Sujet: November has come ; Virus. Mer 17 Mar - 15:57
31 Octobre. Halloween, Holly Aven ; 26 ans. Virus, Vincent Rush ; 29 ans.
Cela faisait plusieurs semaines que la valise usée et orange pétant de Halloween avait trouvé refuge dans la chambre d'amis du logement de Virus. Ou non. Plutôt... Cela faisait plusieurs semaines que la valise usée et orange pétant de Holly avait trouvé refuge dans la chambre d'amis du logement de Vincent.
Elle n'arrivait toujours pas à l'appeler comme ça. Quand elle lui parlait, elle restait bloquée avec son grand sourire d'imbécile. « Coucou V … V … V... » Et le grand sujet de rigolade, c'était les surnoms qu'elle lui donnait. Le plus courant était Vendetta.
Chaque jour, en se levant tard effectivement, après avoir passé la nuit devant son écran, chaque matin, ou plutôt chaque midi, elle se levait, se lavait, se séchait, s'habillait, allait manger, cuisiner, essayer de ranger. … Et puis après, il n'y avait plus rien. Holly redoutait ces moments de grande solitude où elle n'avait rien à penser. Elle redoutait même de commencer à jouer. Car en commençant, les souvenirs défilaient. Quand Taz riait même s'il avait perdu, quand Howl sortait un chapelet de mots incompréhensibles à chaque action, quand M... non, il ne fallait pas y penser. Chaque jour, elle aimait bien faire des tours, des dizaines de tours consécutifs dans les pièces. Vi...ncent avait un étonnant sens de la décoration. La cuisine par exemple. On aurait dit qu'il s'était fixé comme objectif d'accorder toute la pièce au réfrigérateur, blanc. Ou alors il s'était promis de faire une maison qui ressemblerait entière à une salle d'attente. Il avait réussi. Cette obsession pour les couleurs claires amusait beaucoup l'ancienne pacifiste. Elle qui aimait le violet, le bleu foncé, le vert sapin, que des couleurs que l'ont peut voir en courant pour demander des bonbons aux voisins. Chaque jour elle découvrait de nouveaux détails. Par exemple cette tasse qui était toujours là, sous le lit de Virus, tous les jours avec une odeur différente, une couleur de fond différente. Ou bien alors, des détails qui l'amusaient beaucoup, comme une figurine Gomba dans le placard du couloir de la salle de bain, sur laquelle on avait collé une moustache. Elle avait une vague impression de déjà-vu et s'étonnait beaucoup que Vincent ait une telle passion pour les champignons qui attaquent les plombiers. Évidemment, elle ne se souvenait pas de cette époque, de cette semaine qu'elle avait passé à hurler parce qu'elle avait perdu sa figurine Gomba.
Ou quand elle redoutait vraiment beaucoup la vague du passé, elle prenait son manteau et les clés prêtés par son hôte et allait à la jolie boutique de celui-ci. Non qu'elle y allait pour discuter. Il fallait bien qu'il travaille. Mais d'une façon ou d'une autre, elle le rejoignait. Par exemple, elle montait sur le muret à moitié détruit à deux rues de la destination, traversait un jardin voisin, montait un autre mur plus haut mais pas si difficile et elle sautait dans l'arrière-cour du fleuriste. Palmiers et camélias s'y succédaient, attendant de trouver un adopteur. Et de là, elle le regardait. De dos. Même du mur, elle pouvait apercevoir ses chaussures. Elle ne savait s'il se doutait de quelque chose, mais elle courait vite quand elle voyait les lumières s'éteindre et essayait de faire en sorte qu'il croie qu'elle a encore passé une journée à chasser les zombies sur la playstation.
Elle n'arrivait pas à s'y faire, à cette vie trop calme. C'était bien trop différent de cette vie antérieure où Hyacinthe la secouait chaque jour afin qu'elle se trouve un travail. Il n'y avait pas de bruit chez son ami, il n'y avait pas de son. Elle essayait de suivre cette formation de serrurerie. Enfin de toute manière elle avait fini. Elle ne travaillait pas réellement, mais était un de ces serruriers de garde qui vous faisaient péter la porte parce que vous aviez oublié votre clé chez vous. Oui, Halloween était devenue serrurière. C'était peut-être étrange, mais ses doigts à la dextérité développée avaient trouvé leur bonheur. Et l'apprentissage comme cela, c'était bien mieux que de longues études. Elle n'avait jamais digéré cet échec. Non, ces échecs, ces multiples échecs aux entrées d'universités différentes. Qu'importe.
