[n'importe qui peut venir...]

Il fait noir, seulement des couloirs tapissent le bâtiment infernal où le garçon inconnu fuit depuis des heures, des jours peut-être... L'ombre! Elle est derrière lui! Elle court... Non, elle n'a pas besoin de courir... Elle a le total contrôle du monde, elle est le diable... Quel besoin aurait-elle de courir? Le garçon, lui, il court, il court pour sauver sa vie, sa misérable petite vie... De toute façon, il a déjà perdu la raison, sa santé mentale s'en est allé vers d'autres horizons depuis un moment, laissant la place à un univers de terreur absolue... Comment peut-on avoir aussi peur? Quel intérêt a la vie si on doit la vivre dans une telle peur? Non... Il n'en peut plus, il ne peut plus courir, mais il a trop peur pour s'arrêter...
Mais tout d'un coup, un croisement, et devant lui, l'ombre! Silouhette infernale à l'aspect humain, le visage drapé de noir comme le reste... Non....
L'enfant se retourne et derrière lui, L'ombre!! Non...
A sa droite à sa gauche... Partout l'ombre... L'OMBRE!!! NON!!! Mais qu'ais-je fais pour mériter ça, si Dieu existe qu'il me laisse en paix, qu'il me tue, que je le rejoigne enfin... Pourquoi m'infliger cela, Seigneur, pourquoi...?
En un instant, les quatre ombre se ruent sur l'enfant qui se tourne et se retourne, comme pour toutes les voir, comme pour évaluer sa propre terreur dans son intégralité, il voit les ombres sortir des aiguilles et les lui enfoncer dans tout le corps, il les voit rire d'un rire sans joie et sans fin, non....
Il se voit se réveiller dans une pièce pleine d'aiguille, pleine d'ombre... NON!!!!!
Terreur partout...
Que quelqu'un m'aide je ne veux plus souffrir que celui qui tue les autres me tue, que Dieu m'aide, QUE QUELQU'UN M'AIDE !!!


Haze ouvrit les yeux brusquement, tout le corps prit de sueurs froides...
Quel rêve affreux... Encore celui de ce bâtiment hermétique où cette ombre le poursuivait encore et encore, lui infligeant tout ce dont il avait peur... Pourquoi ces rêves? Pourquoi toujours celui là, de prime? Il ne signifiait rien... Il n'avait aucun rapport avec ce qu'il avait vécu... Comment, alors?
Lentement, avec des gestes mesurés, Haze se redressa sur son lit et, appuyant sur le bouton "light" de son réveil digital, constata avec exaspération qu'il était 4h du matin...
Que faire? Il ne se recoucherait pas, ça non... Il se retrouverait à nouveau à la merci de l'ombre et ça, c'était hors de question. Il ne s'en sentait pas le courage, ni la force...
Sortir alors? Pourquoi pas? Mais c'était violer le règlement... Passons. Ils devaient tous l'avoir fait un jour où l'autre et avec un surveillant pareil, c'était pas la colle qu'il risquerait...
Le garçon se leva lentement et avec un soupir, considéra la forme diffuse de l'interrupteur de sa lampe. Allumer? Fuir la nuit? Et les ombres? Non. Ce serait idiot. Le noir était plus une protection. Une autre couverture dans laquelle Haze se pelotonnait tout les soirs... Sans allumer, il se leva et enfila son uniforme, si il devait sortir, autant que ce soit habillé... Saisissant son flacon de dopamine sur sa table de nuit, il prit une paire de comprimés et les avala d'un coup, les vitamines lui étaient nécessaires s'il voulait avoir l'esprit clair... S'asseyant sur son lit, il attendit que le produit fasse son effet.
Au bout de quelques minutes, lorsqu'il se sentit suffisamment lucide, il tourna doucement la poignée et sortit de la chambre à pas de loup.


