Sujet: Les écrits et les romans. Mar 12 Avr - 23:13
Je poste ici mes écrits et mon inspiration, bientôt j'écrirai un livre *0* ...Si je m'en sens le courage x) /PAN/
Le Beau Rêve
Spoiler:
Je ne sais que trop imaginer, ni même par où commencer. Peut-être par le début ? Peut-être par la fin ? Comment pourrais-je le savoir ? Je n’arrive même pas à revenir dans la réalité…C’est une éternité. Certainement douce, ou bien écœurante. Remplie de mots, de sentiments et tant d’autres choses. Ca n’existe pas et en même temps on y croit, on y croit parce que cette infinie splendeur nous permet de nous envoler loin de la tristesse et du désespoir…N’es-tu pas d’accord avec moi, Camille ?
Je n’ai jamais réussi à me défaire de ton image, de cet irréel qui t’entoure et te conserve. Dans mon âme, tu as toujours pris la place d’un souvenir. Douloureux. Poignant. Vivant…A chaque instant, des larmes inondaient mes yeux. A chaque seconde, je me recroquevillais sur moi-même. A chaque vie passée, je fermais mes yeux pour ne plus te voir. Alors arrête. Arrête. Arrête de me faire souffrir, Camille…
Dans cette réalité m’appartenant, tu te tiens debout. Comme à ton habitude, tu as attaché tes cheveux, une mèche rebelle caressant les courbes sinueuses de ta joue. Mon cœur se serre. A jamais. Je te croyais mort. Tu l’étais. Mais tu es là. Tu me regardes. Je me noie dans ces yeux. Je m’étouffe par ta silhouette. Tout ton être m’enveloppait dans un voile d’amertume et de remord épais et noir. Peu à peu, je pleure. Des larmes de tristesse. Des larmes de joie. Je ne sais plus très bien ce que c’était. Mais j’étais heureuse. Mais j’étais triste. Cette sensation grandissant en moi…L’espoir ? Un doux mot qui m’a trahi. Hypocrite, sale hypocrite. Qu’en penses-tu, Camille ?
J’entends tes pas. J’aimerai courir vers toi. J’aimerai fuir. Peut-être même mourir ? Ta vision me rend heureuse, et ça me fait peur. Oui, peur. Car tu n’es pas réel, et lorsque mon imagination s’arrêtera de me souffler du bonheur, tu partiras. Tu partiras sans un mot. Comme à ton habitude. Ca me fera mal. Alors je baisse les yeux. Je ne veux surtout pas te regarder ! Même si je ne te reverrais plus, je ne te regarderai pas. Ca me tuera. Oui, j’ai peur du bonheur ! Être heureux signifie souffrir lorsqu’il n’y a plus rien…J’ai trop été heureuse. Avec toi. Avec nous. Et regardes où ça m’a mené, Camille.
Ca résonne. Ca chuchote. Ca chante. Je ne connaissais pas ce son. Mais il me faisait pleurer. Encore et encore. Ta voix…Ton murmure dans mon oreille. Tes mots qui m’achèvent en m’apaisant. Ah ! J’aimerai qu’ils s’envolent ! Je voudrais que ces paroles partent à jamais, arrêtent de s’immiscer en moi pour me bercer d’illusions ! Je t’en prie Camille, aies pitié de mon âme. Je te supplie de mourir encore une fois…
Cette odeur. Ô que je l’avais oublié ! Elle m’empoigne férocement, elle me détruit, m’empoisonne, me caresse et m’embrasse fougueusement. J’aimerai crier. Hurler d’arrêter. De torturer. Mais le silence rampait à mes lèvres comme un serpent vicieux et rusé…Je ne pouvais qu’ouvrir les yeux, et te fixer. Une inondation d’amour, de passion. Je me noyais, ne pouvant atteindre la surface, tendant la main vers ce sourire si calme…Mes cris, tu ne les entends pas. Tu ne les à jamais entendus. J’ai mal. Je suis heureuse. J’ai mal. Ah ! Ce bonheur ne peut qu’être une punition que de t’avoir abandonné, tu m’en veux, Camille, tu m’en veux de t’avoir laissé…
Je ne peux plus supporter cette vision. Ce souvenir flou qui me berce d’illusions. Je ne veux plus que me recroqueviller sur moi-même, pour ne plus te voir. Mais je reste là. Pétrifiée par ton être, ta silhouette, tes cheveux chatouillant mon visage. Tu as l’air si vrai…Tellement réel que s’en est douloureux. J’aimerai avancer ma main pour prendre la tienne, te donner cette réponse que tu as tant attendue. Ton sourire. Ta voix. Ton odeur. Une danse merveilleuse qui m’empêche de te frôler, de t’aimer…Tu n’es pas Camille, tu ne l’as jamais été. Pourtant, je voudrais y croire. Tant y croire.
