Il y avait un truc que Die avait toujours reproché à WH. Il n'y avait juste aucun moyen de s'éclater. Je veux dire, les orphelins, les petits génies, la bande d'autistes, de blasés, de badass, de bad boy, de voleurs, mais what the fuck, comment vous voulez avoir du temps libre quand vous voulez gérer tout ça ? Die il voulait s'éclater un peu, il était pas encore une vieille peau, il voulait prendre du bon temps, juste un peu. Certes il était un professeur sérieux, il savait qu'il avait des responsabilités, mais parfois il avait besoin de lâcher tout ça. Il y avait tant à gérer avec ces mômes, tous leurs problèmes, leurs malheurs, c'était limite s'ils n'avaient pas besoin de maman de rechange. Alors Daniel faisait le papa, il leur tapotait la tête, il leur faisait des cours particuliers, il venait les border, non, sérieusement il s'investissait vachement, et quand il essayait de faire le premier pas il tombait sur un blasé qui le repousserait en hurlant au viol et à la sodomie. Sérieux quoi. Y'avait de quoi en avoir marre. Les seuls moments où Daniel s'était éclaté dans sa vie c'était dans ses études. Il avait tellement bossé... mais il avait adoré ça. Évidemment il avait été un adolescent comme tout le monde, il était sorti avec des copines, des potes, en soirée, en boite... il avait fait des conneries, il s'était prit des pains, il avait réussi ses coups... mais désormais il n'avait absolument pas le temps de s'occuper de tout ça. Pour cette époque était définitivement résolue justement parce qu'il n'avait plus le temps. Pas qu'il n'avait plus envie, certes, ces activités était pour le moins immatures, mais de temps en temps il en avait juste besoin. Ou aller au théâtre, juste aller au théâtre, sa maison, sa vraie maison.
Mais ce qu'il y avait de bien à cette époque.. c'est qu'il avait des amis. Des gens qui l'avait supporté, justement parce que quand t'es adolescent c'est classe d'être un peu méchant. A cet âge plus tu l'es, plus les gens t'adorent, sérieusement. Bon faut pas être un gros salop non plus mais il n'empêche que Daniel avait remarqué ça. Seulement... adulte... ça ne fonctionnait pas du tout de la même manière. Au contraire. Dés qu'il osait faire du sarcasme les gens le traitaient tout de suite de vieux con. Ce n'était même pas le con, qui le dérangeait, mais le vieux. Il se faisait âgé, bientôt il serait couvert de rides et de tâches, bientôt il ne pourrait plus faire l'amour et finirait ses jours à regarder du Joseph Danan pour satisfaire ses cruelles pulsions. Plus il y pensait plus ça le faisait flipper. Il s'était mis à envier les orphelins. Envier les orphelins quoi. Qu'il trouvait immatures au possible, mais au moins eux ils avaient la jeunesse. Et eux surtout ils avaient des amis. Lui il finirait seul, il dégouterait tous les gens autour de lui, les femmes le trouveraient trop méchant, et ses rares amis l'abandonneraient pour fonder leur propre famille. Il faut dire que Die n'avait pas tellement d'amis à WH, et il détestait être seul. Longtemps il avait habité avec Honey, il n'avait jamais été seul, elle avait toujours été là. C'est pour ça qu'il préférait parfois rester dormir à WH, au lieu de rentrer dans son luxueux loft. Il se sentait seul là bas, loin d'elle, loin de tout.
Sérieusement, il en avait marre. Et il se disait, ça faisait quelques temps qu'il n'avait pas fait l'amour. Surtout depuis que Juliette l'avait largué, tout ça à cause de Take et Tears. Bon, un peu de sa faute aussi. Beaucoup. Il se retrouvait sans personne. Sans corps, sans chaleur, juste ses froids bouquins et sa main droite pour lui tenir compagnie la nuit. Il se desséchait et était ramené au stade de british prépubaire. Y'a de quoi faire peur. Alors il avait décidé, oui, il avait décidé un soir de changer ça. Il guetta (wesh David) longuement Tears, quand celui-ci apparu le professeur de théâtre le poussa contre un mur et lui ordonna de sortir avec lui ce soir là. L'autre bafouilla qu'il sortait déjà avec quelqu'un. Un blanc, puis l'autre rajouta qu'il lui demandait de sortir, pas de sortir avec lui, s'empressant de rajouter qu'il n'était pas gay et que le blond le savait très bien. Le surveillant n'était pas très enjoué de devoir accompagner Die dehors, mais naïvement il accepta. Die lui fit un sourire, lui tapota la joue et lui donna rendez vous le lendemain, à dix heures devant la Wammy's House.
Il était habillé classe Die, très classe. Un peu trop classe pour être quelqu'un d'honnête allant dans un endroit honnête. Il arriva dans sa porsche noire pour passer prendre le blond, et lui ouvrit la porte.
« Tu montes ou tu te branles ? »
Qu'il était fin Die, qu'il était délicat !
« Bon tu sais Tears, ce soir on va s'éclater comme des vrais hommes, d'accord ? »
« Alors Tears, où penses-tu que le diable en personne t'emmène ? »
Ils roulèrent longtemps et en profitèrent pour discuter un peu, Tears essaya de deviner mais ne trouva pas la réponse, il la découvrit quand lui et son fabuleux ami arrivèrent devant une boite de strip-tease.
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Sujet: Re: Mannequin Factory } pv Tears Sam 8 Oct - 18:49
Tears n'aimait pas son âge non plus. A vingt-sept ans, il pensait comme s'il en avait soixante-dix. Il se rappelait de son petit train électrique. De son écureuil en peluche. Un écureuil volant, qui servait aussi de marionnette, il suffisait d'y glisser les doigts pour le faire bouger. Il se rappelait des énormes cassettes qu'il fallait pousser dans le magnétoscope. Et rembobiner à la fin du film. Il se rappelait de sa sœur qui jouait à l'élastique, et il jouait avec elle. Et les garçons du voisinage se moquaient de lui, parce qu'il jouait à des jeux de fille. Il se rappelait de ce jour, un après-midi de mai, dans la cour de l'école, quand il avait ratatiné ces garçons aux billes. Et leurs têtes, en le voyant remplir ses poches de leurs petits billes en terre. A l'époque, c'était des billes en terre. Il n'avait jamais été aussi fier, Tears, qu'au moment où il avait fait glisser les petits objets sphériques dans ses poches. Maintenant, les enfants jouaient à la DS, à la PSP, et d'autres objets ne comportant que des lettres. Maintenant, ils réglaient leurs comptes avec les poings, ou même des couteaux. Il avait vu, alors qu'il était allé faire quelques courses dans un centre commerciale, un gamin de treize ans qui jouait à déchirer un journal au couteau, pour impressionner les filles de son âge. Le pire, c'était que ça marchait. Elles étaient séduites dedans l'air dangereux et l'aspect interdit de la chose. Et Tears en avait été sidéré. Il se disait qu'à son époque, pour impressionner les filles, on faisait le concours de celui qui sautait le plus loin. Ou alors des courses à pied. Maintenant il suffisait d'un couteau. Ou d'avoir un iPhone à la main. Tears pensait comme un vieux. Et ça l'effrayait. Parce qu'il savait qu'une génération n'était pas mieux qu'une autre. Aujourd'hui les gens qui avaient eus des lecteurs de cassettes audio dans leur enfance jalousaient les petits qui se pavanaient avec des mp3, parce qu'ils estimaient qu'ils ne réalisaient pas leur chance. Mais à l'époque où ils écoutaient leurs petites cassettes dans leurs lecteurs cassettes, ceux qui avaient passé leur enfance avec un tourne disque les jalousaient de même. Il se sentait vieux, démodé, débridé. Ça faisait bien longtemps qu'il n'avait, ne serait-ce que ressenti le même bonheur qui avait bondi dans ces veines à la sensation des billes entre ses doigts. Il en fallait si peu, quand on était petit. Maintenant on compensait. Par l'argent. La drogue. Le sexe. Plus les batailles de billes, non. Plus les courses à pied. Ou on revenait en sueur, à la tombé de la nuit. Plus de concours de celui qui allait le plus loin dans le marécage. Celui qui attrapait la poule en premier. Celui qui faisait le plus de cocottes en papier en dix minutes. Des trucs de campagnards, peut-être. Mais il ne s'était jamais autant amusé, Tears. Petit Tears, avec des écorchures aux genoux. Cette souffrance avait toujours fait sa fierté. Gamin, tout le monde a toujours jalousé le copain de classe qui se ramenait une jambe dans le plâtre. Il avait l'attention. Le nez qui saigne, les genoux en sang, les griffures de chat, on les portait comme un trophée. Maintenant on se scarifie, on écrit des paroles de chansons dans sa chair, avec un cutter. Avec l'âge on perd de l'innocence. C'était cette période là qui manquait à Tears. Les jeux de billes. Les châteaux de cartes. Il en fallait peu, pour s'amuser. L'époque où on pouvait aimer saigner en toute innocence.
Rêvassant dans les couloirs, on le poussa contre le mur. Et on lui demanda de sortir avec lui. Réponse bafouillée la seconde d'après, comme un automatisme, comme une défense, sans réfléchir. Il regarda Die, avec de grand yeux, le dos contre le mur. Choqué, un peu heureux, très perplexe. Ça devait être une blague. Die clarifia la situation. Sortir, dehors. Il se sentait horriblement stupide maintenant. Et la bienséance ne voulait pas qu'en déclinant une demande qu'on ait mal comprise, on la décline quand même une fois rectifié. Il tenta donc de racheter le mal-entendu en acceptant. Maintenant, il n'était plus que choqué et perplexe. Ça s'était passé très vite. Il passa la nuit devant Orgueil et Préjugés. Celui de 2005. Il repassa plusieurs fois le passage sous la pluie. Puis la scène finale, aussi. Il aimait tout particulièrement l'hésitation sur le "Je vous... je vous... je vous aime", avec ces clignements d’œil répétés, signe de nervosité. Ce film l'aidait à se calmer. Matthew Macfadyen et son air désespéré, sous la pluie, le calmait. Calmer sa nervosité, frustration et peur. La culpabilité, aussi. Il se présenta au rendez-vous en tenue habituelle, un jean et un t-shirt manches longues, col légèrement échancré, avec des boutons. La vue de Die en costume, accompagné de sa voiture qui devait coûter au moins deux reins et un cerveau, le fit déglutir de travers. Il avait envie de faire demi-tour, retrouver Matthew Macfadyen et ses cils, et son... et son... et son air désespéré.
- Tu montes ou tu te branles ?
Une demi-heure après, ils étaient arrivés. Une demi-heure pendant laquelle plus Die disait "non" quand Tears essayait de deviner leur destination, plus il avait peur. Ce n'était ni un cinéma, ni un restaurant, ni un bar, ni un musée, ni une exposition temporaire, ni un lieu publique. La voiture se stoppa devant un lieu horriblement suspicieux, qui semblait n'être rien d'autre qu'une boite de strip-tease. Et Tears grimaça soudainement, se tourna en panique vers Die.
- Qu'est... T... Take va sûrement pas... aimer que j'aille dans.... ce genre d'endroit. Déjà que... déjà je rien que... sortir avec toi... sortir dehors... il supporterait pas... je... je peux pas aller là dedans...