L'orphelinat était plongé dans la pénombre, seul le clair de lune filtrait pas certaines fenêtres aux volets non-fermés atténué seulement par les rideaux laiteux et légèrement transparents. Les couloirs de la wammy's house étaient vides... Personnes pour faire la conversations, personne pour oublier l'Ombre... Zut...
Se dirigeant au hasard dans le labyrinthe de l'orphelinat, Haze arriva face à un escalier en colimaçon, donnant manifestement sur le grenier... Pourquoi pas après tout...? Il pouvait toujours aller voir, s'il devait y avoir quelqu'un de réveillé, il était sans doute dans le coin, le grenier était, avec son vasistas, le meilleur endroit pour observer le clair de lune... Il y avait également un accès au toit... Autant de raison d'aller voir...
Saisissant le bout de craie qui ne le quittait plus, Haze dessina un pentacle sur chaque marche qu'il montait et monta ainsi, au fur et à mesure de ses dessins...
Au bout d'une minute, il arriva au grenier, il était assez... Rustique, le sol, mal poncé devait être jonché d'écharde... Des aiguilles, beuh... Déjà une raison pour redescendre... Enfin, il avait des chaussures, et il y avait un tas de coffres et d'objets hétéroclites disposés çà et là dans la pièce, preuves des années et des générations qu'avaient passé l'établissement et des pensionnaires qui y avaient résidé...
De jour, Haze se serait sans doute jeté sur les coffres dans l'espoir de découvrir un secret, une lettre, un jouet étrange ou même, dans un accès de naïveté enfantine, un passage secret... Pourquoi pas après tout? Mais à cet heure et après ce qu'il avait enduré, ce n'était pas vraiment de cela qu'il avait besoin... Un humain, il avait besoin d'un humain... Quelqu'un à qui parler... N'importe qui... Il avait envie que quelqu'un soit là. Pour lui faire oublier l'ombre...
Regardant autour de lui dans l'espoir de dénicher une silouhette humaine, nichée dans un coin, il entendit tout à coup un bruit, régulier. De la pluie... Quelqu'un qui bougeait dans son lit... Ou des pas. Des pas humains...

[mais je t'en prie!]


Cela faisait déja un moment que Haze était débout, évitant la lumière émanant du vasistas qui donnait sur le toit comme un loup-garou qui fuirait le clair de lune, il avait femrait les yeux et écoutait les pas feutrés qui se rapprochaient de lui... Il se prit à se demander qui s'était, à en souhaiter certain et à en craindre d'autre...
Procédons par élminitation, Near ne se lèverai jamais à cette heure, Mello il l'aurai entendu et il serai invariablement suivi de son larb... Lieutenant, Snow, il la connaissait pas, mais il est clair que le grenier ne serai pas le premier endroit où elle viendrait... Et le reste... Il s'en souvenait plus... Burned peut-être? Apple ne se lèverai jamais à cette heure... Pas à son âge... Hmmmm, un ovni peut-être.... Orchid? Non, ce n'était pas son pas... Voyons....

Perdu dans ses pensées, Haze avait cessé d'écouter les pas de l'inconnu(e), ils se rapprochèrent sans qu'il s'en rendent compte et une voix résonna, le faisant friser l'arrêt cardiaque alors qu'il commençait avec terreur à se demander si l'ombre n'était pas venue le chercher encore une fois...

"Toi aussi, tu aimes regarder le ciel ... ?"

Haze se retourna rapidement avec une mine éffarée, la voix était plutot calme, assez basse, de nuit on parlait souvent bas...
Haze baissa un instant les yeux et s'aperçut que ses mains tremblaient, décidément... Il se promit qu'une fois rentré dans sa chambre, il allumerait la lumière...
La voix reprit la parole, alors qu'il n'avait pas encore pensé à répondre, son inconscient n'avait même pas encore réussit à admettre que l'individu puisse être innofensif...

"C'est vraiment désordonné ici ... "

L'écoute d'une parole banale, une simple constatation comme il en aurait fait s'il était venu ici de jour, ces paroles le firent retrouver contenance, les constatations inutiles étaient preuves d'humanité, logiquement, ce type n'était pas dangereux...
Ce rassurant constat établit, Haze reprit peu à peu contenance et le tremblement de ses mains s'arrêta peu à peu... Il attendit quelques secondes jusqu'à ce qu'il se sente à peu près détendu pour prendre la parole.

" Pourquoi es-tu là?"

