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 A ton étoile — Yves.

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Sujet: A ton étoile — Yves. A ton étoile — Yves. EmptySam 11 Juin - 2:37


A ton étoile — Yves. Tumblrlmhs1949ba1qcewuo
I spied on you every night and I wish there was a secret
that you said in your sleep, just a word that I could keep.

Vite. Vite, c'est l'heure. Vite, il faut déguerpir pour pouvoir espérer éviter la foule trop lente. Vite, crient les estomacs faussement affamés. Vite, vite, scande t-on autour d'elle tandis qu'elle se fend d'un sourire et s'esquive. Vite ! « J'arrive. » Mais elle n'arrivera pas, elle ne les rejoindra pas à leur table. Comme toujours. Elle cède bien quelquefois, pour ne pas trop attirer les soupçons, invente un petit déjeuner tardif et affirme qu'elle se contentera de piocher dans le plateau d'Untel ; tu me laisseras, dis ? Bien sûr, Lachesis, bien sûr. Tout le monde se fout de tes caprices, Lachesis.

Alors elle erre le long des couloirs déserts, au gré d'une marée imaginaire. Elle les aime bien, ces murs qui s'étendent sans fin, le calme tiède qui pèse ça et là, et le son feutré de ses pieds désormais nus qui glissent au sol. C'est bien le seul moment où elle ne s'inquiète pas d'être seule, les repas. Et heureusement qu'elle l'est, seule, la brune n'a aucune envie de devoir supporter leurs remontrances sur son apparent manque d'appétit et leurs sermons qui allaient avec. Bien sûr qu'elle se nourrissait, mais pas maintenant. Bien sûr qu'elle mangera, mais plus tard. Et non, elle n'a pas faim, je t'assure, juste envie de répandre le maigre contenu de son estomac sur des talons bien trop hauts.
Y a que du vent dans sa tête, y a que du vide dans son ventre. La tempête ici et le désert là, ça criait dans tous les sens là-haut mais ça restait obstinément muet en bas. Et l'acidité qui noie sa gorge a un goût de sort raté, de charme rompu. Claquement de langue. Ça ne veut pas partir, ça s'installe, ça s'incruste. L'empoisonne. Tout se mélange, la saveur devient odeur, sensation. Et ça lui monte à la tête, ça lui tourne, sa tête. Alors elle s'évapore, elle s'évanouit.

Gauche. Droite. Soupir. Perdue, encore. Perdue, évidemment. Trois pas suffisaient à l'égarer, Lachesis. C'était grisant dans un sens, de pouvoir se perdre avec une telle facilité, de tout redécouvrir à chaque fois. Une pirouette et elle était partie, une autre et elle s'affirmait hors de portée. Si au moins elle savait revenir par ses propres moyens mais non, il fallait toujours qu'on aille la chercher, qu'on vienne la soustraire au temps qui filait. Elle marche, tombe mais ne sait pas se relever toute seule. Elle danse, s'écroule et puis s'accroche. Ça t'amuse, pauvre sotte ? Ne vois-tu pas ce qui flotte sur leurs lèvres tandis que tu t'agrippes à leurs contours, ce que hurlent leurs yeux quand tu te saisis de force de leurs mains ? Dépendance, Lachesis, dépendance. Ne fronce pas les sourcils comme ça, tu l'as cherché. Dépendance, quel bien vilain mot, ne trouves-tu pas ? Tu fais dans l'original, tu sais. T'as le sang clair et les poumons propres, les idées pâles mais les vœux troubles. Toi t'as des besoins de présence, faim de corps et soif de cœurs. Toi t'as des envies d'absolu plus que d'ailleurs. Y a plus de blanc ni de noir dans ta tête trop légère, plus de vrai ni de faux dans ton crâne à l'hélium, juste du gris. Des « toi sans moi », des « je ne sais pas ». Juste ça, rien que ça.

