Trouble is your middle name but in the end you're not too bad Can someone tell me if it's wrong to be so mad about you ♪
Face à une des innombrables fenêtres d'un couloir, Viper regardait depuis près d'un quart d'heure les gouttes de pluie s'écraser avec vigueur contre les vitres malmenées. L'Angleterre et sa fichue pluie. Ce n'était pas qu'elle n'aimait pas la pluie, non. Pas même lorsqu'elle se faisait si violente qu'elle l'empêchait d'aller courir, comme ce jour-là. Non, la pluie était une compagne d'infortune : elle faisait resurgir en elle quelques souvenirs aussi pesants que troublants. Le plus récent ne datait que de quelques jours, en vérité. Il pleuvait aussi. Il pleuvait toujours. Chaque fois qu'elle avait eu l'occasion de croiser son chemin, avait-elle constaté. Elle avait tenté de l'éradiquer de son esprit, durant la quasi semaine qui s'était écoulée. Ne pas penser à lui. Ne pas penser à eux deux. A ce qu'il s'était passé six jours plus tôt. Ce baiser inattendu. Inespéré. Whatever. Cent quarante quatre heures durant lesquelles, contrairement aux mois précédents, elle n'était pas dans le déni de ses sentiments. Juste une tentative de les contrôler. Cependant, même si elle y arrivait, même si elle évitait ce crétin de blond à couronne, elle avait conscience que cela ne durerait pas éternellement. Elle se savait faible et stupide. Elle se savait amoureuse, en d'autres termes. Et la pluie ne cesserait de le lui rappeler.
« T'as vu ce déluge ! »
Deux filles passèrent devant elle, brisant un instant sa silencieuse contemplation. C'était quoi leurs noms déjà, à ces greluches ? Rien à foutre, de toutes façons. Viper ne prêta attention à elles qu'une demi-seconde, son esprit s'arrêtant sur le dernier mot que la plus brune des deux venait de prononcer. Déluge. La pensée qui s'imposa instantanément à la reptilienne jeune fille fut que Den devait être littéralement aux anges. Elle soupira un instant, s'imaginant bien où il devait se trouver en ce moment. Plus loin, derrière cette fenêtre, sur un simple muret, elle en aurait mis sa main au feu. Trempé jusqu'aux os. En train de penser à elle, peut-être ? C'était lui qui l'avait embrassée après tout... Allons ma fille, ne pense pas des choses comme ça, tu te fais du mal pour rien. Tant il n'en a rien à foutre de toi.
Pourtant au fond, elle savait bien qu'il y avait quelque chose entre eux. Ce n'était pas le genre de baiser qui ne signifie rien. Et le "merci" qu'il avait prononcé, quoi qu'étrange, avait l'air tout ce qu'il y avait de plus véritable. Il était même gêné, le petit prince arrogant. C'était assez criant de sincérité, tout de même. Dire qu'elle n'avait répondu que par un sourire. Dire qu'elle s'était cassée. Qu'elle l'avait évité soigneusement chaque jour depuis. C'était pourtant ce qu'elle n'avait jamais osé espérer, ce baiser. Et alors qu'on lui présentait son rêve inconscient sur un plateau d'argent, elle s'était débrouillée pour le planter là. Bon sang Viper, quand est-ce que quelque chose tournera rond chez toi ?
Ouais, mais elle avait bien envie d'aller le voir, en fait. Là, maintenant. Elle fixa un instant les yeux fendus de son reflet dans la vitre parsemée de gouttes éclatées, se demandant si elle allait mettre son orgueil de côté et réellement se rendre jusqu'au fameux muret. Il ne serait peut-être pas content de la voir. Il était peut-être en colère contre elle d'avoir écourté leur entrevue puis de l'avoir évité. De l'avoir laissé plein de doutes. Elle ne lui en voudrait même pas d'être furieux, à vrai dire. A sa place, elle aurait déjà pété les plombs. Depuis longtemps.
Mais, en même temps, elle ne pouvait pas se permettre de l'éviter plus longtemps. La dernière fois s'était soldée par un baiser, après tout. Ce qui doit arriver arrive au final, c'est une chose à laquelle on ne peut rien. Un peu comme cette envie qui la fit se décoller du mur contre lequel elle était appuyée et suivre à l'inverse les traces de pas boueuses que les orphelins rentrant s'abriter avaient laissé sur le sol habituellement immaculé. Elle se retrouva dehors sans trop s'en rendre compte, poussée par l'instinct, se bénissant un instant d'avoir oublié son iPod dans sa chambre aujourd'hui, sans quoi il aurait été foutu à l'heure qu'il était : Vingt petites secondes suffirent pour qu'elle soit intégralement trempée. Costaud l'orage, mais ce n'était pas ça qui allait l'empêcher d'aller où elle voulait. Une éruption volcanique ne suffirait pas à la stopper lorsque elle a une idée en tête, si vous voulez mon avis.
Evidemment, il était là. Cela faisait six jours qu'elle ne l'avait croisé que très rapidement, évitant son regard et accélérant chaque fois le pas. Pourtant cette fois elle avait au contraire ralentit la marche en s'approchant de lui, ne voulant pas révéler sa présence trop vite bien qu'elle arriva dans son dos. Sans trop réfléchir, elle vint s'asseoir sur l'espace restant derrière lui sur le muret, dans le sens inverse si bien qu'ils se retrouvèrent dos à dos.
« Alors Miss Univers, on prend le soleil ? »
What a weird thing to say.
Dernière édition par Viper le Mar 5 Avr - 15:08, édité 1 fois
Invité
Sujet: Re: Mad About You ~ | Den | Mar 5 Avr - 11:05
Tu peux me haïr si tu le souhaites, mais laisses-moi t'aimer en retour.
