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 Just like a Circus . pv

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Sujet: Just like a Circus . pv Just like a Circus . pv EmptyVen 6 Mai - 16:28

April

    Il existe deux types de personne dans le monde. Ceux qui agissent, et ceux qui observent. Damn et April l'avaient bien compris, ils savaient que pour réussir dans la vie il faudrait agir. C'était le gros porc devant son match de foot, avec son pop corn et sa bière contre le joueur de foot, c'était la fille fan de twilight contre Kirsten Stewart, c'était le spectateur contre l'acteur, c'était l'adolescent avec son casque de musique contre Matthew Bellamy, c'était la femme de ménage contre une star. C'était quelqu'un qui restera méconnu toute sa vie contre quelqu'un qui aura marqué sa vie dans l'histoire. Qu'importe qu'on s'appelle Hitler, qu'importe qu'on soit un tyran, qu'importe qu'on ai marqué son nom d'une manière négative il faut que le monde se rappelle qu'on a existé, et ainsi on atteint l'immortalité.

    Damn et April rêvaient de la célébrité, ils aimaient par dessus tout qu'on les regarde, qu'on les admire, ils s'étaient créé une sorte de culte de la personnalité, ils adoraient être le centre d'attention lors d'une discussion bref, des vrais petites stars. Ils avaient eu l'habitude après tout, d'être observés. Déjà tout petits les paparazzis cherchaient à les prendre en photo, pour ceux qui n'auraient pas suivit leur mère était un mannequin réputé. Alors forcément, ça donne l'habitude d'être aimé, d'être observés... peut-être étaient-ils frustrés qu'à la Wammy's House on ne les stalke pas comme dans leur ancienne vie. Oui, peut-être regrettaient-ils leur ancienne vie, avec leur mère qu'ils aimaient par dessus tout.

    C'était surtout vrai pour Damn en fait. April lui recherchait beaucoup moins la reconnaissance et la célébrité, il était plutôt du genre blasé par tout ça. Lui, il ne recherchait que l'amour de son frère, et cela occupait toutes ses pensées. Il n'avait pas le temps de réfléchir si il voulait être connu ou pas, il suivrait son jumeau c'était tout. Damn était quelqu'un, April était son reflet. April se laissait entrainer dans les conneries de Dorian. Peut être même qu'il ne serait pas voleur s'il n'y avait pas eu Dorian. Oh, peut-être aurait-il été vraiment heureux si Dorian n'avait pas du tout exister. Il ne se sentait pas lui même... il se sentait juste... comme un reflet. Si les reflets avaient une volonté propre alors Andrea les plaignait vraiment. Les reflets n'étaient rien qu'une façade, une pâle copie sans réflexion... oui, il se sentait reflet.

    Et c'était encore une de ces fois où il devrait être un gentil reflet. Oh de toute façon il ne pouvait rien refuser à Dorian, mais venons-en au fait. Les petits vols à l'étalage c'était leur rayon. Seulement Damn et April avaient décidé de faire plus que ça, de faire une connerie vraiment monumentale, dont tout le monde se souviendrait, une belle connerie, ouais, et ça serait pour ce soir.

    April se regarda dans le miroir, il souriait, parce que ce soir il passerait une nuit seul avec son frère. Sans parler de sexe bien sûr. Même si cela ne suffisait pas à son bonheur c'était une bonne occasion pour lui parler sans qu'il n'y ai personne pour les déranger. Enfin il l'espérait. En tout cas si leur plan marchait ça serait vraiment inoubliable, sublime, oui, ils étaient de purs génies. Mais là ça allait être un grand coup, et si ça marchait, fuck yeah ça serait génial.

    Andrea attacha son masque noir, il le noua derrière sa tête et regarda le miroir, les mains posées sur le dossier. Il se jeta un regard froid, puis mutin. Ce masque lui donnait vraiment un air de terroriste. Puis il attrapa son chapeau et le fit tourner sur sa tête verte. Il portait une simple chemise avec une veste verte, une cravate noire et un jean de la même couleur. Il attrapa un sac, sobre, efficace et fourra une lampe de poche à l'intérieur, plus des sandwichs qu'il avait acheté aujourd'hui. Il devait bien être 17h de l'après midi quand Andrea quitta sa chambre.

    L'adolescent se dirigea vers l'entrée de l'orphelinat pour ensuite sortir dans le parc. Il resta là, assit sur les marches un long moment. Il attendait Dorian. Pure passa par là, elle lui fit la bise et resta quelques minutes à discuter avec le jeune homme pour enfin le laisser seul. April regardait le ciel qui s'assombrissait un peu. Il se sentait plutôt serein, un peu angoissé certes, par peur de voir leur plan être foutu. Ils devraient se montrer discrets. Comment faire pour être discret quand on s'appelle Damn et April, qu'on a les cheveux verts et qu'on porte un masque ? Allez leur demander, c'était la question qui revenait souvent quand on leur demandait comment ils faisaient pour voler. Les vendeuses généralement gardaient un oeil sur eux, que dis-je les vendeuses, les clients aussi, tout le monde en fait.

    Quand enfin Damn arriva, Andrea se leva et lui adresse un regard amusé.

    « T'es en retard frangin. »


    Il sourit, il ne peut que sourire quand il y a Damn dans le coin.