Tu te rapproches. Mon cœur bat fort. J’attends la fin. Elle arrive toujours là, à l’apogée d’un bonheur que j’aimerai refuser. Oui, je refuse. Je refuse car ce n’est qu’un mensonge. Un être creux. Un clone sans sentiments. Mais, je n’y arrive pas. J’ai beau essayé, je veux inlassablement me laisser tomber dans ces bras, dans cette aura que j’ai toujours convoitée…Alors, j’attends. J’attends que tu t’en ailles, sans même avoir terminé ta phrase. La réalité m’empoignera, m’emmenant dans ce monde empli de froideur, détruisant mon cœur, encore une fois.
Pourquoi cela ne se termine-t-il pas ? Pourquoi es-tu toujours là ? Tu as fini de parler. Tu m’attends. Tu ne t’es pas en aller. Et soudain, je peux te toucher. Dis-moi Camille, ai-je le droit de t’aimer ? Ai-je le droit de te serrer contre moi ? Tu es si doux, Camille. Je ne m’étais jamais souvenu de cela. Je ferme les yeux. Je rejoins la surface pour faire face à ce Soleil tant convoité, à ce visage si souvent disparu. Des larmes coulant des yeux ridés. Un sourire imperceptible. Un nom au coin des lèvres. Une vie enfermée dans un rêve devenu éternel…
Le Dilemne de ma vie
Spoiler:
Le ciel hurle sa colère meurtrière, des cris se déchaînent dans la profondeur de la nuit. On attend désormais le diable au détour d’un nuage. Je fixe donc cette toile sombre, prête à s’écrouler sur mon visage larmoyant. Non, il ne pleut pas, en tout cas ce n’est pas le ciel qui pleure mais bien mes yeux emplis d’espoir…Car oui, je ne comprends pas, je ne comprendrais jamais pourquoi la Vie a voulu combler la mienne de tant d’injustices et de désespoir. Quelle cruauté. Et dire que d’autres voient la leur pleine de merveilles et de sourires…Et je suis clouée là, sur cette place pleine de porcs et d’autres de mes consœurs.
Elles aussi, elles sont lasses de ce travail. Elles aussi, elles prient pour une vie meilleure. Elles aussi, vont mourir de maladie ou bien du manque d’hygiène…On fixe encore une fois le ciel orageux. Peut-être va-t-il pleuvoir après tout, signe de repos et de rire. On s’abritera sous le marronnier de l’avenue nord, en fixant les voitures qui passent, choisissant celle que l’on aura plus tard, nous racontant mutuellement nos avenirs rêvés ; « Plus tard, j’aurais une maison avec un chien, un labrador qui s’appellera Teddy ! », « Moi, j’aurais un château dans lequel j’organiserai des bals », « Et moi, une plage privée sur laquelle je m prélasserai toute la journée ! ». Quels beaux espoirs ! Qu’il est touchant de voir que des prostitués sont des personnes banales, n’ayant pas en tête la seule idée d’exposer leur intimité à des malotrus sans scrupules. Puis une voix fluette s’élève dans la foule de mini-jupes, de hauts talons et de gigantesques décolletés ; « Moi, je retrouverai l’homme de ma vie, pour vivre dans ses bras, me contentant de son regard comme protection du malheur ». On roule des yeux, on soupire. Oui, c’est encore moi, la petite fille de 16 ans aux cheveux blonds et bouclés, au regard innocent. Elle n’est pas habillée de shorty, l’enfant de la nuit, juste d’une robe blanche la faisant passer pour une jeune mariée. « Allons Marie, tu sais bien qu’il ne reviendra pas, il est comme les autres ! ». Je souris, acquiesçant à ce mensonge, m’y accrochant tant bien que mal…
Mon cœur cassé, brisé en milles morceaux, éparpillés dans la belle capitale française. Ils hurlent tous de douleur et de terreur d’être laissés à l’abandon. Reviens, reviens âme de ma vie ! Ne me laisses pas dans cette boue immonde. Je t’en prie, protèges-moi de ces gens vides de tout sentiment…Oh amour des prés, pourquoi m’avoir quitté ? Tes mots si doux résonnent encore à mon oreille. Je me rappelle cette nuit de pleine lune, où tes beaux yeux océaniques plongent dans les miens rougis par mes pleurs. Je me rappelle de ton sourire et de ta main caressant délicatement ma joue. Non, toi, tu ne me maltraites pas, tu m’aimes et tes lèvres posés sur mon front sont pour moi la plus belle des médecines…Jamais je n’ai ressenti cela. Jamais l’on ne m’a dit je t’aime. Mais alors, pourquoi es-tu parti ? Pourquoi m’avoir volé ce qui m’était le plus précieux ?