Lorsqu’il s’était levé, le matin même, il avait immédiatement compris à la couleur du ciel qu’il allait pleuvoir. Il avait sourit. La pluie était depuis quelques jours quelque chose de plus qu’une amie. Elle était son seul réconfort. Réconfort. Réconfort ? Le mot sonnait tellement faux que cela en était saisissant. Comme si Den avait déjà eut besoin d’un quelconque réconfort. Logique, étant donné qu’il n’avait jamais été aussi affecté par qui que ce soit depuis Alice. Pourtant, au début de la semaine, il avait bien tenté de faire comme si tout allait bien, d'agacer avec des sarcasmes et des sourires, mais cela ne convainquait personne. Il s'agaçait lui-même, au final. C’était pitoyable. Sans un mot, juste dans un ultime sourire, elle était partie. En premier lieu, il s’était senti incroyablement frustré, parce que son égo en avait pris un coup. Et puis, il s’était rendu compte que son attitude n’avait rien de passager. Depuis six jours, il avait dû la croiser deux fois. Elle l’évitait. Et cela l’exaspérait. Parce qu’il n’arrivait pas à lui en vouloir, parce qu’il se posait toujours énormément de questions qui n’auraient jamais de réponses, et aussi parce que plus les jours avançaient, et plus il crevait de ne pas la voir. Il crevait de ne plus l’entendre. Il crevait de ne plus percevoir son parfum. Il crevait de ne plus la toucher. Comme si une punition divine lui était tombée dessus, comme si on l’empêchait d’atteindre ce-dont il avait le plus besoin au monde.
Il glissa une main sur son visage en soupirant. Elle s’était emparé de son cœur, avait joué avec ses sentiments, l’avait rejeté et détruit deux fois, mais il n’arrivait pas à lui en vouloir. En fait, il ne le pouvait pas. Il était navrant de voir comme elle l’avait rendu faible. Et de jour comme de nuit, depuis près d’une semaine, il pensait à elle. Ses nuits s’écourtaient, tandis que ses journées semblaient interminables. Et un seul nom revenait en permanence dans ses pensées, comme s’il eut été impossible de penser à autre chose. Celui de Viper. Celle qu’il aurait voulut continuer à haïr, celle dont il n'avait pu que misérablement tomber amoureux.
Le bruit familier d’une goutte d’eau sur sa joue le ramena à la réalité. Il était à présent sur ce muret, dans le parc. Il releva les yeux vers le ciel. Les gouttes commencèrent à devenir de plus en plus nombreuses. Il ferma les paupières, un grand sourire sur les lèvres. Rien ne remplaçait le bonheur que pouvait lui procurer la pluie. Si ce n’était tout ce que représentait Viper.
« Alors Miss Univers, on prend le soleil ? »
Son cœur manqua un battement. Scié, il écarquilla les yeux. C’était la voix qui lui avait tant manquée. Viper. On aurait pu dire que la coïncidence était grosse, étant donné qu’il était justement entrain de penser à elle, mais le fait était qu’il avait passé sa semaine à le faire, il n’en était donc rien. Déjà, l’envie de se retourner pour la voir, la toucher de nouveau, l’enlacer, l’embrasser s’empara de lui. Il baissa la tête, et se mordit la lèvre inférieure. Incroyable. Inimaginable. La perversion même. Il lui suffisait d’entendre sa voix pour avoir de telles pensées. Il était devenu dingue. Détraqué, aliéné, névrosé, fou. Oui, fou. Fou d’elle. Depuis un certain 30 juillet et jusqu’à maintenant. Il ne pouvait déjà plus penser correctement, le seul son de sa voix lui avait fait perdre l’esprit. Même son « Miss Univers » railleur ne l’avait pas fait réagir. Et pourtant, il ne s’était jamais habitué au surnom. Quoi que. Il tenta alors de reprendre son calme. De penser à l’averse, qui se faisait de plus en plus forte. Puis il ouvrit les yeux. Il sentait la présence de Viper dans son dos, mais il ne se retourna pas. Il se contenta de dire, doucement, sans moquerie :
« Ça t’étonne ? Et toi, que fais-tu là ? »
Il serra soudainement les dents, envahi de mauvais souvenirs. Oui, que faisait-elle là, au juste ? Elle l’avait évité pendant une semaine, et la voila qui revenait le voir. Il sentit une profonde colère l’envahir. Ses mains se crispèrent comme s’il sentait que s’il disait quelque chose, il allait le regretter lorsque sa phrase se finirait. Et il le savait, il allait regretter. Mais il voulait le dire, parce qu’au fond, le dire c’était découvrir. C’était se libérer de la nouvelle souffrance qui s’était emparée de son cœur, depuis qu’il avait de entendu le son de sa voix. Un grand sourire caustique se dessina sur ses lèvres :
« Ouais, t’es là pour quoi au juste ? Te foutre de moi ? Ou alors… »
Il baissa la tête avec douleur. Il avait toujours été un peu lunatique, mais elle, elle le rendait pire que ça, avec elle, il devenait malade, il se contredisait lui-même, ses pensées ne s’accordaient plus avec ses gestes. Avec elle, rien n’avait de sens, parce que quoi qu’elle fasse, ses sentiments ne changeaient plus. Elle pourrait tenter de le tuer, qu’il n’en aurait même probablement rien à faire, parce qu'il l'aimait. La mort, qu'est-ce que ça pouvait-être? Futile souffrance. Souffrance d'un instant. Non, la souffrance, ce qui lui faisait mal, c’était ce qu’elle faisait. Ce jeu. Celui où elle s’amusait et jouait en s’approchant de lui, en le touchant, en lui laissant des désirs et des espoirs qu’un instant plus tard elle piétinait avec jubilation. Ça, ça lui faisait mal. Il murmura, avec une violente colère dans la voix :
« Ou alors tu es là pour me briser encore une fois, après t’être emparée chez moi de tout ce qui pouvait t’appartenir ? »
De tout. De ses journées, de ses nuits, de son discernement, de ses réactions, de ses pensées, de son esprit, de ses cinq sens, de son cœur et de son âme. Elle lui avait tout pris. Alors, maintenant, qu’elle lui rende. Qu’elle lui rende avant que de nouveau, ils s’enfoncent dans ce paradoxe qu’était leur relation.
