Le couloir était désert lorsque Guard sortit enfin du bureau de Moriarty. Le jeune homme ressassait ce que le directeur venait de lui dire, en lorgnant ses chaussures, tête basse et assis sur un banc. Ainsi, il était en Angleterre... Il était loin de sa France chérie, très loin, et cela le chagrinait un peu, mais il savait que ce pays faisait partie de son passé : quoi de plus normal, il n'avait plus rien qui l'attendait là-bas... À part peut-être ce mystérieux tueur... Un frisson parcourue son dos à l'évocation mentale du meurtrier en puissance, et les souvenirs envahirent le crâne de Gilbert : l'odeur âcre du sang, la pièce ténébreuse, le corps de sa mère encore chauds et couché au sol pour la dernière fois, le ventre percer d'une large plaie et d'un trou causé par une balle... Il se revoyait, les jambes cédant sous le choc, chuter et avoir les genoux dans la flaque vermeil et chaude... Le contact de la main gelé du tueur sur son épaule, ses paroles froide comme une lame, et ce regard fou et étincelant, ambrés... Tout ceci défilait dans son petit crâne d'adolescent d'une quinzaine d'années, et il replia son petit corps en une sorte de boule, comme pour se protéger du monde extérieur. Qu'allait-il devenir ici ? Il ne le savait pas, et une larme roula sur ses joues, pour aller s'écraser sur son genou : sa fragilité refaisait surface et explosait dans le couloirs désert... Enfin, pas si désert que ça : une fille brune n'allait pas tarder à sortir du bureau de Moriarty...
Mais revenons à notre cher Guard, qui finit par sécher ses larmes et essuyer ses yeux : il se calmait peu à peu, bien que les traces du liquide salé était encore visible sur ses joues, et que ses yeux était rougit. Il se reprenait en main, sachant très bien ce qui risquait de se passer si d'autre le surprenais à pleurer : il serait mis en quarantaine, dans un coin de sa classe, pendant toute l'année. La douille qu'il avait ramassé le soir du meurtre
vint retrouver sa place entre ses doigts, et il la tourna un long moment entre son pouce et son index, essayant de savoir ce qu'il devait faire maintenant : devait-il arriver en plein milieu d'un cours ou bien attendre la fin de celui-ci ? Les cours par correspondance ne l'avait pas habitué au système éducatif moderne, et il ne savait pas ce qu'il devait faire dans cette situation... Il attendait donc, seul sur son banc, qu'un membres du personnels viennent l'informer de ses devoirs...

[HRP: Je ferais la mise en page plus tard >.<]

La jeune fille fixait le bout de ses Doc Martens. Elle avait envie de dormir. Moriarty lui débitait le règlement depuis un bon quart d'heure, et elle avait décroché au bout de la deuxième phrase. Tout ce qu'elle avait retenu, c'était qu'elle faisait partie des Alters et qu'elle serait en classe Alpha. Pour être honnête, elle s'en fichait. Elle avait rabattu son chapeau sur ses yeux pour que le directeur ne voie pas ses yeux endormis. Elle gratouillait machinalement sa cicatrice. La plaie aurait dû cicatriser normalement depuis deux ans, mais la marque restait et elle avait pris l'habitude de la toucher dès qu'elle était préoccupée.
Soudain, son ouïe fut attirée au-dehors par un bruit étrange, comme un sanglot. Puis plus rien. Avait-elle rêvé? En tout cas, cela lui avait fait perdre le fil de ses pensées.
Moriarty lui remit ensuite une carte-clé de sa chambre, une carte de bibliothèque (elle songea que cette dernière ne lui servirait sans doute pas énormément) et un cahier. Elle assura le directeur qu'elle trouverait sa chambre toute seule et put enfin quitter la pièce, à son plus grand soulagement.
Une fois sortie, elle secoua ses longs cheveux châtain clair et poussa un long bâillement. Quel ennui! Bon. Restait à trouver sa chambre.
Mais au moment où elle allait s'engager dans le couloir, elle vit cet étrange garçon qu'elle avait remarqué un peu plus tôt. C'était un nouveau, comme elle. Il était assis dos à elle, mais les légers tremblements de son corps lui laissaient supposer qu'il pleurait. Elle voulut l'aider, mais une petite voix dans sa tête n'était pas d'accord.
Tu n'as pas besoin des autres et les autres n'ont pas besoin de toi. Telle était la résolution qu'elle s'était promis de tenir à son arrivée à la Wammy's House. Mais une étrange détresse émanait de ce garçon, et elle lui adressa la parole sans vraiment le vouloir.

- Heu... Ça va?

Non mais quelle conne. Bien sûr que non, ça n'allait pas.
Elle était certaine qu'elle allait se faire jeter. Mais elle lui avait quand même parlé.

- Heu... Ça va?

La jeune fille qui venait de parler au garçon au yeux ambrés était brune, et semblait s’inquiéter pour notre petit bonhomme au dur tourment. Bien sur, il pleurait, mais il sécha bien vite ses larmes lorsque la jeune fille l’apostropha. Quoi de plus normal, le directeur lui avait fait clairement comprendre qu'ici, s'était bouffé ou être bouffer. Il soupira doucement, l'âme en peine et douloureuse, et regarda la jeune fille qui venait de lui parler.
Le premier détail qui attira le regard de notre pauvre Guard était la large balafre qui barrait la joue de la jeune fille, celle qu'elle était en train de grattouiller. Ce fut ensuite ses yeux d'un bleu glace dans lequel il se perdit quelque instant. Il ressentait au fond de ses yeux le même genre de peine que lui, et ce fut peut-être cette similitude psychologique qui poussa à ne pas la repousser, du genre "fous moi la paix". Au lieu de ça, il lui adressa un timide sourire, le genre "j'ai pleurer mais tout va bien", et essaya d'engager la conversation dans son anglais à l'accent très -trop ?- français, parce qu'il éprouvait une vague de sympathie pour la jeune fille, qui semblait avoir son âge...