Même en tant que tel, il ne pouvait pas aller là dedans. Il n'aimait pas ce genre d'endroit. Et en plus, il y allait avec Die. Et en plus, il savait pertinemment que Take n'aime pas Die. Et en plus, Take est son petit ami. Mais quelque chose en Die lui rappelait cet homme orgueilleux, que personne n'aimait, que tout le monde jugeait, sans chercher à le connaître. Dont les mal-entendus en faisaient la mauvaise réputation. Mais qui pouvait aussi se montrer désespéré et nerveux. Un instant de flottement.
- … On.. on reste pas longtemps, tu me promets... ?
Ouaip. C'étaient deux vieux cons. Die il voulait juste rester jeune, peut-être se donnait-il comme excuse le fait qu'il avait trop bossé dans sa jeunesse et qu'il voulait profiter au maximum du peu qu'il lui restait. Mais la vérité c'est que c'était un vieux con. Et par dessus le marché un vieux pervers qui n'arrivait pas à se trouver de nana. Il avait eu son heure de gloire, adolescent, mais maintenant il laissait la place aux Die Juniors qui peuplait désormais le monde. Ayant été un précurseur de ce monde adolescent rempli de sexe et de drogue – même si lui n'avait pas testé la drogue, ou ne serait-ce que fumer une taffe d'un pauvre petit joint sortit de la poche d'un lourdeau fier d'étaler sa marchandise à défaut d'avoir une belle gueule – Die se retrouvait maintenant comme trop vieux pour continuer dans cette voie là. Mais il avait envie de continuer ! Oh, il était resté un grand enfant dans sa tête, même s'il était dans le trip adulte, sérieux, responsabilités et tout ça, il restait parfois d'une immaturité déconcertante. Sérieusement, c'en était flippant. Y'a qu'à lire le rp TTD. Take/Tears/Die. On aurait demandé l'avis du public, ce dernier ne lui aurait pas donné pas moins de quinze pauvres petites années. Et Die n'avait toujours pas compris qu'il était ainsi, il fallait des gens comme Tears pour le lui rappeler et parfois lui foutre un bon coup de genoux là où il le faut.
Pourquoi Tears d'ailleurs ? Si on lui avait demandé Daniel aurait rétorqué que c'est parce que Tears avait besoin de s'amuser, qu'il faisait ça pour lui, que c'était bizarre d'aimer les bites et pas les vagins, qu'il fallait bien qu'il guérisse, et que même les psys de cet orphelinat semblaient atteints de cette étrange maladie qu'est l'homosexualité, personne ne pouvait s'occuper de lui, alors lui, ô Die le grand allait se charger de le mettre en cure de sexe pur. Il ne le pensait pas, évidemment, lui tout ce qu'il voulait c'était un compagnon pour ne pas être seul. Ou alors pour se prouver qu'il était un vieux con certes, mais un vieux con pas tout seul. Et c'était ça le plus important. Une autre vérité dirait que Die savait bien que Tears serait trop gêné pour en parler à qui que ça soit, et qu'ainsi son secret serait sauf. Mais aucune des vérités citées n'est vérifiée, avec un personnage tel que Die il était trop difficile de savoir pour poser des dogmes sur la réalité de la chose.
Il était arrivé. Et faut dire que c'était pas la partie la plus glorieuse de la ville, ce sont toujours ces lieux là les plus décris, faisons une énième comparaison avec l'antre du diable, la ruelle était sombre, salle, il y avait des mégots et des capotes usagées jetées un peu partout, et la porte d'entrée pour le bar était... un petit rideau noir, pour donner encore plus envie d'entrer. On a toujours envie de regarder ce qu'on est sur le point de voir après tout, Die pencha la tête et observa l'entrée. La rue était bondée de ce genre de boites, des magasins aux objets dont nous n'oserions pas citer le nom ici. Il ne connaissait pas ce bar, mais il avait vaguement entendu que c'était le meilleur du coin. Tears ne semblait pas convaincu, il bégaya.
« Qu'est... T... Take va sûrement pas... aimer que j'aille dans.... ce genre d'endroit. Déjà que... déjà je rien que... sortir avec toi... sortir dehors... il supporterait pas... je... je peux pas aller là dedans... »
« Quoi, même quand il est pas là il t'emmerde celui-là ? La question est, est-ce que toi tu as envie d'y aller ou pas. »
Le pire c'est que Die était persuadé que Tears appréciait l'idée. Pour lui on ne pouvait pas ne pas avoir envie d'aller dans ce genre d'endroit. Pour lui le monde pensait comme sa petite personne.
« C'est bon, on est potes, rah, vous les gays vous croyez toujours que le mec veut vous piquer votre mec, mais on est pas tous gay dans la vie. »
Oui Die, c'est exactement pareil avec les couples hétéros.
« … On.. on reste pas longtemps, tu me promets... ? »
Un petit regard suppliant, la voix cassée et attendrissante. Daniel jeta un coup d'oeil à Tears, les mains enfoncées dans son long manteau noir. Il aurait presque envie de le prendre dans ses bras et de lui murmurer qu'ils allaient partir d'ici, loin, tous les deux, dans un endroit normal.
« Oui oui, c'est promis. »
Il lui souri, tendrement, semblant réellement sincère. Un poil mesquin dans sa mimique. Puis il se détourne quand une fille en mini jupe sort du coin de la rue, typée espagnole, très jolie avec ses longs cheveux ondulés, elle s'approche d'eux, la bouche entrouverte.
« Alors, vous voulez que je vous fasse quelque chose ? On peut même faire ça à trois, mais ça sera plus cher. »
Daniel sourit, prend le surveillant par l'épaule et le détourne de la prostituée.
« Non merci, ce soir je reste avec lui, ça se passera sans toi. »
Il part un peu sur le côté, Tears avec lui et murmure.
« Tears, tout va bien, on rentre, on regarde et on sort, t'as rien d'autre à faire, et c'est pas comme si tu le trompais ou un truc du genre, tu fais rien que de regarder. »
« Faut que t'essaies ça au moins une fois dans ta vie, parce que sinon tu peux pas dire que ça craint, que c'est nul n'est ce pas ? Alors viens avec moi. »
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Sujet: Re: Mannequin Factory } pv Tears Sam 19 Nov - 16:18
Die était un remède relativement efficace contre la routine. Maladie qui dévorait la vie de beaucoup de gens. Petit virus qui pouvait vous immobiliser pendant des années, vous enchaîner et vous assujettir. Qui transformait à vos yeux un imprévu en véritable désastre, qui mangeait votre vie et votre temps. Le stade terminale atteignait le plus souvent les personnes âgés et les femmes au foyer. Mettre la table pour le petit déjeuner, les bols et les tasses, faire cela de la veille pour le lendemain. C'était la fin. Vous vous endormiez en sachant pertinemment que dans une douzaine d'heure, vous prendrait votre petit déjeuner, dans ce bol et cette tasse que vous venez de déposer sur la table. Il était d'autant plus dangereux, le quotidien, que ses actions étaient invisibles à nos yeux. Il ne nous dérangeait pas, c'était une évidence qui faisait partie de nous. Nous n'avions pas assez de distance pour l'examiner, car il était fait de tout ce qui nous était facilement accessible. Les objets familiers, les lieux familiers... et la présence régulière de toutes ces choses dans notre vie nous l’effaçait du regard. Le réveil le matin, allons chercher le courrier, courte conversation avec la femme de ménage, les repas, les heures de colles à surveiller, l'administration à remplir, rendez-vous hebdomadaire, on regarde un film, on se couche. Et c'est reparti. Picasso disait "Si l'on sait exactement ce qu'on va faire, à quoi bon le faire ?". A quoi bon se lever et manger dans ce bol et cette tasse, alors que hier déjà, on se voyait exécuter ces mêmes actions. Ça le rendait dingue, Tears, de se lever et de pouvoir, dès son réveil, retracer toute sa journée à venir. Mais ce qui le plombait le plus, c'était d'avoir raison. Et il ne faisait rien pour la casser, la routine, parce que cette névrose vous donnait l'angoisse de l'imprévu. Il lui fallait des heures, des lieux précis, si jamais on voulait le désorganiser un peu. Le corps, dans son quotidien de survie, se transformait en machine. Et Die arrivait. Et il lui disait, viens, on sort. Et il ne lui disait pas où. Angoisse.
Il était devant une boite de strip tease. Lieu inconnu, odeur inconnue. Une femme inconnue s’avancèrent vers eux en battant ses yeux inconnues. Propositions inconnues. Situation inconnue. Angoisse. Main connue sur son épaule. Du regard, il demandait à Die de s'occupait de la situation. Il le fit. Il l'aurait fait de toute façon Et il lui disait que tout ce passera bien, qu'ils ne feraient que regarder, qu'il fallait qu'il fasse ça au moins une fois dans sa vie, sinon il pourrait pas dire que c'est nul. Objectivement, il ne pensait pas que c'était nul, tout ça. Juste que c'était pas pour lui. Que ce n'était pas lui. Est-ce qu'il restera lui, même en allant dans cet endroit ? Est-ce qu'il restera lui-même ? Le masque social, il n'en avait jamais voulu. La superficialité de montrer « Ce que je désire être », d'essayer de se créer un masque pour le monde. Il n' en avait jamais voulu. Ou peut-être qu'il n'avait jamais pu. Il était le masque inconscient, ce qu'il devait être. Angoissé, il suivit Die. Le collant comme un lycéen qui va à une fête mais qui ne connaissait qu'une seule personne.
Lieu sombre et lumineux à la fois. Et des femmes, et des femmes. Et il ne pouvait s'enlever de la tête la vision de ces femmes, à six ans, mordillant l'oreille d'une peluche en forme d'éléphant. Il ne pouvait s'enlever de la tête la vision de ces femmes, à quatre-vingt-sept ans, sans dents. Elles étaient là, aux quatre coins de la pièce, sur des podiums, dans des cages, coulissant le long de barres en métal. Métal qu'elles chauffaient de leur cuisses, qu'elles travaillaient de leurs mains et qui accueillait leurs corps tout entier. Et la lumière dansaient sur elles, et ça aurait pu être beau. S'ils n'y avaient pas tous ses hommes qui avaient la trique en regardant leurs seins rebondirent à chaque mouvement. Ils ne voyaient pas la lumière qui dansaient sur elles, ces hommes-là, ni le métal qui se collait à elles et ondulait le long de leur corps. Certaines cependant, étaient vraiment vulgaires, trop maquillées, trop sexuelles. Des billets coincés entre le fil et la chair. Perruques et faux cils, on retirait le visage, on retirait l'identification. On retirait le visage individuel, socialisant, relationnel et communiquant. Qu'elles ne soient que corps languissants. Il suivait Die dans la foule suante, le tenant par le coude. Fasciné et dégoûté en même temps. Les oreilles rouges, la gorge serrée. Les femmes de la foule, les prostitués, prenaient les hommes un à un, et les menaient dans l'arrière salle. Ça ressemblait à du vampirisme, il se disait. Les gens disparaissaient un par un, dans la foule, remplaçaient par d'autres. On ne se rappelait plus qui avait été à côté de soi, l'instant d'avant. Beaucoup de ces femmes avaient les yeux englués sur Die. Et lui, il lui serrait le coude. Il ne voulait pas qu'il le laisse tout seul. Jusqu'à qu'une femme le regarda, lui. Wonderbra, collant Wolford et porte-jarretelles La Perla. Elle lui fit signe de s'approcher, du bout de l'index. Il était totalement angoissé.
- Je...j-j-je suis désolé, je s-suis avec l-lui...