    « On y va ? »


    Après un long trajet les jumeaux arrivèrent enfin à Winchester, et plus particulièrement à JJB Sports. Si vous vous demandez ce que c'est l'équivalent en France est Go Sport ou Decathlon. Qu'allaient faire les jumeaux ici ? Suite au prochain poste.
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Sujet: Re: Just like a Circus . pv Just like a Circus . pv EmptyMer 1 Juin - 17:44

Damn


    I'm trouble, ya'll
    I disturb my town


    Le sourire était canaille, insultant même, plein d'une joie âcre et victorieuse. L'arnaque du siècle, et qui aurait pu se douter que la Wammy's House avait abrité autant de serpents en son sein ? Il y avait ces dealers, ces filles un peu trop lascives (mais NON, Dorian ne faisait pas attention à leurs petites moues aguicheuses. Dainty, Arpège ? Irk Il y avait de quoi en perdre son pucelage durement gardé), et ces adorables rôdeurs aux yeux gelés. L'espoir de Watari avait dû être démesuré, lorsqu'il avait fondé cet endroit, en oubliant que les adolescents étaient naturellement des salopes, souvent prêts à tout pour rouler à fond et finir éclatés sur le mur le plus hérissé d'échardes, couvert des graffitis de l'insolence dont ils faisaient tous preuve. Ni Andrea, ni Dorian, n'échappait à ça. Dangereux, ils ne l'étaient pas plus que les autres, certes, mais ils se voulaient météores. Capables d'illuminer tout un ciel et de brûler les gens, jusqu'à la mort, gravés par une plume d'acier chauffée à blanc dans leurs souvenirs. Enfin, ça, c'était surtout l'objectif de Dorian.
    Andrea, à ce que savait l'adorable canaille aux cheveux verts, était nettement plus...secret. Moins attiré par les fastes de la gloire. Mais toujours partant pour les plans tordus. Et encore heureux ; sans ça, Dorian n'aurait pas reconnu dans la petite tête verdâtre ce qui les rendait si proches.

    Le rictus gouailleur s'élargit, fendant les lèvres roses. Il arrivait à Damn de se trouvrt un air de « the joker », avec le masque qui lui cachait difficilement la moitié du visage. Mais, à vrai dire, ça ne servait pas à grand chose ; ils étaient bien trop reconnaissables, avec leurs cheveux ébouriffés, verdâtres. Prenant entre son pouce et son index une mèche colorée, Dorian l'entortilla doucement autour de son doigt, sans lâcher des yeux son reflet. Celui ci ne quittait pas son rictus sardonique. Peut-être faudrait-il songer à refaire la colo' ? En tirant un peu sur sa mèche, Dorian apercevait ses racines noires, désagréables. Il farfouillerait dans la tête de son frère, pour voir s'il lui arrivait le même truc, la désagrégation de sa bizarrerie ? C'était déjà assez chiant, quand ils devaient refaire la coloration, en passant du blond de l'eau oxygénée au verdâtre qui était devenu LEUR COULEUR. Un peu punk, un peu sauvage, marque de leur liberté vorace, adolescente.

    Dorian se détacha du miroir, avant que le premier connard venu ne puisse se permettre de le traiter de narcissique. Il ne l'était pas, de toute façon, et même si on pouvait en douter, on ne rencontrait pas plus mal dans sa peau que lui. Sisi, c'était pour ça qu'il avait une grande gueule. Alors... techniquement... April lui était supérieur, alors qu'il était plus...calculateur ? Là, ça commençait à devenir alambiqué. Il noua plus étroitement les liens de son masque ridicule et quitta leur chambre bordélique, pensant quand même à fermer la porte, histoire de protéger leurs marchandises des rapaces qui traînaient dans les couloirs comme des zombies. Damn sortit de son sac une pêche anormalement mûre et croqua dedans avec avidité, avant de vérifier qu'il avait bien pris suffisamment de bouffe pour toute la nuit – ça devait pas être excellent un siège de vélo, même avec du sel -. La douceur acide du fruit lui éclata dans la bouche, éclaboussa sa langue frémissante, et il déchira la peau veloutée, comme d'autres grignotent avec fièvre la chair corrompue d'une bête abattue. Je parlais de lion, hein, pas de zombie :

    « Chips ? Okay. Sandwichs ? Okay. Pepsi ? Yearh... »

    Peut-être qu'il y aurait de quoi fumer au magasin (en admettant que rien ne réagisse à la fumée) ? Quoique dans un truc de sport... fallait pas espèrer. Dorian alluma une clope, qu'il coinça au coin de ses lèvres boudeuses. L'excitation faisait vibrer la chair fine de son poignet, qu'il pressa furtivement contre sa bouche rubiconde. Son sang le démangeait, chargé de plaisir ; Dorian espérait beaucoup de cette nuit, et vaguement quelque chose comme une retombée en enfance. Rien que la bonne vieille équipe (okay, c'était regrettable que la p'tite Water Lilly ne soit pas assez discrète pour les accompagner dans leur dangereux périple à travers les murs d'escalade et les vélos alignés. Il aurait au moins pu lui agripper le bras, par mégarde, dans l'obscurité) lâchée dans l'immense magasin.. Rien que lui et April.
    Dorian vérifia, une dernière fois, qu'il n'avait pas oublié les pinces coupantes, au cas où il faudrait s'occuper des caméras de surveillance, et rejeta la tête en arrière, la laissant négligemment rouler sur ses épaules étroites :

