Wonder est l'archétype même de l'Alter. Compréhensive, psychologue et gentille, sans être niaise ; elle est tout simplement attentive. C'est celle qui se souviendra toujours de vous, de votre nom, de ce que vous préférez manger au petit-déjeuner, vos tics de phrases, les sous-entendus qui se glissent sous vos mots. Elle est calme, elle est douce, elle est joyeuse. Peut importe qui vous êtes : elle est l'amie idéale, celle qui ne vous jugera jamais. Quand elle vous parle pour la première fois, ça fait un moment déjà qu'elle vous observe. On dirait qu'elle évite tout ce qui peut vous énerver chez quelqu'un. Elle rit aux plaisanteries, ne dis jamais non, a toujours une attention pour chacun, et vous donnera l'étrange sentiment d'être considéré comme son ou sa meilleure amie ; ou tout du moins, qu'elle vous fait confiance, qu'elle sait que vous êtes quelqu'un de formidable. Et au fur et à mesure, même le plus réticent peut se laisser convaincre : Wonder, c'est une fille bien.

Il faudrait peut-être ajouter un petit détail. Wonder ment. Un peu. Beaucoup. Terriblement. Elle ne supporte pas la simple idée que l'on sache quoi que ce soit sur elle. Elle glisse des détails au fur et à mesure de la conversation, qui ne sont que pure invention. Et si elle ne se contredis jamais, c'est grâce à une mémoire effarante. Elle se rappelle de toutes les paroles prononcées en sa présence. On ne le sait pas. Elle ne s'en vante pas.

Et puis, enfin. Dire que Wendy est hypocrite, c'est faux, c'est tellement plus. Wendy est obligée d'agir comme on lui a toujours appris. Pourtant, elle n'a jamais, elle, compris l'intérêt de la gentillesse, des relations sociales mêmes. Mais elle s'y est faite, a pris la forme du moule. Tout en cachant avec adresse sa nature d'enfant cruelle et sans cœur. Car Wendy, c'est instinct de survie. C'est ainsi qu'elle existe, sous ses masques, en attendant le jour où elle pourra dévoiler sa vraie nature. Et pour l'instant, elle est un rat caché sous la table à ronger les restes. Et sous sa peau vit le monstre qu'elle abrite.
Wendy n'est pas humaine. Elle n'en a pas les réactions naturelles, et ne vous considère pas comme ses congénères. Elle n'a rien pensé de la mort de ses parents. Elle ne pensera rien de la votre. Elle continuera comme ça son chemin. Les seules préoccupations qui sont sincères, chez elle, sont le sommeil et la nourriture. Mais c'est un point de vue animal. Celui d'une bête. « Dire : « Macbeth, c'est l'ambition. », c'est ne rien dire ; Macbeth, c'est la faim. La faim du monstre toujours endormi dans l'homme. Certaines âmes ont des dents. N'éveillez pas leur faim. » Victor Hugo.