O-oui et toi ?

Sa voix tremblotait quelque peu, mais, c'était normal après une crise de larme pareil, nan ? Enfin bref, toujours est-il que Guard fixait maintenant les yeux bleus de la damoiselle, sans trop savoir ce qu"il y avait de surprenant et d'attirant des ses yeux...

- O-oui et toi?

Ah, ben non, en fait, il ne lui avait pas balancé une réponse sarcastique à la figure. Tant mieux, elle n'avait pas envie d'engager une dispute.
Il la fixait maintenant dans les yeux. Les siens étaient d'une belle couleur ambrée et légèrement rouges sur les bords, conséquence de sa crise de larmes. Il avait jeté un regard à sa balafre, mais n'avait pas gardé les yeux dessus, contrairement à la plupart des gens qui la regardaient, et cela lui avait plu. Il n'avait pas l'air bien méchant, et semblait avoir quatorze ou quinze ans, pas plus. Ils se regardèrent comme ça pendant un moment, scrutant chacun les prunelles de l'autre. Elle y voyait l'horreur d'un meurtre, du sang, une balle, une profonde détresse, autant de choses qu'il devait certainement déceler dans son regard à elle aussi. Puis elle remarqua l'objet qu'il tenait dans la main.
Une douille.
Elle se crispa un court instant. Cela lui rappelait trop la scène récurrente de ses cauchemars. Puis elle se reprit. Du calme, respire. Pas besoin de paniquer. Il n'était tout de même pas armé.
Elle se souvint qu'il avait répondu à sa question, alors, pour la forme, autant faire la même chose.

- Ça aurait pu aller mieux, mais bon...

Et... attendez, que venait-elle de faire? Elle avait souri? Sérieux? Ça faisait un bail qu'elle ne l'avait pas fait. Quatre ans, quoi. Incroyable. Faut croire que ce garçon avait une bonne influence sur elle. Elle décida de faire encore pire.

- Moi, c'est Dawn.

Elle s'était présentée. Elle qui avait décidé de passer pour une débile asociale, ça ne devenait pas très crédible. Bah, elle pouvait bien faire une exception pour lui. Enfin en tout cas, tant qu'il ne lui posait pas de question sur sa cicatrice. Pour une raison inconnue, elle avait décidé d'être gentille avec lui. Peut-être à cause de leur détresse commune. Et puis, elle n'avait vu personne d'autre que deux fous pendant quatre ans, ça lui faisait du bien de voir à nouveau des gens à peu près normaux.

La jeune fille ne s'était pas moquer de lui ! Elle avait été gentille et lui avait même dit son nom ! Enfin, son surnom : Dawn. Guard venait de se souvenir que le Directeur avait insisté sur la protection de notre identité, et surtout son abandon : ainsi, il n'était plus Gilbert, mais Guard, un Alter de la classe [...]... Il sourit en retour à la fille, toujours aussi timidement, et lui tendit sa main qui ne tenait pas son objet fétiche, pour lui serrer la main : le pauvre était si chaste et sans ami qu'il n'avait encore jamais fait la bise à qui que se soi, excepté sa mère. Le jeune garçon n'avait donc aucune connaissance de la société -pas étonnant lorsque l'on vit en autarcie- et de ses manières. Il reprit doucement

Enchantée... Moi c'est Gil...

Il écarquilla ses yeux devant l'étendu de sa bêtise : il avait failli dire son vrai prénom ! Il se reprit à temps en balbutiant de confusion, de gène, et d'excuse : que penserait Moriarty si il savait que l'un des nouveaux avait déjà du mal avec les règles de l'orphelinat ? Il risquait direct de se prendre des heures de colles, et vu la façon dont Moriarty en avait parlé... Il n'avait pas envie de découvrir ce que c'était !

Ah euh... Pardon... Mon nom, c'est Guard...

Il la fixa en espérant qu'elle ne relèverait pas son erreur devant les pions, car il avait peur de l'heure de colle... Enfin, du peu qu'il avait vu d'elle, il doutait fortement qu'elle est une tel attitude : elle était plutôt gentil, cette Dawn...

Il lui avait tendu la main timidement. Cela l'avait d'abord un peu surprise, mais bon, elle la prit quand même. Sa main était chaude et un peu humide de larmes. Elle essaya de donner une poignée de mains la plus amicale possible, mais elle doutait que ce soit vraiment efficace. En quatre ans, son esprit avait énormément changé, pas que en bien d'ailleurs, et elle le savait.
A son tour de se présenter.

- Enchanté... moi c'est Gil...

Elle sourit intérieurement. Il avait failli dire son vrai prénom! Enfin, cela aurait pu arriver à n'importe qui, après tout, ils venaient juste d'arriver ici. Mais elle retint l'erreur. Comme ça, s'il lui posait une question sur sa cicatrice, elle aurait un moyen de pression...
Son sourire mental s'effaça net. Elle pensait déjà à menacer ce garçon qui n'avait rien fait de mal et qui paraissait même gentil? Son esprit avait VRAIMENT changé. Elle chassa toutes ces pensées de sa tête. Elle ne lui ferait rien. Du moins, pas dans l'immédiat.
Il rectifia vite ses paroles et se présenta sur le surnom de Guard. Guard. Pas mal, tout compte fait. Pour un peu, elle commencerait presque à l'apprécier. Il serait son seul potentiel ami dans cet orphelinat.
Voilà ce qu'elle était. Seule. Ou presque.
Une grande bouffée de tristesse l'envahit et elle retint un soupir mélancolique. Elle aurait tout donné pour revoir ses parents. Elle aurait peut-être même accepté d'avoir une cicatrice sur l'autre joue.

- Tu crois... que c'est bien, ici?