Toi, ma tendre ennemie, toi, mon cruel amour. Plus tu me hais et plus tu me passionne, plus tu m’aimes et plus ma raison m’abandonne.
Invité
Sujet: Re: Mad About You ~ | Den | Mar 5 Avr - 15:14
« Ça t’étonne ? Et toi, que fais-tu là ? »
Indifférence, rancoeur, colère, elle s'attendait à tout. L'initiale absence de froideur dans la voix du jeune homme l'étonna quelque peu, bien qu'elle se douta de l'imminence de reproches qu'elle avait grandement conscience de mériter. Si elle était venue jusqu'ici, c'était simplement parce que l'envie, l'instinct, l'y avait poussée. Elle avait besoin de sa présence, rien qu'un peu, même s'il fallait pour cela qu'elle endure foudres et blâmes. Elle les attendait, elle ne les craignait pas. Si cela pouvait être libérateur pour Den, alors qu'il s'en donne à coeur-joie.
« Ouais, t’es là pour quoi au juste ? Te foutre de moi ? Ou alors… »
Voilà, on y était. Vas-y Den, crache ce que tu as sur le coeur. Déteste-moi de toute ton âme, peu importe, je ne cesserai pas de t'aimer. Peu importe, se répétait-elle en silence. Elle saurait faire face. Elle tenterait de lui expliquer, si les mots voulaient bien sortir, s'il voulait bien les entendre. Elle savait qu'elle lui faisait du mal, mais elle ne cherchait qu'à se protéger. Se doutait-il seulement qu'il la blessait tout autant ? Le moindre de ses sourires lui faisait l'effet d'un coup de couteau. Et ces baisers... Porteurs d'espoirs qu'elle craignait tant de voir déçus qu'elle n'avait pas vu d'autre solution que d'écourter d'elle-même le rêve. Elle ferma les yeux pour sentir les gouttes tomber sur son visage, des larmes artificielles que le ciel pleurait à sa place, demandant pardon intérieurement. Viper ne s'excusait jamais de vive voix. C'est pourquoi elle fit le choix de ne rien dire, ne trouvant de toutes façons aucune réponse digne à fournir à sa question, retenant des mots pourtant rédempteurs. Rédempteurs mais si durs à prononcer, comme s'ils allaient lui cisailler la langue au passage. Exactement comme le scalpel qui avait tranché sa chair quelques années plus tôt, ouvrant en deux l'organe et tapissant son palais de rouge sang.
« Ou alors tu es là pour me briser encore une fois, après t’être emparée chez moi de tout ce qui pouvait t’appartenir ? »
Alors elle l'avait brisé. Brisé. Le mot était fort et probablement pas choisi au hasard, pensa-t-elle. Il devait réellement l'avoir ressenti comme tel. De quoi s'était-elle emparée, comme il le disait, elle se le demandait ardemment mais se garda bien de poser la question. Elle resta étonnamment calme, laissant échapper un soupir, les yeux toujours clos et tournés vers le ciel, pour finalement s'appuyer en arrière jusqu'à ce que son dos entre en contact avec celui du jeune homme. Il pouvait bien la repousser, elle en prenait le risque, surtout s'il pensait effectivement qu'elle ne cherchait qu'à se foutre de lui.
« Tu comprends pas... » souffla-t-elle doucement.
Il ne comprenait pas, non. Il ne voyait pas que cette douleur était inévitable, à plus ou moins long terme, et qu'elle avait toujours fait le choix d'infliger la souffrance plutôt que la subir. Il ne se doutait pas que ces rejets n'étaient pas dans le but de lui faire du mal, que ce n'était qu'un mécanisme de défense, du putain d'égoïsme dans lequel elle retombait chaque fois qu'il lançait une attaque. Ses mains sur elle, l'impie douceur de ses lèvres étaient des assauts contre lesquels elle n'avait trouvé de meilleure parade, détestable et lâche, que la pure et simple fuite. Eriger de vertigineux murs de silence entre eux, des murs qu'elle regrettait d'avoir bâtis à la seconde même où elle en avait posé la dernière pierre. Puis elle revenait sur le champ de bataille, avec une fierté aussi illégitime qu'insolente, pour finalement battre en retraite une fois encore et recommencer inlassablement ce jeu pervers. Un cycle infernal dans lequel elle les avait englués tous deux, une guerre dans laquelle ils ne pouvaient être perdants ou victorieux qu'ensemble. S'il était brisé, elle l'était également.
« Tu as peur de moi Den ? »
Parce que moi j'ai peur de toi.