    « T'es en retard, frangin. »
    « Un magicien n'est jamais en retard, Andrea Miles. Ni en avance d'ailleurs, il arrive précisément à l'heure prévue. »

    Il sourit à April, cet idiot, et lui mit les lourdes pinces à moitié rouillées entre les mains :

    « Cadeau. J'porte les provisions. J'ai aussi pris du gin, sait-on jamais, si on trouve du schweppes là bas ~ ou si on trouve pas le moyen de faire sauter les cadenas des vélos. »

    Son vieux sac caca d'oie en travers des épaules, les pouces passés dans sa ceinture, clope aux lèvres avec option rictus, Dorian se laissa entraîner par son jumeau. Ils s'obligèrent même, pour la classe, à passer au dessus des grilles de la wammy's. Mais « après un long voyage » (coupure oblige. Qui c'est que ça intéresse des ados qui errent dans des rues un peu trop pleines ?), les deux frères Rap'touts arrivèrent devant le magasin, qui s'apprêtait à fermer ses portes :

    « On fait genre qu'on achète un club de golf ? J'ai envie de me la jouer bourg'. »

    Damn passa son bras sous celui d'April et l'entraîna en avant, l'air à peine innocents avec leurs masques collés à leurs visages pâles; Mais, ça leur donnait un genre. Spécial.
    Dorian se dirigea directement vers le fond du magasin, traînant son frère derrière lui :

    « Tu connais le plan ? Dès qu'ils commencent à annoncer la fermeture du magasin, on louvoie entre les rayons pour éviter les rondes des vendeurs; Ca ferait très Pacman, quand on y pense. »

    D'un regard circulaire, l'adolescent vérifia qu'aucune caméra ne pouvait les voir, de là où ils s'étaient appuyés :

    « Les caméras ne filment qu'en cas de braquage ; elles ne le peuvent pas, le reste du temps, parc'que ce serait piétiner la vie privée du client. 'Fin, ça, tu le sais déjà, mais comme ça, on connaît tous les deux les règles du jeu par coeur. »

    Le sourire, qui n'avait pas quitté ses lèvres de la journée, s'élargit encore davantage à ce moment-là, oscillant entre le sarcasme et la pure euphorie :

    « Après ça, on pourra se faire inscrire au Livre des Records, comme les deux crétins qui auront survécu toute une nuit au JJB Sport. On sera des héros ~. »

    Faut quand même pas abuser non plus.
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Sujet: Re: Just like a Circus . pv Just like a Circus . pv EmptySam 20 Aoû - 23:48

    A chaque fois qu'April était avec Damn il se sentait comme... désespéré. Il y avait ce trop gros poids dans sa poitrine, qui s'alourdissait de jour en jour. Un peu comme Frodon et l'anneau, pour rester dans le trip Lord of The Rings. Quoi, c'est très classe Lord of the Rings, osez dire le contraire. Bref, oui, April se sentait bizarrement fiévreux, carrément faible. Il avait l'impression de disparaître six pieds sous terre, il se sentait incapable de se tenir debout. Et tel Frodon il rampait comme une larve pour arriver là où il devait aller. Sauf que Sauron avait le visage d'un Dorian nu au rictus déformé. C'était très malsain d'avoir ses pensées là. Il s'imaginait aussi les obstacles remaniés, comme une araignée géante à tête de Waterlily et un Gollum-Moriarty. Il ne fallait pas changer grand chose pensa t-il. Peut-être au niveau des dents. Enfin bref. Il expliquerait bien sa blague intérieure à Damn, mais il faudrait mentionner tout le raisonnement et il serait découvert. Et ça, pas question. Oui, il se sentait désespéré mais aussi... curieusement fort. S'il fallait suivre Damn, alors il le suivrait jusqu'au bout du monde. Peu importe qu'il veuille traverser des déserts, gravir des montagnes, explorer des mines, il le suivrait. Il le suivrait sans se plaindre, sans dire un mot, tant qu'il pouvait être avec lui ça lui allait. C'est pour ça qu'April ne pouvait rien refuser à son jumeau, il le suivait dans tous ses coups bas, alors qu'à la base l'adolescent aux cheveux verdâtres n'était pas tellement fourbe au point de semer la pagaille dans Wammy's House. Mais finalement on le prenait pour un perturbateur juste parce qu'il ne pouvait rien refuser à Damn. Finalement ce n'était pas si mal, il se fichait totalement d'avoir une réputation, mauvaise ou bonne. Tant que Damn était content, tant que Damn savait qu'il pouvait compter sur lui c'était bon. C'est tout ce qui importait.


    « Un magicien n'est jamais en retard, Andrea Miles. Ni en avance d'ailleurs, il arrive précisément à l'heure prévue. »


    April souria. L'humour à deux balles de Damn le faisait toujours rire. Et il souriait parce qu'il adorait que son frère l'appelle par son prénom ainsi. Cela voulait dire qu'ils étaient tous les deux car à la Wammy's House Moriarty les harcelait pour qu'ils s'habituent à s'appeler par leurs pseudonymes respectifs. Oui, il avait presque oublié son nom de famille tant il ne l'utilisait plus. Pourtant c'était très classe Andrea Miles. Il remercia intérieurement sa défunte mère pour avoir bon goût. Et aussi d'avoir un bon patrimoine génétique, qui leur avait permis d'arriver dans une école telle que Wammy's House.