Question concise et précise, formulée chuchotée, sur un ton clair et certain, ne pas donner l'impression d'avoir peur, ne pas donner de signe de faiblesse ou le pied d'égalité se décidera aussitot et l'agressivité n'en pourrait être que favorisée...


" Il est plus de quatre heure..."

On aurait pu prendre cette phrase comme une constatation ou comme un reproche, en fait, on aurait pas vraiment pu deviner qu'Haze parlait tout seul... Il releva la tête vers l'inconnu... C'était un garçon... Il discerna une chevelure immaculée et crut avoir affaire au jumeau de Near (pas Near, cela coulait de source qu Near ne lui aurait jamais adressé la parole sans raison précise et qu'il ne sortait pas à 4 heures du matin...) mais en plissant un peu les yeux il discernales contours de son interlocuteur, un peu plus grand que l'albinos, au moins, il se tenait droit...
Il avait un objet étrange dans la main, ça... Bougeait... Haze eut un imperceptible mouvement de recul... Il se sentait un peu acculé dans ce grenier, mais d'un autre coté, il l'avais sa présence humaine, quoiqu'à travers le noir, elle lui ferait presque penser à l'ombre...
Espérons que non... Comment s'appelait-il d'abord...?

Une seconde... Deux secondes... Le temps semblait interminable dans le noir, bien qu'il passat souvent plus vite qu'on le pensait.
Haze craignait que la silhouette en face de lui reste silencieuse, l'observe pendant des minutes entières, il était incorrigible, n'arrivait pas à se défaire de la peur.

"Peut-être parce que tu y es."

Cette réponse n'avait aucun sens réel, le concept d'inconscient collectif développé par Jung affirmant que les êtres étaient tous liés en un seul mental supérieur et inconnu n'était que métaphore... Du moins, il pensait.
Pourquoi pas, après tout... La nuit, on exagère tout, le plus pragmatique d'entre tous croiraient à la magie, l'imagination est exacerbée, la pudeur est quasiment nulle et on prend tout le monde pour méchant ou gentil, comme si on était pas dans la réalité, comme un rêve qu'on vivrait dans une semi-inconscience... Haze vivait ça même le jour, mais il semblait qu'il avait moins de difficultés pour les relations sociales la nuit, sa gêne de parler s'évaporant dans l'obscurité... Peut-être qu'elle constituait une sorte de voile, on se sentait... Protégé. Protégé par cette obscurité impénétrable et impénétrée, comme si le fait que le "danger" ne puisse pas le voir faisait qu'il puisse plus voir le danger, tout oublier, se noyer dans la mer d'obscurité que constituait ce grenier, hors du temps, hors du monde, bah...

"Je m'appelle Circle ... est-ce que cela te gênes si je reste ici, avec toi? ... tu t'appelles comment?"

C'était quasiment comme un rêve qui se réalisait, une preuve de la réalité de la scène, un point d'ancrage au monde réel, une percée dans son monde... un son.
Au fond, ce n'était que des mots, rien de spécial. pourtant, pour Haze, à cette heure-ci et dans l'etat d'esprit qui était le sien, on aurait pu le prendre pour un cadeau magnifique.
Circle... Un cercle. Ca symbolisait... L'infini peut-être... Quelque chose qui recommence encore et encore sans jamais changer. Mais il ne le connaissait pas vraiment... Mais il voulait qu'il reste... la solitude lui paraissait à présent innaceptable à cette heure, il avait toujours la hantise de l'ombre (prenant à présent malicieusement les traits de certains membres de l'orphelinat) lui enfonçant ces pointes dont il avait horreur à même la peau... Immondice sans nom...
la réponse lui vint, à mi-voix, comme pour ne pas briser le demi-silence de la nuit.

" Haze... Oui... Reste, si tu veux... "

Il avait dit "si tu veux", avec lui, ç'aurait quasiment été une supplique...

" ... S'il te plait..."

Une demande polie, mais quasiment désespérée...
Son regard fut attiré par l'objet non identifié qui naviguait de haut en bas, comme un papillon de nuit est attiré par la lumière, un yoyo?
Bah tant que ce n'était pas pointu...