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 Bad day, bad moon...

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Sujet: Bad day, bad moon... Bad day, bad moon... EmptySam 6 Sep - 16:24

Un pic-vert s'obstinant à taper contre ses tempes, un étau qui lui serrait, lui broyait presque le crâne ou tout autre image qui vous viendra à l'esprit : tout cela n'était pas assez fort pour décrire le mal de tête qui avait décidé de s'insinuer dans le cerveau de votre chère professeur d'Anglais. Une migraine pour le moins mystérieuse puisque pour une fois Elegance n'avait pas forcé sur la bouteille. Elle n'avait même pas bu à vrai dire. Enfin, tout ceci selon ses critères, critères sus-dit étant qu'on ne commençait à compter qu'après trois verres. En ce qui concernait la soirée de la veille, vous devez avant tout savoir que la longiligne brune s'obstinait depuis déjà deux bonnes semaines à inventer un nouveau cocktail. Une nouvelle lubie made in Elegance : donner son nom à une boisson qui lui ressemblerait. Autrement dit, quelque chose qui monte à la tête, rend vite joyeux tout en restant un minimum chic et classe. La folie tout en retenue. Vous l'aurez compris, perspicaces comme vous êtes, ce nouveau défi rimait avec dangereux mélanges d'alcools en tout genre.

Mais la professeur n'allait pas se laisser aller dans les lamentations et autres gémissements. Elle n'aimait pas se faire plaindre. Du moins, pas quand ce n'était pas absolument nécessaire. Rien de spécial au programme et c'était tant mieux : elle sortit de sa chambre un paquet sous le bras et son habituel sourire énigmatique aux lèvres. Un mauvais coup à l'horizon ? Pas encore. Du moins, pas avant que ses dix première victimes n'aient pas été passées sur le grill. Arpentant les couloirs alors déserts (tout le monde était en court, forcément), elle collait son oreille sur certaines portes closes, à la recherche d'une salle libre ou plutôt d'un endroit totalement désert et calme. Quelque peu désespérée d'entendre divers bruits désagréables à son ouïe surdéveloppée par ses maux de crâne où qu'elle aille, elle se trouva rapidement devant la salle des professeurs. Le dernier endroit où elle aurait pu aller... Non sans appréhension, Elegance poussa la porte : personne. Elle bondit de joie tout en poussant un petit cri.

Si son cerveau ne s'obstinait pas à taper contre sa boîte crânienne, elle aurait laisser exploser ce sentiment intense qui l'envahissait d'une manière plus visible. En plus, elle était on ne peut plus pressée de s'attaquer à la tâche pour laquelle elle était venue. Elle se dirigea non sans hâte vers une table et s'assit. Elle posa ce qu'elle transportait et dégaina son arme fatale avec un sourire presque maléfique. Cette arme ? Un stylo ! Rouge, bien entendu. Ses victimes : les copies de tous, absolument tous, ses élèves. Il est de renommée générale qu'Elegance met longtemps, très longtemps à rendre les devoirs qu'elle donne. En fait, la raison est simple comme bonjour : pour elle, cette tâche des plus fastidieuses ne lui était supportable que lorsqu'elle était d'humeur massacrante. Aujourd'hui c'était le cas et sachez aussi que seul le fait de s'acharner sur les fautes des élèves lui rendait le sourire. Un poil sadique ? Sans aucun doute possible. Pour parfaire tout cela, Elegance sortit son objet fétiche : son paquet de cigarettes. Elle s'en alluma une et se délecta lentement de la fumée. Tout était comme elle le voulait... Elle ouvrit alors son stylo et se saisit de la première copie. Un sourire machiavélique apparut sur son visage : c'était celle de Mello. Intéressant... Mais, alors qu'elle commençait à peine à lire la copie et sentir son mal de tête tomber légèrement, quelque chose vint perturber son esprit. Le bruit de la porte, puis de pas... Elle fit comme si elle n'avait rien entendu bien décidée à ce que la personne qui venait d'entrer l'ignore complètement. Enfin, dans le cas contraire, la maison n'est en aucun cas responsable des dommages physiques ou moraux causés.
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Sujet: Re: Bad day, bad moon... Bad day, bad moon... EmptyDim 7 Sep - 21:00

Le genou monte jusqu’à former un angle droit, puis le pied s’avance, le poids du corps se déplace vers l’avant, déséquilibrant l’édifice. Le pied se pose. Talon en tête, puis plante des pieds, pointe tandis que l’autre jambe imite sa sœur dans une symétrie toute relative. Chaque mouvement provoquant le suivant dans ce qui semblait être un cycle sans fin. L’on n’avait même plus besoin de penser à ces gestes, avec le temps et la répétition, ils étaient devenus automatiques. Et pourtant, il avait bien fallu apprendre, tomber, essayer encore et encore. Oui, il y avait eu une époque dans la vie de tout être humain où les gestes les plus simples de la vie demandaient une concentration sans faille.

