes parentaux m'étant parfaitement inconnus, le simple fait d'y penser me ferait donc ni chaud, ni froid. En réalité... la seule chose que je sais d'eux, est l'origine anglaise de mon père, et les noms de "Crow" et "Dean" qui'ils m'auraient, lui et son épouse, donné à la naissance, si j'en crois les investigations que j'en ai faite le jour où j'ai eu la folle envie de connaitre mes origines. Tsss, à croire qu'ils en avaient quelque chose à faire de moi, le jour où ils m'ont abandonné. En bref, mes connaissances à leur sujet s'arrêtent là, et je n'ai aucune envie d'en savoir plus. - ou c'est du moins ce que j'aime me faire croire. Seraient-ils morts, que j'en aurais strictement rien à faire. Ils n'ont plus fait partie de ma vie le jour où j'ai été déposé dans un premier orphelinat. Enfin bon. Il y aurait peut-être une habitude futile qui subsisterait dans mon esprit, lorsque je pense au passsé. Une habitude futile qui séjournait autrefois au sein d'un quotidien qui m'était jadis familier. Vous savez, je parle de cette habitude qui nous paraissait à tous, si naturelle, mais qui aujourd'hui nous semble bien loin, à des années lumières de ce que nous avons appris à voir aujourd'hui, et à qualifier de "commun". Il n'y a pas eu non plus de réveil avec un sourire aux lèvres, d'une couleur bleutée d'un ciel en guise de première vision, qu'il ne nous sera plus jamais donné de voir du même œil cependant. Cette première vision accompagnée de ce sentiment qui vous chuchote à l'oreille qu'une belle journée se prépare, une belle journée en famille, ou entre amis, empreinte toutefois de ce petit quelque chose appelé "appréhension" qui accentue le caractère aléatoire d'une vie.
Un petit frère qui court. Une balançoire rouge, des cris, des pleurs, et autres chamailleries. Des souvenirs de vacances. Des amis qu'on a quittés. Des lèvres, des hanches, des ébats, des souffrances, des cicatrices, une tête qui implose. Le toit d'une maison, les étoiles du soir, l'appel du géniteur qui s'insurge quant à notre manque de conscience du danger. Un jardin verdoyant d'un côté, une corde de l'autre, un dernier souffle avant l'oubli.
Eh bien non, rien de tout ça ne m'effleure sans que je n'y mette un terme. La plupart de ces choses, je ne les ai d'ailleurs jamais vécues. La raison étant très simple : avant d'arriver ici, c'était au cœur d'un lieu pas bien différent que j'ai grandi. Cet endroit ne saurait être décrit autrement qu'avec des expressions faciales et des gestes désabusés. Il suffit de me voir lorsque j'y pense. Mais, ne parlant que très peu de mon passé, il y a peu de chances que vous en ayez mirage un jour. Peut-être que ma vie avant d'atterrir à la Wammy's House n'a finalement été qu'un mensonge créé de toutes parts, comme un puzzle dont chacune des pièces s'ajoutaient au fil des années. Peut-être que tout ce chemin parcouru n'avait été que dans un but précis, à savoir offrir son cerveau pour mener à bien je ne sais quelle mission. Et si nous n'avions rien de spécial, au fond ? Qui pourrait accepter sans broncher sinon un sombre crétin, d'avoir été manipulé depuis tout ce temps, et que le jour où la valeur de notre QI fut connue, n'était qu'un jour programmé comme un autre ?
… Ou simplement la suite d'une longue succession d'évènements enchevêtrés les uns, aux autres, pour arriver à ce stade. Mon passé… Est constitué d'images. De sons. D'odeurs. De sensations. Le meilleur dans tout cela étant que, étant loin de voir cela comme un doux rêve, elles s'obstinent à me harceler lorsque le malheur me trouve, me rappelant à quel point j'ai pu vivre comme une bombe à retardement, ne laissant qu'un goût amer et familier sur ma langue. Alors que tout ce que j'ai toujours voulu, ce n'était que…
Orphelinat Jellyka Grey'Barjow, non loin de Bradford, Angleterre - il y a quelques années de cela
-Tu ne devrais pas fumer, Dean...
