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 The Underground aka the breach of the rules. — LUCKY

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The Underground aka the breach of the rules. — LUCKY XBAwa
Sujet: The Underground aka the breach of the rules. — LUCKY The Underground aka the breach of the rules. — LUCKY EmptyMer 18 Mai - 1:51

    Charlie Haden jouait David Bowie, et ce n'était plus l'Amérique. Le pub, très cher Underground, avait de furieux airs du nouveau continent, des bouteilles et des hamburgers 100% capitalistes, un décor 40's plus vrai que nature, et un accent que même le plus fier des texans ne renierait pas. C'était comme une bouffée d'oxygène, un souffle sur une Lucky Strike d'une autre époque, quelque secondes dans un chez vous qui n'était plus le vôtre, et une nouvelle chute, cette fois au fond d'un trou toujours plus profond. Oui, ce n'était plus l'Amérique, si loin qu'on aurait eu du mal à imaginer qu'elle ait un jour existé. L'image que vous évoquait le sentiment s'imprimait en vous comme une photo argentique, noir et blanc, aux bords racornis et jaunis par le temps, vous aviez beau l'enfermer au fond du coffre qu'était votre tête, qu'elle se flétrissait comme une belle rose, perdant peu à peu de son éclat pour n'être finalement qu'un souvenir flou et incertain. Beaucoup en auraient pleuré, la maladie Nostalgie vous transformant pour une soirée en un spectre du passé, un fantôme accroché au bar, des doigts crochus enfoncés dans le bois, troquant une vie contre un rêve, jetant les aspirations du jour aux ordures.

    Il s'enfuyait dans l'ombre de sa Guiness, imaginant des vies entières dans les tâches qui noircissaient le bar. Une infinité de Et Si, de réminiscences ADN de ses prédécesseurs, des souvenirs qu'il ne connaîtrait probablement jamais, le lot quotidien des piliers du bar du coin, de ceux qui noyaient leurs désillusions dans leur verre, tourbillon toujours moins cathartique, toujours plus amnésique. Ce soir il était un esthète, peignant un tableau d'un souvenir brumeux sur une toile d'alcool, une lettre sous cachet venue loin du passé. Un soleil de papier brillait, un père et une fille profitaient des derniers jour d'un été qui semblait leur filer entre les doigts, derrière les lunettes de soleil, un sourire franc et heureux face à des milk-shakes semblables à des montagnes, un moment idyllique où le temps semblait s'être suspendu, une pétale de fleur figée dans l'air, une volonté de préserver la pellicule pour toujours, de peindre un second Dorian Gray.

    Le retour à la réalité, quoique dur, n'était pas le plus difficile, le retour à sa vie en revanche devenait à chaque jour que Dieu faisait un mur toujours plus haut à franchir. Si bien qu'il restait parfois de longs moments en suspend au dessus d'un réel qui, lui, ne changeait jamais. Le réveil avait ce soir prit la forme d'une moustache grise et taillée, armée d'un regard accusateur, l'habitant de l'autre côté du bar proférant de graves menaces sur le fait qu'il ne savait toujours pas se servir d'un verre, lui s'était contenté de grogner faiblement, trop faible pour sortir de cette réalité atténuée. Le mannequin à la moustache secouait la tête d'un air désapprobateur tandis qu'il posait une autre dame de verre à l'allure sévère et corsée sur le comptoir, provocant le contentement de son prochain amant. Un large sourire lui donnant l'air d'un personnage de cartoon, le même que Coyote arborait avec avidité avant de se découvrir au dessus d'un précipice quelques minutes plus tard.
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Invité
Sujet: Re: The Underground aka the breach of the rules. — LUCKY The Underground aka the breach of the rules. — LUCKY EmptyMer 18 Mai - 4:03

    Des éclats de verre gisaient sur le carrelage d'ordinaire bien trop propre, presque aseptisé du salon alors plongé dans l'obscurité. Elle les regardait luire, ces fragments de rien, réfléchissant la lumière extérieure d'un réverbère à travers la fenêtre. Elle qui ne pouvait user du faux-fuyant qu'était la maladresse pour se défendre de ces brisures, chaque lame aiguisée par le choc lui faisant l'impression d'autant de cris de détresse. La seule qu'elle se savait incapable de combattre. La sienne.
    Des années auparavant, elle laissait déjà s'échapper des objets fragiles de ses doigts d'enfant. Des verres le plus souvent, trouvés entre deux machines à sous, dans ce casino bruyant où elle rôdait des nuits entières à attendre la fin du service de ses parents. Elle les collectait avec un amour presque maternel, ces récipients aux effluves d'alcools trop sucré, parce qu'elle se sentait comme eux. Abandonnée. Et lorsque ce sentiment de vide devenait trop oppressant, l'impression de suffocation redoublée par le tumulte et le mouvement tourbillonnant mais néanmoins ordinaire de l'établissement de jeu, elle sacrifiait l'un de ses compagnons d'infortune. Alors pendant un instant, un très court instant, l'un de ses parents détournait son attention de son travail et posait son regard sur elle. Un regard désapprobateur, mais un regard tout de même. Quelques secondes durant lesquelles il ou elle cessait de l'ignorer, donnant une pâle légitimité à son existence.