« Comment peux-tu croire que l’on peut aimer une pute parisienne ? Nous ne faisons pas partis du même conte, Ange de ma nuit. Pars de ton côté, oublies moi comme je t’ai déjà oublié. ». Oh, que tes mots sont durs ! Eux qui embrassaient mon cœur flétri par tant de violence, qui calmaient mes inquiétudes, les voilà en train de m’étouffer pour me faire taire. Je ne savais pas qu’aimer apportait la Mort…Sur ce toit d’immeuble, dans cette si belle nuit, mes larmes coulent pour donner à Paris, un semblant de tristesse. Ce n’est pas possible, me dis-je encore. Pourquoi moi, pourquoi pas à d’autres ? Et je m’élance vers cette ombre me tournant le dos, après tout, peut-être ne le pense-t-il pas ? Peut-être n’est-ce qu’un rêve et qu’il va se retourner pour me sourire…Je parle, je lui dis que je l’aime, que je ne pourrais plus vivre sans lui, que je me tuerais s’il me laisse là. Sur quoi il hausse les épaules en me répondant « Fais comme tu veux ». Rien, non, rien ne transparaissait dans ses paroles. Il s’en moquait de moi…Il me haïssait. « J’ai déjà quelqu’un ». Il m’achève. Un couteau de glace pénètre mon cœur déjà brisé. Je ne pleure plus, le temps s’est arrêté à jamais. Seules les voitures roulant au pied de l’hôtel font échos à ce vide…
« Quelqu’un ». Je ne savais pas qu’un tel mot pouvait faire du mal. Et en moi se déchaîna un combat sans fin dans lequel l’amour et la haine se dévoraient et s’entretuaient. Ce combat fût si puissant que même mon corps restait immobile, attendant la fin fatidique de la lutte du désespoir.
Il ne m’aime plus, autant mourir, je ne pourrais vivre sans lui une seconde de plus. S’il me laisse là, comme ça, je ne serais plus rien…Rien. Quel mot haïssable ! Après tant de choses passées ensemble, après que la Vie eut pitié de moi et me donna un semblant de bonheur, le revoilà partit, à peine fût-il goûté…Je ne peux pas revenir à cette vie extérieure où le monde attend de me critiquer et de m’arracher mes quelques lambeaux d’égo. Non, je ne pourrais pas…Le ciel me tend les bras. Il suffit juste d’une marche à monter puis de me laisser tomber dans le vide. Une mort propre et nette. Personne à mes funérailles. Seule, à jamais seule. Mais une souffrance de moins, apaisée par la Mort, douce amie de mon cœur. Je n’aurais plus à souffrir, à entendre hurler mon ardeur…Mais lui ?
Oui lui, peut-être a-t-il de l’espoir ? Ami de la vie. Il suffit d’y croire, de faire un vœu, et tout redeviendra comme avant. Mon âme sœur se retournera, embrassera mon grand front avant de dire « C’est fini, n’aies plus peur, je suis là désormais… ». Oui, malgré mes malheurs, je peux encore y croire. Il m’aimera. Il doit m’aimer ! Sinon, je ne serais plus qu’une enveloppe vide, sans âme, ni conscience. Sans lui, je ne serais rien. Que le Néant me terrifie ! Que l’idée même de le voir sans moi me brise le cœur ! Et pourtant, cette phobie était en train de se réaliser. Non, non ! Cela ne se peut ! Il ne peut pas, il ne peut pas me laisser ainsi ! Plus d’attaches, la chute infinie dans les profondeurs du supplice. Cet homme possède un cœur, sinon il ne m’aurait pas regardé, dans cette petite ruelle plongée dans l’obscurité, à demi-mourante…Oh mon amour, je t’en prie ! Apprends moi la Vie, ne me laisses pas dans les bras de la Souffrance !
La Vie, La Mort, la Vie, la Mort. Et cette belle journée ensoleillée ? Le voilà qu’il me tourne le dos, face au vide. Que dois-je choisir ? Apaiser mon cœur mourant, ou bien affronter encore une fois mes malheurs ? Non, aucun des deux. J’ai juste levé bien haut les mains pour le pousser de toute ma force dans le vide. Et c’est fini. Plus rien. Plus d’avenir. Plus d’espoir. Plus rien. Juste le Néant…Finalement, il n’est pas si mal que de vivre sans tout cela. Et je me retourne, le regard vide, vers ma petite place, pour continuer mon travail. Pour continuer ma Vie d’enfant prostituée.