    « Là c'est le moment où je me jette dans tes bras en criant Gandaaalf. »


    Mais le Gandalf en question jeta des trucs rouillés dans les mains blanches d'April, qui regarda le tout d'un air assez résigné.

    « Cadeau. J'porte les provisions. J'ai aussi pris du gin, sait-on jamais, si on trouve du schweppes là bas ~ ou si on trouve pas le moyen de faire sauter les cadenas des vélos. »

    « Chouette. »

    « Ouais bah ouais, pour les vélos ouais... »


    Il voulait continuer, répondre un truc classe... mais il n'avait pas de répartie, ou plutôt quand il était avec Dorian sa tête se vidait toujours. Peut-être qu'il l'observait un peu trop. Peut-être qu'il se concentrait sur le moment présent, juste profiter de sa présence. Présence qui foutait tous ses putains de sens en alerte, il ne pensait plus du tout avec son cerveau en fait. Inutile de préciser le reste. Il aurait bien aimé être classe comme Damn. Être aussi social que Damn. Avoir la répartie de Damn. Avoir son charisme et sa côte. Les gens craquent toujours pour le plus méchant des deux jumeaux. Ou des deux mecs, peu importe qu'ils soient frères ou non. Les gens préfèreront toujours celui qui se met en avant. Qui sait user de son charme. Ils ne s'occupent pas de celui qui est en retrait, qui sert juste à l'autre de briller. Mais April n'était pas jaloux, c'est juste qu'il admirait Damn. Il était sûrement son plus grand fan après tout. Un peu trop d'ailleurs.

    Les deux adolescents sortirent de Wammy's House, enfin, firent le mur puis s'élancèrent dans la rue. Andrea aimait cette sensation de liberté qu'ils avaient quand ils franchissaient les grilles de l'orphelinat. De l'air frais l'ébouriffait, il respirait longuement, fermait les yeux, et se sentait libéré d'un poids. Le poids du fait qu'il n'avait plus à faire semblant avec Damn. Enfin, si un peu, bien sûr, il ne devait pas se montrer tel qu'il était. Mais il y a la première couche, se montrer intéressant pour les autres orphelins afin de cultiver le culte de la personnalité jumeauesque. C'était fatiguant à la longue, et parfois April aimait être débarrassé de tous ces gens qu'il n'aimait pas. Il se retrouvait seul avec la personne qu'il aimait le plus au monde, et ça ce n'est pas rien. En tout cas lui il voulait profiter.
    Les deux jumeaux faisaient sensation dans la rue à chaque fois qu'ils sortaient de l'enceinte de WH. Après tout deux énergumènes aux cheveux verts avec des masques... fallait le faire tout de même. Ils se firent huer, les gens se retournaient sur leur passage, April rentrait la tête dans les épaules. Mais d'un autre côté qu'est ce qu'il se fichait bien de ce que les gens pouvaient penser. Il n'était concentré que sur Dorian après tout. Le reste paraissait si loin. C'est pour ça que c'était difficile de voler. Comment vous voulez passer inaperçu quand vous avez des cheveux verts, je vous le demande. Enfin bref, on va dire que c'est parce qu'on vit dans le monde manga et que tout le monde est un peu spécial, bref.

    « Tu connais le plan ? Dès qu'ils commencent à annoncer la fermeture du magasin, on louvoie entre les rayons pour éviter les rondes des vendeurs; Ca ferait très Pacman, quand on y pense. »


    « Oui... oui, je sais. C'est le meilleur moment je trouve, l'adrénaline qui monte, le stress, tu vois, tout ça. »


    April s'imaginait les vendeurs en petits fantômes. Ils étaient les héros... maintenant les héros ne valent plus rien. Il y a longtemps la justice était à la mode. Aujourd'hui c'est le mal qui est à la mode. Ce ne sont plus les justiciers qui sont les héros, mais bien les enfoirés et les méchants. C'est prouvé scientifiquement, les gens sont plus attirés par le mal, parce qu'eux même n'arriveront jamais à se dépêtrer de leur moral à la con et foutre le monde ne bordel. Bien sûr faut pas abuser, les racistes, les antisémites, les homophobes et les violeurs d'enfant c'est pas classe. Ça reste dans le domaine du fictif. Alors il vaut mieux un garçon un peu mesquin qu'un gentil gardien de moutons. Bref, ça dépend de l'âge aussi. Je veux dire, quand on était petits on voulait tous entrer à Gryffondor. C'était bien Gryffondor, c'est la classe des gentils. Maintenant le plus classe c'est d'être à Serpentard.

    April jeta un oeil à son jumeau dont le sourire s'était élargit.


