Ça m'a fait comme un bras d'honneur

L’INSOUMISSION QUI DIT « JE N'AI NI DIEU NI MAITRE NI QUI QUE CE SOIT ».

Ce putain d'enfoiré de Shiney quand même.

T'avais tellement mal partout que t'as passé une mauvaise nuit. Et ça te fait encore plus chier de penser à lui dès le matin. Ce connard de roux là. Pour le coup, t'as envie de le chercher et de lui éclater la tête contre un mur.

Faut que tu te calmes, ça le fait pas de commencer la journée comme ça.

Donc tu vas prendre une bonne douche froide. Voilà, ça va mieux. Bon par contre, tu supportes pas les douches froides, donc ta douche s'est presque transformée en douche brûlante après, mais l'important c'est que t'es calmé. Mais t'as toujours mal au dos. Fuck.

Tu t'es habillé en freestyle aujourd'hui, t'avais pas la tête à chercher comment t'habiller correctement, du coup t'as juste mit un jean random et un t-shirt pokemon. D'un côté, à première vue, ton armoire est remplie de jeans et de t-shirt pokemon. Faut chercher pour trouver autre chose. Mais bon, on est pas là pour décrire l'intérieur de ton armoire hein, et puis t'as autre chose à foutre hein.

Ou pas, justement.

T'attrapes ta veste, rouge à capuche blanche, et parfois on se demande à quoi ça te sert que tu ai une capuche vu que tu ne t'en sers jamais. Ta casquette, mise évidement à l'envers, te suffit pour protéger tes cheveux de la pluie, hein. Tu te bats un instant avec pour permettre à ta mèche de sortir à l'air libre, et elle te tombe devant l'oeil droit mais tu t'en fiches. Ça t'arrange même, elle cache le coquard que l'autre roux t'as fait, là. En y repensant, tu grinces des dents. Non mais vraiment il va te le payer.

Mais t'as pas envie de te battre aujourd'hui. Il a de la chance.

Tu sors de ta chambre, les mains dans les poches, poches desquels tu sors un paquet de chewing-gum. Ça change, d'habitude c'est ton paquet de cigarette que tes mains attrapent. T'as dû trop fumer hier, du coup tes mains décident elles-même que ce matin, tu commencera par un chewing-gum à la menthe. Ça te dérange pas.

Tu erres dans l'orphelinat en te perdant un peu, et te retrouves finalement devant la Common Room. A court d'idée de choses à faire, tu décides d'y entrer. Qui sait si t'as bien fait ou pas.

Apparemment y'a que des gamins. Pff. Tu soupires, c'est pas intéressant. Quoi que, vraiment ? En balayant la salle du regard, t'as remarqué qu'il se passait quelque chose, au niveau du canapé. T'aurais du t'en foutre autant que des gamins de la salle, si seulement t'avais pas entendu le mec parler.

« Alors, on fait la tapette maintenant, Shiney ? »

Shiney ? Tu hausses un sourcil et t'approches du canapé pour t'appuyer sur le dossier, à côté du mec qui était en train d'étrangler une rousse. Enfin t'as supposé que c'était une fille, vu que la personne portait une jupe. Sauf que t'as fini par le reconnaître. Ouais, c'était bien Shiney. Shiney habillé en fille. Ça t'aurait fait rire, en d'autre circonstance.

Là, tu soupires juste.

« Je vois que je suis pas le seul à avoir envie de lui casser la gueule. »

On croirait presque que tu vas rien faire, que tu vas le regarder mourir étranglé. Tu pourrais. Mais non.

Tu te redresses un peu, et ton coude part en plein dans la face du gars qui étrangle le roux.

« Le problème, c'est que y'a que moi qu'a le droit de le faire. »

Le mec a lâché Shiney et est tombé sur le cul, sur le coup. Vu qu'il se tient le nez, t'en conclu que ton coude a frappé en plein dedans, ce qui était approximativement ton but.

Mais putain, t'avais pas envie de te battre aujourd'hui à la base. Et t'aimes pas frapper le premier en plus.

Tu regardes de haut le mec, normalement plus grand que toi de quelques pauvres centimètres, il a l'air pitoyable là, assis de la sorte à se tenir le nez. Tu t'appuies sur le canapé, sans lâcher l'autre abruti du regard, oubliant presque la présence de Shiney sur le canapé, attendant juste de voir si l'autre allait relever la tête et te lancer un regard meurtrier. Pour l'instant il était trop occupé a regarder sa main où tu voyais clairement du sang. Tu lui as pété le nez. C'est bien fait pour sa gueule, tiens. On s'en prend pas à tes cibles. Surtout quand t'as autant envie de la massacrer.