Les yeux couleurs de pluie de Siriel suivaient les allées et venues du professeur, tandis que ses pensées battaient la campagne. Les pieds de l’enseignant semblaient savoir d’instinct comment éviter le bord de l’estrade, où tourner, et quelle était la distance optimale à couvrir. Pourtant il semblait bien concentré sur son sujet et ne paraissait pas du tout faire attention de là où il mettait les pieds. Le cerveau est décidément un outil complexe puisqu’il est capable de fonctionner à plusieurs niveaux, s’aidant de stimuli visuels dont on n’avait absolument pas conscience. Parfois même, comme dans le cas de Siriel à cet instant précis, le cerveau se scindait consciemment. Une partie de l’adolescent écoutait la voix du professeur, notant ses mots avec exactitude. La main savait elle aussi où trouver les lignes, calculer l’alinéa de la marge et revenir à gauche lorsque la feuille de papier prenait fin. Une autre partie de l’adolescent restait sensible à son environnement. Siriel avait beau rester immobile au fond de la salle, il savait exactement où se trouvaient chacun de ses condisciples, s’apercevait des changements de luminosité dus aux jeux entre le soleil et les nuages et entendaient sans les comprendre, les chuchotement de deux bavards non loin de lui. Le professeur, lui, continuait son manège et ses explications sans se soucier de rien.

Un pas, deux pas, on rejoint. Un pas. On s’arrête. Un pas, deux pas, trois…glissé…on tourne. Un pas, deux pas… c’était presque comme une musique. Il était nerveux aujourd’hui. Les temps d’attente entre deux déplacements étaient plus courts que d’habitude. Il avait déjà fait deux erreurs que la plupart des élèves de la classe avaient machinalement corrigées, semblait à bout de souffle alors qu’ils étaient en avance dans le programme, bref, quelque chose n’allait pas. Il n’était pas le seul à le sentir. Au fur et à mesure que l’heure passait, les chuchotements se faisaient plus nombreux. Un pas, deux pas, on rejoint, demi-tour. Le professeur faisait maintenant face à son public et fronçait les sourcils. Aussitôt, un silence relatif s’établit. Quart de tour. Un pas, deux pas, on s’arrête. Un tiroir s’ouvre en grinçant. Pauvre petite chose mal construite. Pourquoi les gens étaient-ils sourds à la souffrance du bois mal emboîté ? Parce que l’arbre était coupé, parce que l’être vivant avait été tué, alors sa matière n’avait plus d’importance ? Parfois, ce genre de détails lui brisait le cœur. Parfois. Aujourd’hui non, il se sentait d’humeur bien trop contemplative pour ressentir quoique ce soit. Aujourd’hui, le monde était un film qui se déroulait devant ses yeux.

Et puis du bruit. Le bruit gênant, agaçant, de quelqu’un qui cherche quelque chose et qui ne le trouve pas. Les tiroirs s’ouvrent et se ferment de plus en plus vite, de plus en plus forts. Les portes des placarts claquent. Le professeur s’essouffle. Et puis la révélation. Oui, l’objet en question est ailleurs. Il a été oublié dans une maison, une étagère, une pochette ou il ne savait quoi. Agacé, le professeur fusilla la classe du regard. Quelques rires fusèrent, bientôt effacés. Les yeux se baissèrent pudiquement vers le sol. Seuls les billes de pluie de Siriel restèrent fixés sur le professeur. Alors évidemment c’est lui qui avait été choisit pour trouver le paquet de copies qu’on allait leur rendre.

Siriel n’essaya même pas de discuter. Il se leva, doucement. Ramena sa chaise jusqu’à son bureau, doucement, en la levant pour ne pas faire pleurer le sol, puis, mettant ses longues jambes en mouvement, sortit de la salle de cours en direction de celle des professeurs.