Mais ce jour-là, il était différent. C'était le 31 Octobre. Ce jour-là, elle n'était pas allée trottiner et escalader à son aise. Elle avait prévu des bonbons pour les enfants qui passeraient, et puis surtout l'anniversaire de ce cher Virus. La veille, c'était celui de Holly. Mais la veille, Vincent n'était pas rentré, pour du travail et autres. Halloween savait bien que ce n'était pas pour ses fleurs. Ce n'était pas grave. Il vivait sa vie après tout. C'était elle qui était venue s'incruster dans celle du pauvre. Elle n'était pas sûre non plus qu'il rentrerait ce soir-là. Il avait des amis, il allait sûrement aller avec eux fêter sa vieillesse en boîte, ou quelque part autre. Elle hésita alors. Et finalement elle ne toucha pas au fourneau.
Enfin si. C'était honteux. Elle s'entreprit alors de faire un gâteau d'anniversaire au moins. Lorsqu'elle malaxa la pâte, elle repensa à Berry, aux escapades clandestines dans la cuisine. Elle repensait à leurs nombreux gâteaux, aux choux, à la crème anglaise, à la chantilly... Elle n'avait pas trop d'idées pour celui-ci. Bah si Vincent vénérait à ce point-là les Gombas, elle allait lui en faire un.
Ainsi au bout de deux heures de cuisine (et de nombreux moments où elle devait enfiler ses gants poilus pour donner des friandises aux enfants qui toquaient) elle soupira de satisfaction devant le gâteau en forme de Gomba. Mais disons que c'était un Gomba shiney parce qu'il était blanc. Elle lui rajouta une moustache en chocolat, en faisant tomber au passage la radio et le sucre, puis essaya encore une fois de nettoyer un peu.
Et puis ?
Et puis elle attendit. Quand la sonnerie retentait, elle courait ouvrir aux enfants. A chaque fois elle enfilait ses gants poilus, ses lunettes de soleil, mettait ses dents pointus (pas comme les vampires, qui ont juste des canines, là toutes les dents étaient pointues) et poussait un hurlement très flippant. (Ne demandez pas à quoi servaient les lunettes.) Avec son débardeur beige bizarre tâché de rouge (on ne savait si elle l'avait fait exprès où si c'était du jus) les gosses criaient de terreur puis riaient avec la grande gamine. En leur fournissant généreusement un assortiment, elle se sentait envahie d'une joie indescriptible. Avant, elle était de ceux qui en demandaient, et maintenant elle en donnait. C'était une chaîne. C'était beau. Elle se souvenait encore avec Hyacinthe, comme c'était drôle, ou plutôt bizarre.
Aussi quand la porte sonna une énième fois, elle alla ouvrir en sautillant (mais elle ne prenait plus la peine d'enlever les accessoires) et hurla encore une fois en tournant la poignée comme une brute. Ce n'était pas un enfant. Qui aurait pu croire qu'il rentrerait ? Elle se sentit bête avec ses mains en l'air, en avant, menaçants, et sa bouche grande ouverte.
« … Trick or treat ? »
Cela lui faisait bien de le dire. Franchement.
Invité
Sujet: Re: November has come ; Virus. Ven 19 Mar - 19:07
Spoiler:
L'odeur d'un cactus fendu en deux se mélange à celle, plus menue, de pétales de roses hachées. Les délicats effluves qui se dégagent des plantes flottent dans la pièce, presque comme faisant partie intégrante du lieu, au même titre que les revêtements muraux et que les décorations pimpantes qui les recouvrent. Ici, tout semble s'harmoniser en un microcosme paisible. Le bâtiment aux plafonds très bas ressemblerait fort à une grotte à cause de sa forme ovale et de l'aspect rugueux de ses murs, s'il n'était pas aussi illuminé par le flot de lumière qui tombe de la toiture de verre. Hybride à mi-chemin entre le terrier et la base spatiale, jungle ordonnée où foisonne une flore rangée par couleur, Renaissance, tel est le nom de ma boutique. Ici on vend des plantes de toute sorte mais également des fruits et légumes exotiques lorsque leur physionomie à éveillé ma sympathie. Le dernier arrivage comprend notamment une jolie petite famille de cucurbitacées que je m'applique à agencer dans un panier d'osier. J'ai posé au fond de ce dernier une belle courge orange et je dispose à présent des coloquintes aux formes originales tout autour de son gros ventre. J'allais en ajouter une petite jaune lorsqu'elle me glisse entre les doigts. J'entends déjà l'horrible bruit que son corps produira en heurtant violemment le sol, je vois se répandre autour de ses débris sa chair et ses pépins alors que j'ai subitement lancé la main et que, miraculeusement, je l'ai sauvée de sa chute mortelle. Avec une pointe d'incrédulité, j'observe la « Griffe du diable » que j'ai rattrapé de justesse, entre mon majeur et mon auriculaire. Ces derniers temps ma vie est baignée d'une drôle de lumière d'invraisemblance. J'ai l'impression de nager en plein rêve, les yeux ébahis. Nous sommes le trente-et-un octobre deux-mille-trente-trois. Déjà cela, il me semble que c'est invraisemblable. Je m'appelle Vincent Rush et aujourd'hui je suis vieux. J'ai tout fait pour que cela ne m'arrive pas, tout. Je n'ai pas dormi dans la nuit du trente octobre deux-mille-trente-trois simplement en vue d'échapper à mes trente ans. Mais pourtant, il n'y a rien à faire, on ne change pas une date, on ne trompe pas le temps. Je l'ai bien compris pour avoir vu tous ces boutons s'ouvrir, s'épanouir et puis un jour, faner.