Crow éloigna la cigarette d'entre ses lèvres. Un soufflet grisâtre filtra alors d'entre ses dents, soufflet qui ne tarda pas à s'écraser sur le visage enfantin de Pavel. Il vrilla alors ses yeux vers ce dernier, auteur du sermont, le jaugant ainsi d'un air dubitatif alors que le regard du blondinet suivait quant à lui le mouvement progressif du bras du fumeur qui revenait à l'assaut de sa bouche. Lorsque le gamin sentit la fumée s'infiltrer dans sa gorge après qu'elle ait happé son visage, il ne put réprimer une toux brutale qui déforma instantanément quoique pendant un court instant, ses adorables traits.
-Ah non, tu crois ? articula alors Crow, sans dissimuler l'ironie dans sa voix et l'empêchant ainsi de réagir face à sa provocation. Pavel vrilla ses iris nimbées de noir sur lui, en guise de réponse, et fit la moue. Cette expression rendrait le garçon presque plus attendrissant qu'il ne l'était déjà, aux yeux du Sandar. Presque.
-Pourquoi est-ce que t'as fait ça ?! Tu sais très bien que je ne supporte pas ! s'insurgea le blond. -Je ne sais pas. J'en avais envie, c'est tout...
Le brun haussa alors les épaules et pivota sur ses pieds, tournant ainsi le dos à son interlocuteur pour s'adosser à la rambarde du balcon. Il ferma alors les yeux, se laissant bercer par la brise légère qui régnait aux alentours.
-Et puis, je ne vois pas en quoi l'état de ma santé te concerne étant donné que tu ne me reverras plus dans moins d'une semaine.
La voix du garçon n'avait été qu'un murmure, mais il était absolument certain que son vieil ami réussirait à l'entendre. Il parvenait, en vérité, toujours à l'entendre. A ressentir ses émotions. Les moments où il valait mieux le laisser seul, et les autres où il avait besoin de rire. Pavel était ainsi un simple garçon lambda de l'orphelinat, tout comme lui. Crow Dean Sandar, ou Dean comme aimait l'appeler Pavel. L'enfant abandonné à la naissance qui n'avait goûté qu'aux orphelinats au cours de ses quatorze années de vie. L'enfant dont le nom de famille n'en était pas un, mais l'invention d'un gamin parce qu'on lui a un jour donné l'occasion de choisir une identité, faute d'en avoir hérité d'une.
Pavel croisa la route de Crow lorsque ce dernier n'avait que dix ans. A l'époque, le premier, le bambin aux yeux noirs, avait neuf ans. Seulement un an de moins que son camarade, mais celui-ci ne pouvait s'empêcher de considérer le blond comme un petit frère. Ou bien un protégé. Le pauvre venait de perdre ses parents dont il n'avait accepté la raison que quatre ans plus tard, plus ou moins grâce à Crow. Durant quatre années consécutives, jusqu'aux quatorze ans du Sandar et donc jusqu'au jour où ces lignes sont écrites, ils avaient partagé une amitié trouble et à laquelle tenait sans qu'il ne puisse l'expliquer autrement qu'avec maladresse le jeune brun. Car, malgré tout, Pavel avait été son premier ami. Le seul avec qui il ne lui avait pas semblé trop dur de se confier. Était-ce le tempérament joyeux et ingénu du blond qui le poussait à être plus enclin à la confiance, ou était-ce vraiment les étincelles d'une vraie amitié ?
Quoi qu'il en soit, il allait bientôt lui être arraché. Comme tout ce à quoi il avait essayé de s'attacher depuis son jeune âge, il allait lui être enlevé, pour toujours. Pourquoi alors se surprenait-il à chaque fois à être déçu, étonné, et davantage difficile à admettre : pourquoi se sentait-il blessé et trahi lorsqu'il se devait de quitter tout ce qu'il s'habituait à côtoyer, comprendre, vivre, voir ? Il avait en tout changé deux fois d'orphelinat, ce qui revenait à être passé dans trois établissements différents. Il s'était ainsi contraint à tout abandonner par deux fois. Autant d'instabilité ne pouvait qu'aboutir à un tempérament comme celui qu'il se trimbalait aujourd'hui. Ainsi, le premier orphelinat était situé quelque part au nord de l'Angleterre, mais il n'y était resté que six ans pour finalement atterrir dans un autre, à l'est du royaume. Ce n'était que le premier changement. Mais ce n'était qu'une prison de plus, qu'une cellule temporaire qu'il devrait se contraindre à oublier. Encore, encore et encore. A chaque entrée dans un nouvel établissement, tout le monde lui répétait le même refrain. "Il est inutile sinon destructeur, de se rappeler le passé. Tu n'y retourneras jamais, tu ne reverras plus ces personnes. Alors, à quoi bon ?" Et malgré tout, à chaque fois, il avait essayé. Essayé de suivre la règle, de ne rien faire qu'il puisse regretter. Cependant... Ce petit était entré dans sa vie après le second changement. Dès son arrivée dans ce troisième orphelinat, Jellyka Grey'Barjow, de son nom, cette touffe blonde avait mis le désordre dans ses priorités. Malgré toute la volonté du monde, le Sandar peinait à lui en vouloir.