    « Après ça, on pourra se faire inscrire au Livre des Records, comme les deux crétins qui auront survécu toute une nuit au JJB Sport. On sera des héros ~. »


    « C'est clair... où alors on aura des prix nobel, on aura trouvé comment rendre JJB Sport amusant. »

    « Mais je crois qu'on pourrait remplir un livre des records entier juste à notre nom avec tout ce qu'on a fait. »


    Ils errèrent près d'un quart d'heure dans les rayons quand enfin le magasin annonça sa fermeture. Des gens par dizaines se pressèrent vers les caisses, puis vers la sortie. C'est dingue, ce refus des gens à ne commettre ne serait ce qu'une petite erreur. On les a trop conditionnés à respecter la loi, se disait April, un peu écœuré. Des moutons, des gens bien. Lui il se fichait totalement d'être une bonne ou une mauvaise personne, mais ce qu'il refusait d'être c'était être un mouton. Il ferait tout pour ne pas l'être. Et s'il fallait passer par la case connerie adolescente, alors il le ferait.

    Ce ne fut pas facile d'éviter tous les vigiles... Damn et April en vinrent même à se cacher dans une tente pour ne pas être repérés. Et en plus ça marchait. Sûrement que les pauvres gardes ne voyaient pas l'intérêt pour quelqu'un de rester une nuit dans JJB Sport. Enfin, ils avaient raison, pour les gens normaux cela ne représentait aucun intérêt. Pour des cerveaux un peu dérangés comme ceux des deux jumeaux aux cheveux verts, cela représentait une source d'amusement infaillible. N'empêche qu'il fallait avoir l'idée. Ils attendirent en silence, que les lumières s'éteignent, que les gardes et les employés rentrer chez eux. April sortit la tête de la tente, ils étaient totalement seuls. Totalement seuls dans un magasin géant. Le pied. Il sortit et écarta les bras.

    « On est totalement seuls ! Dorian, on a réussi ! »


    Et ici, c'était maintenant chez eux. Au moins pour une nuit.
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Invité
Sujet: Re: Just like a Circus . pv Just like a Circus . pv EmptyMer 31 Aoû - 20:51

    Inconscient qu'il était des pensées incongrues de son frère, Dorian resta un moment accroupi dans la tente, avant de daigner le rejoindre. Le danger, quoique minime – ils ne comptaient pas dégrader le magasin, au point de s'en tirer avec la prison à perpet' si on les choppait – l'excitait. Dans l'obscurité froide du JJB Sports, Dorian n'entendait plus que les pas de son jumeau. Le murmure de la foule affairée devant les rayons – « tiens, et si on prenait ce charmant petit soutien gorge rose de sport ? Il s'accorderait merveilleusement bien à mes nikes » - s'était tû, définitivement. Il songea qu'ils étaient seuls, totalement isolés dans cet énorme magasin, cavernes aux milles merveilles sportives.

    Damn souleva la lourde toile de la tente, plissant les yeux pour discerner la silhouette svelte d'April. Cet adolescent-là.. Pourquoi personne n'avait pensé à surnommer son cher confident « Angry » à la place d'April, lorsqu'ils étaient entrés à la Wammy's House ? Dorian était persuadé qu'il connaissait l'adolescent qui lui tenait lieu de jumeau ; il pensait carrément tout connaître de lui, son humour timide, sa fièvre rebelle... et aussi sa peur de changer. Mais parfois, il avait l'impression que c'était surtout la Colère que cachait Andrea, une rage secrète qu'il ne daignait même pas partager avec son frère. Dorian ignorait s'il devait se sentir vexé. Il se contentait d'essayer de l'écouter, même si April était du genre... discret. Lui-même qui se voyait si vulgaire, si franc, ne savait plus vraiment quoi chercher dans l'hypocrisie protectrice d'Andrea. Ce dernier avait fini par devenir un quasi-inconnu, tout en restant, paradoxalement, le meilleur compagnon de jeu qu'il aurait pu avoir. Dorian l'adorait, mais pas vraiment de la façon dont on chérit un frère. Plus en tant qu'accessoire bien utile. L'énergumène verdâtre n'était pourtant pas (trop) cruel, ou sans coeur. Seulement, un peu, égoïste, matérialiste. Il avait conscience qu'Andrea n'existait qu'à travers lui, et même... seulement pour lui, et cette impression restait vague dans sa tête.
    April, cependant, était ce jumeau parfait que toutes les amitiés stéréotypées entre frères auraient pu lui envier, pour cette fidélité exemplaire, par exemple, ces regards bourrés de chaleur brumeuse, que Dorian sentait souvent posés sur lui. Ce romantique destructeur s'imaginait que ce n'était que de l'admiration, cette foutue affection qui coulait des yeux de son solitaire de frangin.

    Se demandant s'il pouvait risquer d'allumer une cigarette ou un joint dans le magasin, Damn rejoignit son frère. Il cala ses mains sur ses hanches gainées de noir; jouant à s'imaginer qu'ils étaient en territoire inconnu, bourré de formes étranges, burlesques. Les vélos, dans l'obscurité, prenaient des allures de chevaux biscornus et assoupis. Il enfonça brutalement son coude dans les côtes d'April, et lui désigna l'ombre ronde des roues sur le sol de mousse :

    « On pourrait s'dire qu'on est des explorateurs. Comme quand on était mômes. Ca ressemble un peu à une forêt, ici. On prend des vélos, et si on rencontre des indigènes – enfin, des vigiles -, on s'barre. La redécouverte de l'Angleterre moderne par des adolescents. Ca mériterait un scénario hollywoodien, ça. Imagine : une Angleterre plongée dans l'obscurité perpétuelle, dans le genre post – apocalyptique, des tonnes d'humains revenus à l'état sauvage – c'est sans doute ce qui arrivera quand les usines exploseront – et une quête ! Franchement, j'en banderai. »