Il allait falloir qu'elle perde l'habitude de parler sans réfléchir. Si ça se trouvait, l'autre n'avait même pas envie de parler avec elle et elle était peut-être en train de le retenir pour rien. Tant pis. Ce qui est fait est fait. Mais elle se sentait tellement mal à l'aise à la Wammy's House. Les seuls orphelins qu'elle avait croisés durant son trajet lui avaient envoyé des regards hostiles. Sauf Guard, le jeune homme aux yeux ambrés.
Elle guettait sa réponse, remettant son chapeau bien en place sur sa tête.

- Tu crois... que c'est bien, ici?

Ah vrai dire, notre cher Guard n'en avait aucune idée : il venait d'arriver ici tout comme elle, et la seul chose qu'il avait vu était le visage de Moriarty et son bureau, pendant qu'on lui parlait du règlement et qu'on l’assommait plus qu'autres choses. Ah, si, il avait aussi vu l'emploi du temps et quelques couloirs de la Wammy's House, enfin, rien de bien fameux et de logique sur quoi il puisse donner un avis. Mais bon, il fallait répondre à la fille, que Guard trouvait de plus en plus sympathique, et avec qui il avait envie de se lier d'amitié.

ça ne peut pas être pire que les autres orphelinats...

ça, il s'en doutait : il avait pas mal voyagé après la mort de sa mère et avant que les services de la Wammy's lui mettent la main dessus. D'orphelinat en orphelinat, notre jeune Guard avait pris l'habitude de ne parler à personne, car son génie le rendait incompris. Il se faisait souvent exclure par les autres, à cause de son QI et ses facilités, et du coup, il avait changer plusieurs fois d’orphelinat. A la fin, il refusait d'aller en classe et restait sur son lit, par peur des réactions des professeurs et autres membres du personnel éducatif.

B-bon... Tu pense qu'on devrais aller en cours ?

Il avait dit ça d'un ton inquiet de ceux qui ont du mal à comprendre comment marche un système, et il en avait, du mal. Le système scolaire lui pesait déjà, mais il n'avait pas le choix, et puis... Il paraissait que la Wammy's House avait un fort niveau scolaire, car tout les élèves sont surdouées. Du coup, il pensait qu'il ne s'ennuierait plus. Et puis, il avait déjà rencontrer une personne sympa...

- Ca ne peut pas être pire que les autres orphelinats...

Il devait certainement avoir raison. Elle ne s'ennuierait plus, au moins, puisqu'elle semblait avoir un nouvel ami.

- B-bon... Tu penses qu'on devrait aller en cours?

"Certainement, oui" Etait ce qu'elle aurait dû répondre, mais une flemme colossale, magistrale l'envahit. Pourquoi aller en cours, quand on pouvait se balader à loisir dans un immense bâtiment, avec un ami, qui plus est? Et puis, ils pourraient faire plus ample connaissance.

- La flemme. Je préfèrerais visiter l'endroit d'abord.

Avec un sourire malicieux, elle ajouta:

- Et puis, on est nouveaux, on a une bonne excuse, on dira qu'on ne savait pas ce qu'il fallait faire.

Elle espéra que le garçon serait d'accord, vu qu'il semblait être un peu froussard. D'après ce qu'elle avait vu, il y avait pas mal de lieux intéressants à voir, et ils pourraient se montrer leurs chambres respectives une fois l'exploration terminée. De plus, elle avait vraiment envie de parler avec lui. Il... la fascinait. Cet énergumène aux yeux ambrés allait l'occuper pendant un moment. Plutôt pas mal, en plus. Peut-être qu'elle pourrait lui révéler certaines choses de son passé, cela lui enlèverait une partie du lourd fardeau qu'elle avait sur le coeur. Mais le garçon semblait hésiter.
Elle entendit Moriarty qui commençait à sortir de son bureau. C'était le moment ou jamais.
Elle s'engagea dans le couloir, sa boîte d'entrée sous le bras, espérant qu'il la suivrait, et lança à Guard avec un sourire encourageant:

- Allez, viens!

Elle lui tendait la main pour l'inviter à faire ce qui lui semblait être une connerie monumentale, pourtant, il hésitait à la faire ou ne pas la faire. Après tout, elle semblait si sur d'elle et si pressé de le faire... Elle avait envie d'explorer la Wammy's House, et Guard la comprennait : quoi de plus msytérieux que cet endroit ou logeait des tas d'orphelin surdoué ? Le bruit de Moriarty qui allait bientôt quitter son bureau le fit réagir et fit pencher la balance en faveur de la bêtise monumentale qu'ils allaient faire à deux, entre amis.... Et puis, cette fille était si sympathique, alors il avait envie de mieux la connaitre !

Il attrapa d'une main celle que la jeune fille lui tendait et de l'autre son cahier et son sac contenant les affaires des nouveaux arrivants, et partit en courant dans les couloirs, au nez et à la barbe du directeur de la Wammy's House.

Était-ce ça, des amis ? Des gens qui était prêt à faire les quatres-cent coups avec vous, des gens qui était si gentil, des gens avec des mains si chaudes... Il fut surpris de la chaleur de celle de Dawn, et de sa douceur, et la serra un peu plus fort pendant leurs courses. Lorsqu'il s'arrétèrent enfin, ils étaient près de la grande salle de repos des orphelins. Personne ne l'occupait à cet heure où tous était en cours, et les deux adolescents pouvaient donc discutez confortablement et en paix.

Guard haletait doucement à cause de la course, car l'endurance n'était pas sa spécialité. Il sourit doucement à la fille à la cicatrice, et, lorsqu'il se rendit compte qu'il tenait toujours la main de la jeune fille serré dans la sienne, il la lacha en rougissant légèrement : sa mère lui avait un jour expliquer vaguement qu'il ne fallait pas brusquer les femmes ou les gêner, car elle pouvait être très rancunière. Il s'excusa en bredouilant des excuses maladroites. Puis, il se tourna dos à elle pour ne pas qu'elle voye sa gêne, et se choisit un confortable fauteuil de cuir pour y déposer son fessier. Une fois confortablement installé, ses yeux ambrés se perdirent dans une contemplation minuxieuse de la décoration de la grande salle presque déserte, puis revinrent dans ceux de glace de sa jeune amie. Il sourit, sa gêne dissiper, avant de demander à Dawn d'une voix plus sur de lui:

Tu sais où l'on est ?