-Ne dis pas ça, Dean...
La voix de Pavel l'extirpa des méandres sinueuses qui constituaient ses songes. L'interpellé avait lâché sa cigarette sans même s'en rendre compte. Cette dernière, emportée par le vent, disparut du champs de vision de l'orphelin avant même qu'il n'entreprenne de la guetter. La main de Pavel qui vint se poser avec une infinie tendresse sur son épaule le poussa à réaliser qu'il s'était mis à trembler, et bien que le brun fournissait un effort considérable pour tenter de se dégager violemment, ses muscles ne répondaient plus à ses injonctions. Il se maudissait littéralement de se sentir si faible, si incompris, si impuissant face à ce qui lui arrivait. Il entre-ouvrit alors les lèvres pour parler. En premier lieu, aucun son n'en sortit. Ce n'est qu'après avoir poussé un long soupire qu'il se reprit.
-Tu ne m'oublieras pas, n'est-ce pas ? Lâcha brusquement Crow.
Il se retourna alors subitement. Et regretta aussitôt ses paroles.
"Je lui avais promis de ne jamais le faire souffrir... Je lui en avais fait la promesse..."
"Pavel... Est mort ?"
"C'est impossible. Ce doit être un coup monté, forcément. Oui... C'est ça, évidemment ! Tout a été calculé depuis le début ! C'est un mensonge, tout ça pour m'obliger à y aller. Forcément... Forcément... Forcément... Forcé..."
"Il m'est souvent arrivé de m'interroger sur ce que j'aurais été, si comme tout le monde j'avais eu le traumatisme de parents morts à l'esprit. Un suicide, un incendie, un assassinat, une noyade. Toutes ces choses grandiloquentes qui nous arrivent tout particulièrement à nous, comme si notre destin avait déjà décidé dès notre naissance et qu'en plus de devoir se traîner un cerveau prodige, le prix à payer serait d'avoir une vie tragique. De devoir faire comme si tout allait bien, malgré tout… Car avec un QI pareil, il ne peut qu'y avoir un futur prometteur à la clé."
Je n'ai plus jamais revu Pavel. Ce fut la dernière fois où j'ai eu l'occasion de lui adresser la parole, d'apprécier ses jolis traits, semblant n'être guère affecté par le poids des années bien qu'il soit encore tout jeune. Même quand son visage était baigné de larmes, il parvenait à conserver cet attrait adorable qui lui est propre. L'image de ses grands yeux noirs et ses mèches blondes. Ses mimiques d'enfant et son rire contagieux. Ce fut donc mon dernier souvenir de lui, car mon départ fut prématuré à cause d'un tragique évènement. Déplacé au lendemain, le peu d'affaires qui m'étaient propres avaient été bien vite emballées dans une valise étiqueté au nom de "Wammy's House", sans que je n'aie rien demandé. Comme si tout avait été préparé. Lorsque j'ai eu vent de cette affectation, il faut dire que j'ai tout fait pour l'éviter. Mon "non" était catégorique, dès lors que l'idée de quitter définitivement Pavel traversa mon esprit, et s'imposait en moi comme une tâche noire en plein dans la liste de bienfaits qu'était censée m'apporter ce nouvel orphelinat. Et le lendemain, la nouvelle de la mort de Pavel me cueillit dès mon réveil. Ce devait être à ce moment qu'ils en profitèrent pour avancer mon départ, car la seule chose dont je me souvienne est que j'ai pris le train sans vraiment savoir où j'allais atterrir. Une nouvelle prison, probablement. Mais cela n'importait peu, car je n'étais plus moi-même. Je ne voulais penser à rien. Je ne pensais à rien. Mon état second suite à cette nouvelle concernant Pavel me persuadait que ce devait être une erreur, et que je devais être toujours en plein dans un rêve dont je ne tarderai pas à être extirpé. Mais le cauchemar avait trop le goût de réalité.