"On va au club de strip tease entre amis, c'est pas sympa si on se sépare." Ca, c'était ce qu'il avait voulu dire, dans sa tête. La prostitués sembla le prendre d'un tout autre dégrée, et alla rejoindre ses amies avec un sourire en coin, se comportant comme la détentrice d'une vérité. Les filles rirent un instant des paroles de la femme au Wonderbra, avec une pointe de déception dans leurs manières. Tears était mort de honte de l’ambiguïté qu'il venait de créer. Mais après coup il s’aperçut que Die n'avait pas fait mieux en disant, plus tôt "ce soir je reste avec lui, ça se passera sans toi". Il déglutit bruyamment. Mais la musique et l'obscurité couvraient en grande partie son état. Les joues sûrement aussi brûlantes que les cuisses de ces demoiselles, et aussi rouges que leurs lèvres.
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Sujet: Re: Mannequin Factory } pv Tears Mer 23 Nov - 17:57
On ne savait pas trop si Die était quelqu'un de profondément vulgaire ou très droit. En fait il était les deux tout à la fois. D'un côté il pouvait apprécier les trucs profondément obscènes comme ce qu'il se passait dans cette usine à mannequins, et de l'autre aimer les trucs beaux, vraiment très beaux, comme des pièces de théâtre niaises, mais terriblement bien écrites. Ce n'est même pas qu'il appréciait la prostitution et l'étalage de chaire comme ça, il savait parfaitement que c'était malsain et bien dégueulasse. Mais ces temps ci il en avait besoin. Toutes ses copines pour ne pas dire ses plans culs l'avaient largué. Il voulait la casser cette routine lui aussi, telle des sables mouvants dans lesquels on s'engluait facilement, elle venait, sans prévenir, et faisait sa niche pour ne plus finir qu'à être tout votre monde. Insupportable et pourtant présente à tous moments. Certains hommes avaient besoin de régularité, d'autres voulaient casser le quotidien, c'était ainsi. Et aller en boîte de Strip Tease était sans doute le meilleur moyen d'essayer de s'échapper de la routine, n'est ce pas ?
Le blond semblait totalement effrayé, il s'accrochait au bras du brun comme s'il avait peur d'être emporté par une des femmes indécentes qui se pavanaient le long des barres de métal. Daniel le laissa faire, après tout c'était lui qui l'avait amené là dedans, parfois il s'en voulait, de faire ainsi chier Tears, mais était trop butté pour essayer de changer. Parfois il s'en voulait d'avoir fait toute une scène au restaurant à Tears, et Take. Mais il était trop égocentrique pour se dire vraiment que c'était de sa faute. Parfois il s'en voulait d'être l'ami de Tears. Mais il avait trop besoin de lui pour y faire quoi que ça soit.
En fait, Die n'était pas populaire. Enfin, il l'était peut-être, mais pas dans le bon sens du terme, car tout le monde le haïssait plus que tout, plus personne ne voulait le fréquenter quand ils avaient compris qui il était vraiment. Et le professeur de théâtre n'était pas un solitaire, il avait besoin des autres, pas seulement dans le sens sexuel du terme, mais il avait besoin des autres pour le lui dire, qu'il n'était pas qu'un connard. Qu'il était un être humain. Qu'il avait des défauts, mais qu'on pouvait l'aimer. Ce qu'il n'avait pas compris c'est que pour recevoir ce genre de commentaire, on doit les mériter. On doit faire des efforts pour essayer d'être accepté dans la société. C'est pourquoi il tenait à Tears, vraiment. Même s'il le montrait...à sa façon. C'est pourquoi il pensait que partager ce genre de choses avec lui pouvait renforcer une prétendue amitié. Die, tu n'as rien compris.
Tears, et Die. Amis ? Le coincé et le connard déluré ? Sérieusement quoi.
La musique bourdonnait dans sa tête, les formes sensuelles se pavanaient autour de lui. C'était bon. Il était vraiment un mec, un mec en manque d'ailleurs. Un mec qui commençait à en avoir marre de tout ce qui se passait autour de lui. Le brun regardait autour de lui, un sourire lui monta aux lèvres, il d'aperçu vaguement qu'une femelle bien dévêtue faisait des propositions à Tears. En temps normal il l'aurait pressé d'aller lui demander quelques petits services. Mais bon. Un gay casé, qui s'appelle Tears en plus, fallait pas rêver. Sourire tendu. Et Daniel passe son bras autour du cou du blond, le pressant de marcher on ne sait où.
▬ Admire la décadence de notre monde d'aujourd'hui Tears.
▬ Le pire dans tout ça c'est que y'a quand même des mecs pour aller dans ce genre d'endroit.
▬ J'ai l'air d'un vieux frustré. Putain.
▬ Tu sais qu'il n'existe pas de mauvaise fille à la naissance ? Ce sont juste les hommes qui les font tourner comme ça.
▬ Je crois que ... je suis un de ces types.
Pour la première fois depuis longtemps il semblait douter. Il repensait à Honey. Et jamais n'oserait mettre sa tête sur ces corps en fusion sur les estrades noires.
- Admire la décadence de notre monde d'aujourd'hui Tears.
Le surveillant tourna un peu la tête. Il se disait, pas qu'aujourd'hui, il se disait que le monde avant devait aussi être pas mal dégueulasse. Qu'il l'avait toujours été. Seulement maintenant être dégueulasse était une sorte de mode.
- Le pire dans tout ça c'est que y'a quand même des mecs pour aller dans ce genre d'endroit.
Il hoche la tête, un peu.
- J'ai l'air d'un vieux frustré. Putain.
Et lui jeta un coup d’œil. Il avait envie de dire qu'il était pas si vieux.
- Tu sais qu'il n'existe pas de mauvaise fille à la naissance ? Ce sont juste les hommes qui les font tourner comme ça. Je crois que ... je suis un de ces types.
Il finit par sourire un peu, Tears, de ses habituels sourires fades qui ressemblaient plus à des grimaces de fatigue.
- E-eh... ce.... qu'est-ce que tu... ce sont... des confessions ?
Il avait envie d'avoir l'air taquin, mais il n'y arrivait pas. Pas dans cette atmosphère. Puis il se demandait ce que c'était que ce "comme ça". Il leva les yeux pour le voir en face. Comme des animaux, comme des objets, comme ça. Du plaisir à vendre, du divertissement, parce que les hommes sont incapables de rester seuls dans leur chambre. Le nez à l'air, il trébucha sensiblement sur quelque chose, puis continua à se faire engloutir par cette obscurité malsaine. Die l’entraînait, le bras pesant sur son épaule. Tears se disait que les hommes aussi, n'étaient pas mauvais à la naissance. Que les femmes les rendaient comme ça, que pris d’orgueil, ils avaient voulu les dompter. Les hommes rabaissaient les femmes de cette façon, mais en fait ils étaient ceux qui étaient à leur pied. Ils étaient là, les yeux hagards et stupides fixés sur la ficelle d'un string qui allait être défaite. C'était des hommes intelligents pourtant. C'était des hommes d’affaires, des avocats, des gens doués de raison. Mais les voilà réduit à un pathétisme épouvantable, l'expression tordue entre l'excitation et la honte. C'était ce mélange qui était le plus répugnant. Les voir sourire comme des enfants, puis la seconde d'après, les surprendre en train jeter un coup d’œil craintif pour vérifier qu'il n'y avait là personne de leur connaissance. Cet état était scié en deux, avec Die et Tears. Die assumait sa présence ici, pas très souriant, mais parfaitement sur de lui. Tears était l'état craintif, honteux et mal à l'aise. Ils étaient entiers, au milieu de cette foule disparate.
- Je pense pas... que... enfin... à part si... tu as été... proxénète avant... je pense pas que...
C'était affreusement dur d'essayer de réconforter quelqu'un au milieu d'une boite de strip-tease.
- Tu veux boire quelque chose ?
- Je tiens pas très bien... je... il me suffira d'un verre pour que je dise... des choses déplacées... c'est pour ça que... j-je me soûle toujours seul.
Il ne détestait pas l'alcool, contrairement à ce que la majorité de l'orphelinat pensait. Mais s'il refusait toujours les verres qu'on lui tendait, c'est parce qu'il avait peur. Il préférerait avoir l'alcool triste, il pleurerait dans son coin, ça n'étonnerait personne. Sauf que quelqu'un comme lui avec de l'alcool dans le sang, ça se croyait invincible. Tout ce qu'il n'avait jamais osé faire, il le faisait. Il préférait dire qu'il n'aimait pas ça, c'était plus simple que d'expliquer pourquoi il ne pouvait pas en boire. Surtout que s'il le disait, ça attiserait la curiosité de bien des gens qui rêvent de le voir se ridiculiser, danser bizarrement et raconter pourquoi les règles de Gizmo ne tenaient pas la route. Pourtant il venait de le lui dire, pourquoi il ne pouvait pas. Pourtant, il se dirigeait quand même vers le bar. Tout allait bien. Tout irait bien. Il était avec Die.
~
- Et alors... il m'a dit... il m'a dit "Oui, draguer et avoir des aventures me manque"... tu te... tu te rends compte ? A-alors j'lui ai fait, je lui ai fait, "mon coco... ça... ça va pas le faire"... enfin... j'ai... j'ai pas dis comme ça... mais presque, j'ai dit, mon coco... t'es un... un sale con... Mais genre... je l'ai dis fort tu.. tu vois... Il croit que... que moi je resterais a-'vec lui... parce que moi... moi je peux pas... je peux pas avoir plein d'aventures... mais c'est pas vrai, c'est pas vrai, je... je pourrais me faire qui je veux dans ce bar... !
Et des têtes étonnées se tournaient vers lui, et il s'en fichait. Pour l'instant.
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Sujet: Re: Mannequin Factory } pv Tears Mer 11 Jan - 14:28
En fait c'était comme s'ils venaient de plonger sous l'eau, l'eau mystérieuse recelant des étranges créatures dont on ne peut pas imaginer l'existence si on ne nous a pas raconté, ou on si on ne s'est pas un jour baigné. Malheureusement on est menacés de se noyer si on ne fait pas attention, si on ne se raccroche pas à la surface ou à la réalité de temps à autres, et finalement les créatures décident de nous dévorer... Die voyait la lumière des néons caresser les corps en sueur des sirènes, puis les autres hommes complètement hypnotisés, en train de se faire totalement absorber. C'était un autre monde, on l'aimait ou on ne l'aimait pas. Ou parfois on se retrouvait là dedans, comme ça, parce qu'on est malheureux en relation, ou pour peut-être oublier un temps le travail, Die resserra sa prise autour du cou de Tears, comme s'il avait peur de le perdre.... lui il ne serait pas allé dans un tel endroit tout seul... pas par crainte, juste parce qu'il faut quelqu'un pour t'accrocher au mat, histoire que tu ne te fasses pas entrainer par ces sirènes carnivores. Il était assez raisonnable pour savoir ce qu'il devait faire ou ne pas faire, et même s'il passait pour un horrible pervers aux yeux de son ami, au moins Die n'était pas seul... il préférait foutre en l'air sa réputation que cacher son vrai lui.
Le blond parlait du fait que Die aurait pu être un proxénète... ce dernier émit un petit rire sarcastique.
▬ Tu penses vraiment que je serais tombé aussi bas ? Je peux aller une nuit là dedans mais y passer ma vie, ça jamais.