Il réfléchit en attendant la réponse, et ses yeux se perdirent dans le vague tandis que les conséquences de leurs fuites les plus désastreuse passèrent dans son esprit. Pour essayer de ne pas penser aux professeurs aux visages de démons et à l'équipe administratives aux airs sadiques, comme il se les représentait - il n'était pas loin de la vérité, mais bon... - il se mit à regarder ses chaussures, puis ses chausettes, et comparer leur teinte et leurs formes à celle de sa nouvelle amie. Il avait tous les deux le point commun d'avoir des chausettes blanches presque identique, mais leurs chaussures étaient d'un style plus différent : Guard portait des souliers qui aurait bien été avec un costume et une cravate, tandis qu'Alice avait opter pour une paire de Docs Martens. Son regard remonta sur les jambes pâles de la jeune fille, puis sur son espèce de short moulant et sur son T-shirt rouge à motifs blancs, et son noeuds de la même couleurs. Ses vêtements allaient bien à la fille, cela était certains : Guard, avec ses vêtements marrons tenant du costume de valet, avait un style bien plus sobre, voir légèrement du début du siècles derniers. Mais, que voulez-vous, à la Wammy's House il y avait déjà des phénomènes de foire au niveau vestimentaire - voir phénomène de foire tout court -, alors le jeune adolescent ne dépareillait pas du lot. Ses yeux retournèrent enfin se planter dans les océans gelés de la fille.

Oui, il pensait qu'il se plairait bien ici. Cette pensée lui vint d'un coup, tandis que le feu de l'âtre le réchauffait comme un bienheureux. Oui, il
serait bien ici, il avait déjà trouver une amie parmi les enfants entre les murs de la Wammy's House, alors... Pourquoi il s'en ferait ? Il voulu faire part de sa reflexion à voix haute à Dawn, puis se ravissa et sourit juste. Ah, qu'il était bien ici, à parler avec cette fille...

[HRP: ENFIN JE REFAIS UN LONG RP ;_; *ça lui manquait*]

Ils avaient couru jusqu'à une sorte de salle commune, où un feu de cheminée diffusait une agréable chaleur. Le garçon s'assit dans un fauteuil avant de lui demander:

- Tu sais où l'on est?

Bonne nouvelle, il était aussi perdu qu'elle. Mais ça, elle ne lui dit pas, parce qu'il paraissait être un grand trouillard.

- Aucune idée. Ca doit être une sorte de salle commune.

Le garçon entreprit ensuite de contempler la tenue de la jeune fille. Elle avait plus que tout envie de se débarrasser de ce t-shirt et de ce noeud qui la démangeaient horriblement depuis tout à l'heure, mais Guard semblait les apprécier. Lui, il avait l'air un peu ringard, dans ses vêtements de domestique, mais bon, elle avait vu pire.

De plus, elle ne laissait rien transparaître, mais elle était affreusement mal à l'aise dans l'orphelinat. Les locaux avaient beau être immenses, elle avait besoin d'être dehors, de déambuler dans les rues, d'explorer, de savoir qu'elle avait le monde devant elle, mais ici, entre des murs, cette liberté lui paraissait bridée.

C'était décidé. Elle allait trouver sa chambre et voir si elle pouvait dénicher un haut un peu plus confortable, puis chercher une place confortable sur les toits du bâtiment d'où elle pourrait admirer tout Winchester. Restait à persuader Guard...

Mais viendrait-il avec elle? Il avait déjà semblé avoir peur d'explorer les lieux avec elle, alors monter sur les toits... Elle imaginait déjà sa tête. Elle avait besoin d'un ami aventurier, avec qui elle pourrait faire ce que bon lui semblerait, et pas seulement d'un confident... Il n'allait pas être facile à convaincre. Quelqu'un d'autre pourrait peut-être l'accompagner, mais qui?

Autant tenter. Il avait accepté l'exploration, voyons s'il allait à nouveau pouvoir surmonter sa peur des heures de colle. Elle lui demanda:

- Et si on allait voir nos chambres?

Puis, avant même d'avoir sa réponse, elle détala dans le couloir de ce qui lui semblait être le dortoir, se repérant au N° sur sa carte-clé.

Elle lui dit que c'était une sorte de salle commune, et la réponse apparu logique à Guard. Après tout, n'était-elle pas meubler pour le confort des orphelins ? Il sourit devant la logique de sa nouvelle amie, qui commençait à s'agiter comme si elle voulait quelque chose. Il la regarda, et elle lui demanda, l'air innocente :

"- Et si on allait voir nos chambres?"

Il voulut réfléchir pour lui répondre quelque chose, mais la gamine était déjà partie vers les chambres. Notre Guard fut donc obliger de courir à la suite de ce boulet de canon, pour la rattraper. Lorsqu'il arriva à son niveau, elle était déjà en train de déverrrouiller la porte pour entrer dans la pièce, et il ne put même pas se plaindre du risque des heures de colles. Voyant que la fille alla dans la pièce, il en déduisit à juste titre qu'il ferait mieux d'aller dans sa propre chambre pour l'attendre. Il alla pousser courageusement la porte de sa chambre...

Les affaires qui trainait par terre envahissait son propre espace : son lit était recouvert de fringue d'un garçon, qui avait des goûts vestimentaire assez classe, en fin de compte. Il décida de repousser la visite à plus tard, pour éviter de déranger les affaires de son co-locataire...

Il retourna donc attendre Dawn dans le couloir.

