Nous connaissons tous Gaby et William Moore. Surtout par ces temps si durs. Mais ce que nous connaissons moins d’eux est leur enfance. Oh, ça n’avait pas été une enfance baignée de sang et de larmes, de viols, de violence, d’horribles évènements sanglants et déprimants, non, les enfants psychopathes ça n’existe pas, soyons crédibles. En revanche, les enfants chiantissimes au possible, oui, cela existe. Et les enfants chiantissimes qui ont l’habitude de se prendre des délires dénués de toute logique c’est encore pire.
Ghost et Willow s’étaient levés aujourd’hui, comme d’habitude, ils avaient prit leur petit déjeuner en renversant de la confiture sur Rainbow, comme d’habitude, comme d’habitude ils étaient arrivés en avance en cours, et comme d’habitude ils s’étaient montrés infernales. Mais il y eu un brusque changement, et qui faisait qu’aujourd’hui ne serait pas un jour comme les autres. Sans aucune raison, ayant leur après midi de libre les deux enfants décidèrent de s‘enfermer dans leur chambre. On ne les entendit plus pendant au moins une heure, une heure où personne ne su ce qu’ils faisaient, ce qu’ils faisaient ? On hésita entre le fait qu’ils testèrent la drogue, qu’ils furent attaqués par des extraterrestres ou qu’ils se soient fait lobotomiser le cerveau par un chirurgien véreux sortit de nulle part. Ils ressortirent les cheveux teints et gominés, Ghost en rose, Willow en bleu. Pourquoi ? Ne cherchez pas.
Le plus effrayant était leur absolu silence. Ils passèrent devant Tears et le fixèrent avec de petits yeux ronds. Comme s’ils allaient lui sauter dessus d’un coup. Mais le pauvre surveillant réussi courageusement à s’enfuir. Ils marchaient, côte à côte, d’un pas vif, les yeux grands ouverts, comme illuminés.
Les jumeaux ont toujours vécu dans le délire le plus complet, délire, monde, univers qu’ils refont à leur guise, en bon maîtres du monde qu’ils pensaient être quand ils étaient petits - qu’ils pensent toujours être d’ailleurs. Incompris ? Probablement. Dérangés ? Certain. Complètement fous ? Sûr.
Et c’est ainsi qu’ils marchaient, et cherchaient. Cherchaient La victime. La chose blanche qui leur servirait de défouloir aujourd’hui. Lui, Le truc. Et c’est ainsi qu’ils marchèrent vers la Common Room, leurs cheveux décoiffés se faisaient retourner les orphelins sur leur passage.
Comme prévu Il était là. Near.
Ils continuèrent à avancer lentement, puis Willow prit la tête, et vint vers Near, qui jouait tranquillement à un puzzle. Avant de prendre sa voix la plus irritable possible, aigue, mièvre, niaiseuse, dans laquelle on avait l’impression d’entendre un grésillement incessant.
« Neaaaaar. Neaaaaar. Neaaaaar. Neaaaaar. »
Et il continua, continua, à geindre le pseudonyme de l’albinos, droit devant lui comme un piquet. Jusqu’à ce que Ghost vienne le rejoindre, mêlant sa voix à celle de son jumeau, ce qui donna un insupportable brouhaha. Et ce, jusqu’à ce que la boule blanche réagisse.
Near n’avait pas vraiment changé. A l’époque, il était déjà la petite créature frêle et molle qu’il était actuellement, et il ne s’en portait pas plus mal. Identiques étaient les jours qui défilaient par la fenêtre, identiques les leçons qu’il devait écouter et étudier, identiques les repas, les escaliers, les murs, les plafonds, les sols, et les jeux auxquels il jouait. A quatre ans, la vie est faite de découvertes, de nouveautés, de rencontres : pour Near, elle ne se composait déjà que de quatre murs qu’il connaissait par cœur dans les moindres détails et qui ne changeraient certainement jamais. Un manoir dans lequel il passerait l’essentiel de son enfance, à l’abri des contrariétés de la vie, des difficultés et de toute chose dangereuse qui se déroulait hors de sa protection en pierre. Protection en pierre dans laquelle il construisait une protection de plastique. Et à l’intérieur encore, une protection d’impassibilité. Petit et innocent, et pourtant séparé de l’univers normal par quelque petit détail inhabituel au fond de son cerveau, chose à laquelle il ne pouvait rien faire. Personne ne pouvait rien pour lui. Ce qu’ils pouvaient faire de mieux, c’était encore de le laisser tranquille. Aucune assistante ou dame sympathique ne viendrait lui apprendre les bases de la vie en société ou autres, comme les marques d’affection ou de tendresse. Aucun câlin, aucun bisou, rien qu’une éducation froide et lointaine donnée par des professeurs qui en avaient déjà trop vu.