La courge a encore glissé mais cette fois je n'ai pas eu le réflexe de la rattraper. Elle s'est explosée sur le sol en mille morceaux. Médusé, je lance un regard farouche sur cet écrabouillit jaunâtre. Et dans mes yeux voilés renaît le visage de celle à qui ce précieux cadeau était destiné, ma seconde invraisemblance : ma petite Holly Aven.
Quand elle m'a appris son vrai nom, je n'ai pu m'empêcher de le répéter. Holly Aven, encore et encore. Parce que c'est si beau, Holly Aven, parce que j'étais si heureux. Parce que j'étais si incrédule aussi, Holly Aven, répéter son nom pour m'en persuader. Et au souvenir de son visage ma mémoire vacille encore plus profondément vers l'arrière, vers un redoutable passé houleux. Je suis maintenant entièrement submergé dans l'océan décoloré des « il était une fois ». Les images de scènes, de lieux, d'odeurs, de visages se confondent en de gigantesques vagues pour déferler sur moi en me giflant avec violence. Je revois Vain et son sourire de beau diable tendre vers moi ses longs doigts opalins... mais le fantôme de Taz m'entraîne déjà vers des mers moins sombres. Il y a Seth, frissonnant, j'ai l'impression d'avoir de nouveau dans la bouche l'odeur de ses cicatrices. Sans revivre wammy's house, j'ai l'illusion de sa présence autour de moi. Cette abominable impression d'enfermement a rejaillit en moi, réveillant tous les symptômes de l'accablement. Mais aussitôt resurgit le visage de Halloween... Son sourire... Sa chaleur... Sa présence. Îlot de paix au milieu du tumulte.
Holly Aven il y a trois semaines de cela, a débarqué dans ma vie le plus naturellement du monde.
Quand sur elle j'ai ouvert la porte de ma maison, les mêmes souvenirs couleur sépia sont tombés sur moi en cascades. Sans pour autant en pleurer, j'en ai eu les jambes toutes flageolantes et les mains moites. Ma première réaction fut de refermer vivement la porte. Ma seconde, de la rouvrir très peu et d'observer minutieusement la brunette. Sans trop y croire, j'ai lentement avancé ma main vers elle et je l'ai poké par trois fois pour tester de sa réalité. Rassuré, j'ai de nouveau ouvrit bien grand ma porte et je me suis jeté dans ses bras.
Nous sommes restés longtemps silencieux à nous observer, à juger l'un l'autre des changements que le temps et l'aventure avait creusé dans nos visages, à tenter de déceler un souvenir, une ressemblance, à s'amuser d'imaginer nos vies. Et puis elle m'a dit son nom et je lui ai révélé le mien. Ce furent nos premières paroles échangées après treize ans. Les jours et bientôt les semaines défilèrent très vite. Il y avait beaucoup à dire sur nos treize dernières années et on était bien souvent coupés par un souvenir du temps passé qui rejaillissait à l'improviste et qui nous plongeait dans des nostalgies de grands-mères. Nous commencions une discussion au coin du feu pour la finir sur mon toit, une tasse de thé à la Bergamote à la main et des sablés au citron. Holly me donna des nouvelles des orphelins avec qui elle avait gardé contact, je lui en donnai de ceux que je connaissais encore de vue. Quand nous ne ressassions pas le passé on discutait de choses et d'autres, complètement coupés de la réalité.
Le jour j'étais occupé à Renaissance. Je ne sais pas exactement à quoi s'amusait Holly mais il m'arrivait de l'imaginer dans l'arrière cour du magasin à m'observer.