Invité
Sujet: Re: Mad About You ~ | Den | Mer 20 Avr - 21:31
La fureur qui s’était emparée de lui ne lui permettait plus de réfléchir correctement. Ses pensées s’étaient transformées en un tourbillon de rage et de violence lié à l’accumulation de ses sentiments, depuis sa rencontre avec elle. Depuis ce mois de juillet, depuis cette pluie torrentielle. Et pourtant, toute cette rage, malgré sa puissance, ne parvenait pas à surpasser un autre sentiment. Cet autre sentiment qu’était la peur. Une angoisse qu’il tentait de cacher mais qui refaisait surface à cause des intenses battements de son cœur. Peur, oui. Mais peur de quoi au juste ? Peur des mots ? Peur de ce qu’il était entrain de devenir ? Peur… d’elle ? Il n’aurait pas su le dire non plus. Il avait l’impression de ne plus rien pouvoir comprendre, que ça vienne d’elle ou que ça vienne de lui. Car là, plus rien n’avait de sens. Le paradoxe était assez amusant, au début. Désormais, il était effroyable. Glacial. Terriblement glacial. Tout comme les seuls mots qu’elle avait pu lui répondre. « Tu comprends pas... »
En un sens, elle avait raison. Mais dans ce cas, qu’elle lui explique. Oui, qu’elle lui explique. C’était si simple à demander. Les mots auraient dû sortir d’eux-mêmes. Mais ça n’était pas le cas. Et cette fois, il avait réalisé la chose, telle qu’elle l’était. Il n’arrivait pas à s’accrocher à une chimère. C’était un peu comme tenter d’attraper le soleil, ou plutôt de décrocher la lune. Un léger sourire se dessina sur son visage. Mais que cherchait-il au juste ? A rester là. Il le savait pertinemment, pourtant. Cette journée se finirait comme les autres. La triste vérité c’est qu’il était devenu assez dingue pour profiter de chaque minute en sa présence, malgré les souffrances qu’il allait payer en retour. Un vrai masochiste. Et la phrase inachevée qui restait sans réponse, appuyée par le seul bruit de la pluie. Il tenta d’entrouvrir les lèvres pour dire quelque chose, mais rien n’en sortit. Il ne pouvait pas répondre, non, vraiment, il ne pouvait pas. Viper avait été révélatrice de tant de choses à propos de lui-même qu’à présent il doutait de ses capacités. Il avait l’impression d’avoir affaire à l’instinct d’un animal fragile, fuyant au moindre geste brusque. Et c’était ce qui lui faisait peur. Atrocement peur.
« Tu as peur de moi Den ? »
De nouveau les mots qui s’accordaient avec une précision impressionnante à sa pensée. Un sourire se dessina vaguement sur ses lèvres. C’était devenu d’une telle récurrence qu’il aurait presque put s’y habituer. Oui, presque. Car voila, il avait l’impression qu’elle était capable de lire en lui comme un livre ouvert. Détestable sensation qu’était le désavantage… Un désavantage. Vraiment ? Pourtant, il ne s’agissait plus d’un ennemi. Alors, de quoi s’agissait-il? D’un amour à sens unique ? Quelle absurdité. Oui Viper, oui, j’ai peur. Mais ce n’est pas toi qui me fais peur. Non, ce qui lui faisait peur, c’était la façon dont elle pourrait réagir à ses mots. La façon dont elle pourrait lui répondre. Ou bien la façon dont elle pourrait le laisser, dont elle pourrait s’en aller, comme si à ses yeux il ne valait rien. La façon dont elle pourrait l’enfoncer plus encore dans l’état misérable dans lequel elle l’avait laissé. C’était tout ça, qui lui faisait affreusement peur. Parce que, il avait presque l’impression que le seul fait d’entendre sa voix lui aurait suffit. En fait, ce n’était pas elle qui lui faisait peur, c’était lui. C’était les conneries qu’il était capable de faire rien qu’en s’écoutant. « Non. Je n’ai pas peur. »
Oh, douloureux mensonge. C’est que, le seul fait de lui dire la vérité l’effrayait. Il avait l’impression que depuis qu’il avait commencé à être honnête, elle le fuyait. Mais était-il réellement capable de dire exactement le contraire de ce qu’il pensait ? Que tous ces sentiments n’étaient qu’une illusion, que rien n’était réel ? Qu’en fait, il ne ressentait absolument rien pour elle ? Il était bien persuadé du contraire. Rien que ces quelques mots prononcés précédemment sonnaient si mal que cela en devenait ridicule. Et puis, quels mots. « Je n’ai pas peur » Den, depuis quand es-tu aussi pitoyable ? Et le pire, c’est que, non seulement il détestait avoir à lui mentir, mais en plus il avait l’impression que c’était inutile. Et ca l’était sûrement. En fait, il ne savait même plus comment agir, comment faire pour qu’elle reste. Tout aurait été bon à prendre, pourvu qu’elle reste. « Honnêtement, ce n’est pas toi qui me fais peur. »
…Ce sont tes mots. Il ne savait plus s’il devait lui mentir où s’il devait être honnête, mais il avait réussi à s’arrêter à temps. Mais pour combien de temps… ? En plus, pourquoi cette question, finalement ? S’il elle disait ça, était-ce parce qu’elle, elle était effrayée, en un sens ? Probablement pas. Sinon de quoi ? Vraiment, il n’y avait rien qui pouvait l’effrayer. Certainement pas quelqu’un comme Den. Ou bien elle détestait à un tel point ses faits et gestes qu’elle avait peur de subir un de ses nombreux agissements déplacés. Il soupira imperceptiblement. De pire en pire. Il n’avait pas spécialement l’impression que Viper soit du genre à avoir peur d’une attitude, mais pour le coup, il avait presque réussi à se convaincre lui-même. Il se retourna légèrement : « Et toi? De quoi as-tu peur ? »
C’était tellement mal formulé. Il allait vraiment finir par la faire fuir de nouveau. Il aurait simplement put oser un court et simple « Pourquoi ? », ou bien une phrase claire telle que « Est-ce que tu dis ça parce que toi aussi, tu as peur de quelque chose ? », mais… Non. Il était abonné aux répliques mal foutues ou mal placées. Et le pire, c’est qu’il n’avait même pas put tenter de se rattraper, comme s’il était trop tard, qu’il avait utilisé le taux de mots qui lui était autorisé entre chaque phrase de Viper. Et puis, si vraiment elle avait peur, elle aussi, il voulait savoir de quoi. Il voulait prendre cette peur, la lui en débarrasser, d’une manière ou d’une autre. Et si c’était lui, qui lui faisait peur… ? Serait-il capable de se débarrasser de lui-même ?