Invité
Sujet: Re: Les écrits et les romans. Ven 22 Avr - 13:12
Hum... J'avais déjà lu tes textes. Je jour même ou le lendemain, je ne me souviens plus très bien... Et... Et bien. J'aime beaucoup! C'est vraiment bien écrit! Si je n'ai rien dit la première fois c'est que, comme là, ce que je dis n'est pas intéressant: Je ne sais pas commenter ce que font les autres. Je ne peux pas te dire ce que j'ai aimée et pourquoi... Alors je me disais que ce n'était pas grave si moi je ne disais rien, et que d'autres venaient commenter. Mais apparemment personne n'a rien fait... (Ou peut être par MP?) En tout cas je voulais que tu sache que moi je suis fan! Et que si tu sors un roman je veux le lire!
Donc, désolée, j'ai parlée pour ne pas dire grand chose... Mais je trouve que tes textes méritent d'être commenter. Et... Voilà.
Sujet: Re: Les écrits et les romans. Ven 22 Avr - 13:18
Bon je suis obligée de dire que Dino, t'es vraiment trop mignonne.
Ca c'est fait. Maintenant.
Eden, t'es vraiment très douée.
*s'en va en gambadant.*
Invité
Sujet: Re: Les écrits et les romans. Mar 26 Avr - 4:17
Oooh c'est tout beau, j'aime beaucoup ton style, c'est simple et fort a la fois, on se sent vraiment pris dedans. ** Continue comme ca quoi. <3
Invité
Sujet: Re: Les écrits et les romans. Sam 7 Mai - 15:20
Merci à vous >< !! Je poste une nouvelle écrite en février dernier ;D ! Une petite nouvelle unh TT
Spoiler:
« Elle est condamnée »
Ce furent les premières paroles du médecin dès mon arrivée en ce monde. Maman a demandé pourquoi. Papa a pleuré.
« Elle est trop frêle pour résister à l’hiver. Elle est atteinte d’hyperthyroïdie. Je lui donne quelques semaines. »
Maman a fermé les yeux. Elle n’a versé aucune larme. Finalement, entre elle et Papa, c’était la plus forte. Elle s’occupait de tout dans la maison. Même enceinte de huit mois et demi. Sa vie consistait à nourrir les quatre enfants de notre famille. Puis le cinquième est arrivé. S’il mourrait, ça ferait une charge en moins dans la maison. Je sais qu’elle s’est même posé la question s’il n’y avait pas possibilité de me tuer dès maintenant. Maman n’est pas un monstre. En fait, Maman est composée de deux parties. J’ai découvert cela un peu plus tard ; il y a Maman et Elizabeth. Elizabeth c’était la cruelle, la glaciale et méchante femme qui me battait quand elle était en colère ou que j’avais fait une bêtise. Maman c’était la bienheureuse, la jolie fée, les bras réconfortants. Souvent, Elizabeth prenait le contrôle de Maman, mais après m’avoir frappé, elle disparaissait pour laisser Maman pleurer sur mon corps blessé et s’excuser de sa violence. Moi, je ne voulais pas de ses excuses, après tout, c’est Elizabeth qui me frappait, Maman elle était adorable. Adorable…
« Cela fera cinquante livres. »
Monsieur Blossom sortit quelques roubles de sa poche et les tendit au médecin en laissant quelques larmes sur le métal vieilli. Le docteur les essuya sur sa blouse avant de les mettre dans sa poche et de partir comme si de rien n’était. Comme si la mort d’un enfant était chose normale, chose qui arrivait tous les jours dans son monde à lui. Maman me prit dans ses bras pour me bercer, frêle enfant à la peau livide et aux cheveux de cristal.
« Au moins trouves lui un nom. »
Ce fut Julien qui dit ces paroles ; le premier fils de la famille. Un peu bourrin, comme Elizabeth. Mais il ne frappait qu’avec les mots. Papa s’offusqua de voir son fils ainsi entrer dans la chambre de Maman. Sauf que Papa ne savait pas qu’en réalité son rejeton couchait avec sa femme. Un inceste ? Un demi puisqu’il n’était pas le fils de Maman. Je portais peut-être le sang de mon demi-frère dans mes veines. Je ne me suis jamais posée la question de qui était mon vrai père, pour moi, Papa s’occupait beaucoup mieux de moi que Julien. Ce dernier me réprimandait à chaque instant. Il me semble qu’il ne m’a jamais vraiment aimé, bien que la possibilité que je sois sa fille fût présente…
« J’aime bien Deserty. »
Maman murmura d’un accent russe le mot anglais. Oui, Maman vient de Russie ! Elle était chanteuse de cabaret. « Une jolie voix et une langue bien agile » disaient les spectateurs. C’est Papa qui m’a confié ce secret d’un ton très fier. Il disait qu’il a eût du mal à conquérir Maman. Il fallait la combler de cadeaux pour qu’elle détourne au moins le regard sur l’expéditeur. Puis il s’est ruiné afin qu’elle l’accompagne en Angleterre. Là-bas attendaient Julien âgé de quatorze ans, son petit frère de neuf ans et leur mère qui fut assassinée par Elizabeth puis jetée dans la rivière deux jours après son arrivée.