Tiens, d'ailleurs, que faisait-elle en ce moment ? Après avoir émergé de ma rêvasserie éveillée, je lève lestement la tête vers l'horloge en forme de pomme. Il est tard, le magasin devrait être fermé depuis longtemps. Comment ce fait-il qu'il fasse si tard ? Je n'ai pas vu la journée passer. C'est que je vieillis de plus en plus. Bientôt si je n'y prends pas garde j'aurais trente ans et un jour. Mais aujourd'hui ce n'est pas seulement mon anniversaire... C'est aussi aujourd'hui qu'a lieu une autre fête encore plus importante, plus sombre et plus orangée et plus citrouille et plus acidulée. Ça fait bien trois semaines que j'attends cette date. Que je me désespère à l'approche de mon anniversaire mais que je trépigne d'impatience à l'attente de... Halloween ! Effaré, j'empoigne le panier d'osier à deux mains et l'attache fermement à l'arrière de mon scooter. En passant un feu de circulation, je manque de le renverser. Je m'y accroche fermement pour passer les deux virages suivants. Dans les rues, la nuit est chassée par les réverbères aux lueurs desquels se promène une drôle de bande de noctambules. Sorcières et momies, vampires et fantômes vont dans un joyeux vacarme de maisons en maisons. En m'attardant sur le masque d'un gamin particulièrement laid, je manque de rentrer dans la voiture qui stationnait devant moi. Je me souviens d'avoir mille fois maudit ces stupides festivités commerciales, d'avoir mille fois envoyé chier les gosses qui eurent le malheur de sonner à ma porte, or aujourd'hui c'est d'un œil presque allègre que je les regarde chanter. Arrivé à ma maison, je laisse tomber mon casque sur le gazon et sonne, le panier dans le dos.
Le cri par lequel on m'accueillit ne fut pas exactement celui auquel je m'étais attendu. J'ai. Eu. La. Peur. De. Ma. Vie. Je ne saurais dire qui du sourire, des lunettes ou des mains poilues m'a fait le plus peur. J'en ai lâché mon panier. Et toutes les cucurbitacées ont roulées à mes pieds. Quand Holly – parce que je finis par la reconnaître – me lance le fameux « … Trick or treat ? » Je reste silencieux, les poings fermés, les yeux largement ouverts. « … … … »
« T-Tu m'as fait peur. »
Je me gratte le sourcil en regardant le désastre, ramasse la grosse citrouille et la tend à Holly :
« … Happy Halloween ! ~ »
Invité
Sujet: Re: November has come ; Virus. Mer 24 Mar - 16:11
This used to be our funhouse But now it's full of evil clowns It's time to start the countdown I'm gonna burn it down down down I'm gonna burn it down Funhouse ; P!nk
Virus. C'était, comme on l'apprenait en cours de biologie ou de sciences de vie et de la terre pour faire long, une particule inerte. Ce n'était pas vivant, juste nuisible. Ca s'incrustait dans un organisme vivant mais plus, il entrait incognito, changeait les bases de données et répandait ses clones partout pour contrôler le monde.
Bon, Holly n'y pensait pas du tout à ce moment-là, et elle avait bien d'autres choses à penser que ses leçons de sciences de la vie et de la terre en ouvrant la porte à son hôte. En chantonnant allègrement la bande son du film de Tim Burton, à savoir celui sur Mr. Jack, elle ramasse les citrouilles en éprouvant une sensation de chaleur qui ressemblerait à celle de la morphine. Ramasser des cucurbitacées oranges avec de gros gants poilus et griffus est un défi absolument exceptionnel à relever mais très distrayant pour cette imbécile qui le faisait avec un esprit de la voie du bushidô. Elle serre ensuite fort Vincent contre elle, en se relevant sans réfléchir et répond d'une voix claironnante:
« Hey \o. Happy halloween et joyeux anniversaire, V...endetta. »
Et comme elle n'a rien à dire, avec la citrouille dans ses doigts, elle la tripote, la caresse, la retourne et la tourne, en laissant entrer le maître de la maison. Elle regarda ses mains pour détecter un éventuel courrier mais en refermant la porte aperçut le casque tristement abandonné sur l'herbe. Étonnée, car il était plutôt soigneux selon elle. Elle le ramassa, vérifia aussi que ce tête-en-l'air n'avait oublié sa clé et rentra tout sourire.
« Excuse-moi pour ça, j'ai cru que c'était Mrs. Camembert. Je voulais faire un truc drôle. »
Notez que l'accent hispano-américano-anglais rendait le nom du fromage français assez marrant. C'était le nom de la voisine, une vieille professeur à la retraite.