Invité
Sujet: Re: Mad About You ~ | Den | Jeu 21 Avr - 3:56
« Non. Je n’ai pas peur. »
Viper ouvrit les yeux. Elle ne savait même pas réellement pourquoi elle avait posé cette question. C'était une de ces phrases qu'elle s'entendait prononcer sans rien pouvoir y faire, comme si elle était en pilotage automatique. La raison la plus probable, sans doute, restait que cette question était un aveu. C'était elle qui avait peur. Elle, l'intouchable, l'indomptable Viper. Elle avait peur de lui, oui, parce qu'il faisait naître en elle des pensées et des désirs qu'elles ne soupçonnait pas. Des sentiments trop profonds pour ne pas être dangereux, capables de l'anéantir si elle s'y abandonnait et qui la poussaient encore et toujours à faire un pas en avant puis trois pas en arrière. Mais alors il n'avait pas peur, pas même de ces trois pas en arrière qui viendraient tôt ou tard ? Il devrait, pourtant. S'il tenait à elle, ce que nombre de réactions avaient déjà trahi, alors il le craignait forcément. Ses reproches à eux seuls ne venaient-ils pas de le prouver ? Comme s'il y avait besoin de preuve... Le son de sa voix était plus parlant encore que les mots. Il mentait. La peur, elle la reconnaissait. Elle la sentait d'instinct, comme un animal.
« Honnêtement, ce n’est pas toi qui me fais peur. »
Il avait donc bien peur de quelque chose. Clairement. Mais il n'avait pas peur d'elle. De quelque chose qui était lié à elle alors, quelque chose de comparable à sa propre peur peut-être, car elle imaginait mal à cet instant que le sous-entendu soit sans rapport avec la situation présente. Les lèvres de Viper brûlèrent de demander de quoi il s'agissait, mais un espoir aussi incongru que stupide de l'entendre se confier de lui-même l'arrêta net. Au fond pourtant, elle se doutait que cette question resterait sans réponse. Une parmi tant d'autres. Mais était-elle bien placée pour réclamer une explication, elle qui semblait s'évertuer corps et âme à toujours le laisser dans le brouillard le plus total ? Ce serait l'hôpital qui se fout de la charité.
« Et toi? De quoi as-tu peur ? »
Elle s'attendait à cette question, pourtant elle espérait ardemment qu'il ne la poserait pas. Celle-là ou tout autre porteuse du même sens. Avec cet inévitable Et toi ? à la con, grand classique de l'échange social ordinaire et barbant. Elle détestait ça. Tant parce qu'elle n'aimait pas parler d'elle que parce que l'interlocuteur semblait toujours se foutre à moitié (voire totalement) de la réponse qu'on s'apprêtait à fournir. Pourtant Den semblait réellement se poser la question. Le simple fait qu'il se soit légèrement tourné vers elle montrait d'ailleurs à lui seul son intérêt, ce qui garda instantanément Viper de lancer un Qu'est-ce que ça peut bien te foutre ? coutumier. A vrai dire, qu'il se soit tourné vers elle la troublait même légèrement. Si elle s'était décidée à lui adresser la parole, c'était bien parce qu'ils se retrouvaient dos à dos. Parce que son visage ne la distrairait pas, qu'elle ne sentirait pas son regard sur elle. Parce que leurs lèvres ne pourraient pas se rencontrer. Comme si c'était la seule façon d'être près de lui sans s'exposer à cet imminent danger. A cette peur qu'il lui demandait maintenant d'avouer.
« De ce que je ressens. »
De ce que je ressens pour toi, aurait-elle put ajouter. Aurait-elle dû. Deux putains de mots qu'elle était incapable de sortir dans un tel contexte. Elle baissa la tête mais évita toujours de la tourner vers Den, les cheveux trempés lui collant aux joues et gouttant sur son débardeur blanc en y déposant d'irrémédiables tâches verdâtres sans qu'elle s'en rende vraiment compte, ou du moins sans qu'elle ne semble y accorder la moindre importance. Son esprit était ailleurs, à essayer de comprendre ce qu'il se passait tant dans son coeur que dans celui du jeune homme. A espérer qu'il ne lui demanderait pas de plus amples explications. Mais il le ferait, ce n'était qu'une question de secondes. Il le ferait et elle serait obligée de répondre, il y aurait toujours cette espèce d'incompréhensible force qui l'y pousserait automatiquement. Alors il fallait qu'elle prenne les devants, qu'elle s'explique d'elle-même, pour qu'il ne soit pas tenté de poser la question fatidique. Car la meilleure défense resterait toujours l'attaque.