[HRP: Sorry, c'est vraiment court ><]

Apparemment, il avait l'air de la suivre à peu près partout. Parfait, ce serait plus simple pour l'emmener sur les toits.
Elle rentra dans sa chambre, sachant qu'il n'avait certainement pas le droit d'entrer dans un dortoir de filles. Elle remarqua plusieurs lits et se figea.
Elle dormait avec d'autres filles...? Et pour ses cauchemars? Comment allait-elle faire? Elle eut une bouffée d'angoisse, puis se dit qu'elle aviserait le moment venu.
Elle posa son sac dans un coin de la pièce, là où elle serait sûre qu'il ne gênerait pas, puis se mit à fouiller dans un placard. Elle trouva un t-shirt noir tout ce qu'il y avait de plus banal qu'elle enfila en se promettant de le rendre à son propriétaire. Enfin, s'il y en avait un.

Combien d'étages la séparaient du toit? Elle ouvrit la fenêtre et avisa. Ce n'était pas très dur à escalader, à première vue, en tout cas. Elle referma les rideaux et se rendit compte d'une chose.

Elle prenait plaisir à embêter son camarade, pourtant gentil.

Cet aspect d'elle-même la fit frissonner. Ils lui avaient donc tout pris? Même sa gentillesse? Pourquoi n'arrivait-elle pas à se rappeler comment être généreuse, gentille, joyeuse? Elle voulait tellement retrouver ses qualités d'avant... mais désormais, seuls les défauts restaient.

Ne pas pleurer. Elle était à la Wammy's House, maintenant. Pas question de ruminer le passé. Elle était Dawn, plus Annabelle. Elle devait se concentrer sur le présent. Sur son escapade de gamine casse-cou.

Elle sortit de la pièce et récupéra Guard au passage. Elle continuait à marcher, cherchant une fenêtre appropriée pour une escalade. Tout en parcourant les couloirs, elle lui dit:

- Ecoute, j'ai une idée, mais sache tout d'abord que tu n'es pas obligé de me suivre...

Ca, c'était pour qu'il s'inquiète de ce qu'allait être la suite.

- J'ai envie d'avoir une vue de Winchester, et pour ça, j'ai besoin de monter sur le toit. Si tu as peur, tu peux me laisser seule, je ne le prendrait pas mal.

Sous-entendu: cap' ou pas cap'?
Il la considérait déjà comme tarée, maintenant il pourrait la traiter de suicidaire. Mais après tout, on s'en fiche.

Elle trouva enfin une fenêtre, dans un couloir qui lui était totalement inconnu, mais peu importe. Elle l'ouvrit en forçant un peu, puis se hissa sur la gouttière...

La fille le fixait maintenant, droit dans les yeux, après être sortie de sa chambre de dortoir, ou il n'avait pas le droit d'aller, parce que Dawn était une fille et lui un mec. Enfin, un mec... Tout est relatif. Bref. La fille lui proposait quelque chose d'énorme et d'effrayant, qui le térrorifiait au plus haut point : monter sur le toit des batiments pour voir le panorama urbain. Un truc énorme et interdit.

Il lu dans le regard de sa nouvelle amie que, si il acceptait la proposition de la fille de ne pas venir avec elle, il perdrait son estime : n'était-il pas amie ? Un cap ou pas cap s'engageait entre eux, et Guard se mit à hésité interieurement. Pour ou contre ?

"Il faut pas que je fasse un truc pareil parce que je risque d'être virer de la Wammy's House mais si je ne le fais pas Dawn va me detester et je serais un losers a ses yeux alors que non je n'en suis pas un mais si parce que j'ai pas réussi à sauver ma mère meme si je sais que je ne pouvais rien faire mais c'est trop dur de me dire ça et pourquoi je repense à ça c'est a cause du stress ou de la trouille mais c'est horrible parce que je sais pas quoi dire à cette fille si je dois accepté ou non son jeu ou si je dois me barrer c'est trop compliqué de songer à une réponse logique au secours aidé moi..."

Son état psychologique se dégradait à toute vitesse sous la pression de la prise de décision, et un poid écrasait les épaules de Guard. Il avait soudain l'impression que le tueur qui le hantait était revenu pour le surveillé, et il sentait son regard pourtant inexistant sur son épaule. Quel difficulté le choix entrainait chez lui !

Soudain son courage le reprit, pour faire la folie dont la fille lui parlait. Il ne maitrisait certes pas le tremblement de ses jambes, mais il avala sa salive pour préparer la phrase qui le comdamnerait à vivre une trouille sans pareille sur le toi. Son cerveau lui hurlait de ne pas dire ses mots, mais il prononça malgré lui la phrase fatidique:

-"J-je te suis alors... On va ou...?"

Il avait le regard fuyant de ce qui sont terrorisé par ses actions futures, pourtant, il voulait assumer ses propos : il se força donc à la regarder droit dans les yeux et à lui faire un sourire timide, hésitant. Dieu comme il devait sembler pitoyable !

Un pied sur la gouttière, elle entendit le jeune homme accepter d'une voix tremblante. Elle s'immobilisa et eut un sourire victorieux.
Cela avait dû être une véritable torture mentale pour le jeune homme, et il avait choisi d'être loyal à sa nouvelle amie... Il venait de remonter en flèche dans l'estime de Dawn. Pas si froussard que ça, en fait.

Elle se rendit compte de la position dans laquelle elle se trouvait et continua son ascension. Prenant appui sur la gouttière, elle se hissa au-dessus de la fenêtre de l'étage supérieur. Voyant que son ami peinait, elle tendit la main et l'aida à monter. Le toit n'était plus très loin. Elle posa sa chaussure sur une tuile qui se décrocha d'un coup et bascula dans le vide avant de s'écraser au sol. Déséquilibrée, elle se rattrapa de justesse à la fenêtre. Heureusement qu'elle n'avait pas le vertige.
Elle remit son pied sur les tuiles, plus prudemment cette fois, avant d'estimer la prise solide et de s'accrocher au haut du toit. A la seule force de ses bras, elle s'y hissa tant bien que mal et put se mettre debout.

