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 dans leurs dédales infernaux, j'entends cerbers.

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Sujet: dans leurs dédales infernaux, j'entends cerbers. dans leurs dédales infernaux, j'entends cerbers. EmptyJeu 28 Juil - 22:41



Et si je m’use, c’est pour que tu viennes me chercher.

.

Il a les bras emmêlés et la tête essoufflée. Il marche le long du couloir, mains dans les poches et poches dans le brouillard. Des poches sous les yeux et les yeux brisés, qui regardent sans voir. Il longe les murs, le dos un peu abaissé, un peu comme ses paupières qui clignent sans parvenir à se relever. Il est un peu mal réveillé ou alors un peu mal endormi, peut-être parce qu'il vient de sortir du lit ou peut-être parce qu'il devrait aller se coucher. Mais ça il ne le sait pas Néron ; quelle heure est-il déjà ? Il croise quelques élèves mais personne ne le salue, personne ne vient lui dire bonjour, ni bonsoir, personne ne vient l'acclamer, personne ne viendra jamais l'applaudir. Ce pauvre empereur raturé. Comme d’habitude, il a perdu des fragments de lui-même sur le sol. Il est fatiguant Néron avec ses morceaux d’âmes qui se baladent un peu partout, qui se barrent de lui, qui vont se souffler entre deux poussières, s’oublier entre deux mots, s'envoler entre deux battement de paupières. Tout le monde est excédé Néron et tout ces bouts impériaux qui flottent dans l’air, on a juste apprit à les éviter, à les pousser d’un geste de la main, à les envoyer quelque part où jamais personne ne les retrouvera, à les laisser pourrir au fond du monde. Non Néron, tu ne seras jamais complet et bientôt il ne restera même plus assez de matière pour aller se perdre.
Alors il met un peu de temps avant de la remarquer, au bout du couloir. Elle est dos à lui pour le moment, mais elle va bien finir par se retourner. Il est toujours un peu surpris quand il la voit, comme pris dans un sursaut de son esprit. Il penche toujours un peu la tête sur le côté, ses yeux dans un imperceptible mouvement s’écarquillent et sa bouche s’entrouvre lentement. L’impression d’être brusquement éveillé, que le monde le prenait soudain au corps pour disparaitre en une seconde, ravalée en une gorgée.
Elle est au bout du couloir et il s'est arrêté. Elle ne l’a pas encore vu, pourtant il l’entend déjà clairement lui dire « Néron, va laver ta chemise, elle est tâchée de sang. Je t'ai vu te battre avec Lux et Cyanide, arrête les mauvaises fréquentations. Ton pantalon est trop bas et tes baskets sont trop sales. Tu manges beaucoup pour un garçon aussi mince et pas assez d’activia et regarde-toi ! Tu as une mauvaise hygiène de vie. Tes cheveux sont trop longs et trop défaits, tu les as lavés au moins aujourd'hui ? Et tu te tiens mal, redresse toi ! ».
Il aime bien quand elle lui parle Cerbers. Il y a les gens qui disent qu’elle grogne comme un chien et qu'elle a les griffes du bout des doigts, mais lui il n’a jamais rien de tel. Il n’a jamais vu ses morsures, il n’a jamais entendu ses aboiements, il n’a jamais rencontrée Cerbers, le chien de Hadès. Pourtant il le sait bien, qu'elle a le corps plein des Enfers qu’elle garde. Qu'il y a la braise au pincement de ses lèvres, les flammes à l'étreinte de ses bras croisés, les crocs à la plissure de ses sourcils froncés. Non lui, il la voit juste elle. Elle, avec sa silhouette courant d'air, avec ses cheveux d'ombres, sa peau nuage et ses yeux encre. Il n’a jamais vu qu’elle.

– Il y a deux types là-bas qui repeignent la Wammy's en lançant des pots de peintures sur les murs. Je leur ai dit que tu les trouverais. Je leur ai dit que tu viendrais.

Ils sont à quelques mètres de lui maintenant, Cerbers et son visage crispé, Cerbers et ses mains sur ses hanches, Cerbers et sa respiration brulante, Cerbers et son corps brutal. Il ne s’en rend peut-être pas compte Néron ou peut-être qu’il s’en fiche, mais il a de la peinture partout. Il a de la peinture sur les vêtements, dans les cheveux, sur le visage et sur les mains. Du bleu, du rouge, du jaunes, des tâches, des traces, des éclaboussures. Et tout ça qui se mêle au sang sur sa joue, à la poussière sur sa veste, aux déchirures dans son pantalon, aux nœuds dans ses mèches. Néron qui ressemble à un champ bataille.