Il lui demanda s'il voulait boire quelque chose... Tears ne semblait réellement pas dans son élément, comme si on venait de le plonger dans la mer glacée sans masque ni tuba, et qu'il se débattait contre des créatures qui n'avaient encore rien tenté pour l'approcher... ou presque. C'était bizarre d'être ici avec lui, c'est comme si...on foutait un ours polaire dans la jungle et qu'on voulait voir comment il réagit. Il y avait quelque chose de pas normal, de presque malsain dans le fait d'amener Tears ici... Die s'en voulu une seconde, mais se reprit, il n'était plus un enfant, il pouvait supporter la vue de quelques demoiselles en string non ? Alors pourquoi lui aussi ne se sentait bizarrement pas dans son élément ? Oh oui, il était totalement sûr de lui, et il ne s'enfuirait pas comme un enfant, mais il avait presque l'impression que d'être ici ne le comblait pas autant qu'il aurait pu se l'imaginer.
▬ Je tiens pas très bien... je... il me suffira d'un verre pour que je dise... des choses déplacées... c'est pour ça que... j-je me soûle toujours seul.
▬ Tu te soûle seul ? Et c'est qui qui te ramène chez toi ? Flokjes ? Et puis je m'en fous des choses déplacées, pourquoi les choses devraient être toujours à leurs places....
A vrai dire Die était curieux de savoir comment Tears se comportait quand il était bourré... je ne parle pas de bourré, à vomir sur le trottoir, mais juste.... libéré. Ce n'était pas pour se foutre de sa gueule, il n'avait pas envie de le porter d'un bras pendant qu'il chanterait des chansons Disney et le tirer à l'autre bout de la ville....Il n'avait pas envie d'apprendre ses secrets ou de profiter du fait qu'il soit bourré pour faire des choses bizarres... Ce n'était même pas qu'il pensait l'initier aux joies et aux malheurs de l'alcool, il voulait juste que Tears se sente bien.... qu'il oublie qu'il puisse être ridicule aux yeux des autres et qu'il soit... lui même. Ils se dirigèrent vers le bar, tandis que les néons et la musique bouffaient leurs oreilles...
▬ Et alors... il m'a dit... il m'a dit "Oui, draguer et avoir des aventures me manque"... tu te... tu te rends compte ? A-alors j'lui ai fait, je lui ai fait, "mon coco... ça... ça va pas le faire"... enfin... j'ai... j'ai pas dis comme ça... mais presque, j'ai dit, mon coco... t'es un... un sale con... Mais genre... je l'ai dis fort tu.. tu vois... Il croit que... que moi je resterais a-'vec lui... parce que moi... moi je peux pas... je peux pas avoir plein d'aventures... mais c'est pas vrai, c'est pas vrai, je... je pourrais me faire qui je veux dans ce bar... !
Le Danois écoutait le néerlandais, il avait le visage posé dans sa paume, et observait l'autre, jouant de son autre main avec son verre, parfois il le portait à ses lèvres et buvait, il se demandait vaguement pourquoi il n'était pas aussi bourré que Tears alors qu'ils buvaient exactement la même quantité d'alcool... Die n'avait pas vraiment l'habitude de boire alors bon...même s'il se sentait comme décalé de son corps, un petit peu. Même s'il avait oublié ses pensées d'il y avait quelques minutes, il était concentré sur ce que disait le petit blond, ça ne l'ennuyait pas, au contraire, et puis il lui devait bien ça.
▬ Ah ouais. ▬ C'est nul. ▬ C'est comme s'il voulait se prouver quelque chose j'crois, genre qu'il peut toujours se faire d'autres gens, pour se rassurer, aaah quand les premières rides apparaissent c'est toujours un drame. ▬ En plus je pense même pas qu'il ai dit ça pour te faire réagir ou quoi, ou alors c'est très très con de sa part... T'as raison ouais c'est un sale con qui peut pas se satisfaire d'une seule personne, il doit manquer de confiance en lui à un point tel qu'il a besoin des autres pour lui assurer que c'est un beau gosse, c'est nul, moi je m'en fous j'ai pas besoin des autres par exemple, même si c'est pour me dire des compliments, je sais déjà ce que je vaux. ▬ T'as pas besoin d'un mec qui se satisfait pas de t'avoir, alors que t'es un type bien, largue-le, il retrouvera ses innooombrables amants et toi ta liberté.
A ces mots Die avala ce qui lui restait d'alcool, d'une traite, et reposa un peu violemment son verre sur la table, ça commençait un peu à tourner autour de lui, oh, il n'était pas sur le point de tomber par terre évidemment, il se maîtrisait mais l'alcool le faisait parler, trop parler, alors que c'était déjà insupportable quand il était sobre...il esquissa un petit sourire.
▬ C'est pas que je crois pas que tu sois pas attirant ou quoi Tears, quand tu dis que tu peux te faire n'importe qui dans ce bar, mais y'a que des nanas qui n'attendent que ça ici, et des hommes d'au moins 40 ans qui sont purement hétéros et qui hurleraient si tu t'approchais d'eux un peu trop près. ▬ Ou des gouines.
Il regarda ailleurs, l'ambiance commençait à être lourde, et il n'avait plus envie de rester sur les sièges à fixer les danseuses qui se dandinaient sur les estrades. Ça pouvait exciter les petites frappes, lui ça ne lui faisait rien là.
▬ Chier. Cet endroit est aussi bandant qu'un sumo en train de couper du beurre. ▬ Si ça se trouve je deviens vieux moi aussi.
Die s'accouda à la chaise et son regard croisa celui d'une jeune femme, assise toute seule à quelques tables de la leur, elle était plutôt mignonne de loin. Elle venait de rembarrer sauvagement plusieurs types qui avaient essayé de l'aborder...
▬ Tears, tu vois la meuf là bas ? ▬ Va la draguer, comme ça tu sauras que toi aussi tu peux... te faire n'importe qui. ▬ Elle est venue toute seule, soit elle est homo et ça vous fait un point commun au moins, soit elle est hétéro et elle est venue ici pour se faire un mec.
Il fixa Tears, d'un air de défi.
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Sujet: Re: Mannequin Factory } pv Tears Sam 21 Jan - 17:50
Se soûler n'était pas forcement synonyme d'aller dans les bars. Il suffisait de s'acheter une ou deux bouteilles et de s'enfermer dans sa chambre. Les gens portaient sur la boisson un imaginaire tout fait, être accoudé à un bar, se torcher à une fête, faire des jeux alcoolisés avec des potes. Tears buvait tout seul. Dans sa chambre. Au fond de son lit. Pas pour s'ouvrir aux autres. Pas pour danser sans honte. Juste pour se sentir mieux dans sa peau face à lui-même, pendant un court laps de temps. Ne plus être capable de réfléchir convenablement. Quelqu'un qui avait bu se sentait peut-être mieux, il oubliait peut-être qu'il était ridicule, mais en aucun cas il n'était lui-même. Quand bien même la personne était libérée de contraintes morales qui l'empêchait de faire les choses qu'elle avait envie de faire, ces contraintes constituaient en grande partie ce qui faisait qu'elle était elle-même. La timidité, une vision très morale des choses. Il fallait l'accepter comme une part de soi. Ou on se sentait mal dans sa peau. On se disait, je vais boire, je vais être moi-même. Et on finissait comme tout le monde. Dans la catégorie de ceux qui ont l'alcool joyeux, ou celle de ceux qui ont l'alcool triste. Et à danser en riant, on se ressemblait tous. Tears hocha la tête à chaque mot de Die, comme un marteau-piqueur. Mais il était lui-même vous comprenez, sa véritable identité c'était de hocher la tête comme un con.
- In-...innombrables amants ? Moi j'en veux qu'un, je veux un seul, je veux juste il soit... qu'il soit satisfait voilà, qu'il... soit un peu content de m'avoir... Je veux dire, je veux dire y a plein de gens mieux que moi mais... mais pour être avec moi... faut être content, un minimum, je sais pas moi....
Hochement de tête pour appuyer son raisonnement. Il sursauta un peu quand Die posa son verre.
- C'est pas que je crois pas que tu sois pas attirant ou quoi Tears, quand tu dis que tu peux te faire n'importe qui dans ce bar, mais y'a que des nanas qui n'attendent que ça ici, et des hommes d'au moins 40 ans qui sont purement hétéros et qui hurleraient si tu t'approchais d'eux un peu trop près. Ou des gouines.
Il finit son verre en hochant la tête, pour dire qu'il écoute, pour dire ouioui grave t'as raison. La musique lui faisait un peu mal aux oreilles. Il fixait plus le barman devant lui que les nanas nues qui dansaient contre les barres de métal.
- Chier. Cet endroit est aussi bandant qu'un sumo en train de couper du beurre. Si ça se trouve je deviens vieux moi aussi.
- Je... j'aime bien le beurre moi. Ça me rappelle les petits déj... les p'tits dej KLM, quand je prends l'avion, tu sais les avions bleus KLM... je devais avoir dix ans, que y avait un steward et... et sérieusement c'était... c'était le plus bel homme que j'avais jamais vu, et il avait un sourire.... et avec son uniforme de steward... J'adore les uniformes de steward, ceux de KLM...
- Tears, tu vois la meuf là bas ?
Il se retourna, mollement, hocha la tête.
- Va la draguer, comme ça tu sauras que toi aussi tu peux... te faire n'importe qui. Elle est venue toute seule, soit elle est homo et ça vous fait un point commun au moins, soit elle est hétéro et elle est venue ici pour se faire un mec.
- Mais c'est une fille, et je... je suis bourré, et je... je préfère le barman...
Il sourit stupidement au barman, qui lui donna un autre verre. Une gorgée, et il se tourna vers Die. Les yeux vitreux, le ton houleux.
- Puis j'ai pas envie.... c'est fatiguant, je suis fatigué, et si je réussis... elle voudra le faire, et je vais devoir trouver une excuse pour dire non. Et elle va me foutre une claque, et j'aime pas les claques. Je préfère les stewards.
Il se mit à fixer Die attentivement. Die et son air de défi. Un défi.
- C'est pas que j'ai peur... j'ai pas peur... mais... mais je veux... je veux une récompense. Je... je me donne pas en spectacle gratuitement, je... hein, parce que moi... moi je sais que je peux me faire n'importe qui... c'est toi qui me crois pas...
EMauvais alcool. De toute façon la plupart des histoires finissent mal n'est ce pas. Die n'avait jamais vraiment aimé se bourrer la gueule et se donner en spectacle, il ne voulait pas être classé dans la catégorie des pauvres ados qui utilisent la vodka pour se trouver des excuses à toutes les conneries qu'ils ont envie de faire. Han je t'ai frappé, j'étais bourré, han je t'ai embrassé, j'étais bourré, han j'ai détruit ta maison, j'étais bourré. C'était la dope des rebelles. Mais boire un peu, pourquoi pas, si ça pouvait lui faire oublier certaines choses, autant l'utiliser à bon escient, si ça pouvait lui apporter un peu de chaleur à défaut d'avoir quelqu'un sous la main c'était utile. Il avait l'air d'un vieux croûton comme ça, un morceau de pain qu'on trempe dans sa soupe pour lui donner plus de goût. C'était ridicule et il continuait à boire, parce qu'il n'avait que ça à faire. Le problème c'est que comme il ne buvait pas souvent, il était facilement éméché... et commençait à vraiment parler plus qu'il ne le devrait. Pas besoin de l'alcool pour dire des choses, il disait déjà tout ce qui lui passait par la tête, il n'y avait que dans ces actions que ça créait quelque chose.