    Trépignant, le rusé personnage prit dans son sac la bouteille de gin, sans plus penser au schweppes initialement prévu:

    « Bon, évidement, ca manque de nanas. On aurait dû demander à Water lilly de venir. Elle aurait voyagé dans le panier de mon vélo. »

    Parce que, naturellement, Dorian se croyait le héros de l'aventure. Il tourna le bouchon de la bouteille avec les dents et aspira une gorgée de l'alcool incolore, qui lui enflamma autant les tripes que si on lui avait versé dans la bouche un torrent d'allumettes enflammées. C'était comme se renommer Indiana Jones et avaler une gorgée de courage dans une flasque d'argent. Une bravoure tellement virile qu'elle en serait brûlante. La gorge de Dorian en fit les frais. Il toussa vivement, avant de tendre la bouteille à April :

    « Tiens. On attend d'être suffisamment bourré pour prendre les vélos et on commence le voyage à pied ? »

    D'un bref regard, l'adolescent s'assura que les caméras étaient éteintes (semblaient en tout cas. Ils n'avaient sûrement pas besoin de vigiles à JJB sports, tant que personne ne fracassait la porte à coups de pare-chocs pour entrer. Exit la surveillance vidéo. Les vendeurs allaient s'en mordre les mains, lorsqu'ils verraient l'état matinal du magasin, après le passage des jumeaux. ), assurant la prise des bretelles de son sac sur ses épaules, comme un héros qui se prépare à la plus grande aventure de sa vie. Il embrassa du regard son nouveau terrain de jeu, tour à tour Luke Skywalker, Frodon, Link (pour ne citer que les plus niais), et fit légèrement pivoter son visage vers Andrea. Un rictus exalté déformait ses lèvres pâles :

    « On y va ? »

    Ou comment transformer une effraction en grande traversée nocturne. Dorian n'hésiterait sûrement pas à se mettre en danger, pour sentir jusqu'au bout les picotements brûlants de l'adrénaline dans son coeur. Il devinait bien que son frère n'était pas un grand rebelle (pas autant que lui, en tout cas), mais, soudain, il espéra qu'Andrea saurait se prendre au jeu, parce que, sans lui, l'expédition n'avait pas lieu d'être. Il était LE compagnon. Le héros, aussi, un peu. Mais, dans tous les cas, l'ombre fidèle, qui n'avait jamais hurlé au désespoir devant une aventure un tant soit peu périlleuse.
    Poussé par l'adrénaline et le gin, Dorian se rapprocha de lui, et ses doigts s'enroulèrent mécaniquement autour de ceux de son frère. Il avait soudain terriblement besoin de sa présence, englouti par l'excitation, regardant autour de lui avec une inquiétude sur jouée, comme si les vélos allaient soudain se mettre à piaffer.

    Ses yeux brillants se fermèrent, une fois, et sentant une chaleur intense envahir son ventre, Dorian s'avança et prononça clairement ces si célèbres paroles, comme une digne introduction à cette longue nuit qui s'étendait devant eux :

    « I WANT TO BREAK FREE »

    Merci Freddy Mercury.

    Se libérer des carcans du quotidien pour se plonger dans l'anormal, c'était ça l'ambition des adolescents.
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Invité
Sujet: Re: Just like a Circus . pv Just like a Circus . pv EmptyLun 3 Oct - 19:35

    S'il savait seulement que les nuits il ne fermait pas l'œil, juste pour le regarder dormir. Qu'il enlevait son masque seulement pour lui, juste pour lui prouver qu'il était le seul à le connaître. Qu'il ne pensait plus aux filles quand il voulait se donner du plaisir. Qu'il ferait tout pour lui, jusqu'à enterrer des cadavres fraichement tués dans la terre s'il le lui demandait. Qu'il serait prêt à le suivre partout sans réfléchir ?

    Car autrement April était à la base, un garçon calme, charmant, sans mauvaises pensées. Peut-être qu'il n'aurait même pas eu l'idée de faire un truc pareil, aller JJB Sports la nuit, mais what the fuck, qui pouvait avoir des idées pareilles à part Dorian Miles ? Qu'il ne serait peut-être même pas un voleur, s'il n'était pas là. Qu'il ne se serait jamais teint les cheveux verts, qu'il ne porterait pas de masque, qu'il se serait trouvé si facilement une copine, tout ça, si seulement il n'était pas fou amoureux de lui. Il savait, il savait que c'était d'un malsain, que c'était dégueulasse, que les gens hurleraient si oh, il tentait de le leur révéler. Il n'avait confiance en personne, jamais il ne dirait ce qu'il ressentait au fond de lui, c'est un ragot délicieux, onctueux et absolument immonde. A la base il était juste Andrea, mais il était devenu April, le jumeau de Damn, la copie conforme de Damn, parce que peut-être qu'inconsciemment il avait peur que son jumeau ne l'abandonne si jamais il ne lui ressemblait pas. Il savait que Dorian s'aimait beaucoup.... alors pourquoi n'aimerait-il pas sa copie conforme ? Ou peut-être était-ce lui qui s'aimait et qui cherchait à embrasser son propre reflet, de quelque manière que ça soit. Il ne savait plus rien, mais tout ce qui lui importait désormais c'était de prendre du bon temps avec son jumeau, profiter de la vie avec lui tant qu'il le pouvait, car il savait qu'un jour tout finirait. Il savait que Dorian commencerait une nouvelle vie, avec une femme, qu'il aurait des enfants et qu'il serait trop occupé pour penser à son cher petit frère, oui, tout finirait quand il deviendrait adulte.