Assis devant la fenêtre, il avait posé ses petits doigts sur la vitre et fixait l’extérieur. Impossible de savoir s’il mourrait d’envie d’aller se rouler dans l’herbe et de sentir le vent frais sur son visage, ou s’il était simplement perdu dans ses pensées ; ceux qui passaient à côté de lui s’en moquait éperdument, et tout le monde s’en portait à merveille.
Il se leva. Doucement, il descendit du bord de la baie vitrée, ses petits pieds d’abord, ses mains agrippées au rebord, et il se laissa glisser jusqu’au sol sur lequel il se posa, avant de s’éloigner mollement, sans prendre la peine d’ajuster sa chemise trop grande qui flottait sur son corps de bambin fragile. Contrairement aux jumeaux, ses yeux ronds à lui n’avaient rien d’étrangement psychotique, ils étaient juste désintéressés.
Oh, le même portrait sur le mur. Et moche en plus. Tiens, quelques orphelins qui étaient arrivés à peu près en même temps que lui. Il avait retenu tous leurs noms, leurs âges, le lieu d’où ils venaient, et même leur manie. Mais ça ne servait à rien. Alors il se contenta de continuer à marcher.
La Common Room, son lieu de prédilection, s’ouvrait à lui, accueillante et large, pleine de jouets, pleine de la seule chose qui l’amusait pour l’instant. Il s’assit sur le sol froid, frissonna discrètement, et tendit la main vers un puzzle qui traînait là, pour s’y mettre courageusement.
Il n’entendit pas les deux créatures sournoises qui s’étaient glissées derrière lui avant qu’elles ne prononcent son nom d’une façon prodigieusement mesquine et agaçante, qui finit par lui faire lever des yeux blasés vers eux. Des yeux des enfants qui n’ont aucun besoin de faire semblant de rire ou de vous apprécier. Il ne comprenait pas vraiment ce qu’elles lui voulaient, ces petites pestes.
Near : « Ghost. Willow. »
Il pencha la tête, se recroquevillant un peu parce qu’il ne voulait pas qu’ils s’approchent de lui.
Near : « … quoi ? »
Parce que finalement, il n’y avait pas grand-chose d’autre à dire devant ces phénomènes.
Invité
Sujet: Re: Near the Unicorn Dim 4 Avr - 17:07
Near avait deux choix: soit il décidait d’adhérer au délire. Délire qui sortait tout droit d’une mauvaise connexion de neurones. Et dans ce cas il n’aurait qu’à attendre un peu, et les deux diables finiraient bien par se lasser. Soit il décidait d’être comme d’habitude, blasant, osef life et dans ce cas il mettait sa santé mentale et physique en danger. Etudions un peu le comportement de Ghost et Willow. Oh, ce n’était pas bien méchant pour l’instant. Ce n’était que deux gamins au même visage qui avaient décidé de mettre un peu d’animation dans ce triste et sombre orphelinat - et ils exigeraient bien des remerciements pour la joie qu’ils apportaient. Joyeux enfants. Joyeux enfants qui avaient comprit un peu trop tôt qu’il était très facile de faire le mal, de devenir le méchant de l’histoire. Deux enfants qui surtout se prenaient pour des petits dieux. Des petits dieux qui avaient tous les droits, surtout sur quelqu’un qui n’opposait pas de réelle résistance - comme Near.