Les couloirs étaient déserts et silencieux. Siriel avançait régulièrement, avec l’aisance que seule une habitude de près d’une dizaine d’année pouvait inculquer. Il ne se pressait pas mais ne flânait pas non plus. Il obéissait simplement, comme une machine bien programmée et incapable de sentiments. Déjà, la porte de la salle était visible. Siriel s’arrêta juste devant, étendit le bras, tourna la poignée de métal dont le fer abîmé sentait la rouille et entra. Sans frapper. Il fallait dire également qu’il ne s’attendait pas à y voir quelqu’un. Il ferma la porte en silence, leva les yeux et vit Élégance.

Hum.

Qui corrigeait des copies.

Re-hum.

Elle ne semblait pas l’avoir vu. Ce qui ne voulait pas dire du tout que c’était le cas. Et le paquet de copie ne semblait être nulle part. Le professeur avait dit que ce serait peut-être dans son casier dont la clef était dans un tiroir du bureau occupé par le professeur de littérature. Il avait donc trois choix devant lui. Essayer de prendre la clef sans déranger le professeur (quasiment impossible), forcer la serrure du casier (facile mais peu recommandé juste devant un professeur), ou parler (ce qui n’était pas forcément une solution plus aisée que les deux autres). Doute. Dilemme. Presque Cornélien l’infâme.

En désespoir de cause, il posa ses yeux clairs sur l’adulte et la fixa intensément comme s’il pouvait faire passer les informations par télépathie. Peut-être que si elle ouvrait elle-même la conversation, il pourrait répondre, au moins en langage des signes, pour exposer son problème…
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Sujet: Re: Bad day, bad moon... Bad day, bad moon... EmptySam 20 Sep - 17:46

Malgré tout ce qu'avait pu redouté Elegance, la personne qui venait d'entrer ne crut pas bon d'engager la conversation. Tant mieux ! Elle s'attendait donc à continuer ou plutôt entamer sa tâche sans encombre. Mais ce premier élan de naïveté fut rapidement contredit. En effet, la professeur de Littérature sentait le regard de l'Indésirable (comme elle l'avait surnommé intérieurement) la fixer sans relâche. Elle était à tomber, elle le savait, mais de là à la gêner ainsi ! Comment pouvait-elle se concentrer et arroser de rouge ses copies si elle se savait épiée ainsi ? Inconcevable ! Elle se devait d'agir. La première tentative qu'elle eut fut l'ignorance totale. Peu importe le statut de l'Indésirable et la raison de sa venue ici, elle ne bougerait pas. S'il voulait VRAIMENT lui parler, ce qu'elle comprenait parfaitement, il n'aurait qu'à revenir dans l'après-midi ! Pour l'instant, à rester enfermé dans son silence et à la fixer ainsi, il l'empêchait d'avancer et ne faisait que l'agacer. Mauvais point pour lui, je ne vous le fais pas dire. Pourtant, Elegance n'allait pas lui faire le plaisir de lever la tête : elle fixait donc la copie de cette chère Mello tandis qu'une seule chose envahissait son esprit. Comment se débarrasser de l'Indésirable qui, décidément, aurait mérité le nom de Sangsue ? La belle brune n'était pas du tout patiente et elle décida au bout d'à peine une minute qu'elle devait passer au plan B. Plan qui consistait en... elle hésitait encore. Quitter la pièce sans un mot n'était pas du tout envisageable ! Pas assez percutant. Tuer l'Indésirable risquerait de lui apporter des ennuis et de salir ses mains. L'effrayer peut-être ? Elegance tira sur sa cigarette en réfléchissant avec délectation sur la meilleure façon de bousculer Mister I. La nicotine atteint rapidement son cerveau et canalisa son esprit. Pas de couteaux, de lance-flamme ou de tigre sous la main, il fallait se contenter d'elle et uniquement elle. C'était bien assez déjà, non ?

Elle leva les yeux en ayant la ferme intention d'improviser totalement en fait ! Elle vit alors un jeune homme qui lui semblait vaguement familier. Pas très physionomiste, l'Elegance, alors tant pis pour ce garçon au regard azur. Elle se contenta de soupirer ouvertement et se leva avant de lancer :

"Malgré tous les génies que réunit cette école, aucun n'a encore réussi à communiquer par télépathie."