    C'est pour ça que ces moments là étaient comme des petits rubis pour April, il se rendait un peu trop compte de leur importance et finalement ne profitait pas du tout. Il était toujours angoissé, stressé, limite blasé, mais essayait de faire bonne figure. Une colère sourde en lui menaçait d'exploser à chaque seconde, il devait rester sur ses gardes, juste tenter de la retenir, Damn ne devait jamais savoir.

    « On pourrait s'dire qu'on est des explorateurs. Comme quand on était mômes. Ca ressemble un peu à une forêt, ici. On prend des vélos, et si on rencontre des indigènes – enfin, des vigiles -, on s'barre. La redécouverte de l'Angleterre moderne par des adolescents. Ca mériterait un scénario hollywoodien, ça. Imagine : une Angleterre plongée dans l'obscurité perpétuelle, dans le genre post – apocalyptique, des tonnes d'humains revenus à l'état sauvage – c'est sans doute ce qui arrivera quand les usines exploseront – et une quête ! Franchement, j'en banderai. »


    April, arraché à ses pensées sourit en entendant les idées surnaturelles de son frangin. C'est vrai, Damn avait gardé son âme d'enfant depuis toujours, alors qu'April était durement plongé dans le monde adulte. C'était là la grande différence entre eux deux. Mais il pouvait jouer, il pouvait jouer au gosse Andrea. S'il pouvait jouer le jumeau frigide il pouvait tout jouer. Il était un jeu à lui tout seul, un mauvais acteur, un pitoyable comédien.

    « Indiana Damnn et Rambo April au pays des sportifs décérébrés, ça ferait un bon scénario, faut le proposer à James Cameron, il serait ravi. »


    April osa un timide sourire à son jumeau qui décida de s'emparer de vivres avant de commencer l'aventure, il porta la bouteille à ses lèvres, ce qui hypnotisa un instant l'adolescent aux cheveux verts.

    « Bon, évidement, ca manque de nanas. On aurait dû demander à Water lilly de venir. Elle aurait voyagé dans le panier de mon vélo. »

    « ….. »


    April resta silencieux un instant. Il émit un petit rire qui sonnait faux. Pourquoi des nanas, depuis quand Dorian avait voulu qu'ils partagent ces moments avec quelqu'un d'autre. Et Waterlily. Damn lui avait raconté cette histoire qui était pour April une mauvaise blague, un cauchemar, le début de la trahison, l'apocalypse. Oh, comme il la détestait d'avoir pu goûté aux lèvres aimées. Comme il était jaloux d'elle, comme il rêvait de l'éventrer, se faisant des scénarios plus ou moins morbides, le soir, quand tout le monde dormait.


    « Tiens. On attend d'être suffisamment bourré pour prendre les vélos et on commence le voyage à pied ? On y va ? »


    L'autre se retourna vers lui, le coeur lourd, mais le sourire aux lèvres, quoiqu'il fasse il ne devait jamais rien paraître. Naturel Andrea, naturel.

    « Ouais, file la bouteille. »


    Mais juste à ce moment le frangin se rapprocha de lui et enlaça ses doigts. Le cœur d'April se mit à faire un bond, il espérait que Dorian ne remarque rien... de toute façon Dorian avait tellement l'habitude d'entendre battre rapidement le cœur de son frère qu'il s'était dit qu'il devait avoir un pouls d'écureuil et voilà tout. Il hurla son cri de guerre, puis April prit la bouteille pour avaler quelques gorgées de Gin qui lui brulèrent la gorge. Il se mit à tousser violemment, pleurant à moitié.

    « Keuf keuf ! »


    Esquissant un sourire il se redressa, se raclant la gorge puis finit par observer autour de lui. Il finit par prendre le premier chemin qui s'offrait à son regard d'explorateur nouveau né, et si dirigea vers les ballons. Il y avait un gros bac remplit de ballons divers, il en prit un et le lança sur Dorian.

    « Bataille de balloooooooons. »


    Il s'amusa à essayer de lancer les ballons sur son frère, bon, pas trop fort, il ne voulait pas lui faire mal. Puis, il se prit à jouer Tony Parker et dribbla pendant quelques secondes, lançant les ballons un peu partout. Il voulait faire ce qu'il voulait, il voulait... s'en foutre, de tout, de JJB Sports et de tous ces malheureux qui découvriraient le carnage au petit matin.

    « On a qu'à dire que ce sont des fruits toxiques, faut pas les toucher. »


    Enfin, il se lachait un peu.