Alors ils se transformaient un weshs, étudions le comportement du wesh, le wesh tout seul ne ressemble à rien d’autre qu’un porte manteau un peu bas, le wesh tout seul n’a pas de couille. Un wesh avec sa meute de wesh devient soudainement un autre animal, un animal qui n’a pas peur de faire le mal car il y a ses semblables autour de lui pour l’encourager, ses semblables font la même chose, alors en bon mouton qu’il est le petit wesh pourra lui aussi casser les vitrines et taguer les murs en faisant des fautes d’orthographe, il sera un wesh accomplit. C’est le phénomène de meute. Les jumeaux étaient un peu pareils, justement car ils étaient toujours collés ensemble. L’un sans l’autre serait quelque chose de très différent. Pourquoi Ghost continue à taper plus fort ? Parce que Willow le regarde avec admiration. Pourquoi Willow invente des plans toujours plus glauques les uns que les autres ? Parce qu’il y a Ghost qui lui fait « ouais ouais trop bien » à côté. Sauf qu’eux n’avaient pas le QI des weshs, et c’était ce qui était le plus dangereux.
Mais pour l’instant ils étaient deux gosses, deux gosses qui, en entendait leur noms prononcé par la bouche de Near qui daigna s’ouvrir. Et à ce moment même ils arrêtèrent de geindre pour regarder l’albinos, toujours avec cet inquiétant sourire, les yeux totalement fixés sur lui.
« …quoi ? »
Il continuèrent, écartant encore un peu plus les yeux.
« Neaaaar. Neaaaar, lève-toi, vieeens, viens avec nous, nous avons découvert un pays merveilleux. »
« Le pays de Candy Mountaiiiiin. Viens viiiiite, nous avons besoin de toi Neaaaaaar. »
« Neaaaaar. Neaaaaar. Neaaaaar. Neaaaar. »
A ces mots deux petits mains empoignèrent la chemise de Near, le tirant, l’obligeant à se lever.
La notion de jeu variait terriblement d’une personne à l’autre, n’est-ce pas ? Chez le petit albinos qui ne demandait rien à personne, il suffisait pour s’amuser de quelques bouts de carton à assembler, et il pouvait passer des heures à s’amuser. Pour les petits jumeaux démoniaques, le jeu n’était plus aussi innocent. Bien sûr, les enfants sont mesquins entre eux. Pas seulement les petits génies : tous, autant qu’ils sont. Ils ne pensent pas à mal. Ils veulent juste jouer. Sans penser aux conséquences, sans essayer de se mettre à la place de ceux qu’ils feront souffrir de leur méchanceté gratuite. Rire du malheur des autres et se complaire dans un sadisme enfantin, voilà un mal classique chez les enfants de cette tranche d’âge. Ghost et Willow n’étaient pas prêts de changer de voix. Il semblait clair qu’elle leur plaisait trop. Attirante, intéressante, elle leur permettrait de développer leur imagination et de faire tout ce qui leur plaisait. Near n’aurait pas dû être le garçon qu’il était, car sa personnalité froide était un aimant à blagues de mauvais goût, il aurait tout le loisir plus tard de le comprendre…
Sous ses petites jambes, un sol glacé et dur, qui glissait. Oui, le sol glissait. Il le regardait défiler sous lui pendant que des bras étrangers et antipathiques le tenaient fermement et l’empêchaient de se mouvoir librement. A vrai dire, il s’en moquait un peu, ça le faisait avancer sans avoir besoin de produire le moindre effort, mais il n’appréciait pas du tout le fait qu’ils le touchent. Il se sentait comprimé, forcé, et il détestait devoir obéir à des instances supérieures qui n’étaient ni sa conscience, ni son intelligence, ni L. Cette force extérieure qui le faisait bouger, ces deux petits démons, ils n’étaient rien, et le fait qu’ils réussissent à lui faire faire quelque chose qu’il ne voulait pas était profondément déplaisant. Alors, comme il était en colère, il ne put que réagir : et quelle terrible réaction, quelle vengeance brûlante et dévorante, quelle brutale action provoquée par la colère, que cette… petite moue boudeuse. Les jumeaux auraient dû arrêter ce qu’ils faisaient en voyant son expression renfrognée, mais évidemment, quiconque s’arrêterait pour cette raison serait un peu idiot. A la limite, sa tête était même encourageante.