« Va pour Deserty, alors. »
Papa me prit dans ses bras et sourit, ses larmes coulant sur ma joue sans vie. Il avait peur de me perdre. J’étais sa première fille. Il en voulait une depuis longtemps. Pour lui, la vie était rose. Cependant il travaillait beaucoup, même âgé de soixante ans. Sa barbe rêche m’a toujours plus. J’adorais la caresser et la tirer dans tous les sens. J’ouvris mes yeux, ceux qui ne furent décrits par aucune personne et ne le seraient jamais. Je souris puis ris. Papa lâcha un petit sanglot, Maman roula des yeux pensant certainement qu’il était trop fragile. Julien ne fit que hausser des épaules avant de sortir de la chambre. Finalement, je suis née dans une famille normale, non ?
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« Deserty, s’il te plaît, va surveiller la grange pour que la fée des forêts ne vienne pas nous voler une poule. »
J’ai lâché des yeux la petite poupée de chiffon pour regarder Maman accompagnée de Julien situés au fond la pièce. Âgée de onze ans, je ne comprenais pas encore ce qu’il se passait entre deux adultes qui s’aimaient mais je savais que quand Maman demandait que j’aille surveiller la grange, c’est qu’il ne fallait pas la déranger. Alors, à l’aide de ma canne en bois, je me suis hissé sur mes deux jambes, gardant Marguerite dans ma main. Marguerite ? C’est ma poupée. Papa me l’a offerte lorsqu’il a su que je vivrais plus longtemps que prévu. Le docteur disait toujours que la maladie se propagerait rapidement et que j’allais mourir dans deux semaines, à chacune de ses visites. Finalement, j’étais toujours en vie.
A peine sortie de la maison, j’ai croisé Ninon, ma petite sœur cadette de neuf ans. Elle par contre, avec ses cheveux noirs et sa bouche en biais, ça se voyait que Papa était son vrai père. On ne se ressemblait pas beaucoup. J’étais un peu jalouse d’elle car Maman la récompensait d’affection puisqu’elle travaillait dure. Moi, dû à ma santé, je devais restée tranquille jour et nuit. Alors Maman m’ignorait assez souvent. Ninon me tira la langue et me jeta une pierre. Julien disait que c’était parce qu’elle m’aimait, c’était une preuve de son amour. L’avait-il dit par ironie ?
Elle s’enfuit dans les bois. J’ai souris, continuant mon bonhomme de chemin jusqu’à la petite grange et la basse cour. Je me suis assise contre le mur du bâtiment en bois pour fixer intensément les sous-bois de la forêt bordant la maison. La fée des forêts devrait venir de par là, non ? Je restais concentrer, les oreilles prêtent à identifier le moindre son suspect. Mes yeux à repérer tout mouvement dans les fourrés. Cependant, je me suis laissée aller à penser, à regarder le ciel, à me demander quand j’allais mourir.
« Tu n’as toujours pas trouvé la fée des forêts ? »
J’ai sursauté, ne m’attendant pas à entendre le ton grave de Papa. M’aidant du petit bâton j’ai sauté dans ses bras en souriant. Au moins, Papa ne préférait pas Ninon à moi ! Et il ne me disait pas de choses blessantes comme Julien ! Et il ne me jetait pas des pierres ! Et il m’aimait, tout simplement. Sa barbe de trois jours était toujours aussi piquante, j’adorais cette sensation. Posée sur son épaule, j’aimais aussi toucher ses cheveux gras et poivres et sels. Papa était mon bonheur.