Winchester était devant elle. Le temps était maussade mais la ville lui parut magnifique. Les habitations s'étendaient au premier plan, puis la campagne occupait le reste du paysage jusqu'à l'horizon. Une brise légère caressait ses cheveux. Bon sang, ce que ça faisait du bien! Un peu essoufflée par l'ascension, le vent et le bruit du clocher au loin lui donnaient un agréable sentiment de plénitude. Des bribes de sourires heureux lui revenaient en tête.

La respiration saccadée de Guard la tira de sa rêverie et, un peu honteuse, elle s'approcha pour l'aider. La vache, ce qu'il était lourd, quand même! Après quelques efforts, elle le faisait se tenir debout comme elle, mais comme il semblait avoir peur du vide devant lui, elle l'aida à s'asseoir.

Elle reprit son attitude de "je-domine-le-monde" en fermant les yeux et en écartant les bras.

- J'avais pas raison de te faire venir? La vue est trop belle, non?

Elle leva la tête pour contempler le ciel gris. Quelques rayons perçaient tout de même à travers les nuages. Il ne pleuvait pas, mais l'air était humide, ce qui n'empêchait pas deux ou trois oiseaux de voler.

L'image de Moriarty s’immisça dans son esprit et la fit sourire. Quelle tête il ferait s'il voyait les deux nouveaux sur le toit de l'orphelinat!
Cette pensée avait l'air d'effrayer Guard puisqu'il n'était pas aussi enchanté qu'elle de cette bêtise qu'ils étaient en train de faire. Comme si les heures de colle était quelque chose de terrible... pour Dawn, c'était bien peu à payer pour d'aussi beaux instants de liberté.

Et bah oui, Guard flipait à mort : il avait le vertige et se retrouvait en haut du toit, tiré par sa nouvelle amie, qui venait accessoirement de manquer de tomber et de se rompre définitivement le cou sur le bitume, genre : "crêpe sanglante et plate". Qu'il tremblait de tout ses membres, le pauvre Alter, au dessus de l'élément qui symbolisait la pire chose de son existance pathétique : le vide. Un des nombreux élément qui lui inspirait une crainte révérencieuse. Il n'(arrivait pas à admirer le panorama, déjà parce qu'il avait les yeux clos et qu'il était allonger et accrocher comme une moule à son rocher sur le toit, ensuite parce que le vide obsédait bien plus ses pensées que la beauté du panorama.

- J'avais pas raison de te faire venir? La vue est trop belle, non?

Argh ! Elle ne voyait pas que Guard était infiniment plus térrorisé que toute les personne de la terre face au vide, qu'il était écraser par la terreur, qui le forçait à se terrer contre les tuiles, bref. La peur de l'heure de colle avait été chassé depuis bien longtemps par cet élément, et le visage de Moriarty n'effeurait même plus les pensées du garçon, trop occupé à prier tout les dieux pour survivre à cette épreuve.

- S-si tu le dit, D-D-Dawn..... Moi je veux descendre...

Une larme de terreur réussit à franchir la barrière de ses lourdes paupières, et Guard glapit quand le vent arracha celle-ci à sa joue. Mais quand allaient-ils descendre !?

Descendre? Déjà? Il plaisantait ou quoi? Il ne savait donc pas qu'ils ne pourraient certainement plus faire une escapade pareille avant longtemps? Elle ouvrit les yeux et se tourna vers son ami.

Pour se rendre compte qu'il était terrifié.

La culpabilité lui serra le ventre en voyant qu'il pleurait. Le but n'était pas de le rendre fou de terreur, mais de l'aider à surmonter sa peur! Et si ça ne marchait pas, alors, autant redescendre.

Il avait toujours les yeux fermés. Elle posa une main rassurante sur son épaule et lui chuchota:

- On descend, viens.

Elle l'aida à se relever et s'engagea la première dans la descente. Cela fut beaucoup plus facile, ils n'avaient qu'à se laisser glisser le long des ardoises. Cependant, comme pour la montée, cela avait l'air d'être moins facile pour son camarade que pour elle. Elle était juste en-dessous de lui et s'assurait de son équilibre comme du sien. Le garçon eut l'air de prendre un peu plus confiance vers la fin. Pour autant qu'il puisse "prendre confiance" vu son état de terreur.

Elle arriva enfin devant la fenêtre et elle constata qu'elle était fermée. Elle eut soudainement peur. Comment allaient-ils faire pour rentrer? Elle réfléchit et se dit qu'elle avait peut-être simplement été fermée à cause du vent, ce qui signifierait qu'elle pourrait l'ouvrir avec son pied. Elle donna un grand coup de pied, non pas dans la vitre, mais dans l'encastrure (elle ne tenait pas spécialement à briser un carreau) et le fenêtre s'ouvrit violemment. Elle soupira intérieurement. Ils l'avaient échappé belle.

Elle sauta à l'intérieur avant d'attraper son camarade pour l'aider à rentrer, puis elle referma la fenêtre. Personne ne pourrait se douter de leur petite escapade.

Elle se retourna vers son camarade et la culpabilité quasi oubliée pendant leur retour dans le bâtiment revint. Elle prit une voix timide et sincère:

- Écoute, je... je voulais pas te faire peur...

Pourquoi ces larmes montaient-elles? Etait-ce si grave? C'était plutôt le fait de savoir que son esprit était devenu sadique, méchant, vicieux, tout ça à cause de ces hommes. Savoir qu'elle faisait du mal même à ses amis. Savoir qu'elle venait certainement de ficher la trouille de sa vie à son seul ami ici. Savoir qu'il ne lui parlerait peut-être plus après cet évènement. Le poids du changement brutal de vie et des quatre années de séquestration rendait le tout insupportable. Elle laissa échapper un sanglot.

- D... désolée...