« Je l'ai vue qui sortait avec ses petits-enfants, habillée en … je sais pas quoi. C'était bizarre. Une espèce de déesse grecque. Ah non, elle était en Cléopâtre et elle tenait une colombe tordue dans ses mains, j'ai pas compris pourquoi. Elle devait avoir froid. La pauvre. J'aurais pas dû crier tout court elle aurait fait une crise cardiaque si c'était elle. »
Il y eut un silence. Elle entra dans la cuisine, alluma la lumière, enleva ses accessoires débiles et vit son gomba shiney. Mais elle remarqua aussi une carte postale que Vincent avait dû poser en rentrant. Prise d'enthousiasme et d'excitation, elle la prit et... fit tomber la gâteau. Mince. Au moins ça arrivait pas devant lui. Avant qu'il ne finisse de se déshabiller, elle nettoya donc le sol. Enfin essaya, comme toujours. Elle réussit à laminer une grosse partie du gâteau qui s'était transformé en déchet mais en faisant rapidement elle oublia des petites tâches, des marques, des miettes. Elle l'entendit arriver alors elle se redressa comme un diable, encore une fois. Ses articulations à quatre-vingt dix ans seraient encore parfaitement huilées avec cet entraînement quotidien qu'elle suivait chaque jour.
« … Et euuh... Hier j'ai aidé notre voisine à rentrer chez elle. Elle avait oublié ses clés en allant au marché et on entendait les ronflements de son mari, haha. »
Parler, parler, parler.
« C'était drôle, elle me parlait beaucoup pendant que j'essayais de tripatouiller et elle ne disait que du bien de toi. (elle imita la voix chevrotante de la vieille femme) Ah si vous saviez, Vincent m'en a rendu de services quand il a emménagé ici, il était touuut gentil mais maintenant il l'est encore je comprenais pas pourquoi il était siii seul je suis contente qu'il ait trouvé quelqu'un comme vous. »
Elle rit en essuyant les couverts mouillés par ses gestes saccadés quand elle avait essayé de rincer le torchon plein de miettes. Pourquoi est-ce qu'elle était là, en train de rire, avec son ami d'enfance, alors qu'elle avait laissé son fils à dix mille kilomètres d'elle ? Pourquoi aimait-elle ce sentiment d'être retournée en enfance, ou plutôt dans son adolescence qu'elle n'a jamais connue ? Pourquoi ne se souciait-elle pas comme un mère normale, chaque jour, chaque heure ? Quand elle partait appeler Hyacinthe d'une cabine, elle ne savait pas quoi dire. A chaque fois c'était la même chose. Hyacinthe décrochait, et une petite conversation banale commençait. Salut. Bonsoir. Ça va vous deux ? Très bien et toi ? … Parfois elle racontait des anecdotes qui avaient fait Vincent exploser de rire mais Hyacinthe se contentait de sourire (parce que Halloween reconnaissait son sourire par sa voix) et le plat monotone revenait. Puis le petit prenait le combiné et racontait des anecdotes qui avaient fait plier Hyacinthe de rire et Holly souriait.
Roger avait faux quand il parlait d'instinct maternel et ces autres débilités sans intérêt. Ces psychologues qui la voyaient avait faux de dire que ça irait bien, qu'elle poursuivrait ses études, aurait un bon travail et qu'elle pourrait avoir une famille normale. Hyacinthe avait faux quand elle disait qu'elle trouverait une solution efficace et rapide. Matt avait faux quand il disait qu'il allait revenir.
Au final Halloween était restée cette enfant de toujours.
Elle se retourna, essuya les dernières traces sans y penser, se leva, prit la carte et la regarda. Une citrouille avec un chapeau mexicain disait « ¡ Arriba ! » Elle la retourna. L'écriture ferme et déjà mature de son fils couvrait la surface blanche dont un joli « Arrête de m'appeler Jésus. Tu m'as appelé Objection, alors assume. » ou alors « Tante Hya m'a dit que si on l'envoyait aujourd'hui, la carte, elle arriverait pile le jour de ton anniversaire chez vous. ». Elle sourit en pensant à Hyacinthe qui avait tout calculé mais qui s'était trompée, à son fils qui écrivait rageusement la carte. (On voyait que c'était sa marraine qui l'avait forcé, car il n'aurait jamais balancé quelque chose comme ça sans que ce soit parfait.) En bas, Hurt avait essayé de caser un « Bonnes rides, vous deux »
Elle leva les yeux et montra la carte à Vincent.
« Tu as vu ? Obbit et Hya nous ont écrits. »
Ils n'avaient jamais parlé de son retour chez elle. Il le faudrait bien un jour.
HJ : désolée si ça te choque, l'introduction brusque du fils. xD
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Sujet: Re: November has come ; Virus.
November has come ; Virus.
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