« Tu sais où est Maman ? »
Tout en me questionnant, il me déposa au sol, sur mes deux jambes, attendant que je retrouve mon équilibre pour me lâcher. Généralement, je disais toujours que Maman était dans la maison. Mais avant cela, je criais le nom de Papa quand il arrivait. Peut-être que si j’avais fait comme d’habitude, ce ne serait pas arrivé, peut-être n’aurais-je pas été prise de remords…
« Maman elle fait dodo avec Julien. »
C’était dit si innocemment ! Avec tant de candeur que cela sonnait telle une jolie déclaration d’amour, de beauté et de fraîcheur. On eu crût que toute douleur avait disparue de ces mots. La vérité sort de la bouche des enfants, non ? Ni une ni deux, voilà que Papa court vers la maison en me laissant là, sur mon bout de bâton, Marguerite dans mes bras. Mon cœur se serra, je me suis dit que j’avais fait une bêtise. Pourtant, je restais immobile, pétrifiée dans cet instant lourd et oppressant, ou même les oiseaux n’osaient chanter.
Le cri de Maman se fit entendre. Comme pour sonner l’envoi de l’adrénaline dans mes veines. J’ai tenté de courir sur quelques mètres avant de tomber au sol. Un second cri. Des bruits de pas. Tout cela résonnant dans mon crâne comme l’écho d’un nouveau malheur. J’ai rampé. Portée par l’espoir que cela fût un cauchemar, par la curiosité enfantine…Coup de feu. Tout se glaça. Il y eût un profond silence. J’arrivais aux abords de la maisonnée, les genoux et les bras en sang. Une ombre se dessina à l’entrée. C’est Papa ? Il a fait du mal à Maman ? Pourquoi ne me regarde-t-il pas ?
Le visage de Julien apparut dans l’encadrement de la porte. Empli d’une tension inquiétante. Il ne me jeta aucun regard, alla juste chercher Ninon dans les bois. Moi ? J’ai regardé à l’intérieur. J’ai planté mes yeux dans ceux de Papa. J’ai chuchoté son nom. J’ai quémandé Maman. Aucune réponse. Je me suis rapprochée. Escaladant tant bien que mal les escaliers pour arriver à lui. Il restait debout, inerte contre le mur. A côté ? Maman. Vu que Papa ne bougeait pas, j’ai essayé de tirer la jupe de Maman ; ma main toucha un étrange liquide carmin. Tout alla rapidement.
Papa me tomba dessus, Maman aussi. Je n’arrivais pas à me dégager. Julien est rentré, Ninon pleurant au bras. Il prit du feu de la cheminée et le jeta près de la poudre à fusil que Papa vendait. J’ai crié son nom, pleurant, ne comprenant pas ce qu’il se passait. Pourquoi Papa il ne bouge plus ? Pourquoi Maman ne me gifle pas ? Pourquoi suis-je couverte de sang ? Il me fixa de ses yeux noisette. Il sourit, satisfait. Puis disparu. J’ai crié. De désespoir. De peur. De souffrance. Il se passait quoi ? Pourquoi Ninon et pas moi ? J’allais crier encore une fois mais un bruit sourd me coupa, et me projeta contre le mur, aplatie entre les deux corps.
Le feu. La mort. La fumée. La souffrance. L’Enfer ? Seulement un avant-goût.
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« Elle est condamnée »
Et moi qui croyais que ce n’était que le docteur de la famille qui avait tort…Finalement, ils sont tous d’accord sur mon état de santé. Je ne pensais pas entendre une nouvelle fois ces paroles. J’avais l’impression de revenir dans cette petite maison où j’avais vécue. Maintenant, elle était brûlée. Comme je lui ressemblais ! Ma tante n’osait me fixer dans les yeux. Petite femme rondelette qui venait d’apprendre que sa sœur défunte lui avait laissée une fille à moitié brûlée et qui allait bientôt mourir. Ironie du sort, je me demande encore pourquoi elle ne m’a pas tout simplement abandonnée.
« Graves brûlures sur la moitié du visage, le cou, l’épaule, la hanche et l’omoplate. Tout du côté droit. Je me demande même comment elle a pu survivre à l’explosion et à la douleur malgré sa constitution fragile. »
Tante Emilie elle s’appelait. Je la fixais, de mon air morne. Retenant la douleur s’accumulant dans mon cœur. Je me sentais fautive. Papa il est mort à cause de moi. Maman aussi. Julien me déteste. Ninon s’est enfuie. Par six mots, j’ai détruit toute une vie. Elle n’était pas belle, mais me suffisait. Tout détruit. Mon bonheur. Ma famille. Marguerite. Tout…Je me dégoûtais. Mourir ? Pour une fois, je veux bien. Je ne me supporte plus. Autant fermer les yeux, alors. Les yeux que Papa adorait. Une couleur que je n’arrive plus à me remémorer.