Tout en parlant, elle s'était avancée vers lui. Elle le fixa quelques secondes puis poursuivit :

"Et tu n'es pas le premier à y parvenir, quel dommage !"

La professeur lui tapota sur la tête comme s'il était un gentil toutou avant de tirer sur sa cigarette et retourner s'asseoir. Elle croisa les jambes et le fixait toujours en affirmant :

"Si tu es venu pour farfouiller dans cette pièce, sache que je te comprends. C'est on ne peut plus tentant de farfouiller dans l'univers intime des professeurs. Je le fais souvent d'ailleurs MAIS je suis professeur, vois-tu, alors j'ai le droit. Toi tu n'es qu'un élève alors tu vas me dire ce que tu fais ici."

Il avait intérêt à se dépêcher, elle avait mal à la tête et une tonne de copies à corriger. Néanmoins, s'il voulait faire les quatre cents coups dans cette salle, elle pourrait lui donner quelques trucs.

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Sujet: Re: Bad day, bad moon... Bad day, bad moon... EmptyMer 24 Sep - 21:02

Ils se sentent agressés par ce qu’ils ne comprennent pas. Alors ils réagissent avec violence, souvent de façon totalement injuste, projetant leur propre destruction sur l’Autre sans penser une seule seconde qu’il ne puisse pas penser comme lui. L’homme ne détruit pas par amour du chaos. Il détruit parce qu’il se sent menacé. Est-ce parce qu’il a réussi à survivre et même à prendre une place dominante dans le règne animal par sa seule intelligence ? Est-ce le souvenir vague d’une agression passant dans la mémoire collective ? Peu importe en fait, la seule chose à retenir est que lorsqu’un autre être (humain ou animal d’ailleurs) regarde un humain sans bouger, sans aucun signe extérieur d’agression, sans même un jugement, l’on se sent agressé et l’on réagit en fonction. Accepter ce fait, le comprendre et essayer de rationaliser est l’une des clefs de l’homme. Le jour où il ne sera plus dirigé par ses émotions mais par sa raison, nous aurons fait un grand pas.

Siriel regardait Elégance, sans bouger, sans parler, sans s’impatienter. Il l’examinait tranquillement, gravant dans sa mémoire ses attitudes et ses poses, ses tics et ses manies. Ses sourcils froncés par la mauvaise humeur ou un mal de tête, ses yeux rivés sur sa copie, la courbe de son cou penché, tout enfin dans le vain but de pouvoir rendre son image sur le papier. L’intérêt du garçon était exclusivement artistique. Il observait pour reproduire mais ne portait pas de jugement sur ce qu’il voyait. Il était un miroir, un buvard, quelque chose qui s’imprégnait d’autrui et le rendait tel quel sur un support ou un autre. Jamais rien de lui ne transparaissait. Son armure était bien trop impressionnante pour ça.
Au bout d’un certain moment, comme pour illustrer les pensées pseudo philosophiques qui avaient tenu compagnie au garçon pendant son examen, le jeune professeur leva la tête et prit la direction de la conversation avec une remarque ironique. Sans se soucier de l’agressivité sous-jacente de la question, Siriel baissa les yeux pour les planter dans ceux indéfinissable de la jeune femme. Il ne répondit pas, il n’y avait rien à dire sur cette remarque. La télépathie était la clef de l’évolution. Car on ne pouvait dépasser les sentiments tant que les mots se mettaient en travers de nos chemins. Un jour l’homme trouverait un moyen de transcender le langage, de contourner le barrage des langues et de mettre les esprits directement en contact. Mais il ne pouvait expliquer ce qu’il en pensait. D’abord ce n’était pas le sujet, ensuite les mots auraient détruits sont concept avant qu’il n’ai le temps de l’exposer. Et enfin il n’était pas sur d’avoir envie de partager ce genre de pensées. Il préférait de loin qu’on pense qu’il soit incapable de libre arbitre et encore moins de penser.