Qu'elle est belle l'échappée quand elle tremble de trop attendre. De trop t'attendre. Elle n'est plus si sûre que tu viendras, mais elle t'attend quand même. Parce que de toute façon elle ne saura pas rentrer seule, elle s'égarerait encore, finirait la nuit dans les bois. Elle préfère attendre, perchée sur sa branche basse comme un volatile peu farouche. Allez viens, viens me chercher. Tu la trouveras bien, tu la trouves toujours. A croire que tu lui as implanté un émetteur sous la peau. L'idée lui arrache une grimace de dégoût, elle balance un peu plus fort ses jambes dans le vide. Allez viens. Viens, toi, toi et pas un autre. Elle ne veut que toi, pour cette fois. C'est ta silhouette qu'elle veut voir se dessiner entre les arbres, tes regards plein de reproches qu'elle veut confronter aux siens, c'est ta voix qu'elle veut entendre trancher l'air, c'est ton odeur qu'elle veut respirer dans les plis de ton col. Juste toi, juste pour cette fois. Et recommencer à l'infini.

Elle se laisse glisser au sol, avec une habitude gracieuse. Se dresse sur la pointe des pieds, ses lèvres aux coins des tiennes, le temps d'un frôlement. Et puis s'immisce un flottement.

    Tu sens le parfum pour femme.

Sa voix rieuse, presque chantante, dévore le blâme. Ça ne lui fait rien, tu vois ? Pas même un pincement acide, pas même une marée au cœur.
Et toi tu y crois, Yves, à ses grands airs ? Moi non.

And I wish I was a comet to crash at your feet, just to be remembered.
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Invité
Sujet: Re: A ton étoile — Yves. A ton étoile — Yves. EmptyMer 15 Juin - 13:34

Il reste deux pouces de ce mélange de pain, de laitue de jambon salé, de mayonnaise, d'oignon haché, de tomate tranchée; un sandwich fait main pour s'éviter la graisse du repas du jour. Pour s'éviter le chahut des échos d'une grande salle, le bruit crissant des fourchettes ou juste les conversations stupides d'adolescents. Bref, tous les inconvénients d'un réfectoire. Pour un Français prématurément sénile et impotent. Il ne lui manquait vraiment qu'une moustache et des rouflaquettes pour coller à sa chemise repassée et à ses manches retroussées sans aucun pli.

Lachesis marchait pour se perdre ; Yves marchait pour se retrouver. A chaque pas, il ordonnait les pensées dans sa tête. Dans tels et tels dossiers, quelques unes à la trappe, les autres aux archives. Il déposait précautionneusement les souvenirs et les réflexions dans des enveloppes avec un cache de sûreté qu'il verrouille automatiquement. Il avait besoin d'un ordre impeccable dans sa tête comme ailleurs. C'était le problème de ces pauvres orphelins: il y avait trop de papier froissé dans leur tête. Il suffisait pourtant de faire taire la cacophonie. Yves essayait de la diriger et d'en faire un bel orchestre. Et quel orchestre ! Les cuivres qui lui disaient de rire pourraient souffler un air somptueux. Les violons stridents pourraient s'essayer à une sereine melodie. Les lourdes contrebasses peuvent encadrer ce tout, cette harmonie rêvée et inaccessible que les autres fous dechiraient avec leurs dents. Ils venaient bourdonner pour l'empecher de ne serait-ce que lever sa baguette; quelques uns pourront dire qu'on s'y habituait à force. On ne peut pas s'habituer à une nuée assourdissante de corbeaux.

A ton étoile — Yves. Tumblr10

Elle est là. Elle sourit, il la voit sourire par ses yeux, ses paupières et par ses cils : du coin de ses lèvres. Lala l'attend et elle est belle dans son propre espace temps. Il n'a pas le temps de la voir descendre de son perchoir, elle est deja pendue à son cou. Il pose une main maladroite sur ses côtes.