– Et tu es venue, Cerberus.

Elle n’aime pas qu’on l’appelle comme ça. Elle lui a dit pourtant. « C’est compliqué, ça sonne mal, je ne m’appelle pas ainsi. » Mais lui ne comprend pas. Non, Néron n’a jamais vu Cerbers et il ne sait pas qui est Cer. Lui ne connait que Cerberus. Cerberus quand elle lui envoie ses activia au visage parce qu'elle est excédée de son comportement, parce qu’il hoche la tête mais n’écoute rien, parce qu’il apprécie juste l’entendre parler. Cerberus quand elle s’emporte, lui ordonne de partir et de ne revenir que lorsqu’il se sera enfin appliqué à vivre.
Pourtant il voudrait bien, mettre un peu d'ordre dans sa tête, faire les choses bien pour une fois ; mais il n'arrive à rien. Et quand elle est revient, quand il va la chercher, elle refait son nœud de cravate, elle époussète la cendre sur son épaule, elle le raccompagne à sa chambre parce que lui ne sait plus comment rentrer. Quand elle l’oblige à repartir se changer, quand elle rempli un peu son spectre vide, quand elle réajuste les lambeaux de son existence qui dépassent, quand elle lui ordonne de se relever. Qu’elle lui dit qu’il est de travers et le fait avancer un peu plus droit.

– J’ai faim. C’est normal ?

.
Et si je hurle, c'est pour que tu viennes me chercher.
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Sujet: Re: dans leurs dédales infernaux, j'entends cerbers. dans leurs dédales infernaux, j'entends cerbers. EmptyJeu 1 Sep - 22:46

dans leurs dédales infernaux, j'entends cerbers. Cicero10

Carla n'avait jamais mérité son surnom malgré le regard tantôt méprisant tantôt angoissé de ses camarades. Un chien, c'était fidèle, elle l'était, c'était loyal, elle l'était, et c'était prêt à braver n'importe quoi pour son maître. Au nom de Moriarty, elle partait tête baissée dans toutes les croisades.
Mais une fois arrivée dans des zones dangereuses, son fanon se repliait discrètement. C'est que le terrible cerbère de wh était une couarde. Jamais élève n'avait eu de pseudonyme aussi mal seyant qu'elle. Elle restait néanmoins secrètement persuadée qu'elle se devait d'accomplir une mission inéluctable, mais peut-être était-ce son enfer imaginaire qui avait endommagé son réalisme.

Un autre qui manquait de réalisme et pourtant, méritait amplement son surnom, c'était cet empereur qu'elle percevait comme absolu. Néron qui paraissait si lucide quand il était apathique, et si sanguinaire quand il s'excitait, un Néron destructeur dans son règne, et surtout complètement fou. Lui se voyait comme faible et dénué de crédibilité, mais l'Italien se ne rendait pas compte à quel point son surnom lui allait comme un gant. Ou était-ce encore l'autre chien qui se faisait des idées pour rien. Elle le voyait comme complètement cinglé, et envers tout, sa frayeur s'estompait en face du plus dangereux des élèves, enfin; qu'elle pensait être le plus dangereux.

Ce n'est pas tout, elle reconnait ses pas impériaux mais pas impérieux, elle a le temps de finir ses réprimandes à un petit de treize ans qui n'a rien demandé et elle attend, plutôt, elle hésite, la tête penchée en biais, l'oreille qui écoute encore et les jambes qui ne se décident pas à partir.
Et puis elle se retourne quand même parce qu'il lui parle.

Cerbers avait beau s'épouvanter devant les tenues aguicheuses de Dainty, les bijoux effrayants de End, les cheveux démoniaques de Cyanide, devant la moindre poussière ou quoi que ce soit, elle se contente de retenir sa respiration en voyant les ruines de cet empereur qui se croit en lambeaux.

Il parle bas ; on dirait qu'il a peur, mais pas d'elle, plutôt de lui-même.

Je ne viens jamais pour les fauteurs de troubles.

On dirait, avec son ton, un peu doux et un peu rauque, qu'il veut l'apprivoiser. Cerbers répond en fuyant des yeux, mais elle aurait beau tout faire et rien ne la qualifierait de sauvage, surtout face à Néron. Elle peut hausser la voix contre lui, s'emporter dans ses gestes, partir comme une furie ou au contraire répondre avec douceur pour donner l'impression d'être incontrôlable, mais il n'y avait jamais de cerbère aussi peu sauvage qu'elle.