En attendant t'as juste à espérer que le roux ne profite pas de ta garde baissée pour t'attaquer en traitre.
Lui avoir sauvé la vie te fait chier en plus.
Mais une pensée te console et te fait même presque sourire.

Le fait que ça soit toi qui l'ai sauvé doit le faire chier approximativement autant.

Comme elle vient, comme on peut

C'EST CRUEL ET SANS FARD, ÇA CHOISIT PAS, MERCI POUR EUX.

Tu souffles dans ton chewing-gum, et la bulle éclate bruyamment pendant que tu fixes l'autre pathétique au sol. Qu'il a l'air pitoyable à tenter d'essuyer le sang qui coule de son nez. Il fait moins le malin que tout à l'heure, hein.

A croire que tout les wesh se ressemblent.

« Pourquoi ? »

Pourquoi ? Quoi, pourquoi ? Comment ça, pourquoi ? Tu hausses un sourcil et tourne la tête vers le roux. Pourquoi tu l'as sauvé ? Pourquoi t'as empêché l'autre con là de l'étrangler jusqu'à ce qu'il meurt ? T'aurais pu le laisser crever. Il mérite bien de mourir d'une façon aussi pathétique que privé d'oxygène par un lâche qui fait le malin tant qu'on se retourne pas contre lui. Et puis ça t'aurait évité l'effort de le tuer de tes propres mains. Et puis tout le monde sait, surtout toi, que t'aime pas te battre. Alors l'idée qu'on le tue à ta place n'aurait pas du te gêner. Alors pourquoi ? C'est une si bonne question.

Tu le regardes distraitement tenter de se lever, tu écoutes vaguement son « Mais quelle vie de merde, putain. », tu le regarde sans le voir. Pourquoi ? Parce que t'as trop de fierté pour accepter que quelqu'un d'autre que toi le raye de la surface de la Terre. T'as trop de fierté pour que quelqu'un le bute avant que t'aie pu lui casser la gueule bien comme il faut. Mais même. Non, tu veux pas que quelqu'un d'autre que toi soit le responsable de la mort du roux. C'est hors de question. Ton égo refuse catégoriquement. Ça serait l'attaquer à coup de hache que de tuer Shiney à ta place.

Tu te retournes et t'appuies à nouveau sur le canapé. Pas que t'en avait marre de tourner la tête pour regarder Shiney, mais un peu. Et puis l'autre, tu t'en fous de l'autre. Si il pouvait mourir là d'une hémorragie du nez ça t'arrangerait, même. En attendant, tu baisses la tête vers Shiney et le regarde.

« Pourquoi ? »

Tu mâches ton chewing-gum, levant la tête vers le plafond, et fait une nouvelle bulle qui éclate presque aussi bruyamment que la première.

« Je l'ai dit. C'est à moi de te casser la gueule. »

Une nouvelle bulle. T'aurais bien envie de fumer, là, à la place.

Tu arrêtes finalement de contempler le plafond et pose ton regard sur Shiney. Il a l'air franchement mal en point. D'un côté, l'autre gars y allait pas de main morte pour l'étrangler, et puis t'as mis un peu de temps avant l'arrêter, alors forcement ça n'a rien arrangé. Mais bon tu devrais t'en contrefoutre, de l'état de Shiney, il l'a mérité après tout. Tu devrais partir et le laisser là, certes à moitié agonisant mais en vie, ce qui est déjà beaucoup.

Mais imagine y'a un autre gars qui se pointe et l'achève, hein.

T'as pas envie. C'est à toi de le buter, putain.

Mais t'en a déjà fait beaucoup là. Tu viens de lui sauver la vie, tu vas pas non plus en rajouter et l'éloigner des potentiels ennemis hein.

C'est pas ton genre d'être gentil.
Surtout avec les gens qui te donnent de pareilles envies de meurtre.

Mais, mais, mais. Toujours ces putains de mais.

Tu sais pas combien de temps t'es resté planté là, les coudes appuyés sur le canapé, à regarder vaguement le sol devant le canapé, trop occupé à trouver des raisons pour faire quelques chose, et d'autres pour ne rien faire. Et finalement tu relèves le regard et te redresses. Tu recules un peu, regardes le mec toujours à terre, sûrement à moitié sonné par le sang qu'il a pu perdre ─ c'est fou comme personne n'a daigné réagir et que tout le monde dans la salle s'est contenté de vous regarder, les deux agonisants et toi le seul en forme. Peut-être que tu leur à fais peur, du coup. ─ et tu lui fout un coup de pied. Pas fort, t'avais pas envie de l'énerver. A la limite on peut plus considérer que tu l'as juste poussé du pied.