Tout en parlant, elle s’était avancée vers lui. Elle le fixa quelques secondes puis poursuivit par une nouvelle pique. Encore une fois, aucune réaction ne filtra à l’extérieur. Elle ne comprenait pas ce qu’il voulait dire et lui ne comprenait absolument pas l’origine de ses sarcasmes. Pis même, il s’en fichait. En se levant, elle avait laissé la route libre vers le tiroir. Le professeur lui tapota la tête comme on flatte un bon chien, tira sur sa cigarette et retourna s’asseoir. C’était fou comme elle lui rappelait Tsuyosa parfois. Parfois seulement parce que dès qu’elle parlait, l’illusion se dissipait et l’on sentait bien que le Professeur n’avait rien à voir avec le Docteur. Non, rien du tout.
Entre temps, Elégance avait continué son petit speech dont le garçon avait noté les points essentiels sans vraiment écouter. En gros elle voulait bien le couvrir mais uniquement s’il expliquait pourquoi il était là. Seulement voila. Il n’avait pas envie d’expliquer et en plus il avait une raison tout à fait valable d’être là.
Quittant la jeune femme des yeux pour la première fois, l’adolescent examina la salle où il se trouvait puis posa simplement sa main sur le casier de son professeur et chercha a nouveau les yeux étranges de la jeune femme. Il espérait être assez clair. Mais peut-être devait-il rajouter quelque chose ? Comme par exemple… une formule de politesse ? En génétal il les évitait mais pour le coup, cela pouvait être pratique. Pour expliquer à son Professeur qu’il ne se moquait pas d’elle…


« … »

On réessaie.

« S’il vous plait »

Bon, c’était rauque, pas beau, et neutre au possible mais au moins il y avait quelque chose. Restait à espérer qu’elle soit d’humeur indulgence. Mouais…


Dernière édition par Siriel le Mer 8 Oct - 2:29, édité 2 fois
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Sujet: Re: Bad day, bad moon... Bad day, bad moon... EmptyDim 5 Oct - 16:56

(Elegance étant une grande femme, je dirais près d'1m80 -oui, oui, elle aime la démesure sous toute ses formes !- plus les talons...)


    Ça y est, ça lui revenait ! Non, pas le nom de ce garçon : elle n'avait jamais été très physionomiste. De toute façon, sa cervelle ne semblait pas décidée à créer de nouvelles liaisons synaptiques pour lui permettre de retenir quelque chose d'aussi inintéressant que de simples noms. Enfin, des noms d'élèves, bien entendu puisqu'il faut que vous sachiez que, voulant se tenir à la pointe de la mode, Elegance connaissait le nom de tous les Pokémons ! Mais, passons ce détail et revenons-en à nos moutons. Ce grand gaillard qui s'obstinait à la fixer de ce regard froid. Ça ne la dérangeait pas fondamentalement : elle était une oeuvre d'art à elle seule, elle le savait parfaitement ! Mais en cet instant précis, ce qu'elle désirait le plus au monde était qu'il mette fin à sa contemplation (bien qu'elle soit des plus flatteuses) et la laisse tranquille. Seule. Qu'il dégage fissa ! Qu'elle reste ici et puisse, enfin, se livrer à son activité favorite. Mais, Elegance avait appris bien souvent à ses dépens que le monde ne tournait pas tel qu'elle le voulait. Malheureusement. Aussi, malgré ses efforts pour obtenir de lui une quelconque réaction, il resta tel un pantin. Si elle n'avait pas été professeur (et surtout, si elle ne tenait pas un peu à son poste) elle aurait bien tenté une approche un peu plus directe. Du genre vérifier sa réaction si elle le frappait. Ou mieux, dans un délire frankensteinien (SI ce mot existe, votre professeur de littérature a TOUJOURS raison), à lui faire subir une décharge électrique pour vérifier si toutes les connexions étaient bien en place. Mais, elle ne pouvait pas se permettre de mettre en action ses pensées.

    Toujours est-il que l'indifférence était le pire sentiment qu'Elegance connaissait et franchement, en cet instant, ce jeune homme l'ignorait totalement. Enfin, il se montrait plutôt totalement indifférent à sa petite comédie. Et elle n'aimait pas ça. Ce serait bien si elle parvenait à retrouver son nom. Histoire que sa copie suive celle de Mello. Oui, parce que belle plante est ce genre de professeur : votre note sera le reflet de l'intérêt qu'elle vous porte. Encore faut-il que le nom figurant sur la copie lui parle, bien sûr. Et bien souvent, il vaut tout de même mieux qu'elle ne sache pas qui vous êtes la plupart du temps. Mais ceci constitue (encore !) un autre débat. Bien loin de celui qui nous concernait alors. Donc, malgré toutes ses provocations et ses tentatives de se montrer sympathique (et amicale, tout de même aussi), il resta impassible. Déstabilisant. Elle aurait pu l'admirer si elle avait l'esprit un peu plus ouvert. Mais ce n'était pas le cas, loin de là ! Retournée à sa place, toujours cigarette en bouche, Elegance fixait le jeune homme d'un air hautement intéressée. Il allait bien devoir bouger, faire quelque chose, je ne sais pas moi, respirer, cligner des yeux ou mieux, se servir de sa bouche pour former des mots dans le but avoué de lui expliquer sa présence ici.