« Parce que maintenant que j'ai identifié ce que je ressens, j'ai compris que c'était un danger. »
Elle remarqua qu'elle s'était mise à trembler, non pas de froid car elle n'y faisait même pas réellement attention, mais par pur et simple stress. Ce stress que l'on ressent lorsqu'on avoue à demi mot ses sentiments à l'être aimé, car après tout, sa tirade n'était qu'un long code pour Je t'aime mais j'ai trop peur d'en souffrir. Elle soupira pour tenter de se calmer, se penchant vers Den jusqu'à ce que l'arrière de sa tête entre en contact avec la sienne, contre laquelle elle resta lestement appuyée. Elle n'aurait su dire à cet instant si elle avait bien fait ou non de laisser échapper cette phrase, se sentant aussi anxieuse quant à ce que Den allait bien pouvoir en comprendre et en dire que soulagée d'avoir put se confier. De permettre éventuellement au brouillard dans lequel elle l'avait plongé de s'éclaircir, de lui faire comprendre qu'elle ne cherchait pas à le blesser mais à se protéger. En clair, qu'elle préférait souffrir de ne jamais l'avoir que souffrir de le perdre.
Invité
Sujet: Re: Mad About You ~ | Den | Lun 25 Avr - 16:25
« De ce que je ressens. »
La peur de ses propres sentiments. Que pouvait-il répondre à ça ? Il n’était même pas sûr de comprendre le réel sens de ses mots. Et lui qui se disait plus tôt qu’il prendrait cette peur et la réduirait à néant, quel héros pitoyable. Pourtant, au fond, il savait. Dans la présente situation, cela ne pouvait être que les sentiments qu’elle avait envers lui. Sinon quoi ? Cela ne pouvait être que ça, et pourtant, il n’osait pas se l’assurer. Il n’osait pas traduire des mots dont il n’était pas sûr de la signification, encore par peur. Par peur de se tromper. Par peur de faire quelque chose qu’il regretterait par la suite, comme la plupart du temps. En fait, Den s’était rendu compte, en se rapprochant de Viper, qu’il était un vrai lâche. Il avait beau se montrer arrogant à longueur de journée, son ton méprisant ne faisait que cacher ses craintes. Et maintenant qu’il s’était attaché à elle, qu’il ne voulait la perdre sous aucun prétexte, même sa fierté ne faisait plus le poids pour cacher sa pusillanimité. Mais, elle aussi avait peur. Et si c’était bien de ce qu’il se risquait à peine à penser, il voulait savoir. Pourquoi ? Pourquoi de ses propres sentiments ? Qu’est-ce qui lui faisait peur ? Il tenta de nouveau un regard vers elle, mais elle restait de dos. Alors qu’il allait lui demander, un éclair se dessina dans le ciel, suivit de près par un grondement agressif.
« Parce que maintenant que j'ai identifié ce que je ressens, j'ai compris que c'était un danger. »
Un léger sourire se dessina sur ses lèvres, alors qu’il retourna à sa position initiale. Il aurait dû deviner. Viper avait ce don de répondre à ses pensées. Don qui l’amusait mais qui en même temps le troublait. Car lui aussi, aurait aimé pouvoir lire dans les siennes. Ainsi, il aurait dit les mots qu’elle voulait entendre. Au contact du dos de Viper, il serra les dents. Depuis combien de temps n’avait-il pu la toucher ? Il ferma les yeux, tentant de retrouver ses esprits, et surtout de contrôler ses envies mal placées. Un danger. Viper voyait ses sentiments comme un danger ? Pour elle-même ? Ou alors pour qui ? Pourquoi ? Un danger… La peur de souffrir, alors. Peut-être ? Etait-ce possible ? Un souffrance. Qu’il lui fasse du mal ? Comme s’il y avait un quelconque moyen pour qu’il se désintéresse d’elle. Il passait à peu près 23h30 sur 24 de la journée à se demander comment faire pour tenter de l’avoir près d’elle ne serait-ce qu’une minute, comment pourrait-il faire quelque chose qui aille dans le sens inverse ? Alors, il s’agissait juste une peur comme celle-ci ? Mais si par hasard il s’était encore trompé, si par hasard il partait encore dans des déductions impossibles, ou plutôt improbables ? Comment savoir ? Il ne fallait s’hasarder à rien. Réfléchir, et agir correctement. Sans improvisation, avec réflexion. Regardant le ciel d’un œil légèrement angoissé, il se pencha en arrière, pour s’approcher de l’oreille de Viper. Et cette vieille et connue sensation de chaleur dans les joues, et le cœur qui se mettait à battre à lui en rompre la poitrine, même lui ne pouvait que se demander qu’est-ce qu’il était entrain de foutre. En sa présence, il lui semblait que son cerveau et son cœur étaient dissemblables. Une sorte de schizophrénie s’emparait de lui. Il approcha ses lèvres de la jeune fille pour lui murmurer :
« S’il s’avérait qu’il y avait vraiment un quelconque danger dans ces sentiments, tu ne serais pas là, car tu l'aurais senti. »
Une chose sur laquelle son cœur et son esprit ne pouvaient que s’accorder. Viper sentait les choses, tout comme elle semblait pouvoir lire dans les pensées de Den. Et puis, comment aurait-il pu lui faire du mal? Ici, sentir signifiait comprendre. Depuis qu'ils se connaissait, n'avait-il jamais cessé de montrer avec maladresse son engouement pour elle? Parfois en laissant échapper quelques mots de trop, parfois en gestes incontrôlés, qu'il avait fait passer pour un jeu. Den se releva, et passa au dessus du banc, pour se poster devant elle, un grand sourire sur les lèvres : « Tu ne crois pas, Viper ? »
Il pouvait avoir raison, après tout. Mais il pouvait aussi avoir tord. Il venait quasiment d’annoncer qu’il avait compris qu’il s’agissait des sentiments qu’elle avait envers lui. Et le petit prince qui souriait toujours, imperturbable. Pares-toi de ton masque d’assurance, Den, si tu penses que ça peut t’aider. Comme si Viper n’allait pas s’apercevoir que tu es mort de trouille.