▬ In-...innombrables amants ? Moi j'en veux qu'un, je veux un seul, je veux juste il soit... qu'il soit satisfait voilà, qu'il... soit un peu content de m'avoir... Je veux dire, je veux dire y a plein de gens mieux que moi mais... mais pour être avec moi... faut être content, un minimum, je sais pas moi....
Ah oui c'est vrai que les personnes normales réfléchissaient comme ça.
▬ C'est cool pour toi, malheureusement Take est pas le genre à se satisfaire d'une personne. Tu sais quoi, je crois qu'il me ressemble, mais en plus malhonnête. C'est bête, on dirait un ado, et toi un vieux.
Oui, il n'était pas tendre, mais en même temps Die n'aimait pas Take comme tout le monde l'avait compris. Enfin, inutile de l'enfoncer, il n'était pas là pour ça, mais rien que son existence et le fait qu'il se soit approprié Tears l'énervait. Pas parce qu'il était jaloux. Enfin, si, dans le sens où avant cela Tears était là pour lui... le professeur de théâtre était ce genre de type possessif qui voulait avoir l'exclusivité sur une personne. Pas parce qu'il se sentait abandonné, juste parce que ça l'énervait. Mais avant tout ça, c'était parce qu'il était persuadé que Take n'était pas fait pour Tears. Oui, il le manipulait certainement, et Die n'avait pas envie que son ami blond se retrouve embringué dans une relation qui serait qualifiée d'histoire de cul. Mine de rien il tenait à Tears. Peut-être pas de la plus honnête des façons, mais il n'avait pas envie qu'il soit malheureux à cause de crétins immatures. C'était peut-être pour le protéger, il ne savait pas. Et l'alcool, au lieu de l'aider à réfléchir, embrouillait ses pensées.
Il se sentait stupide. Ptain, le grand Daniel. Le grand Daniel n'était qu'un pauvre type comme les autres qui s'attachait finalement. Mais de toute façon il faudrait l'attacher, le torturer et le menacer d'un autodafé pour qu'il daigne un jour avouer qu'il ne voulait que protéger Tears des connards. Lui ? Il était peut-être un connard mais au moins il ne faisait pas semblant des choses. Die fixa le surveillant d'un œil morne, sans sourire, clignant un peu des yeux. Saleté d'alcool qui lui faisait penser des choses mièvres et sans aucun sens.
▬ Je... j'aime bien le beurre moi. Ça me rappelle les petits déj... les p'tits dej KLM, quand je prends l'avion, tu sais les avions bleus KLM... je devais avoir dix ans, que y avait un steward et... et sérieusement c'était... c'était le plus bel homme que j'avais jamais vu, et il avait un sourire.... et avec son uniforme de steward... J'adore les uniformes de steward, ceux de KLM...
Qu'est ce qu'il racontait. Die émit un petit rire étouffé, et surpris. Du genre 'qu'est ce que tu racontes, t'es ridicule'. Bien sûr il ne le pensait pas, mais c'était surtout ses expressions faciales qui à chaque fois énervaient les gens. Il imaginait très bien un mini Tears avec de grands yeux hallucinés devant le stewart de l'avion. C'était assez mignon dit comme ça. Mais d'un coup Die se rendit compte qu'il ne savait rien de Tears. Il ne connaissait même pas son prénom. Alors que lui, si.... Oui c'était vrai, il savait qu'il s'appelait Daniel. Apparemment c'était déjà énorme et illégal à WH. Le brun fixa l'autre un moment. Il savait juste qu'il était hollandais...mais à part ça... que savait-il. Ils étaient de parfaits inconnus l'un pour l'autre. Ça l'énervait ces règles à la con. Vraiment.
▬ Comme c'est mignon. Déclara t-il d'une voix ironique. Alors comme ça tu te fais des trips sur les stewarts. Hm... faudra que tu m'emmènes...
Die regarde ailleurs. Ce n'est pas qu'il ai envie d'aller voir les Stewarts, il n'en a rien à battre de toute façon, juste que...il aimerait connaître, tout ça, un peu plus, la vie de Tears. Mais il ne peut pas lui demander de lui raconter son enfance, c'est crétin.
Et puis le blond déclare qu'il préfèrerait se faire le barman. Et qu'il préférait les stewarts, qu'il n'aimait pas les claques. Qu'il n'a pas peur. Die le fixe sans aucune expression, les sourcils légèrement haussés.
▬ Genre tu peux te faire n'importe qui, t'as même pas essayé. Y'a juste des ténébreux sadiques qui ont décidé de faire de toi leur chose, pour se prouver je ne sais quoi. Tu dois être la chose que personne n'arrive à avoir, t'es comme Denise dans Zola, t'es tellement inaccessible que tout le monde est à fond. Si tu crois que y'aura souvent des Octave... Et ta récompense tu l'auras si tu oses, ça sert à rien de rester à espérer.
Le brun finit son verre, offrant un instant la vue de sa gorge puis le repose, un peu trop fort.
▬ Comment je peux croire quelque chose que je n'ai pas vu. C'est comme si tu me disais que l'escargot c'est délicieux alors que j'en ai jamais mangé, donc je peux pas te confirmer, tu vois c'est pareil, les escargots et le cul c'est pareil.
▬ Essaye de te faire quelqu'un dans ce bar, vas y. N'importe qui. Ou alors t'as trop peur de te prendre un vent je sais pas.
L'alcool commençait à prendre le dessus sur tout, et Die aimait bien ce petit jeu. Il sourit, en coin, jouant avec son verre vide.
▬ Faudrait que je pense à déposer un brevet pour les escargots.
Il sourit bêtement.
▬ Vas-y, Tears, parce que là, je commence à être éméché et j'aimerais bien que tu t'amuses aussi. Ou alors tu auras un gage. Genre tu devras me raconter ta vie, tu piges. Je sais … même pas ton putain de prénom. C'est chiant, je t'appelles Tears, c'est quoi, Tears, ça résume pas ta personnalité en un mot. Moi non plus... Die... ça veut rien dire. Tu sais... comment... je m'appelle.... et pas moi. Je me sens genre à poils.
Il se rapproche, s'allongeant à moitié sur la table, fixant le blond.
▬ Tu saoules mister T. inconnu, tout le monde en a rien à battre de tout le monde de toute façon dans cette école à la con.
Invité
Sujet: Re: Mannequin Factory } pv Tears Jeu 8 Mar - 17:53
- Genre tu peux te faire n'importe qui, t'as même pas essayé. Y'a juste des ténébreux sadiques qui ont décidé de faire de toi leur chose, pour se prouver je ne sais quoi. Tu dois être la chose que personne n'arrive à avoir, t'es comme Denise dans Zola, t'es tellement inaccessible que tout le monde est à fond. Si tu crois que y'aura souvent des Octave... Et ta récompense tu l'auras si tu oses, ça sert à rien de rester à espérer.
Il n'était pas la chose que personne n'arrivait à avoir. Au contraire, tout le monde arrivait à l'avoir. Il était tellement accessible, il suffisait de forcer un peu. Une fine couche de glace au dessus d'une rivière agitée, la couche caramel d'une crème brûlée. Mais personne n'osait forcer. Ils ne voyaient pas que la fragile couche n'était que l'extérieur, ils pensaient qu'il était fragile comme elle, qu'il était elle. Que s'ils la brisaient, c'était lui qui était cassé. Alors il attendait. Et quand il osait faire des avances, les autres ne comprenaient toujours pas.
- Et alors... et alors, j'aime bien... les ténébreux sadiques, j'aime bien. Et je suis, très... trééés accessible... c'est peut-être ça qui repousse. Tu sais, tu sais, comme une porte avec un panneau 'Entrez, les gens', ça donne pas du tout, pas du tout, envie de rentrer.
Puis Die lui parlait d'escargot, il disait à Tears qu'il devait se faire quelqu'un. Et Tears ne l'écoutait qu'à moitié, les yeux dans le vide. Die reparla d'escargot. Puis il sourit, Die. Puis il avait le regard à présent fuyant, Tears. Il se contenta d'hocher un peu la tête.
- Vas-y, Tears, parce que là, je commence à être éméché et j'aimerais bien que tu t'amuses aussi. Ou alors tu auras un gage. Genre tu devras me raconter ta vie, tu piges. Je sais … même pas ton putain de prénom. C'est chiant, je t'appelles Tears, c'est quoi, Tears, ça résume pas ta personnalité en un mot. Moi non plus... Die... ça veut rien dire. Tu sais... comment... je m'appelle.... et pas moi. Je me sens genre à poils.
Il finit son verre. Un soupire. Le prénom, ça disait rien de plus d'un pseudo. C'était pareil, un mot. Qu'il fasse sens ou pas, ça restait horriblement réducteur. Dans l'absolu, connaître son nom ne faisait pas qu'on connaissait une personne mieux. On savait juste la nommer, comme on nommait tous les objets de notre environnement. C'était juste plus pratique. Il n'y avait que dans les livres et les films que les noms obtenaient vraiment leurs aspects sémantiques, parce que l'auteur connaissait le caractère du personnage, parce qu'ils étaient déjà adultes dans sa tête. Un homme ennuyeux, un taureau sans couilles, un bovin, Mr Bovary. Une femme terne, banale, frustrée, Miss Brown. Ils n'étaient jamais choisis au hasard. Mais ta mère te choisit ton nom quand tu es encore un truc informe dans son ventre. Ça n'indiquait que ta nationalité (Mohamed, Brandon, Takahashi), la période de ta naissance (Jeannette, Geneviève, Jennifer) et les goûts de chiotte de ta mère. Ou de ton père. Ah oui ça montrait aussi qui, des deux parents, a réussi à imposer sa volonté sur l'autre. Bien sur, les noms avaient un sens. Philippe, celui qui aime les chevaux. Mais qui connaissait ces significations, sérieux. Et sur combien de Philippe il y en avait qui aimait vraiment les chevaux de façon singulière. Un autre dirait qu'on est nos paroles et nos actes. Tears dirait qu'on est notre cœur et notre âme. Mais Tears était un peu niais.
- Ok, ok... chiche, je... je suis chaud là. Mais d'abord je veux... juste te dire, que... t'en fais pas... t'en fais pas trop sur ton prénom... je... je le dirais à personne et... je, c'est pas grave si t'es à poil... je veux dire, ça me gêne pas... toi à poil... dans le sens que... heu... bon j'y vais... je reviens... je vais...
Il jeta un œil au barman qui s'était déplacé à l'autre bout du bar pour servir de nouveaux consommateurs.
- Je reviens, je... tu vas voir...
Et il dégringola de son haut tabouret avec mollesse, fit quelques pas, et se percha à nouveau sur un haut tabouret en face de l'homme au nœud papillon noir. Le barman était beau garçon. On dirait qu'il ne réalisait pas qu'il était dans une boite de strip-tease. Un bar était un bar, je fais mon boulot. Je vaux aussi bien qu'un autre barman. Ne me regardez pas comme si j'étais comme tous ces porcs. Mais les femmes étaient jolies. Après s'être concentré pendant plusieurs secondes, le surveillant réussit à ouvrir la bouche.
- Vous... vous être jeune, vous z'avez quel âge ? - J'ai 24ans m'sieur. - C'est... c'est un très joli âge, moi aussi, moi aussi j'ai eu 24ans, d-drôle de hasard hein. - Drôle de hasard en effet m'sieur.
Il nettoyait des verres avec un sourire amusé. Tears ne savait plus quoi dire.
- Un autre verre, m'sieur ? - Oui... a-attendez voir si je trouve...