Et trois ans ont passé depuis. Trois ans dans un orphelinat où j'étais censé être entouré de personnes qui me ressemblent, ayant eu un passé qui devrait m'être familier, où je devrais en fait vivre comme au sein d'une nouvelle -"première" serait un terme plus approprié ceci dit -... Famille. Mais j'étais très loin de la vérité. Je n'ai pas cherché à savoir comment ils ont pris conscience du niveau de mon quotient intellectuel. Ce devait être durant tous les examens médicaux ou psychologiques qu'ils nous faisaient passer dans mon dernier orphelinat, suite aux voyages qui duraient généralement deux semaines que nous devions régulièrement endurer. (C'était sûrement l'un des facteurs qui m'avaient rapproché de Pavel, d'ailleurs.) Ces tests étaient censés permettre de déterminer quel environnement nous conviendrait plus, répétaient-ils.
Trois ans, 36 mois. 1 093 jours, entouré de personnes dont la véritable identité pouvait être autant emprunte de mensonges que de vérités. Car c'était là l'occasion d'oublier tout ce que nous avons été, et se reforger une personnalité pour certains. Il y avait donc cette compétition pour une place qui me révulsait, tant la raison qui m'avait fait venir ici me semblait absurde, injuste, paradoxale, déconcertante. L'évènement qui avait avancé mon départ en particulier. Écorché vif. Et il y avait L. Je connaissais L de réputation, mais l'idée de lui succéder ne m'avait - ne m'a jamais traversé l'esprit. La justice... Où avait-elle été, ce jour d'il y a quatre ans ? pourquoi lui, en particulier n'avait-il pu bénéficier de cette justice que l'on prônait tant ici ? Qu'avait-il dont fait ? Pourquoi à ce moment, alors que j'étais sur le point de l'abandonner ? Il était si jeune... Il devait forcément y avoir un lien avec ma proche affectation. Ces gens n'y étaient pas pour rien. C'était inconcevable. La justice... Ce devait être l'une des seules raisons qui motivaient ma volonté de concourir à ce titre. Ou simplement poursuivre. En bref, venger sa mort, donner un sens à tout ça. La justice... ou l'art de se plaindre de ce que l'homme n'acceptera jamais.
Une grosse partie de mon passé m'est encore trouble. Des détails ont dû se perdre en cours de route, volontairement ou non, tels que mes réactions face à ce QI, mes relations avec cette masse d'orphelins que je côtoie depuis maintenant trois ans, mes appréhensions face à cette absence d'autorité et d'amour parentaux, et puis le traumatisme dû à la mort de celui que je considérais comme mon petit frère. Les circonstances de sa mort doivent également égayer la curiosité de certains, mais certaines choses ne sont pas faites pour être dites. Ou peut-être que, les exprimer justement me ferait prendre conscience d'une réalité que j'ai décidé de quitter le jour où j'ai pris ce train... Les choses n'ont de toute façon pas grandement changé, et "191" n'est pour moi, guère plus qu'un nombre, tout comme Dynamo guère moins que des lettres agencées pour donner l'illusion d'une identité. Et puis, je n'ai de toute façon ni l'envie, ni le temps d'en parler. "Il est inutile sinon destructeur, de se rappeler le passé. Tu n'y retourneras jamais, tu ne reverras plus ces personnes. Alors, à quoi bon ?", hein ? En vertu de quoi je vous serai reconnaissant de ne pas m'importuner davantage sur ce point. Merci.
"Ohé, Dean ! Quand on joue à cache-cache, t'es censé venir me chercher, pas t'allonger par terre à attendre que le temps passe !"
"Allez, vite, je commence à avoir froid, et il fait tout noir d'où je suis..."
"T'es passé où ? T'étais censé ne jamais m'oublier. Jamais..."
By not caring too much about what people think, I'm able to think for myself and propagate ideas which are very often unpopular. And I succeed.
pseudonyme : Sandar. âge : Majeur et vacciné. sexe : A ton avis ? avatar : Gareki : Karneval. découverte du forum : Mon alter égo. est-ce votre premier forum rp ? Pas le moins du monde.
Dernière édition par Dynamo le Mer 24 Juil - 5:27, édité 12 fois