Invité
Sujet: Re: Mad About You ~ | Den | Mar 17 Mai - 14:40
« S’il s’avérait qu’il y avait vraiment un quelconque danger dans ces sentiments, tu ne serais pas là, car tu l'aurais senti. »
Pourquoi, bon sang, pourquoi fallait-il qu'il agisse ainsi ? Cette proximité, ces paroles, ce murmure... Quelle belle tentative de la rassurer. Les mots en eux-mêmes n'avaient que peu de sens pour Viper, étant pleinement consciente qu'elle s'était plus ou moins jetée dans la gueule du loup en venant ici, mais l'intonation avait été suffisante pour lui arracher un long et somme toute délicieux frisson. Elle avait cette impérieuse envie de lui demander d'arrêter. Arrêter d'être tout sauf détestable, parce que ce n'était pas fair-play. Comment veux-tu que je me protège de toi si tu me balances toute ta perfection à la gueule? lui demandait-elle en silence, les mots ne dépassant pas le stade de la pensée.
« Tu ne crois pas, Viper ? »
Elle ne croyait pas, non. Certes il tentait de lui faire comprendre qu'il ne comptait pas lui faire de mal, et elle voulait tellement le croire ! Mais danger il y avait néanmoins : elle s'était rendue ici en toute connaissance de cause, sachant pertinemment qu'elle le regretterait bien assez tôt, mettant son coeur à rude épreuve, et il était en train de lui prouver à quel point elle avait raison. Mais le fait qu'il se soit levé et se trouvait à présent en face d'elle était plus ou moins le coup de grâce, accaparant son regard comme son esprit et l'empêchant de réfléchir décemment : Il lui fallut baisser les yeux pour arriver à formuler une réponse correcte. Dieu qu'il pouvait être beau, ce petit con.
« Ce que je crois, c'est qu'il y a toujours une part de danger dans ce genre de sentiments. Que tu le veuilles ou non, tu es dangereux pour moi... »
Dangereux pour elle comme elle pouvait être dangereuse pour lui. Ils allaient se faire du mal, tôt ou tard. Probablement par sa faute à elle. Se croyait-il capable, lui, de rester avec elle ? Elle le savait capable de choses improbables, le simple fait qu'il ait fait de son coeur son captif en était la criante preuve, mais la seule chose dont elle ne douterait jamais était le caractère purement invivable dont elle faisait preuve au quotidien. Il finirait par la haïr pour de bon et elle ne pourrait s'en prendre qu'à elle-même. Mais comment lui faire comprendre cela alors qu'il arbore ce sourire désarmant ? Non, elle avait préféré simplifier au maximum, tronquant son explication pour passer pour la victime. Victime, elle l'était. Victime de ses sentiments. Pourtant la véritable victime, celle de son rejet, c'était bien lui. Mais lui dire clairement qu'elle le rejetait également pour son bien à lui, comment le prendrait-il ? Peut-être cela lui ferait-il perdre ce sourire, cette parure de mensonge qu'elle voulait voir tomber. Pourquoi ce sourire, Den ? Es-tu aussi terrifié que moi à cet instant ? Aurais-je réellement mieux fait de ne pas venir jusqu'à toi ? Mais...
« ... Mais je suppose que le danger m'attire. » souffla-t-elle doucement, ne se rendant compte que quelques instants plus tard de tout ce qu'impliquait cette simple phrase, teintant ses joues d'un rose qu'on ne lui connaissait pas.
Invité
Sujet: Re: Mad About You ~ | Den | Lun 6 Juin - 1:53
Elle baissa la tête, évitant son regard. Le poing de Den se serra dans sa poche, et son sourire s’affaissa bien malgré lui. Même pas foutu de faire croire que tout allait bien. Car rien n’allait. Ton regard fuit, Viper. Ton regard fuit et je suis là, comme un con. Est-ce que j’aurais l’air encore plus con, si je te demandais de me regarder ? Il en avait tant besoin, de son regard. De sa considération. Là, il sentait presque que c’était sa façon à elle de lui dire « Désolée ». Mais il ne voulait pas de ça. Des excuses, c’était lui dire d’arrêter. Des excuses, c’était pire que partir sans rien dire. Des excuses, c’était en quelque sorte une métaphore de « Je ne veux plus te voir ». Ce « désolé » qu’elle disait si peu, et qu’auparavant il aurait jubilé d’entendre, aujourd’hui lui foutait la trouille plus que tout.
« Ce que je crois, c'est qu'il y a toujours une part de danger dans ce genre de sentiments. Que tu le veuilles ou non, tu es dangereux pour moi... »
La phrase d’illustration de ce désolé silencieux venait de lui arriver en pleine gueule. Et alors quoi ? Alors rien du tout. Den n’avait, encore une fois, rien à dire. Il aurait pu partir, faire comme si ça ne l’atteignait pas, ou au contraire, s’énerver contre elle, pas pour les espoirs qu’elle lui avait donné mais la façon dont, au fur et à mesure, ils avaient été réduits à néant. Mais à quoi cela aurait-il servi ? Si ce n’est à s’enfoncer plus encore. Car, depuis le début, il s’enfonçait tout seul. Il n’avait besoin de personne pour ça. Alors qu’il aurait pu tenter de l’oublier, il pensait constamment à elle. Pire, il la cherchait du regard lorsqu’il y avait une chance qu’elle soit dans les parages. Alors qu’il aurait pu l’ignorer, lorsqu’elle était venue le voir, il lui avait répondu. Alors maintenant qu’il se faisait jeter à nouveau, il ne pouvait rien répondre. Et il se sentait juste encore plus con. Pourtant, il n’y prêtait même plus attention. Il se disait simplement que, au fond, il savait que tout allait se finir ainsi. Depuis le début. Peut-être même avant que ce jeu n’en soit plus un. Ils s’étaient détestés. Non, haïs. Et lui s’était accroché à quelque chose qui n’existait pas. Une chimère. Il ne s’en voulait pas vraiment, mais il se disait que la scène devait être hilarante, à regarder de loin. Le petit prince avec son égo surdimensionné qui tombait amoureux de celle qu’il avait un jour qualifiée d’ennemie. Petit prince qui força de nouveau un sourire lorsqu’il vit que Viper s’apprêtait à parler. Il avait porté ce masque tellement de fois qu’il revenait comme un automatisme dès qu’il en avait besoin. C’était à en pleurer de rire.
