Aujourd’hui tout était calme. C’était le week-end, il faisait froid, tout le monde s’ennuyait, beaucoup dormaient encore, quelques uns essayaient de tuer le temps sans vraiment réussir. Babyfoot, jeux d’échecs, pour quelques fous les devoirs. Lecture, discussion, télévision, téléphone… Et Sky.

Toujours, Sky. Une Sky qui déteste s’ennuyer. Une Sky qui n’a aucun sens du danger. Une Sky qui n’a aucun scrupule. Une Sky qui s’en moque d’embêter les gens. Une Sky qui n’a aucun sens de la musique. Une Sky toute mouillée. Une Sky riant à gorge déployée. Une Sky courant partout dans la pension, poursuivie par des cris et des vociférations. Une Sky soufflant au hasard dans une cornemuse. Une Sky traînant derrière elle un pauvre garçon aux cheveux bleus. Une Sky chantant dès qu’elle ne jouait pas, qui riait lorsqu’elle ne chantait et qui courait, tout le temps.

Vous ne comprenez pas ? C’est normal. C’est Sky. Mais je ferais un effort pour vous. Un petit retour dans le temps. Un petit flash-back quoi, juste pour vous montrer d’où vient cette cornemuse et pourquoi elle court, sinon ce n’est pas drôle.
C’était dans la Salle de Jeux, il y avait peu de bruit pour un dimanche matin. Et Swansong, le pauvre, n’imaginait pas ce qui lui tombait sur la tête lorsqu’il aperçut la si jolie Sky entrer dans la pièce. Il ne connaissait pas la signification du sourire joyeux qu’elle avait sur le visage. Elle s’approcha de lui, toute calme tout à coup et lui demanda de sa voix douce :

« Dis, Cot Cot, tu tiens à ta cornemuse ?
-Bien sûr ! Pourquoi ? »

Elle lui répondit par un immense sourire, toute contente. Et c’est ainsi que, quelques heures plus tard, on entendait Swansong insulter la jeune fille de tous les noms tandis qu’elle jouait avec sa nouvelle cornemuse.

« Haze ! »

Tandis qu’elle courrait, elle l’avait apperçut et aussitôt elle avait voulut l’emmener, en tant que complice. Aussitôt désiré, aussitôt fait, elle lui attrapa le bras et le força à la suivre en disant entre deux notes :

« On va jouer à un jeu. La cornemuse c’est le trésor, nous sommes les pirates et Cot Cot c’est le méchant anglais qui veut récupérer le trésor. Je suis le capitaine, tu es mon matelot, tu me dois obéissance. »

Qui était Cotcot ? Le savait-il au moins ? Etait-il d’accord ? Voulait-il lui obéir ? Mystère. Sauf pour Sky : tout ce qu’elle voulait était réalité, au moins dans ses délires.

Nous approchons de la section des dortoirs féminins, beaucoup se retournent face à cette fille folle. Cette fille follement heureuse. Cette fille jouant, riant, sautant, chantant, parce que le ciel est bleu et qu’elle déteste s’ennuyer. Parce qu’hier elle a vomit, parce qu’avant-hier il a plut, parce qu’aujourd’hui elle a décidé à faire avec, qu’elle ferait comme si les Autres n’étaient pas si laids. Même si demain elle casserait quelque chose, elle crierait contre quelqu’un. Après tout, dans son monde d’éternité seul aujourd’hui comptait.

« Attrape ! »

Arrivés dans sa chambre elle lança un gros sac à Haze, le forçant à le porter tandis qu’elle en mettait aussi un sur son dos et qu’elle composait un numéro sur un numéro.

« Ouaf ouaf ! Va au réfectoire ! Ammène des armes, tes briquets, des provisions, tout ce que tu veux. Il y aura p’tete des jolies filles. »

Et elle raccrocha, sans attendre que son interlocuteur lui réponde. Après tout, c’était Ouaf, elle le connaissait bien, trop bien. Il allait obéir.

« Allez, on cours Haze ! »

A lui elle n’avait pas trouvé de surnom. Bah, elle trouverait bien un jour, aujourd’hui seul comptait la cornemuse. Elle lui attrapa donc de nouveau le bras pour le tirer dehors et se diriger à son tour au réfectoire, sûrement désert à l’heure qu’il était.

« Quand on arrivera là-bas il faudra préparer le Q.G., les barricades, on a pleins de trucs pour nous battre dans les sacs. Faut trouver des alliés. On est la Boulangerie Sanglante. Vut qu’on est au réfectoire on devrait pas avoir faim. Surtout, ne pas livrer la cornemuse. Et t’as intérêt à être utile ! »

C’est sur ces derniers mots qu’elle arriva devant la porte du réfectoire, l’ouvrit et souffla de toutes ses forces dans son instrument.

Comme c’était amusant !