Elle n'allait tout de même pas fuir devant lui! Tout ce qu'elle put faire fut de se recroqueviller, dans la même position que les quarte dernières années. Elle ne voulait pas qu'il la voie pleurer, mais il était un peu tard, maintenant.

Alors qu'elle était recroquevillée sur le sol, elle l'avait senti l'étreindre et la bercer. Il lui murmurait des choses à l'oreille, ne pas s'inquiéter, tout ira bien. Il disait même que ce n'était pas de sa faute! Elle voulut lui dire que si, qu'elle ne méritait pas d'avoir un ami comme lui, mais elle n'osa pas briser l'instant. Quel réconfort elle avait trouvé en lui! Son seul et unique ami.

- Merci. Merci beaucoup.

C'était tout ce qu'elle trouvait à dire, alors que le garçon l'avait réconfortée, elle, l'abrutie qui l'avait forcé à se faire peur. Dans son étreinte, elle n'avait senti aucun sentiment amoureux, seulement de l'amitié et le fait de savoir qu'elle n'était pas si seule, et cela lui avait fait tant de bien. Mais cela avait décuplé son sentiment de culpabilité envers lui.

Elle le relâcha et sécha ses yeux humides. Ce simple geste fit monter en elle une foule de souvenirs qu'elle s'efforça de chasser de son esprit, en vain. Ses larmes lorsqu'elle avait enfin réalisé que ses parents étaient morts. Ses larmes lorsqu'ils lui avaient dit qu'elle ne sortirait pas avant longtemps. Ses larmes la première fois... Et le souvenir du sentiment de plaisir sadique d'avoir fait peur à Guard, de lui avoir fait faire ce qu'elle voulait, comme s'il ne s'agissait que d'un vulgaire pantin. Sans s'en rendre compte, elle lui avait fait subir la même chose qu'elle, en quelque sorte.

Lorsqu'elle le comprit, elle s'écarta violemment du jeune homme et se prit la tête à deux mains, le visage crispé. Elle était tellement en colère contre elle-même qu'elle ne prit même pas la peine de masquer l'accent français dans sa voix.

- Guard... c'est ma faute. Mais je voulais pas... et maintenant je regrette tellement. C'est... c'est comme si j'avais changé... tu comprends? J'aurais jamais fait ça en temps normal...

Elle bafouillait tellement la colère brouillait son esprit. Et puis, dans un grand soupir, elle se calma, baissa son chapeau sur ses yeux et dit avec un sourire triste.

- Peut-être... que je suis vraiment devenue mauvaise. Qui sait?


[HRP: Désolée pour cette réponse trop nulle et pour l'attente °^°]

Elle écouta l'intégralité de son histoire sans l'interrompre. Alors sa mère s'était faite assassiner? Comme la sienne... comme celles de plusieurs orphelins ici, certainement. Le jeune homme avait placé sa confiance en elle, apparemment, puisqu'il lui révélait tant de choses sur son passé. Elle comprenait maintenant pourquoi il semblait avoir peur de tout...
Lorsqu'il lui prit les mains, elle sentit la douille dans la sienne, tiède à force d'avoir été dans la main du garçon. Ce contact la fit frissonner, combiné à la chaleur des mains du garçon. Elle avait l'impression que tous ces contacts humains dont elle avait été privée depuis longtemps lui redonnait un peu d'humanité. Juste un peu.

A son tour de lui conter son histoire. En français, parce que l'accent de l'autre était bien trop évident.

- Tes mains... elles sont chaudes... ça fait quatre ans que je n'avait pas ressenti cette chaleur. Quatre ans que ces hommes prenaient un plaisir malin à me voir crever de faim et de soif dans un coin de la petite pièce sombre qui me servait de cellule , avec la plaie qu'ils m'avaient faite qui s'infectait sur ma joue...

Elle désigna sa cicatrice.

- Quatre ans que je n'avait pas revu la lumière du soleil, que je n'avait pas senti le vent me caresser la peau, que je n'avais pas pris une douche digne de ce nom. Quatre ans que je me demandais pourquoi ils avaient assassiné mes parents devant mes yeux, pourquoi ils m'avaient épargnée et pourquoi ils avaient tenu à me garder avec eux alors que je n'avais que dix ans. Quatre ans que je n'ai pas touché à de la bouffe digne de ce nom, ni même à une simple fourchette. Quatre ans que j'étais coupée du monde, à me demander ce qui se passait dehors. Quatre ans que je me demandais pourquoi moi, je n'avais pas le droit d'être heureuse comme tout le monde. Et surtout, quatre ans que je n'avais pas vu quelqu'un de réellement humain. Parce que les gens qui ont fait ça, Guard, ils ne peuvent pas être humains, au fond, tu ne crois pas?

Tout en parlant, son visage devenait plus serein, plus calme, comme libéré d'un poids.

- Mais maintenant, je fais des cauchemars, toutes les nuits, je revois le sang sur la neige le jour du meurtre de mes parents, et la pièce humide et sombre, et je me sens seule. Tellement seule... Mais tu es là, maintenant, n'est-ce pas?

« Oui, je suis là...»

C'était un engagement qu'il prenait sans vraiment en avoir confiance, un accord tactique qui disait : "tu m'aide et je t'aiderais, on sera là dans les coups dur, comme deux amis." Cette chaleur qu'il ressentait et qui venait de ce sentiment nouveau pour lui lui réchauffa le coeur, et il lui sourit en se relevant, l'aidant à se mettre debout.

« Si on est ensemble, ça ira, non ? »

Cette affirmation enfantine ressemblait bien à Guard et son innocence -et ses phobies, aussi-. Souriant toujours comme si il était content, ce qui était vrai, et pour donner du courage à la jeune fille, il la tira presque jusque dans la Common room et alla s'asseoir près du feu qui y flambait. Il regarda Dawn s'y asseoir a son tour et reprit la conversation dans cet endroit nettement plus agréable que le couloir exposé au quatre vents.