Emilie me fixa, un peu gênée et surtout compatissante. Maman ne m’avait jamais dit qu’elle avait une sœur. Tout comme elle ne lui avait plus parlé depuis qu’elle habitait en Angleterre. Tante Emilie était tout le contraire de Maman. Aussi bien physiquement que moralement. Elle tenait une troupe de troubadours russes. Lorsqu’elle apprit qu’on lui laissait une nièce handicapée, elle allait ouvrir les portes de son premier cabaret en Pologne. Je devais être un lourd poids à porter…
« Pauvre enfant…Pourquoi n’ouvre-t-elle pas les yeux ? »
Elle se mordit les lèvres. Sa curiosité fût trop forte. Eh oui ! Tante Emilie est maladroite, grassouillette, rigolote, gentille et compatissante ! Je m’étais attachée à cette femme. On aurait dit plus une mère que Elizabeth…Le médecin sourit, n’osant me regarder à cause de mon visage découvert.
« On suppose par pur choc. Elle a tout de même vu ses parents mourir et brûler devant ses yeux. Et puis son frère n’a pas été très tendre. »
Vous savez le plus ironique dans tout cela ? C’est le « tout de même » et ce ton condescendant. Tout le long de mon séjour dans ce petit hôpital, les médecins racontaient mon histoire et les causes de mon handicap. Ils le disaient, devant moi. Croyant peut-être que je ne comprenais pas. Mais j’entendais tout. Je savais par un regard qu’on parlait de mon histoire. La souffrance n’arrêtait pas de m’empoigner le cœur, à chaque mot susurré, à chaque note de voix compatissante, à chaque larme coulée, je me remémorais mon acte de trahison. Car il s’agissait bien là d’accusation. En laissant échapper six mots, j’ai tué deux personnes. J’ai scellé mon destin. Remords. Regrets. Ces visages à jamais perdus se représentaient dans leur laideur et leurs brûlures, me montrant du doigt dans mes rêves. Ce fut l’Enfer.
« Deserty ? »
Je tends l’oreille, offrant le côté brûlé de mon visage à la vision de ma tante assise près de mon lit. Sa voix était douce. Comme elle ressemblait à celle de Maman ! J’en aurais presque pleuré…Je n’ai pas réagi à la sensation de sa main boudinée contre la mienne. Le frôlement de ses ongles sur ma peau, les petits bracelets posés contre mon bras. Comme elle devait étinceler de bijoux ! Maman mettait aussi des bijoux. Elle rayonnait dans ces moments là et j’étais fière d’être sa fille. De quoi y a-t-il d’être fier d’avoir tué sa mère ? Je sentis l’amertume courir mes veines. Mes lèvres commencèrent à trembler. J’avais envie de m’excuser. De demander pardon. De hurler que je ne voulais pas ça. On allait me blâmer. Me punir. Me détruire. Me détester car par ma cruauté j’ai tué mes parents…
« Quand tu seras rétablie, je te montrerais les jolis lamas que je possède, d’accord ? »
Et j’ai pleuré. Tant et plus. Emilie était si gentille…On eût dit qu’elle me comprenait. Mes sanglots résonnèrent dans la pièce, libérés par cette tonne de ressentiments à mon égard. Pourtant, malgré tout, je ne pouvais m’ôter de la tête que si je n’avais pas dit ces six mots, Papa me sourirait encore et Maman aurait continué à me battre. C’est nul…Je crois que je ne réussirais jamais à oublier leurs visages déformés par la mort et cramoisis par les flammes.
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« Non, non ma puce ! Tu termines trop dans les aigus à la fin, essaies de rester dans les tons de la chanson. »
Je souris. Imaginant cette très chère tante Emilie assise en face du piano, ses doigts décorés de bagues glissant comme le vent sur les touches blanches. Neuf ans que je vis avec Emilie dans son joli cabaret. Mon insertion dans le groupe fut dure de par mon silence, ma timidité et surtout une moitié de mon physique peu avantageuse. Je ne jugeais que par ma tante, que je prenais pour ma nouvelle mère. Elle me racontait souvent son enfance avec Maman. Et aussi sa rencontre avec Papa. Je ris quand elle m’avoua qu’elle ne l’a pas aimé au début à cause de son air un peu renfrogné de vieux grincheux. Il me manquait d’ailleurs. Mais moins qu’au début.
« On recommence. »
Mes lèvre s’ouvrirent et sur le rythme lent du piano j’ai commencé les quelques notes de la chanson. Désormais, je travaille au cabaret en temps que chanteuse, un soir par semaine je me présente au public pour prononcer des chansons folkloriques, classiques ou tout simplement venues de mon esprit. Les notes, le rythme, la vibration de mes cordes, je contrôlais tout un monde pour donner d’un ton clair un texte russe, langue que je connaissais très peu à mon arrivée ici mais qui depuis, est presque devenue celle natale. Les artistes m’accompagnèrent de leur voix tout en composant la scène à venir de fleurs, d’arrière-plan et de matériel d’acrobates. Puis ce fut tout et ils applaudirent tandis que j’entendais la voix de Tante Emilie sanglotée dans la cohue.