« T'es pas un tapis, mec, lève-toi, tu fais encore plus tapette que le roux. »

Tu entends le gars grogner mais tu t'en fiches, tu t'éloignes déjà de lui pour contourner le canapé et attraper Shiney par le bras. Tu le lui attrapes sans douceur, mais t'as fait un effort pour ne pas le lui attraper trop violemment non plus. Et tu le tires vers toi pour le forcer à se lever.

« Allez bouge tu vas pas rester à agoniser au milieu de tout le monde, à moins que tu veuilles qu'on vienne t'achever. »

D'ailleurs pourquoi toi tu l'achèves pas, hein ?

Tu l'entraines avec toi jusqu'en dehors de la salle, poussant au passage l'autre gars qui s'était enfin relevé, avec un « Je t'ai dit d'arrêter de faire tapis mais pas de te foutre sur mon chemin bouffon. ». Tu t'en fiches que Shiney soit d'accord ou pas, tu veux juste. Tu veux quoi en fait ? T'arrives pas à réfléchir correctement en fait. T'en a marre. T'as peut-être envie de retourner te coucher en fait. A cette idée ton dos se manifeste à nouveau. Aah, connard de roux, t'aurais du le laisser crever en fait. Une fois dans le couloir, tu t'arrêtes et tu grognes.

« Bon t'es pas rapide, j'vais quand même pas avoir à te porter jusqu'à ta chambre si ? »

Tu le regardes, et tu soupires avant de regarder le mur de l'autre côté.

« Et me sort pas que je devrais pas râler parce que tu m'as rien demandé. Je le sais déjà. »

Et tu le regardes à nouveau.

« Et puis elle est où ta chambre en fait ? »

Tu l'as pas lâché. Tu t'en fiches, en fait, de ce qu'il veut. Si il veut pas que tu l'emmène, ben. Tu l'emmèneras quand même. Tu doutes qu'il soit en état de se casser tout seul là, de toute façon.

Parce que malade, parrait que j’suis malade.

J’AI LE COEUR QUI A MAL AU COEUR, ET VICE ET VERSAILLES, REGARDE !

Si y'a bien une chose que t'as pas comprise, sur le coup, c'est pourquoi il a rougit après ta question. Sur le coup seulement, parce que après, tu as réfléchi à ta question. Et.

En fait c'est vrai qu'elle pourrait être louche, cette question.

T'aurais presque envie de demander un flingue et te tirer une balle dans la tête là pour le coup.

Enfin, malgré ça, tu le lâches pas. Au contraire, tu t'en es pas vraiment rendu compte mais ta main a serré son bras un peu plus fort, après ça. Et t'as éventuellement arrêté de le regarder pour te passionner pour le carrelage du sol du couloir, mais ça tu t'en es évidement rendu compte.

Par contre, t'as encore pas compris pourquoi t'as senti sa main contre toi. Qu'est-ce qui lui prend là, il fout quoi exactement ? Il veut t'afficher avec une étiquette « En couple avec Shiney » en fait, c'est ça hein ? Mais quel enfoiré. T'aurais presque envie de l'envoyer se faire foutre ailleurs, tiens. Presque. Pour l'instant t'étais trop occupé à tenter de t'empêcher de rougir. Blake qui rougit, non mais vraiment n'importe quoi. En attendant, t'as quand même chaud, là. Et tu regardes le roux. T'avais pas remarqué, mais maintenant il est plus grand que toi. Il a du mettre des talons. Une vraie fille, ce mec.

« Je suis pas lent, bouffon. »

Si, t'es lent. Et même que c'est marrant, de te voir rougir comme ça. On croirait que t'as des cheveux devant le visage.

Pourquoi tu ne te moques pas de lui à voix haute Blake ? Parce que t'as l'impression que c'est des moqueries gentilles et que t'as déjà atteint la limite de ton quota annuel de gentillesse là ?