« Ca me fait tout drôle... Avant je traînais jamais avec personne, j'avais que ma maman, et làà... »

Il parlait en français avec son amie, comme si c'était un code entre eux, un jeu que les autres n'avaient pas le droits de copier. Peut-être que c'était une entorse au règlement, et même si le ventre du jeune garçon se pinçait à cause de la peur, il songea qu'il pouvait bien faire ça pour symboliser sa proximité à la jeune fille...

- Si on est ensemble, ça ira, non ?
- Évidemment!

Il venait de sceller leur accord. Amis, à la vie, à la mort. Elle retombait un peu en enfance, là. Mais elle n'eut pas l'occasion d'y penser plus que ça car il l'entraîna dans la salle commune. Elle le laissa faire, amusée.

Ils s'assirent et il fit remarquer:

- Ca me fait tout drôle... Avant je traînais jamais avec personne, j'avais que ma maman, et làà...
- C'est comme moi, répondit-elle, ça faisait longtemps que j'avais pas parlé à quelqu...

Elle s'interrompit brusquement en remarquant ce qu'il y avait à côté d'elle. Du feu. Du vrai feu.

- Putain, j'avais pas vu tout à l'heure! C'est du feu! Tu te rends compte, Guard, du feu, du vrai!!

Elle avait l'air d'un enfant découvrant le père Noël dans sa maison. Elle se posta accroupie devant les flammes, les regardant crépiter avec des yeux émerveillés. Les flammes s'élevaient dans la cheminée, léchant les parois. Elle observa les différentes couleurs: jaune, orange, rouge. Le bois s'effritait en-dessous, se recouvrant d'une couche grise de cendres. Elle approcha sa main avant de la retirer de justesse. Elle avait même oublié que ça brûlait, ce truc.

- Woaaah... si j'avais de la neige dehors en plus, ce serait parfait.

Elle se retourna, souriant à Guard, avant de voir qu'il la regardait d'un air surpris. Elle rougit légèrement.

- Ah... pardon... c'est juste que ça m'avait manqué.

Il se mit à côté d'elle et ferma les yeux, comme s'il était en train de réfléchir. Elle se retourna donc vers les flammes. Elles ressemblaient beaucoup à celles qu'il y avait dans la cheminée de la petite maison de briques. Le dernier endroit qu'elle ait vu avant que...
Elle secoua la tête. Ne garder que les souvenirs agréables. Chasser les mauvais. Réflexe élémentaire pour rester un tant soit peu sain d'esprit.
Le feu, donc. Celui-ci brûlait tranquillement, simple source de chaleur. Mais elle se souvenait que chez elle, c’était de grandes flammes qui s’élevaient dans la cheminée, le plus haut possible, comme si elles se mettaient sur la pointe des pieds. Elles devenaient des ballerines dansant sur les bûches fripées et recouvertes de cendre dans une chorégraphie endiablée, produisant un grondement facilement audible. L’espace semblant trop étroit pour elles, elles se cognaient contre les parois, ou plutôt, les frôlaient et y laissaient leur trace noire de suie, comme si leur tristesse déteignait. Elles continuaient leur funeste ballet, consumant le bois petit à petit. Chose moins poétique, un « pop » se faisait entendre de temps en temps lorsqu’on insecte resté dans le bois se consumait, ou plutôt explosait. Mais cela n’arrivait que rarement.
Ce feu-ci était calme, les danseuses de feu exécutaient une danse lente et envoûtante. Les traces noires étaient tout de même présentes, signe que la danse avait le même thème. Le bois était de meilleur qualité et…
Elle faillit sursauter en sentant quelque chose sur son épaule. Elle tourna la tête et vit… le garçon, qui venait de s’endormir sur elle.
Son cerveau ne capta pas tout de suite l’information. Pendant quelques secondes, elle resta ainsi, le visage perplexe. Puis vint le moment de la surprise totale, où elle tourna la tête dans tous les sens une bonne dizaine de fois, pour être bien sûre que ce qui se passait était réel. Ensuite, la panique totale, la rougeur du visage et la torture mentale qui va avec.
« Oh putain qu’est-ce qui se passe qu’est-ce qu’il fait là il sous-entend quelque chose ou pas mais non je me fais des films mais quand même qu’est-ce que je dois faire merde merde merde trouver une solution vite mais pourquoi moi qu’est-ce qu’il faut que je fasse ». En gros c’était ça.

Tentant de retrouver un rythme cardiaque normal, elle se retourna pour contempler le visage du garçon. Il avait des traits fins et fragiles, et son air avait quelque chose d’angélique. Ses cheveux d’un noir de jais évoquaient les plumes d’un corbeau. Ses paupières fermées cachaient ses yeux ambrés si profonds. Il avait l’air fragile. Si fragile…
Son esprit dériva. S’il avait vécu en autarcie, alors tout cela devait être nouveau, pour lui. Les gens autour de lui, les cours, les chambres…
Et elle, qu’aurait-elle à réapprendre ? Manger correctement, se doucher, travailler, parler aux autres… et les professeurs, comment seraient-ils ?...
Elle avait fini par s’endormir, la tête contre celle de l’autre.

Ils dormirent donc l'un contre l'autre, collé comme deux amis pas loin de la cheminée, pour profiter de sa chaleur et de son espace accueillant. Qui les trouvèrent là, élève ou surveillants ? Ils ne le surent jamais, car leur réveil se déroula dans les draps de leur lit, sans qu'ils aient le souvenir d'y être retourné. Mais, plus que ce souvenir inutile, les deux jeunes gens savaient qu'il avait gagné aujourd'hui une amitié sincère et qui durerait un long moment, car ils étaient fait pour s'entendre.

Les deux Alter allaient donc découvrir ensemble les joies de la vie de l'internat, car, ne vaut-il pas être deux pour vivre ce genre de nouvelle vie ?

[RP TERMINEE]