Candy Mountain. What Candy Mountain ? Le mot ne sonnait pas bien. Il n’aimait pas le sucre. Ni les bonbons. Ni les montagnes. Ni les jumeaux. Ni être mis debout de force. En gros, cette journée commençait à ne pas lui plaire du tout. Un démon rose et un démon bleu, à côté de lui, se faisaient pourtant un plaisir de l’emmener vers ce monde merveilleux…
Near : « Ca n’existe pas, Candy Moutain… Il n’y a pas de montagnes ici… »
Sa voix résonnait d’un air blasé, mais elle n’avait pas vraiment d’influence.
Near : « Lâchez-moi… »
Quelle violence dans l’ordre ! Quelle véhémence dans le verbe ! Quelle… Son puzzle s’éloignait à chaque seconde un peu plus, et chaque seconde le rapprochait de Candy Mountain.
Invité
Sujet: Re: Near the Unicorn Dim 4 Avr - 21:23
Juste jouer oui.
Pourquoi faire des manières. Tout ça n’était qu’un jeu, c’est toujours plus facile de se dire que tout ça n’est qu’un jeu. Et chez Ghost et Willow le jeu, c’est eux qui le gagnent. Non, ce n’est pas possible autrement. Quelle que soit la manière dont ça finira ils considéreront qu’ils auront gagné. Après ça il y a des fins toujours plus intéressantes que d’autres, et arriver au pays de Candy Mountain serait une fin particulièrement sucrée, c’était le cas de le dire. Ce n’est pas drôle pensèrent-ils (enfin, on suppose), Near était avide de jeux n’Est-ce pas ? Qu’il joue.
Même si le jeu en question se révélait dangereux pour quiconque avait un peu de bon sens. Pourquoi dangereux ? Ah vous n,’avez pas de bon sens, parce que c’était un jeu avec Ghost et Willow pardi. Et c’est toujours plus facile d’oublier ce que les autres peuvent ressentir. C’est toujours plus facile d’oublier les autres, on a déjà à s’occuper de nous, alors ha, oublions. Flemme de faire des manières, flemme de demander, flemme d’avoir l’autorisation, flemme de faire des compliments, tout ça pour quoi ? Pour se faire des amis ? …Ghost et Willow n’avaient qu’eux. Et c’est pourquoi ils se fichaient éperdument de savoir si Near avait envie de jouer ou pas. On ne sait même pas si en ce moment ils réfléchissaient ou pas, vu les têtes qu’ils tiraient. Pauvre petit Near, pauvre petit Near qui n’avait rien fait, qui ne demandait jamais rien et qui pourtant se retrouvait toujours avec tout sur le dos.
Les deux frères ne changèrent pas d’expression, ouvrant juste la bouche en o.
« Mais siiii Neaaaar, ça exiiiste. Candy Mountaiiiiin, tu verras Neaaaar, Candy Mountain exiiiiiiste. »
« Candy Mountaiiiiiiin. Neaaar. Nous ne te lâcherons paas. Tu dois voiiir le pays de Candy Mountaiiin, ça va être bieeen. On va être heureuuuux. ... et heureuuuux. ...Neaaaar. »
Pas d’explication. Ils avaient l’air si sûrs d’eux qu’on avait presque envie de les croire.
« Neaaaaar. Neaaaaaar. »
Ils le trainèrent donc à moitié, le tirant, et sautillèrent un peu, l’air vraiment heureux et …niais.
« Ouaiis, Lalilalala, lalala, Lalalalala, »
Ils ne semblaient même pas chercher quelque chose, comme s’ils connaissaient le chemin par cœur… dans leur trip vous dis je, et Near ne semblait pas adhérer à la quête ultime qu’ils s’étaient lancé.
C’est alors qu’ils croisèrent Silence. Silence qui dormait paisiblement sur une chaise à son bureau.
« Neaaaar, Neaaaar, c’est un léoplurodooon Near, il est dans la route. Enteeend ses grognements. » - bruit de ronflement -
« C’est la première épreuve, Neaaar, Neaaaar, va lui prendre ses chausseeeeeettes. Et ramène les nouuuus. »
Juste jouer…
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Sujet: Re: Near the Unicorn
Near the Unicorn
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