    En grandissant, Lucky avait trouvé d'autres moyens de combattre l'étouffante sensation de vide qui s'emparait d'elle. Cesser de vouloir gagner l'attention de ses parents avait été une première étape, puis une seconde de choisir un métier dans lequel elle ne se rendrait non pas utile mais nécessaire aux yeux des autres. Mais la voie la plus simple, la moins honorable par ailleurs, était indubitablement celle de se réfugier dans l'addiction à laquelle sa chance naturelle la prédisposait : le jeu. Pourtant il y avait des soirs durant lesquels aucun carré de rois, aucune quinte flush à pique ne semblait pouvoir la guérir de ce néant intérieur. Des soirs comme celui-ci, où le premier verre qui passait entre ses mains graciles était projeté contre le sol. Une régression contre laquelle elle ne connaissait malheureusement qu'un seul et unique remède : Prendre un second verre et le remplir de promesses aussi capiteuses qu'illusoires. Seulement il n'y avait rien pour rendre l'alcool plus amer que le silence : Dans ces soirées de naufrage, elle échouait alors le plus souvent dans un bar.

    Ce soir, elle avait jeté son dévolu sur l'Underground. La raison était trouble, peut-être était-ce le côté résolument yankee de l'établissement qui l'avait attirée, la piquant d'une douloureuse nostalgie. Ou peut-être n'était-ce qu'un énième coup de cette foutue chance, pensée qui s'imposa à son esprit à l'instant même où elle aperçut une silhouette familière au bar. Crime. Elle hésita un instant, se demandant s'il était correct de s'approcher, d'entamer la conversation, d'autant plus que cela n'avait jamais été chose aisée avec lui, de multiples divergences d'opinions et des caractères de prime abord incompatibles ayant probablement achevé de dresser des murs dont l'homme paraissait, de lui-même, avoir posé les premières pierres. C'est cela, il semblait s'emmurer vivant, s'asphyxiant un peu plus chaque jour. Pour Lucky, c'était purement insupportable à regarder. Une bonne raison, peut-être, de ne pas manquer l'occasion qui s'offrait à elle de discuter un peu, bien qu'à vrai dire, ce fut surtout le regard lubrique que lui lança le poivrot assis à l'entrée qui lui donna l'impulsion pour avancer vers l'intérieur du pub. Se postant près du tabouret jouxtant celui de son collègue, elle orna son visage d'un habituel sourire, un masque de jovialité qu'elle s'était si bien entraînée à porter.

    « La place est-elle libre, professeur ? » déclara-t-elle en guise de salutation, s'asseyant avant même d'avoir reçu une quelconque réponse. Ce n'était pas comme si elle allait lui laisser le choix.
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The Underground aka the breach of the rules. — LUCKY XBAwa
Sujet: Re: The Underground aka the breach of the rules. — LUCKY The Underground aka the breach of the rules. — LUCKY EmptyMer 18 Mai - 23:00

    On ne croit jamais à l'existence de la femme en robe rouge avant de l'avoir soi même vu. Au détour d'une rue, derrière une fenêtre, dans un bar, c'est toujours un aperçu fantastique, l'incursion de l'imaginaire, de votre propre fantasme dans le monde réel. Qu'elle soit en blue jeans ou en robe jaune canari, elle n'en reste pas moins la femme en robe rouge, se cachant derrière chaque visage féminin que vous croisez, le désir inavouable de toute une vie d'adulte, une aspiration à la fatalité, l'espace d'un soir. Un retour au Noir d'une autre époque, la nostalgie d'heures perdues et lointaines, un portrait vivant vous appelant à l'illusion et à l'amnésie pour quelques heures. La femme en robe rouge est partout et n'attend qu'une occasion de sortir de votre tête pour faire l'amour à votre conscience.

    Ce soir c'était une panthère aux allures de velours bleu nuit, une figure féline se prélassant lentement autour de vous avant de se glisser à vos côtes, vous tapant un brin de causette à l'allure innocente, un sourire comme une lame de soie sur des lèvres assassines. Toujours une rose dans une main, un rasoir dans l'autre. On ne sait jamais ce qui se passe dans la tête de la femme en robe rouge, le miel tournant souvent bien vite au poison. Elle se contente de vous regarder, moitié amusée, moitié excitée, totalement captivée par votre semblant de séduction, le menton posée sur sa main, des ongles vernies éclatant, la bouche entrouverte, découvrant une canine pointue semblable à celle d'un lynx. En tant que prédateur elle ne parle que rarement, parfois difficilement, toujours pour promettre un monde sur un plateau d'or.

    Lui il l'ignore, fronce les sourcils quand elle lui parle, avale rapidement son whisky quand elle prononce son nom. Mais malgré toutes ses tentatives il cède toujours, risquant d'abord un regard en coin, puis insistant légèrement sur une poitrine trop mise en avant, avant de baisser sa garde et de risquer maladroitement quelques mots, n'ayant pas encore conscience qu'il est déjà passé de l'autre côté. Il humecte lentement ses lèvres sèches, le whisky lui semble fade, le sourire en robe rouge le désarme à chaque fois, il répond toujours à la provocation déguisée.

    « Vous ne vous refusez rien, à ce que je vois. »

    Malgré la position défensive, il est pris au piège, et ne le sait que trop bien. C'est comme des sables mouvants, une plante carnivore, un énorme serpent, plus vous bougez, plus la mise à mort en sera douloureuse. Il tire une cigarette d'un antique paquet de cow-boy et s'en allume une, un condamné attaché face à peloton d'exécution, attendant ses petites copines de poudre et d'acier.

    « Luck, c'est ça ? Comme... Lady Chance ? Un truc dans le genre ? »

    L'impression d'avoir volé quelques secondes fugitives à une machine à sous vorace, de se retrouver face à une énorme paire de dés armés de mâchoires d'as de pique. Il déglutit difficilement, le sentiment d'être une bille jetée négligemment sur une roulette presque russe. Le hasard était comme un taxi qu'il n'attraperait jamais : un accord sur la culpabilité et le désaveu. Il détestait les casinos.
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