Il sortit la monnaie pour payer la boisson. Rajouta deux livres de pourboire. Le jeune homme encaissa l'argent du verre, mais refusa le pourboire. Après lui avoir servi son verre, il s'éclipsa rapidement pour réceptionner les bouteilles qu'un autre barman lui donnait. Le nez de son verre, Tears regarda d'un œil morne les deux livres abandonnés sur le comptoir. Avec un grognement, il descendit son siège et rejoignit Die.
- Il a refusé les deux livres que je lui offrais. Tu te rends comptes ! P-pour qui il se prend.
Passivement, il se rassit à son ancienne place, à côté de son ami. D'un air boudeur il continua de siroter le verre que le barman lui avait servi. Il se souvint qu'il avait un gage. Raconter sa vie. Un soupire. Et puis c'était quoi, une vie.
- J'ai perdu... j'suppose... heu... ma vie. J'ai... j'ai 27ans, je peux pas... je peux pas te raconter 27ans. Quand j'étais petit... d'ailleurs, quand j'étais petit... j'sais plus quel âge, j'étais petit, j'avais très très peur de perdre la mémoire... je notais tout. Puis j'ai eu la flemme, j'ai arrêté. Alors raconter ma vie, j'peux pas... tu vois, tu vois je peux pas, je réaliserais que j'ai oublié plein de choses. Que c'est devenu tout flou, ou alors... que y a des événements que je saurais pas situer. Ou que je me rappellerais plus... avec qui c'était, que j'ai fait ça. Ça va me rendre triste. Je veux rien oublier. Ainsi si, parfois. Mais en fait non.
Il était avachi sur le comptoir, il jouait avec le nez de Die. Il lui caressait l'arrête du nez, remontait jusqu'au sourcil. Un petit soupire, il se redressa, se rapprocha. Passa sa main dans les cheveux bruns. Un petit bruit retint son attention, quelqu'un devait avoir fait tomber son verre. En tournant la tête, dans sa vue périphérique, il aperçut le barman qui acceptait un billet de pourboire. Offensé, Tears se redressa soudain et se mit à lui hurler, totalement soûl :
- Hééé ! Toi là ! Alors quoi, deux livres, ça ne t'suffit pas ?! Monsieur n'accepte que l'or !
C'est là que la sécurité intervint, et qu'ils se retrouvèrent au trottoir. Ce sont des choses qui arrivent.
Il commençait à sentir les effluves de l'alcool monter en lui, le monde semblait différent. Tss. Il devrait essayer un de ces jours, d'écrire sous coke, ça pourrait donner des trucs intéressants. Daniel était à moitié allongé sur la table froide, calé entre ses bras et il observa Tears. Ce n'est pas vrai. Il n'était pas accessible Tears. Il donnait l'impression de l'être mais c'était le contraire. Il donnait l'impression d'être paumé, il donnait l'impression qu'il avait envie qu'on s'occupe de lui mais dés que quelqu'un en avait envie, ou essayait un peu trop et bien il s'enfuyait, comme de la fumée entre des mains. Die ricana intérieurement. C'était marrant de s'échapper avec autant de facilité, le blond donnait l'impression de quelqu'un qui n'osera pas dire ce qu'il pense, et c'était vrai dans un sens, mais tant que ça comprenait son bien être amoureux il ne se gênerait pas. Il voulait de la passion ce type, ça se sentait, il n'était pas accessible, et dés qu'il trouvait quelqu'un de plus accessible que lui ça le repoussait. Haha. C'est pour ça que ce Take n'était pas pour lui. Oui, Daniel avait une aversion pour ce type c'était clair, (désolée Andy Die est méchaant Dx) parce qu'il ressentait une sorte de fraternité protectrice envers le blond, et même s'il ne le connaissait pas si bien, et bien il avait tendance à vouloir tout décider pour lui. Et aussi parce que ça le faisait kiffer de pouvoir passer ses nerfs sur quelqu'un. Cette idée l'aurait énervé, il se serait peut-être même levé de table et aurait laissé ici Tears sans prévenir si seulement l'alcool ne le clouait pas à sa chaise. Il avait encore envie de boire, ptain, maudite réaction chimique qu'était l'être humain.
Il prit son verre en main, regarda à l'intérieur, et s'apercevant qu'il était vide il le repoussa et fit une grimace. De toute façon ce n'était pas son problème tout ça et il ne savait même plus pourquoi il avait emmené Tears ici. Tears. Mais qu'est ce que ça pouvait bien être son stupide prénom ? Teodor ? Teo ? Thomas ? Teddy ? Bah. Ça pouvait être très bien autre chose. Et il ne savait pas ce qu'il y avait comme foutus prénoms en hollandais qui commencent par T. Ça ne commençait même par T si ça se trouve. Le brun se renfrogna, il n'aimait pas réfléchir pour ce genre de choses, qu'est ce que ça pouvait bien lui faire après tout ?
▬ Ok, ok... chiche, je... je suis chaud là. Mais d'abord je veux... juste te dire, que... t'en fais pas... t'en fais pas trop sur ton prénom... je... je le dirais à personne et... je, c'est pas grave si t'es à poil... je veux dire, ça me gêne pas... toi à poil... dans le sens que... heu... bon j'y vais... je reviens... je vais...
▬ Je reviens, je... tu vas voir...
Die daigna lever les yeux vers le blond, lui jetant un regard mi mauvais, mi faussement in intéressé. Qu'est ce qu'il s'en foutait que Tears dise son prénom, la seule merde que ça pourrait lui attirer c'est se faire renvoyer, mais après tout il était trop bon professeur pour être renvoyé, et on pourrait toujours prétendre à une rumeur. Mais ça l'exaspérait dans un sens qu'ils n'étaient pas égaux dans l'histoire, et même si un prénom n'est qu'un prénom, et ne désignera pas ce que tu es, il n'empêche que c'était ce que tu as porté toute ta vie, c'est ce qui te désigne. Un escargot serait content de savoir qu'il s'appelle un escargot non ? Non il s'en fout ? Bon.
Et la deuxième phrase, enfin, la deuxième idée lui fit hausser les sourcils. Lui à poils et ça ne le dérangeait pas ? … Die ricana bêtement, décidément il n'était pas frais lui non plus. Tears prit congé de lui, apparemment il avait décidé de tenter le défi. Le danois le suivit du regard, renfrogné entre ses bras. Tears se dirigea presque difficilement vers le barman, Daniel ne put entendre ce qu'ils disaient à cause de la musique, alors il contempla une nouvelle fois son verre vide, essayant de boire ce qui restait, jetant parfois des coups d’œil au blondinet.
Le temps passa trop vite et déjà voilà que Tears revenait. Bredouille apparemment.
▬ Il a refusé les deux livres que je lui offrais. Tu te rends comptes ! P-pour qui il se prend.
Daniel leva les yeux vers le blond qui semblait outré. Il esquissa un petit sourire en coin qu'il perdit aussitôt.
▬ P'tetre que c'est une avance et qu'il croit que t'es un gigolo ?
Faut pas prendre tout ce que disait Die au sérieux, c'est sûr, sinon on finirait rapidement vexé, mais bref, Tears se rassit et commença à raconter son histoire en trois mots, le brun le fixa, la tête penchée, yeux mis clos, le visage dans la main.
▬ J'ai perdu... j'suppose... heu... ma vie. J'ai... j'ai 27ans, je peux pas... je peux pas te raconter 27ans. Quand j'étais petit... d'ailleurs, quand j'étais petit... j'sais plus quel âge, j'étais petit, j'avais très très peur de perdre la mémoire... je notais tout. Puis j'ai eu la flemme, j'ai arrêté. Alors raconter ma vie, j'peux pas... tu vois, tu vois je peux pas, je réaliserais que j'ai oublié plein de choses. Que c'est devenu tout flou, ou alors... que y a des événements que je saurais pas situer. Ou que je me rappellerais plus... avec qui c'était, que j'ai fait ça. Ça va me rendre triste. Je veux rien oublier. Ainsi si, parfois. Mais en fait non.
Die cligna des yeux et sourit légèrement, perdant son sourire immédiatement.
▬ J'ai rien compris.
Et c'était vrai dans un sens, parce que l'alcool commençait sérieusement à avoir raison des deux hommes. Mais ce n'était pas correct de ne pas lui répondre, surtout pour un prof qui avait fait des études de littérature. Quoique. Qui avait dit que seul le silence et grand, et que le reste n'est que faiblesse ? Ça l'énervait. Il ouvrit la bouche, regardant en l'air, puis reprenant sa position initale, avachi dans ses bras sur la table.
▬ ça m'apporte beaucoup de détails, merci bien Tears. C'est pas grave, j'ai pigé, mais après tout si tu oublies les moments comme celui là c'est plutôt utile pour ton ego … et puis...
Il continuait de parler pendant le moment où Tears lui toucha le nez, en fait il ne s'en rendit même pas compte tout de suite, comme s'il était trop concentré par ce qu'il disait. Puis il s'arrêta de parler et fixa les iris bleues du surveillant. Sa main caressait vaguement ses cheveux, ce qui les ébouriffa et il continuait à le fixer sans rien dire, clignant des yeux. Il ne réfléchissait même plus Daniel.
Un bruit vint rompre son absence de pensées et il aperçut le serveur qui acceptait un pourboire.
▬ Héé t'as vu il...
▬ Hééé ! Toi là ! Alors quoi, deux livres, ça ne t'suffit pas ?! Monsieur n'accepte que l'or !
Die haussa les sourcils. Voilà qui était étonnant de le voir se rebeller ainsi, quitte à faire tourner tous les regards vers lui. Il ne se souvient plus exactement du reste mais voilà que lui et le blondinet hollandais étaient jetés dehors.
La rue était froide et Die grimaça, il se retourna et se posta devant la boîte énervé.
▬ Hé toi là, t'es con ou quoi ?? J'ai payé mon entrée comme tout le monde ! Putain je demande à être remboursé, je viendrais vous faire un procès !! Et … et vous pourrez même pas prétendre vous appeler Kafka parce que y'aura eu une bonne raison, la vraie raison c'est que vous êtes des connards, je me plaindrais à votre patron !!! J'ai des relations moi gros thon, allez, j'ai même pas envie de m'abaisser à vous adresser la parole, ça serait trop demander, ah ptain !
Il s'aperçut que le videur avait fini par les abandonner, le brun leur jeta un regard mauvais, il était définitivement bourré. Pas au point de tomber par terre et dormir, mais quand même. Il revint vers Tears en remettant son manteau, grognant.
▬ T'as vu ces malpolis ? Bah, j'm'en fous, c'était pourri leur truc de toute façon. Et elles étaient bourrées de silicone.
Die commença à marcher un peu, mais il finit par attendre Tears et entoura le cou du blond de son bras. Il continua à essayer d'avancer comme ça, se demandant vaguement ce qu'il faisait.
▬ De toute façon il avait l'air con. Grumbl. ▬ De toute façon... T'as pas besoin de... de cons, ou de quelqu'un qui te chouchoute comme … comme une poupée... t'as qu'à... pas faire attention tsais quoi.... t'as pas b'soin de leur filer un pourboire, à ces cons..... il est con...moi... imaginons, imaginons juste hein... genre, dans une autre vie.... si j'avais... euh... kiffé... enfin si j'étais gay tu vois.... ou NON, si plutôt tu étais une fille, voilà, c'est mieux.... et ben, si j'étais à la place du barman là, bah j'aurai pas accepté tes... ton pourboire mais je t'aurais ramené chez moi et.... c'que je veux dire, c'est qu'il était con tu vois.... et putain jsuis pas frais.