« C’est la chambre 105. Je suis à deux chambres de la tienne. »

Oh, c'est bon à savoir ça. … Euh, hein ? Ouais, c'est bon à savoir pour pouvoir aller le tabasser n'importe quand, quoi. Ou pour aller le faire chier en pleine nuit. … Non mais, juste le faire chier, Blake ! T'as pas les idées très claires, aujourd'hui. Enfin, plutôt depuis que t'as compris un sous-entendu pas très net dans ta propre phrase. Maintenant t'en vois partout. Ou plutôt, t'arrêtes pas de t'en faire. Faudrait que t'arrêtes de penser en fait, franchement. Le problème c'est que pendant que vous marchez, ton cerveau s'acharne. Y'a trop de choses qui t'empêchent d'oublier la présence de Shiney. Genre, ta main qui tient son bras, ou sa main sur ta taille là, rien que le fait que tu sentes sa chaleur parce que vous êtes proches. Même le bruit de ses talons qui résonne dans le couloir t'empêche de vider ta tête de toute pensée se référant de près ou de loin au roux.

Bravo Shiney, à ce rythme tu vas le bouffer de l'intérieur.

« Merci. »

Tu sursautes presque. Merci ? Pourquoi merci ? Merci parce que tu l'as défendu et même sauvé la vie ? Merci de ne pas l'avoir laissé agoniser sur le canapé de la Common Room en sachant qu'il ne serait potentiellement pas parti tout seul et que les gens semblaient trop occupés à regarder pour penser à agir ? Merci pour. Merci pour quoi ? Merci d'avoir oublié pendant quelques instants que t'as envie de le tuer pour l'aider à se foutre en sécurité et se reposer ? Son merci te renvoie juste toute la gentillesse dont t'as pu faire preuve en quelques minutes en pleine face. Toi, gentil ? T'as dû trop fumer, hier, ouais.

Tu hausses les épaules, et un vague « De rien. » sort de tes lèvres. T'aurais pu lui dire que t'as fait ça pour toi, pas pour lui. C'est vrai, si tu as fracassé le nez de son agresseur c'était pour ton égo, pour ton honneur, parce que tu refuses que quelqu’un massacre Shiney avant toi. Mais pourquoi est-ce que tu l’as pas laissé là où il était, pourquoi t’es pas parti tout seul, directement ? Parce que ton égo n’aurait pas aimé l’idée que Shiney soit en train de crever et que ça ne soit pas à cause de toi ? Parce que t’avais envie de le faire chier encore plus en lui montrant jusqu’au bout que sans toi il serait mort ? Ça pourrait être une autre raison aussi. Mais ça tu n’oses même pas y songer. Tu te contente de marcher, et de t’arrêter une fois arrivés à destination.

Il te tourne de dos, et toi tu le regardes. Il ressemble vraiment à une fille, c’en est troublant. Ça devrait être interdit ça, tiens. Mais bon, tu penses que c’est quand même mieux d’être rousse que roux ─ même si le must reste d’être brun ─ et donc tu comprends qu’un roux puisse vouloir ressembler à une fille.

Tu penses un peu n’importe quoi aujourd’hui, Blake.

« T’as beau être un abrutit fini. T’es pas con. Mais vas pas t’imaginer que j’ai pas envie de te démonter la face. »

Tu hausses les épaules, un vague sourire sur le visage. Si l’envie de se taper dessus n’était pas mutuelle, ça serait moins marrant. Tu balayes le couloir du regard, repérant la position de ta chambre par rapport à la sienne. On sait jamais, ça peut servir ! Pour… Ouais enfin, ça peut servir quoi. … Mais arrête de penser à des trucs aussi louches Blake bordel. En plus imagine, si tu penses à des choses pareilles, il doit y avoir d’autres personnes qui y pensent aussi vu ce qu’il vient de se passer. Non mais, avoue que c’est louche, tout ça. Tu devrais peut-être t’éloigner de Shiney. Non, tu dois lui casser la gueule, tu peux pas l’éviter. Tu veux pas non plus, de toute façon. Tu démentiras la potentielle rumeur autrement, hein.

Pffff, à peine arrivé et déjà peut-être des rumeurs sur toi. Et un roux.

Et en plus, t’as envie de fumer, là.

Alors tu sors ton paquet de cigarette en regardant Shiney.

« Tu peux te démerder tout seul maintenant non ? Non parce que j’ai envie de fumer là. »

Et puis t’as pas envie de rentrer dans sa chambre. Ça serait. Louche, disons. Et puis il est grand, il peut s’occuper de lui tout seul hein. Ça se trouve y’a peut-être même encore son colocataire dans la chambre. Oui mais on sait jamais. Mais. Ah, non ! Tu te retournes et fait quelques pas en direction de ta chambre en sortant une cigarette de ton paquet avant de lever le bras pour lui faire un vague signe d'au revoir.

« A la prochaine, hein. »

Oui, à la prochaine. Ça vaut mieux comme ça. T'as l'impression d'avoir le cerveau en bouillie, là.