    Après elle ne savait combien de temps, mais peu importait, elle était patiente quand elle le voulait, il fit un mouvement, enfin ! C'était donc bien un humain. Elle n'avait pas atterri dans une quelconque dimension parallèle. Grand bien lui fasse ! Bon d'accord, il s'était simplement contenté de détourner le regard avant (ô miracle !) d'inspecter la pièce. Ce n'était pas grand chose mais franchement, ceci semblait un grand pas pour lui... Aussi elle allait en tenir compte : elle n'était pas si inhumaine que cela, tout de même ! Mais, tandis qu'elle commençait à désespérer de pouvoir tirer quelque chose de ce réfractaire, il fit un pas. Puis deux ! Et même plus puisqu'il se dirigea vers... quoi ? Un trésor quelconque ? Une information de la plus haute importance à lui faire passer ? Ou mieux, un plan machiavélique à lui proposer ? Non... Rien de tout cela : un simple casier. Celui d'un de ses collègues, elle ne savait même pas lequel. Peut-être même était-ce le sien ? Peu importait de toute façon, elle avait décidé de se borner à ne pas comprendre tant qu'il n'aurait pas user de mots pour éclaircir ses intentions. Aussi, lorsqu'un petit "S'il vous plaît" sortit bon gré, mal gré, elle s'écria :

    "Ah ! Tu parles donc ! J'ai eu peur que tu sois muet..."

    Elle le regarda d'un air malicieux avant de sourire. Quelque peu malsain, le sourire, avouons-le. Il pourrait presque faire peur s'il n'avait été prouvé avec certitude que le casier d'Elegance était vierge. Pas de petit meurtre caché. Enfin, avec un QI de 200, il serait idiot de laisser des traces... Elle se leva et se dirigea lentement vers lui. Puis, d'un air presque maternel, celui qu'elle adoptait souvent en cours quand vous en étiez au stade de la désespérance la plus totale (non, ce n'était pas parce qu'elle vous aimait bien, détrompez-vous !) :

    "Mais, mon cher petit. Si tu ne parles pas, tu pourras être le plus poli du monde que je ne te comprendrais pas. Donc pourrais-tu, s'il te plaît, m'expliquer ce que tu veux."

    Elle avait bien remarqué qu'il était récalcitrant à user de la parole. Si elle avait été vraiment gentille, elle aurait pu lui tendre un papier ou au moins tenter de le comprendre. Mais non, elle n'aimait pas se compliquer la vie et elle voulait plutôt que lui fasse cet effort. Elle était professeur après tout !
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Sujet: Re: Bad day, bad moon... Bad day, bad moon... EmptyJeu 16 Oct - 0:24

[HJ : D'accord, j'ai édité alors. Désolé pour le délais de la réponse]

Pourquoi fallait-il que l’homme moderne attache autant d’importance à la langue ? Il en oubliait la simple logique ? Le communication par les gestes et par l’attitude n’était-elle pas aussi, sinon plus claire que le reste ? La logique ne pouvait-elle pas venir à bout des incohérences et le contexte préciser la signification ? Pourquoi toujours parler ? Pourquoi toujours ces mots si violents pour poignarder le silence et ne laisser que les traînées sanguinolentes d’une réalité toujours plus illusoire ? Non, Siriel ne s’amusait pas à penser des paradoxes juste pour le plaisir de vous embrouiller, à ses yeux c’était parfaitement clair. Aussi sur que 2 et 2 faisaient 4, les mots étaient le support de la réalité qu’on lui imposait. Cette réalité que n’avait de réel que le nom et qui en fait dissimulait autre chose. Il ne savait pas quoi, mais quelque chose. Car puisque la réalité était illusion, alors c’est qu’elle cachait quelque chose. Sinon, elle n’avait pas lieu d’être et le monde n’aurait aucun sens. Au lieu de ça, il en avait trop.