Die passa sa main sur la joue du blondinet, derrière son oreille, dans ses cheveux, se demandant vaguement ce qu'il faisait, il le força doucement à tourner la tête vers lui et le fixa un instant sans sourire, clignant rapidement des yeux, un sourcil haussé.
La journée avait, disons, bien commencée. J'imagine en tout cas. Le pied gauche n'avait pas heurté le sol le premier en tout cas et son ennui avait été remplacé par de la fatigue intense. C'était un fait, il en avait marre. De travailler, j'entends. Entretenir ses relations sociales n'était pas une mince affaire mais il avait un automatisme de se comporter comme ci et comme ça que ça ne le dérangeait pas réellement. Ce n'était pas ça qui lui pompait le plus son énergie, ni sa relation avec Tears d'ailleurs – puisqu'ils ne faisaient rien encore. Mais d'après Take, être surveillant, c'est éprouvant. Gérer des gosses, c'est éprouvant, ça fatigue, ça lui fait perdre de la voix tant il s'égosille à leur dire de ne pas courir dans les couloirs ou autre conneries de ce genre. S'il pouvait, Térence n'aurait même pas travaillé. Mais il gagne son pain et occupe ses journées en travaillant alors à quoi bon s'en plaindre ? S'il ne travaillait pas, il glanderait plus que de raison, deviendrait un ermite et j'en passe. Bourré h24, avec une personne différente à chaque heure de la journée, l'entre-jambe fourrée un peu partout, célibataire, non-amoureux (voire quasiment jamais). En bref, une vie de merde, si on y pense.
Ce soir-là, il n'avait rien de prévu. Si ce n'est glander devant la télévision à regarder des émissions de variété ou des séries policière dans le genre de NCIS ou encore Blue Blood. C'était ça les soirées de Take, dès qu'il n'était pas accompagné de son mec ou d'un ami à lui. Des soirées qui ne servaient pas à grand chose mais qui le faisait décompresser plus que de raison. Ça faisait un moment qu'il ne s'était pas bourré la gueule. Peut-être qu'il n'en voyait pas l'utilité. Il n'avait rien à noyer alors à quoi bon ? Le brun est encore bien loin d'être alcoolique. Un jour, peut-être qu'il le sera, s'il a trop d'accumulation coté problèmes et vie sentimentale. Parce qu'avec Tears, c'était pas non plus... enfin, je veux dire par là que le manque de sexe allait bien finir par le ronger. Alors soit il allait se jeter sur le blond, soit il allait se jeter par la fenêtre. Le choix allait être vite fait. Son téléphone se mit à sonner, l'air de Somebody That I Used To Know de Gotye, résonnait dans le salon, faisant sursauter le surveillant sur le canapé de cuir beige qu'il avait acheté la semaine dernière. Il n'attendait pas de coup de fil, mais ce n'est pas pour autant qu'il regardait qui l'appelait, ayant l'habitude de répondre dès que ça sonne, numéro inconnu ou non.
« Allô ? - Ouais, faut que tu viennes chercher Steve en boite. Il est pété. - Tu crois vraiment que j'ai que ça à foutre ? - J'entends la télé, mec, donc ouais, t'as que ça à foutre. »
Un léger rire et la personne raccrochait aussi vite qu'il avait appelé. Ce genre de mission, il en avait – grand maximum – trois fois par mois si ce n'est plus lorsque les fêtes battent leur plein. Pourquoi ça tombait sur Take, ça, il n'en savait rien. À croire qu'il avait la tête du mec qui a l'habitude de ramasser à la petite cuillère les désespérés. Ceci dit, malgré qu'il le fasse régulièrement, il en râlait dès qu'il le pouvait. Et là, il râlait, parce que cette émission à la télé lui plaisait plus que d'habitude. Voir une cloche à la télévision demander un petit ami pour cause de nombreuses douleurs, ça avait tendance à le faire rire. Surtout si les garçons proposés étaient de vraies mochetés. Rapidement, il rajouta un jean à sa tenue légère, gardant le t-shirt qu'il avait porté toute la journée, puis une veste pour le cacher tant il ne le trouvait pas au top pour aller chercher un mec éclaté dans une boite branchée. Une boite de striptease, forcément. Il n'avait que là à aller. Il allait se sentir trois fois plus mal que d'habitude. Combien de temps ça faisait qu'il n'y entrait pas ? Qu'il n'en éprouvait pas vraiment le besoin ? Un petit bout de temps, certainement, personne n'avait compté. Térence choppa les clés de sa voiture, verrouilla l'appartement et s'enfuit à toute vitesse, dévalant les escaliers puis se fourra dans l'habitacle pour démarrer. Take ne roulait pas vite, il n'était pas fan de ça, puis au point où était Steve, il pouvait se faire un coma éthylique qu'il s'en battrait franchement les bijoux de famille. Ce n'était pas son problème, s'il voulait foutre sa vie en l'air. Sa vie à lui était déjà compliquée, il n'avait pas besoin de s'occuper de celles des autres après tout. Les rues étaient éclairées par les réverbères, la nuit était naturellement bien avancées bien qu'il ne sache pas exactement quelle heure il était. Ce n'était pas comme s'il cherchait à le savoir, d'ailleurs. Ça lui importait peu et aussi vite sa course serait finie qu'il pourrait revenir voir la fin de son émission stupide avec une blonde bien foutue et des mecs à l'allure geek, remplis de boutons ou en sur-poids. Ce qui l'intéressait, c'était de savoir avec qui elle allait finir, puisque des BG allaient arriver ensuite.* Térence se gara contre un trottoir non loin de la boite et s'avançait avec les mains dans les poches, la tête enfoncées dans ses épaules tant il avait froid. Il avait naturellement oublié son écharpe, il n'avait pas calculé à quel point il faisait froid. En sortant, il avait été tellement rapide que le vent frais avait juste fait de le fouetter qu'il était déjà rentré dans la voiture. Tant pis pour lui, c'était bien fait, ce n'était pas encore le temps pour se découvrir. Sa veste n'était donc pas suffisante, trop légère. Ses mains étaient gelées, son visage également et son nez commençait à virer au rouge. Glamour.
▬ Hé toi là, t'es con ou quoi ?? J'ai payé mon entrée comme tout le monde ! Putain je demande à être remboursé, je viendrais vous faire un procès !! Et … et vous pourrez même pas prétendre vous appeler Kafka parce que y'aura eu une bonne raison, la vraie raison c'est que vous êtes des connards, je me plaindrais à votre patron !!! J'ai des relations moi gros thon, allez, j'ai même pas envie de m'abaisser à vous adresser la parole, ça serait trop demander, ah ptin !
Il ne pu que sursauter en entendant cette voix-là. Cette voix familière qu'il détestait tant. Manquait plus qu'il voit son visage, ce qu'il ne tarda pas à faire, ses sourcils se fronçant instinctivement dès qu'il remarquait... attendez... Tears ? C'était Tears ? Il faisait quoi, ici ? Avec lui, en plus ? Non, franchement, c'est quoi ce bordel ? De surprise, le surveillant se reculait d'un pas pour être à distance respectable : assez pour les entendre parler, assez pour les voir sans qu'il ne se fasse lui-même remarquer. Au diable Steve ! Il avait quelque chose de plus intéressant devant les yeux. Qu'il le veuille ou non, ils étaient tout deux dans son passage et dans son champ de vision. Tant pis, il fallait faire face, et c'est ce qu'il faisait, se retenant de sauter sur Die pour lui éclater la gueule comme il s'est toujours retenu de le faire. Surtout lorsqu'il vit ce crétin entourer les épaules de Tears de son bras. Du calme, Take, du calme, ne cessait-il de se répéter en continuant de les observer. Après tout, il ne devait pas se méprendre...
▬ […] genre, dans une autre vie.... si j'avais... euh... kiffé... enfin si j'étais gay tu vois.... ou NON, si plutôt tu étais une fille, voilà, c'est mieux.... et ben, si j'étais à la place du barman là, bah j'aurai pas accepté tes... ton pourboire mais je t'aurais ramené chez moi et.... c'que je veux dire, c'est qu'il était con tu vois.... et putain jsuis pas frais.
« si j'étais à la place du barman j'aurais pas accepté ton pourboire mais je t'aurais ramené chez moi » qu'il dit ? Térence pouvait commencer à bouillir, si ce n'était pas déjà fait. Sa tête enfoncée dans ses épaules tout à l'heure était redressée, ses yeux fusillant Die avec tout l'amour qu'il lui portait à cet instant, s'avançant dès que sa joue se faisait caresser, que dis-je ! Tout son visage, ses cheveux, rien n'était épargné. Il cru tout d'abord qu'il allait l'embrasser lorsqu'il le fit tourner le visage vers lui alors il avait accéléré le pas puis il avait poussé Die soudainement, n'attendant pas pour capturer Tears et le coller contre lui, l'enlaçant avec possessivité.
« Bat les pattes D... Hey, mais tu pues l'alcool ou je rêve ? » disait Take avant de desserrer son étreinte, une main cachant sa bouche et son nez. L'odeur de l'alcool sur Tears lui déplaisait d'une force incroyable. De ce fait, il fusillait Die du regard. « Tu l'as amené boire ? Là-dedans ? Non mais tu te fiche de moi ? Une boite de striptease ? Tu voulais qu'il bande pour le soulager ensuite, sale gay inavoué ? T'es dégoutant. » prononçait-il avec mépris, tenant toujours la main de Tears, ignorant dès à présent l'odeur de l'alcool qui régnait entre les deux protagoniste. Tears n'était pas le seul à s'être défoncé à l'alcool apparemment. Die en avait aussi un peu trop bu, il lui semblait. De plus, il était certain qu'il avait forcé Tears à boire. C'est pas son genre, lui répétait son cerveau. « En plus, t'as bu aussi, forcément ! Pour que ça passe mieux au cas où tu aurais envie de sauter mon copain. C'est pour te donner du courage ? T'as même pas la force de le faire tout seul ? Quoique tu dises, t'es une tapette et je crois que t'y peux rien du tout, mon pauvre. Au final, tu m'fais vraiment de la peine. » Térence esquissa une grimace de dégout. Il était certes jaloux, mais ce n'était pas la scène qui l'avait plus choqué. Juste l'abus mutuel d'alcool pour... pour quoi en fait ? Il avait tout interrompu.
(* je regarde un peu trop m6 : D /PAN | et Take est tout aussi méchant que Die D: Sorry, Line ;; et j'espère que ça vous convient..)
- T'as vu ces malpolis ? Bah, j'm'en fous, c'était pourri leur truc de toute façon. Et elles étaient bourrées de silicone.
- … c'est vrai.
Il hocha un peu la tête, longeant la rue du regard. Une rue type d'un "derrière de boite de strip-tease", un peu glauque, avec les poubelles municipales mises côte à côte. Des flaques suspectes qui luisaient sur les pavements. La porte de secours par laquelle ils avaient été virés étouffait la musique et le son de l'alcool descendant dans les gorges. Dans un coin, un employé finissait sa pause. Il lança sa clope sur le trottoir, l’écrasa en soupirant, et rentra à nouveau dans l'assourdissante tristesse des gens seuls. La musique reprit de l'ampleur, et la porte se referma dans un clac. Rien. Que le son de leurs pas maladroits. La nuque au frais, il commençait à avoir froid. Un bras se posa sur son cou. Die prit la parole. Tears la lui coupait, parlait en même temps que lui, la conversation devenait un cafouillage sans nom. Deux bourrés au milieu de la rue.