« ... Mais je suppose que le danger m'attire. »
Son cœur manqua un battement. De nouveau, un vide insolent s’empara de son esprit. Il n’arrivait plus à mettre ses idées en place. C’était dingue de voir à quel point sept mots, rien que sept petits mots de Viper pouvaient le perturber. Où chercher une quelconque fierté après ça ? Réveilles-toi, Den, ta fierté, avec elle, tu l’as abandonnée depuis longtemps. Tu te pares d’un sourire pour te donner de la confiance mais de toute façon, c’est strictement inutile, car elle lit en toi comme dans un livre ouvert. Le cœur de Den se mit à battre à la chamade. Le danger m’attire. Tu es dangereux pour moi. Le danger m’attire. Il se répétait ces deux parties de phrases, comme si cela pouvait l’aider à se concentrer sur la bonne déduction. Mais le truc, c’est qu’il n’en voyait qu’une, de putain de déduction. Soit il se voilait la face à un tel point qu’il n’était pas capable de voir autre chose que ce qui l’arrangeait le plus, soit il avait totalement perdu le peu de qualités qui lui restait, soit dans la situation présente son imagination. Et il ne savait pas s’il devait voir ça comme une bonne chose ou pas. Mais il brûlait de savoir. Il releva doucement les yeux vers Viper, à la recherche d’une aide quelconque. Et là, de nouveau le blocage. Ou alors le choc du siècle. Viper. La Viper. La cynique Viper. La méprisante Viper. Celle qui lui avait craché des mots de haine était là, sous ses yeux, le rouge aux joues. Et lui qui avait tant hésité à la regarder, ne pouvait maintenant plus détourner les yeux de son visage. Parce que c’était incomparable. Incomparable de voir à quel point elle pouvait être adorable. Qu’est-ce qu’il pouvait faire ? Oui, que faire face à ça ? A part sentir des désirs indécents monter à lui à une vitesse fulgurante. Rien. Non, là, il ne pouvait rien faire. A part mourir d’amour. Il avait perdu son sourire. Il se pencha vers elle, et glissa doucement sa main dans ses cheveux suintants. Il eut le vague souvenir d’une certaine journée de pluie. Ces cheveux, toujours aussi doux. Indescriptible sensation de bien-être. Putain. Putain. Putain. C’est juste des cheveux Den, calmes-toi. Sauf que non, il n’y arrivait pas. Impossible. Il l’attira à lui et se pencha vers son oreille. Il sentit l’odeur enivrante de ses cheveux, et ferma les yeux avec délectation. Dieu comme il l’aimait. Ses lèvres s’entrouvrirent et murmurèrent : -Tu as raison d’avoir peur, tu ne sais pas ce que tes mots peuvent provoquer.
Non, elle ne savait pas. Elle ne devait pas se rendre compte de ce que la moindre de ses paroles, de ses gestes, de ses soupirs pouvait provoquer en lui. Sensation horripilante de n’être guidé que par des sentiments. Ces sentiments qui l’emprisonnaient. Et le pire c’est que même s’il avait pu s’en débarrasser, il ne l’aurait pas fait. Den avait toujours peur de la voir partir. Il se demandait si cette peur allait subsister pour toujours. Il craignait de la voir changer d’avis à nouveau, parce qu’il aurait fait quelque chose de déplacé. Mais plus-il détaillait son visage du regard, et plus l’envie était forte. Sa peau. Ses yeux. Ses sourcils. Son nez. Ses joues. Ses lèvres. Ses lèvres. Il en crevait. Le refaire. Il ne savait pas ce qu’il aurait fait pour le refaire. Il glissa ses doigts sous son menton, l’approchant de lui. Et il souffrait de réprimer ses envies, d’enfouir ses désirs. Il savait qu’autrement elle le fuirait, qu’il ne pourrait pas le supporter. Mais c’était trop dur. Il n’y parvenait pas. Ces sentiments. Ils prenaient beaucoup de place. Tellement que ses désirs ne tardèrent pas à refaire surface. Mais encore une fois, comment résister ? C’était impossible. Un sourire se dessina sur ses lèvres, alors que ses yeux se tournaient vers les siens. -Et dans ce cas je veux vivre dangereusement. C’est tellement plus amusant.
Il s’approcha d’elle plus encore et déposa un doux baiser sur ses lèvres. Il en avait rêvé. Il ferma les yeux. Un instant seulement, un court instant dont il se délecta. Puis il revint à sa place initiale. Il n’y avait pas de mots pour décrire ce qui s’était passé. Ses lèvres ne lui avaient que trop manquées. Un sourire éclaira son visage. Mais pas ce sourire sarcastique, qu’il avait constamment. L’autre, celui qui semblait doux. Pourtant il avait toujours cette crainte. Mais il tentait de l’ignorer. Après tout, lui-même venait de le dire, vivre dangereusement était tellement plus amusant.
Contenu sponsorisé
Sujet: Re: Mad About You ~ | Den |
Mad About You ~ | Den |
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum