Feuille de personnage Wammys: H / A Double Compte: Âge: seize ans / vingt-quatre ans
Sujet: Le passé est plus familier — Sharp Jeu 20 Mar - 13:15
À l'Agence, il est dur de ne pas laisser le passé voler le présent à un orphelin
La salle de bal utilisée pour l'occasion – l'anniversaire d'un grand magnat de la finance, économiste de la SGA, l'une des plus grosses sociétés financières du monde – est pleine de monde, du beau monde. Les femmes sont habillées de robes luxueuses, parées de breloques valant plus que le salaire annuel de mon banquier, c'est dire. Quelques hommes fument le cigare, vêtus très classiquement de costumes trois pièces, croisés, tous provenant pourtant de grandes maisons italiennes. Moi-même, je porte une robe que Sonja, la personne qui s'est chargée de toutes mes couvertures depuis mon arrivée à l'Agence, a qualifiée de "sophistiquée". Tout ce que je sais, c'est qu'avec ce rond de chair nue dans mon dos, j'ai pu sentir le courant d'air frais dans le taxi qui m'a emmenée à la soirée.
Je laisse le lourd manteau à un majordome et m'empare d'une coupe de champagne. Toujours avoir l'air parfaitement de savoir où l'on va, ce que l'on compte faire. Je dévisage discrètement les invités, me laisse prendre à une conversation inintéressante, où les hommes comparent leurs membres et où les femmes gloussent, la main sagement posée devant la bouche.
L'Agence a été engagée par Chris Robertson, le magnat de la finance dont c'est justement l'anniversaire. La mission est simple: je dois extrader vers l'Angleterre – à l'Agence, où il sera interrogé – Peter Riley, l'assistant personnel de monsieur Robertson. Officiellement, Riley détournerait une partie de l'argent de la SGA à des fins personnelles. Robertson désire savoir comment son assistant y parvient, et qui d'autre est dans la confidence. Officieusement, je ne suis pas supposée avoir un avis personnel sur l'affaire, mais je me doute que si Riley nage en eaux troubles, Robertson n'est pas loin, faisant tranquillement la brasse. Peut-être ses manigances ont-elles mal tournées, mais, en ayant été moi-même l'assistante personnelle d'un homme d'affaire, les relations sont toujours réciproques.
Riley est bel homme. Il n'est pas fiancé ni marié, ce qui m'évitera des ennuis. Je repasse un coup de rouge sur mes lèvres, face à l'un des nombreux miroirs qui ornent la salle. Repose ma coupe – pleine – sur le plateau d'un des serveurs. M'avance lentement, à pas mesurés vers Riley. Il est vraiment bel homme.
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En descendant de l'hélicoptère, on m'annonce que la personne qui interrogera Riley est un ancien de la Wammy. Un orphelin, comme moi. Le pilote, me poussant de l'épaule, d'un geste qu'il voulait complice, a ricané: "on sait tous ce que vous faisiez dans cette baraque de fous". Bien. Va te faire foutre, enfoiré.
Je donne un coup de pied dans la machine à café, espérant que personne ne le remarquera. À part maîtriser un homme dont l'unique pratique du sport se résume à un jogging le long de la Tamise, cette mission a été hautement frustrante sur le point de l'action. C'était simple comme bonjour, le maître de cérémonie étant de mèche avec moi, je n'avais qu'à dire bonjour, me servir et repartir comme j'étais arrivée. Riley s'est résigné rapidement – trop rapidement? Je le trouve louche ce type, à user de son charme pour détourner toute tentative de discussion. Dès lors que nous sommes montés dans l'hélicoptère, il a conservé un silence religieux, effrayant.
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« Tu travailles pour l'Agence, toi. »
Dans le taxi, je suis presque ennuyée. Riley ne se débat pas, ne hurle pas qu'il est innocent. Il ne m'a même pas demandée si j'étais de la police, du MI-6 ou de la CIA. Il a gardé les lèvres scellées jusqu'à ce que l'on monte dans le taxi. Comme s'il avait voulu m'empêcher de l'extraire de la salle de bal avec coups et esquives. Tout s'était déroulé avec discrétion.
Comme à chaque fois qu'un non-initié parle de l'Agence, je ne réponds pas.
« Ils ont sous-estimé votre potentiel. Volontairement. »
C'est plus fort que moi.
« Que voulez-vous dire par "sous-estimé"? »
Je détourne brusquement la tête. Ne jamais montrer son intérêt pour quoi que ce soit. Non: ne jamais éprouver de l'intérêt pour quoi que ce soit. Surtout pas quand ça sort de la bouche de sa mission. Si ça se sait, je suis bonne pour une réprimande.
« Un gâchis, un véritable gâchis, voilà ce que vous êtes. »
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Je sirote mon café – noir – en repensant à ses paroles, les sourcils froncés. Pourquoi un "gâchis"? Qu'entendait-il par "vous"? Il paraissait bien plus concerné par la Wammy – aussi bien l'orphelinat que l'Agence – que l'aurait du être un simple assistant. Qu'est-ce que j'allais dire à la personne chargée de l'interrogatoire? Qu'il fallait se méfier de Riley? Se méfier de l'Agence? Se méfier de qui? En tout cas, cet homme a deviné pour qui je travaillais, et pour moi, ça ne présage rien de bon.
Je n'ai pas eu le temps de me changer. Le décolleté sobre, coupé dans du satin noir, est tout froissé, et le reste de la robe, couleur champagne, n'est pas dans un meilleur état. Je n'ai pas récupéré le manteau en partant, et je ne porte qu'un plaid sur mes épaules dénudées. Cela fait plus de vingt-quatre heures que je n'ai pas posé la tête sur un oreiller, ou ne serait-ce que dormi un peu. Je me frotte l’œil droit, et baille malgré moi. Lasse, je retire mes talons noirs de huit centimètres, et marmonne des jurons inaudibles en remarquant que les fines brides de cuir verni ont laissé une trace sur mes pieds.
Sujet: Re: Le passé est plus familier — Sharp Sam 22 Mar - 15:57
" La véritable élégance consiste à ne pas se faire remarquer " G. Brummel
Aston & Sharp
Tu as huit ans, tu observes les gens de la haut société, invités par tes parents, dans ta demeure en Russie.
Tu as vingt-cinq ans, tu observes les gens de la haute société invités par Chris Robertson pour son anniversaire. On pourrait croire que tu n'as vécu que de ça, de soirées mondaines, de luxe et d'hypocrisie. C'était sans compter sur la Wammy's House...
Toutes les soirées mondaines auxquelles tu as participé te fond penser à ta vie de jeune bourgeois russe. A ta vie d'antan. Pas celle de la Wammy's House, ni celle que tu as eut après. Non, celle qui remonte à dix, douze ans. C'est pour cette expérience que tu as été choisit pour ce soir. Ce bal ne déroge pas à la règle, tu sens revivre en toi le sentiment mi dégoûté mi fascine que tu ressentais lorsque tu étais enfants. . Des femmes saucissonnées dans leur robe, des hommes empaquetés dans leur costume trois pièces. Cela vaut également pour toi. Tu as ressorti de ton placard ton unique costume de grande occasion pour ce soir.
Mais tu n'es pas là pour t'amuser et te changer les idées. Tu es en mission. Tu as une demie heure pour trouver l'assistant de Robertson, et l'analyser sans te faire voir, comme tu sais si bien faire. Puis,tu te chargeras de l'entretien. Double mission. Excellent.
Peter Riley est un bel homme, ça c'est sûr. Grand élégant, charismatique, sûr de lui. Mais tu as un penchant pour les femmes toi. Dommage. Il parle haut et fort, fanfaronne tout en se retenant, modeste mais fier. Il maîtrise avec excellence les règles de bienséance de cette minuscule sphère. Il sourit aux femmes et rigole avec les hommes. Il a dans son sourire, quelque chose de carnassier.
Tu fais en sorte que personne ne te remarque dans la pièce. Ce qui n'est pas trop difficile, car tu as grandit bercé par ce genre de soirée. Tu restes silencieux, un verre de champagne à la main, que tu ne toucheras même pas du bout des lèvres. Tu participes à quelques discutions futiles, sans jamais donner ton identité. Être apprécié sans être vu ni remarqué par quiconque. Mais regarder, étudier, analyser cet escroc qui a réussi à détourner une grosse somme de son patron à des fins personnelles.
La demie heure est passé, comme tu peux le lire sur ta montre de luxe qui ne quitte jamais ton poignet. Tu reposes ta coupe de champagne et reprends ton manteau de luxe. Une demie-heure. La première demie heure de cette soirée qui peut facilement durer quatre heures. Les trois heures et demie suivantes sont consacrées à ta collègue. Un autre agent de la Wammy's Agency. On ne ta rien dit sur elle, peut être que tu la connais. Quoi qu'il en soit, vous ne deviez pas vous croisez durant cette soirée, si bien que cinq minutes après que tu sois parti, elle devait arriver et embarquer Riley jusqu'à l'agence où la deuxième partie de ta mission commencerais.
En attendant, dans l'hélicoptère qui te ramène vers l'Angleterre, après mis au point ton plan d'interrogation pour ce genre d'individu, tu t'octroies un petit somme réparateur. De toute façon, tu as du temps pour dormir, logiquement, l'autre agent ne devrait pas arriver une ou deux heures après que tu es toi même atteint le sol anglais.
Vous vous posez directement sur le toit de l'agence. Après un bref remerciement au pilote, tu défroisses ton costume style anglais d'un revers de la main et tu files vers l'entrée de l'agence. En attendant que ta collègue arrive, tu te penches sur l'affaire en cours, tout ce qui peux toucher au détournement de Riley, à Riley lui même, ce qu'on en dit, sa vie personnelle, ses relations, ses antécédents.
On te signales finalement qu'elle est arrivé. L'agent dont la mission était de rapatrier Riley t'attend dans la cafétéria. Drôle d'endroit pour te briefer sur Riley. Mais pourquoi pas. Tu as hâte d'entendre les informations supplémentaires qu'elle pourra te donner. Une demie-heure, même pour toi, n'est jamais suffisant pour connaître quelqu'un. Surtout sans l'approcher, sans lui parler, sans aucuns contacts.
Quand tu arrives dans la cafétéria, tu la remarques sans aucun mal. Tu ne connais pas beaucoup de femmes qui viennent travailler en robe de gala, à part si elles ont été conviées à un bal auparavant. Tu ne connais pas non plus beaucoup de femmes qui ont vécu dans un orphelinat pour surdoués à seize ans, qui pratique les arts martiaux et avec une telle ténacité dans le regard. Ou si, une seule : Aston.
A la Wammy's House, tu la connaissais vite fait, ne partageant aucuns cours et peu d'amis. Mais tu l'avais remarqué parce que contrairement aux autres Shapes, elle était plus posée, plus réfléchie et observatrice également.
« Salut Aston, content que ce soit toi l'autre agent sur l'affaire Riley. »
Tu gratifies tes paroles d'un sourire amical. Tu ne te présentes pas, et attend plutôt de voir si elle, elle te connais ou non. Tu tires une chaise pour t'y asseoir et croise les jambes d'un geste élégant. Le bas de ton costume se soulève un peu à la pliure de tes genoux. Toi non plus tu ne t'es pas changé à ton arrivé. Sauf que toi, tu n'as pas enlevé tes chaussures. En même temps, tes richelieus doivent être bien plus confortable que ses talons.
Aston, tu l'avais croisée quelque fois à l'agence, et tu la saluais en tant « qu'ancien de la Wammy's », comme disent les autres. Tu ne la voyais pas souvent, car elle était souvent en déplacements plus ou moins loin. Même si tu savais qu'elle était assez attirante, tu ne l'avais jamais vraiment regardé. Mais ce soir, dans sa robe rouge et champagne, qui contrastait si bien avec ses yeux clairs, tu l'admirais. Mais, tu étais Sharp, synergologue et gentleman, donc cette attirance, tu la cachais comme tu savais si bien faire.