- De toute façon il avait l'air con. Grumbl. - ouais, pis moche aussi - De toute façon... T'as pas besoin de... de cons – c'est vrai - ou de quelqu'un qui te chouchoute comme … comme une poupée... t'as qu'à... pas faire attention tsais quoi.... t'as pas b'soin de leur filer un pourboire, à ces cons – oui mais... - ..... il est con... - il était beau quand même - moi... imaginons, imaginons juste hein... genre, dans une autre vie.... si j'avais... euh... kiffé... enfin si j'étais gay tu vois.... ou NON, si plutôt tu étais une fille – arf... -, voilà, c'est mieux.... et ben, si j'étais à la place du barman là, bah j'aurai pas accepté tes... ton pourboire mais je t'aurais ramené chez moi – t'aurais ramené n'importe quelle fille... - et.... c'que je veux dire, - tant que y a des nichons tu t'en fous - c'est qu'il était con tu vois.... - toi aussi... - et putain jsuis pas frais – hmm -.
Qu'il marmonna, alors qu'il sentit une main sur sa joue. Petite tentative de fuite, regard évasif. Faire comme si regarder les poubelles éventrés le passionnait. Die le força à le regarder. Deux yeux bruns, voir verts, une main dans ses cheveux. Il soupira, las. Lascif. Le regarda, le regarda un œil après l'autre. Posa sa main sur son bras. Die fut projeté en arrière. Tears poussa une intonation de surprise quand on vint le happer. On l'étreignit d'un bras. Il devina que c'était Take avant de le reconnaître vraiment. Il se rendit compte qu'il s'était mis dans la merde. Il ne voyait pas ce qu'il avait fait de mal. Mais il sentait quand même qu'il était dans la merde. Instinctivement, il lui demandait de le lâcher. D'instinct, il n'aimait pas ce genre de pression. Take desserra son emprise en sentant l'alcool et le blond voulut en profiter pour s’éloigner un peu. Take lui pris la main. Un soupire. Comme un lycéen qui se fait chopper en train de fumer du cannabis.
- Tu l'as amené boire ? Là-dedans ? Non mais tu te fiche de moi ? Une boite de striptease ? Tu voulais qu'il bande pour le soulager ensuite, sale gay inavoué ? T'es dégoûtant.
On aurait sérieusement dit un père qui éloignait son enfant de ses mauvaises fréquentations. Et le gamin il en avait rien à foutre que son père l'engueule, mais qui avait honte dès que son paternel s'en prenait à ses copains. Ça le ridiculisait. De se faire traiter comme un môme devant les personnes dont il recherchait respect et affection. Et va dans ta chambre, fils. Plus de desserts pendant un mois.
- J'ai pas 15ans, Take. Je... je fais ce que je veux, l'a rien fait. Lâche ma main... lâche moi la main.
Qu'il baragouina, pas très frais. Un haut le cœur, soudain. Goût amère dans la bouche. La tête lui tourna un peu.
- J'ai envie de vomir... j'me sens mal j'vais vomir.
De toute façon il ne se souviendrai même pas de cette soirée demain matin. Ou alors il aurait de vagues souvenirs, peut-être du genre l'expression du visage de Take sorti de nulle part comme un diable de sa boîte. Daniel mit un temps fou à comprendre ce qui se passait, tout ce qu'il savait c'est qu'il avait froid d'un coup, l'étreinte chaude de Tears entre ses bras n'était plus là et ça le fit grogner. Enfin en temps normal si quelqu'un qu'il connaissait était arrivé, le trouvant dans cette situation il se serait énervé et aurait usé de tout son vocabulaire pour rabaisser la personne en question. Mais fort heureusement pour tout le monde, il avait bu ce soir. Et quand le surveillant aux cheveux d'ébène le repoussant il eu l'impression d'être sur un bateau en pleine tempête.
Die faillit vociférer des insultes dignes de celles du Capitaine Haddock, mais quand il s'aperçu que c'était Take, et que d'ailleurs il ne lui laissait pas le temps de parler, il se tut un instant et se contenta de fixer son air de dégoût. Que faisait-il là ? Les avait-il suivis ? Savait-il que Tears serait là et il était venu s'assurer que tout allait bien pour lui ? Dans tous les cas c'était un stalkeur, et le professeur de théâtre ne croyait pas au hasard, comme dans une pièce il était une sorte de Deus ex Machina qui venait perturber le déroulement logique qui aurait dû se passer pour cette soirée. Ça l'énerva Die, pas parce qu'il venait l'interrompre, mais parce qu'il n'avait pas à être là.
▬ Bat les pattes D... Hey, mais tu pues l'alcool ou je rêve ?
▬ Ouais...et alors ?
Take semblait choqué, et terriblement en colère, et Die ne comprenait pas pourquoi, la logique lui semblait loin, mais quand on l'attaquait il gardait le reflexe de se défendre tout de même, alcool ou pas alcool. Le brun châtain observait Take d'un air presque las, les yeux plissés, les sourcils légèrement froncés, ça l'énervait et il lui faisait mal à la tête. Autant en finir le plus vite possible.
▬ Tu l'as amené boire ? Là-dedans ? Non mais tu te fiche de moi ? Une boite de striptease ? Tu voulais qu'il bande pour le soulager ensuite, sale gay inavoué ? T'es dégoutant.
Il comptait soupirer, et ignorer tout ce que disait Take. Mais là il ne pouvait pas, il ne pouvait tout simplement. Die fixa son vis à vis, fixa Tears qui était collé dans ses bras.
▬ … pardon?
▬ En plus, t'as bu aussi, forcément ! Pour que ça passe mieux au cas où tu aurais envie de sauter mon copain. C'est pour te donner du courage ? T'as même pas la force de le faire tout seul ? Quoique tu dises, t'es une tapette et je crois que t'y peux rien du tout, mon pauvre. Au final, tu m'fais vraiment de la peine.
Daniel jeta un regard d'incompréhension à l'autre, il se faisait des films, totalement.
▬ T'es con ou quoi … ? La seule "tapette" ici c'est toi parce que tu peux … tu peux même pas faire confiance à TON copain, comme tu le dis si bien... haha... j'ai pas besoin de … d'un figurant qui me sert juste à … me rassurer, comme toi tu le fais....c'est pas ta chose.... je sais même pas...même pas pourquoi tu me parles de courage tsé, hahaha.... je suis pas frustré comme toi mon pauvre Ta...ke...
▬ J'ai pas envie de coucher avec Tears, fous moi la paix......je suis pas débile... je l'aurai amené dans un bar gay si j'avais envie, n'importe ... un truc du genre.... la seule raison pour laquelle je veux que tu t'éloignes de lui, c'est parce que je te trouve insupportable, inintéressant et méprisable, ...et que … que Tears mérite mieux que ta sale gueule de rat, t'aimes personne à part toi, ok, c'est juste pour te rassurer, te faire croire que t'es encore capable d'avoir des sentiments ...nobles, mais c'est ta personnalité que tu décris, quand tu m'insultes....
Il ricana méchamment, ayant du mal à parler et jetait des regards méprisant au jeune homme en face de lui. C'est vrai qu'il n'avait aucune envie de coucher avec Tears de toute façon, il avait beau être perturbé il n'avait pas de penchants gays. Et il ne faisait pas attention au fait que ses paroles puissent blesser le blond, là maintenant il n'en avait rien à foutre car il avait les nerfs.
▬ Tears est assez grand pour décider tout seul, t'es pas son... putain son putain de père bon dieu... pas plus que je le suis, je vois même pas pourquoi je me tue à me justifier parce que j'ai pas à me justifier, c'est ma vie et j'en fais ce que je veux, et les parasites comme toi n'y peuvent rien.... c'est une... affaire entre toi et moi.....moi je te dis ce que je pense point final.
Il parlait agressivement, le regard stone, fixant le brun.
▬ J'ai pas 15ans, Take. Je... je fais ce que je veux, l'a rien fait. Lâche ma main... lâche moi la main.
Die tourna les yeux vers le blond, il semblait nauséeux et pas bien du tout. Mais là Daniel n'avait pas l'envie de jouer les infirmières, Take l'avait énervé et il jeta à Tears un regard indécis.
▬ J'ai envie de vomir... j'me sens mal j'vais vomir.
▬ Vomis, ça te fera du bien, pense à Take ça t'aidera.
Dit-il cruellement, baissant les yeux vers le blond, se tenant à une distance raisonnable.
▬ Si j'approche, ton mec va croire que j'ai envie de te faire des choses haha... autant éviter ça.
Peut-être qu'en tant normal il lui aurait patpaté l'épaule mais là il n'en avait pas envie et pas le courage. Lui non plus n'était pas bien, et il ne comprenait pas ce qui lui arrivait, il savait juste que Tears était dans une mauvaise situation à présent et que au final c'était un peu de sa faute. Et merde, il grogna et observa le blond mal en point.
▬ … hey, ça va aller, on va rentrer.
Sorry... /meurt (et ta réponse me convenait Andy 'w' !! j'espère que moi ça vous va .. /essaie de répondre vite)
Invité
Sujet: Re: Mannequin Factory } pv Tears Sam 19 Mai - 11:05
Petite rue puante. Les poubelles éventrées rependaient leurs entrailles sur le sol. Une odeur de putréfaction envahissait sa propre gorge. C'était sa lâcheté qui remontait à la surface. Celle qui empêchait de choisir un parti quand deux personnes se déchiraient. Celle qui le laissait là, comme un pantin inarticulé. Parce que prendre un parti signifiait en rejeter un autre. Et se faire rejeter par la suite. Choisir, c'était fermer une porte. Il les voulait toutes ouvertes. Il ne voulait aucune perte. C'était une mission suicidaire, et il ne voulait aucune perte. Tears écoutait la bataille d'un oreille sensible, mais le sens de chacun de leurs mots s'évaporaient à mesure qu'ils sortaient de leurs bouches. Il avait juste envie de partir. D'un geste un peu brusque, il retira sa main de l'emprise de Take.
- Vomis, ça te fera du bien, pense à Take ça t'aidera.
Un soupire, il leva les yeux vers Die. Ce pourquoi il ne pouvait prendre aucun parti venait aussi du fait que dans cette situation, aucun ne lui semblait attirant. Il y avait ceux qui votaient blanc pour ne pas avoir à voter contre quelqu'un qui avait du mérite, et ceux qui votaient blanc pour ne pas avoir à voter pour quelqu'un qui n'en avait aucun. Il les regardait, les bouts des doigts tremblants, il les regardait comme s'ils ne les reconnaissaient pas. Lui compris. Sa lâcheté dans les yeux, il recula prudemment. Il recula prudemment de leur cruauté, à tous les deux. Puis Die lui disait, ça va aller, on va rentrer. Mais il n'avait plus envie de le croire. Il se retourna et se mit à marcher de plus en plus vite, de plus en plus maladroitement, avant de prendre une autre petite rue glauque perpendiculaire à celle-ci, et de vomir contre le goudron déjà luisant de pisse. Et il fuit. Le visage blême et la gorge passée à la râpe à fromage.
The end~ (je me suis aperçue c'était 10 lignes minimum now dans le règlement) (alors j'instaure comment c'est fashion de faire des posts courts) (c'est mignon et ça dynamise)
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Sujet: Re: Mannequin Factory } pv Tears
Mannequin Factory } pv Tears
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