Tu sens le parfum pour femme.

Il ouvre la bouche et hėsite. Ses narines le chatouillent. Une légère fragrance de fleurs, un peu de musc qui donne un ton boisé, oui, c'est un parfum pour femmes.
Ça peut être le tien, peut-il répondre.
C'est sûrement le sien, d'ailleurs.
Il peut répondre aussi : pourquoi tu remarques ça ? Tu es jalouse ? Tu es curieuse ? Pourquoi une question pareille ? On dit ça une des premières fois, puis quand on connait la personne, on ne discute pas de son odeur ou de ses yeux. Oui, c'est bizarre.
Il hésite toujours. Elle n'est pas bien ? Pas dans son etat normal ? Elle a bu, fumé, respiré ? Est-ce que l'autre, ce Leckter, est-ce qu'il a fait quelque chose à Lala ? Ses yeux verts ont pourtant l'air limpides. Non, elle est dans son état normal. Enfin, peut-être.

Elle est comme à son habitude, la Lachesis. Elle fait une révérence, celle du début du spectacle. Ce n'est effectivement que le commencement de la scène d'exposition. Viendront les tumultes et les sentences ensuite, là, il avait le temps de choisir son siège et de s'installer.

Lachesis possède l'admirable, ou l'exécrable, on ne sait pas trop, capacité de s'immiscer dans son balbutiement de concerto à lui et de tout foutre en l'air. Elle renverse les cordes et les vents, de préférence ceux qui avaient l'air de commencer à jouer sous les mouvements quasi vains du chef.
Pis : elle réapprenait l'ancien air cadencé et chaotique. Il n'est pas désagréable à écouter, à réécouter d'ailleurs. Yves se souvient d'avant. Quand sa tête en bordel lui disait, mon petit, tu t'occuperas de ça plus tard. Va plutot t'amuser. Le moment de faire le ménage vient aux lueurs de l'aube : divertis-toi le temps de la nuit.
Elle faisait remonter le temps. Les douze coups de minuit, ah bon, quand ça ? C'est qu'elle est sorcière douée.

Un parfum de femme ? Il y avait celui, trop fort et maladroit, des filles qui étaient entrées en fraudant, et qui avaient peur une fois l'action accomplie. Celui, plus faible, des habituées, cette masse de fille qu'on voit chaque jour dans le metro ou au supermarché. Puis celui qui est inexistant. Il est remplacé par l'odeur de la sueur et des boissons, l'odeur de la musique et de l'hilarité. C'etait de loin celui qui etait le plus delicieux.
Elle a connu ça aussi, hein, Lachesis. Dans le sexe opposé. C'etait globalement la même musique. Elle voulait peut-être connaître son point de vue à lui, parce qu'il avait du recul et du regret.
C'est peut-être pour ça qu'elle se colle à lui, l'ignoble Hecate, sorcière des enfers. Elle veut qu'il se rappelle et qu'il oublie aussi la douleur, qu'il filtre et qu'il se dise, le remords au diable. Je vais écouter le tapage et danser dessus.
Mais alors il n'y aura plus de Yves.
Il regarde son reste de sandwich qu'il tient toujours à la main.
Un parfum de femme ?

Ça me fait une belle jambe.

Avec la voix caverneuse du désert, plus aride encore que son imaginaire à sec. Lui, même s'il le voulait ne pourrait lancer des sorts, tout simplement parce qu'il n'arrivera pas à s'en représenter. On a tari sa fantaisie avec un barrage de béton.

Je t'ai déjà dit de.

Il ne lui a jamais rien dit. Il la laisse promener, Lachesis, il ne bronche jamais et encore moins si elle le fait expres pour attirer son attention.

Ne te balade pas seule comme ça. Tu ne sais pas comment revenir, meme avec une carte et une boussole.

Au diable le parfum de femme aussi. Il n'a plus que ça plein la tête.
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A ton étoile — Yves.

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