Le jeune garçon n’était pas conscient de son indifférence face au monde. Tout ce qu’il savait c’était qu’il ne l’aimait guère et que celui-ci le lui rendait bien. Difficile de savoir lequel des deux avait le premier ouvert les hostilités mais c’était une bataille qui durait depuis un certain temps déjà. Siriel n’en avait pas plus après Elégance. Il jugeait que le professeur de Littérature n’était pas responsable du pouvoir destructeur de ses mots. Vu sa matière il était normal qu’elle aime se servir de ce genre d’arme et comme elle était humaine, le garçon pouvait difficilement lui en vouloir. Et puis, franchement, en vouloir aux gens était bien trop fatiguant à son goût.

"Ah ! Tu parles donc ! J'ai eu peur que tu sois muet..."

Toujours était-il que la jeune femme lui avait répondu mais à côté de la question. Cela voulait dire deux choses. Elle ne comprenait pas ce qu’il voulait dire et il allait devoir parler un peu plus. Un moment, il fut tenté de répondre à sa provocation par le sérieux le plus total. Quelle tête aurait-elle fait s’il lui avait répondu en langage des signes qu’il était justement presque muet ? L’aurait-elle cru ? Probablement pas. Il venait de parler tout de même. Son problème était plus compliqué qu’une simple panne au niveau vocal. Il était muet parce qu’il n’aimait pas parler.

Elle le regardait avec un air malicieux et un sourire. Elle plaisantait, il le savait. Il avait quand même un minimum d’humour. Pas assez pour sourire à son tour mais il pouvait deviner la différence entre l’agressivité et la plaisanterie. Le regard qui lui rendit était mortellement sérieux. Pas agressif, non, pas vexé non plus ni même triste, juste sérieux.

"Mais, mon cher petit. Si tu ne parles pas, tu pourras être le plus poli du monde que je ne te comprendrais pas. Donc pourrais-tu, s'il te plaît, m'expliquer ce que tu veux."

Mouais. Elle aurait pu faire un effort quand même. Ce n’était pas comme s’il demandait quelque chose de compliqué. Il baissa la tête, ennuyé, puis la regarda à nouveau. Elle avait toujours ce sourire provoquant. Celui qu’ont les autres quand ils pensent avoir le dessus sur vous. Le genre de sourire qui donne envie à n’importe qui de prouver à celui en face qu’on est plus intelligent que lui. Et Siriel ne faisait pas exception à la règle. Après tout, il était humain lui aussi (enfin presque) et il n’avait vraiment pas envie de parler d’avantage.

Il s’avança. Un pas, puis deux, en direction du bureau et de l’endroit où Elégance était assise. Doucement, posément, comme ci rien au monde ne pouvait empêcher cette avancée inexorable. Et, ce faisant, il ne la quittait pas des yeux. Arrivé au bureau, il se pencha, posa une main sur la surface du bois, doucement , sans violence ni menace. Il se saisit du stylo rouge qui y était posé, puis de la première feuille de papier qu’il trouva (c’est à dire la copie de Mello). Il déboucha le stylo, posa le capuchon sur le corps de l’outil et commença à écrire, de sa belle écriture longue et calligraphiée :

*On m’a chargé de prendre un paquet de copies dans ce casier. Sauriez-vous par hasard où se trouve la clef, s’il vous plait, Professeur ? *

Puis, toujours impassible, il reboucha le stylo, le reposa à sa place et tourna la feuille en direction d’Elégance. D’une main tranquille, il replaça ses cheveux qui étaient tombés autour de son visage. On lui aurait dit qu’il avait fait quelque chose de mal, il n’aurait probablement pas comprit quoi.
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Sujet: Re: Bad day, bad moon... Bad day, bad moon... EmptyLun 20 Oct - 19:16