« Tu as une si belle voix, l’on dirait celle de ta mère… »
Emilie m’a toujours comparée à Maman. Elle disait que je devenais aussi belle que cette femme. Pour elle, il n’existait que le côté gauche de mon visage et de mon corps. Elle ne voyait plus de laideur et ne baissait pas le regard lorsque je découvrais mon visage. Bien sûr, pour ne pas dégoûter le public, elle décida qu’il valait mieux que je porte un demi masque crée par un de ses artistes. Il cache tout le côté droit de mon visage et du cou. Depuis, je me présente ainsi et je peux comprendre qu’elle ne veuille pas gâcher le spectacle.
Je ne m’étais pas rendu compte que je m’étais écroulée au sol, crachant du sang, ce liquide carmin qui avait recouvert mes doigts…
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« Elle est condamnée. »
Toujours la même phrase. N’est-ce pas lassant au bout d’un moment ? Pour moi, oui. Pour vous, je n’en ai pas la moindre idée. Encore à voir ce médecin. Cette fois-ci, il a un air grave. Je sais qu’il dit la vérité. Il est sûr de lui. Je souris. Il ausculte mes blessures, prend mon pouls et vérifie mon poids. J’aurais perdu quelques kilos. L’hyperthyroïdie commencerait à s’accentuer, entraînant un début de cancer. C’est bizarre. Je me sens bien. Je n’ai pas envie de mourir. Pas encore.
« Combien de temps encore, docteur ? »
C’est moi qui ai parlé. Le fixant sans vraiment le regarder. Ne pleurant pas. Ma tante Emilie retient ses larmes, affichant un air fier. Oui, je demande quand je vais y passer, docteur. Je demande pour profiter encore un peu de ce que m’ont offert Papa, Maman, Elizabeth, Ninon, et Julien. J’aimerai avant d’en rejoindre certains tenter d’exaucer mes rêves et les leurs pour me présenter à eux la tête haute, sans regrets…
« Une dizaine d’années. »
Je souris. Curieusement, je n’ai pas peur. Je côtoie la mort depuis ma naissance, j’ai survécu à nombres d’hivers, à des famines et à des blessures aussi bien graves que partielles. Peut-être ai-je envie de m’en aller, au fond de moi…Je fais signe à ma tante de partir du cabinet, ce qu’elle fit. Le médecin ne me disait pas tout. Alors il continua après avoir replacé le demi-masque sur mon visage.
« Il s’agit d’un stade plus avancé de l’hyperthyroïdie. Il ne s’agit plus de perte de poids, mais bien d’ostéoporose, de vomissement, de tremblements, d’évanouissement et dans un cas grave, d’un coma ou même un arrêt du cœur. Le fait que vous ayez craché un peu de sang n’est pas une pathologie grave en elle-même, mais peut s’accentuer et écailler votre voix. »
Je l’ai fixé, encore une fois. L’imaginant dans son costume de médecin. Son air un peu navré. Sa gêne de devoir en réalité me dire une vérité qu’il n’eut su avouer devant ma tante Emilie. Pourtant, j’étais prête à tout entendre. Alors, quand est-ce que la Mort viendra me voler le peu qu’il me reste, docteur ? Demain ? Dans une heure ? Une minute ? Et d’un signe de tête, je lui ai donné le droit de poursuivre.
« Il vous reste peut-être un an à vivre, plus ou moins, je ne sais pas. Les techniques d’aujourd’hui ne sont pas assez avancées pour avoir une période précise. »
J’ai souris. Je suis partie sans un mot. Sans une larme. Sans un regret.
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Tante Emilie décida de m'incorporer dans une troupe à son actif voyageant dans le monde, afin de me faire connaître comme "La voix de la Russie" qu'elle dit. Je préfère me faire appeler "La demi-voix". Ainsi, je suis nomade, cherchant à accomplir un rêve toujours mystérieux avant de tomber dans les bras de la Mort...
Invité
Sujet: Re: Les écrits et les romans. Dim 8 Mai - 18:17
Elle est bieeeeeen \o/ Et très triste aussi ;; J'aime beaucoup comment c'est écrit, c'est comme des montagnes russes ! (Même si sa vie est pas terrible terrible...)
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Sujet: Re: Les écrits et les romans.
Les écrits et les romans.
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