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Invité
Sujet: Re: Just like a Circus . pv Just like a Circus . pv EmptyJeu 20 Oct - 20:36

    La main d'Andrea était chaude, tendre dans la sienne. Rien n'avait jamais abîmé cette chair charmante et laiteuse. Ils avaient la même, habitués qu'ils étaient de vivre au rythme paresseux de la wammy's house, qui ne leur demandait pas trop d'effort. Alors leurs mains, leurs mains de jeunes voleurs aristocrates, restaient fines et pâles, supportant mieux le poids d'un passe-partout que d'un pied de biche. Ils n'avaient rien de cambrioleurs ; au contraire, les deux frères étaient de nobles voyous. Ils n'avaient jamais volé pour survivre ; tout ça, c'était un jeu lugubre, une comédie de fou, auquel ils prenaient part avec toujours plus d'ardeur, comme si les années qui les éloignaient maintenant de l'âge doré de l'enfance les arrachaient aussi à leur malignes ambitions.
    Dorian savait que ça ne durerait pas toute leur vie. Cette nuit au JJB sport, c'était une petite poche d'enfance, chaude et moelleuse. Le lendemain, ils seraient forcés de retourner à la wammy's house. Et lui, au lieu de cette douce fraternité, se jetterait, pieds et points liés par la passion la plus tenace, entre les bras de sa dulcinée.

    Les jours passés dans cette adolescence gangrenée par la malice augmentaient son désarroi.

    A force de voir Andrea avec cette tête, ce masque, cette moue si familière, il lui arrivait de se demander ce qui arriverait à son corps, si jamais son esprit venait à se dissoudre dans cette complexe communion spirituelle. Oh, naïf adolescent, qui croyait encore que son frère ne lui cachait rien. Il serait bien surpris, s'il savait tout, et une mine froide et écœurée viendrait effleurer ses lèvres ourlées de cynisme. Les beaux jours de l'enfance étaient terminées depuis longtemps ; mais il continuait à faire semblant, déchiré entre Andrea et Waterlily. L'un, de son côté, le tirait à lui, vers leurs jeux de gamins qui, jour après jour, prenaient la poussière. L'autre lui tendait ses lèvres de poupée.
    Deux mondes totalement différents.
    Le goût âcre d'une enfance à peine mûrie au soleil de la précocité, et la saveur sucrée d'une bouche savamment offerte à ses caresses. Difficile de mélanger les deux, difficile de laisser l'enfance dorée déborder au delà de ses yeux mutins. Dorian était de ces adolescents qui ne parvenaient ni à être sincères, ni à accepter la ridicule part d'enfance qui leur restait. C'était tout ou rien. Cette nuit-là, elle était pour Andrea, pour la chaleur de sa main aux longs doigts d'artiste.
    S'il surjouait, tant pis, il fallait rassurer son frère, jouer la comédie... tout en restant inconscient que de l'autre côté les sourires aussi étaient calculés.

    Il but encore, les lèvres frémissantes, et cala la bouteille contre le casier à chaussures d'escalade. Dorian rejoignit son frère dans la plaine de mousse, et attrapa, un-à-un, les ballons que ce dernier lui lançait :

    « Si tu veux. Je tiens quand même à changer nos surnoms d'explorateur : Andrea Solo, pour toi. A défaut d'être brun et musclé, tu auras au moins un cerveau. »

    La masse menaçante du mur d'escalade attira de nouveau son regard. Ça devait être un sacré défi de grimper là dessus dans l'obscurité ; le sol s'éloignerait de plus en plus, avant de se dissoudre définitivement, et il lui serait impossible de descendre en rappel. Mais, ce qui se mit à agiter son cœur était une sombre tentation de martyre attiré par son bûché funèbre. Non pas qu'il comptât sauter dans l'obscurité, une fois arrivé en haut, mais il avait envie de repousser ses limites et de voir jusqu'à quelle hauteur il arriverait, avant que ses mains ne lâchent prise. Le gin annihilait la pensée du danger, la laissait ramper à l'état d'avorton mental, et ce mur escarpé prenait des airs d'himalaya trop longtemps exposée au printemps. Des bouts de roche effleuraient la surface verte. Dorian posa sa main sur la première pierre, et se hissa doucement en hauteur :

    « Andrea, tu me rattraperas si je tombe ? »

    Et dans sa bouche suave, cette question sonnait plutôt comme « Si jamais je me brisais le cœur, tu le ramasserais ? ». Le mur était une sorte d'ennemi idéalisé, de mort douceâtre ; plus il grimperait haut, plus la fierté augmenterait, car, plus il serait proche de la baie vitrée, plus la pleine lune qui luisait au travers serait à portée de ses mains. Attraper la lune, un vieux rêve de gamin.
    Mais cette nuit n'était-elle pas celle des défis, de la dernière fanfaronnade face à la maturité ?

    La confiance en Andrea, la chaleur glacée de la lune qui coulait sur ses lèvres, l'alcool irradiant dans ses veines, tout ça le protégeait plus sûrement qu'une corde et des crampons. Croyait-il. Mais s'il mourrait là, au summum de bonheur, après avoir connu la fraternité la plus parfaite et la pression aimante des lèvres de Waterlily, pourrait-il vraiment dire qu'il n'avait manqué de rien ?

    Ou comment grimper sur un mur d'escalade tout en prenant ça comme une expérience hautement spirituelle. S'il survivait à son escalade, il n'aurait plus qu'à se faire ermite, en admettant qu'en atteignant la lune, il arrive par là au Walhalla.

    Les nuits d'enfance retrouvée ont toujours eu tendance à autant faire perdre la tête que l'absinthe frelatée, cette délicieuse liqueur d'un vert aussi sordide que les cheveux d'Andrea.

    Es tu bourré d'enfance ou d'alcool, Dorian ?
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