    On pourrait comparer Elegance à un chat et, manque de chance pour lui, cet élève était devenu officiellement sa petite souris. Expliquons-nous : pour satisfaire ses desseins machiavéliques et sadiques, la grande brune était devenue... professeur. Et oui, très certainement une frustration ou un rêve hérité très certainement de l'école primaire : celui du stylo rouge. Pouvoir saquer les élèves, leur souligner trois fois les fautes, écrire de grands "OH !" un peu partout dans la marge. On n'imagine jamais assez le pouvoir du stylo rouge et la satisfaction que son exercice apporte. Et, je vous assure que même dans un orphelinat pour surdoués, elle trouvait moyen de l'utiliser. D'autant plus que bien des élèves ne voyait pas en quoi "lire des bouquins" pourrait les aider à égaler L. Mais, nous nous écartons du sujet. Le stylo rouge était un peu la pelote de laine d'Elegance tandis que le jeune homme muet était une souris. Bien plus amusant. Et, le but ultime de la professeur était de lui faire articuler quelques mots. Pas de panique, elle était patiente et il n'avait certainement pas de temps à perdre alors l'équation se résoudrait facilement. Du moins, c'était de cette façon que la grande brune voyait les choses.

    Ceci expliquant cela et l'intérêt pour les mathématiques de la passionnée de littérature s'arrêtant aux raisonnements basiques. Vous savez, A=B et B=C donc A=C, les choses dans ce genre. Résumons donc : moi professeur, toi élève, moi vouloir que tu parles donc toi parler. Tout ça bien sûr avec un peu plus de finesse dans le vocabulaire. Son sourire affichait donc clairement la satisfaction prochaine de son désir du moment. Enfin, c'était sans compter sur l'imagination débordante des enfants peuplant cet orphelinat. Le jeune homme s'avança vers elle. Sa démarche était posée, presque solennelle et Elegance ne le quittait pas des yeux. Son sourire ne quittait pas ses lèvres et s'agrandit même lorsqu'il posa la main sur le bureau face à elle. Qu'avait-il l'intention de faire ? Visiblement pas d'utiliser sa bouche et sa langue pour former des mots clairs et distincts mais tant mieux, après tout. Il allait la surprendre, faire quelque chose d'inattendu. Ce genre d'événements arrivait si rarement à Elegance qu'elle en jubilait presque. Intérieurement bien sûr. Il se saisit du stylo le plus proche, le stylo rouge, son stylo rouge, celui qui n'allait pas survivre à cette correction de copies à la chaîne, certes, mais il restait le sien. D'ordinaire, elle aurait pu s'irriter de ce geste si impoli et intrusif mais lorsqu'elle le vit tirer vers lui le premier papier qui tomba sous ses mains, en l'occurrence, la copie de Mello, Elegance fut comblée de joie et décida de le laisser faire.

    D'une écriture fine et soignée, il écrivit lentement. Se délectant de cette surprise telle une gamine qui découvrait ses cadeaux sous l'arbre de Noël, la professeur tira doucement sur sa cigarette, ne cherchant même pas à tenter de lire. Puis, lorsqu'il tourna à nouveau la copie vers elle, elle lut doucement ce qu'il voulait lui dire :

    *On m’a chargé de prendre un paquet de copies dans ce casier. Sauriez-vous par hasard où se trouve la clef, s’il vous plait, Professeur ? *

    Oh... ce n'était que ça. Quel dommage, ce petit entretien allait bientôt prendre fin. Non pas qu'ils étaient plongés dans une discussion passionnante mais il était amusant, à sa façon. Comme un petit hamster dans sa cage... Elegance se pinça les lèvres et soupira avant de lancer :

    "Quel dommage pour cette pauvre Mello. Elle fait tellement d'efforts mais..."

    Elle se saisit doucement de son cher stylo rouge et de sa plus belle écriture, elle traça les mots suivants, sans appel :

    *Illisible*

    Puis, en haut de la copie un grand F entouré trois fois. Grandement satisfaite, Elegance était de bien meilleure humeur à présent et se dit qu'après tout, mieux valait que ce jeune homme ne parle pas de trop. Beaucoup moins fatigant que tous ces râleurs professionnels qui constituaient la majeure partie de ses élèves. Elle se leva et se dirigea vers la fenêtre puisque c'était là que l'administration avait jugé bon d'installer le "coin fumeur" et écrasa sa cigarette dans le cendrier prévu à cet effet. Puis, toujours avec le même sourire, elle se tourna vers le charmant garçon et demanda :

    "Bien, quel est le nom de ce... collègue ?"

    Il était bien venu pour chercher des copies mais, malheureusement pour lui, elle ne venait pas assez souvent dans cette salle pour reconnaître avec précision les casiers des autres professeurs. Et l'aide qu'elle allait lui porter serait à la hauteur du respect qu'elle aurait pour le collègue en question. [/b]
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Bad day, bad moon...

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