Il lui avait suffi de parler et de se présenter avec ses vêtements sales, de poser une question hors contexte pour déjà que ses joues s'empourprent.
Carla manquait de caractère. Elle vivait par et pour les autres, et c'est dire qu'elle n'en avait donc carrément pas. Toutes ses décisions étaient réglées par les conditions extérieures et jamais elle n'avait écouté, ou même entendu, une petite voix intérieure, trop fluette pour résonner, et il était trop tard pour qu'elle reconnaisse cette voix si tout à coup elle se manifestait. Elle manquait de caractère et se contentait d'accomplir son travail d'expert à analyser chercher décortiquer se rappeler parler raisonner et ainsi de suite. Ou était-ce justement ce gout d'analyser chercher décortiquer qui ne laissait plus de place à une envie d'épanouissement, ou au contraire, et cela était fort possible, que ce goût soit si corsé que son palais ne ressente plus rien.

En bref, l'experte avait besoin d'une étincelle.
Et puis, il serait trop facile de dire que tada Néron était arrivé, tison quand il somnole et déflagration quand il cogne.

Cet incendie faisait peur aux yeux de celle qui ne jurait que par le zéro absolu. Même quand son embrasement se taisait brusquement. Elle ne nie pas qu'elle trouve des attraits chez cet antonyme tout droit sorti d'un conte médiéval nourri de mythes angoissants. Cet antonyme-là a une certaine attention envers elle; son charbon froid à elle ne demandait que cela depuis dix-sept ans.

Va donc manger. On n'est pas au goulag ici.

Si parfois elle avait des gestes d'amie, souvent des répliques de mère et aussi des attentions de juge, elle avait l'impression de se comporter comme sa femme.
Comme là, où elle lui passe la main sur la joue, avec une certaine force pour éradiquer la saleté et pourtant aussi avec un peu de tendresse suintant la niaiserie. Elle ne fronce plus les sourcils, parce qu'elle a déjà quitté le rôle de vigile, elle est la Cerbers domptée par Néron et non plus celle qui brandit les couleurs de l'autorité. Il faut croire que le cavalier avait décatégorisé toutes les priorités de la fille et qu'il ne s'en rendait même pas compte; il la brave alors qu'elle est à lui. L'amour qu'elle lui portait était suffisamment irrationnel pour qu'elle l'accepte, sincère pour qu'elle le lui avoue, et pourtant trop violent pour le laisser flotter.

Son regard dit qu'il se tient mal et ses soupirs le confirment, et si elle se s'attardait pas à renouer une fois de plus sa cravate froissée, on n'aurait vu qu'une vague relation entre deux adolescents séparés par un fossé immense.
Qui aurait cru alors que quand Carla allait chercher son activia, restant vingt sept minutes devant le rayon réfrigéré des laitages, quand elle tendait son bras pour attraper le dernier paquet collé contre la paroi du fond, quand elle hésitait à le prendre lorsque c'était le dernier pensait à ce fou de Néron ? Personne ne faisait le lien entre un yaourt diététique et un matheux dément, mais une fille qui pensait trop à ce déséquilibré, si.

Ils avaient tous les deux les cheveux noirs de suie et la tête remplie de sciences, un mutisme régulier suivi d'accès de d'agitation brusques, ils se retrouvaient pour des dialogues aussi mouvementés que dans l'Assommoir; mais lui avait choisi le carnage, le bordel, la désagrégation, la belligérance, en résumé, la guerre.
Ils étaient alors à quelques centimètres, elle desserre les bras, le regarde dans les yeux, son attitude est hésitante, son regard l'encombre, ses pensées lui créent des obstacles, il lui semble impossible de les briser, elle cherche un peu d'air et beaucoup de courage, beaucoup plus que si elle s'était décidée de rappeler les pires caïds de l'orphelinat aux règles; elle se hisse pour déposer un baiser à côté de ses lèvres; là où elles se relèveraient si seulement Néron riait.
Mais Néron ne rit pas parce qu'il a du sang sur sa chemise, alors elle lui dit :

Néron, va laver ta chemise.

Cerbers passe une main rapide dessus pour enlever un minimum de poussière et en faisant demi-tour, signifie d'une voix encore plus basse :

Et tu te tiens mal, redresse-toi !

something in your magnetism
must have pissed them off


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